Commission canadienne des droits de la personne
Lettre sur la mise en œuvre de l’Appel à l’action en faveur de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion dans la fonction publique fédérale

Mise à jour de l’été 2021

De la parole aux actes : Lettre ouverte de la Commission canadienne des droits de la personne sur la mise en œuvre de l’Appel à l’action en faveur de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion dans la fonction publique fédérale

À la greffière par intérim du Conseil privé et secrétaire du Cabinet, à nos collègues de l’ensemble de la fonction publique, aux défenseurs et défenseures des droits de la personne au Canada et à toutes les personnes au Canada :

Il est grand temps d’agir afin de mettre fin au racisme et à la discrimination systémiques une fois pour toutes, et viser la pleine inclusion des personnes handicapées dans toutes les facettes de la société. En tant qu’institution nationale de surveillance des droits de la personne au Canada, la Commission canadienne des droits de la personne est plus déterminée que jamais à être non seulement une voix forte en matière de droits de la personne au Canada, mais aussi un chef de file visant dans la progression de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion dans le cadre de nos différents mandats – en tant que défenseur des droits de la personne, fournisseur de services et organisme de réglementation en matière de droits de la personne et employeur sous réglementation fédérale.

Au cours de la dernière année, la Commission canadienne des droits la personne a intensifié les efforts déployés afin de faire progresser l’égalité pour tous et toutes. Pour apporter un changement significatif et durable, il nous faut tous et toutes « passer de la parole aux actes ». Nous avons eu le privilège au cours de la dernière année d’être invités à présenter et partager nos progrès et leçons apprises avec d’autres organisations au Canada qui sont à la recherche de modèles positifs sur la façon de construire leurs propres cultures inclusives en milieu de travail et de créer une transformation durable. La clé du succès de ce travail est sa constance. Il doit être continu, se renouveler sans cesse et être durable. En fin de compte, nous voulons que nos efforts en matière de lutte contre le racisme, d’équité et d’inclusion survivent à un seul dirigeant ou dirigeante, à une seule personne à la Commission.   

Avec ceci en tête, cette lettre ouverte donne un aperçu de la Commission des efforts que nous déployons afin de respecter les normes les plus élevées en matière d’antiracisme, d’équité et d’inclusion, et est organisée selon les six thèmes que vous avez identifiés dans votre lettre d’orientations :

  1. Mesures prises : En quoi notre approche en matière de promotion de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion a‑t‑elle changé au cours de la dernière année et que faisons‑nous autrement qui donne des résultats concrets? Parmi les neuf mesures de l’Appel à l’action, lesquelles avons‑nous mises en priorité?
  2. Mesure et résultats : Comment mesurons‑nous nos progrès? Que nous disent les résultats? Comment cela a‑t‑il influencé nos interventions?
  3. Défis et obstacles : À quels revers et défis nous étions‑nous heurtés dans la mise en œuvre de l’Appel à l’action? Que faisons‑nous pour les surmonter?
  4. Réponse des employés : Comment avons‑nous collaboré avec nos employés afin de mettre en œuvre l’Appel à l’action? Quelles ont été leurs réactions aux mesures que nous avons prises? Comment soutenons‑nous ce travail dans notre organisation?
  5. Maintien de l’élan : Afin de maintenir l’élan et continuer à soutenir le renouvellement de la fonction publique, comment comptons‑nous orienter notre travail au cours de la prochaine année y compris après la pandémie? Quelles sont nos priorités?
  6. Annexe sur les données : Des données qui font état d’une représentation accrue y compris des Autochtones, des personnes noires et d’autres personnes racisées et des personnes handicapées au sein de notre effectif.

1. Nos mesures prises

Au cours de la dernière année, le Canada a été confronté à la question du racisme systémique. L’impact de la COVID‑19 sur les inégalités et les obstacles systémiques qui existent depuis longtemps pour les Autochtones, les personnes noires et les autres personnes racisées au Canada, ainsi que les événements survenus au sud de notre frontière et ici même au pays ont provoqué une prise de conscience, et ce, à l’échelle nationale au sujet du racisme systémique et de la discrimination qui existent dans notre propre société.

Dans la foulée du meurtre de George Floyd, l’an dernier, la présidente, Marie‑Claude Landry, n’a pas mâché ses mots lorsqu’on lui a demandé, en direct à la télévision de la CBC, si le racisme et la discrimination systémiques existent aussi au Canada. Mme Landry a insisté sur le fait que « oui, le racisme et la discrimination systémiques existent au Canada, et la croyance selon laquelle il n’y a que peu ou pas de racisme au Canada est en soi un obstacle à la lutte contre le racisme ».

Ces événements collectifs survenus au cours de la dernière année ont incité les organisations dans l’ensemble du pays, y compris la Commission, à s’engager de nouveau à faire progresser la lutte contre le racisme, l’équité et l’inclusion. À la Commission, nous nous sommes appuyés sur le travail que nous avons entrepris il y a plusieurs années afin d’examiner nos propres processus et nos opérations dans une perspective de lutte contre le racisme et d’inclusion. Nous avons examiné de plus près la façon dont le racisme ou les préjugés peuvent influencer nos processus, nos décisions et notre façon de servir les personnes au Canada afin de « passer de la parole aux actes » en matière de lutte contre le racisme, d’équité et d’inclusion tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de notre organisation.

Pour lire davantage à propos de notre travail en cours de lutte contre le racisme, veuillez visiter la page Le travail de lutte contre le racisme sur notre site Web, lire la première version de notre Plan d’action de lutte contre le racisme, ou consulter le premier rapport d’étape de la Commission sur notre travail de lutte contre le racisme. La version mise à jour du Plan d’action de lutte contre le racisme sera publiée en septembre 2021.

Voici quelques‑uns des faits saillants :

Appel à l’action 1 : nommer des employés autochtones et des employés de race noire ou d’autres groupes racisés au sein du groupe de la direction, dans le cadre des activités de perfectionnement professionnel et de gestion des talents

Appel à l’action 2 : parrainer des employés autochtones et des employés de race noire ou d’autres groupes racisés ayant un grand potentiel pour les préparer à assumer des postes de direction

Appel à l’action 3 : soutenir la participation d’employés autochtones et d’employés de race noire ou d’autres groupes racisés à des programmes de perfectionnement en leadership (comme le Programme de développement en leadership pour les cadres supérieurs) et à des services de perfectionnement professionnel (comme la formation en langues officielles)

Appel à l’action 4 : recruter des employés hautement qualifiés provenant de collectivités autochtones et de collectivités de race noire ou d’autres groupes racisés dans l’ensemble du Canada

Appel à l’action 5 : s’engager à se renseigner personnellement sur le racisme, la réconciliation, l’accessibilité, l’équité et l’inclusion et favoriser l’existence d’un environnement sûr et positif où les conversations sur ces questions sont encouragées dans tous nos milieux de travail

Appel à l’action 6 : lutter contre toute forme de racisme, toute forme de discrimination et tout autre obstacle à l’inclusion dans le milieu de travail, en prenant des mesures en fonction de ce que nous avons appris, en amenant les employés à dénoncer ouvertement les préjugés et l’oppression, et en donnant aux gestionnaires de meilleurs outils pour gérer ces questions

Appel à l’action 7 : faire progresser et soutenir le travail des réseaux et groupes communautaires au sein de la fonction publique, en leur fournissant les ressources nécessaires et en les faisant participer aux discussions des cadres supérieurs

Appel à l’action 8 : inclure des personnes aux antécédents diversifiés dans les efforts faits pour repérer le racisme systémique, la discrimination et les obstacles à l’inclusion et dans la conception et la mise en œuvre de mesures afin d’aborder ces enjeux

Appel à l’action 9 : mesurer les progrès et favoriser l’amélioration de l’expérience du personnel dans leur milieu de travail, en contrôlant les résultats désagrégés des enquêtes et les données opérationnelles connexes (taux de promotion et de mobilité, durée des fonctions, etc.) et en donnant suite aux conclusions issues des résultats

Nos efforts soutenus en réponse à ce neuvième Appel à l’action sont présentés dans la Section « La mesure et nos résultats ».

2. La mesure et nos résultats

La Commission mène ses opérations selon le principe fondamental que la mesure des progrès est la clé d’un changement durable. C’est pourquoi :

La Commission canadienne des droits de la personne a été encouragée que le Conseil du Trésor ait reconnu, en 2020, la Commission comme étant la seule organisation de cette taille à rencontrer ou excéder les cibles du gouvernement du Canada en termes de représentation de tous les groupes d’équité en matière d’emploi. Ceci dit, nous sommes déterminés à nous améliorer davantage.

À l’aide des données et conclusions du rapport final de la vérification indépendante de la conformité en équité en matière d’emploi de la Commission, ainsi que les résultats éventuels de notre prochaine étude des systèmes d’emplois à l’hiver 2021, nous poursuivrons notre travail afin d’adopter des mesures visant à identifier et éliminer les obstacles à un plein effectif équitable pour les membres du personnel autochtones, noirs et racisés, handicapés et les femmes. La Commission élaborera et mettra ensuite en œuvre un plan d’équité en matière d’emploi en consultation avec les syndicats et notre Comité de consultation sur la décolonisation et la lutte contre le racisme.

3. Nos défis et obstacles

Une transformation organisationnelle et systémique apporte toujours son lot de défis. La Commission canadienne des droits de la personne est une petite organisation avec un mandat maintenant élargi, opérant avec des ressources limitées, tout ceci durant une pandémie sans précédent.

L’adoption de trois importantes lois en matière des droits de la personne, soit la Loi canadienne sur l’accessibilité, la Loi sur l’équité salariale et la Loi sur la Stratégie nationale sur le logement, a considérablement augmenté la charge de travail, et la pandémie a fait en sorte que le personnel de la Commission, dans la plupart des organisations, a dû s’adapter rapidement à une réalité significativement différente. La combinaison d’une charge de travail plus lourde et de l’obligation de travailler à distance a affecté le personnel de toute la Commission, en particulier lorsqu’il s’agit d’assumer de nouvelles priorités.   

En même temps, nous entrons dans une période de changements à la table de direction de la Commission. Ces changements posent des défis en termes du momentum et du transfert de connaissances. Pour surmonter ces difficultés et faire en sorte que le travail décrit ci‑dessus se poursuive sans heurts et soit traité en priorité, la Commission :

Considérant que le mandat de la Commission est de faire avancer l’égalité relativement à tous les motifs de discrimination en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne, l’attention portée sur le racisme a soulevé des questions quant à savoir si promouvoir l’importance d’un enjeu ne vient pas au détriment d’un autre enjeu. Notre façon de penser à ce sujet a toujours été qu’il n’existe pas de hiérarchie parmi les droits de la personne, et que les droits de la personne n’existent pas seuls en soi. Nous pensons qu’améliorer les droits d’un groupe, c’est aussi améliorer les droits de tant d'autres groupes qui s’entrecroisent. Tout changement qui favorise l’égalité et l’inclusion se répercute les autres groupes et contribue à créer un changement systémique.

4. La réponse des employés

Comme nous avons mentionné à notre personnel, le Plan d’action de lutte contre le racisme de la Commission leur appartient et il doit refléter leurs voix, leurs expériences et leur contribution. Notre étroite consultation avec notre personnel était essentielle à l’élaboration de la première version du Plan d’action de lutte contre le racisme et instrumental également pour l’élaboration de notre deuxième version, qui sera publiée prochainement. Ceci comprenait une consultation spécifique auprès des membres de notre personnel autochtone, noir et racisé par l’entremise d’une facilitatrice externe et du Comité de consultation sur la décolonisation et la lutte contre le racisme.

De plus, l’adhésion et l’engagement de l’équipe de direction et de la Commission ont été essentiels à ce processus. Dès la première journée, les cadres ont fait preuve de soutien et d’engagement envers un changement organisationnel antiraciste, en écoutant et se faisant un devoir d’apprendre, ainsi qu’en montrant l’exemple en s’impliquant étroitement dans la mise en œuvre des initiatives en matière d’antiracisme, d’équité et d’inclusion de la Commission.

Finalement, conscient que ces discussions et ces enjeux peuvent déclencher ou recréer des traumatismes chez certaines personnes, nous avons pris des mesures pour garantir qu’un soutien qualifié et approprié en matière de santé mentale soit disponible pour tout membre du personnel qui subit un stress, un traumatisme ou d’autres problèmes de santé mentale liés à l’impact du racisme, quelle que soit sa forme. Depuis février 2021, une conseillère spécialisée est disponible pour le personnel autochtone, noir et autres personnes racisées de la Commission – et pour tout membre du personnel ayant vécu un stress ou un traumatisme en raison de sa proximité avec le racisme ou du fait qu’il en a été témoin – afin de fournir un soutien en lien au stress et aux traumatismes causés par le racisme. Ce service s’ajoute aux services de soutien existants offerts dans le cadre du Programme d’aide aux employés, qui continue d’être disponible pour soutenir tout le personnel de la Commission.

5. Notre maintien de l’élan

La clé du succès de notre travail de lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion est qu’il soit constant. Il doit être continu, durable et se renouveler sans cesse. Les solides bases de connaissances et le momentum qui ont été créés sous la direction actuelle doivent être maintenus pour assurer l’avancement réussi de nos efforts de lutte contre le racisme, d’équité et d’inclusion. C’est pourquoi :

Au moment de se reconstruire en mieux, les principes en faveur de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion sont cruciaux. Ils continueront de guider les pratiques de la Commission en matière de recrutement, d’embauche, de rétention et de promotion. Alors que nous avons détaillé les actions que nous entreprenons, guidé par notre plan d’équité en matière d’emploi et notre Plan d’action de lutte contre le racisme, nous poursuivrons nos efforts afin d’assurer que personne n’est laissé pour compte dans cette une époque de relance suivant la pandémie.

6. Nos données

La Commission est une petite agence départementale indépendante du gouvernement avec un effectif qui était d’approximativement 260 membres (excluant les personnes ayant le statut d’étudiant, les termes de moins de trois mois et l’aide temporaire) à la fin de l’année 2020‑2021, et 212 membres à la fin de l’année 2019‑2020. Bien que la désagrégation des données démographiques du personnel nommé à la Commission n’est pas possible, puisque les données pourraient permettre d’identifier les personnes, la Commission est heureuse de présenter des constats de la vérification indépendante de la conformité en équité en matière d’emploi qu’elle a mandatée pour examiner la représentativité de son effectif en 2019‑2020, en utilisant une approche d’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+).

Le résumé du Rapport final de vérification constate que la Commission continue d’avoir une forte représentativité des membres des quatre groupes désignés en vertu de la Loi sur l’équité en matière d’emploi, comparativement à la disponibilité sur le marché du travail au Canada. Toutefois, lorsque nous regardons les taux de représentativité selon les catégories professionnelles, une attention spéciale est de mise pour les femmes et les personnes autochtones.  

Le Plan d’action de gestion illustre les recommandations concrètes. Parmi celles‑ci se retrouve la révision du système d’embauche, et des mesures sont actuellement prises afin d’entamer ce travail.  

Mot de la fin

Le Canada vit une période historique. L’histoire jugera la façon dont nous agissons en ce moment. La pandémie a élargi le cercle de vulnérabilité de notre société et a exacerbé des problèmes de racisme, d’injustices et d’inégalité qui existent depuis longtemps pour de nombreux groupes – notamment pour les femmes, les personnes handicapées, les peuples autochtones, les personnes noires et les personnes racisées.

La Commission canadienne des droits de la personne est plus déterminée que jamais à être un acteur de changement positif et une voix active dans la lutte pour un Canada sans obstacle, pour l’accessibilité et l’inclusion pour tout et chacun, ainsi que pour un Canada où l’équité est tissée dans le tissu même de notre société diversifiée. Nous prenons cet engagement formel non seulement maintenant, alors que le Canada commence à se reconstruire, mais aussi pour les décennies qui suivront cette crise historique.

Il ne suffit pas de dire que nous faisons de la diversité et des droits de la personne le fondement de notre démocratie. Notre travail doit maintenant être soutenu par des actions significatives et continues, lesquelles sont informées par ceux et celles qui ont une expérience vécue.

Nous vous remercions, Madame la Greffière, pour cette importante opportunité et cette puissante initiative.

Tous ensemble,
La Commission canadienne des droits de la personne
@DroitPersonneCa
#MonCanadaInclutToutLeMonde

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