Allocution de Michael Wernick, greffier du Conseil privé, à l’occasion de l’Échange de la communauté nationale des gestionnaires de l’École de la fonction publique du Canada

Discours

Échange de la communauté nationale des gestionnaires  - 11 décembre 2018
Échange de la communauté nationale des gestionnaires - 11 décembre 2018

11 décembre 2018
Michael Wernick, greffier du Conseil privé

Priorité au discours prononcé

Bonjour à tous et à toutes. Merci, Taki [Sarantakis, président de l’École de la fonction publique du Canada], pour cette aimable présentation.

Permettez-moi de reconnaître que nous sommes sur les terres traditionnelles des peuples algonquins de la région et de les remercier pour leur hospitalité. J’aimerais également remercier tous ceux et celles qui travaillent au sein de la Communauté nationale des gestionnaires, non seulement pour avoir rendu cet événement possible, mais aussi pour les liens, les réseaux et les outils qu’ils nous offrent tout au long de l’année. Ces efforts constituent, en grande partie, un travail bénévole, et nous apprécions particulièrement les gens qui améliorent les choses pour le reste de la fonction publique, car nous sommes tous très occupés.

La période des Fêtes et la nouvelle année arrivent à grands pas, et je suis conscient que vous vous sentez probablement un peu épuisés, fatigués. J’espère qu’il s’agit d’une bonne fatigue. L’année a été extrêmement occupée, remplie de travail au nom de la population et du gouvernement élu.

Nous avons réalisé des bilans et regardé derrière nous, comme le veut la coutume en cette période de l’année, avant de recentrer notre attention sur 2019. Même si nous avons demandé beaucoup de certaines communautés et de certains ministères en 2018, je ne crois pas qu’il y ait un seul recoin de la fonction publique qui se tourne les pouces ces temps-ci. Je veux souligner cette contribution et ce dévouement.

Je ne crois pas que la charge de travail diminuera un jour. L’important est d’apprendre à utiliser les outils de résilience personnelle et organisationnelle et de veiller à ce que la fatigue ne se transforme pas en mauvais comportements, en harcèlement ou en conflits interpersonnels. Nous devons apprendre à composer avec un rythme soutenu et une grande charge de travail. C’est la fonction publique vers laquelle nous nous dirigeons.

Il est très important de nous concentrer sur le genre de fonction publique que nous aspirons à être et le genre de travail que nous voulons faire, et de nous départir quelque peu du travail axé sur des processus et fondé sur des règles que nous ne voulons pas faire. Nous aurons alors plus de temps, d’énergie et de concentration pour les choses qui comptent vraiment.

Je reviens tout juste de la dernière réunion du Cabinet de l’année. La dernière prévue, en fait, puisqu’il se peut toujours qu’une urgence survienne ces trois prochaines semaines. C’était la dernière réunion du Cabinet dans cette pièce pour les dix prochaines années, en raison du déménagement dans l’édifice de l’Ouest, où une nouvelle salle du Cabinet nous attend.

Ce que je veux dire, c’est qu’il s’agit d’efforts d’équipe. De nos jours, les travaux importants du gouvernement sont livrés dans le cadre d’efforts conjoints entre ministres et ministères. Il est donc d’autant plus important de collaborer, de travailler en partenariat, d’adopter une approche satisfaisante pour tout le monde et de s’entraider pour atteindre nos objectifs. Si j’avais à établir la liste des produits livrables nécessaires, aucun élément y apparaissant ne serait l’apanage d’un seul ministre, d’un seul sous-ministre ou d’un seul ministère.

Je pense, par exemple, à la négociation d’un accord de libre-échange avec les États‑Unis et le Mexique. Deux ans et demi de négociation ont mené à une entente, prête à être ratifiée par le Canada. Je pense également à la colossale expérience nationale, une première pour un pays du G7, qu’ont été la légalisation et la réglementation du cannabis. Encore une fois, deux ans et demi de consultation, de mobilisation et d’élaboration, puis de légifération, de réglementation et d’application de la loi. Voilà qu’il s’agit maintenant d’une possibilité de développement économique et d’exportation. Les personnes qui travaillent sur ce dossier ont dû composer avec un vaste éventail d’enjeux.

Nous avons repensé complètement notre façon d’aborder les évaluations dans le cadre de l’approbation des projets de ressources et d’infrastructure majeurs. Cette refonte suit son cours dans le processus législatif au Sénat, et environ six ministères y participent. La législation sur la sécurité nationale a été complètement révisée et comporte maintenant plus de surveillance, de transparence et de droits de recours. Ces mesures sont également devant le Sénat. Le gouvernement est fermement décidé à faire en sorte que la pollution par le carbone ait un prix. Nous avons travaillé à la conception d’une tarification de la pollution, nous avons adopté des mesures législatives et nous sommes maintenant à l’étape de la mise en œuvre. Il a fallu un travail considérable à l’échelle réglementaire, ainsi que sur la création d’un incitatif à agir pour le climat, entre autres efforts.

Nous avons extrêmement bien servi le gouvernement dans le cadre de nos activités commerciales. Le Canada a accueilli le Sommet du G7, et celui du G20 qui a eu lieu en Argentine il y a quelques semaines a été des plus intéressants. J’ai eu l’occasion d’assister à la cinquième réunion des premiers ministres en moins de trois ans. Nous travaillons en collaboration avec les territoires, les provinces et les gouvernements autochtones sur des questions comme le commerce intérieur et la compétitivité, ou encore la façon d’encaisser les chocs que subit notre économie, qu’ils proviennent de l’industrie automobile à Oshawa ou du pétrole à Calgary.

Il y a aussi eu un grand nombre de dispositions législatives. La plupart des projets de loi majeurs sont rendus au Sénat et sont sur le point de voir le jour ou de revenir avec des modifications. Nous sommes maintenant habitués à composer avec un sénat efficace et indépendant, ce qui représentait une page complètement blanche et une nouvelle aventure il y a trois ans. Nous avons appris à travailler avec le Sénat en tant qu’institution et avec les sénateurs en tant que personnes. Pour autant que je sache, et selon les commentaires que j’ai reçus, cette relation fonctionne à merveille. Nous avons transformé une institution nationale impopulaire il y a quatre ans en un élément essentiel de notre système de gouvernance. Les fonctionnaires ont beaucoup à voir avec cette réalisation.

Le retour après le congé de Noël se fera dans une année différente. Nous en serons à la quatrième année d’un mandat à date fixe. L’élection aura lieu le lundi 21 octobre 2019. Encerclez la date sur votre calendrier. Dans les faits, pour les personnes qui travaillent dans les domaines politique et parlementaire, l’année sera divisée en deux : six mois à gouverner et six mois à attendre que la population choisisse par qui elle veut être gouvernée par la suite.

Ainsi, nous n’aurons que 14 semaines de séance parlementaire et, peut-être, seulement 14 réunions du Cabinet et du Conseil du Trésor. Le temps sera très limité. J’ignore quelle métaphore cinématographique vous préférez. L’une d’entre elles s’inspire d’Indiana Jones : la porte se referme lentement, inexorablement, et votre ministre tente de glisser dessous avec une dernière disposition législative ou une dernière proposition au Cabinet. Ou alors, nous sommes dans le compacteur à déchets dans La guerre des étoiles, et tous les murs se referment. La métaphore que vous choisirez dépendra probablement du dossier sur lequel vous travaillez.

Je veux en venir au point que nous approchons de la fin du mandat, et que la fonction publique commence à réfléchir à l’achèvement des efforts et à la mise en œuvre. De nombreuses initiatives sont à l’étape de l’exécution, et les mesures de déploiement, d’embauche, de fourniture des services et d’application des ententes. Il s’agit d’une grande année pour la mise en œuvre et, pour certains, d’une année de réflexion à propos du prochain Cabinet qui sera en poste pendant quatre ans ainsi que des défis et possibilités pour le pays au cours du prochain mandat. En tant que fonction publique, nous nous mettrons au travail et collaborerons avec le groupe que les Canadiens auront choisi d’élire en octobre prochain. Comme je l’ai déjà dit, en 2015, nous sommes passés d’un gouvernement pleinement opérationnel à tendance bleue à un gouvernement pleinement opérationnel à teinte rouge en 16 jours civils. Remarquable.

Personne dans le monde ne peut réussir ce fait d’armes mieux que nous. Nous le ferons de nouveau, au besoin, ou nous reprendrons simplement là où le gouvernement en place a laissé. Le choix appartient à la population.

Dans vos rassemblements des Fêtes, vos célébrations en famille et vos rencontres entre amis, on vous taquinera inévitablement à propos de votre emploi de fonctionnaire et de votre vie confortable. Nous avons tous entendu ces commentaires. Assurez-vous seulement que votre interlocuteur comprenne que vous travaillez dans ce qui est, objectivement, la fonction publique la plus efficace du monde. Cette réussite est la vôtre. Applaudissez-vous.

Cela importe. Regardez partout dans le monde. D’un pays à l’autre, les choses que l’on tient pour acquises – élections libres, pouvoir judiciaire indépendant, presse libre, tribunaux indépendants – font l’objet d’attaques, voire de reculs. Dans les capitales de certaines des grandes démocraties qui comptent parmi nos alliés, comme Paris, Londres ou Washington, la gouvernance est complètement et totalement chaotique. Nous vivons dans un pays où la population peut toujours élire un gouvernement, lequel peut faire son travail de façon ouverte et efficace en partenariat avec les diverses administrations et la population, et leur rendre des comptes.

Le gouvernement du Canada se classe également au premier rang dans le monde en ce qui a trait à l’ouverture et à la transparence. Une qualité que nous avons apprivoisée collectivement et que nous avons appris à mettre en œuvre au cours des 10 ou 15 dernières années de gouvernements successifs qui ont rendu les choses plus ouvertes et transparentes pour la population. Parfois, le monde s’apparente à une lutte entre les forces de division, de fermeture, d’intolérance, de haine et de séparation, et les forces qui militent pour la primauté du droit, l’importance des institutions, l’inclusion, les frontières ouvertes, le libre-échange et l’ouverture d’esprit. La primauté du droit importe, les tribunaux importent et les assemblées législatives importent.

La liberté de presse est on ne peut plus importante, de même que les agents du Parlement et les comités parlementaires. S’ils n’existaient pas, ils nous manqueraient. Nous devons veiller à ce que les liens demeurent solides. L’institution dont nous ne parlons jamais est notre excellente fonction publique. Neutre sur le plan politique, professionnelle et axée sur les valeurs, elle n’est jamais complaisante et tente constamment de se renouveler. Il n’y a pas un pays dans le monde avec lequel nous pourrions changer de fonction publique et améliorer notre situation.

C’est un bel atout pour nous. J’aimerais que vous racontiez cette histoire à vos familles, à vos collectivités et à vos employés, qui se sentent probablement un peu fatigués. Je sais que de nombreux enjeux figurent à votre programme de la journée. L’une de nos caractéristiques est que nous abordons ouvertement ces questions, nous en discutons, nous les reconnaissons, nous les définissons et nous tentons de trouver des solutions. Voilà notre défi continu pour 2019 et les années subséquentes.

La loi m’impose une seule responsabilité, à savoir fournir au premier ministre, avant le 31 mars de chaque année, un rapport sur l’état de la fonction publique du Canada. Je le ferai encore une fois cette année. Mais j’ai besoin de votre aide. J’aimerais que vous me racontiez vos histoires; faites de moi votre porte-parole ou votre ambassadeur. Je serai la courroie de transmission de ces histoires vers les parlementaires, les journalistes et, plus important encore, les autres fonctionnaires. Vous devez conserver une énergie élevée, un bon état d’esprit et un engagement positif, car vous entendrez parler des nombreuses choses que nous aurions pu et dû faire mieux.

Nous n’entendons pas suffisamment parler des réussites, des innovations et des solutions créatrices que les fonctionnaires créent chaque jour, et elles sont incroyables. Je le sais parce que je lis les histoires et regarde les vidéos qu’on m’envoie, et que je me rends sur place pour des visites. Souvent, les gens ont fait des choses épatantes avec bien peu de ressources, mais ils ont pris les choses en main, ont fait preuve d’entrepreneuriat et ont décidé de s’attaquer au problème et de le résoudre. Je veux m’assurer que vous comprenez que le greffier et la communauté des sous-ministres vous offrent une couverture aérienne pour que vous soyez créatifs, que vous preniez des risques, que vous cherchiez l’innovation, que vous tentiez de résoudre les problèmes et que vous régliez les problèmes de personnel dans vos équipes. Ne vous en remettez pas à votre patron. Le rôle de gestionnaire intermédiaire, entre autres, comporte de gérer les personnes.

Vous avez une plus grande incidence que quiconque sur des éléments comme la santé mentale, le harcèlement, le milieu de travail, le moral et l’énergie. Vous incarnez le visage de la fonction publique et des 260 000 hommes et femmes qui viennent travailler chaque jour. Ils ne me rencontrent pas souvent. Ils voient leur superviseur direct et leur gestionnaire intermédiaire. Vous avez une influence énorme par le ton que vous employez, la façon dont vous utilisez votre temps et votre énergie, le lieu où vous vous trouvez, ce que vous faites, ainsi que par votre présence – ou non – sur divers outils de communication.

Je vous encourage tous à vous inscrire aux OutilsGC. Si ce n’est déjà fait, vous devriez au moins en utiliser un, comme GCconnex, GCpédia ou GCcollab. À votre retour au travail lundi matin, demandez combien de membres de votre équipe utilisent ces outils. Soyez présents pour vos employés. Vous pouvez trouver des personnes au-delà des cloisonnements ministériels et des communautés. Ces communautés sont fortes : les responsables de la réglementation, les scientifiques, les avocats, les vérificateurs, les responsables des politiques et les communicateurs. Je vous incite à les trouver, à discuter avec eux et à apprendre.

Taki travaille sans relâche pour veiller à ce que notre infrastructure et notre environnement d’apprentissage soient toujours fonctionnels dans un milieu branché. Ce n’est pas la seule façon d’enseigner ou d’apprendre, mais elle revêt une grande importance au XXIe siècle. Vous pouvez examiner cet élément on ne peut plus tangible.

Voici un aperçu de ce que vous entendrez. Nous sommes presque arrivés à 2020 et, il y a sept ans, mon prédécesseur, Wayne [Wouters, ancien greffier du Conseil privé], a lancé l’exercice Objectif 2020, processus destiné à mobiliser nos collègues en vue de définir la fonction publique de l’avenir. Nous avons précisé les objectifs et les thèmes sur lesquels nous voulions travailler. Nous avons réalisé de grands progrès sur certains éléments, de moins grands sur d’autres, et nous nous sommes mesurés par rapport à ces buts depuis. Comme 2019 débutera le mois prochain, nous allons commencer à parler d’au-delà de 2020. Nous allons mobiliser notre personnel une nouvelle fois, comme d’habitude, parce que c’est ce que signifie être membre d’une organisation à rendement élevé : il faut constamment mobiliser les personnes qui travaillent avec nous pour trouver des façons d’être encore plus souples, plus inclusifs, mieux outillés et plus résilients, car la charge de travail demeurera effrénée.

Voilà les conversations dont vous devriez vous occuper, afin de définir les problèmes, d’élaborer des solutions et de collaborer les uns avec les autres. Je vous encourage à profiter de la latitude dont vous disposez en matière de leadership. C’est un travail difficile. Même si ce n’est plus le cas aujourd’hui, j’ai déjà fait partie des gestionnaires intermédiaires. J’ai fait ce travail. Ce n’est pas simple d’être pris entre la haute direction et les employés. Tout le monde dit que chez IBM, Google, General Motors, bref dans toute organisation de grande taille, la gestion intermédiaire représente un défi particulièrement difficile.

Je crois que des conversations directes et un dialogue franc sont nécessaires si vous souhaitez ajouter un peu de rationnel et de gratification à votre vie, éliminer une partie des irritants et de la frustration et fournir plus de rétroaction sur ce qui fonctionne. Cela signifie un dialogue avec vos homologues, et entre vos cadres supérieurs et vous, et le genre de personnes qui pourraient être en mesure de régler des problèmes et de vous donner le champ libre. Ce dialogue prendra de l’ampleur en 2019, mais je souhaitais à tout le moins vous donner un avant-goût.

Je m’arrêterai ici, car je crois avoir épuisé presque tout le temps qui m’était alloué.

Nous devrons travailler à de nombreuses choses l’an prochain. Notre histoire et les outils de mesure que j’ai mentionnés plus tôt montrent que nous savons comment faire. Nous avons surmonté de grands défis. Chaque fois, la fonction publique est parvenue à régler les problèmes auxquels étaient confrontés le pays et le gouvernement. Je sais qu’il en sera de même à l’avenir. À cause de gens comme vous.

Merci beaucoup!

Des photos de l'événement sont disponibles en ligne.

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