Orientation sur l’acquisition des archives privées 2025-2030

Ādisōke, le nom de la nouvelle installation partagée de Bibliothèque et Archives Canada, veut dire « l’art du récit » dans la langue algonquine anishinābemowin. Plus qu’un simple nom, c’est le reflet de notre mission. Le Canada est rempli d’histoires variées, racontées sous des angles très divers. BAC s’engage à partager ces récits à l’aide des documents qui en témoignent. Il s’agit des histoires des personnes au Canada qui sont confiées à notre nation grâce à nos donateurs généreux. Nous exprimons notre plus profonde reconnaissance à nos donateurs dont les contributions précieuses ont enrichi nos collections d’archives grâce à leur partage d’histoires. Nos donateurs sont la fondation de notre mission de préserver et de faire connaître la mosaïque complexe de l’histoire du Canada.

Les dons, petits ou grands, jouent un rôle essentiel dans la protection de notre patrimoine culturel pour les générations futures. Le dévouement des donateurs nous permet de maintenir, d’élargir et d’améliorer nos collections pour qu’elles soient accessibles aux chercheurs, aux étudiants et au grand public.

Ensemble, nous préservons le passé comme source d’inspiration pour l’avenir.

Contexte

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) préserve le patrimoine documentaire pour aider les générations actuelles et futures à mieux comprendre leur identité. Depuis plus de 150 ans, BAC acquiert activement des archives dans une grande variété de formats et de supports. Les collections constituées sont un bien national d’une importance incomparable.

L’acquisition d’archives créées par des individus et des organisations permet à BAC de dresser un portrait plus complet et représentatif de la société canadienne dans toute sa diversité. Les archives privées complètent le récit transmis par les documents officiels du gouvernement fédéral; il devient ainsi possible de documenter les récits du peuple canadien.

Pour acquérir des archives, BAC approche des individus ou des organisations (acquisition proactive) ou répond à leurs offres (acquisition réactive). Traditionnellement, le modèle d’acquisition d’archives privées de BAC est axé sur une approche réactive : il doit évoluer pour que les archives soient plus inclusives et représentatives de la société. Pour concrétiser ce changement, une démarche d’acquisition proactive et collaborative s’impose.

Piliers stratégiques

L’Orientation d’acquisition de 2025-2030 correspond aux éléments clés du plan stratégique de BAC, Vision 2030, et s’inscrit dans le Cadre de politique d’évaluation et d’acquisition. Vision 2030 met l’accent sur les usagers et prône la diversification des collections, tandis que le Cadre assure le maintien de critères d’acquisition rigoureux.

L’orientation repose sur cinq piliers stratégiques : reconnaître la vérité, travailler à la réconciliation; histoires diverses, avenirs inclusifs; documentation collaborative, préservation collective; réimaginer l’importance nationale; et appartenance.

D’autre part, cette orientation tient compte de la rétroaction reçue lors de consultations récentes auprès du public. Notamment, les réponses des usagers indiquent un grand intérêt pour des domaines tels que la généalogie, l’histoire canadienne et l’identité culturelle. Ces résultats se conforment aux piliers stratégiques de BAC et des priorités pour la collection, renforçant ainsi l’importance d’acquérir du matériel représentant la grande diversité des expériences canadiennes.

Reconnaître la vérité, travailler à la réconciliation

Collaborer avec les Premières Nations, les Inuit et les Métis

BAC reconnaît que les centres d’archives reflètent les autorités coloniales qui les ont créés. Les pratiques en archivistique doivent être mises à jour et améliorées dans le contexte de la vérité et de la réconciliation. Les communautés autochtones ont une expertise et des protocoles qui doivent faire partie intégrante du processus d’acquisition; ceci exige une communication directe avec elles. Les actions de BAC doivent reposer sur le principe « Rien sur nous sans nous ». BAC s’engage à respecter la souveraineté des peuples autochtones sur les données et à les soutenir dans leur prise de décision sur la manière de gérer leur patrimoine culturel et l’information qui les concerne.

Nous nous engageons à appuyer les organisations ou les individus autochtones qui désirent préserver leur patrimoine documentaire. BAC s’assurera que les personnes ou les communautés représentées dans les dons d’archives privées sur les peuples, les cultures ou le savoir autochtones sont conscientes de l’acquisition et appuient nos démarches. Grâce à ces principes, BAC espère préserver les récits importants des Premières Nations, des Inuit et des Métis de manière respectueuse et collaborative.

Histoires diverses, avenirs inclusifs

Chercher à accroître la représentativité dans les collections d’archives privées

Au cours des dernières décennies, la diversité est devenue une caractéristique fondamentale de la vie au Canada. Par exemple, entre 2001 et 2021, la population racisée a augmenté de 130 %, passant de 3,85 millions à 8,87 millions de personnes. La diversité prend plusieurs formes et englobe le genre, l’orientation sexuelle, les personnes en situation de handicap, l’âge, le statut socio-économique, la religion et les origines culturelles et linguistiques.

Les collections de BAC doivent refléter la diversité croissante de la société canadienne. Pour le moment, les fonds présentent surtout l’époque coloniale et la population masculine blanche des 19e et 20e siècles. BAC se doit d’acquérir des documents au sujet de l’ensemble de la population canadienne, surtout les groupes marginalisés par l’histoire et qui demeurent sous-représentés. Une attention particulière sera aussi accordée aux expériences plus récentes au Canada.

L’acquisition, la description et la préservation de collections témoignant d’une pluralité d’expériences, de cultures et de communautés aideront à mieux comprendre notre passé et notre avenir. Le programme d’acquisition d’archives privées vise à acquérir du matériel au sujet d’une grande variété de groupes englobant les personnes racisées, l’ethnie, le genre, l’orientation sexuelle, la religion, le statut socio-économique, la langue et les personnes en situation de handicap. Nous considérerons également les réalités des communautés de langue officielle en situation minoritaire.

Documentation collaborative, préservation collective

Travailler avec les communautés afin de préserver les collections d’archives

La collaboration et l’établissement de partenariats avec d’autres organismes culturels sont une pratique de longue date à BAC. Dans la même optique, BAC se doit d’établir des relations, des partenariats et des collaborations avec d’éventuels donateurs afin de préserver tous les récits au Canada. BAC collaborera avec les donateurs et les communautés pour étudier les options en matière de préservation, pour offrir des conseils sur la préparation des documents en vue de leur transfert ou pour orienter les personnes qui préfèrent conserver les documents au sein de leur collectivité.

Lors d’un processus d’acquisition, BAC collaborera directement avec les communautés concernées pour éviter que l’histoire soit documentée d’un regard extérieur. Respectant l’importance des expériences vécues, nous devons nous engager de manière proactive avec les voix minoritaires et marginalisées afin d’établir des relations fondées sur la confiance. Ainsi, leurs points de vue et leur expertise orienteront l’acquisition, la description et la préservation de leurs archives.

Puisque certaines communautés préfèrent préserver elles-mêmes leurs propres documents, si elles en font la demande, BAC leur offrira un appui et des conseils archivistiques. Cet engagement pourrait engendrer des relations de collaboration qui enrichiront le patrimoine documentaire du pays et garantiront que la préservation des divers récits respectera la façon dont les communautés se perçoivent elles-mêmes.

Réimaginer l’importance nationale

Élargir la définition d’importance nationale pour assurer la représentation de voix diverses

Le concept d’importance nationale, qui oriente depuis longtemps les décisions de BAC au sujet des acquisitions, est étroitement lié à l’idée coloniale de la nation. La définition utilisée par BAC dans son travail en est la preuve. Selon les pratiques historiques et courantes, cette définition précise que les créateurs des documents, ou les documents eux-mêmes, doivent dépasser les frontières locales ou provinciales, et que les entités doivent être reconnues à l’échelle nationale ou internationale pour revêtir une importance nationale. Or, la population de nombreuses communautés est concentrée dans une région géographique précise, et des organismes communautaires peuvent avoir une importance nationale même si elles agissent à l’échelle locale. En mettant l’accent sur l’aspect « national » ou géographique des documents et des créateurs, plutôt que sur l’intérêt qu’ils présentent, BAC risque de constituer une collection nationale qui ne représente pas l’expérience canadienne dans son ensemble.

La diversité de la population au Canada a évolué, nous incitant à repenser la définition de l’importance nationale. Ainsi, nous devons répondre et réimaginer à quoi ressemblerait cette nouvelle définition. Il y a donc quelques questions essentielles à se poser : des personnes et des organisations d’intérêt local peuvent-elles avoir une importance nationale? qui détermine ce qui répond au critère de l’importance nationale? la définition varie-t-elle d’une communauté à l’autre? Ces questions et d’autres semblables seront abordées pour favoriser des acquisitions plus inclusives qui rendront compte de la mosaïque des récits qui composent l’expérience canadienne.

Appartenance

Les collections nous rassemblent

Le réseau de chercheurs, donateurs et clients de BAC joue un rôle de premier plan à aider les archivistes d’acquisition à prendre connaissance du patrimoine documentaire diversifié au Canada. Les usagers ont toujours été des agents à l’appui du projet d’archives national. BAC souhaite continuer à établir des relations et à écouter les récits qui nous unissent.

BAC reconnaît que les usagers ont des intérêts divers en ce qui concerne le patrimoine documentaire et l’accès aux collections et ce, pour des raisons variées. Les Archives privées à BAC tiendront compte de l’intérêt potentiel de diverses communautés d’usagers lorsque nous donnerons accès à nos nouvelles acquisitions. La mise en vedette de documents particuliers, l’enregistrement d’entrevues d’histoire orale avec des donateurs et la rédaction de descriptions respectueuses et réparatrices sont des exemples de pratiques qui seront adoptées.

BAC tient à renforcer ses relations avec les communautés et les réseaux de donateurs. Les usagers deviennent souvent des donateurs, et vice versa. Les Archives privées écouteront les personnes qui consultent et découvrent les collections, discuteront de leurs idées et les intégreront dans les échanges au sujet des acquisitions. BAC veut se positionner dans une boucle créatrice dans laquelle les créateurs (artistes, écrivains, musiciens, militants, scientifiques et politiciens, etc.) qui font des découvertes dans nos espaces et installations choisiraient de donner leurs propres archives.

Tous les piliers stratégiques décrits dans la présente orientation sont élaborés et mis en œuvre dans l’intérêt des usagers. Des collections plus représentatives aideront les usagers et les communautés à se reconnaître dans les récits racontés au Canada.

Dons possibles

Les documents acceptés dans le cadre du programme des archives privées de BAC entrent dans six catégories :

BAC accepte une vaste gamme de supports, dont les suivants :

En général, BAC laisse aux musées le soin d’acquérir les grands objets, car ceux-ci relèvent davantage de leurs mandats.

Si vous avez des archives conformes à la présente orientation et que vous souhaitez en faire un don, nous serons ravis de discuter avec vous. Écrivez-nous à dons-gifts@bac-lac.gc.ca.

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