Commission des libérations conditionnelles du Canada
Lettre sur la mise en œuvre de l’Appel à l’action en faveur de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion dans la fonction publique fédérale

Mise à jour de l’été 2021

Janice Charette,

En tant que Canadiens, nous avons eu plusieurs rappels tristes récemment, ainsi que des raisons de réfléchir aux façons dont le Canada a injustement traité les Autochtones, les Noirs et les autres Canadiens racialisés au cours de son histoire.

Il ne fait aucun doute que la lutte contre la discrimination systémique faite à ces groupes dans le système de justice pénale du Canada constitue une condition préalable à un avenir en harmonie avec les idéaux canadiens auxquels nous aspirons, en tant que fonctionnaires et et plus généralement en tant que pays.

La Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC), rouage essentiel du système de justice pénale, contribue à la protection de la société en facilitant, le cas échéant, la réinsertion sociale en temps opportun des délinquants et la réhabilitation soutenue des personnes dans la société en tant que citoyens respectueux des lois. Pour ce faire, la Commission prend en toute indépendance des décisions judicieuses sur la mise en liberté sous condition, la suspension du casier et la radiation, et formule des recommandations en matière de clémence, d’une façon transparente et responsable, tout en respectant la diversité et les droits des délinquants et des victimes.

Pour accomplir notre important mandat en matière de sécurité publique, la CLCC est guidée par ses énoncés de valeurs, qui orientent aussi bien ses analyses et ses décisions que sa culture et ses croyances. Ces valeurs sont les suivantes :

La CLCC entend faire preuve de leadership en intégrant la lutte contre le racisme ainsi que l’équité et l’inclusion dans ses politiques et ses activités, et en contribuant à la transformation générale du système de justice pénale du Canada.

Je suis heureuse de vous transmettre l’information qui suit au sujet des diverses initiatives et mesures que la CLCC a entreprises au cours de la dernière année en réponse à l’Appel à l’action en faveur de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion.

Approche de la promotion de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion mise en avant par la CLCC

La CLCC s'est engagée à lutter contre toutes les formes de racisme et de discrimination sur son lieu de travail. Compte tenu de la nature de notre mandat et de la surreprésentation des Autochtones, des Noirs et d'autres délinquants racialisés et marginalisés dans le système de justice pénale, la lutte contre les obstacles systémiques au sein de nos politiques et de nos opérations a été une partie importante de notre objectif, tout en investissant dans une main-d'œuvre inclusive et informée. Si plusieurs de nos initiatives concourent déjà aux objectifs de lutte contre le racisme, la CLCC s’est attelée en 2020 à établir une approche stratégique nationale globale dans le but de cibler ses efforts et d’affermir ses résultats.

Ainsi, la CLCC et le Service correctionnel du Canada (SCC) ont mis sur pied un Comité mixte sur la diversité et le racisme systémique.

Ce Comité a constaté qu’il existait une abondance de ressources sous forme d’études sur la question de la surreprésentation des Canadiens de race noire et des Autochtones dans le système de justice pénale. Le Comité a étudié une foule de rapports et de recommandations traitant des besoins particuliers des délinquants racialisés dans le but d’accroître la diversité et l’inclusion au sein du personnel de la CLCC et du SCC (pour consulter la liste des documents pris en compte dans cette analyse, veuillez vous reporter à l’annexe B).

À la suite de cette analyse, le Comité a mis en lumière des thèmes et des objectifs communs, en fonction desquels il a schématisé les politiques, les programmes et les pratiques en vigueur à la CLCC et au SCC.

La CLCC tient en ce moment même des groupes de discussion et des consultations régionales et nationales avec des groupes consultatifs et des organismes ethnoculturels internes et externes afin de valider les constats issus de cette analyse. Les résultats de ces consultations serviront à prioriser et à éclairer le plan stratégique sur lequel la CLCC s’appuiera pour promouvoir l’équité et l’inclusion et mettre en branle un véritable changement au cours des prochaines années.

Ce plan reposera sur un cadre solide, déjà en place, qui favorise la diversité et appuie nos efforts actuels pour refléter et respecter les besoins de la population canadienne, y compris ceux des Autochtones, des Noirs et des membres des autres minorités ethniques.

Entre-temps, au cours de la dernière année, la CLCC s’est penchée sur ses milieux de travail pour s’assurer que son équipe reflète la diversité du Canada, l’aider à reconnaître le racisme et y mettre fin, intégrer le multiculturalisme dans ses communications et entamer un dialogue franc sur les questions liées à la race avec son équipe et ses partenaires. En tant qu’organisation, nous avons également trouvé des moyens innovateurs de poursuivre des initiatives qui répondent aux besoins des groupes racialisés malgré les difficultés engendrées par la pandémie. De manière générale, nous avons poursuivi plusieurs initiatives destinées à favoriser la diversité et l’inclusion et à répondre à votre appel à l’action sur ces enjeux d’importance.

En attendant que notre plan d’action soit complété, nous nous sommes principalement consacrés cette année à deux aspects cruciaux de cet impératif :

Vous trouverez dans les pages qui suivent les points saillants de nos réalisations en lien avec ces priorités et d’autres priorités évoquées dans l’Appel à l’action.

Initiatives en cours

Nommer des employés autochtones et des employés de race noire ou d’autres groupes racialisés au sein du groupe de la direction, dans le cadre des activités de perfectionnement professionnel et de gestion des talents

Parrainer des employés autochtones et des employés de race noire ou d’autres groupes racialisés ayant un grand potentiel pour les préparer à assumer des postes de direction

Recruter des candidats hautement qualifiés issus de communautés autochtones, de communautés noires et d'autres communautés racialisées dans toutes les régions du Canada

S’assurer du progrès dans les activités d'apprentissage personnel sur le racisme, la réconciliation, l’accessibilité, l’équité et l’inclusion et favoriser l’existence d’un environnement sûr et positif où les conversations sur ces questions sont encouragées dans tous nos milieux de travail

En plus de ces formations de groupe, les commissaires ont aussi suivi de l’autoformation, en mettant l’accent sur les questions touchant les communautés autochtones et noires.

Inclure des personnes aux antécédents diversifiés dans les efforts faits pour repérer le racisme systémique, la discrimination et les obstacles à l’inclusion et dans la conception et la mise en œuvre de mesures afin d’aborder ces enjeux

Lutter contre toute forme de racisme, toute forme de discrimination et tout autre obstacle à l’inclusion dans le milieu de travail, en prenant des mesures en fonction de ce que nous avons appris, en amenant les employés à dénoncer ouvertement les préjugés et l’oppression, et en donnant aux gestionnaires de meilleurs outils pour gérer ces questions

Soutenir la participation d’employés autochtones et d’employés de race noire ou d’autres groupes racialisés à des programmes de perfectionnement en leadership (comme le Programme de développement en leadership pour les cadres supérieurs) et à des services de perfectionnement professionnel (comme la formation en langues officielles)

Faire progresser et soutenir le travail des réseaux et des groupes communautaires au sein de la fonction publique en leur fournissant les ressources nécessaires et en les faisant participer aux discussions des cadres supérieurs

Évaluations et résultats

Mesurer les progrès et favoriser l’amélioration de l’expérience des employés dans leur milieu de travail, en contrôlant les résultats désagrégés des sondages et les données opérationnelles connexes (taux de promotion et de mobilité, durée des fonctions, etc.) et en donnant suite aux conclusions issues des résultats

À la CLCC, la formation sur les préjugés inconscients est devenue obligatoire en 2020. À ce jour, 376 employés sur un total de 466 (80,7 %) ont reçu cette formation. Nous en assurons un suivi et cherchons à atteindre un taux de 100 %. En outre, plusieurs activités, dont des ateliers, des séances de formation et des discussions ouvertes, ont eu lieu pour aider les gestionnaires et les employés à approfondir leur compréhension et leur capacité à contrer et prévenir le racisme et les problèmes connexes.

Par ailleurs, notre Groupe de travail national mixte sur la diversité et le racisme systémiques a constaté un manque d’évaluations ou une utilisation inégale des évaluations. Pour l’heure, la plupart des données sur l’emploi ne sont pas désagrégées par race. Il est donc difficile d’obtenir des renseignements détaillés ou de comparer l’information d’un ensemble de données à l’autre. Malgré tout, il apparaît qu’un déséquilibre subsiste à l’égard de l’avancement professionnel des employés racialisés. Des travaux sont en cours afin de rassembler des données de référence qui permettront dorénavant d’établir des comparaisons et de quantifier les progrès en la matière. À l’avenir, nous tâcherons d’employer des méthodes de collecte de données uniformes et standardisées afin de produire des rapports plus circonstanciés. La base de référence et les données comparatives disponibles sont présentées à l’annexe A.

Principaux défis et obstacles

Comme nous avons pu le constater devant l’ampleur du mouvement Black Lives Matter, le système de justice pénale a fait faux bond aux Autochtones, aux Noirs et aux autres groupes marginalisés. Il nous faut désormais faire fond sur les bonnes relations que nous entretenons avec des groupes d’intervenants afin d’entrer en contact et d’approfondir nos relations avec d’autres éminents organismes et maîtres à penser en vue de favoriser la participation des communautés racialisées et d’intensifier le recrutement auprès de celles-ci.

Le nombre d’études portant sur les délinquants de race noire et d’outils d’évaluation adaptés aux Autochtones et aux considérations ethnoculturelles qui sont susceptibles d’éclairer la prise de décisions en matière de mise en liberté sous condition est limité. Il faut donc poursuivre les travaux afin de trouver et/ou de mettre au point les ressources voulues pour que nos activités soient mieux adaptées et plus avisées sur le plan culturel.

Maintenir l’élan et prochaines étapes

Au cours de la dernière année, la CLCC a pris d’importantes initiatives qui répondent à l’Appel à l’action et contribuent au respect, à l’inclusion et à l’éradication du harcèlement en milieu de travail.

Afin de maintenir cet élan, nous nous efforcerons de mieux coordonner plusieurs de ces initiatives par l’entremise de notre Groupe de travail sur la discrimination et le racisme systémiques. Nous pourrons ainsi les mener à bien de façon plus stratégique, cibler nos démarches afin d’en maximiser l’efficience et l’efficacité, et diffuser plus largement nos pratiques exemplaires auprès des commissaires et de nos employés, dans toute notre organisation.

Le Comité interne de la CLCC sur la discrimination et le racisme systémiques assure le suivi de l'examen et des recommandations du Comité conjoint de la CLCC/du SCC dont les premiers travaux ont jeté les bases de notre plan d'action, et ce travail avance rondement.

Conclusion

Nous reconnaissons que, grâce à cette initiative, nous contribuerons à un effort concerté pour bâtir une fonction publique plus diversifiée et inclusive, où tous sont traités avec dignité et respect, où tous ont la même possibilité de contribuer et où chacun peut réaliser son plein potentiel. Il s’agit d’un objectif louable, atteignable et bien d’actualité. Au nom de la Commission des libérations conditionnelles du Canada, je vous remercie d’avoir inspiré le désir d’atteindre cet objectif d’envergure.

Jennifer Oades,
Présidente

Annex A: Annexe sur les données

Plan d’ensemble

À présent, forts des données sur le recrutement et l’équité en matière d’emploi qui ont été recueillies au moyen du Système de gestion des ressources humaines (SGRH) de la CLCC, du Rapport sur l’équité du Secrétariat du Conseil du Trésor, et du Parcours d’apprentissage de la CLCC, nous sommes en mesure de faire un suivi des progrès réalisés dans certains domaines et d’établir des bases de référence dans d’autres domaines :

Renseignements, données et/ou indicateurs pertinents qui font état d’une représentation accrue grâce aux quatre premières mesures de l’Appel à l’action

  1. Nommer des employés autochtones et noirs et d’autres employés racialisés au sein du groupe de la direction au moyen du perfectionnement professionnel et de la gestion des talents :
    • On dénombre 13 postes de direction à la CLCC. Un employé de race noire occupe actuellement l’un de ces postes. Huit des 13 cadres supérieurs de la CLCC (62 %) sont des femmes, dont la présidente en fonction (la première femme à être nommée à ce poste), la première vice-présidente, deux vice-présidentes régionales et trois directrices générales régionales. Le directeur général exécutif de la CLCC s'identifie comme une personne handicapée et comme un membre de la communauté LGBTQ2+.
    • La CLCC emploie actuellement 78 commissaires : 55 % sont des femmes, 9 % des membres d’une minorité visible et 13 % des Autochtones. Soulignons que les commissaires sont nommés par décret. Cela dit, la CLCC prend part à la désignation des candidats pour les postes de commissaires. En 2020, la CLCC a publié un avis de possibilité de nomination pour les commissaires : 32,6 % des candidatures provenaient de membres d’une minorité visible, 8,8 % de membres des peuples autochtones et 5,8 % de membres de la communauté LGBTQ2+. Enfin, 48,3 % des candidatures provenaient de femmes.
  2. Parrainer des employés autochtones et des employés de race noire ou d’autres groupes racisés ayant un grand potentiel pour les préparer à assumer des postes de direction :
    • À la CLCC, dix-neuf des membres du groupe EX-1 ont obtenu la note « réussi plus » ou « surpassé » et se sont vu offrir automatiquement un plan de gestion des talents. Sur ces 19 personnes, 15 étaient des femmes et 3 étaient membres d’une minorité visible.
  3. Soutenir la participation des employés autochtones, noirs et autres employés racialisés aux programmes de perfectionnement du leadership et aux services de développement de carrière :
    • Au total, 45 employés en poste de la CLCC ont suivi les programmes de perfectionnement de l’École de la fonction publique du Canada (superviseurs, gestionnaires, cadres supérieurs, futur directeur, nouveau directeur et nouveau DG). Trois de ces employés sont des Autochtones (6,7 %) et six sont membres d’une minorité visible (13,3 %).
  4. Recruter des employés hautement qualifiés provenant de collectivités autochtones et de collectivités de race noire ou d’autres groupes racialisés dans l’ensemble du Canada :
    • Pourcentage de nouveaux employés (nominations pour une durée déterminée et indéterminée) :
      • 2019-20
        • 171 nouveaux employés : 11 (6,4 %) étaient membres d’une minorité visible et 11 (6,4 %) étaient des Autochtones.
      • 2020-211
        • 124 nouveaux employés : 2 (1,6 %) étaient membres d’une minorité visible et 7 (5,6 %) étaient des Autochtones.
    • Employés indéterminés qui ont quitté la CLCC :
      • 2019-20
        • Au total, 53 employés ont quitté la CLCC : 6 (11 %) étaient membres d’une minorité visible et 3 (5,6 %) étaient des Autochtones.
      • 2020-21
        • Au total, 38 employés ont quitté la CLCC : 3 (7,8 %) étaient membres d’une minorité visible et 2 (5,2 %) étaient des Autochtones.

Annexe B :

Rapports et recommandations analysés par le Comité conjoint de la CLCC et du SCC sur la discrimination et le racisme systémiques

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