Allocution de Michael Wernick, greffier du Conseil privé, au Forum des employés de 2018 de la Commission de la fonction publique

Discours

Le 5 juin 2018
Michael Wernick, greffier du Conseil privé

Priorité au discours prononcé

Bonjour et merci Patricia [Jaton, vice-présidente, Politiques et communications, Commission de la fonction publique] pour la présentation.

Patricia a très bien décrit mes trois rôles. Le rôle qui me procure beaucoup de plaisir est le troisième, soit être le chef de la fonction publique. Ce rôle me donne l’occasion d’avoir des rencontres et des échanges comme ceux d’aujourd’hui.

Au cours de la dernière année, j’ai eu plus de 50 discussions avec des communautés, des ministères et des équipes de gestion. Les résultats de ces discussions inspirent en moi de l’optimisme et de la confiance dans l’avenir de la fonction publique et de notre pays.

C’est aussi formidable de jeter un regard sur le chemin que nous avons parcouru. Cela nous donne un sentiment d’élan et de progrès. Cela nous permet aussi de renouveler notre engagement à l’égard des valeurs et de la raison d’être qui animent tant d’aspects de la fonction publique du Canada.

Aujourd’hui, c’est votre 110e anniversaire. Voilà un gros chiffre! L’année dernière, 150 était aussi un gros chiffre. L’État canadien, comme nous le connaissons, existe depuis 150 ans. La démocratie de Westminster, le fédéralisme et le pays comme tel ont beaucoup progressé.

Très tôt, les Pères de la Confédération—tous des hommes à l’époque—ont réalisé quelque chose d’audacieux. Ils ont essayé de mettre en place une fonction publique professionnelle non partisane. Après quelques zigzags, ils ont accompli leur but. Cela a vraiment bien servi le pays. Nous devrions faire le bilan et en être fiers.

Nous disons souvent : « Je me compare, je me console ». Il y a beaucoup de sociétés dans de nombreux pays à travers le monde qui luttent encore pour avoir une fonction publique à leur service et à l’appui de leurs gouvernements. Il y a des endroits qui luttent encore pour vivre dans un état de droit, avec une presse libre, un pouvoir judiciaire indépendant ou une assemblée législative dynamique. Nous avons tout cela au Canada. J’en suis très reconnaissant lorsque je lis certains titres de l’actualité dans le monde entier. Même les pays qui ont la plupart de ces caractéristiques n’ont pas toujours une fonction publique robuste. Souvent, ces pays ont en place un regroupement de gens ayant des tendances politiques particulières qui reflètent le gouvernement en place et qui changent lorsqu’un nouveau gouvernement entre au pouvoir.

Il y a aussi des sociétés qui continuent d’avoir des problèmes de corruption, de népotisme et de favoritisme dans leur fonction publique. Les Canadiens tiennent pour acquis, et oublient presque, que nous avons une fonction publique robuste, non partisane et exempte de corruption et de népotisme. Nous avons des mécanismes en place pour les détecter, corriger et éradiquer s’ils sont décelés. Notre système fait bien ce qu’il fait.

Une partie du prix que nous devons payer pour avoir environ une douzaine d’agents du Parlement, une presse libre, des critiques de l’opposition, des intervenants et des syndicats qui nous disent ce que nous aurions dû et pu faire mieux, c’est que notre attention a donc tendance à dériver à ces situations où nous aurions pu et dû faire mieux. En tant que membres de la fonction publique, nous devrions saisir ces occasions et en tirer des leçons. Quand nous faisons un faux pas, nous nous secouons, nous nous engageons à faire mieux et nous allons de l’avant.

Par contre, cela signifie également que les Canadiens entendent rarement parler de nos réussites et de nos réalisations. Ils ne sont pas au courant des nombreux projets qui ont été livrés à temps et dans les limites du budget, qu’il s’agisse de mises à niveau, d’améliorations du service à la clientèle ou du service interne. Nous apportons constamment des améliorations—parfois grandes et audacieuses, d’autres fois progressives—pour continuer à nous perfectionner. Je fais de mon mieux pour faire connaître ces histoires, mais vous devez aussi m’aider à sensibiliser les gens à ces exploits.

Chaque jour, 260 000 hommes et femmes se présentent au travail pour servir dans la fonction publique centrale, et environ 100 000 autres personnes servent dans la Gendarmerie royale du Canada et l’armée. Ce sont des gens qui sont motivés par le désir de faire une différence dans leur pays et leur collectivité, et ils y réussissent de bien des façons.

Une chose que je suis obligé de faire une fois par an, c’est de déposer au Parlement un rapport sur l’état de la fonction publique du Canada. Le premier ministre dépose ensuite le rapport que je lui remets. Je vous encourage à consulter mon site Web, à l’adresse Greffier.gc.ca, pour lire ce rapport. Il est conçu pour raconter et partager vos histoires et les choses incroyables qui se produisent dans la fonction publique du Canada.

La semaine prochaine est la Semaine nationale de la fonction publique. J’espère que nous aurons un peu d’attention. Je veux que les Canadiens aient confiance en notre capacité de bien les servir.

Je reviens à cet exemple parce que j’adore les indicateurs, et vous en aurez peut-être déjà entendu parler, mais l’année dernière, un groupe de réflexion au Royaume-Uni a évalué l’efficacité des fonctions publiques dans le monde. En fait, si ma mémoire est bonne, ils ont examiné 31 ou 32 fonctions publiques, et la plus efficace, c’était vous. Mes collègues d’Australie, de Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni ont probablement mis sur pied un groupe de travail pour essayer de faire mieux que le Canada cette année. Peu importe la méthodologie utilisée pour faire cette évaluation, nous avons vraiment une excellente fonction publique, et j’en suis très fier.

La Commission de la fonction publique est une institution importante, tout comme votre énoncé de mission. Je soupçonne qu’en général, on y fait qu’un survol très rapide : promouvoir et maintenir une fonction publique non partisane, fondée sur le mérite et représentative, au service de tous les Canadiens. C’est ce que nous avons essayé de faire génération après génération, gouvernement après gouvernement, à mesure que les choses changent. Nous avons aidé à façonner le pays et c’est formidable de pouvoir siéger aux réunions du Cabinet ou de parler aux premiers ministres, mais de bien des façons, le pays nous façonne aussi. Le parcours effectué par notre société finit par nous toucher, en qualité de plus grand employeur et de plus grande institution.

Ce pays a subi d’importants changements de valeurs concernant le mariage entre conjoints de même sexe et les enjeux LGBTQ. Nous avons dû suivre et, d’une certaine façon, nous rattraper au pays en tant que fonction publique. Le pays a également lancé une conversation sur les problèmes de santé mentale et de mieux-être il y a plus d’une décennie. Nous travaillons beaucoup en ce moment pour nous rattraper dans ce domaine et pour créer le milieu de travail respectueux, inclusif et sain, comme il se doit.

Nous essayons d’écologiser et de décarboniser le pays et l’économie. Nous devons faire de même pour les activités gouvernementales. Les campagnes #MoiAussi et Time’s Up ont fait le tour du monde l’année dernière. En tant que grande institution comptant des milliers de lieux de travail distincts, le temps s’est écroulé pour nous aussi et nous devons établir un milieu de travail sécuritaire et respectueux. Le harcèlement, l’intimidation et la discrimination n’ont aucune place dans la fonction publique.

Nous aurons toujours du travail à faire à mesure que le pays évolue. Nous devons passer au numérique et saisir les possibilités et les défis que cela présente pour nous. Nous avons bien réussi, cependant nous disposons d’une boucle de rétroaction qui nous permet d’apprendre et de nous efforcer de faire mieux. Nous sommes aussi une organisation axée sur des valeurs, et non sur des règles. Les gens viennent travailler avec le désir de servir leur pays et de contribuer à l’amélioration du service. Ils font leur travail avec beaucoup de confiance. Ce que nous devons faire, c’est créer la bonne gouvernance, les bons systèmes et les bonnes mesures incitatives pour permettre aux fonctionnaires de faire ce qu’ils font de mieux.

Vous m’avez donné quelques exemples du chemin parcouru par la Commission de la fonction publique et, à bien des égards, c’est le chemin parcouru par la fonction publique. J’ai, dans mon bureau, la liste des agents de la fonction publique de 1898. J’aurais dû l’apporter. C’est un document très mince. Cette liste regroupe tous les fonctionnaires au Canada, dont la plupart travaillaient à l’époque pour la poste ou les douanes. Ils étaient tous des hommes blancs. Nous avons progressé dans l’élargissement des cercles d’inclusion, qu’il s’agisse de la dualité linguistique, de l’équité entre les hommes et les femmes ou des diverses dimensions de l’inclusion dans notre société et notre pays.

Les défis liés à la représentativité sont de plus en plus compliqués, mais nous avons eu énormément de succès à être plus représentatifs. Le dialogue dans lequel nous nous trouvons actuellement ne consiste pas à compter les points et à cocher les cases de l’équité en matière d’emploi. La discussion se tourne maintenant vers l’inclusion. La diversité de notre fonction publique est un fait. Nous sommes divers. Il suffit d’aller à n’importe quelle patinoire, école, campus universitaire ou lieu de travail pour voir à quel point le Canada est divers. L’inclusion est un acte. Cela signifie d’écouter activement, de tendre la main, et de se soucier de la diversité des participants aux réunions ou aux conversations.

Comment réunir toutes les voix et tous les talents? Nous devons nous améliorer à cet égard. Nous sommes conçus pour une reddition de comptes verticale par l’intermédiaire des ministres. Divers facteurs nous incitent à être très prudents, ce qui est normal. Alors, comment favoriser l’inclusion? Comment favoriser la créativité et l’innovation dans une organisation qui est en fait construite pour assurer la stabilité et la continuité? C’est un défi pour notre génération et pour votre génération.

Je vois le genre de gens qui arrivent par le biais des salons de l’emploi et des activités de sensibilisation organisées sur les campus et d’autres endroits. Ou encore les personnes qui entrent dans la fonction publique à mi-carrière parce qu’elles s’ennuient dans leur cabinet d’avocats, leur entreprise ou leur organisme non gouvernemental. Ils se rendent tous compte que si vous voulez vraiment un emploi intéressant où vous pouvez faire une différence, vous devez vous joindre à la fonction publique du Canada. C’est le meilleur endroit où faire une différence. Pensez-y, la science que nous effectuons est parmi les plus intéressante. Nous effectuons aussi les meilleurs travaux juridiques et des travaux financiers très complexes. Nous sommes également responsables de grands projets et nous participons à des négociations complexes. Nous faisons absolument tout. Peu importe la profession et les compétences recherchées par une personne ambitieuse et créative, cette dernière saura les trouver dans la fonction publique du Canada. Nous sommes présents dans toutes les provinces, dans tous les territoires et dans plus de 100 endroits à travers le monde.

Nous offrons de belles carrières. Ces carrières peuvent vous amener dans de nombreuses professions et organisations différentes et même de nombreuses collectivités et lieux différents. Nous avons beaucoup à offrir pour attirer les Canadiens et, espérons-le, les maintenir en poste. La fonction publique d’aujourd’hui vise à devenir un facilitateur et à habiliter et à libérer la créativité et le potentiel de nos fonctionnaires. Vous jouez un rôle si important dans l’embauche des bonnes personnes possédant les talents nécessaires pour pourvoir les bons emplois au bon moment, et vous le faites d’une manière éthique et selon des valeurs. C’est tout un exploit. Cela fait une différence pour la fonction publique, cela fait une différence pour votre pays. Tout ce que je peux vous dire, c’est de continuer votre beau travail.

Je vous remercie.

Des photos de l'événement sont disponibles en ligne.

 

Détails de la page

Date de modification :