Signalement à la police et enquêtes

« Croyez-nous. C'est aussi simple que cela. Lorsque nous vous disons qu'il s'est passé quelque chose, ne nous reprochez-pas ce que nous faisions ou ce que nous portions, et surtout ne jugez-pas si nous le “méritions” ou non. Peu importe ce que nous faisions ou la façon dont nous étions habillés, nous ne méritions pas ce qui nous est arrivé. »[1] [Traduction]

L’ENJEU

La violence sexuelle demeure l'un des crimes les moins signalés au Canada. Malgré des décennies de réformes, seulement 6 % des agressions sexuelles sont signalées à la police.[2] Après le signalement, les pratiques d'enquête telles que les mise en gardes KGB sont perçues comme nuisibles et les trousses médico-légales en cas d'agression sexuelle (TMCAS) ne sont pas toujours accessibles ou utilisées de manière appropriée.

EN CHIFFRES

Dans notre sondage mené auprès de 1 000 survivant.e.s de violences sexuelles :

IDÉES CLÉS

EN SOMME

Les survivant.e.s de violences sexuelles réagissent à un système qui ne garantit pas la sécurité, la dignité et l'obligation de rendre des comptes. Des expériences vécues ont engendré la peur de ne pas être cru, d’être retraumatisé ou d’être blessé. Les enquêtes sur des crimes de violence sexuelle devraient cibler le comportement du suspect plutôt que se concentrer sur la victime.

RECOMMANDATIONS

1.1 Mettre en œuvre les appels à la justice de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées afin d'améliorer les pratiques policières et d'enquête :

1.2 Évaluer les protocoles tenant compte des traumatismes pour les enquêtes policières. La surveillance externe favorise la responsabilisation et l'accessibilité pour les groupes en quête d'équité.

1.3 Fournir une formation continue aux acteurs de la justice pénale sur les besoins uniques des survivant.e.s en fonction du sexe, du genre, de l'orientation sexuelle, de la race, de la culture, de la religion, de l'âge, des capacités, de la santé mentale, du statut d'immigration, du revenu et de l'accès au logement, en portant une attention particulière aux identités croisées.

1.4 Cesser d'utiliser les mises en garde du KGB avec les survivantes de violences sexuelles. Ces avertissements traitent les survivantes comme des suspects sur la base du mythe selon lequel les survivantes de violences sexuelles sont plus susceptibles de mentir.

1.5 Aborder l'invisibilité des survivant.e.s noir.e.s dans la recherche sur le système de justice pénale. Le gouvernement fédéral devrait investir dans la recherche communautaire dirigée par des Noirs sur les expériences des femmes, des filles et des personnes de diverses identités de genre noires touchées par la violence fondée sur le sexe, y compris la violence sexuelle.

Notre enquête

CONTEXTE

« Lorsque les citoyens ne signalent pas les crimes, il est juste de présumer que, dans de nombreux cas, ils jugent que le signalement ne favorise pas leurs propres intérêts ou même ceux de la communauté dans son ensemble... Ce jugement ne doit pas être rejeté sommairement comme irrationnel. »[5] [Traduction]

La violence sexuelle est l'un des crimes les moins signalés au Canada. Seulement 6 % des agressions sexuelles sont signalées à la police.[6] Malgré des décennies de réformes, les réponses de la justice pénale à la violence sexuelle continuent d'échouer pour les survivantes. Le signalement de la violence sexuelle est souvent présenté comme un choix individuel, mais les survivant.e.s indiquent constamment que leur silence est dû à des obstacles systémiques, à des défaillances institutionnelles et à des inégalités plutôt qu'à une réticence personnelle. Pour compliquer encore davantage la situation, des outils d'enquête tels que les mise en gardes KGB et les TMCAS peuvent renforcer ces obstacles, intensifiant l'hésitation des survivant.e.s à s'engager avec la police. La sécurité publique et la confiance dans le système de justice pénale (SJP) restent menacées jusqu'à ce que le système s'attaque aux conditions structurelles qui réduisent les survivant.e.s au silence.

Ce que nous avons entendu

« Si je pouvais changer les choses, je ne dirais rien à la police. »[7] [Traduction]

Des survivant.e.s de toutes les provinces et de tous les territoires du Canada ont participé à notre sondage, et environ la moitié (51 %) avaient rapporté l’agression aux autorités.[8]

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Répondants au sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s
Leur cheminement dans le SJP (n = 1 000)[9]

Obstacles à la dénonciation

Les survivant.e.s qui ne signalent pas la violence sexuelle se heurtent souvent à des obstacles systémiques, pratiques et identitaires qui rendent la dénonciation dangereuse, inaccessible ou impensable.

Les survivant.e.s sont réduit.e.s au silence par les mythes et les stéréotypes

Les mythes et les stéréotypes sur la violence sexuelle renforcent les préjugés dans la façon dont nous réagissons à la violence sexuelle en tant que société. Les survivant.e.s qui dénoncent des violences sexuelles sont souvent ignorées, humiliées ou jugées. Lorsque le comportement d'un.e survivant.e diffère des attentes quant au comportement d'une « victime idéale », la société peut être prompte à attribuer le blâme. Bon nombre des hypothèses sur la façon dont une survivante d'agression sexuelle devrait se comporter sont contraires aux expériences courantes des survivantes.

Par exemple, l'hypothèse selon laquelle une survivante se distancierait immédiatement de l'agresseur n'est pas fondée sur des preuves et ne comprend pas les réactions traumatiques complexes à la violence, à l'abus de confiance, à la coercition, au conditionnement, à l'exploitation ou à l'interdépendance économique et sociale.

Structurellement, la prévalence continue des mythes et des stéréotypes donne aux survivant.e.s peu de confiance dans le fait qu'elles seront crues, les réduisant au silence et reproduisant des conditions qui permettent aux auteurs de violences sexuelles de continuer à nuire aux autres.

Ce contexte est fondamental pour comprendre les raisons pour lesquelles les survivant.e.s ne signalent pas les violences sexuelles.

Les survivant.e.s craignent qu’on ne les croit pas

« J'ai vu une amie passer par le processus et on ne l'a pas crue parce qu'elle avait bu et qu'elle connaissait la personne. L'une des personnes qui a fait cela était un ami qui m'a agressé pendant que je dormais et que j'étais ivre. »[10] [Traduction]

Dans notre sondage auprès des survivant.e.s, 47 % d'entre eux n'ont pas signalé l'incident à la police. Plus de 9 survivant.e.s sur 10 ont déclaré que l'attente de ne pas être crus les a empêchés de porter plainte : 93 % ne s'attendaient pas à ce que la police les croie et 89 % ont été influencés par la façon dont les autres survivant.e.s avaient été traités.

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Plusieurs survivant.e.s ont souligné que le sexe, la race, l'indigénéité et d'autres marqueurs sociaux les rendaient encore moins susceptibles d'être prises au sérieux. « Le système est biaisé contre les personnes qui ont des identités marginalisées intersectionnelles (race, origine ethnique, statut autochtone, identité sexuelle), ce qui fait en sorte que les individus s'abstiennent de signaler afin d'éviter d'autres préjudices. »[11]

Blâme et honte intériorisés

La honte intériorisée, souvent apprise des normes sociales et des expériences passées d’incrédulité et de réjection, a créé un puissant effet dissuasif sur le signalement, en particulier lorsque les survivant.e.s vivaient avec ou dépendaient (financièrement ou autre) de la personne qui leur avait fait du mal.

Les survivant.e.s ont partagé :

« La honte doit changer de camp. »[18][Traduction]

La crédibilité et la « victime idéale »

Les survivant.e.s ont décrit des difficultés avec les attentes de la société concernant le comportement « approprié » de la victime. Tout écart par rapport à ce modèle contradictoire a souvent nui à leur crédibilité :

« Le système est ne fonctionne pas. J'ai dû passer pas mal de temps à devenir la victime idéale. Il n'y avait pas de bonne façon d’agir. Si j'étais désemparée, on me disait de contrôler mes émotions. Vous devez être suffisamment émotive pour qu'ils aient pitié de vous, mais pas au point de leur rendre la tâche trop difficile. On doit être suffisamment impliqué, mais pas au point de les appeler trop souvent. Paradoxe. En tant que victime, on analysait constamment MON comportement. »[19] [Traduction]

Les attentes sociales à l'égard de la « victime parfaite »[20] engendrent beaucoup de jugement face à son comportement lors du signalement et influencent les réponses institutionnelles. Les survivant.e.s qui ne correspondent pas à ces attentes, en raison de leur identité, de leur contenance ou de leurs réactions traumatiques, sont souvent catégorisé.e.s comme de « mauvaises victimes » qui ne sont pas fiables, peu coopératives ou non crédibles.[21]

Les survivant.e.s sont réduit.e.s au silence par les risques pour la sécurité, le revenu, le logement et la garde des enfants

« C'est un privilège de pouvoir passer par le système de justice pénale. Vous devez avoir des soutiens dans les domaines des besoins de base, de la langue, de la garde d'enfants, du logement et du travail ; Il incombe au gouvernement de fournir ces soutiens. »[24]

Pour les survivant.e.s qui envisagent de porter plainte, les coûts pratiques et les menaces immédiates pour leur sécurité ont souvent un coût qu'ils ne peuvent tout simplement pas se permettre. Les survivant.e.s ont constamment insisté sur le fait que la décision de signaler implique l'évaluation de risques concrets, de la stabilité financière à la sécurité physique.

« Je n'avais pas d'argent, pas de maison, pas de voiture, je ne pouvais pas partir et j'ai dû continuer d’endurer parce qu'il n'y avait pas de ressources adéquates pour aider un nouveau parent, vivant seul, dans l’économie d’aujourd’hui. »[25]

Les expériences de dénonciation d'agression sexuelle des femmes noires sont encadrées par leur place social unique en marge de la société en raison de l'oppression systémique de la race, du sexe et de la classe. Slatton et Richard soutiennent qu'il y a trois domaines de marginalisation : la délégitimation des femmes noires en tant que victimes de viol, les femmes noires décrites comme étant excessivement fortes, et la sanction de la divulgation des agressions sexuelles interraciales.

Le signalement est souvent présenté comme un choix, mais pour beaucoup, il s'agit d'un faux choix en l'absence de soutien et ressources. Les survivant.e.s nous l'ont dit clairement : le signalement est un privilège que plusieurs ne peuvent tout simplement pas se permettre. Plusieurs font face à de multiples obstacles pratiques interreliés :

Dans une soumission écrite présentée par l'Association des femmes autochtones de l'Ontario, on souligne que la capacité de porter plainte ou de témoigner contre un agresseur peut sembler insurmontable lorsque les besoins fondamentaux d'une victime en matière de sécurité et de logement ne sont pas satisfaits.[27]

Les survivant.e.s des collectivités rurales, éloignées et nordiques ont décrit des obstacles supplémentaires :

Les survivantes craignent des représailles

Pour de nombreuses survivantes, le signalement de la violence à la police pourrait mettre directement en danger leur sécurité personnelle ou celle de leurs proches. La crainte de représailles était particulièrement prononcée dans le contexte de la cohabitation avec l'agresseur, de la VPI ou des situations de traite ou de crime organisé.[29]

La sécurité, tant personnelle que relationnelle, a été citée comme un obstacle important :

Certains ont déclaré avoir été menacés de chantage, être menacés de partager des photos intimes avec des amis et au travail,[30] ou avoir reçu des menaces de mort.[31] D'autres ont déclaré ne pas être convaincus que les systèmes en place les protégeraient adéquatement.

« La police en tant qu'institution n'est pas conçue pour soutenir les survivantes de violences sexuelles. Elle fait plus de mal que de bien. »[32]

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La violence sexuelle dans les relations intimes est souvent ignorée

« J'étais terrifiée à l'idée de ne pas voir un autre jour si j'appelais la police. Je vivais avec eux et ils me rendaient complètement dépendant d'eux, donc ce n'était pas facile de faire des reportages et de fuir, et si je faisais un reportage, je devais courir vite et loin. »[33]

45 % des survivant.e.s ont identifié un partenaire intime comme étant l'agresseur. Les survivant.e.s vivent souvent avec, comptent sur elle ou sont co-parents avec la personne qui leur a fait du mal. Ces situations peuvent créer un contexte de contrôle coercitif où le signalement est non seulement dangereux, mais peut également mettre la vie en danger.

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Le signalement nécessite un vaste système de soutien : logement, réinstallation, protection de l'enfance et revenu. Les survivant.e.s de violences sexuelles dans les relations sont souvent accueillies avec incrédulité.

« J'ai été agressée sexuellement une fois par mon mari. Je n'ai même pas été près de le signaler à la police. J'ai signalé une agression physique et un comportement dangereux à l'encontre d'un enfant, ce qui a été sommairement rejeté. Un policier masculin était présent à mon domicile. Il a suggéré que je me mettais simplement en travers du chemin de mon mari. Lorsque le système ne gère même pas bien cette situation fondamentale, les agressions sexuelles ne seront pas signalées. »[34]

Ces expériences renforcent la conviction de nombreux survivant.e.s et défenseurs des droits que le système de justice n'est pas en mesure de reconnaître ou de répondre à la violence sexuelle dans les relations en cours, en particulier lorsque la violence est psychologique, coercitive ou fait partie d'un vaste schéma d'abus.

Les survivant.e.s sont réduites au silence par les auteurs et ont un accès limité aux ressources

Certaines survivant.e.s ne reconnaissent pas initialement leurs expériences comme des violences sexuelles. Le manque de langue, de connaissances ou de validation sociale peut retarder la divulgation.

Principales raisons de la reconnaissance tardive :

Pourquoi l'identité est si importante

Nous avons entendu parler de nombreux autres obstacles au signalement chez les survivant.e.s des communautés marginalisées :[38]

La méfiance enracinée dans l'expérience vécue

« De mauvaises réponses de la part de la police – [j'étais] un enfant témoin de violence conjugale dans les années 1980 et de la façon dont ma mère était traitée (Indienne en vertu de la Loi sur les Indiens et père non autochtone que tout le monde croyait). J'ai aussi entendu parler de la façon dont d'autres survivant.e.s ont été traités, à l'hôpital, je me suis sentie racialisée (des questions posées à l'hôpital, comme est-ce que vous buvez) – je me sentais blâmée pour ce qui s'est passé, donc aller à la police me semblait inutile. »[41]

Les survivant.e.s et les intervenant.e.s ont mentionné une série de défaillances systémiques qui ont accru les préjudices et découragé le signalement :

Le racisme, le colonialisme et les rapports de force rendent le reportage encore plus difficile

« Je ne fais pas confiance à la police en tant qu'individu ou en tant que système. Par définition, la police ne me voit pas (un transhumain noir, queer) comme une personne qui mérite d'être protégée. »[53]

Considérez ces statistiques :

Pour les survivant.e.s autochtones d'agression sexuelle, les obstacles à la justice « découlent de la longue histoire et de l'héritage du colonialisme et des impacts continus de la violence coloniale enchâssée dans le système de justice du Canada ».[56] Les processus judiciaires formels peuvent faire plus de mal que de bien, renforçant souvent les stéréotypes racistes et sexistes sur comment et pourquoi les peuples autochtones sont victimes de violence.[57]

Cette méfiance n'est pas seulement historique mais bien documentée :

Les résultats de notre sondage renforcent ces réalités vécues par d'autres groupes marginalisés :

Les expériences distinctes des femmes, des filles et des personnes de diverses identités de genre noires

« Les femmes noires méritent une mention particulière. Nos expériences sont très différentes de celles des autres groupes racialisés... Nous ne sommes pas protégés, du sein maternel au tombeau. »[61] [Traduction]

Les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre noires sont touchées de manière disproportionnée par la violence sexuelle au Canada. Pourtant, leurs expériences restent souvent invisibles dans la recherche, les politiques et la prestation des services. Trop souvent, leurs réalités sont regroupées dans des catégories plus larges telles que « racialisés » ou « personnes de couleur », ce qui masque les préjudices distincts et aggravés auxquels ils sont confrontés.

Dès le départ, cette enquête a cherché à mobiliser des survivant.e.s issus de groupes historiquement sous-représentés. Nous avons communiqué avec des organisations dirigées par des Noirs, diffusé nos appels à participer à des sondages et à des entrevues, et sollicité des commentaires sur plusieurs canaux de participation. Cependant, la participation des survivant.e.s noirs est demeurée limitée. Nous comprenons qu'il ne s'agit pas simplement d'une question de sensibilisation, mais aussi d'une question de confiance, de sécurité et d'expérience historique. Nous reconnaissons que les institutions liées au système de justice pénale ne sont peut-être pas considérées comme des espaces sûrs ou accueillants pour de nombreux survivant.e.s noirs.

Les intervenant.e.s et la recherche ont souligné que :

Nous reconnaissons l'investissement fait dans la Stratégie de justice pour les Noirs du Canada et son plan de mise en œuvre sur 10 ans. La Stratégie s'engage à réduire la surreprésentation des Noirs dans le système de justice pénale, y compris en tant que victimes d'actes criminels. Il s'agit d'un pas en avant important.

Bien que la Stratégie soit principalement axée sur l'incarcération, le maintien de l'ordre et la déjudiciarisation, moins d'attention a été accordée aux réalités vécues par les survivant.e.s noirs. La réponse politique ne doit pas négliger les survivant.e.s noirs, en particulier de la violence sexuelle, dont les expériences ont reçu moins d'attention.

« Il n'y a pas de politique quand il n'y a pas de recherche, et pas de recherche quand il n'y a pas d'investissement. »[64] [Traduction]

Nous aimerions que la mise en œuvre de la Stratégie de justice pour les Noirs du Canada comprenne des investissements soutenus et dédiés dans la recherche communautaire dirigée par des Noirs pour les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre noires touchées par la violence sexuelle. Ces efforts doivent non seulement se concentrer sur les survivant.e.s noirs, mais aussi être façonnés et dirigés par eux.

Obstacles au signalement pour les femmes musulmanes

Les femmes musulmanes sont confrontées à des obstacles intersectionnels lorsqu'elles s'engagent dans le système de justice pénale.

La thèse de Maira Hassan, qui est la première étude au Canada à examiner comment les femmes musulmanes sont représentées et traitées dans les cas d'agression sexuelle, combine une analyse juridique et des entrevues avec des travailleurs de soutien de première ligne pour documenter ces défis systémiques. Hassan a constaté que « En plus de la situation déjà difficile de signaler à la police, il peut y avoir des réactions mitigées de la part de la police lorsqu'il s'agit de femmes musulmanes survivant.e.s qui signalent leurs expériences de violence. Les participantes aux entretiens ont relaté les réactions imprévisibles de la police, y compris des réactions parfois excessives et parfois le rejet des plaintes par des femmes musulmanes victimes de violence. Alors que les réactions excessives correspondaient au fait de voir les femmes musulmanes vivre la violence comme une occasion de sauver « la femme opprimée », les rejets étaient liés à « l'altérisation » de la violence comme quelque chose d'attendu dans le cadre de la « culture musulmane ».[65] [Traduction]

Hassan souligne comment la racialisation sexiste et les stéréotypes islamophobes continuent de façonner l'expérience de reportage des femmes musulmanes. Parfois, cela conduit à une surveillance accrue et à des attitudes paternalistes. Dans d'autres, cela conduit à minimiser ou à rejeter le mal qu'elles ont subi.

Raisons de signaler

Les survivant.e.s dénoncent pour protéger les autres

« Je croyais que cela me protégerait, moi et mes enfants. Maintenant, je sais que la seule protection offerte est à l'agresseur, alors que j'ai continué à recevoir des menaces, à voir ma réputation détruite, et que j'ai dû financer un déménagement et un changement d'identité seule et que j'ai payé des milliers de dollars pour essayer de me remettre non seulement des agressions sexuelles, mais aussi du tort que le système de justice m'a fait. »[66] [Traduction]

Pour de nombreuses survivantes, le signalement est motivé par un profond sentiment de responsabilité pour protéger les autres, en particulier les enfants, les femmes et les membres de leur propre communauté.

« Je l’ai fait pour protéger d'autres femmes et filles. De les voir avertis de son sujet. Mais la réalité est que sa peine sera presque certainement moins longue que la période entre le moment où il a été accusé et le moment où il est condamné. Le système de justice pénale est tellement centré sur les délinquants que la sécurité des victimes n'est même pas prise en compte. »[67]

« Quand j'étais petite, beaucoup d'entre nous ont été agressées sexuellement par des personnes occupant des postes élevés de confiance et d'autorité dans ma communauté. Aujourd'hui, c'est toujours le cas. C'est pourquoi j'ai décidé de me manifester. »[68]

« J'ai signalé parce que mon agresseur a dit des choses qui indiquaient clairement qu'il le ferait à d'autres et je ne voulais pas que d'autres femmes souffrent de cela. Mais je ne ferais plus de reportage. »[69]

Les résultats de notre sondage font écho à cette motivation (n = 1 000) :

51 % (n = 505) des survivant.e.s ont signalé l'incident à la police. Les survivant.e.s ont souvent pris en compte de nombreuses raisons différentes dans le choix de porter plainte :

Nous avons également demandé aux survivant.e.s de nous expliquer l’importance des différentes raisons dans leur décision de signaler les violences sexuelles à la police :

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Que s'est-il passé lorsqu'un signalement a été fait?

De nombreux survivant.e.s ont décrit comment le signalement leur a infligé de nouveaux préjudices, même lorsqu'ils se sont manifestés pour protéger les autres. Bien qu'elles aient été motivées par le désir de protéger les autres, les survivant.e.s se sont retrouvées traumatisées, incrédules ou exclues du processus qu'elles avaient entamé.

Les survivant.e.s qui ont fait un signalement portaient souvent un double fardeau : le traumatisme de la violence elle-même et le traumatisme de naviguer dans un système qui n'a pas été conçu pour les soutenir. Cette situation est particulièrement grave pour les survivant.e.s racialisés, qui sont confrontés à la fois à des préjugés systémiques et à un manque de soutien.

Les survivant.e.s ont eu des expériences mitigées avec la police

Parmi les 51 % de survivant.e.s qui ont signalé l'incident à la police, les expériences étaient mitigées. Alors que certains ont fait l'objet d'un traitement compréhensif et respectueux, d'autres ont décrit des interactions traumatisantes.

Les survivant.e.s ont eu des expériences très mitigées avec la police :

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La police fournit aux survivant.e.s plus d'informations sur leur cas

Les survivant.e.s qui ont signalé des violences sexuelles au cours des dernières années ont noté des améliorations dans la communication avec la police et l'accès aux informations sur les cas. Près de la moitié ont indiqué qu'ils se sentaient crus par la police, ce qui marque un pas en avant notable. De plus, nos données montrent des tendances à la hausse claires au cours des deux dernières décennies dans la police : comment la police a informé et mobilisé les survivant.e.s :

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Lacunes persistantes

Malgré des améliorations dans ces domaines, les indicateurs de performance globaux dans d'autres domaines importants restent faibles.

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Lorsqu'on leur a demandé explicitement l'issue de leur cas, 28 % des survivant.e.s ont déclaré qu'ils n'avaient reçu aucune communication claire sur ce qui s'était passé après avoir signalé leur incident à la police.

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L'attention se tourne vers les survivant.e.s

Malgré l'amélioration de la communication policière, les survivant.e.s continuent de décrire des expériences qui suggèrent une attitude de suspicion par défaut. Dans notre sondage auprès des survivant.e.s :

Les mise en gardes KGB et la présomption de doute

« En gros, c'est un speech de trois minutes qui vous dit ce qui va se passer si vous mentez. Dire aux survivant.e.s avant même d'ouvrir la bouche ce qui va leur arriver si elles mentent ne fait pas partie des pratiques exemplaires en matière de violence sexuelle. Beaucoup d'endroits à travers le pays ont du mal à figurer comment se débarrasser de ces avertissements. » [72] [Traduction]

Imaginez que vous vous manifestez après avoir été victime d'un crime violent, et que vous êtes mis en garde d'une manière qui vous laisse, en tant que survivant, le sentiment que : toute erreur mineure ou détail oublié pourrait entraîner votre propre emprisonnement. C'est ainsi que les mise en gardes KGB sont souvent perçues par les survivant.e.s, non pas parce que la police le dit carrément, mais parce que c'est ainsi que l'avertissement est perçu par les survivant.e.s. Bien qu'il soit rare dans d'autres infractions avec violence, il est appliqué de façon disproportionnée dans les causes d'agression sexuelle.

Qu'est-ce qu'une mise en garde KGB?

Les mise en gardes KGB[73] sont des déclarations sous serment, enregistrées sur vidéo par la police, un outil développé à l'origine pour préserver des preuves fiables de témoins qui peuvent être réticents à témoigner ou dont le témoignage peut changer par la suite. Ils étaient principalement destinés à être utilisés dans les affaires impliquant des coaccusés ou des témoins dans des contextes à risque élevé, comme le crime organisé, lorsqu'il y a une crainte d'intimidation, de rétractation ou de refus de témoigner des témoins.[74]

Des recherches, des entrevues avec des intervenant.e.s et des soumissions écrites ont soulevé des préoccupations au sujet de l'utilisation des mise en gardes KGB dans les enquêtes sur les agressions sexuelles :

Un intervenant s'est fait l'écho de ces préoccupations :

« Vous pouvez voir tout le comportement de la personne changer, peu importe la délicatesse, l'empathie ou la façon dont l'agent essaie de parler de ces déclarations, en tenant compte du traumatisme. Dès que vous commencez à parler de la détermination de la peine, vous pouvez voir qu'ils reconnaissent immédiatement qu'ils ne sont pas crus, que ce n'est pas pour eux. C'est déchirant de regarder ça et de devoir continuer à voir ça. »[82]

Les mise en gardes KGB sont en cours de réexamen

Nous avons demandé à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) son point de vue sur l'utilisation des avertissements KGB donnés aux survivant.e.s. Ils nous ont dit :

« Les déclarations sous serment auraient fort probablement un effet néfaste sur la qualité des preuves obtenues lors de l'entrevue et sur le bien-être des victimes d'agression sexuelle. Cela peut être interprété à tort comme de l'incrédulité de la victime et n'est pas compatible avec l'utilisation d'une approche tenant compte des traumatismes dans les enquêtes. Les enquêteurs individuels devraient décider s'il est dans l'intérêt supérieur de la justice d'utiliser la procédure KGB lors de l'interrogatoire d'une victime, en gardant à l'esprit les avantages et les inconvénients de cette procédure, ainsi que l'effet préjudiciable potentiel sur la victime. Il est important de se rappeler qu'une victime d'agression sexuelle sera rarement appelée à témoigner sans son consentement continu à y participer. »[83]

Bien que la politique de la GRC indique que les mise en gardes KGB doivent être utilisées avec parcimonie, il n'y a pas de suivi ou de surveillance officiel de cette pratique, ni de script ou de formulaire standard. « Ils sont créés à l'échelle divisionnaire en collaboration avec les procureurs de la Couronne provinciaux. Cela permet de tenir compte des différences régionales, comme les exigences relatives au commissaire à l'assermentation. »[84]

Il y a un consensus croissant sur le fait que les mise en gardes KGB ne devraient pas être utilisées dans les affaires d'agression sexuelle :

Les mise en gardes KGB sont-elles nécessaires?

Il peut y avoir des circonstances limitées – comme une affaire de trafic sexuel ou lorsqu'une survivante peut ne pas être disponible plus tard pour témoigner – où une mise en garde KGB peut aider à protéger les intérêts des survivantes. D'autres preuves suggèrent qu'il n’est peut-être pas nécessaire d'avertir les survivant.e.s.

Comme l'a fait remarquer un intervenant :

« D'autres provinces ont trouvé des moyens d'avoir ces conversations sans donner cet avertissement à quelqu'un et lui dire : « Si vous mentez, toutes ces choses terribles vont vous arriver. »[89]

Étant donné l'impact discriminatoire et préjudiciable des avertissements lorsque les survivant.e.s signalent des violences sexuelles à la police, les avantages potentiels doivent être mis en balance avec les préjudices.

Alternatives aux mise en gardes KGB :

Les trousses médico-légales en cas d'agression sexuelle ne sont pas toujours disponibles

Les trousses médico-légales en cas d'agression sexuelle (TMCAS) sont un autre outil d'enquête soulevé par les survivant.e.s. Bien qu'elle soit conçue pour préserver les preuves médico-légales susceptibles d'appuyer une poursuite, le processus peut ajouter des traumatismes, des retards et un fardeau inutile.

Les TMCAS peuvent être des outils essentiels à l’enquête. Toutefois, leur valeur probante peut être limitée dans certains cas :

La GRC a présenté son point de vue :

« Même dans les cas où l'accusé est connu de la survivante et qu'il n'est pas contesté qu'il y a eu activité sexuelle, les TMCAS peuvent tout de même fournir des preuves de confirmation précieuses. Les preuves d’ADN peuvent :

Bien que les TMCAS ne soient pas toujours nécessaires, il ne faut pas sous-estimer leur potentiel à renforcer la crédibilité et à réduire l'ambiguïté dans les procédures judiciaires. La clé est de s'assurer que les survivantes sont pleinement informées de leurs options et que l'utilisation des TMCAS est guidée par des pratiques tenant compte des traumatismes et centrées sur les survivantes. »[93]

Accessibilité

Dans de nombreuses régions du Canada, les TMCAS sont indisponibles ou difficiles d'accès :

« J'ai dû conduire plus de 2 heures jusqu'en ville pour faire un kit de viol parce qu'il n'était pas disponible dans ma ville. »[97]

Les salles d'attente dans les petites collectivités peuvent soulever de graves préoccupations en matière de protection de la vie privée. Cela touche de manière disproportionnée les survivant.e.s dans les communautés nordiques, autochtones et rurales très unies où l'anonymat est difficile. On pose souvent aux patients des questions intrusives sur les raisons pour lesquelles ils cherchent à obtenir des soins.

L'Appel à la justice 5.5 de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées exhorte spécifiquement tous les gouvernements à renforcer leurs capacités en matière d'outils d'enquête sur les violences sexuelles, y compris l'accès à des trousses d'agression sexuelle et à des techniques d'interrogatoire tenant compte des traumatismes.[98] Cet appel met l'accent sur la nécessité de veiller à ce que toutes les communautés autochtones, en particulier dans les régions éloignées et nordiques, aient un accès rapide et équitable à ces ressources.

Pression pour subir des TMCAS

De nombreuses survivant.e.s ont rapporté que la police et même certains professionnels de la santé ont fait pression sur elles pour qu'elles subissent un examen d'agression sexuelle afin de signaler l'agression. D'autres se sont fait dire, à tort, que sans trousse, leur affaire serait classée sans suite.

« La police ne croit pas les femmes, et des policiers m’ont dit que si je ne faisais pas faire un kit de viol immédiatement, l'affaire serait classée sans suite car je ne pouvais pas prouver l'incident. La parole des femmes n’est jamais crue contre celle d’un homme, c'est juste un fait très triste. Le fait que je sois autochtone n'aide pas non plus, et la police, surtout dans ma petite ville, ne nous aime pas. Elle prend toujours le côté des Blancs, quoi qu'il arrive. »[99]

Ces expériences reflètent la persistance des mythes sur le viol et de la désinformation. Ces mythes renforcent les stéréotypes nuisibles, par exemple, selon lesquels la violence sexuelle entraîne toujours des blessures, que les plaignants sont plus susceptibles de mentir au sujet d'une agression et que la violence sexuelle est commise par des étrangers inconnus de la victime.

La GRC a fait part de ses points de vue sur les aspects néfastes de la TMCAS :

« Les TMCAS ne sont pas des outils nuisibles en soi. Lorsqu'ils sont utilisés de manière appropriée et avec des soins tenant compte des traumatismes, les TMCAS sont conçus pour préserver les preuves médico-légales essentielles qui peuvent soutenir le cas d'un survivant, s'il choisit d'intenter une action en justice. Lorsqu'elles sont administrées avec le consentement éclairé, la sensibilité et le respect de l'autonomie de la survivante, les TMCAS peuvent être stimulantes et jouer un rôle essentiel dans les processus judiciaires. De nombreuses victimes choisissent de se soumettre au processus de collecte de preuves parce qu'elles veulent avoir la possibilité de porter plainte ou de demander justice à l'avenir. »[101]

Préjudices et revictimisation pendant l'examen

Certaines victimes d'agression sexuelle ont décrit ces examens médico-légaux comme un « deuxième viol ».

« L'ensemble du processus de collection de preuves est également un traumatisme total. »[102]

« Mon infirmière m'a également dit que si je ne pensais pas vouloir faire un signalement, la trousse une expérience vraiment inconfortable pour mon médecin masculin. Au lieu de cela, ils m'ont donné du Valium pour m'aider à « oublier », selon les mots du médecin. »[103]

Plusieurs survivant.e.s disent avoir subi des pressions pour faire appel à la police si elles voulaient passer un examen médical.

« J'ai dû me présenter à la police pour pouvoir faire un kit de viol à l'hôpital. C'était difficile, car je ne connaissais rien au signalement, au système pénal ou au dépôt d'accusations. Je voulais juste que ce qui m'est arrivé soit reconnu/enregistré et qu’on vérifie ma santé. J'ai décidé de porter plainte après que les policiers me disent qu’eux porterait pas d'accusations si je n'étais pas d'accord avec ça. On m’a questionné à ce moment-là, seule dans une chambre d'hôpital privée avec deux flics. C'était dur, je ne me sentais pas en sécurité. Je venais d'être [agressée sexuellement] la nuit précédente et l'homme ne m'a pas laissée partir tant que je ne l'ai pas convaincu de le faire. J'aurais aimé qu'une infirmière ou quelqu'un d'autre de l'équipe médicale reste avec moi dans la chambre lorsque les flics sont arrivés. Je n'étais pas au courant que je pouvais le demander à l'époque. Plus tard, la police a fait enquête, mais j'ai dû demander s'ils avaient analysé mes échantillons de sang. Ils ne l'ont pas fait jusqu'à ce que je leur demande, et il s'est avéré que j'étais gravement droguée... Je ne pense pas qu'ils écoutaient quand j'ai raconté ce qui s’était passé, que je pensais avoir été droguée. Peut-être que je ne l'ai pas dit assez directement. »[104]

Confidentialité et SAEK

Une trousse d'examen d'agression sexuelle (SAEK) consigne, sur un formulaire médico-légal spécifique, un examen effectué par un médecin qualifié. Le plaignant doit consentir à ce que ce formulaire soit remis à la police, même si une enquête est en cours. Une affaire ontarienne a jugé que le SAEK n'était pas un dossier privé et que l'infirmière qui effectuait l'examen faisait partie de l'enquête sur l'agression sexuelle. Cela signifiait que le plaignant n'avait aucun droit à la vie privée à l'égard de la SAEK.

R v. T.C. 2021 ONCJ 299 (CanLII).

Le lien entre le signalement et l'examen médico-légal dissuade les survivant.e.s qui ne sont pas encore prêtes à s'engager dans le système judiciaire, mais qui souhaitent tout de même des soins médicaux ou préserver des preuves. Nous devons mieux protéger le droit à la vie privée des survivant.e.s et survivant.e.s à l'égard de leur propre corps.

Retards et échecs de traitement

Les retards dans les tests des TMCAS ralentissent les enquêtes et, dans certains cas, compromettent les poursuites. Les survivant.e.s ont signalé des cas où les trousses n'ont été que partiellement traitées, souvent sans explication claire.

« À ma connaissance, le kit de viol n'a jamais été trouvé dans une base de données. Je pense qu'il a peut-être été détruit. Je n'en ai aucune idée, et je ne trouve pas de réponses quand je les appelle. »[105]

« Il doit y avoir un meilleur processus pour traiter les kits de viol – je sais que c'est coûteux et que le gouvernement essaie d'économiser de l'argent, mais ne pas traiter des kits de viol du tout quand ils sont collectés c’est terrible. Un si faible pourcentage de femmes se lance dans le signalement et accepte de subir l’examen. Par respect pour celles d'entre nous qui le font, il faut investir pour s'assurer que les preuves sont dûment traitées en temps opportun. On nous a dit que les tests d’ADN pouvaient prendre jusqu'à 6 mois!! » [106]

Dans certains cas, un traitement partiel peut être approprié, par exemple, lorsque seuls certains échantillons sont pertinents pour les questions en litige dans une affaire, comme une agression sexuelle soupçonnée d'être facilitée par la drogue ou des questions sur l'intoxication. Cependant, lorsque les survivant.e.s ne sont pas informés de ce qui a été testé ou pourquoi, un manque de transparence peut provoquer de la méfiance.

Une survivante a raconté que l'accusé avait retardé l'enregistrement d'un plaidoyer pendant des mois parce que les résultats de l'ADN n'avaient pas été reçus. La survivante a dû faire un suivi personnel pour confirmer que ses échantillons de sang avaient même été analysés, pour apprendre qu'ils n'avaient pas été traités jusqu'à ce qu'elle insiste.[107]

De tels retards peuvent également compromettre les poursuites.

Les infirmières examinatrices en matière d'agression sexuelle peuvent réduire le traumatisme

« Mon choix s'est arrêté aux urgences de l'hôpital. Je n'étais pas prête à prendre une décision concernant le signalement, mais je voulais obtenir une trousse d'agression sexuelle pour avoir la possibilité de le faire. Ils n'étaient absolument pas formés pour s'occuper de mes soins. On m'a dit qu’on ne ferait l’examen complet que si je faisais un signalement à la police. »[109]

De nombreuses survivant.e.s ont décrit des expériences inconfortables, voire traumatisantes, lors des examens TMCAS, en particulier lorsqu'elles sont menées par des professionnels de la santé non formés ou réticents. En revanche, les infirmières examinatrices en matière d'agression sexuelle (SANE) ont été soulignées comme un modèle prometteur pour la prestation de soins spécialisés et compatissants.

« Dans certains endroits, des équipes d'infirmières spécialement formées sont appelées pour les trousses, sont prêtes à témoigner et à servir de guide dans le système de santé. Cela aurait beaucoup aidé. »[110]

Cependant, les intervenant.e.s ont noté que la plupart des hôpitaux n'ont pas d'infirmières spécialisées formées pour administrer les TMCAS.[111] Dans les régions où il n' y a pas de SANE, les survivant.e.s ont décrit avoir été examinées par des prestataires qui n'étaient pas préparés, mal à l'aise ou dédaigneux :

« Le médecin de l'université ne voulait pas prendre les photos (de mes blessures) ou être impliqué. J'ai appris plus tard que c'était parce qu'ils ne voulaient pas perdre de temps à témoigner. »[112]

Nous avons également entendu parler de médecins qui se rendent à distance par avion et qui administrent des TMCAS sans connaissances adéquates, parfois en consultant les instructions pendant l'examen. Ces situations peuvent créer de la confusion, de la peur et un traumatisme supplémentaire pour les survivant.e.s. Dans certains cas, les infirmières locales auraient pu fournir de meilleurs soins, mais elles en ont été empêchées par la politique de l'établissement.[113]

Vers une approche tenant compte des traumatismes

Nous avons entendu parler de plusieurs réformes prometteuses fondées sur l'atténuation des traumatismes :

Étude de cas : Préjudices racialisés et défense des droits des survivant.e.s

En 2013, à l'âge de 17 ans, Joëlle Kabisoso a été agressée sexuellement par cinq garçons blancs. L'agression a été enregistrée et moquée publiquement en ligne, y compris un tweet « quatre petits singes assis sur un lit, 2 ont été violés et un vient de saigner », ce qui souligne l'intersection de la haine et de la violence sexuelle.

Malgré le racisme et la brutalité manifestes, Joëlle se souvient que le détective affecté à son affaire a rejeté le préjudice en lui disant : « Peut-être que la prochaine fois, tu ne devrais pas boire autant. » Plutôt que d'être soutenue, Joëlle s'est heurtée à la suspicion et à l'indifférence institutionnelles, une expérience qui se retrouve dans notre sondage auprès des survivantes, où l'une d'entre elles a écrit : « Les femmes noires agressées ne sont aucunement prises au sérieux. » « Les femmes noires agressées ne sont pas du tout prises au sérieux. »

De ce traumatisme, Joëlle est devenue une voix de premier plan pour le changement. En 2018, elle a fondé Sisters in Sync, un espace permettant à d'autres filles et femmes noires de partager leurs expériences de violence sexuelle.

Entrevue avec un.e intervenant.e #104 ; Enquête auprès des survivant.e.s #691.

À RETENIR

Les survivant.e.s méritent d'être en sécurité à chaque étape, de la première divulgation au dernier élément de preuve

Le signalement de la violence sexuelle ne doit pas ouvrir la porte à la suspicion, au retard ou à d'autres préjudices.

[1] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #59

[2] Statistique Canada mène l'Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens tous les 5 ans. Il s'agit d'une vaste enquête sur la victimisation qui permet de recueillir des données autodéclarées sur la victimisation criminelle dans toutes les provinces et tous les territoires. Il comprend des questions visant à déterminer si les gens ont signalé un crime à la police.

[3] Craig, E. (2025 Forthcoming). The Discriminatory Use of the ‘KGB Procedure’ by Police Against Women in CanadaMcGill Law Review. (Disponible en anglais seulement).

[4] She Matters. (2025). Silenced: Canada's sexual assault evidence kit accessibility. (Disponible en anglais seulement).

[5] Finkelhor, D. (2008). Childhood Victimization: Violence, Crime, and Abuse in the Lives of Young People. New York: Oxford University Press. (Disponible en anglais seulement).

[6] Gouvernement du Canada, Statistique Canada, et Cotter, A. (2024). Résultats de la justice pénale en matière d'agression sexuelle au Canada, 2015 à 2019.

[7] Entretien de l’ESSAS auprès d'un.e survivant.e #31

[8] 51% (n = 503) est une surreprésentation importante des survivant.e.s qui ont signalé l'incident à la police. Étant donné que le taux de signalement au Canada est d'environ 6% selon l'ESG de 2019, un échantillon de 505 survivant.e.s qui ont signalé à la police nécessiterait généralement un sondage sur la victimisation auprès d'un échantillon d'environ 8 500 personnes.

[9] Il y a chevauchement entre les cas signalés à la police directement par les survivant.e.s et ceux signalés par quelqu'un d'autre, pour un total de 548 cas signalés à la police.

[10] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #30

[11] Table de consultation de l’ESSAS #09 : 2SLGTBQ+ English

[12] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #118

[13] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse 148 ; Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #30

[14] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #142

[15] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #348

[16] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #348

[17] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #101

[18] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #167

[19] Entretien de l’ESSAS auprès d’un.e survivant.e #093

[20] Entretien de l’ESSAS auprès d’un.e survivant.e #024

[21] Soumission écrite d’ESSAS #33

[22] Soumission écrite d’ESSAS #37

[23] Table de consultation de l’ESSAS #27 : SAC FR indépendant

[24] Table de consultation de l’ESSAS #28 : ONG de femmes/Organisations de plaidoyer

[25] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #106

[26] Entretien de l’ESSAS auprès d’un.e survivant.e #159

[27] Soumission écrite d’ESSAS #31

[28] Table de consultation de l’ESSAS #13 : Juridique et ILA

[29] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #656 : Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #88 ; Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #106

[30] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #64

[31] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #49 ; Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #172 ; Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #656

[32] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #42

[33] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #106

[34] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #692

[35] Soumission écrite d’ESSAS #69

[36] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #229

[37] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #259

[38] Table de consultation de l’ESSAS #08 : BIL noir et racisé ; Table de consultation de l’ESSAS #28 : ONG de femmes/Organisations de plaidoyer EN ; Entretien de l’ESSAS auprès d’un.e survivant.e #178 ; Entretien de l’ESSAS auprès d’un.e survivant.e #021 ; Table de consultation de l’ESSAS #23 : Universitaires EN ; Table de consultation de l’ESSAS #06 : Nouveaux arrivants BIL

[39] Soumission écrite d’ESSAS #38

[40] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #426

[41] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #915

[42] Sondage d’ESSAS auprès des intervenant.e.s, réponse #249

[43] Entretien d’ESSAS auprès d’un intervenant #024

[44] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #90

[45]Soumission écrite d’ESSAS #37

[46] Entretien de l’ESSAS auprès d’un.e survivant.e #086

[47] Sondage d’ESSAS auprès des intervenant.e.s, réponse #263

[48] Table de consultation de l’ESSAS #03 : Enfants et jeunes EN ; [48] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #364

[49] [49] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #656

[50] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #253

[51] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #202

[52] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #569

[53] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #326

[54] Gouvernement du Canada, Statistique Canada. (2022b). Le Quotidien — Victimisation criminelle des Premières Nations, des Métis et des Inuits au Canada, 2018 à 2020.

[55] Gouvernement du Canada, Statistique Canada, Jaffray, B., et Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités. (2020). Expériences de victimisation avec violence et de comportements sexuels non désirés chez les gais, les lesbiennes, les bisexuels et les autres personnes de minorité sexuelle, ainsi que chez les personnes transgenres, au Canada, 2018.

[56] Barkaskas, P. et S. Hunt. (2017). Accès à la justice pour les adultes autochtones victimes d'agression sexuelle. Ministère de la Justice du Canada.

[57] Barkaskas, P. et S. Hunt. (2017). Accès à la justice pour les adultes autochtones victimes d'agression sexuelle. Ministère de la Justice du Canada.

[58] Oppal, W. (2012). Abandon : la Commission d'enquête sur les femmes disparues.

[59] Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. (2019). Rapport final : Réclamer le pouvoir et le lieu.

[60] Femmes inuites Pauktuutit du Canada. (2020). Lutter contre la violence fondée sur le sexe à l'égard des femmes inuites : un examen des politiques et des pratiques policières dans l'Inuit Nunangat.

[61] Entretien d’ESSAS auprès des intervenant.e.s #196.

[62] Motro, D., Evans, J. B., Ellis, A. P. J., & Benson, L. III. (2022). Race and reactions to women’s expressions of anger at work: Examining the effects of the “angry Black woman” stereotype. Journal of Applied Psychology, 107(1), 142–152. (Disponible en anglais seulement).

[63] Conclusions provisoires communiquées au BOFVAC, 28 juillet 2025, WomenatthecentrE

[64] Entretien d’ESSAS auprès d’un intervenant #196

[65] Hassan, M. (2024). Gendered racialization and the Muslim identity: the difference that ‘difference’ makes for Muslim women complainants in Canadian sexual assault cases (T). University of British Columbia. (Disponible en anglais seulement).

[66] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #22

[67] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #891

[68] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #439

[69] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #454

[70] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #70

[71] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #260

[72] Table de consultation de l’ESSAS #21 : Centres indépendants d'aide aux victimes d'agression sexuelle

[73] Cette pratique découle de la décision rendue en 1993 par la Cour suprême du Canada dans l'affaire R c. B. (K.G.),[73] qui a établi un cadre juridique permettant d'admettre la preuve par ouï-dire de témoins adverses qui avaient fait des déclarations antérieures incompatibles. Il s'agissait d'une dérogation à la règle générale selon laquelle les déclarations extrajudiciaires sont des ouï-dire inadmissibles.

[74] Craig, E. (2025 Forthcoming). The Discriminatory Use of the ‘KGB Procedure’ by Police Against Women in CanadaMcGill Law Review. (Disponible en anglais seulement).

[75] On dit aux survivant.e.s qu'ils risquent jusqu'à 14 ans de prison s'ils font sciemment une fausse déclaration, plus longues que de nombreuses peines pour agression sexuelle. Craig, E. (2025 Forthcoming). The Discriminatory Use of the ‘KGB Procedure’ by Police Against Women in CanadaMcGill Law Review. (Disponible en anglais seulement).

[76] Conférence pour l'harmonisation des lois au Canada. (2012). Groupe de travail sur les preuves contradictoires : Responsabilité pénale pour les déclarations rétractées de K.G.B. (Disponible en anglais seulement).

[77] Soumissions écrites à l’ESSAS #35

[78] Snook, B., & Keating, K. (2011) A field study of adult witness interviewing practices in a Canadian police organizationLegal Criminal Psychology, 16(1), 160-172. (Disponible en anglais seulement).

[79]A field study of adult witness interviewing practices in a Canadian police organizationLegal Criminal Psychology, 16(1), 160-172. (Disponible en anglais seulement).

[80] Craig, E. (2025 Forthcoming). The Discriminatory Use of the ‘KGB Procedure’ by Police Against Women in Canada. McGill Law Review. (Disponible en anglais seulement).

[81] Hoffart, R. (2021). Keeping women safe? Assessing the impact of risk discourse on the societal response to intimate partner violence. [Doctoral dissertation, University of Manitoba]. FGS—Electronic Theses and Practica. (Disponible en anglais seulement).

[82] Table de consultation de l’ESSAS #21, Centres indépendants d'aide aux victimes d'agression sexuelle.

[83] Réponse de la GRC aux questions de l'ombudsman fédéral des victimes de violence concernant l'enquête systémique sur la violence sexuelle, 7 mai 2025.

[84] Réponse de la GRC aux questions de l'ombudsman fédéral des victimes de violence concernant l'enquête systémique sur la violence sexuelle, 7 mai 2025.

[85] Conférence pour l'harmonisation des lois au Canada (2013). Groupe de travail sur les preuves contradictoires : Responsabilité pénale pour les déclarations rétractées de K.G.B. (Disponible en anglais seulement).

[86] Conférence pour l'harmonisation des lois au Canada (2013). Groupe de travail sur les preuves contradictoires : Responsabilité pénale pour les déclarations rétractées de K.G.B. (Disponible en anglais seulement).

[87] Roussel, P. (2021). Note de service inter-bureaux : Cas d'infractions sexuelles-Déclaration du plaignant. Ministère de la Justice et de la Sécurité publique, gouvernement du Nouveau-Brunswick.

[88] Soumissions écrites d’ESSAS #35

[89] Table de consultation de l’ESSAS #21, Centres indépendants d'aide aux victimes d'agression sexuelle

[90] Craig, E. (2025 Forthcoming). The Discriminatory Use of the ‘KGB Procedure’ by Police Against Women in Canada. McGill Law Review. (Disponible en anglais seulement).

[91] Craig, E. (2025 Forthcoming). The Discriminatory Use of the ‘KGB Procedure’ by Police Against Women in Canada. McGill Law Review. (Disponible en anglais seulement).

[92] Gouvernement du Canada, Statistique Canada, Rotenberg C. (2017). Les agressions sexuelles déclarées par la police au Canada, 2009 à 2014 : un profil statistique.

[93] Commentaires fournis par la GRC, reçus le 25 juillet 2025.

[94] She Matters. (2025). Silenced: Canada's sexual assault evidence kit accessibility. (Disponible en anglais seulement).

[95] Table de consultation de l’ESSAS #16 : Procureurs de la Couronne

[96] Entretien d’ESSAS auprès des intervenant.e.s #08

[97] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #145

[98] Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. (2019). Réclamer le pouvoir et le lieu : le rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées – Appels à la justice.

[99] Sondage auprès des survivant.e.s, réponse #118

[100] Sheehy, E. (2012). À qui profite la trousse de preuves d'agression sexuelle ? dans Agression sexuelle au Canada : droit, pratique juridique et activisme des femmes. Presses de l'Université d'Ottawa.

[101] Commentaires de la GRC, reçus le 25 juillet 2025

[102] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #346

[103] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #202

[104] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #145

[105] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #518

[106] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #175. Emphase ajouté

[107] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #145

[108] Gouvernement du Canada, Gendarmerie royale du Canada. (5 novembre 2019). Évaluation des dossiers de biologie de la GRC Analyse | Gendarmerie royale du Canada.

[109] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #202

[110] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #518

[111] Table de consultation de l’ESSAS #08 : Noirs et racisés.

[112] Sondage de l’ESSAS auprès des survivant.e.s, réponse #518

[113] Entretien d’ESSAS auprès d’un intervenant #08

[114] The Canadian Association of Chiefs of Police (CACP). (2024). Canadian framework for trauma-informed response in policing. (Disponible en anglais seulement).

[115] Government of British Columbia. (2024). Victim interviews for sexual assault investigations (Section 5.4.4 in Provincial policing standards - Specialized investigations. (Disponible en anglais seulement).

[116] PaceKit | FourWords Solutions. (n.d.). https://www.fourwords.ca/pacekit (Disponible en anglais seulement).

[117] Entretien de l’ESSAS auprès d’un intervenant #171

 

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2025-11-19