Réunion des ministres de l’environnement des pays de l’Arctique : conclusion

Changements dans l’Arctique - effets planétaires

Jukkasjärvi, Suède, 5 et 6 février 2013

Les 5 et 6 février, les ministres de l’Environnement des pays de l’Arctique et des représentants de haut niveau se sont réunis à Jukkasjärvi, en Suède, dans le cadre d’une réunion axée sur des mesures visant à composer avec les changements environnementaux rapides dans l’Arctique. Ils ont également discuté des moyens d’améliorer la protection de l’environnement arctique par l’établissement de mesures nationales, régionales et mondiales, y compris le Conseil de l’Arctique et des conventions environnementales multilatérales.

La région de l’Arctique subit des changements rapides qui pourraient avoir un effet dramatique sur les écosystèmes et les communautés humaines. Les changements climatiques sont une préoccupation importante et entraînent des changements fondamentaux dans l’Arctique, lesquels ont des effets en cascade sur la biodiversité, les écosystèmes et les conditions de vie humaine dans l’Arctique qui ont à leur tous des conséquences partout dans le monde. Le développement économique et la transformation sociale rapides peuvent également avoir de grandes répercussions. Les ministres ont reconnu qu’il était essentiel de faire progresser les travaux sur l’évaluation des changements dans l’Arctique et d’améliorer la résilience tout en se préparant convenablement aux changements dans le but de minimaliser les effets néfastes sur l’environnement et le bien-être des humains, y compris les modes de vie traditionnels. Ils ont mis en évidence les résultats de la réunion des ministres de l’Environnement des pays de l’Arctique à Ilulissat, en 2010, axée sur l’environnement arctique maritime et ont souligné l’importance d’une intendance prudente et d’une approche préventive à l’utilisation des ressources et au transport dans l’Arctique. À cet égard, ils ont accueilli les progrès réalisés par le Conseil de l’Arctique en vue d’améliorer la prévention, l’état de préparation et l’intervention en cas d’urgence, et ont souligné le besoin d’établir des mesures préventives renforcées.

Changements climatiques et acidification des océans

La glace marine arctique diminue rapidement et en 2012, on en a observé le niveau d’étendue le plus faible des temps modernes. Les calottes glaciaires de l’Arctique contribuent de plus en plus à la hausse du niveau de la mer à l’échelle mondiale. Les ministres se sont entendus sur la nécessité de prendre des mesures d’atténuation nationales et mondiales décisives et ils ont confirmé leur engagement à l’égard de la coopération avec d’autres pays afin de conclure un accord climatique mondial contraignantavec d’autres pays en vertu de la CCNUCC au plus tard en 2015 visant à limiter la hausse de la température moyenne mondiale à moins de 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Ils ont soutenu qu’une hausse mondiale de 2 °C aurait des répercussions importantes et irréversibles sur l’environnement et les moyens de subsistance dans l’Arctique. Les ministres ont reconnu les résultats scientifiques inquiétants identifiant des points de basculement de grande envergure dans l’Arctique, comme l’écroulement de la glace marine estivale de l’Arctique, l’accélération de la fonte du glacier continental du Groenland, les émanations de méthane issues de la fonte du pergélisol; si tous ces points de basculement sont dépassés, il pourrait y avoir d’importantes répercussions planétaires.

L’acidification continue de l’océan Arctique peut entraîner de graves conséquences pour la vie marine et les peuples qui dépendent d’écosystèmes marins sains. Les ministres ont exprimé de fortes préoccupations à l’égard de ce développement, soucieux que les réductions des émissions de dioxyde de carbone sont le seul moyen efficace d’atténuer l’acidification des océans, et ils ont souligné le besoin de continuer de surveiller et d’évaluer la progression de l’acidification des océans afin d’en comprendre toute l’étendue et tous les effets. Les ministres attendent avec impatience le rapport sur l’acidification de l’océan Arctique, et ont encouragé les pays de l’Arctique, le Conseil de l’Arctique et d’autres organisations ainsi que des conventions pertinentes afin d’élaborer les mesures de suivi appropriées.

Réduire les polluants de courte durée ayant un effet sur le climat

Les ministres ont mis en évidence que les importantes réductions des émissions mondiales de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre de longue durée constituent la base de tout effort significatif d’atténuation des changements climatiques mondiaux, tout en notant que la réduction des polluants de courte durée ayant un effet sur le climat, comme le carbone noir, le méthane, les hydrurofluorurocarbones, et l’ozone troposphérique pourrait ralentir les changements climatiques mondiaux et dans l’Arctique. Des mesures intensifiées à une échelle globale peuvent réduire la hausse de la température moyenne mondiale jusqu’à 0,5 °C d’ici 2040, selon un important rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement, ce qui serait une contribution importante vers l’atteinte de l’objectif de 2 °C. Par exemple, la réduction du carbone noir fournirait d’autres effets avantageux pour la santé des peuples vivant dans les pays de l’Arctique.

Les ministres ont souligné le besoin de prendre des mesures urgentes afin de réduire les émissions de polluants de courte durée ayant un effet sur le climat dans le but de contribuer à l’atténuation des changements climatiques et à la préservation de la culture unique et des écosystèmes de l’Arctique qui sont menacés par les changements climatiques rapides. Ils ont aussi souligné le rôle soutenu du Conseil de l’Arctique et des pays de l’Arctique comme fer de lance de plus grandes mesures internationales contre les polluants de courte durée ayant un effet sur le climat et leurs répercussions sur le climat.

Les ministres ont mis l’accent sur l’importance des inventaires d’émissions pour le carbone noir pour identifier les tendances d’émissions et les possibilités d’atténuation. Ils ont convenu que chaque pays de l’Arctique devrait produire régulièrement des inventaires des émissions nationales pour le carbone noir, conformément aux lignes directrices qui doivent être adoptées en vertu de la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance. Les inventaires devraient être soumis à cette Convention et communiqués au Conseil de l’Arctique, avec pour ambition que les soumissions commencent à compter de février 2015.

Les ministres ont conclu que des mesures décisives étaient nécessaires relativement au carbone noir et à d’autres polluants de courte durée ayant un effet sur le climat, et ils ont encouragé la coordination et le soutien pour les mesures internationales et planétaires visant à lutter contre les émissions. Les ministres ont invité le Conseil de l’Arctique d’envisager d’établir un processus à la réunion des ministres de Kiruna, axé sur la création d’un instrument ou autre mesure visant à renforcer les efforts de réduction des émissions de carbone de noir des pays de l’Arctique aux fins de revue et de décision appropriée au cours de la prochaine réunion des ministres en 2015. Les mesures à l’égard du carbone noir (et dans certains cas d’autres polluants de courte durée ayant un effet sur le climat) que les pays de l’Arctique pourraient vouloir envisager comprennent : les plans d’action nationaux qui doivent être présentés au Conseil de l’Arctique qui les compilera; une vision commune concernant la réduction des émissions; la promotion de pratiques d’atténuation exemplaires et des technologies disponibles pour les sources de pollution concernées dans les pays de l’Arctique et la région polaire; le promotion de mesures collaboratives avec le secteur privé et la prise en considération de points de repères ou de cibles.

Prévenir la contamination dans l’Arctique

L’environnement Arctique agit comme un puits de pour un grand nombre de polluants mondiaux. Les ministres ont remarqué avec préoccupation les hausses prévues du niveau de pollution dans l’Arctique, tant en raison du transport à longue distance des contaminants que des changements climatiques. Les ministres ont particulièrement noté les niveaux élevés de produits ignifuges bromés et les effets nocifs déjà prouvés de l’exposition au mercure et aux polluants organiques persistants (POP) dans les territoires arctiques. Les ministres ont souligné l’importance d’une mise en application efficace des instruments internationaux existants pour réduire les niveaux de POP et de mercure dans l’Arctique, ont exprimé leur soutien continu à l’égard des pays de l’Arctique relativement à ces objectifs, et ont accueilli l’accord lié à la Convention de Minamata sur le mercure. Les ministres ont aussi reconnu les avantages d’une coopération soutenue sur les politiques et les projets d’atténuation visant à réduire les soruces de pollution dans les pays de l’Arctique.

Les ministres ont bien reçu les travaux des pays de l’Arctique visant le stockage des pesticides désuets de façon plus sécuruitaire tout en visant leur élimination et l’établissement d’un nouveau mécanisme de financement, l’Instrument de soutien des projets, afin de faciliter d’autres projets de réduction de la pollution. Les ministres ont aussi souligné l’urgence de l’assainissement des points chauds de contamination dans les pays de l’Arctique.

Mesures visant à soutenir la biodiversité et les services écosystémiques

Les ministres ont souligné le fait que la biodiversité et les écosystèmes de l’Arctique sont des atouts irremplaçables d’une importance locale, nationale et planétaire, et que des mesures décisives devraient être prises afin d’aider à protéger la biodiversité et de soutenir les services écosystémiques de valeur. Le sentiment d’urgence est souligné par l’attente que certaines espèces arctiques, certains écosystèmes et certains habitats pourraient disparaître ou demeurer en fragments isolés. Le nombre de certains oiseaux migrateurs diminue, et les ministres soulignent le besoin d’améliorer la coopération afin de cerner les forces motrices responsables de ce développement et de déterminer des mesures conjointes possibles. La récente Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique a mené à une reconnaissance solide de la biodiversité de l’Arctique et des travaux du Conseil de l’Arctique, surtout l’évaluation de la biodiversité dans l’Arctique. Les ministères ont bien reçu l’évaluation de la biodiversité dans l’Arctique, et ils s’attendent qu’elle offrira une description bien nécessaire de l’état de la biodiversité dans l’Arctique en plus de présenter des suggestions de mesures politiques à vocation scientifique. Les ministres ont invité le Conseil de l’Arctique à jouer un rôle de coordination directeur pour le suivi de l’évaluation de la biodiversité dans l’Arctique, et ils encouragent les pays de l’Arctique à en mettre en œuvre les recommandations. Les ministres ont souligné le fait que des efforts mondiaux renforcés visant à réduire les changements climatiques, la plus grande menace à la biodiversité dans l’Arctique, sont essentielles, en plus de l’importance de l’intégration des questions liées à la biodiversité dans tous les domaines de politiques pertinents.

Il sera nécessaire de faire des efforts ciblés visant la conservation et la gestion durable des habitats marins, terrestres et d’eau douce, surtout à la lumière des changements climatiques et du développement économique anticipés. Dans ce contexte, les ministres ont souligné l’importance de mettre en application les objectifs convenus en matière de biodiversité dans l’Arctique, y compris les aires protégées, surtout le Plan stratégique pour la biodiversité de 2011-2020 et les objectifs de biodiversité d’Aichi. À cet égard, ils encouragent le développement de travaux conjoints entre les pays de l’Arctique, misant sur les travaux existants.

Gestion axée sur l’écosystème

Les ministres ont souligné l’importance de mettre en œuvre une approche de gestion axée sur l’écosystème dans les environnements côtiers, marins et terrestres de l’Arctique, et ils ont souligné les travaux importants du groupe d’experts en gestion axée sur l’écosystème du Conseil de l’Arctique, surtout les propositions de principes visant à guider les prochains travaux. Ils ont reconnu que la connaissance, la collecte de renseignements et la surveillance suivant des méthodes scientifiques et traditionnelles constituent le fondement de la gestion axée sur l’écosystème, et ont souligné le besoin d’améliorer les évaluations intégrées afin de fournir une image holistique des changements et des répercussions dans l’Arctique. Ils ont aussi souligné l’importance d’une identification rapide des aires et des écosystèmes importants et sensibles sur le plan biologique, écologique et culturel dans les pays de l’Arctique et l’océan Arctique, et que cette identification tirera profit des meilleures connaissances scientifiques et traditionnelles.

Ils ont mis en évidence l’importance des travaux conjoints, y compris le partage de l’information sur les approches et les expériences des analyses intégrées; les efforts pour tenir compte des connaissances scientifiques et traditionnelles; et l’étude de la valeur des projets pilotes entre deux pays ou plus afin de montrer comment la gestion axée sur l’écosystème pourrait être avancée dans l’Arctique.

Coopération afin de protéger l’environnement arctique

Les ministres de l’Environement sont depuis longtemps engagés envers la coopération en matière de protection de l’environnement arctique, engagement qui date de l’adoption de la Stratégie de protection de l’environnement arctique en 1991. Ils jouent un rôle essentiel dans les travaux du Conseil de l’Arctique. Étant donné le changement soutenu et rapide dans l’Arctique et ses effets locaux, réginoaux et planétaires, les ministres ont mis en évidence le besoin de renforcer davantage la coopération sur l’Arctique entre les ministres responsables de la protection de l’environnement, et de tenir un dialogue ouvert avec tous les intervenants concernés. Reconnaissant leur responsabilité dans la mise en œuvre de décisions convenues à l’échelle internationale, les ministres de l’Environnement ont discuté de la manière dont ils peuvent appuyer plus activement la prise de décisions du Conseil de l’Arctique, et ont conclu qu’ils souhaitaient continuer de se réunir selon une formule semblable.

Les ministres ont demandé avec insistance à la présidente représentant la Suède de communiquer les conclusions des présidents de la réunion de Jukkasjärvi à la réunion du Conseil de l’Arctique à Kiruna.

Ces conclusions ont été transmises par la ministre Lena Ek, présidente de la réunion des ministères de l’Environnement des pays de l’Arctique à Jukkasjärvi, en Suède, les 5 et 6 février 2013.

La réunion a rassemblé des ministres et représentants de haut niveau du Canada, du Danemark, des îles Féroé, de la Finlande, de l’Islande, de la Norvège, de la Fédération de Russie, de la Suède et des États-Unis d’Amérique. S’y sont joints les participants permanents au Conseil de l’Arctique représentant le Saami Council et le Conseil circumpolaire inuit, ainsi que des observateurs d’autres pays et organismes intéressés.

Pour obtenir plus de renseignements concernant la réunion des ministres de l’Environnement des pays de l’Arctique, cliquez ici.

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