Les effets de l'ouragan Hazel - Perturbations dans les transports

Le transport ferroviaire

En arrivant à la hauteur d'un tronçon de voie ferrée dont la base avait été sapée par les eaux, à Southampton, trois wagons sont tombés dans un fossé, entraînant d'autres wagons dans la boue. Stewart Nicholson, un pompier de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN), est mort à la suite des brûlures et des blessures qu'il a subies lorsque la locomotive s'est renversée. Gordon McCallum et M me William Whittaker ont été blessés. M. McCallum allait succomber à ses blessures. Bertha Whittaker se rappelait avoir vu les vitres voler en éclat : « J'étais assise, de l'eau coulait partout autour de moi et je sentais le sang couler sur mon visage. Je suis restée là et j'ai prié, pendant ce qui m'a semblé être une éternité, jusqu'à ce que les pompiers me viennent en aide. » (MacLean's, 1999)

Deux trains, qui transportaient 158 passagers, ont été retardés en raison des éboulements. Quatre-vingt-dix passagers ont été transportés en autobus à Agincourt, où ils ont pu prendre un autre train pour la gare Union. Un autre train de banlieue en provenance de Toronto a fait un arrêt à Markham pour prendre des passagers avant de poursuivre sa route. Peu après la localité de Lindsay, un accident s'est produit. Voici le témoignage de Frank J. Nobbs, un agriculteur de la région : « Nous n'avons absolument rien entendu. Pas le moindre bruit de collision ou d'accident. Quelqu'un est venu frapper à notre porte en criant “Il y a eu un accident.”» (TS, 16 octobre 1954)

L'ingénieur Ted Barrett a raconté ce qui s'est passé quand la locomotive a atteint le tronçon de voie ferrée dont la base de terre, de gravier et de gazon avait été emportée par le ruisseau transformé en torrent après la crue des eaux : « La locomotive a commencé à s'enfoncer et a entraîné les deux wagons de l'avant avec elle. Le pompier et moi avons sauté juste au moment où elle se renversait. Ensuite, nous avons pu péniblement rejoindre le terrain sec. » (TS, 16 octobre 1954)

Après la tempête, le nombre d'usagers des trains a augmenté de façon considérable. Le CN a recensé 14 000 voyageurs dans les trains de banlieue. En temps normal, à l'époque, on comptait environ un millier de passagers qui rentraient à Toronto par l'ouest. La Toronto Transit Commission (TTC) a signalé que les autobus de banlieue avaient transporté des milliers de passagers de plus qu'à l'habitude. Quant au métro de la rue Yonge, on n'y a signalé aucun changement. À bord des trains de Canadien Pacifique (CP Rail), les chefs de train ne pouvaient même pas se frayer un chemin pour faire payer les passagers, tant les couloirs étaient bondés. Un porte-parole aurait déclaré : « Compte tenu de la situation, la collecte des passages était devenue accessoire, l'important étant d'amener les gens où ils devaient aller. » (TS, 18 octobre 1954). Après l'ouragan Hazel, les trains de banlieue de CP Rail et du CN ont amené à Toronto environ 35 000 personnes.

La circulation routière

À l'échangeur routier de Cookstown, sur l'autoroute 400, 350 personnes étaient bloquées dans une station service. La route s'était effondrée au sud, à Bradford et, juste au nord de la station service, un fossé de 20 pieds coupait la route en deux. La route 12 entre Midland et Orillia se trouvait sous trois ou quatre pieds d'eau. On a signalé d'importants effondrements sur l'autoroute 400 et sur la route 11.

Dans la banlieue ouest de Toronto, la circulation était bloquée car le pont de la rue Bloor sur la rivière Humber était fragilisé (voir la photo). La circulation y était limitée à une voie et le pont de Lake Shore Road était fermé. La circulation était déviée au niveau de l'autoroute Queen Elizabeth Way (QEW), de la route 5 et de Lake Shore Road. La file des voitures qui tentaient de passer le pont s'étendait jusqu'à Cooksville. Un pont de la rue John, qui enjambait la rivière Don à York Mills, entre l'avenue Bayview et la rue Yonge, avait été emporté.

Niveau de pointe de crue au pont de la rue Bloor (photo: Rebecca Hanson)

Quarante ponts ont été détruits ou ont subi des dommages structurels. Dix ont dû être fermés à la circulation en raison de dégâts aux approches. Les routes et ponts suivants, entre autres, ont été touchés :

Les dégâts au réseau routier ont eu des conséquences économiques à long terme. On a dû installer des ponts Bailey pour pallier les problèmes de transport. Le pont de Lake Shore Road n'a pu être rouvert à la circulation des autobus et des piétons qu'après l'installation d'un pont Bailey à proximité. Endommagé par l'ouragan, le pont de Hogg's Hollow s'est effondré.

Les urbanistes craignaient que les plans d'urgence mis sur pied pour faciliter le transport sur les axes qui traversaient les rivières et les cours d'eau de Toronto incitent de nombreux usagers à délaisser les transports en commun pour utiliser leur voiture particulière, ce qui risquait d'aggraver les problèmes de circulation. Cela a créé des problèmes dans les secteurs où se trouvent des goulots d'étranglement, comme le pont de la rue Bloor. Quatre routes sont demeurées fermées et la circulation était déviée sur certains axes.

Les routes et les ponts endommagés ont été réparés avant l'hiver, mais les réparations provisoires n'étaient pas suffisamment solides pour résister au gel et au dégel. Le remblai qu'on avait utilisé pour réparer temporairement les routes effondrées s'est tassé et, en certains endroits, des véhicules se sont retrouvés enfouis dans la boue jusqu'aux essieux. Sur un pont à quatre voies, la circulation a dû être réduite à une seule voie pendant que les équipes travaillaient pour déplacer le pont de 18 pieds (5,5 m) et ajouter une travée de 10 pieds (3,1 m) afin de consolider un côté du pont. Ces travaux étaient devenus nécessaires après la rupture d'une chaîne qui retenait le pont. Le pont de l'autoroute 401 sur la rivière Humber a été rouvert à la circulation après quelques modifications, notamment le prolongement des assises du pont vers l'intérieur des terres et l'ajout de trois appuis centraux.

On a changé le tracé prévu d'une autoroute en projet (le Gardiner Expressway) à la suite de l'ouragan. En effet, si l'autoroute avait été construite suivant le tracé initial (plus au sud) avant l'inondation, le pont se serait effondré et aurait été entraîné vers le lac Ontario. Des embouteillages monstres se sont formés aux approches du seul pont sur la rivière Humber qui était praticable en toute sécurité. La police conseillait aux automobilistes de se rendre « aussi loin que possible au nord avant d'essayer de traverser la rivière Humber dans quelque sens que ce soit. » (TS, 18 octobre 1954)

Les bateaux

À Oakville, 25 bateaux ont été emportés dans le lac Ontario, dont quatre bateaux de croisière et le bateau du capitaine de port. Les responsables du National Yacht Club ont estimé à 100 000 $ les dégâts qu'ont subis leurs installations et leurs bateaux. Jim Scott fils, propriétaire d'un hangar à bateaux à l'embouchure du ruisseau Etobicoke, a estimé à 30 000 $ les dégâts qu'ont subis sa maison, son hangar et les bateaux qui s'y trouvaient.

Le bateau du capitaine de port d'Oakville, emporté par la tempête, a été transporté à Hamilton où il a été placé sous la responsabilité des tribunaux. La compagnie qui l'a renfloué en a revendiqué la propriété, mais les propriétaires ont déclaré que le navire, ayant péri en raison de l'ouragan Hazel, donc d'une catastrophe naturelle, n'avait pas été abandonné; en conséquence, les droits de sauvetage ne pouvaient s'appliquer.

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