13 voies pour moderniser l’emploi des jeunes au Canada

Titre official : 13 voies pour moderniser l’emploi des jeunes au Canada – Stratégies pour un nouveau monde du travail

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13 voies pour moderniser l’emploi des jeunes au Canada [PDF - 1,1 Ko]

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Lettre du Groupe d’experts sur l’emploi chez les jeunes (Groupe d’experts)

Le monde du travail a changé. Une vague de technologies, de mondialisation et de nouveaux modèles de gestion ont fait émerger des obstacles à l’emploi qui menacent la prospérité de nos jeunes. Les jeunes Autochtones, les immigrants récents, les jeunes vivant en situation de pauvreté, ceux faisant partie de la communauté LGBTQ2+, ceux ayant une incapacité, les jeunes des minorités visibles, de même que les jeunes vivant dans des communautés rurales et éloignées doivent surmonter des obstacles majeurs pouvant nuire à leur succès personnel, social et économique. Certains, en particulier ceux ayant connu un traumatisme intergénérationnel, doivent se remettre pour être aptes à se trouver un emploi.

En dépit des compétences qu’ils accumulent et des efforts qu’ils déploient pour trouver du travail, beaucoup de jeunes connaissent des difficultés. Ils naviguent entre recherche d’emploi et processus d’embauche, lesquels peuvent être impersonnels, rigides et tendancieux. Vient s’ajouter à cela un enchevêtrement confus, mais plein de bonne volonté, de programmes et de services d’aide à l’emploi pour les jeunes. Dans un contexte d’incertitude économique, certaines entreprises à but lucratif ou non hésitent à embaucher des jeunes et à investir dans leur formation de peur que ce soit en vain. La préparation des étudiants au monde du travail varie d’un établissement d’enseignement à l’autre. Nos décideurs disposent de trop peu de données sur le marché du travail et sur les résultats des interventions pour pouvoir mettre en place des solutions proactives durables.

Cette « crise tranquille », ainsi nommée par un employeur, pourrait entraîner des conséquences désastreuses dans les années à venir si une action globale n’est pas entreprise.

Heureusement, tout n’est pas sombre. Si l’on en croit les chiffres, le Canada s’en tire mieux que la plupart des pays en ce qui a trait à la participation des jeunes au milieu de travail. Toutefois, lorsqu’on les compare aux jeunes travailleurs de la génération précédente, les jeunes d’aujourd’hui semblent faire face à une précarité et à une incertitude croissante. Les jeunes qui contribueront au filet de sécurité sociale du Canada ont besoin de possibilités et de soutien pour s’adapter à un monde du travail en évolution.

Lors de nos discussions partout au pays, nous avons appris que tous reconnaissent l’ampleur du défi et que plusieurs approches intéressantes existent pour aider les jeunes à réussir. Nous devons simplifier le système et adopter des pratiques innovatrices de façon efficace et efficiente pour permettre aux jeunes, particulièrement les plus vulnérables, de choisir le mode de gagner leur vie.

Les membres de notre groupe comprennent le sentiment que l’on peut ressentir lorsque notre cheminement professionnel est moins linéaire et diffère profondément de celui emprunté par nos parents, nos professeurs et nos employeurs lorsqu’eux-mêmes abordaient la vie adulte. Notre rapport présente les obstacles à l’emploi que rencontrent les jeunes, mais vise principalement à fournir des solutions pratiques et importantes.

Nous tenons à remercier les centaines de personnes et d’organismes que nous avons rencontrés et qui nous ont fait parvenir leurs précieuses observations. Nous remercions également le ministère de l’Emploi et du Développement social qui nous a appuyés pendant les étapes d’écoute et d’apprentissage afin que nous puissions formuler des recommandations pratiques et pertinentes.

Nous croyons en un écosystème collaboratif dans lequel les jeunes participent pleinement. Nous savons que leur participation ne peut qu’avoir un heureux effet. Ensemble, nous trouverons de meilleures façons de faire valoir les compétences des jeunes Canadiens et nous profiterons de leur contribution à bâtir une société plus égalitaire et une économie florissante.

[SIGNÉ par tous les membres du Groupe d’experts]

Sommaire exécutif

Nous avons besoin des jeunes pour bâtir et soutenir l’économie de demain. La base même de notre société est menacée lorsque les jeunes ont de la difficulté à se tailler une place en raison de changements dans la nature du travail et dans les conditions sociales.

En surface, le problème semble inexistant lorsque l’on prend en compte la participation au marché du travail des jeunes Canadiens, une population de 6,8 millions d’individus âgés de 15 à 29 ans. Parmi les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les jeunes Canadiens sont plus susceptibles que leurs semblables du même âge de trouver un emploi. En même temps, le monde du travail se réinvente à une vitesse vertigineuse. De nouvelles technologies, un changement démographique et la mondialisation viennent refaçonner notre façon de travailler et ce qu’on exigera de nos jeunes travailleurs dans le futur.

Un nouveau monde du travail

Les Canadiens sont plus scolarisés que jamais et le nombre d’emplois hautement spécialisés a crû à un rythme plus rapide que celui des emplois exigeant des niveaux plus faibles de scolarité et de compétences.

Le passage du secteur manufacturier à une économie fondée sur les services et le savoir signifie que l’on mise davantage sur les compétences générales et transférables, comme la résolution de problèmes, la communication, les aptitudes interpersonnelles et la pensée critique. Nos établissements d’enseignement tentent tant bien que mal de s’adapter aux changements rapides, mais les étudiants, diplôme en main, se sentent tout de même désemparés face au marché du travail.

Les jeunes Canadiens qui obtiennent un diplôme aujourd’hui et commencent à travailler, à chercher une maison et à fonder une famille sont pris à la gorge par des revenus stagnants, des prix élevés, un horaire trop chargé et des dettes croissantes. Ils sont plus susceptibles d’occuper un emploi temporaire ou précaire que leurs prédécesseurs—se traduisant par un retard dans leur capacité à participer pleinement à la société-et risquent donc de gagner et d’épargner moins d’argent tout au long de leur vie.

Certains jeunes ont plus de difficultés que d’autres sur le marché du travail

En raison de leur âge, les jeunes n’ont pas une expérience suffisante en milieu de travail pour faciliter la transition vers le marché du travail. Ils sont aussi plus vulnérables aux perturbations économiques : le principe du « dernier embauché, premier licencié » leur est souvent appliqué.

Bien sûr, les jeunes rencontrent des difficultés qui sont communes à tous, mais certains doivent surmonter des obstacles supplémentaires, ce qui les rend plus vulnérables. Les jeunes ayant terminé des études postsecondaires affichent le taux d’emploi le plus élevé, alors que ceux qui n’ont pas terminé leur secondaire affichent un taux beaucoup plus bas. Même avec un diplôme d’études secondaires ou postsecondaires, les jeunes immigrants récents et les jeunes ayant une incapacité ont plus de mal à se trouver un emploi. Les défis que doivent relever les jeunes Autochtones sont particulièrement ardus. Certains jeunes qui ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation (NEEF) risquent de souffrir d’exclusion sociale.

Une multitude de programmes et d’interventions

De nombreux programmes et mécanismes de soutien ont été mis en place partout au Canada pour aider les jeunes. Toutefois, la demande n’est pas toujours aussi forte que l’offre. Trouver les ressources adéquates dans le système peut demander beaucoup de temps et de connaissances.

Les processus d’aide à l’emploi demandent la collaboration des gouvernements, des employeurs, des syndicats, des établissements d’enseignement ou de formation et des organismes communautaires. La coordination est déficiente entre ces entités, et certains programmes se chevauchent et présentent des lacunes. La Stratégie emploi jeunesse (SEJ), au cœur des initiatives du gouvernement du Canada, a comme mission d’aider les jeunes de 15 à 30 ans à obtenir l’information et à acquérir les compétences et l’expérience de travail nécessaires pour trouver une source de revenu stable et satisfaisante.

Des pratiques novatrices

De plus en plus de gens prennent conscience de l’importance des programmes ciblés visant à soutenir, à encadrer et à accompagner la relève. Ces initiatives peuvent être menées par des employeurs ou des partenaires au sein du secteur privé, d’organismes à but non lucratif et d’établissements d’enseignement. Tels programmes existent au Canada et à l’étranger. Certaines initiatives facilitent le jumelage entre les chercheurs d’emploi et les employeurs par l’intermédiaire de plateformes numériques, alors que d’autres modèles considèrent l’employeur comme un client, font la promotion de l’apprentissage et le mentorat par les pairs ou ciblent les jeunes vulnérables et les forment grâce à des projets holistiques touchant à toutes les sphères de la vie. On dénombre également des programmes qui favorisent le rapprochement culturel avec les jeunes Autochtones dans le milieu de travail et la société en offrant des espaces inclusifs ou qui viennent en aide aux jeunes qui envisagent une carrière en entrepreneuriat.

Faire tomber les barrières

Les obstacles à l’intégration en emploi et à une carrière réussie, peu importe comment ce succès est défini, se présentent ainsi :

Les prochaines étapes : recommandations

Tous les intervenants collaborant à l’emploi des jeunes doivent s’impliquer pour les aider à surmonter ces obstacles. Les employeurs de petites et moyennes entreprises ont un rôle à jouer dans la formation et le développement des jeunes travailleurs, et ce rôle est particulièrement important lorsqu’il s’agit de proposer une première expérience de travail dans leur région. Les organismes à but non lucratif ont des expériences de travail stimulantes et significatives à proposer aux jeunes. Les organisations syndicales soutiennent la mise en place de conditions plus favorables et plus sûres pour les jeunes travailleurs dans un monde du travail en constante évolution. Les établissements d’enseignement stimulent les jeunes et les préparent au marché du travail d’avenir. Les fournisseurs de services s’adaptent aux besoins propres à leur jeune clientèle et font part des pratiques exemplaires. Les gouvernements offrent leur soutien aux jeunes les plus vulnérables et créent des perspectives d’emploi. Grâce aux bonnes ressources, les jeunes travaillent fort pour accumuler les compétences et les adapter pour trouver un emploi qui correspond à leurs valeurs et à leurs ambitions.

Le leadership du gouvernement du Canada

Le rôle du gouvernement du Canada dans la direction de toute transformation du système d’emploi jeunesse est primordial. Au cours des consultations, on nous a indiqué que le gouvernement devrait adopter une optique intergénérationnelle lorsqu’il analyse les politiques et prend des décisions budgétaires, de même que formuler une vision plus claire des possibilités d’emploi pour les jeunes Canadiens, et qu’il doit ensuite, en sa qualité de dirigeant, « prêcher par l’exemple ». Le gouvernement du Canada doit aussi s’investir davantage auprès des plus vulnérables, particulièrement les jeunes Autochtones et les jeunes ayant une incapacité.

Nos recommandations quant aux mesures à prendre sont les suivantes :

S’investir auprès des plus vulnérables

1. Améliorer la SEJ : Nous recommandons que le gouvernement du Canada améliore la SEJ de façon à mieux cibler les personnes dans le besoin et à diminuer les coûts pour les employeurs et les fournisseurs de services. Le programme Connexion compétences doit être axé sur la prestation globale de services à ceux qui sont le plus à risque. Par ailleurs, Emplois d’été Canada devrait être renommé Emplois jeunesse Canada et l’entrepreneuriat doit être encouragé comme une option de carrière valable pour la jeunesse. Nous recommandons aussi que le gouvernement du Canada pilote un fonds d’innovation d’emploi jeunesse et s’associe avec la nouvelle organisation, recommandée par le Conseil consultatif en matière de croissance économique et proposée dans le budget de 2017, qui investira dans de nouvelles approches novatrices en matière de développement des compétences.

2. Cibler les jeunes Autochtones : Il est temps que les barrières sur le chemin des jeunes Autochtones tombent et qu’on leur assure une égalité des chances. Nous recommandons donc au gouvernement de créer des centres urbains de guérison et d’emploi pour les Autochtones, d’investir dans des projets d’infrastructures essentielles et éducationnelles, d’offrir une formation professionnelle à distance, de créer un fonds de diplômés pour offrir du mentorat et de participer au développement entrepreneurial des jeunes Autochtones.

Rationaliser et simplifier les programmes

3. Repenser l’exécution des programmes pour la jeunesse : Le gouvernement du Canada doit évaluer la possibilité de transfert des programmes d’emploi jeunesse aux gouvernements provinciaux et territoriaux, dans la mesure où l’on respecte les améliorations proposées pour la SEJ. Nous demandons au gouvernement de divulguer publiquement ses conclusions d’ici les 12 prochains mois.

4. Accueillir la technologie civique : Bien que le Guichet-Emplois ait été mis à jour récemment, on nous a indiqué que certaines améliorations permettraient aux jeunes de s’y retrouver plus facilement lorsqu’ils explorent les différents domaines d’emplois. À cette fin, nous recommandons d’utiliser le modèle de la technologie civique pour mobiliser les jeunes penseurs motivés à mieux comprendre les enjeux civiques et à trouver des solutions grâce à la technologie, à la conception et à la participation du public.

Prêcher par l’exemple

5. Embaucher plus de jeunes : Nous recommandons à l’administration fédérale d’établir des objectifs et de produire des rapports sur la proportion des nouveaux employés qui ont entre 18 et 29 ans. Nous lui demandons aussi de déployer des efforts pour embaucher des jeunes dans les régions rurales et éloignées, où elle est l’un des principaux employeurs. De plus, nous l’encourageons à explorer des façons d’augmenter l’embauche de jeunes à l’aide de processus d’approvisionnement.

Mobiliser les employeurs

6. Convoquer une table ronde de champions : Le gouvernement du Canada doit convoquer et parrainer une table ronde multisectorielle composée d’employeurs issus de divers secteurs afin de se donner un objectif ou un défi d’embauche, particulièrement à l’intention des jeunes vulnérables.

7. Favoriser le mentorat : Inspirés par le succès des partenariats de mentorat entre d’autres ordres de gouvernement et des entreprises, nous recommandons au gouvernement du Canada de créer une structure lui permettant de s’associer avec des employeurs par l’intermédiaire de la table ronde des champions et d’offrir aux jeunes vulnérables plus d’occasions intéressantes de mentorat.

Moderniser les soutiens

8. Mettre à jour les normes du travail du Canada : Pour remédier à la situation précaire du travail à laquelle les jeunes font face, nous recommandons de modifier la partie III du Code canadien du travail afin d’améliorer les normes du travail, la sécurité et les droits relatifs aux postes atypiques, de réglementer les agences de placement temporaire, d’éliminer les stages non rémunérés et de promouvoir le respect des droits du travail.

9. Élargir l’admissibilité à l’assurance-emploi : Nous proposons que le gouvernement mette à jour l’assurance-emploi pour accroître l’admissibilité des jeunes travailleurs, en tenant compte des réalités d’un emploi atypiques. On pourrait par exemple réduire les critères d’admissibilité, qui seraient les mêmes partout au Canada, et ajouter le « retour aux études » aux motifs valables de cessation d’emploi pour les jeunes travailleurs.

10. Élargir la définition de « compétences » : Nous suggérons que le gouvernement du Canada offre une définition globale des compétences et des aptitudes requises dans un milieu de travail en constante évolution afin de compléter la liste exhaustive des compétences essentielles fournie sur le site Web Guichet-Emplois.

11. Développer des mesures de soutien additionnelles pour les jeunes entrepreneurs : Nous suggérons au gouvernement de permettre aux jeunes entrepreneurs de participer à des missions commerciales, de promouvoir des initiatives de mentorat intergénérationnel, de créer un mécanisme qui permettrait aux jeunes de moins de 18 ans d’être les administrateurs de leur propre entreprise et de rendre les frais d’adhésion aux accélérateurs et incubateurs d’entreprises déductibles de l’impôt. Nous lui recommandons aussi d’offrir un soutien personnalisé aux jeunes immigrants entrepreneurs.

Évaluer et améliorer l’information

12. Obtenir des données de meilleure qualité : Nous recommandons que le gouvernement redessine les principales statistiques sur l’emploi des jeunes pour qu’elles représentent avec exactitude la dynamique propre à l’emploi chez les jeunes. Nous proposons aussi que les jeunes vulnérables et les jeunes NEET fassent l’objet d’un éclairage particulier dans l’Enquête mensuelle sur la population active, que la catégorie « Jeunes » soit ajoutée sur le site Web de Statistique Canada et que des facteurs fondés sur les résultats soient pris en compte dans l’évaluation des programmes.

13. Encourager l’amélioration continue : Nous suggérons au gouvernement de mettre sur pied un comité consultatif qui aurait comme objectif de régir la SEJ et d’offrir de façon continue des conseils stratégiques sur la conception des programmes et de proposer des pratiques exemplaires des fournisseurs de service et des intervenants. Le travail du comité consultatif devrait se faire en collaboration avec la nouvelle organisation recommandée par le Conseil consultatif en matière de croissance économique.

Conclusion

Nous demandons au gouvernement du Canada, qui a créé notre groupe, de faire des efforts continus pour mettre en place nos recommandations. Grâce à l’intérêt suscité par le regroupement des participants au sujet de l’écosystème de l’emploi jeunesse, il est possible d’entretenir un dialogue continu.

Contexte

Le bien-fondé d’embaucher des jeunes

Les jeunes sont les leaders d’aujourd’hui et contribuent déjà à la vie économique. Nous avons besoin de leurs compétences pour bâtir et soutenir l’économie de demain, s’occuper de nos aînés et façonner notre société. La base même de cette société est menacée lorsque les jeunes ont de la difficulté à se tailler une place sur le marché du travail en raison de changements dans la nature du travail et dans les conditions sociales. Si les jeunes Canadiens ont du mal à se trouver un emploi sécure et à temps plein, où trouveront-ils l’argent pour se loger, fonder une famille et élever leurs enfants? Qui financera les soins de santé pour répondre aux besoins de notre population vieillissante?

En surface, le problème semble inexistant lorsque l’on prend en compte la participation au marché du travail des jeunes Canadiens, une population de 6,8 millions d’individus âgés de 15 à 29 ans. Parmi les pays membres de l’OCDE, les jeunes CanadiensNote du bas de page 1 sont plus susceptibles de trouver un emploi que leurs semblables des autres pays du G7. Il est à noter qu’au Canada, le taux de chômage des 15 à 24 ans représente en moyenne plus du double de celui des 25 ans et plus depuis 1953, mais cet écart s’accroît depuis 1990Note du bas de page 2.

La valeur de l’embauche des jeunes

L’embauche de jeunes est nécessaire pour l’économie canadienne, qui est de plus en plus fondée sur le savoir et dans laquelle l’innovation et la créativité prennent une place grandissante. D’ailleurs, les arguments abondent en faveur de la diversité des cheminements, des expériences et des façons de penser en milieu de travail. Les jeunes possèdent un bagage unique pour aider les employeurs à garder le rythme dans le monde du travail d’aujourd’hui. Partout au pays, les employeurs doivent tenir une discussion stratégique sur la valeur qu’ils accordent aux jeunes travailleurs. 

Un nouveau monde du travail

De nouvelles technologies, des changements démographiques et la mondialisation viennent refaçonner notre façon de travailler. Le marché du travail est sur le point de vivre des changements majeurs, pensons à l’automatisation de tâches fondées sur les connaissances, la robotique, l’impression 3D, les mégadonnées, l’infonuagique, l’Internet des objets, l’intelligence artificielle, les avancées en stockage et en production d’énergie, etc.Note du bas de page 3 Ces technologies continueront de transformer la vie des jeunes. Leur capacité à se préparer et à s’adapter aux changements aura un effet sur leur degré de participation au marché du travail.

Détails Taux de participation (%) – 2015 Taux d’emploi (%) – 2015 Taux de chômage de longue durée (%) – 2015
Canada 64.2 55.8 5.1
France 36.9 27.8 28.8
Allemagne 48.8 45.3 22.5
Italie 29 17.3 55.7
Japon 43 40.7 25
Royaume-Uni 62 52.5 21.9
États-Unis 55 48.6 11.4
Moyenne du G7 50.5 44 20.8
Moyenne de l’OCDE 47.1 40.5 19.8

Source : Statistiques de l’OCDE de la population active 2015, 15-24 ans.
* Pourcentage des personnes sans emploi (15-24 ans) depuis au moins un an.

Les Canadiens sont plus éduqués que jamais et la grande majorité d’entre eux détiennent un diplôme d’études secondairesNote du bas de page 4. Un nombre croissant de jeunes entreprennent d’ailleurs des études postsecondaires. En 2011, 68 % des jeunes de 25 à 29 ans possédaient un diplôme d’études postsecondaires, incluant les certificats de métier, comparativement à 43 % en 1981Note du bas de page 5.

En outre, le nombre d’emplois hautement spécialisés a crû à un rythme plus rapide que celui des emplois exigeant des niveaux plus faibles de scolarité et de compétencesNote du bas de page 6. Malgré la hausse du niveau de scolarité, le salaire médian réel en 2014 était toutefois en deçà de celui du début des années 1980, tant chez les hommes que chez les femmes de 17 à 24 ansNote du bas de page 7.

Médiane du salaire horaire réel des hommes pour des emplois à temps plein, entre 1981 et 2014 (1981 = 100)
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Année Age
17-24 25-34 35-44 45-54
1981 100 100 100 100
96.8 100.5 102.6 103.7
93.7 100.9 105.1 107.5
1984 90.5 101.4 107.7 111.2
86.6 97.7 106.6 112.5
1986 82.6 94.1 105.5 113.8
1987 83.9 95.1 104.1 114.6
1988 87.6 97.1 107.7 114.9
1989 84.7 94.7 105.5 113.2
1990 84.2 94 104 113.4
83.4 93.2 103.4 113.7
82.5 92.4 102.9 114
81.7 91.5 102.3 114.2
80.9 90.7 101.8 114.5
80.1 89.9 101.2 114.8
79.3 89.1 100.7 115.1
1997 78.4 88.3 100.1 115.4
1998 77.8 89.5 99 114.3
1999 79.3 89 98.9 114.9
2000 78 92.3 98.2 114.4
2001 83.2 92.4 99.4 114.3
2002 81.6 91.7 97.4 114
2003 79.8 90 95 111.2
2004 78 90.3 96.7 111.1
2005 82.3 90.4 96.2 110.2
2006 81.9 94 98.5 109.5
2007 87 94.2 100.5 111.3
2008 87.6 94.2 102.5 110.9
2009 91.3 97.6 107 113.9
2010 89.1 98.5 104.5 113.6
2011 87.8 97.9 101.4 112
2012 88.3 98.1 103.3 112
2013 90.4 102.5 105.9 114.9
2014 88.8 100.9 104.4 113.3
  • Source : Perspectives sur le marché du travail des jeunes au Canada, 1976 à 2015. Mise à jour à partir de la Série de documents de recherche (11F0019M) de la Direction des études analytiques, no 347, mars 2013; Recensement de la population, Enquête sur la population active, Enquête sur les antécédents de travail (1981), Enquête sur l’adhésion syndicale (1984), Enquête sur l’activité (1986 à 1990).

Les chiffres de 1982 et 1983 sont des interpolations calculées à partir des données de 1981 et de 1984. Les chiffres de 1985 sont des interpolations calculées à partir des données de 1984 et de 1986. Les chiffres de 1991 à 1996 sont des interpolations calculées à partir des données de 1990 et de 1997.

Médiane du salaire horaire réel des femmes pour des emplois à temps plein, entre 1981 et 2014 (1981 = 100)
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Année Age
17-24 25-34 35-44 45-54
1981 100 100 100 100
97.5 100.8 101.2 101.5
94.9 101.6 102.3 103
1984 92.4 102.4 103.5 104.5
87.6 101.6 104.5 105.6
1986 82.7 100.9 105.4 106.7
1987 85.2 99.6 104.6 106.4
1988 92.4 99.2 106.6 104.8
1989 85.6 99.9 106.2 105.7
1990 88.6 99.5 104.9 106.8
87.7 99.6 106 109.1
86.7 99.7 107.1 111.4
85.7 99.8 108.2 113.7
84.8 99.9 109.3 116
83.8 100 110.4 118.3
82.8 100.1 111.5 120.6
1997 81.9 100.2 112.6 122.9
1998 81.2 101.9 111 120.2
1999 84.7 101.9 110.6 122.6
2000 83.2 103.1 110.2 122.9
2001 85.3 104.1 111.3 121.3
2002 88 104.6 110.6 123.1
2003 85.6 106 112.8 119.7
2004 84.1 105.6 112.5 123.8
2005 82.7 105.2 113.5 124.6
2006 88.3 106.4 114.4 123.7
2007 87.6 107.9 113.5 127.4
2008 93.1 110.7 120.3 126
2009 97.7 114.8 123.7 128.9
2010 92.7 112.3 124.7 130.1
2011 95.2 110.6 122.9 129.4
2012 93.8 112.8 125.1 129.5
2013 96 116.3 127.9 132.3
2014 94.3 115.8 128.9 132.2
  • Source : Perspectives sur le marché du travail des jeunes au Canada, 1976 à 2015. Mise à jour à partir de la Série de documents de recherche (11F0019M) de la Direction des études analytiques, no 347, mars 2013; Recensement de la population, Enquête sur la population active, Enquête sur les antécédents de travail (1981), Enquête sur l’adhésion syndicale (1984), Enquête sur l’activité (1986 à 1990).

Les chiffres de 1982 et 1983 sont des interpolations calculées à partir des données de 1981 et de 1984. Les chiffres de 1985 sont des interpolations calculées à partir des données de 1984 et de 1986. Les chiffres de 1991 à 1996 sont des interpolations calculées à partir des données de 1990 et de 1997.

Les jeunes travailleurs d’aujourd’hui débourseront davantage pour leurs études et leur formation, et posséderont un patrimoine net inférieur à celui de leurs parents dans les années 1980Note du bas de page 8. Ce n’est pourtant pas de la paresse; les étudiants à temps plein sont beaucoup plus présents sur le marché du travail qu’ils ne l’étaient au milieu des années 1970Note du bas de page 9. Malgré ces efforts, environ 50 % des étudiants universitaires contractent des prêts et terminent leurs études avec, en moyenne, 27 000 $ de dettesNote du bas de page 10.

Les jeunes Canadiens qui obtiennent un diplôme aujourd’hui et commencent à travailler sont pris à la gorge par des revenus stagnants, des prix élevés, moins de temps et des dettes importantesNote du bas de page 11. Ils quittent donc le nid familial tardivement et reportent à plus tard les événements majeurs d’une vieNote du bas de page 12.

Même si le taux de chômage chez les jeunes est semblable à ceux du milieu des années 1970, le nombre de jeunes possédant un emploi permanent ou à temps plein a chuté de façon considérable. Les jeunes n’étudiant pas à temps plein sont en effet proportionnellement moins nombreux que leurs semblables d’il y a quarante ans à détenir un emploi à temps plein (c’est-à-dire, des emplois au moins 30 heures par semaine). D’ailleurs, une proportion plus grande de ces employés à temps plein occupent un poste temporaireNote du bas de page 13.

L’emploi précaire n’est pas limité aux postes temporaires, et il peut inclure plusieurs types d’emplois, comme le travail contractuel ou à temps partiel involontaire, , car ils n’offrent aucun avantage social (ou des avantages partiels) et aucune perspective d’avenir. Par ailleurs, ils peuvent présenter des risques pour la sécurité des individus si certains outils et une formation en santé et sécurité ne sont pas offerts.

Pourcentage des employés à temps plein occupants des postes temporaires entre 1989 et 2014 (étudiants non compris) – hommes
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Année 15-24 25-34 35-54
1989 7,4 4,8 2,1
1997 22 8,5 5,8
2014 24,1 10,3 6,7
Pourcentage des employés à temps plein occupants des postes temporaires entre 1989 et 2014 (étudiants non compris) – femmes
Montrer le tableau de données
Année 15-24 25-34 35-54
1989 7,8 3 3,4
1997 20,6 8 6
2014 26 10,7 6,2

Selon certaines sources, plus d’un diplômé sur cinq occupe un emploi précaireNote du bas de page 14. Coincés dans ce type d’emploi, les jeunes tardent à jouer un réel rôle plein dans l’économie du pays et voient leur potentiel de gains et d’épargne à vie se réduire.

Une culture organisationnelle changeante

Une étudeNote du bas de page 15 de l’OCDE indique que le passage du secteur manufacturier à une économie fondée sur les services et le savoir a mené à miser davantage sur les compétences générales. Ce repositionnement des secteurs n’est toutefois pas le seul changement dans le monde du travail, car celui-ci a aussi connu des transformations d’ordre stylistique. Le télétravail, les bureaux à aires ouvertes, la sensibilisation aux différences culturelles et le principe de responsabilité sociale des entreprises ont permis de transformer notre façon de travailler au cours des dernières décennies.

Compte tenu de la vitesse à laquelle évoluent les technologies dans tous les secteurs de l’économie, les employeurs recherchent des travailleurs prêts et aptes à adopter une culture d’apprentissage permanent. L’employé doit constamment élargir ses compétences dans les domaines en évolution afin que l’employeur, qui innove et adopte de nouvelles technologies, atteigne un niveau de productivité qui lui permet d’être concurrentiel.

Les changements culturels ont aussi influé sur la façon dont les jeunes perçoivent les marques de succès plus « traditionnelles », comme gravir les échelons dans une entreprise. Au cours de nos consultations, nous avons appris que l’équilibre travail-vie personnelle, le télétravail, l’accès à un service de garde et les congés parentaux sont importants pour les jeunes. Les employeurs visionnaires sont en train d’adapter leurs pratiques en matière d’emploi pour mieux répondre aux besoins des jeunes travailleurs et ainsi améliorer le recrutement, la mobilisation et la rétention du personnel.

Les emplois temporaires et contractuels

Certaines personnes choisissent d’occuper à long terme des emplois temporaires ou contractuels, ce qui correspond plus à leur style de vie et leur permet de jouir d’une plus grande liberté. En soi, cette décision n’est pas mauvaise, puisque chaque jeune a besoin d’acquérir une certaine expérience et occuper de tels emplois leur ouvre des possibilités.

Peu importe leur raison et leur niveau de scolarité, les jeunes sont plus susceptibles d’occuper des postes temporaires que leurs homologues plus âgésNote du bas de page 16. Ce choix peut s’avérer positif pour quelqu’un qui se lance à son compte et jouit d’un bon soutien. Toutefois, cela peut devenir un réel problème lorsqu’il s’agit d’une obligation et que l’aide n’existe pas.

Plusieurs jeunes envisagent l’entrepreneuriat. Ils se détournent du monde du travail traditionnel pour faire valoir leurs idées novatrices grâce auxquelles ils croient pouvoir gagner leur vie. Bien que des émissions comme Dans l’œil du dragon et Shark Tank aient permis de démocratiser l’entrepreneuriat, il n’en reste pas moins que ce choix de carrière demeure peu répandu auprès des jeunes. Le nombre de jeunes entrepreneurs entre 15 et 29 ans était bas et fluctuant entre 2000 et 2012, mais a grimpé de manière constante de 2012 à 2016Note du bas de page 17. Par ailleurs, les individus de ce groupe d’âge représentaient la plus petite proportion des travailleurs autonomes comptant des employésNote du bas de page 18.

Certains jeunes ont plus de difficultés que d’autres sur le marché du travail

Quelles que soient les conditions économiques, les jeunes se retrouvent plus souvent au chômage que la population générale. Bon nombre manquent d’expérience lorsqu’ils font leur première incursion sur le marché du travail. Ils sont aussi plus à risque de perdre leur emploi lors d’un ralentissement économique, selon le principe du « dernier embauché, premier licencié ». Bien sûr, les jeunes rencontrent des difficultés qui sont communes à tous, mais certains doivent surmonter des obstacles supplémentaires, ce qui les rend plus vulnérables.

Sur un marché du travail où les travailleurs doivent être de plus en plus scolarisés pour se démarquer, il est particulièrement difficile pour les jeunes peu scolarisés de se tailler une place. En 2015, les jeunes entre 15 et 29 ans non titulaires d’un diplôme d’études secondaires affichaient un taux d’emploi de 53,9 %, ce qui était considérablement inférieur à celui des jeunes ayant fait des études postsecondaires (86,2 %)Note du bas de page 19.

De plus en plus de jeunes Autochtones terminent leur secondaire, se dirigent vers des études postsecondaires et jouent un rôle de premier plan dans leur communauté. Or, le taux d’emploi des jeunes Autochtones de 15 à 29 ans (43,6 %) est bien en deçà de celui de leurs pairs non autochtones (60,5 %). La situation d’emploi de ceux vivant dans les réserves est encore pireNote du bas de page 20.

Plusieurs enjeux expliquent les difficultés qu’ont les jeunes Autochtones à poursuivre leurs études et trouver du travail. Le traumatisme intergénérationnel issu de la colonisation, la discrimination, de même que le manque d’infrastructures dans les communautés éloignées sont de grands obstacles à surmonter. Les taux de suicides et d’abandons scolaires sont élevés dans beaucoup de réserves et de communautés éloignées. Les installations manquent pour permettre aux jeunes de guérir leurs blessures et de développer les compétences dont ils ont besoin pour s’épanouir pleinement. Bon nombre d’étudiants doivent quitter leur communauté éloignée pour poursuivre leurs études postsecondaires dans les grands centres. Un tel changement peut être très difficile à vivre et peut parfois mener à la dépression, à la maladie mentale, voire à l’itinérance dans le cas d’un manque de ressources adéquates.

Alors que la situation des jeunes immigrants sur le marché du travail s’améliore en fonction du temps passé au Canada et que bon nombre d’entre eux bénéficient du fait qu’ils reçoivent plus longtemps des prestations de soutien à la famille, les jeunes immigrants récents (ceux qui sont au Canada depuis 5 ans ou moins et âgés de 15 à 29 ans) éprouvent toujours plus de difficulté sur le marché du travail par rapport à leurs homologues nés au Canada. Par exemple, en 2011, 48,9 % des jeunes ayant immigré très récemment avaient un emploi, soit une proportion bien inférieure à celle observée chez les jeunes nés au Canada (61 %)Note du bas de page 21.

Enfin, les jeunes ayant une incapacité peuvent avoir plus de difficulté à trouver et à conserver un emploi comparativement à leurs homologues n’ayant pas d’incapacité. En 2012, approximativement 44 % des jeunes de 15 à 24 ans ayant une incapacité affirmaient s’être heurtés à au moins un obstacle à l’emploi et affichaient un taux d’emploi de 32 %, alors que celui des jeunes n’ayant pas d’incapacité était de 51,9 %. Les jeunes ayant une incapacité grave ou une incapacité d’ordre mental ou psychologique affichent des taux de chômage beaucoup plus élevésNote du bas de page 22.

Parmi les jeunes qui éprouvent de la difficulté sur le marché du travail, certains risquent d’entrer dans la catégorie NEEF (ni en emploi, ni aux études, ni en formation). Les jeunes NEEF sont susceptibles de s’isoler. Certains d’entre eux se trouveront dans une situation à faible revenu ou n’auront pas les compétences nécessaires pour revenir sur le marché du travailNote du bas de page 23. Dans l’ensemble, ceux qui ont le plus de mal à se trouver un emploi, notamment les jeunes Autochtones et les jeunes ayant immigré très récemment, sont souvent dans la catégorie NEEF. En 2012, environ 40 % des jeunes de 24 à 35 ans ayant une incapacité étaient classés dans cette catégorie. En 2015, on comptait 860 000 jeunes Canadiens NEEF, ce qui représente 12,6 % de la population des jeunesNote du bas de page 24. De ce nombre, 420 000 jeunes ne faisaient pas partie de la population active et ne voulaient pas d’emploi. Les chercheurs ont proposé quelques pistes pour expliquer l’absence de ces jeunes de la population activeNote du bas de page 25, mais comme l’Enquête sur la population active n’aborde pas ces questions, aucune réponse claire ne permet de l’expliquer.

Le monde d’emploi des jeunes au Canada
Description textuelle du graphique
  • En 2015, le nombre de jeunes âgés de 15 à 29 ans au Canada était d’environ 6,8 millions.
  • Parmi les 6,8 millions de jeunes au Canada, 3,7 millions n’étaient pas étudiants et 3,1 millions étaient étudiants.
  • Parmi les 3,7 millions de non-étudiants, 2,84 millions de jeunes occupaient un emploi, alors que 860 000 autres n’étaient ni en emploi, ni aux études, ni en formation (NEET).
  • Parmi les 860 000 jeunes NEET, 357 000 étaient des chômeurs (en recherche d’emploi active) et 502 000 étaient inactifs (aucune recherche d’emploi active).
  • Parmi les 357 000 chômeurs, 25 900 étaient des chômeurs à long terme (recherche d’un emploi depuis 50 semaines ou plus).
  • Parmi les 502 000 jeunes inactifs, 427 399 ne voulaient pas travailler et 75 216 voulaient travailler, mais n’ont pas cherché d’emploi.
  • Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active (2015). Estimation annuelle basée sur la moyenne des mois de janvier, février et mars (2015).

Selon les dernières données de l’OCDE comparables pour les pays du G7 (2015), le Canada affichait le deuxième taux NEET parmi les plus faiblesNote du bas de page 26. Même si ce taux soutient bien la comparaison internationale, le taux de jeunes NEET au Canada a grimpé de 1,5 point de pourcentage pendant la récession de 2008 et est demeuré élevé depuis.

Une multitude de programmes et d’interventions

De nombreux programmes et mécanismes de soutien ont été mis en place partout au Canada pour aider les jeunes dans leur transition vers l’emploi et dans leur cheminement de carrière. Cependant, l’offre ne répond pas toujours à la demande. Sur le marché du travail, par exemple, plusieurs petites et moyennes entreprises ont du mal à recruter de bons employés, alors que des milliers de jeunes cherchent du travail.

Les processus d’aide à l’emploi impliquent souvent la collaboration des gouvernements, des employeurs, des syndicats, des établissements d’enseignement ou de formation et des organismes communautaires. La Stratégie emploi jeunesse (SEJ), au cœur des initiatives du gouvernement du Canada, a comme mission d’aider les jeunes de 15 à 30 ans à obtenir l’information et à acquérir les compétences et l’expérience de travail nécessaires pour réussir leur transition vers le marché du travail.

La SEJ comprend trois volets distincts :

Les provinces et les territoires offrent, eux aussi, des services d’aide à l’emploi aux jeunes. Ces programmes reflètent davantage les priorités régionales et ciblent des sous-groupes au sein de la population de jeunes ou des secteurs d’emploi ou professions particuliers.

Un réseau complexe de ressources

Trouver les ressources adéquates dans le système peut être ardu et demander beaucoup de temps et de connaissances, et ce, pour tous les participants. Les principaux pivots du système d’aide à l’emploi se situent à l’échelle provinciale ou territoriale, ce qui pose un problème du point de vue de la mobilité des jeunes. Aussi, de nombreux programmes ouverts pour une courte période appliquent des critères de sélection très pointus, en ciblant des jeunes d’un certain âge, revenu ou niveau d’éducation. Ces exigences strictes peuvent nuire aux employeurs, qui doivent consacrer du temps et des ressources afin de trouver de jeunes travailleurs par l’intermédiaire de programmes d’emploi.

Des pratiques novatrices

De plus en plus de gens prennent conscience de l’importance des programmes ciblés visant à soutenir, à encadrer et à accompagner la relève, en plus de former et d’embaucher les jeunes vulnérables. Ces initiatives peuvent être menées par des employeurs ou des partenaires au sein du secteur privé, d’organismes à but non lucratif et d’établissements d’enseignement.

On peut regrouper les différentes pratiques novatrices, menées au Canada et ailleurs, selon les obstacles qu’elles cherchent à lever.

Le manque d’information
La sous-valorisation
L’incertitude
Le manque de préparation
Le rejet
Le manque de ressources

Notre approche

En tant que groupe d’experts, nous devions d’une part déterminer les obstacles que rencontrent les jeunes lors de la recherche d’emploi et, d’autre part, étudier les pratiques novatrices des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des employeurs, afin d’améliorer la performance du marché du travail.

Nous avons d’abord tenté de trouver des réponses à quelques questions clés en analysant les données. Au Canada, combien de jeunes sont au chômage? Au Canada, quels jeunes risquent le plus d’avoir du mal à se trouver un emploi? Au Canada et dans le monde, quels programmes sont déjà en place pour les jeunes qui ont besoin d’aide?

Après avoir dressé un bref portrait de la situation de l’emploi chez les jeunes, nous avons rencontré en personne ou contacté, par téléphone ou par vidéoclavardage, des centaines de personnes impliquées dans ce dossier.

Nous avons parlé à 358 personnes et organisations venant de partout au pays : Victoria, Vancouver, Calgary, Edmonton, Regina, Winnipeg, Toronto, Ottawa, Montréal, Québec, Rimouski, Sherbrooke, Halifax, Charlottetown, St. John’s, Nunavik, Eeyou Istchee, Nanaimo, Kelowna, Kamloops, Prince George, Prince Rupert et Whitehorse.

Nous avons aussi rejoint de jeunes Canadiens grâce à notre page Facebook, à Twitter et à un sondage en ligne. Dans un autre sondage, nous avons demandé à différents employeurs et fournisseurs de services de nous parler de leurs mesures d’aide à l’emploi pour les jeunes.

Finalement, nous avons organisé des tables rondes à Moncton, Montréal, Québec, Toronto, Winnipeg, Calgary, Edmonton et Vancouver.

La parole aux intervenants

  • « Attention à ne pas dévaloriser la formation des jeunes ou rendre l’éducation uniquement un instrument de travail. Elle sert à enrichir la vie des individus. » Professeur, Québec
  • « Les lois du travail sont difficilement applicables aux relations tripartites, ce qui a un impact sur le respect de la loi, sur les conditions de santé et sécurité du travail et sur les conditions d’emploi. » Professeur, Québec
  • « En milieu rural, outre l’accès à des services et infrastructures importantes, les interventions devraient favoriser l’accès à un réseau social extérieur à la famille et à la municipalité d’origine. » Professeur, Québec
  • « Les difficultés professionnelles que vivent les jeunes ne sont pas dues à une pénurie d’emplois, mais à des problèmes de recrutement. »
  • Professeur, Québec
  • « Il faudrait documenter les rôles de diverses sources d’information et les raisons et motivations qui ont les jeunes pour privilégier certaines plutôt que d’autres. » Professeur, Québec
  • « Ces jeunes ayant interrompu avant d’obtenir un diplôme ne manquent pas d’aspirations, de formation, travail et de vie . » Professeur, Québec
  • « C’est une contradiction  entre se vendre ou « gagner sa vie » et « vivre sa vie » à laquelle sont poussées les nouvelles générations. » Professeur, Québec
  • « Lorsque vous voyez toutes les portes se fermer, vous ressentez un poids énorme, du stress et de la colère. » Intervenant pour le soutien aux jeunes, Québec

Faire tomber les barrières

Durant nos consultations, nous avons entendu que pour faire une transition réussie vers l’emploi, les jeunes doivent apprendre à s’adapter et acquérir des compétences ou élaborer des stratégies qui leur seront utiles pour établir un lien stable et engagé avec le marché du travail tout au long de leur carrière. Dans le scénario contraire, une transition difficile peut mener à des situations d’instabilité en emploi et à des problématiques sociales.

On peut regrouper les obstacles à la transition selon les catégories indiquées ci-dessous.

Le manque d’information

Les jeunes ont besoin d’un accès à une information détaillée sur l’emploi, présentée de manière simple, claire et concise, par exemple offerte en version mobile, accessible en tout temps.

Les jeunes ne se soucient pas de qui chapeaute le projet ou de quel niveau du gouvernement organise les services. Tout ce qu’ils veulent, c’est avoir accès à de l’information pertinente sur les perspectives des secteurs d’activité, les implications en termes de mobilité, les exigences particulières de formation et le lieu et la manière de recevoir les ressources d’aide. En éliminant les services offerts en double, les gouvernements pourront réinvestir dans les programmes qui ont fait leurs preuves.

En plus de rendre l’information accessible aux jeunes, nous devons les accompagner dans leurs démarches, en offrant plus qu’un suivi individuel. Nous devons leur fournir des modèles et des personnes-ressources qui sauront les aider sur le plan personnel, mais aussi leur présenter un éventail de possibilités d’emploi, dont l’entrepreneuriat. Par exemple, les choix de carrière en milieu rural ou dans une région éloignée semblent se limiter à professeur, infirmier ou personne de métier. Comment un jeune peut-il découvrir d’autres possibilités, comme technicien en environnement ou spécialiste du commerce en ligne?

Les jeunes ne sont pas les seuls à manquer d’information. Les gouvernements et les organisations qui cherchent à mettre en place des mesures d’aide se heurtent aussi à un manque de données lorsqu’ils cherchent de l’information sur les expériences de travail des jeunes, par tranche d’âge ou par groupe démographique.

La sous-valorisation

Les employeurs jouent un rôle déterminant dans la solution au problème d’emploi chez les jeunes. Malheureusement au Canada, une idée répandue veut que les employeurs hésitent souvent à embaucher des jeunes. Le stéréotype du jeune désintéressé, gâté et paresseux est largement véhiculé. Certains employeurs écarteront donc d’emblée les candidatures de jeunes. Souvent, les employeurs prennent même en considération une expérience professionnelle particulière ou une attestation d’études canadienne.

Les défenseurs de la jeunesse prétendent que certains employeurs ne saisissent pas l’intérêt que représente l’embauche de jeunes au sein de leur effectif. Pourtant, ceux-ci apportent innovation et créativité, qui sont synonymes de productivité et de compétitivité de la main d’œuvre.

Nous avons appris dans le cadre de nos consultations que les postes de débutant dans le secteur à but non lucratif sont souvent occupés par de jeunes bénévoles. D’ailleurs, de nombreux rapports indiquent que des jeunes ratent des possibilités d’emploi intéressantes, car ils ne peuvent pas se payer le luxe de travailler bénévolement. Malgré le fait que les stages non rémunérés sont illégaux dans la plupart des provinces, on nous a indiqué qu’un flou juridique demeure dans le Code canadien du travail et qu’une mise à jour serait nécessaire.

L’incertitude

La morosité de l’économie fait en sorte que les employeurs frileux réduisent probablement leurs dépenses en offrant des postes à temps partiel ou des contrats au lieu d’embaucher des employés à temps plein. Ces entreprises et les agences de placement à qui elles font appel temporairement pour engager des travailleurs finissent souvent par embaucher plus de personnes que prévu. L’inconvénient de ces postes, c’est qu’ils n’offrent pas d’avantages sociaux ni de formation succincte. Les salaires sont bas et la permanence des emplois n’est pas garantie. Cette situation peut faire entrave aux jeunes, particulièrement aux « contractuels en série », employés sans en porter le titre et exempts de toute protection.

Un milieu de travail qui respecte et valorise la sécurité financière ainsi que la santé physique et mentale des employés est essentiel à la réussite des jeunes. Au Canada, seulement un employé sur cinq reçoit une formation sur la sécurité au cours de la première année de travail chez un nouvel employeurNote du bas de page 27, une donnée alarmante dans le contexte actuel des emplois temporaires, contractuels et non syndiqués. Les jeunes sont moins susceptibles de devenir des travailleurs syndiqués que les personnes d’autres groupes d’âge. Cela s’explique par la baisse des taux de syndicalisation entre 1981 et 2014 chez les jeunes de 17 à 24 ansNote du bas de page 28.

Un bon moyen d’acquérir de l’expérience et d’entrer sur le marché du travail est d’occuper différents emplois temporaires ou contractuels. Cependant, ces types d’emplois comportent de nombreux désavantages pour les jeunes qui doivent rembourser leurs prêts étudiants et qui souhaitent épargner à long terme : bas salaires, conditions de travail dangereuses, problèmes de santé mentale liés au stress et inadmissibilité à l’assurance-emploi. Parmi les jeunes qui cotisent à l’assurance-emploi, 54 % d’entre eux étaient admissibles aux avantages sociaux alors que 82 % des contributeurs âgés de 25 à 44 ans y avaient droitNote du bas de page 29. Malgré l’existence d’emplois non conventionnels et précaires partout au pays, l’admissibilité à l’assurance-emploi varie selon le lieu de résidence. Même si les jeunes travailleurs sont admissibles à l’assurance-emploi, l’occupation d’emplois temporaires ne leur donnera probablement droit qu’à des avantages sociaux limités à court terme.

Les jeunes personnes qui visent une carrière entrepreneuriale doivent surmonter des obstacles similaires étant donné leur manque d’expérience en gestion. Il peut s’avérer difficile d’obtenir du financement et d’élargir son réseau social pour construire une entreprise du simple fait d’être jeune.

Le manque de préparation

Nous avons entendu que « la perspective d’emploi ne repose pas uniquement sur le fait d’obtenir un emploi, mais aussi sur l’employabilité à long terme ». Pour que les jeunes soient aptes à travailler à long terme, ils doivent acquérir les habiletés et les compétences transférables essentielles à la poursuite de carrières stimulantes.

Selon une étude menée à l’échelle mondiale par McKinsey en 2015, seulement 34 % des employeurs estiment que les jeunes sont prêts à intégrer le marché du travailNote du bas de page 30. Un sondage réalisé en 2013 par Passeport pour ma réussite révèle que plus de la moitié des Canadiens (54 %) croient que les jeunes ne sont même pas moyennement prêts à satisfaire les besoins croissants du marché de l’emploiNote du bas de page 31. D’autres études, cependant, nous suggèrent le contraire. Prenons l’exemple d’un sondage effectué en 2016 par le Conseil canadien des affaires auprès d’employeurs du secteur privé. Les deux tiers des employés interrogés pensent que les nouveaux diplômés sont prêts à entrer sur le marché du travailNote du bas de page 32.

Afin d’obtenir un emploi dans lequel les jeunes pourront s’épanouir, ces derniers doivent acquérir certaines compétences : culture financière, esprit critique, esprit de collaboration et aptitude à réseauter. Mais qu’en est-il de ces jeunes qui vivent dans l’itinérance, qui n’ont pas d’adresse ni de numéro d’assurance sociale? Comment un jeune qui vit dans une région éloignée et qui n’a pas accès à Internet peut-il se préparer au marché du travail? Comment un jeune qui a une incapacité peut-il acquérir des compétences si sa candidature est sans cesse rejetée?

La préparation des jeunes au marché du travail est un continuum dans lequel l’âge joue souvent un rôle. La cohorte des jeunes âgés de 15 à 29 ans ne constitue pas une population homogène. Les personnes issues de différentes réalités et ayant des objectifs distincts ont besoin de divers types de reconnaissance (par exemple, une attestation d’études officielle ou la reconnaissance des habiletés acquises grâce à l’expérience informelle de travail et de vie).

De plus, pour bien se préparer, il faut savoir se mettre en valeur aux yeux de futurs employeurs susceptibles d’être intéressés par sa candidature. Il faut connaître le vocabulaire du métier afin d’expliquer en quoi ses habiletés, son expérience et ses qualifications sont pertinentes à l’emploi pour lequel on postule. Entretenir un réseau social pour recevoir du soutien, des conseils et de l’aide dans la recherche d’emploi peut s’avérer essentiel à l’obtention d’un emploi stable. Il arrive souvent que les jeunes défavorisés ne possèdent pas de tels réseaux et manquent d’information sur leurs droits au travail.

Les rencontres en personne et la consultation d’orientation peuvent également bonifier la préparation. C’est là un paradoxe en cette ère de numérisation : le capital social est de plus en plus essentiel à la création de réseaux et à l’obtention d’un emploi.

Les écoles, les gouvernements et les services sociaux ont un rôle à jouer pour aider tous les jeunes à trouver une source de revenus adéquate et sûre, qu’il s’agisse de travailler en restauration, en informatique ou en droit.

Le rejet

La discrimination peut faire obstacle à certains jeunes.

Il a été démontré que la diversité du Canada n’est pas représentée au sein de la culture des entreprises ni dans les programmes au soutien de l’emploi. Selon le sondage en ligne du Groupe d’experts sur l’emploi chez les jeunes, 12 % des répondants admettent avoir de la difficulté à trouver un emploi qui leur convient à cause de la discrimination dont ils sont l’objet.

La discrimination systématique et indirecte fait obstacle à l’obtention d’emplois, mais aussi à l’avancement d’une personne en milieu de travail. Parmi les jeunes « rejetés » qui sont victimes de discrimination, nous pouvons inclure les Autochtones, les immigrants récents, les personnes LGBTQ2+, les personnes ayant des incapacités, les personnes ayant des problèmes de santé mentale, les personnes racialisées, les personnes ayant des antécédents criminels ainsi que les itinérants. Par exemple, un répondant s’identifiant comme Autochtone avait l’impression d’avoir à se prouver davantage que les autres dans les entrevues d’embauche et en milieu de travail pour avoir droit à la même reconnaissance. Une personne sondée explique avoir eu l’impression de devenir un fardeau pour son employeur lorsqu’il l’a informé de sa maladie mentale. Un autre répondant affirme que le harcèlement et l’homophobie dont il a été victime l’ont forcé à quitter deux emplois.

Même si la discrimination n’est pas seulement l’affaire des jeunes, il n’en reste pas moins que cette réalité génère la stigmatisation de la jeunesse qui voit sa situation économique se détériorer de manière durable. Cela peut également avoir des impacts à long terme sur la participation au marché du travail. Aidons ces jeunes à reconnaître la valeur de leurs habiletés et à surpasser leurs vulnérabilités par l’entremise d’expériences positives qui sauront les doter d’un solide bagage de connaissances, de confiance en soi et d’expérience de travail, et ce, dans un milieu social qui offre du soutien. En investissant en eux, nous investissons dans l’avenir du pays.

Le manque de ressources

Les jeunes Autochtones représentent un potentiel considérable, que ce soit dans les domaines des affaires, de la technologie ou du travail communautaire, étant donné qu’ils font partie du segment de la population ayant la croissance démographique la plus importante au Canada. Le Groupe d’experts a observé de première main que les jeunes Autochtones contribuent grandement aux initiatives commerciales et communautaires partout au pays. Qu’ils soient des jeunes pousses en technologie ou des propriétaires de vignes, les Autochtones sont des propriétaires ou des chefs d’entreprises qui engagent de jeunes de leurs collectivités.

Cependant, il semblerait que les jeunes personnes autochtones ont encore l’impression que les dés sont pipés en leur défaveur. Le traumatisme intergénérationnel issu de la colonisation et la discrimination affectent les plus jeunes, avant même que ceux-ci ne songent à intégrer le marché du travail. Comparativement aux personnes non autochtones, ces jeunes se heurtent encore à de nombreux obstacles qui les empêchent d’accéder à l’apprentissage, l’éducation et l’emploi. Les enjeux sont complexes et varient selon l’endroit dans le pays puisque les jeunes des régions éloignées ou du Nord doivent affronter des difficultés bien différentes de celles des jeunes des milieux urbains. Dans le même ordre d’idées, les problèmes auxquels fait face un jeune travailleur métis ne sont pas les mêmes que ceux d’un travailleur inuit.

On nous a fait part des inquiétudes entourant les déficits de financement de l’éducation, notamment chez les jeunes des Premières Nations qui vivent dans des réserves par rapport au reste de la population. Chez la jeunesse inuite, le taux de décrochage scolaire élevé fait obstacle au développement d’habiletés essentielles.

Il arrive souvent que les jeunes Autochtones doivent voyager loin de leur famille ou de tout soutien personnel, car ils manquent de ressources au sein de leur communauté ou parce qu’ils poursuivent leurs études dans d’autres villes ou centres urbains. Ces changements difficiles peuvent parfois mener à la dépression, à la maladie mentale, voire à l’itinérance dans le cas d’un manque de ressources adéquates en intégration, en réseautage ou en recherche d’emploi. Nos discussions ont donc mis en lumière la nécessité d’une amélioration de l’infrastructure éducationnelle au sein des collectivités ainsi que du soutien et des ressources disponibles pour les personnes qui étudient ailleurs.

On nous a également fait part des obstacles liés à l’héritage de la colonisation. Le racisme et la discrimination sont des obstacles majeurs à l’obtention d’un emploi, ce qui pousse certains à taire leur identité culturelle ou à changer leurs nom et prénom officiels sur leur curriculum vitæ. Pour certains jeunes en famille d’accueil, il est difficile de travailler sur l’estime de soi et d’en apprendre sur leur identité culturelle, alors que d’autres manquent de ressources thérapeutiques lorsque, par exemple, ils sont pris d’une crise ou qu’ils sortent de prison. Nous avons appris que la guérison est une condition préalable à la réinsertion sur le marché du travail. Nous sommes également conscients du manque de ressources pour la création et la croissance d’entreprises au sein des collectivités.

Prochaines étapes : nos recommandations

Le mandat de notre groupe d’experts était d’examiner les obstacles que doivent surmonter les jeunes Canadiens et Canadiennes lorsqu’il est question de trouver et de conserver un emploi satisfaisant. Nous avons entendus de manière unanimes et partout au pays: nous voulons que les jeunes reçoivent des revenus stables et sûrs, ce qui leur permettra de contribuera de manière pleine au marché du travail et de m’maintenir une qualité de vie digne.

Lors de discussions portant sur les politiques à élaborer concernant l’emploi chez les jeunes, nous avons été surpris du nombre de leviers majeurs qui sont de ressort provincial. Le système d’éducation, de la maternelle jusqu’à la fin du secondaire, doit offrir des activités d’enseignement et d’apprentissage adaptées à l’avenir. Nous reconnaissons la nécessité d’un enseignement postsecondaire axé sur les perspectives d’emploi, d’une réforme de l’aide sociale et de l’existence de projets pilotes sur le revenu de base. Nous encourageons les gouvernements provinciaux et territoriaux à comprendre comment les obstacles et solutions relevés dans ce rapport peuvent être intégrés à leurs programmes et initiatives.

Cela dit, tous les intervenants en cause dans l’écosystème de l’emploi des jeunes ont leur rôle à jouer afin d’offrir leur soutien:

Nous jugeons encourageantes les pratiques novatrices qui existent. Le gouvernement du Canada peut avoir une incidence considérable sur l’emploi des jeunes en adoptant ces pratiques exemplaires et en appliquant les recommandations exposées ci‑dessous.

Le leadership du gouvernement du Canada

Le rôle du gouvernement du Canada dans la direction de cet écosystème est primordial. Au cours des consultations, on nous a indiqué que le gouvernement fédéral devrait formuler une vision plus claire des possibilités d’emploi pour les jeunes Canadiens, puis, en sa qualité de dirigeant, « prêcher par l’exemple ».

D’après nos consultations, les jeunes ont l’impression que les gouvernements prennent des décisions sans se rendre compte que les compromis d’aujourd’hui auront des répercussions sur la relève. Nous saluons les efforts du gouvernement pour prendre en compte les répercussions des mesures du budget de 2017 sur les personnes par l’entremise de l’énoncé relatif aux sexes. Nous encourageons le gouvernement à inclure une analyse semblable visant les jeunes Canadiens et Canadiennes dans le budget de 2018. Le gouvernement doit démontrer que les jeunes représentent un groupe prioritaire et faire preuve de prévoyance en adoptant une optique intergénérationnelle lorsqu’il analyse les politiques et prend des décisions budgétaires.

Après avoir consulté divers intervenants, nous recommandons que le gouvernement du Canada prenne les mesures ci-dessous afin de surmonter les obstacles à l’emploi des jeunes.

Investir auprès des plus vulnérables

1. Améliorer la Stratégie emploi jeunesse

Nous appuyons l’investissement supplémentaire de 395,5 millions de dollars dans la Stratégie emploi jeunesse (SEJ) du gouvernement du Canada, qui est proposé dans le budget de 2017. Nous recommandons d’améliorer la SEJ de façon à soutenir les gens qui en ont le plus besoin. Le programme Connexion compétences devrait être axé sur la prestation de services holistiques à ceux qui sont le plus à risque. Par ailleurs, les activités d’Emplois d’été Canada ne doivent pas se limiter aux emplois d’été. Finalement, l’entrepreneuriat doit être encouragé comme une option de carrière valable pour la jeunesse. Nous encourageons le gouvernement à s’assurer que ces services seront offerts aux jeunes dans les collectivités rurales et éloignées.

Plus précisément, voici nos recommandations concernant les façons d’améliorer la SEJ :

2. Cibler les jeunes Autochtones

Au cours des dix prochaines années, près de 400 000 jeunes Autochtones seront en âge d’accéder au marché du travailNote du bas de page 35. Dans ce contexte, le gouvernement fédéral a un rôle primordial à jouer, qui consiste à collaborer avec des gouvernements et des communautés à l’échelle provinciale, territoriale, municipale et internationale, mais surtout avec des gouvernements et des communautés autochtones, afin de miser sur le potentiel de la prochaine génération de dirigeants autochtones, qu’ils vivent dans des communautés rurales et éloignées, dans des centres urbains ou dans le nord du Canada.

Le temps est venu de collaborer avec les communautés et la jeunesse autochtones, afin de leur offrir les outils nécessaires pour adresser les obstacles majeurs auxquels elles font face. Pour ce faire, il faudra entre autres tenir compte de la présence d’un large éventail de défis, et reconnaître qu’une approche universelle ne fonctionnera pas auprès d’une population qui se distingue par sa culture, sa langue et son vécu.

Nous avons été ravis de constater que les investissements proposés dans le budget de 2017 en matière d’éducation, de développement des compétences et de possibilités de formation pour les Canadiens autochtones correspondaient à ce que nous avons entendu pendant nos consultations.

Nous recommandons que le gouvernement du Canada prenne les mesures suivantes dans le cadre de son partenariat avec les collectivités autochtones et les jeunes Autochtones :

Rationaliser et simplifier les programmes

3. Repenser l’exécution des programmes d’emplois destinés aux jeunes

Compte tenu des renseignements qu’il possède sur le marché du travail, le gouvernement du Canada a l’occasion et même l’obligation d’assumer un rôle de premier plan en assurant l’efficacité des programmes d’emploi. Le Groupe recommande que le gouvernement fédéral apporte immédiatement les modifications proposées dans la section précédente (voir le point 1) à sa Stratégie emploi jeunesse. Nous croyons que ces recommandations auront un effet positif et immédiat sur l’emploi des jeunes.

Nous croyons également qu’il y a lieu d’examiner davantage les programmes d’emplois destinés aux jeunes de façon plus générale et de clarifier les rôles et les responsabilités de divers intervenants, y compris tous les gouvernements.

Nos consultations ont souvent permis de mettre en lumière que la majorité des politiques concernant l’emploi des jeunes se concentrent dans le système scolaire, les établissements d’enseignement postsecondaire et les organismes d’aide sociale, et ce, tant dans les provinces que dans les territoires.

Le Groupe recommande que le gouvernement du Canada, en collaboration avec les administrations provinciales et territoriales et par l’intermédiaire du Forum des ministres du marché du travail, évalue la possibilité de déléguer les programmes d’emploi jeunesse aux gouvernements provinciaux et territoriaux, dans la mesure où les améliorations proposées dans la section « Améliorer la SEJ » sont respectées. Le Groupe demande que le gouvernement divulgue publiquement ses conclusions dans 12 mois.

Nous émettons ces recommandations à la lumière :

Si la délégation est mise en œuvre et que le gouvernement du Canada cesse d’exécuter les programmes d’emploi jeunesse, nous recommandons que le gouvernement envisage de concevoir des mécanismes de gouvernance et de supervision. Ces mesures lui permettront de relever et d’évaluer les pratiques exemplaires dans l’ensemble des provinces et des territoires, d’assurer l’uniformité de la qualité et de veiller sur les répercussions des résultats. Nous recommandons que le gouvernement réalise cet exercice de concert avec un comité consultatif sur les emplois destinés aux jeunes (voir le point 13).

4. Accueillir la technologie civique

Au cours de nos consultations, nous avons été avisés qu’il est difficile de naviguer dans le système de l’emploi jeunesse. La technologie civique est le recours à la technologie par les gouvernements, afin d’encourager une participation publique significative dans la résolution de problèmes, l’élaboration de politiques et les initiatives de conception. Une communauté de jeunes penseurs motivés à trouver des solutions à des enjeux civiques grâce à la technologie, à la conception ou à d’autres moyens serait bien placée pour simplifier la navigation dans le système d’emploi jeunesse. Les formulaires et les demandes doivent être en format électronique. De plus, il est nécessaire de recueillir des renseignements précis et de les transmettre aux différents paliers de gouvernement et fournisseurs de service.

La technologie civique pourrait également permettre de moderniser l’infrastructure du Guichet-Emplois et d’adopter les meilleures pratiques en matière de ressources humaines, afin d’empêcher que les jeunes vulnérables soient mis de côté durant le processus de jumelage. Nous encourageons le gouvernement à examiner les avantages de la numérisation de tous les renseignements d’emploi.

Prêcher par l’exemple

5. Embaucher plus de jeunes

Nous avons appris que le gouvernement du Canada, en tant qu’employeur direct de la jeunesse, pourrait déployer plus d’efforts pour engager des personnes âgées de 18 à 29 ans. La Commission de la fonction publique du Canada en fait état dans son portail de données ouvertes, sur lequel elle partage des données sur les emplois et les embauches, notamment la durée des fonctions, l’âge des nouveaux embauchés et les groupes visés par l’équité en matière d’emploi. Nous croyons qu’il faut établir un objectif complémentaire sur la proportion des nouveaux employés qui ont entre 18 et 29 ans, y compris les jeunes vulnérables. Il faudrait également produire des rapports à ce sujet. De telles mesures encourageraient d’autres employeurs de grande envergure à établir des objectifs similaires et à rapporter leurs progrès. Étant donné la présence du gouvernement du Canada à titre d’employeur dans les collectivités éloignées et rurales, l’objectif devrait prévoir des efforts visant à embaucher des jeunes dans ces régions.

Nous encourageons l’administration fédérale à explorer des façons d’augmenter l’embauche de jeunes à l’aide de processus d’approvisionnement, et de rapporter au Comité consultatif dans 12 mois s’il s’agit d’un outil efficace pour favoriser l’embauche de jeunes (voir le point 13).

Mobiliser les employeurs

6. Convoquer une table ronde des champions

Des employeurs nous ont confié qu’ils se sentent souvent déconnectés du système d’emploi jeunesse, puisqu’ils sont considérés comme un point d’aboutissement plutôt que comme des intervenants à part entière de ce système. Nous ne pouvons pas réaliser de progrès dans l’embauche de jeunes sans solliciter la participation d’un large éventail d’employeurs. Nous recommandons que le gouvernement du Canada mobilise une table ronde d’employeurs issus d’entreprises à but lucratif ou non afin de se donner un objectif ou un défi organisationnel d’embauche, particulièrement à l’intention des jeunes vulnérables ou de ceux qui font partie de la catégorie NEET, à l’image de la « 100,000 Opportunities Initiative » aux États-Unis. Les participants à la table ronde des champions devraient aussi être encouragés à prendre des mesures visant à réduire la discrimination, à assurer l’inclusion et à rapporter annuellement les progrès de leurs efforts.

7. Favoriser le mentorat

Nous avons compris que les jeunes apprécient les occasions d’être liés à des chefs de file issus d’autres réseaux qui leur servent de mentor. Même si nous hésitons à suggérer d’officialiser les relations informelles ou d’instaurer des formalités administratives (comme accorder du financement lié aux emplois aux entreprises dotées d’un programme de mentorat), nous prenons exemple sur les partenariats privés gérés par le gouvernement. Nous croyons que le gouvernement du Canada pourrait créer une structure lui permettant de s’associer avec des employeurs par l’intermédiaire de la table ronde des champions et d’offrir plus d’occasions privilégiées de mentorat aux jeunes vulnérables.

Moderniser les soutiens

8. Mettre à jour les normes du travail du Canada

Les intervenants nous ont souvent affirmé que les politiques du gouvernement devraient mieux refléter le rythme du changement et les nouvelles réalités de la technologie, de l’équilibre travail-famille et des carrières moins linéaires. Le gouvernement du Canada doit reconnaître la nature évolutive du travail ainsi qu’offrir une protection et des avantages aux jeunes travailleurs atypiques, qui se trouvent souvent dans des conditions précaires. Fait encourageant, les points abordés dans le budget de 2017 et dans la lettre de mandat qu’a adressée le premier ministre à la ministre de l’Emploi, du Développement de la main‑d’œuvre et du TravailNote du bas de page 36 font écho aux nombreux enjeux soulevés lors des consultations que nous avons réalisées à l’échelle du pays. Pour remédier à la situation précaire du travail auxquelles les jeunes font face, nous recommandons d’apporter les modifications suivantes au Code canadien du travailNote du bas de page 37 :

9. Élargir l’admissibilité à l’assurance-emploi

Lors de nos consultations, quelques groupes nous ont informés qu’ils aimeraient que la proposition d’arrêt de versement des cotisations d’assurance-emploi durant 12 mois présentée lors de la campagne électorale de 2015 soit mise en place. Cependant, les intervenants nous ont souvent affirmé qu’une réforme de l’assurance-emploi visant à améliorer la situation des jeunes permettrait de soutenir les travailleurs atypiques qui peinent à s’adapter à la nouvelle réalité du travail.

Nous avons appris que l’assurance-emploi n’aidait pas adéquatement les jeunes travailleurs et les employés atypiques. Les jeunes ayant un emploi atypique ont de la difficulté à respecter les exigences d’admissibilité et ils sont peu susceptibles d’avoir droit à l’assurance-emploi s’ils passent souvent de l’école à un emploi. En outre, les exigences d’admissibilité régionales ne tiennent pas compte de la présence d’emplois non conventionnels et précaires dans tout le Canada. Nous proposons que le gouvernement modernise l’assurance-emploi afin de mieux soutenir les jeunes Canadiens dans le nouveau monde du travail. Nous appuyons la proposition du gouvernement, énoncée dans le budget de 2017, de permettre aux prestataires de suivre une formation à leurs frais tout en conservant leurs prestations d’assurance-emploi. Toutefois, cette réforme pourrait être élargie dans le but d’aider les jeunes qui quittent leur travail pour retourner aux études. Pour ce faire, le gouvernement doit examiner de quelle façon les points ci-dessous pourraient accroître l’admissibilité des jeunes travailleurs, tout en maintenant un coût raisonnable pour les employés et les employeurs :

Nous recommandons également que le gouvernement envisage d’améliorer les autres formes de sécurité du revenu s’adressant aux jeunes dans des emplois précaires, comme la Prestation fiscale pour le revenu de travail (PFRT), qui est très populaire auprès des jeunes travailleurs. Ce point pourrait même comprendre l’intégration automatique de la PFRT à l’assurance-emploi pour les jeunes travailleurs âgés de 18 à 29 ans.

10. Élargir la définition de « compétences »

Nous suggérons que le gouvernement du Canada offre une définition globale des compétences et des aptitudes requises dans un milieu de travail en constante évolution (p. ex. les compétences professionnelles requises au 21e siècle selon le Forum économique mondialNote du bas de page 38, les nouvelles compétences professionnelles nécessaires selon la Foundation for Young AustraliansNote du bas de page 39 et le cadre d’apprentissage au 21e siècle selon P21Note du bas de page 40) afin de compléter la liste exhaustive des compétences essentiellesNote du bas de page 41 fournie sur le site Web Guichet-Emplois. En présentant une définition des aptitudes mondialement acceptées et requises dans le milieu de travail moderne, il sera possible de mieux définir et uniformiser les objectifs des programmes d’emploi jeunesse, tout en offrant une souplesse de conception.

Cette définition globale faciliterait la détermination des compétences que les jeunes les plus vulnérables peuvent transposer à partir d’expériences de travail ou de formations informelles et que les jeunes immigrants peuvent tirer de certifications étrangères. Elle permettrait également aux fournisseurs des services de la SEJ et à d’autres gestionnaires de programmes novateurs d’harmoniser leurs indicateurs de résultats à ces compétences bien définies. De plus, les employeurs auraient accès à des renseignements clairs.

11. Autres mesures de soutien destinées aux jeunes entrepreneurs

Évaluer et améliorer l’information

12. Obtenir des données de meilleure qualité 

Afin de démontrer que les jeunes représentent un groupe important de notre société, nous devons recueillir, communiquer et évaluer des données plus pertinentes. On nous a mentionné qu’il faudrait alors tenir compte des différentes réalités des jeunes âgés de 15 à 29 ans. À l’heure actuelle, les données sur le chômage chez les jeunes publiées par Statistique Canada portent sur la tranche d’âge de 15 à 24 ans. Cette plage comprend les jeunes qui sont censés être au secondaire et en exclut plusieurs qui terminent leurs études et entrent sur le marché du travail. En incluant les adolescents de 15 à 17 ans dans le taux de chômage chez les jeunes, il est possible que le problème soit mal défini et que les recommandations d’intervention soient inappropriées, comme tenter d’accroître le taux d’emploi chez les adolescents plutôt que de veiller à ce qu’ils réussissent bien au secondaire. Afin d’atténuer ce risque, nous recommandons que le gouvernement revoie les groupes d’âge employés pour définir les principaux indicateurs d’emploi chez les jeunes. De plus, nous suggérons qu’il envisage d’investir dans des enquêtes longitudinales, comme l’Enquête auprès des jeunes en transition et l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu. Ce type d’enquêtes permettrait aux chercheurs et aux décideurs de mieux comprendre la réalité des jeunes en transition.

Pour combler les lacunes importantes dans les données fournies par les enquêtes et atténuer la comparaison de renseignements « inégaux » (c.-à-d. des données qui sont basées sur des définitions différentes de la jeunesse et des périodes variées), nous proposons que les jeunes vulnérables fassent l’objet d’un éclairage particulier dans l’Enquête mensuelle sur la population active. Des questions devront être ajoutées pour déterminer plus exactement le nombre de jeunes NEET, surtout ceux qui ne cherchent pas d’emploi.

En outre, nous recommandons que Statistique Canada ajoute sur son site Web la catégorie « Jeunes » à la liste des statistiques par sujet (accessible en cliquant sur le lien « Parcourir par sujet » à la page d’accueil). La création d’un portail regroupant les données sur les jeunes, y compris les renseignements sur le marché du travail, éliminerait le besoin de rassembler les données, en plus d’assurer la disponibilité en tout temps de l’information actuelle au grand public.

Lors de la détermination des indicateurs de la réussite des programmes d’emploi des jeunes, nous croyons qu’il est improductif d’évaluer la participation aux programmes de façon isolée. Nous suggérons d’inclure des facteurs fondés sur les résultats (comme la croissance des salaires, la qualité de l’emploi, le coût par employé et la durée des fonctions) ainsi que d’effectuer une collecte de données longitudinales pour évaluer les programmes.

Durant nos consultations, nous avons noté que la collecte des numéros d’assurance sociale permettait aux évaluateurs de concevoir des groupes de référence et d’améliorer l’évaluation des résultats au moyen d’analyses de l’impact différentiel. Toutefois, à l’heure actuelle, seul Emploi et Développement social Canada (EDSC) recueille les numéros d’assurance sociale. Il est recommandé que tous les ministères participant à la SEJ les collectent afin d’analyser l’impact différentiel des programmes.

13. Encourager l’amélioration continue

Nous avons appris que les occasions de donner des commentaires stratégiques sur les programmes d’emploi jeunesse se font rares et que la SEJ profiterait de la mise en place de boucles de rétroaction plus uniformes et claires.

Nous recommandons au gouvernement du Canada de mettre sur pied un comité consultatif intersectoriel sur les emplois destinés aux jeunes (voir le point 13). Ce dernier aurait comme objectif d’offrir de façon continue des conseils stratégiques sur la conception des programmes et de proposer des pratiques exemplaires des fournisseurs de service et des intervenants. Il serait préférable que ce comité soit multisectoriel et compte des représentants des secteurs à but non lucratif, lucratif, de l’éducation, des services et des syndicats, ainsi que du Conseil jeunesse du premier ministre. De plus, il relèverait de la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et du Travail et du ministre responsable de la jeunesse.

En plus d’assurer la gouvernance de la SEJ, ce comité assumerait les tâches suivantes :

Conclusion

Nous avons réalisé des recherches sur la situation des jeunes sur le marché du travail, puis nous avons consulté des intervenants de partout au pays afin de recueillir leurs idées. Parmi les leçons que nous avons tirées de ces consultations, on compte les faits indéniables suivants :

« Flexibilité » et « fluidité » sont les deux mots ayant été les plus prononcés durant nos consultations. Afin d’aider nos jeunes à se tailler une place de choix sur le marché du travail, nous devons leur apprendre à s’implanter solidement sur le marché du travail ainsi qu’à adapter leurs compétences générales et spécialisées dans une variété de circonstances au cours de leur vie. Le système de soutien devrait également être assez agile et flexible pour joindre les jeunes, peu importe où ils se trouvent.

Il est possible que certaines des futures possibilités d’emploi n’existent pas encore. Elles se trouveront peut-être dans le secteur des ressources naturelles ou dans l’économie numérique, ou bien elles seront créées par de jeunes entrepreneurs. Changer d’emploi par choix ou par nécessité devient la nouvelle norme.

Nous demandons au gouvernement du Canada, qui a créé notre groupe, de faire des efforts continus pour mettre en place nos recommandations. Grâce à l’intérêt suscité par le regroupement des participants au sujet de l’écosystème de l’emploi jeunesse, il devrait être possible d’entretenir un dialogue continu.

Les jeunes veulent travailler. Ils désirent être indépendants et contribuer à la société. Il nous incombe, en tant que gouvernement, employeurs, établissements d’enseignement, syndicats et services de soutien – tous les partenaires collaborant au futur du Canada – de leur ouvrir la voie.

Bibliographie

Liste des organismes consultés

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