Archivée: Que faire à l'approche d'un ouragan? - PARTIE 1

Rédigé par Peter Bowyer, 14 novembre 2003

Dans les semaines qui ont suivi le passage de l'ouragan Juan, beaucoup de gens m'ont demandé ce qu'ils devraient faire à l'approche d'un ouragan. Comme quelqu'un l'a si bien dit : " Je n' peux empêcher le vent de souffler, ni l'eau de monter, ni les arbres de tomber . . . Alors, qu'est-ce que j' peux faire?".

Nos voisins du Sud, avisés en matière d'ouragans, ont un mot d'ordre qui met les choses en contexte : " Éloignez-vous de l'eau et mettez-vous à l'abri du vent! ". En fait, l'enseignement à en tirer, c'est qu'il est possible de réduire les effets que pourrait avoir un ouragan sur vous, si vous savez que vous êtes vulnérables Ce n'est qu'une fois votre vulnérabilité évaluée, que vous pouvez prendre les mesures qui conviennent, et notamment établir un plan de préparation de base.

Tout plan de préparation doit comprendre les trois grandes mesures suivantes, dans l'éventualité non seulement d'un ouragan, mais de tout autre phénomène météorologique violent :

  1. Avoir sous la main une trousse d'urgence;
  2. Protéger votre maison et vos biens;
  3. Prévoir un endroit sûr où aller en cas d'évacuation ou de panne prolongée de tout service public.

Il existe des exemples dignes de mention de mesures préventives prises dans les heures qui ont précédé le moment où l'ouragan Juan a touché terre; ces mesures ont permis de sauver des vies et des biens. On ne saura jamais combien de vies ni d'argent ont ainsi été épargnés. Ce qui est étonnant cependant dans beaucoup de ces exemples, c'est leur simplicité et le bon sens dont ont su faire preuve les gens.

J'aimerais cette semaine vous expliquer les mesures qui ont été prises au parc Point Pleasant, à Halifax.

Parc Point Pleasant

Quand on sait que 40 pour cent de la ville d'Halifax sont couverts d'arbres, il n'est pas surprenant que le magazine MacLeans, dans son article du 27 octobre, parle de " la plus vaste forêt urbaine " au Canada. C'est surtout vrai du parc Point Pleasant, connu jadis comme le " joyau d'Halifax ", avec ses 80 000 à 100 000 arbres, du moins jusqu'au passage de l'ouragan Juan.

Le 28 septembre, il ne faisait aucun doute pour Doug Brown, agent principal du parc Point Pleasant, et Art Sampson, superviseur du parc, que l'ouragan Juan allait poser un énorme problème. Se fiant à leur expérience des tempêtes de vent, et à leurs souvenirs des ouragans Hortense (en 1996) et Blanche (en 1975), ils décidèrent qu'il fallait fermer le parc de bonne heure. Après avoir fait approuver leur décision par la direction, ils fermèrent donc le parc au public vers 18 h.

Étant moi-même habitué à prendre des décisions qui sont régulièrement soumises à l'examen du public, je comprends l'anxiété de M. Brown et de M. Sampson tandis qu'ils se demandaient s'il était vraiment justifié de fermer le parc. À supposer que la tempête soit passée à côté ou qu'elle ait été moins violente que prévue, leur décision aurait été aussitôt critiquée et remise en question. La pression était énorme, car des centaines de personnes attirées par les ouragans voulaient s'approcher le plus près possible du rivage, et le parc Point Pleasant constituait un point d'observation parfait. La fermeture du parc allait donc être très mal accueillie, ce qui n'a pas empêché ces deux hommes, sûrs de leur jugement, de fermer le parc, malgré la pression. Les gardes du parc se sont ensuite employés, pendant le reste de la soirée, à évacuer le parc et à empêcher les gens d'y pénétrer.

Le parc Point Pleasant. Photo: Len Wagg
Le parc Point Pleasant. Photo: Len Wagg
Photo à haute définition montrant les dégâts qu'ont subis les arbres du parc Point Pleasant à Halifax. Photo: HDI Inc. pour Environnement Canada

Moins de 9 heures après la fermeture des grilles du parc, de 60 000 à 75 000 arbres environ ont été déracinés ou cassés par les vents violents et les vagues de tempête qui accompagnaient l'ouragan Juan. Au petit matin, à la faveur du jour, l'ampleur du désastre était évidente : environ 90 pourcent du peuplement d'arbres adultes du parc était détruit ou sérieusement endommagé. Les trottoirs et les étendues gazonnées (jusqu'à 30 pieds du rivage dans certains endroits) étaient recouverts de galets chariés par les vagues de tempête.

La décision d'éloigner les gens des arbres, qui devaient finir par tomber, a permis de sauver bien des vies, sans doute des dizaines. Nous, le personnel du Centre canadien de prévision des ouragans, ne pouvons que féliciter M. Brown et M. Sampson pour leur clairvoyance et leur intervention. S'il est vrai qu'on ne peut empêcher le vent de souffler ni les arbres de tomber, on peut cependant éviter que les gens ne se mettent dans des situations dangereuses, et, parfois, la mesure la plus judicieuse à prendre pour cela est simplement de " Fermer au public ".

Bravo M. Brown, M. Sampson et les autres membres du personnel du parc Point Pleasant!

Remerciements

Je tiens à remercier George Parkes, le Centre de prévision des intempéries de la Région de l'Atlantique , qui a porté à notre attention les mesures d'urgence judicieuses prises au parc Point Pleasant.

<<Retour à Que faire à l'approche d'un ouragan?

Détails de la page

Date de modification :