Données et scénarios climatiques : Synthèse des observations et des résultats récents de modélisation, chapitre 3.3
3.3 Événements extrêmes
Dans le cas de nombreux impacts des changements climatiques, les changements dans la fréquence et l’ampleur des événements extrêmes sont plus importants que les changements dans les valeurs moyennes. Beaucoup d’événements extrêmes ont été analysés dans la documentation scientifique sur le climat, mais, à titre d’exemple, nous nous concentrons ici sur deux quantités de
base : les changements dans la température maximale annuelle (c.-à-d. la température la plus élevée de l’année) et les changements dans les précipitations maximales annuelles calculées sur 24 heures. Puisque les modèles climatiques mondiaux fonctionnent avec des pas de temps d’environ une demi-heure, des valeurs quotidiennes minimales, maximales et moyennes peuvent être calculées, et les changements projetés fournissent une indication des changements auxquels on pourrait s’attendre à l’avenir. Une mise en garde importante, en particulier pour les précipitations, est liée au fait que la résolution spatiale des modèles climatiques mondiaux reste relativement faible (en général 100 à 250 km); les cas extrêmes de précipitations dans un modèle représentent alors les moyennes sur une zone couvrant plusieurs milliers de kilomètres carrés. De plus, il se peut que les modèles climatiques n’incluent pas tous les processus physiques qui produisent de fortes pluies à l’échelle locale. Il est important de garder à l’esprit ces limites lors de comparaisons avec les mesures prises à des stations météorologiques données.
Une façon courante d’illustrer les changements dans les événements extrêmes climatiques consiste à calculer la « période de retour » des événements d’une ampleur particulière pour différentes périodes. La période de retour représente l’intervalle moyen à long terme entre les récurrences des valeurs extrêmes. La figure 11 présente les périodes de retour projetées pour la température maximale annuelle et la quantité maximale annuelle de précipitations au cours d’une période de 24 heures. Ces représentations graphiques indiquent que le temps de récurrence, ou période de retour, pour ces cas extrêmes devrait diminuer à l’avenir, pour les deux quantités. Cela signifie que les événements extrêmes d’une ampleur particulière seront plus fréquents. Par exemple, le panneau en bas à droite de la figure 11 indique que, dans le cadre du scénario de forçage RCP 8.5, une température quotidienne maximale annuelle qui serait actuellement atteinte une fois tous les dix ans, en moyenne, deviendra un événement annuel à la fin du siècle.
Figure 11 : Périodes de retour projetées (en années) des valeurs de retour de 10, 20 et 50 ans de la fin du 20e siècle pour les précipitations maximales annuelles sur 24 heures (rangée supérieure) et la température maximale annuelle (rangée inférieure), à l’échelle du Canada, d’après les simulations des modèles climatiques mondiaux contribuant au CMIP5 pour trois RCP (RCP 2.6 [à gauche], RCP 4.5 [au centre], RCP 8.5 [à droite]). Les valeurs sont calculées d’après l’ouvrage de Kharin et al., 2013.
Description de la Figure 11
Cette figure comporte six graphiques organisés en une grille de trois colonnes par deux lignes. Chaque graphique est doté de trois lignes qui présentent les trois événements à période de retour différents de 2000 à 2100. La ligne du haut des trois graphiques montre les extrêmes de précipitations sur une période de 24 heures, tandis que la ligne du bas montre les extrêmes de températures maximales sur une année. Les trois colonnes des graphiques représentent chacun trois scénarios de forçage (RCP2.6, RCP4.5 et RCP8.5). Pour tous les graphiques, les événements pendant les périodes de 50 ans, de 20 ans et de 10 ans deviennent plus fréquents au fil du temps, avec ceux des scénarios RCP2.6 montrant le moins de changements et ceux des scénarios RCP8.5 montrant le plus de changements.
Comme pour la température moyenne et les précipitations, les changements dans les événements climatiques extrêmes ne sont pas uniformes à l’échelle mondiale, ou même au Canada. La figure 12 illustre les changements projetés dans les cas de précipitations extrêmes pour différentes régions du Canada ainsi que les estimations du degré d’incertitude relativement aux périodes de retour projetées.
Figure 12 : Changements projetés (en %) dans les valeurs de retour de 20 ans concernant les taux de précipitations maximales annuelles sur 24 heures (c.-à-d. cas extrêmes de précipitations). Les diagrammes à barres présentent les résultats des projections à l’échelle régionale pour trois horizons : 2016-2035, 2046-2065 et 2081-2100, comparativement à la période de référence de 1986 à 2005. Les barres en bleu, vert et rouge représentent les résultats des scénarios RCP 2.6, RCP 4.5 et RCP 8.5, respectivement. Les projections sont basées sur les modèles climatiques mondiaux contribuant au CMIP5 et l’analyse est décrite dans Kharin et al., 2013.
Description de la Figure 12
Cette figure représente une carte du Canada. Cinq diagrammes à barres superposés à la carte montrent les changements prévus (en %) relativement à la valeur des taux de précipitations annuels maximaux sur 24 heures pour une période de retour de 20 ans. Chaque diagramme à barres représente une région du Canada (le Canada entier, le Nord du Canada, l’Est du Canada, les Prairies et la Colombie-Britannique et le Yukon), et les trois couleurs différentes représentent les trois différents scénarios (RCP2.6, RCP4.5 et RCP8.5), regroupés dans les trois périodes moyennes (2016-2035, 2046-2065 et 2081-2100). La barre du Canada présente une plage moyenne allant d’environ 5 % pour le début de la période et peu de changement par la suite pour le RCP2.6, un changement de 10 % pour le RCP4.5 et un changement moyen de 36 % pour le RCP8.5. Le diagramme du Nord du Canada montre un changement d’environ 5 % pour la période 2016-2035 des trois scénarios, avec une augmentation de 8 % pour le RCP2.6, de 14 % pour le RCP4.5 et de 30 % pour le RCP8.5 d’ici 2081-2100. Le diagramme de l’Est du Canada montre un changement d’environ 5 % pour la première période des trois scénarios, avec une augmentation d’environ 6 % pour le RCP2.6, 13 % pour le RCP4.5 et 25 % pour le RCP8.5 d’ici 2086-2100. Le diagramme des Prairies montre un changement d’environ 6 % pour le RCP2.6 et de 5 % pour les RCP4.5 et RCP8.5 pour la période 2016-2035 ainsi que des données stables pour le RCP2.6, tandis qu’une augmentation de 7 % pour le RCP4.5 et de 18 % pour le RCP8.5 est prévue pour la dernière période. Le diagramme de la Colombie-Britannique et du Yukon montre un changement de 4 % pour le RCP2.6, de 6 % pour le RCP4.5 et de 5 % pour le RCP8.5 pour la première période. Ces valeurs augmentent à 8 % pour le RCP2.6, à 13 % pour le RCP4.5 et à 36 % pour le RCP8.5 d’ici 2086-2100.
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