Manuel de planification des stratégies pour la conservation des oiseaux

Photo de couverture de la publication
Photo : © Environnement et Changement climatique Canada.

Judith Kennedy, Elsie Krebs et Alaine CamfieldPour le Sous-comité pour la conservation des espèces concernées par les prises accessoires (plan de région de conservation des oiseaux)

Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada
e 9 juillet 2010 (Version révisée le 17 janvier 2012)

Le 9 juillet 2010
(Version révisée le 17 janvier 2012)

Table des matières

Manuel sur la mise en œuvre des stratégies pour la conservation des oiseaux à l'intention des régions canadiennes de conservation des oiseau

Résumé

L'objectif des stratégies de conservation des oiseaux est de récapituler les problèmes importants et de recommander des mesures nécessaires à la conservation des populations d'oiseaux au Canada. Ce document offre un aperçu des normes d'Environnement et Changement climatique Canada pour les six éléments de base des stratégies intégrés pour la conservation de tous les oiseaux. Ces stratégies intègrent une méthodologie nationale et internationale élaborée par les quatre initiatives de conservation des oiseaux entrant dans le cadre de l'Initiative de conservation des oiseaux de l'Amérique du Nord (oiseaux de rivage, oiseaux aquatiques, sauvagines et oiseaux terrestres). Lorsque des stratégies distincts existent déjà pour l'un de ces quatre groupes d'oiseaux, ils peuvent être utilisés en tant que point de départ en vue de réaliser les éléments de base pour toutes les espèces. Les stratégies intégreront des recommandations pour la conservation de tous les groupes d'espèces. L'initiative actuelle réalisera les stratégies de conservation pour tous les oiseaux dans le cadre de 25 unités de planification (les 12 régions canadiennes de conservation des oiseaux [RCO] étant divisées en unités de planification politiques).

Introduction

Une responsabilité partagée pour les oiseaux

La responsabilité relative à la conservation et à la protection des oiseaux est partagée au Canada; les oiseaux migrateurs relèvent de la compétence fédérale, tandis que les gouvernements provinciaux et territoriaux sont responsables des autres espèces. La responsabilité de la gestion des habitats dont dépendent les oiseaux est également partagée : il incombe au gouvernement fédéral de gérer les habitats se trouvant sur le territoire domanial ainsi que certains habitats aquatiques et marins. De leur côté, les provinces et les territoires sont responsables de la gestion de la plupart des habitats terrestres. Dans le cadre des ententes sur les revendications territoriales globales et sur l'autonomie gouvernementale, certains peuples autochtones sont responsables de la gestion de l'habitat et peuvent jouir d'un certain niveau de participation ou d'autorité à propos de la gestion des oiseaux par les gouvernements fédéral et provinciaux.

Nécessité pour le Canada de disposer d'un cadre intégré pour la conservation des oiseaux migrateurs

Environnement et Changement climatique Canada (EC) a besoin de stratégies qui intègrent et articulent clairement les priorités en matière de conservation des oiseaux au Canada en vue de faciliter la mise en œuvre de programmes pour les oiseaux migrateurs, que ce soit à l'échelle nationale ou à l'échelle internationale. Environnement et Changement climatique Canada et ses partenaires avaient précédemment lancé une planification de la conservation pour les quatre principaux groupes d'oiseaux (sauvagines, oiseaux de rivage, oiseaux aquatiques et oiseaux terrestres) dans la plupart des régions canadiennes ainsi qu'à l’échelle nationale et continentale (voir les Références). Cependant, les stratégies existants de conservation ne couvrent pas toutes les régions du Canada et ne suivent pas des méthodes standards.

Le passage d’une planification de la conservation propre à chaque groupe (p. ex., sauvagines, oiseaux terrestres) à une planification de la conservation pour tous les oiseaux représente un changement de philosophie soutenu tant par l’Initiative de conservation des oiseaux de l’Amérique du Nord (ICOAN) que par les initiatives de stratégies conjoints d’habitats adoptées en vertu du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine (PNAGS). La planification de la conservation de tous les oiseaux représente un processus itératif pour définir les mesures de gestion optimales des habitats et des populations afin d’atteindre les objectifs souhaités en matière de populations. Par le passé, les initiatives de conservation avaient tendance à cibler des mesures ne visant qu’une seule espèce ou un seul groupe d’oiseaux, une approche qui n’intégrait pas explicitement les besoins des divers oiseaux évoluant dans les habitats ou les guildes, et qui ne tenait pas compte de la façon dont les mesures prises relativement au paysage pouvaient nuire aux espèces non visées. Les stratégies pour tous les oiseaux comprendront les mesures indiquées dans les documents relatifs au rétablissement pour les oiseaux qui figurent également sur la liste des espèces en péril. Afin d'accroître l'efficacité de ses stratégies de conservation des oiseaux, Environnement et Changement climatique Canada doit être capable de proposer clairement aux planificateurs, aux gestionnaires fonciers et aux décideurs, les mesures de conservation les plus importantes pour les oiseaux. L’objectif lié à la conservation intégrée de tous les oiseaux consiste à mettre en œuvre une gestion proactive de toutes les espèces d’oiseaux afin d’éviter que d’autres espèces ne deviennent en péril.

Les stratégies intégrés résulteront d’une analyse, par des experts, de l’information disponible sur plus de 600 espèces d’oiseaux qui fréquentent régulièrement le Canada. Le produit final établira les espèces prioritaires, les objectifs et les mesures pour les espèces importantes du point de vue de la conservation et intégrera les mesures recommandées pour tous les groupes d’espèces qui ont des besoins communs. Dans la mesure du possible, cette approche ira plus loin que la gestion d’espèces individuelles et permettra une gestion plus efficace et plus efficiente des oiseaux migrateurs tout en répondant aux besoins des espèces uniques lorsque nécessaire.

L'approche intégrée de la planification des régions de conservation des oiseaux proposée définit des méthodes cohérentes pour la préparation de six éléments de base :

  1. Déterminer les espèces importantes en matière de conservation (appelées « espèces prioritaires »).
  2. Établir les habitats importants liés aux espèces prioritaires.
  3. Fixer des objectifs quantitatifs pour les populations des espèces prioritaires.
  4. Évaluer et classer les menaces importantes pour les espèces prioritaires.
  5. Fixer des objectifs de conservation.
  6. Recommander des mesures pour atteindre les objectifs de conservation.

Les détails relatifs à la réalisation de ces mesures seront traités dans des stratégies de mise en œuvre distincts qui auront été préparés par des partenaires ou avec leur collaboration.

Optimiser l'efficacité de l'élaboration de stratégies

Bien qu’Environnement et Changement climatique Canada dirige la phase de planification actuelle, nous reconnaissons que la participation de nos partenaires voués à la conservation est essentielle. Environnement et Changement climatique Canada envisage d’utiliser le Conseil canadien de l’Initiative de conservation des oiseaux de l’Amérique du Nord comme forum pour discuter du processus de planification avec les différents partenaires et de s’appuyer sur l’expérience participative et ouverte découlant de l’élaboration des stratégies de conservation des oiseaux afin de maintenir la participation et le soutien constants des parties concernées.

Une approche écosystémique de la planification

Les régions de conservation des oiseaux sur lesquelles s’appuient nos unités de planification ont été définies (figure 1) selon les écorégions de niveau III reconnues à l’échelle internationale de la Commission de coopération environnementale. Ces écorégions ont été établies selon le climat, l’activité humaine, la végétation, les sols, les caractéristiques géologiques et physiographiques ainsi que la biodiversité connexe. Elles ont initialement été définies selon des attributs terrestres. Nous avons adopté les unités biogéographiques marines (Secrétariat canadien de consultation scientifique, 2009) comme unités de planification pour les oiseaux marins. Cette approche a été approuvée par le Comité technique des oiseaux de mer du Service canadien de la faune. Ces écorégions ont été établies en fonction d’une série de propriétés physiques et biologiques qui comprennent des caractéristiques relatives aux oiseaux marins, comme la productivité primaire, la répartition des espèces et la structure et la composition des populations et des communautés. En choisissant ces unités, nous soutenons une approche cohérente du gouvernement du Canada en ce qui concerne la planification de la conservation du milieu marin.

Figure 1. Unités de planification dans les provinces et les territoires pour les stratégies de conservation des oiseaux au Canada

Carte de Les régions de conservation des oiseaux.

Description longue pour la figure 1

Carte de de conservation des oiseaux au Canada, il selon les écorégions de niveau III reconnues à l’échelle internationale de la Commission de coopération environnementale. Ces écorégions ont été établies selon le climat, l’activité humaine, la végétation, les sols, les caractéristiques géologiques et physiographiques ainsi que la biodiversité connexe.

Comme de nombreuses régions de conservation des oiseaux du Canada sont vastes et s’étendent sur des zones pouvant couvrir plus d’une province ou d’un territoire, plusieurs stratégies seront rédigés pour des portions de ces régions qui correspondent à des territoires politiques distincts. Par exemple, la région de conservation des oiseaux no 8, soit la forêt coniférienne boréale, sera subdivisée et incluse dans les stratégies représentant les unités de planification des provinces des Prairies, de l’Ontario, du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador. La division des régions de conservation des oiseaux en unités de planification permet de représenter tant les différences politiques relatives à l'utilisation des terres et des ressources entre les différentes compétences que la variation possible des besoins en termes d'habitats des espèces au sein d'une même région de conservation des oiseaux.

Public visé

Le public visé par les stratégies intégrés de conservation des oiseaux est interne et externe à EC et comprend le personnel du Service canadien de la faune et de la Direction des sciences de la faune et du paysage d’Environnement et Changement climatique Canada, les praticiens de l’évaluation environnementale, les gouvernements provinciaux et territoriaux, les peuples autochtones, les organismes non gouvernementaux environnementaux, les gestionnaires de ressources et de terres, les propriétaires fonciers et le grand public.

Les éléments de base

Les éléments abordés ci-dessous ont trois fonctions principales :

Ces éléments comprennent l’information technique sur laquelle s’appuieront les prochains documents de synthèse publics portant sur les enjeux et les mesures à prendre.

Les éléments sont présentés grosso modo par ordre séquentiel en supposant que toutes les données existent pour une unité de planification particulière. Lorsque le manque de données empêche la réalisation d’un de ces éléments, des recommandations concernant la façon de remédier à ce problème sont typiquement incluses (souvent sous forme de recommandations d’études ou de surveillance).

Élément 1 : Déterminer les espèces prioritaires d’une unité de planification d’une RCO

Principaux points à propos des espèces prioritaires :

Voici les étapes normales à suivre pour dresser la liste d'espèces prioritaires :

Étape 1. Déterminer les espèces observées régulièrement dans l’unité de planification

La liste des espèces d’oiseaux de l’unité de planification comprend tous les oiseaux observés régulièrement au cours de l’une des saisons de l’année, à savoir les oiseaux nicheurs et résidants, ainsi que les oiseaux migrateurs. Toutes les sources des données sont fournies, et les critères utilisés pour définir les espèces « régulièrement observées » sont inclus dans les stratégies individuels pour chaque région de conservation des oiseaux

Étape 2. Évaluer les espèces

Lorsqu’il existe des stratégies de conservation à l’échelle appropriée et qu’ils ont toujours été valables, une nouvelle évaluation des espèces peut ne pas avoir été entreprise :

Étape 3. Intégrer la liste des espèces prioritaires de la région de conservation des oiseaux

Étape 4. Ajouter des espèces supplémentaires dont la gestion est préoccupante

Étape 5. Effectuer un examen technique de la liste des espèces prioritaires

Élément 2 : Établir les habitats importants liés aux espèces prioritaires d’une région de conservation des oiseaux

Principaux points à propos des catégories d’habitat :

Déterminer les besoins généraux en matière d’habitat pour chaque espèce prioritaire au cours de la saison de reproduction et pendant les autres périodes de l’année constitue une façon de regrouper les espèces dont les problèmes de conservation liés à l’habitat et les mesures à prendre sont similaires. Si de nombreuses espèces prioritaires sont associées à la même catégorie d’habitat, il se peut qu’un élément sous-jacent lié à l’habitat doive faire l’objet d’une attention particulière au sein de l’unité de planification.

Afin d’assurer un lien avec les autres stratégies de classification nationaux et internationaux, les catégories d’habitat pour toutes les espèces prioritaires sont fondées, à l’échelle la plus large, sur l’approche hiérarchique du système international de classification de couverture du sol élaboré par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Pour conserver le lien avec les données spatiales régionales (inventaires forestiers provinciaux, etc.), des catégories d'habitats à une échelle plus précise peuvent être définies et pourraient s'avérer nécessaires pour déceler des problèmes de conservation sous-jacents. L'utilisation de larges catégories d'habitats normalisées permettra aux futures réévaluations de la situation des espèces d'oiseaux d'être liées aux évaluations nord-américaines sur l'utilisation des terres et le changement d’habitats (p. ex. l'Atlas environnemental de la Commission de coopération environnementale.

Les caractéristiques supplémentaires qui ne sont pas prises en compte dans les catégories d’habitats peuvent également représenter des indicateurs importants d’un habitat adéquat pour une espèce donnée et comprendre des attributs permettant la nidification (chicots, falaises, etc.) ou des éléments modifiant l’habitat (brûlis, stade de succession, végétation riveraine, complexité structurale, etc.). Lorsqu'ils sont connus, les habitats importants de l'unité de planification de la RCO utilisés pour l'hivernage, le rassemblement ou la migration des espèces prioritaires sont également signalés (particulièrement si un habitat de migration ou d'hivernage est défini comme un problème au cours de l'évaluation des menaces ou comme un objectif de conservation). Qui plus est, le paysage environnant de l’habitat des oiseaux est souvent important et a été pris en compte dans la mesure du possible.

Élément 3 : Fixer des objectifs quantitatifs pour les populations des espèces prioritaires

Principaux points à propos des objectifs de population :

L'un des éléments essentiels d’une planification efficace de la conservation consiste à définir des objectifs clairs pouvant être mesurés et évalués. Les stratégies de conservation des oiseaux établissent des objectifs fondés sur les philosophies de conservation appliquées par les initiatives nationales et continentales de conservation des oiseauxNote1de bas de page, y compris l'Initiative de conservation des oiseaux de l'Amérique du Nord, qui permettent la répartition, la diversité et l'abondance des oiseaux sur tout leur habitat historique.

L'atteinte des objectifs de population sera le moyen ultime permettant d'évaluer la réussite de la conservation. Les objectifs de population représentent des niveaux de population existant avant les déclins observés récemment. Ils ne tiennent pas compte de leur faisabilité, mais sont pris comme des normes par rapport auxquelles il sera possible d'évaluer le progrès. Les progrès en ce qui concerne l’atteinte des objectifs en matière de population seront régulièrement évalués au moyen des données de surveillance mises à jour.

Étape 1. Définir des points de référence

Dans le cadre de l’établissement des objectifs en matière de population, les principales initiatives de conservation des oiseaux ont choisi un niveau de comparaison, ou point de référence, mesurable pour les espèces visées. Ces points de référence représentent des hypothèses clés dans le processus de conservation. Pour atteindre l’objectif de l’Initiative de conservation des oiseaux de l’Amérique du Nord, qui vise à protéger, restaurer et accroître les populations d’oiseaux de l’Amérique du Nord, nous devons maintenir ces populations à des niveaux qui représentent une abondance et une répartition naturelles sur tout le continent. Les populations de référence s’approchent de façon acceptable de cette situation, c’est-à-dire qu’elles reflètent le niveau des populations avant les déclins généralisés. En fixant un niveau de référence, nous pouvons tendre vers la composition du paysage à une période déterminée et éviter les conflits importants entre les besoins liés aux habitats pour différentes espèces prioritaires. Cette philosophie est soutenue par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ainsi que par de nombreuses industries et organismes non gouvernementaux au Canada.

Exemple : points de référence

Oiseaux terrestres : On considère que le point de référence remonte à la fin des années 1960, période marquée par le début du Relevé des oiseaux nicheurs et où les grands projets de développement urbain avaient déjà eu lieu dans la majeure partie du pays.

Sauvagine : Les points de référence continentaux représentent une moyenne des niveaux de population dans les années 1970, étant donné qu’ils représentent une période où les conditions des habitats étaient « bonnes à passables » dans les Prairies et au cours de laquelle les relevés systématiques des aires de reproduction ont commencé.

Les stratégies de conservation pour chacun des quatre groupes d'oiseaux au Canada (sauvagines, oiseaux aquatiques, oiseaux de rivage, et oiseaux terrestres) déterminent des niveaux de référence pour les populations à partir de ceux qui existaient à la fin des années 1960 et au cours des années 1970. Cette période a été choisie parce que :

Étape 2. Évaluer les tendances démographiques des espèces prioritaires et fixer des objectifs de population

Les objectifs de population pour les groupes d'oiseaux sont basés sur une évaluation quantitative ou qualitative des tendances démographiques des différentes espèces. Dans le cas de la sauvagine, une attention supplémentaire est accordée à la nécessité de gérer les populations afin de respecter les objectifs de prélèvement. Pour conserver une certaine uniformité entre les stratégies de conservation des oiseaux dans tout le Canada, les objectifs de population pour les oiseaux terrestres, les oiseaux de rivage et les oiseaux aquatiques sont établis en utilisant les catégories axées sur les tendances. Si la tendance de la population est inconnue, l’objectif est de « conserver la population et d’évaluer son état ».

Étape 3. Associer l’objectif de population à une mesure de l’état de la population

Une mesure de l’état de la population s’avère utile pour suivre le progrès vers un objectif de population. Cette mesure peut prendre la forme d’une taille de population particulière, d’un indice d’abondance (p. ex. Relevé des oiseaux nicheurs) ou d’une répartition souhaitée (p. ex. le nombre de parcelles de l’Atlas, la densité au sein d’un habitat, le nombre et la taille des colonies). Une indication de la précision de la mesure peut être donnée afin de déterminer avec quelle exactitude elle représente l’objectif de population.

Étape 4. Établir des objectifs de population pour les espèces en péril

Pour toute espèce inscrite en vertu de la Loi sur les espèces en péril, les stratégies de conservation des oiseaux respectent les objectifs de population fixés dans les programmes de rétablissement et les stratégies de gestion. Si des documents relatifs au rétablissement n’ont pas encore été fournis pour une espèce, des objectifs provisoires peuvent être établis d’après les données sur la tendance de la population. Si des objectifs provisoires sont établis, la stratégie énonce clairement que des objectifs de rétablissement seront fixés lorsque ces documents pourront être consultés. Si des objectifs de rétablissement ne sont pas fixés (p. ex. dans le cas de certaines espèces préoccupantes), des objectifs de population sont établis comme pour les autres espèces prioritaires. Des lignes directrices similaires s'appliquent aux espèces entrant dans le cadre des lois sur les espèces en voie de disparition mises en place par les provinces et les territoires.

Étape 5. Documenter la méthodologie

La justification de toute modification apportée à la méthodologie exposée dans le présent manuel est clairement décrite et documentée.

Élément 4 : Évaluer et classer les menaces - déterminer les problèmes de conservation relativement aux espèces prioritaires

Principaux points à propos de l’évaluation des menaces

Les populations d'oiseaux peuvent être affectées par des facteurs qui ont des répercussions négatives sur leur reproduction ou leur survie au cours de leur cycle annuel. Nous appelons ces facteurs des menaces. Les menaces peuvent entraîner une réduction du taux de survie (p. ex. sources de mortalité comme les collisions, la disponibilité de la nourriture ou les substances toxiques), du succès de reproduction (prédation, parasitisme de reproduction, substances toxiques et disponibilité des habitats dans les aires de reproduction et de migration, ainsi que dans les aires servant à d’autres fins que la reproduction) ou avoir d’autres effets. Les processus naturels qui empêchent les populations de croître au-delà d'un certain niveau sont appelés « facteurs limitants »; nous les intégrons à l'évaluation des menaces lorsqu'ils sont influencés par l'activité humaine.

Bien qu'il soit relativement simple de définir une série de menaces potentielles pour une espèce, il est bien plus compliqué de comprendre comment les menaces, prises individuellement ou collectivement, ont des répercussions sur une population. Par exemple, le taux de survie peut être réduit par les effets combinés de la perte d’habitat, de la dégradation de l’habitat, de la présence de substances toxiques et de la présence de prédateurs envahissants. Lorsque des menaces multiples existent, un processus est nécessaire pour les classer dans le but d’établir des priorités en ce qui a trait aux mesures de gestion relativement à chaque espèce prioritaire et aux habitats importants.

L’évaluation des menaces comporte trois étapes principales :

  1. Préciser les menaces anciennes, actuelles et futures pour chaque espèce prioritaire en utilisant une classification normalisée.
  2. Classer l'ampleur des menaces pour les espèces prioritaires en utilisant un protocole normalisé.
  3. Préparer une série de profils des menaces pour les unités de planification de la région de conservation des oiseaux, pour les larges catégories d'habitats et pour les guildes d'espèces prioritaires ou les espèces prioritaires individuelles.

Cet élément devrait faciliter l’évaluation du niveau des effets cumulatifs sur les habitats et les espèces de l’unité de planification au sein de la région de conservation des oiseaux. Même si une évaluation adéquate des effets cumulatifs liés à toutes les activités au sein de la région de conservation des oiseaux nécessite une modélisation détaillée, cet exercice permet de formuler des recommandations initiales en ce qui concerne les changements à apporter à la planification ou la gestion du territoire.

Étape 1. Évaluer les menaces

Les menaces qui peuvent limiter les taux démographiques des espèces prioritaires sont classées en utilisant la méthode de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Les menaces touchant les espèces prioritaires peuvent être déterminées en utilisant les données et les publications scientifiques, les documents de référence, comme Birds of North America, ainsi que l’opinion des experts locaux. Les menaces pesant sur toutes les espèces considérées, par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, comme menacées ou en voie de disparition, ou bien inscrites en vertu d’une réglementation fédérale, provinciale ou territoriale sur les espèces en péril sont déterminées à partir des programmes de rétablissement ou des rapports appropriés. Des catégories supplémentaires de menaces peuvent être ajoutées pour rendre compte des menaces régionales particulières (p. ex. invasion du dendroctone du pin ponderosa), mais cet ajout doit être justifié clairement.

Si des menaces précises pesant sur une espèce prioritaire sont inconnues, cela est clairement indiqué. En outre, les objectifs de conservation rendent compte du besoin de recherches sur les causes sous-jacentes du déclin de la population de l'espèce dont il est question.

Étape 2. Classer les menaces

Classer les menaces définies pour les espèces prioritaires est utile à l'évaluation de l'importance générale de chaque menace pour chaque espèce ou type d'habitat au sein d'une unité de planification de régions de conservation des oiseaux et permet de guider les mesures en faveur de la conservation. Une méthode de classement des menaces par cotes est utile pour :

  1. évaluer si la quantité ou la qualité des habitats dans les aires de reproduction ou d'hivernage semblent limiter la population d'une espèce prioritaire;
  2. évaluer la portée et la gravité des menaces identifiées (la combinaison de la portée et de la gravité permettent de déterminer l'ampleur de la menace) :
    • la portée renvoie à la proportion de l’aire sur laquelle s’exerce la menace au sein de l’unité de planification;
    • la gravité renvoie à l’effet relatif de la menace sur la viabilité des populations d’espèces prioritaires.
  3. évaluer d'autres variables pertinentes relatives au moment, à la probabilité et la réversibilité des menaces.
    1. Il faut noter que le travail préliminaire a découvert que ces autres variables sont difficiles à quantifier avec exactitude ou ne diffèrent pas selon les menaces. Avec des renseignements suffisants, un système de classement plus large est possible.

Étape 3. Déterminer les profils des menaces pour les espèces prioritaires

Combiner les cotes des menaces

Les cotes d'une menace peuvent être combinées de différentes façons à des fins différentes. Au minimum, les cotes sont utilisées pour évaluer le niveau général de la menace pour les principaux groupes d’habitats, mais elles peuvent aussi servir à évaluer les menaces les plus importantes pour une série d’espèces prioritaires (p. ex. les insectivores aériens) ou l’importance relative de chaque menace dans l’ensemble de l’unité de planification de la région de conservation des oiseaux (Salafsky et al., 2003).

Élément 5 : Fixer des objectifs de conservation mesurables pour aider les espèces et groupes prioritaires

Principaux points à propos des objectifs de conservation :

Les objectifs établis dans le cadre d’un plan pour une région de conservation des oiseaux répondent aux menaces prioritaires définies dans ce plan. La liste des objectifs n’est pas nécessairement exhaustive; il est donc très probable que d’autres objectifs soient ajoutés. Même si les objectifs de conservation sont relativement généraux, nous croyons que les mesures pour les atteindre auront un effet sur les problèmes de conservation actuels, et dans certains cas sur les problèmes ultérieurs, ayant une incidence sur les populations d’oiseaux. Dans la mesure du possible, les objectifs de conservation sont mesurables et indiquent au minimum l’orientation du changement souhaité afin de permettre l’évaluation des progrès après la mise en œuvre des mesures visant à les atteindre. Toutefois, en dernier lieu, la mesure clé du succès est un changement positif de l'abondance des espèces prioritaires dans l'unité de planification. Une fois que les objectifs de conservation ont été atteints, il est essentiel de déterminer s’ils ont eu un effet positif sur les populations d’espèces prioritaires. Cette évaluation fait partie du processus actif de gestion adaptative, qui est un principe sous-jacent à l’effort de conservation.

Étape 1. Combiner les menaces pour toutes les espèces

Même si un bon nombre des stratégies précédents définissaient des mesures de conservation pour une seule espèce prioritaire, les stratégies pour la conservation de tous les oiseaux combinent dans la mesure du possible des exigences de conservation pour toutes les espèces prioritaires. Étant donné que la perte d’habitat constitue la menace la plus importante pour les populations d’oiseaux, les menaces seront généralement combinées pour une vaste catégorie d’habitats (élément 2). En utilisant les résultats de l’élément 4, les espèces sur lesquelles pèsent des menaces similaires dans une catégorie d’habitat peuvent être regroupées. Pour qu’elles permettent d’établir des objectifs et des mesures de conservation, les descriptions des menaces doivent être plus précises que les catégories de menaces de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Veuillez noter que des menaces similaires peuvent être présentes dans différentes catégories de menaces. Par exemple, la perte d’un type d’habitat particulier ou d’une caractéristique importante pour une espèce d’oiseaux peut survenir dans le cadre des activités des catégories 1.0 Développement résidentiel et commercial, 2.0 Agriculture et aquaculture, 5.0 Utilisation des ressources biologiques et 7.0 Modifications du système naturel. L’intégration de ces menaces similaires simplifiera la réalisation de l’étape suivante.

Les lacunes en matière de renseignements sont mises en évidence ici en tant que besoins particuliers sur le plan de la recherche et de la surveillance. Toutefois, il est possible que les objectifs liés à ces lacunes ne soient pas mesurables à un degré significatif.

Étape 2. Établir des objectifs de conservation mesurables

Dans la mesure du possible, les objectifs de conservation doivent porter sur plusieurs espèces et/ou répondre à plus d’une catégorie de menaces (voir l’explication ci-dessus). S’il y a lieu, ils peuvent être axés sur les exigences particulières d’une seule espèce lorsqu’ils sont essentiels pour contribuer à l’atteinte des objectifs de population.

Les objectifs de conservation relèveront de l'une de ces trois grandes catégories :

La dernière catégorie tient compte du fait que les espèces prioritaires peuvent être soumises à des menaces importantes à l’extérieur du Canada (p. ex. les pratiques en matière d’utilisation des terres ou la présence de substances toxiques dans les aires d’hivernage) en plus de celles présentes au sein d’une unité de planification d’une région de conservation des oiseaux. Les objectifs pour les habitats situés à l’extérieur d’une région de conservation des oiseaux sont habituellement présentés dans un autre tableau ou une autre section du plan.

Les objectifs mesurables permettent de suivre les progrès réalisés et d’évaluer l’efficacité des mesures mises en œuvre. Les mesures prennent souvent la forme de catégories (diminution, maintien de la croissance), mais elles comprennent autant que possible ce qui suit :

Les objectifs de conservation des RCO décrivent les conditions environnementales, les politiques, la recherche et la surveillance nécessaire pour aider les oiseaux prioritaires tout au long de leur cycle de vie. La mise en œuvre des mesures qui appuient les objectifs de conservation doit considérer leur faisabilité et prévoir qu’une gamme diversifiée de partenaires sera nécessaire, et ce, autant dans l’unité de planification que dans des territoires soumis à d’autres autorités.

Élément 6 : Recommander des mesures pour atteindre les objectifs de conservation

Objectif : Cette section présente les mesures particulières qui doivent être adoptées pour atteindre les objectifs de conservation énumérés à l’Élément 5 :Fixer des objectifs de conservation mesurables pour aider les espèces et groupes prioritaires

Principaux points à propos des mesures à recommander :

Les recommandations sont habituellement faites d’un point de vue stratégique plutôt que d’être très détaillées et normatives. Dans la mesure du possible, des recommandations plus détaillées peuvent être incluses, par exemple dans les cas où des meilleures pratiques de gestion, des stratégies portant sur l’écosystème ou plusieurs documents relatifs au rétablissement existent pour une unité de planification. Dans le cas contraire, il est difficile d’établir des mesures très normatives sans études de faisabilité. Par contre, les mesures essaient d’être suffisamment détaillées afin d’orienter les partenaires éventuels pour leur mise en œuvre.

Les objectifs liés aux problèmes survenant à l’extérieur du Canada ainsi que ceux liés à la recherche, à la surveillance et aux problèmes généraux n’ont pas à être accompagnés de mesures. L’ampleur de ces problèmes est souvent si vaste qu’il est difficile de présenter des recommandations précises dans le cadre des discussions avec les partenaires internationaux, les experts en la matière ou les équipes de mise en œuvre.

Les recommandations respectent ou appuient celles des documents relatifs au rétablissement des espèces en péril à l’échelle fédérale, provinciale ou territoriale, mais sont habituellement plus générales que celles élaborées pour des espèces individuelles.

Références

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