Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances
Lettre sur la mise en œuvre de l’Appel à l’action en faveur de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion dans la fonction publique fédérale

Mise à jour de l’été 2021

Madame,

Permettez-nous d’abord de souligner respectueusement que les terres sur lesquelles se trouvent les bureaux du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) font partie du territoire ancestral non cédé de la nation algonquine, une nation autochtone distincte des peuples anichinabés. Le peuple algonquin vit sur ce territoire depuis des temps immémoriaux. Leur culture et leur présence ont nourri et continuent de nourrir cette terre, et nous leur en sommes très reconnaissants. Nous rendons hommage à tous les peuples autochtones de toutes les nations du Canada et aux gardiens du savoir traditionnel, jeunes et vieux.

Les peuples autochtones du Canada représentent de nombreuses nations, de sorte que notre travail d’équité, de diversité et d’inclusion (ÉDI) avec eux présente des considérations et des mesures uniques comparativement à tout autre groupe ÉDI, puisque ces peuples ne constituent pas un groupe d’équité en soi (p. ex. race, origine ethnique, religion, âge, orientation sexuelle, identité et expression de genre, et capacité physique ou mentale). Même s’il existe des points communs et des interdépendances, le travail du CCDUS en matière d’ÉDI a surtout porté sur les communautés autochtones et les activités connexes. Les employés du CCDUS ont aussi suivi une formation approfondie sur l’analyse comparative entre les sexes et les genres (ACSG+). Les considérations de l’ACSG+ sont maintenant intégrées à notre travail, dès l’étape de la charte qui lance les projets du CCDUS.

Des neufs appels à l’action en faveur de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion, le CCDUS s’est engagé à se renseigner, sur le plan personnel et organisationnel, sur le racisme, la colonisation et les injustices que vivent les peuples autochtones, la réconciliation, l’accessibilité, l’équité et l’inclusion. Le CCDUS entend aussi créer un environnement sûr et positif où les difficiles conversations sur ces questions sont encouragées, dans nos milieux de travail et nos actions.

Au CCDUS, nous avons beaucoup à apprendre du savoir traditionnel des peuples autochtones de l’île de la Tortue. Leurs connaissances sont le fruit de leurs longues histoires et de leurs interactions avec la nature. En comparaison, la science occidentale sur le trouble lié à l’usage de substances en est à ses balbutiements, mais elle n’est pas sans valeur. Nous espérons sincèrement que nous pourrons déployer un système de services qui comprend et privilégie les expériences et les connaissances traditionnelles autochtones et que certaines communautés autochtones pourront un jour s’associer à nous pour partager leur sagesse et leur savoir afin d’aider les autres.

En tant qu’organisme de science et de recherche, le CCDUS est par définition un centre d’apprentissage. Et en tant qu’organisation apprenante, nous sommes humbles devant tout ce qu’il nous reste à apprendre et à comprendre. Nous espérons que l’information que nous accumulons et les méthodes autochtones que nous utilisons pour les recueillir pourront contribuer à améliorer la santé de toutes les personnes qui vivent au Canada et qui consomment des substances.

Pour qu’une relation de confiance s’instaure, nous devons mieux comprendre comment certaines politiques en place sont systématiquement racistes, le traumatisme intergénérationnel du colonialisme, les injustices subies par les populations autochtones dans nos systèmes de soins et l’horrible héritage du système des pensionnats. Pour ce faire, nous devons être conscients de ce qui s’est passé, de la raison pour laquelle cela s’est produit et de ses effets actuels sur les peuples autochtones. Nous devons partager le fardeau qu’ils portent alors qu’ils guérissent de leurs traumatismes et de leur douleur.

Le CCDUS s’est engagé sur le chemin de l’apprentissage il y a quelques années. C’est ainsi qu’en 2019, nous avons fait appel à First People’s Group (FPG) pour en faire plus et en savoir plus. FPG est un cabinet d’experts-conseils autochtone respecté, situé à Ottawa. Compte tenu du grand nombre de nouveaux venus dans notre équipe, nous avons commencé par une formation de sensibilisation culturelle. FPG a donc donné une formation à notre conseil d’administration, à notre équipe de direction et à l’ensemble du personnel. Puis nous avons poursuivi notre apprentissage au cours de la dernière année.

Notre objectif est d’aider notre personnel à mieux comprendre l’héritage et les pratiques coloniales historiques et contemporaines, ainsi que leurs retombées collectives sur les peuples et communautés autochtones du Canada. Le CCDUS collabore avec des conseillers autochtones à l’organisation de plusieurs rassemblements, qui prendront notamment la forme de présentations par des conférenciers autochtones et d’activités de groupe. Ces rassemblements amènent notre personnel à réfléchir et à identifier des gestes de réconciliation à poser en leur nom personnel et pour le compte de l’organisation.

Cette année, les rassemblements se sont amorcés lors de la Journée nationale des peuples autochtones, avec Sharon Acoose (Circling Eagle Woman, de son nom spirituel), professeure de travail social autochtone à l’Université des Premières Nations du Canada. Elle a raconté son histoire en tant que femme autochtone, son parcours de guérison après avoir souffert d’un trouble lié à l’usage de substances, ainsi que ce qu’elle a vécu pour obtenir son doctorat et enseigner à l’université. Près de 90 % (86,7 %) de nos employés ont déclaré que cette première séance virtuelle les avait aidés à « s’ouvrir le cœur » à l’histoire de la colonisation des peuples autochtones au Canada. Plus de la moitié (53,3 %) ont dit que la séance leur a permis d’établir un lien personnel avec l’information présentée par Mme Acoose. Le personnel du CCDUS est donc très heureux d’avoir pu participer à cette séance d’apprentissage.

Pour la prochaine séance, les employés ont demandé plus de temps pour la discussion de groupe et ont dit espérer trouver des moyens pratiques d’intégrer leurs nouvelles connaissances dans leurs rôles professionnels.

Le CCDUS participera également à des activités visant à souligner la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation et organisera un deuxième rassemblement le 30 septembre prochain.

Nos conseillers autochtones nous ont en outre recommandé des ressources, notamment des livres d’auteurs autochtones, des films, des sites Web et des modules d’apprentissage, à communiquer au personnel et aux agents contractuels du CCDUS. Nous sommes d’avis que ces ressources seront utiles aux employés qui se sont personnellement engagés à se renseigner sur le racisme, la réconciliation, l’accessibilité, l’équité et l’inclusion. Nous croyons que cela favorisera un environnement sûr et positif au travail, où les conversations sur ces questions sont encouragées et ouvertes.

Le CCDUS a commencé à offrir une formation sur les préjugés inconscients à tous ses employés pour les sensibiliser à des sujets porteurs comme les préjugés implicites et explicites, les microagressions, le racisme, les stéréotypes et le privilège.

Ajoutons que la plupart de nos employés pratiquent les enseignements des principes PCAPMD (propriété, contrôle, accès et possession) des Premières Nations, puisqu’ils ont suivi une formation en ligne du Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations. Nous pensons qu’il est important de mieux connaître et de mieux comprendre ces principes afin de soutenir des approches sûres et adaptées à la culture en matière de collecte de données et de recherche sur les soins de santé.

Nos réviseurs utilisent désormais Elements of Indigenous Style : A Guide for Writing By and About Indigenous Peoples comme ouvrage de référence dans leur travail.

Notre direction générale travaille, de concert avec le conseil d’administration du CCDUS, à une déclaration qui nous engage à agir contre le racisme et pour la réconciliation avec les Premières Nations au Canada et à convenir d’une voie à suivre avec cœur, espoir et connexion. Cette déclaration s’intitule Indigenous People and Communities: Health and Well-Being (Peuples et communautés autochtones : santé et bien-être).

Outre l’importance accordée par chacun et par l’organisation à l’apprentissage et à la réconciliation, un autre grand objectif est d’examiner et d’améliorer le travail que nous faisons pour opérer des changements systémiques (ressources, services et produits destinés au public). La décolonisation doit en faire partie, au moment où nous mettons en lumière le rôle du savoir traditionnel, de la guérison et des pratiques traditionnelles dans le système de soins. Ce faisant, nous devons nous engager à remédier aux injustices subies par les peuples autochtones lorsqu’ils recourent au système de santé et à des services en lien avec l’usage de substances. Nous devons également veiller à ce que les soins prodigués honorent et privilégient les expériences, les connaissances et les pratiques autochtones.

La formation que nous avons suivie et que nous suivons raffermit notre confiance à être des alliés, à chercher des occasions d’apprendre, de partager et d’inspirer ceux avec qui nous travaillons et à collaborer avec des personnes et des organisations dans les communautés autochtones du Canada.

Nos apprentissages et les changements systémiques sont donc au cœur de nos préoccupations. Nous avons toujours sollicité, pour notre congrès Questions de substance, l’expertise d’organisations et de communautés autochtones. Fort de notre volonté de mettre en valeur, lors du congrès, le travail fait par des experts autochtones en bien-être mental, nous avons invité l’Assemblée des Premières Nations, la Thunderbird Partnership Foundation, le Ralliement national des Métis et l’organisme Inuit Tapiriit Kanatami à s’associer à Questions de substance 2021. Des représentants du Ralliement national des Métis et de la Thunderbird Partnership Foundation siègent d’ailleurs au comité du programme du congrès. Le Conseil autochtone d’agrément professionnel du Canada a en outre accrédité le programme du congrès. Dans une lettre, ce Conseil reconnaît qu’un soin particulier a été apporté pour offrir aux participants autochtones un environnement culturellement sûr et bienveillant. Pendant le congrès, de l’aide culturellement sûre et appropriée (notamment une salle virtuelle de soutien animée par deux conseillers autochtones – un homme et une femme – et la présence d’un aîné) sera proposée aux personnes autochtones qui ont vécu ou qui vivent l’usage de substances. Ajoutons que le congrès s’amorcera avec l’allocution principale d’Eddy Robinson. Une courte biographie de ce dernier se trouve d’ailleurs sur le site Web de Questions de substance. M. Robinson sera présenté aux congressistes par la directrice générale de la Thunderbird Partnership Foundation, Carol Hopkins.

Autres travaux relatifs à l’équité, la diversité et l’inclusion (ÉDI)

Le CCDUS tient compte de la diversité au travail sous toutes ses formes depuis un certain temps, et nous sommes déterminés à atteindre l’équité en matière d’emploi. Notre objectif est d’attirer, de former et de retenir des employés très talentueux provenant de divers milieux. Nous nous engageons à faire en sorte que tous les groupes en quête d’équité soient pleinement représentés à tous les niveaux de notre organisation, notamment les femmes, les Autochtones, les personnes handicapées, les minorités visibles et les membres de la communauté 2SLGBTQQIA+. Nous renforcerons nos efforts et nos pratiques à mesure que nous en apprendrons davantage des personnes appartenant à ces différents groupes.

Dans le cadre de son programme d’équité en matière d’emploi, le CCDUS recueillera des renseignements sur ses employés au moyen d’un questionnaire d’auto-identification volontaire. Cela nous fournira un point de repère quant au degré de diversité de notre organisation, éclairera notre stratégie de diversité et fera ressortir les tendances qui orienteront nos plans d’action prospectifs, y compris de nouvelles initiatives sur la diversité. Nous pourrons ainsi augmenter le nombre d’employés dans les groupes sous-représentés au CCDUS.

Nos autres travaux relatifs à l’ÉDI sont soutenus par un nouveau comité sur l’équité, la diversité et l’inclusion qui relève de la première dirigeante. Composé de représentants et de champions de chaque division du CCDUS, ce comité bénévole se concentre sur l’acquisition à l’interne de connaissances permettant de reconnaître et de comprendre les préjugés implicites et explicites et la discrimination systémique et d’y réagir. Le comité offrira d’ailleurs une formation sur l’ÉDI plus poussée que celle organisée par la direction. L’objectif est d’incarner les valeurs du CCDUS, à savoir :

Le mandat du comité est d’examiner les politiques et procédures de l’organisation visant à aborder et à faire cesser la discrimination, le racisme et l’iniquité, et d’instaurer un milieu de travail inclusif.

Le comité a déjà influé sur les pratiques de l’organisation et a révisé le gabarit de charte de projet, soit la base de tous les nouveaux projets au CCDUS. Le gabarit inclut désormais l’ÉDI et met l’accent sur l’antiracisme et la décolonisation. Le comité travaille actuellement à une déclaration de reconnaissance du territoire sur lequel se trouvent les bureaux du CCDUS. Cette déclaration tiendra compte de la portée nationale du travail fait au CCDUS et sera incluse dans toutes nos activités et tous nos outils de communication externes. Le comité prépare également un lexique interne de mots et syntagmes qui sont blessants ou qui excluent (ou les deux) afin que le personnel ait une idée plus claire de ce qu’il faut éviter.

Le comité a en outre contribué à l’élaboration d’un nouvel énoncé de politique sur l’ÉDI, qui est toujours en développement.

Le comité est un mécanisme et une ressource de plus que le CCDUS peut utiliser pour tenir les engagements pris par rapport à l’appel à l’action.

Les réactions du personnel et de la direction ont été positives. Ils se sont engagés à répondre à l’appel à l’action et veulent en savoir plus sur la manière dont ils peuvent atteindre ces objectifs de manière respectueuse.

La réalisation de l’appel à l’action ne sera pas sans défi ni obstacle, mais nous savons que nous devons faire plus et faire mieux dès maintenant. Nous savons aussi que cela prendra du temps, car la confiance, la guérison et l’établissement des relations nécessaires pour nous aider à changer les choses prennent des années à se développer.

Le langage peut être un obstacle. Parfois, ce que nous disons est mal interprété. Nous ferons des erreurs et nous en serons responsables. Nous sommes en train d’apprendre.

Nous souhaitons établir un dialogue respectueux. Nous sommes de plus en plus sensibles au langage et à son pouvoir, en raison du travail que nous faisons sur la stigmatisation et le langage stigmatisant.

Nos erreurs peuvent parfois susciter la colère et davantage de méfiance. Si ce que nous disons provoque involontairement une offense alors que nous nouons des liens, nous voulons entendre ceux qui se sont sentis dénigrés, afin de savoir pourquoi ce que nous avons dit est offensant et de ne pas répéter cette erreur. Nous prendrons nos responsabilités.

Il est parfois difficile de savoir comment aborder les organisations avec lesquelles nous aimerions collaborer. Comment s’y prendre? Qu’est-ce que le CCDUS a à offrir qui pourrait profiter à une organisation autochtone? Comment le savoir? Par où amorcer ces conversations?

Nous travaillons à faire mieux, grâce à un apprentissage plus poussé, à l’éducation, aux conseillers autochtones et leurs avis, et à une sensibilisation accrue. Comme nous l’avons déjà mentionné, la formation PCAP, en particulier, nous ouvre les yeux sur les origines de la méfiance et sur la réticence à mettre en commun les connaissances.

Les petites choses peuvent avoir de grandes retombées. Progressivement, ces petites actions individuelles s’additionnent et inspirent les autres. Nous ne faisons pas tout cela pour les éloges, mais bien pour que cela devienne simplement un mode de pensée et de pratique – une voie vers la réconciliation.

Veuillez agréer, Madame, mes sincères salutations.


Rita Notarandrea, M.Sc.S., LCS, IAS.A
Première dirigeante

Détails de la page

Date de modification :