Archivée: L'aspect scientifique de l'ouragan Juan - Devrait on retirer le prénom Juan de la liste des ouragans?

Préparé par Peter Bowyer, 29 avril 2004

Attribution de noms aux ouragans dans l'Atlantique

C'est en 1950 qu'on a commencé à nommer les ouragans et les tempêtes tropicales de l'Atlantique. L'expérience a permis de constater que l'utilisation de prénoms, tant à l'oral qu'à l'écrit, prêtait moins à confusion que les méthodes d'identification peu pratiques (indication des latitudes et longitudes) utilisées jusque là. Les conventions d'attribution des noms aux ouragans ont évolué jusqu'en 1979, année où elles sont devenues ce qu'elles sont aujourd'hui.

Le retrait de noms de la liste des ouragans

Les ouragans dont le bilan humain et économique est très lourd restent gravés dans les mémoires longtemps après leur passage. Certains entrent dans l'histoire météorologique. On pense souvent qu'il est préférable, par compassion et par délicatesse, de ne pas donner à une tempête un nom déjà porté par une autre tempête particulièrement dévastatrice. Lorsqu'un ouragan a fait des ravages, tous les pays qui ont subi les conséquences de son passage peuvent demander à l'Organisation météorologique mondiale (OMM) de retirer son nom des listes.

Le retrait d'un nom d'ouragan signifie en réalité que ce nom ne pourra pas être réutilisé pendant au moins 10 ans. Cela évite la confusion en matière de références historiques et permet, entre autres, l'aboutissement des poursuites et des demandes d'indemnités. De plus, le public ne risque pas de confondre deux tempêtes différentes. Le Comité des ouragans de l'OMM de la région concernée (l'Association régionale IV dans le cas de l'Atlantique nord) étudie la demande des pays touchés et, s'il l'approuve, retire le nom de la tempête en question de la liste et le remplace par un prénom de même genre et de même origine ethnique.

On a retiré jusqu'ici plus de 50 noms de tempêtes.

Demande de retrait du nom Juan

Compte tenu des pertes de vie causées par l'ouragan Juan et des conséquences de ce dernier sur la vie de la population et sur l'économie, ainsi que du grand nombre d'arbres détruits dans deux provinces, Environnement Canada a demandé, au nom des Néo Écossais et des Prince Édouardiens, le retrait du nom Juan de la liste des ouragans.

La demande a été acceptée, lors de la réunion annuelle de l'Association régionale IV du Comité des ouragans de l'OMM, qui a eu lieu le 29 avril 2004 au printemps 2004. Ceci est la première demande de retrait d'un nom d'ouragan provenant du Canada. Communiqué

Question de point de vue

Climatologue principal à Environnement Canada, David Phillips nous rappelle souvent à quel point le public est fasciné par la météo. Il ne faut pas s'étonner, selon lui, que nous cherchions à personnifier des tempêtes qui sèment la dévastation ou que nous trouvions amusant le fait de donner des prénoms à des ouragans. Pas étonnant non plus que, lorsque les tempêtes ne portent pas de nom, nous trouvions des appellations permettant de les identifier facilement pour mieux en parler. C'est ainsi que des tempêtes tristement célèbres comme The Independence Hurricane, The Saxby Gale, The Columbus Day Storm, The Groundhog Day Storm, le désastre d'Escuminac ou la tempête de verglas évoquent les mêmes choses chez bien des gens et alimentent bien des conversations. Les calamités engendrées par toutes ces tempêtes furent tout aussi uniques que leur nom.

L'an prochain marquera le 50e anniversaire de l'ouragan Hazel, autre tempête dévastatrice à laquelle on a donné un nom. Ceux qui n'étaient pas à Toronto en cette soirée fatidique d'octobre 1954, découvriront le phénomène grâce aux inévitables livres, émissions de télévision ou de radio qui seront diffusés à cette occasion pour le faire revivre à grands coups d'images et d'histoires captivantes. Ces mêmes images et histoires qui ramèneront, à l'esprit de ceux qui ont vécu ce moment, toutes sortes de souvenirs douloureux, loin de tout sensationnalisme. Le nom de Hazel n'a jamais été réutilisé.

Certains pensent qu'il est excessif de demander le retrait du nom de Juan. À mon avis, la plupart des 500 000 personnes qui ont été touchées de près par cette tempête savent pertinemment que le retrait du nom ne fera pas oublier la tempête. Tout comme Hazel n'a pas été oubliée, Juan demeurera dans les mémoires. Même avec du recul, on s'en souviendra.

Remarque : le nom de Hazel fut retiré en raison des nombreuses pertes de vies humaines et des dégâts que cette tempête a causés dans les Antilles et dans les Carolines en 1954. Hazel n'était pas officiellement un ouragan lorsqu'elle a frappé Toronto, faisant néanmoins 83 morts. Le Canada n'était donc pas au nombre des pays qui ont demandé le retrait du nom, même si les Canadiens approuvaient fortement la démarche.

Remerciements

Je tiens à remercier M. Bill Appleby, directeur régional du Service météorologique du Canada pour la région de l'Atlantique. M. Appleby est également membre canadien de longue date de l'Association régionale IV du Comité des ouragans de l'OMM.

Pour connaître en détail l'histoire de l'attribution de noms aux cyclones tropicaux et voir les listes actuellement en vigueur, vous pouvez consulter le site Web du National Hurricane Center des États-Unis : à http://www.nhc.noaa.gov/aboutnames.shtml. Certaines informations contenues dans le présent document proviennent de ce site.

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