Notes d’allocution de Michael Wernick, greffier du Conseil privé, lors de la journée de réflexion des EX de Ressources naturelles Canada

Discours

7 novembre 2018

Michael Wernick, greffier du Conseil privé

Le discours prononcé fait foi

Bon après-midi à tous. Merci, Christyne, pour cet accueil chaleureux. 

Je préfère de loin avoir une séance de questions et réponses et discuter avec vous plutôt que de prononcer un long discours. Vous pouvez me demander et me dire tout ce que vous avez en tête. 

Mais d’abord, Christyne (Tremblay, sous-ministre de Ressources naturelles Canada) a insisté pour que je vous fasse part de quelques réflexions. 

Tout d’abord, en présence de toute l’équipe, j’aimerais la remercier pour son esprit d’initiative hors du commun. Elle collabore de façon remarquable avec les autres ministères. J’aimerais également vous remercier de vous être montrés très compréhensifs lorsque je lui ai volé Phil. Néanmoins, en échange, je vous ai envoyé Shawn (Tupper, sous-ministre délégué de Ressources naturelles Canada) et plusieurs candidats prisés pour l’avenir. J’estime que nous y gagnons tous au change. 

Combien d’entre vous êtes de nouveaux cadres et assisterez à la cérémonie d’initiation de l’APEX ce soir? Je vous invite à vous lever et à vous faire féliciter par vos collègues. Vous aurez la version longue de ce discours ce soir. Quelle extraordinaire réalisation que d’obtenir un poste de direction au sein de la meilleure fonction publique de la planète. Il s’agit d’un énorme accomplissement personnel et professionnel. Nous pouvons parler de bon nombre des aspects du rôle. Je veux garder certaines de mes réflexions pour ce soir, mais voici un petit aperçu.  

J’ai assisté à de nombreux événements comme celui-ci et on me demande toujours de parler de la vue « d’en haut » ou « du centre », selon le cas. Je m’assois à la table de coin, dans la salle du Cabinet, et j’observe 35 femmes et hommes débattre des enjeux de l’heure au nom des Canadiens qui les ont élus. Il s’agit là d’un immense privilège. Ils tiennent des discussions remarquables et font des choix au nom des Canadiens et des Canadiennes. Cela signifie aussi qu’ils doivent en rendre compte, aux assemblées législatives et au public, comme ils auront à le faire l’année prochaine. 

Le gouvernement a déjà accompli trois années de son mandat et il entame la dernière. Je suis partisan d’élections à date fixe, puisqu’elles nous permettent de planifier et de réaliser des projets selon un calendrier fixe raisonnable. Je me rappelle – comme d’autres ici peut-être – avoir vécu cinq élections fédérales en 10 ans, la plupart s’étant soldées par l’élection d’un gouvernement minoritaire. Cela n’aide pas à l’adoption de bonnes politiques ni à une planification efficace à long terme. Les élections à date fixe comportent certains avantages. 

Vous serez témoin d’un phénomène caractéristique de la quatrième année, qui s’intensifie de semaine en semaine, les ministres se concentrant de plus en plus sur ce qu’ils diront aux Canadiens l’année prochaine. Ils réfléchiront non seulement aux résultats dont ils peuvent rendre compte, mais aussi à la vision à adopter pour le prochain mandat. Certes, il est toujours un peu question de leur réputation, de l’image du gouvernement et du bilan des réalisations. Mais il s’agit aussi d’amener les Canadiens à avoir confiance en l’avenir et en ce qui se dessine à l’horizon. Ce sera une période extrêmement intéressante, qui fera appel à notre créativité. 

Notre rôle consiste à être là pour le gouvernement — les élus sont le gouvernement jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus — et à être prêt, quel que soit le choix que fera la population canadienne le 21 octobre prochain. Vous savez ce je vais dire là-dessus, car je le répète sans cesse : en l’espace de 16 jours, la fonction publique a su s’adapter en passant d’un Cabinet et d’un gouvernement conservateur pleinement fonctionnel à un Cabinet et à un gouvernement libéral lui aussi pleinement fonctionnel. C’est là une réalisation remarquable. Personne d’autre sur la planète ne peut en faire autant. Vous pouvez en être certains. Nous avons créé des liens de confiance avec un nouveau groupe de dirigeants politiques et je suis certain que nous pourrons le faire à nouveau, s’il le faut. Dans le cas contraire, nous reprendrons là où nous étions rendus avec le groupe actuel. Peu importe le scénario, nous nous adapterons. L’année prochaine, la planification et les préparatifs électoraux occuperont une place importante dans le travail de la fonction publique. 

Toutefois, pour la plupart, les fonctionnaires ne sont pas appelés à participer à ces efforts. Nombre d’entre eux sont chargés d’assurer la prestation de programmes, de fournir des services, d’adopter ou d’établir des règlements ainsi que d’appliquer et de faire respecter des normes et des règles. L’année prochaine, ils continueront de se rendre au travail et de s’acquitter de leurs tâches quotidiennes, même pendant une autre longue campagne électorale. Pendant 75 jours, au moins, ils continueront de se présenter au travail et d’œuvrer au service des Canadiens. 

Ce ministère a toujours été une source de grande force dans la fonction publique à cause du genre de choses que vous faites. Vous m’avez montré la vidéo. Je ne vous la ferai pas réécouter. Je suis très reconnaissant et impressionné par tout ce qui s’est passé. Si vous avez seulement suivi les médias, y compris les médias sociaux, vous pourriez penser que ce ministère ne s’occupe que des pipelines. Je suis certain que vous avez parfois cette impression; la gamme d’affaires que vous gérez est vraiment impressionnante — terres, minéraux, foresterie, innovation, énergie, technologie propre et plus encore.

Ce ministère a toujours été innovateur et une source de leadership. Vous connaissez la carte commémorative des anciens combattants que le ministre dévoilera. Elle est géniale et est fondée sur la plateforme géospatiale que vous gérez. À la base, elle a été conçue par des gens qui avaient une vision d’un outil qui serait utile pour les Canadiens et les Canadiennes. On la met maintenant au grand jour et elle continue de s’améliorer au fur et à mesure où le Ministère innove. 

La suite OutilsGC, composée de GCpédia, de GCconnex et d’autres applications, a vu le jour ici, au sein de ce ministère. Votre ministère a aussi été le premier à vraiment engager un dialogue en ligne de style Wikipédia avec ses employés. L’idée était si bonne qu’elle s’est propagée à l’échelle de la fonction publique. Bravo RNCan! Je peux seulement vous encourager à continuer dans la même voie et à faire preuve de ce genre de leadership. Lorsque vous avez des idées sur ce qui rendrait la fonction publique plus efficace ou plus productive, sur ce qui nous aiderait à composer avec le flux de travail incessant – qui se pointera toujours à l’horizon – n’hésitez pas à vous manifester.  

Plus tôt aujourd’hui, Christyne a peut-être mentionné que je suis profondément préoccupé par les questions relatives au milieu de travail et à la main d’œuvre. Nous sommes le plus grand employeur au pays avec 260 000 hommes et femmes qui se rendent au travail chaque jour. Nous comptons plus de 300 organisations différentes, dont certaines sont spécialisées et mises en place à des fins précises, et d’autres qui ont une portée plus générale d’un océan à l’autre et partout dans le monde. 

Les Canadiens et les Canadiennes s’attendent de plus en plus à ce que leurs gouvernements offrent des services et des conseils en temps réel. Ils ne sont pas près de relâcher ces pressions bientôt. Nous devrons toujours non seulement trouver de meilleurs moyens de travailler et de nous appuyer sur nos réalisations passées, mais aussi d’être de plus en plus attentifs à notre rôle d’employeur. En fin de compte, c’est la créativité, la passion et l’engagement des fonctionnaires qui fait toute la différence. 

Aborder des questions comme la santé mentale, le harcèlement, l’accessibilité, l’inclusion et les pratiques de travail ne se fait pas parallèlement à votre travail. C’est votre travail. C’est le rôle de la haute direction dans la fonction publique. Votre rôle consiste à vous intéresser à votre personnel, à vous en occuper et à assurer son perfectionnement. Il existe des outils et des techniques à votre disposition dont nous pourrions améliorer l’utilisation. De nos jours, nous disposons de meilleures pratiques que dans le passé, mais nous devons continuer à parfaire ces pratiques. En tant que cadre supérieur dans la fonction publique, vous avez plus d’influence que vous ne le croyez. Collectivement, en tant qu’équipe, vous pouvez définir les priorités et les diriger. Si vous donnez libre cours à la créativité de votre effectif, il vous apportera d’excellentes idées et suggestions. Faites-lui confiance. C’est l’union de l’expérience des gens plus âgés dans cette salle — qui ont vécu toutes sortes d’expérience et savent reconnaître les pièges — et de l’énergie ainsi que de l’enthousiasme pur et simple de beaucoup de nouveaux. Lorsqu’ils sont réunis, ce qu’il est possible d’accomplir est merveilleux. 

Ainsi, le volet « inclusion » du parcours ne consiste pas à compter les minorités visibles, les hommes et les femmes ou les francophones. Ceci est indispensable pour s’assurer que nous représentons le pays que nous servons, mais l’inclusion est beaucoup plus complexe que cela. Elle concerne les gens qui prennent part à la conversation, qui ont leur place à table, qui participent à la prise de décisions, qui vous écoutent et avec qui vous collaborez. Il s’agit là de quelque chose de beaucoup plus difficile. 

L’inclusion a besoin d’une force nouvelle. Ce ministère est à l’avant-garde quant à la façon de mobiliser les Canadiens et les Canadiennes à l’extérieur de la fonction publique, de les écouter et de les intégrer à la conversation afin qu’ils ne soient pas complètement dominés par des lobbyistes bien payés. L’inclusion signifie que les voix des Canadiens et des Canadiennes doivent être prises en ligne de compte lors de l’élaboration de lois, de politiques, de règlements et de services qui les concernent. Cela signifie aussi que nous devons adopter cette même approche entre nous. Nous devons nous assurer que les gens qui travaillent ici s’expriment sur l’élaboration de nos politiques et de nos pratiques et se soucier d’eux. Je peux vous parler longuement de cette question, mais ce sera le défi des cadres supérieurs au cours des prochaines années. Il sera question des pratiques de gestion, de la façon de tirer le meilleur parti des gens qui travaillent avec vous, pour vous et autour de vous. 

Il y a tant de questions que vous pourriez me poser ou de réponses à donner. L’année a été chargée pour la fonction publique. On pourrait dire que nous avons été pris par surprise, et non seulement quant à tout ce que le gouvernement a accompli. C’était très impressionnant. Nous avons acheté un pipeline! À notre grande surprise. Il y a eu des projets de loi et des initiatives. Nous en sommes à la troisième année de notre mandat. Vous vous rappellerez que lorsque ce gouvernement est arrivé au pouvoir, il a entrepris de nombreuses consultations et pris de nombreux engagements. Il a beaucoup été critique au cours de la première année au sujet de ces consultations. On pouvait entre le babillage : « Ce parti, il ne fait qu’organiser des consultations. » « Quand va-t-il faire quelque chose? » Et bien, nous en sommes à la troisième année, et nous mettons en œuvre toutes sortes d’initiatives. 

Par exemple, l’adoption des lois sur le cannabis, qui a été précédée par deux années de consultations et d’engagement; les lois sur la sécurité nationale; l’examen des lois sur l’évaluation environnementale; et la Loi canadienne sur l’accessibilité. Il faut compter jusqu’à deux ou trois ans avant que des initiatives importantes soient mises en œuvre, et de bonnes raisons expliquent pourquoi il faut autant de temps. Cela se rapporte au sens très fragile de l’inclusion dans une société démocratique. Les gens doivent sentir que leurs gouvernements les écoutent. Lorsqu’il y a une scission, et que les gens estiment que le système ne travaille pas pour eux ou leurs enfants, lorsqu’ils perdent leur engagement, lorsqu’ils perdent espoir, lorsqu’ils sentent qu’une certaine élite nonchalante prend des décisions et ne les écoute pas, vous vous retrouvez dans une situation comme celle au sud de la frontière. Vous vous retrouvez avec le Brexit, vous observez toutes sortes de scissions, et vous entendez « nous contre eux ». Vous vous retrouvez avec des décisions paradoxales prises par des gouvernements qui reviennent à leurs bases plutôt que de servir l’intérêt public. 

C’est pourquoi il est fondamental de dialoguer avec les citoyens, pour survivre en tant que société démocratique et ouverte. Malheureusement, nous faisons partie d’un groupe moins en moins nombreux de sociétés ouvertes, inclusives et démocratiques disposant de la primauté du droit, d’une assemblée législative vivante, d’une presse libre et de tribunaux indépendants. Certains pays ont perdu cela l’an dernier. Ce qui est triste dans tout cela, c’est que la bataille que bon nombre d’entre nous pensions avoir remportée au cours de la décennie passée doit être repensée et débattue à nouveau. 

Nous devons nous opposer à nouveau contre le racisme, l’antisémitisme, le fascisme et les forces de la division. J’ai espoir que notre pays passera à travers cette période. Cependant, il devra y consacrer des efforts et des ressources. Un aspect de la formule dont on ne parle pas souvent est une excellente fonction publique indépendante et non partisane. Une fonction publique qui apprend de ses erreurs, mais qui écoute les Canadiens et les Canadiennes et qui est en phase avec les gouvernements qu’elle dessert ainsi que les mandats démocratiques qui lui sont confiés. Nous réussissons très bien, mais il n’y a pas de place pour la complaisance au cours des deux prochaines années, ou dix, selon le cas. La fonction publique sera confrontée à une panoplie de défis, mais disposera également d’un éventail de possibilités. Comme je le dis toujours, la bonne nouvelle c’est que je sais que vous êtes à la hauteur. Merci beaucoup. 

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