Allocution du greffier John Hannaford lors du colloque sur les valeurs et l’éthique (octobre 2024)
C’est le deuxième jour, évidemment, d’un colloque qui m’a beaucoup inspiré. Nos échanges ont gagné en profondeur, ce qui témoigne, selon moi, d’un désir de nous attaquer à certains des enjeux fondamentaux auxquels nous sommes confrontés en tant que communauté et à certains éléments qui définissent notre profession. Et cela, en soi, je pense que c’est, comme je l’ai dit, une source d’inspiration pour moi personnellement. C’est une source d’inspiration pour le dynamisme du groupe. C’est une source d’inspiration dans le sens où je crois que nous nous attaquons à des enjeux qui comptent, et c’est ce qui fait notre force en tant qu’institution et qui définit l’avenir de cette entité.
Mais permettez-moi d’abord de mentionner que nous sommes rassemblés sur le territoire traditionnel non cédé du peuple anichinabé algonquin et que l’importance de déclarations comme celles-ci nous renvoie aux discussions que nous tenons.
Les valeurs et l’éthique sont ancrées dans le respect envers les personnes, et le respect envers les personnes est ancré dans le travail que nous faisons en faveur de la réconciliation.
Où que vous soyez aujourd’hui, que ce soit dans la région de la capitale nationale ou ailleurs au Canada, ou à l’étranger, je vous encourage à en apprendre plus sur l’histoire de la région où vous vous trouvez et à apprendre des peuples autochtones.
Comme l’ont montré les conversations que nous avons eues, nous apprenons énormément des personnes qui nous entourent.
Il y a un peu plus d’un an, nous avons lancé ce dialogue sur les valeurs et l’éthique.
J’ai été frappé par l’empressement avec lequel les fonctionnaires ont entamé ce dialogue. J’ai bien aimé discuter avec des fonctionnaires à tous les échelons pour obtenir une nouvelle perspective sur ce que nous faisons au nom des Canadiens.
De nombreuses conversations étaient vraiment centrées sur la question suivante : qu’est-ce qu’un fonctionnaire? Selon vos propres expériences, le travail que vous faites, l’institution que vous servez et votre manière de servir les Canadiens, la réponse à cette question sera différente.
Pour ma part, le respect de la démocratie est l’un des volets les plus inspirants du travail que nous réalisons ensemble.
Nous sommes un pilier central de notre régime démocratique, et le régime démocratique est un pilier central de notre société. Nous apportons une contribution très directe à quelque chose de vraiment fondamental pour la société que nous servons.
Et je souhaite que tous les fonctionnaires de notre organisation soient fiers. Fiers de leurs réalisations individuelles, de celles de leur équipe et de leur ministère… mais fiers aussi d’être fonctionnaires. Et je dois dire que j’ai trouvé extrêmement gratifiant de voir les mots à l’écran tout à l’heure; le service, tout comme la fierté, devrait être bien en vue.
J’espère que cette conversation suscitera de la fierté pour ce que nous sommes.
Il s’agit d’un travail essentiel pour notre démocratie et notre pays et pour les Canadiens. Nous préservons l’intégrité et la crédibilité du système, et nous respectons la volonté démocratique de la population.
C’est un rôle à jouer des plus importants.
Chacune et chacun d’entre nous fait partie de quelque chose de plus grand.
Cette prise de conscience s’est cristallisée très tôt dans ma carrière.
En 1995, en tant que jeune juriste, j’ai eu l’occasion de jouer un rôle dans un différend qui nous opposait à l’Espagne. Ce litige relatif à nos pêcheries de la côte est a été porté devant la Cour internationale de Justice, et j’ai fait partie d’une petite équipe chargée de présenter notre défense. Pendant que je préparais notre plaidoirie, j’ai réalisé qu’il n’était vraiment pas question de moi. Il s’agissait plutôt de défendre le Canada.
Les conséquences de notre réussite ou de notre échec auraient des répercussions à l’échelle du Canada. L’issue aurait une incidence sur nos eaux et sur nos relations avec un allié. Mon travail ne me concernait pas personnellement, il concernait notre pays.
Et ce même sentiment m’a suivi tout au long de ma carrière.
J’ai eu la responsabilité d’être sous-ministre et de diriger une institution composée de fonctionnaires qui m’ont constamment impressionné par la qualité de leur travail, leur dévouement et l’étendue de leur expertise.
J’ai ensuite eu l’occasion de me rendre avec le premier ministre dans des régions proches de zones de conflit, où l’on voit nos soldats en service qui se sacrifient pour les idéaux qui sont chers à notre pays.
Nous faisons tous partie de quelque chose de plus grand.
Lorsqu’un Canadien demande de l’aide pour remplir sa déclaration de revenus, qu’il s’inscrit à des programmes en ligne ou qu’il passe la douane, l’expérience qu’il vit façonne sa perception de la fonction publique et du gouvernement.
Le fonctionnaire qui travaille dans un centre d’appels, qui crée du contenu Web, qui examine des demandes ou qui définit les conditions d’admissibilité à un programme fait partie de quelque chose de plus grand.
Et les travailleurs en contact avec le public ne sont pas les seuls concernés.
Toutes les personnes qui œuvrent dans l’ombre pour épauler nos institutions – je pense entre autres aux ressources humaines, à l’administration, à la technologie de l’information – participent à notre réussite.
Lorsque les fonctionnaires à tous les échelons font preuve d’excellence, d’intégrité et d’une saine gestion de l’argent des contribuables, la confiance s’installe.
Ce n’est pas seulement ce que nous faisons. C’est la manière dont nous le faisons.
Et tandis que nous sommes confrontés à un environnement opérationnel en constante évolution et de plus en plus complexe, ces échanges sur notre manière d’accomplir notre travail, de respecter nos valeurs fondamentales et de nous adapter pour continuer à offrir l’excellence à l’avenir sont essentiels.
Alors, comment procéder? Eh bien, en étant guidés par un objectif commun, et en comprenant parfaitement qui nous sommes en tant qu’organisation. Et c’est ce que propose notre code de valeurs et d’éthique.
Une fonction publique professionnelle et non partisane fait partie intégrante de notre démocratie.
Nous proposons des options au gouvernement, puis nous mettons ses décisions en pratique au service du Canada.
Nos conseils sont fondés sur la science, les données probantes, les connaissances et l’expérience. Nous sommes honnêtes et francs en ce qui concerne les défis, et nous proposons des options solides pour les relever.
En fin de compte, il appartient aux ministres de décider au nom de notre pays.
Quelles que soient nos convictions personnelles, nous avons le devoir professionnel de soutenir notre démocratie en servant nos clients – le gouvernement et les Canadiens – au mieux de nos capacités.
Nous le faisons avec courage, avec franchise, avec transparence et ouverture, et avec respect.
J’ai parlé de respect tout à l’heure : comme quoi c’est un aspect important de la réconciliation – écouter les peuples autochtones et apprendre d’eux; respecter leurs connaissances, leurs histoires, leurs identités et leurs expériences.
Comme nous en avons discuté hier après-midi, nous donnons également vie à nos valeurs en réalisant des progrès significatifs quant à l’Appel à l’action en faveur de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion, et en rendant nos milieux de travail accessibles à tout le monde et en promouvant une culture saine.
Notre capacité d’innover et de résoudre des problèmes est le fruit d’un travail d’équipe, qui se concrétise lorsque les gens se sentent accueillis, valorisés et intégrés.
Nous devons avoir des conversations franches sur la santé mentale, les espaces de travail sûrs.
Et aussi rechercher les points de vue divergents, y réfléchir et communiquer les décisions prises et le pourquoi.
Nous devons également faire preuve d’agilité et de résilience face au changement.
La réalité de notre travail et du monde dans lequel nous vivons est que le changement est constant.
Que ce changement soit aussi mondial qu’une pandémie ou aussi local qu’un changement de priorités, il faut l’accepter et se donner les moyens de réussir.
Il y a bien des choses auxquelles nous pouvons nous préparer. Nous pouvons analyser les tendances et prévoir différents scénarios dans un an ou dans cinq ans.
Nous devons être à l’aise avec les inconnues. Il y aura toujours des surprises, et c’est à nous de réagir efficacement. Nous en avons eu des exemples extraordinaires, notamment dans le cadre de la lutte contre la pandémie COVID et les feux incontrôlés dans tout le pays. Nous gérons les risques, nous nous adaptons aux nouvelles circonstances et nous tirons le meilleur parti des possibilités d’innovation.
Nous savons qu’il y a une élection à date fixe en octobre 2025. En tant que fonction publique professionnelle et non partisane, nous soutenons la démocratie et nous nous occupons des affaires publiques.
Ceux d’entre vous qui ont intégré la fonction publique ces dernières années n’ont pas eu l’occasion de connaître le rôle que nous jouons en période électorale, et j’encourage vivement les dirigeants de l’ensemble de notre système à en parler.
Je nous encourage tous à assumer notre rôle : la fonction publique offre une continuité à la population canadienne et au gouvernement dûment élu. C’est la force de notre système.
Maintenant, dans tout ce que nous faisons, nous devons viser l’excellence.
Et atteindre l’excellence n’est pas chose facile. Nous ne sommes, après tout, que des êtres humains.
Parfois, nous avons l’impression de nous heurter à des obstacles. Et ce peut être difficile si nos conseils ne sont pas retenus au bout du compte.
Mais prenez ce qui suit à cœur – notre service est important.
Notre travail est important.
À tous les échelons. Dans toutes les régions du pays.
À la fin des fins, j’espère que vous en viendrez à vous considérer comme je le fais – c’est-à-dire un élément d’un tout essentiel, contribuant à une organisation qui a une raison d’être et un sens profonds.
Une organisation dont les principes fondamentaux ont résisté à l’épreuve du temps.
Une organisation qui continuera d’évoluer pour répondre aux besoins des Canadiens d’aujourd’hui et de demain.
C’est pourquoi cette conférence a autant d’importance. C’est pourquoi il importe de poursuivre le dialogue après la conférence.
Nous voulons que les fonctionnaires sortent de cette conférence mieux outillés pour relever les défis de l’avenir.
Maintenant, au vu de ce qui nous attend, je pense qu’il y a certains domaines clés dans lesquels nous pouvons fournir de nouvelles orientations qui changeront concrètement les choses.
Le panel de cet après-midi portera sur les lignes directrices pour une utilisation responsable de l’intelligence artificielle dans notre travail.
Aussi, il ressort nettement des échanges que nous avons eus au cours de l’année écoulée qu’il serait important d’avoir des orientations concernant l’utilisation des médias sociaux et que celles-ci seraient accueillies avec satisfaction.
Hier, nous avons entendu parler du travail entrepris à cet égard par le Secrétariat du Conseil du Trésor. Et j’en suis reconnaissant, car je crois qu’il y a là une base très solide. Mais il faut continuer d’y travailler et d’en discuter, compte tenu de l’évolution perpétuelle des médias sociaux.
J’ai donc demandé à la sous-greffière Fox de poursuivre ces efforts en étroite collaboration avec Jacquie Bogden, dirigeante principale des ressources humaines, pour continuer le dialogue et pour peaufiner les orientations relatives aux médias sociaux d’ici le printemps prochain, de sorte que celles-ci soient à l’image des pratiques exemplaires à l’échelle nationale et internationale.
Dans le même ordre d’idées, nous ne voulons pas perdre ce que nous avons accompli à ce jour grâce à nos échanges sur les valeurs et l’éthique, et j’ai demandé à Taki Sarantakis, président de l’École, d’y établir un programme permanent de chercheur invité pour les valeurs et l’éthique, lequel sera en activité d’ici 2025.
Il portera le nom de mon ami et mentor Ian Shugart, qui a été un collègue inspirant, un ancien greffier du Conseil privé et un sénateur qui aimait son pays.
Ian a incarné ce à quoi nous aspirons en tant que fonctionnaires : la quête de l’excellence au service du public et de la démocratie, et ce, avec intégrité, ouverture et respect.
Taki vous en dira plus à ce sujet. Mais en gros, il s’agira d’une nomination annuelle par rotation. Le ou la titulaire aura pour mandat de :
- créer et mettre en œuvre des cours sur les valeurs et l’éthique;
- faire de la recherche en matière d’éthique et de gouvernance;
- promouvoir l’importance d’un leadership éthique;
- veiller à ce que la diversité, l’équité et l’inclusion soient pleinement intégrées dans nos valeurs que sont l’excellence, l’intégrité, l’intendance, le respect de la démocratie et le respect envers les personnes.
Enfin, j’invite les administrateurs généraux à poursuivre sur cette lancée en concentrant les efforts de leur ministère respectif sur les points suivants :
- mettre à jour leur code de conduite organisationnel;
- préparer un rapport ministériel sur la divulgation d’actes répréhensibles et de mauvaise conduite;
- demander aux employés de soumettre chaque année des attestations en matière de conflit d’intérêts;
- intégrer la responsabilité conséquente des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Appel à l’action.
Ensemble, nous formons la fonction publique. Nous constituons, tous et toutes, la fonction publique à ce moment de l’histoire de notre pays. Nous avons une responsabilité à cet égard : celle d’être à la hauteur des valeurs de notre organisation. Nous avons la responsabilité d’offrir le meilleur de nous-mêmes à la société. Nous avons la responsabilité de respecter des normes élevées.
C’est une vocation des plus exigeantes. Nous jouons un rôle essentiel. Je suis extrêmement fier de cette institution et je suis très impatient de poursuivre nos échanges sous cette forme.
J’ai hâte au panel qui débutera sous peu et je tiens à vous remercier, tous et toutes, d’avoir participé à l’événement d’aujourd’hui.
Merci. Miigwech. Thank you.
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