Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2019

Description de la vidéo

Sommaire des phénomènes météorologiques extrêmes qui se sont produits dans tout le pays en 2019

  1. 10. Moins de feux, plus de superficie brûlée (Alberta)
  2. 9. Le fleuve Saint-Jean déborde à nouveau (Nouveau-Brunswick)
  3. 8. Printemps absent dans l’Est (les provinces de l'Atlantique)
  4. 7. La sorcière de la météo a volé l’Halloween (Québec, Ontario, provinces de l’est)
  5. 6. Dans les Prairies… un temps trop sec au début, trop humide par la suite (Saskatchewan, Alberta, Manitoba)
  6. 5. Les records de chaleur perdurent dans l’Arctique (Nunavut, Yukon, Territoiries-du-Nord-Ouest)
  7. 4. Un mois de février brrrrutal au Canada (côte du Pacifique jusqu'aux Grands Lacs supérieurs)
  8. 3. Précipitations inattendues dans les Prairies (Manitoba, Saskatchewan, Alberta)
  9. 2. Saison active des ouragans comme prévu (les provinces de l'Atlantique)
  10. 1. Une nouvelle crue record de la rivière des Outaouais (Ontario et Québec)

Avant-propos

Les Canadiens subissent de plus en plus de conditions météorologiques exceptionnelles, allant  de vagues de chaleur intenses et longues, à des épisodes de fumée suffocante et de brume sèche causés par des feux de forêt, en passant par des inondations extrêmes. Les scientifiques canadiens ont établi un lien explicite entre les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes. Ils expliquent que, bien que ces événements puissent se produire et se produisent naturellement, ce que nous observons est dû aux changements climatiques anthropiques. Les effets liés aux changements climatiques sont évidents dans de nombreuses régions du Canada et ils devraient s’intensifier.

Comme l’illustrent les dix événements météorologiques les plus marquants de 2019, les conditions météorologiques exceptionnelles sont de plus en plus courantes. Nous observons ces phénomènes chez nous, dans nos collectivités et dans tout le pays. La population canadienne doit devenir plus résiliente pour affronter non seulement ce que l’avenir nous réserve, mais aussi les changements climatiques qui sont déjà à nos portes.

Introduction

Les Canadiens ont eu beaucoup à « endurer » en 2019 : l’hiver nous a gelés et ensevelis, l’été nous a bien trempés et effrayés même si parfois il nous a rôtis sur place. Nous avons vécu un printemps et un automne très courts qui ont néanmoins entraîné des conditions météorologiques des plus destructrices et perturbatrices. Les dommages matériels causés par les conditions météorologiques extrêmes ont coûté des millions de dollars aux habitants du pays et des milliards de dollars à l’économie. Selon des estimations préliminaires recueillies par le Bureau d’assurance du Canada, le Canada a été le théâtre de 12 grands événements catastrophiques, chacun ayant entraîné des pertes de plus de 25 millions de dollars. Pour la onzième année consécutive, le secteur canadien de l’assurance a essuyé des milliards de dollars de pertes en raison de conditions météorologiques extrêmes.

L’année 2019 a été marquée par de grandes inondations, surtout en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. La crue de la rivière des Outaouais a été plus importante et plus destructrice qu’en 2017. Tous les aspects de cette inondation, que ce soit son ampleur, sa durée ou ses répercussions, étaient sans précédent. Pour la deuxième année consécutive, le fleuve Saint-Jean a débordé de son lit en avril, provoquant l’une des plus longues inondations de l’histoire du Nouveau‑Brunswick. Des inondations importantes se sont également produites dans la région de villégiature du centre de l’Ontario, sur les rives des Grands Lacs inférieurs et dans la région de la Beauce au Québec.

L’absence d’inondations printanières dans la vallée de la rivière Rouge au Manitoba a fait les manchettes. En effet, une crue majeure était prévue dans le bassin, mais elle ne s’est pas matérialisée en raison d’une saison de fonte favorable. En revanche, des pluies abondantes et des chutes de neige en octobre ont donné lieu à des avertissements d’inondation ainsi qu’à des avis de niveau d’eau élevé dans certaines régions du Manitoba et ont déclenché l’activation la plus tardive dans l’année du canal de dérivation de la rivière Rouge depuis son entrée en service.

L’année 2019 a connu plusieurs tempêtes notables. L’une d’elles a déçu des millions d’enfants en Ontario et au Québec, qui ont été contraints d’écourter ou même de reporter leur tournée de l’Halloween. Deux chutes de neige au début de l’automne ont frappé les résidents de Calgary et de Winnipeg et ont retardé les récoltes. Pendant la saison active des ouragans dans l’Atlantique, le Canada a été touché par quatre tempêtes tropicales, notamment directement par l’ouragan Dorian de catégorie 2 en septembre. Les incidences de l’ouragan Dorian ont été aggravées par les pluies diluviennes et les vents puissants de la tempête tropicale Erin, qui était passée seulement une semaine plus tôt. Malgré une intensité moindre que celle de l’ouragan Juan de 2003, les vents, les pluies et les vagues de Dorian ont détruit plus d’infrastructures physiques de la Nouvelle-Écosse que toute autre tempête antérieure.

Les tempêtes de 2019 ont causé d’importantes pannes de courant du Pacifique à l’Atlantique en passant par l’Arctique. Plus de trois millions de foyers et d’entreprises sont restés sans électricité pendant des heures, des jours, voire plus d’une semaine. Ainsi, la Colombie-Britannique a enregistré, au cours de la première semaine de l’hiver (décembre 2018), la plus grande panne de l’histoire de BC Hydro. Au Manitoba, le service public d’électricité a également subi la plus grande panne de l’histoire de la province. Au Québec, la tempête de l’Halloween a privé de courant près d’un million de clients, soit le nombre le plus important après la tristement célèbre tempête de verglas de janvier 1998. Avec l’ouragan Dorian, Nova Scotia Power a dû faire face à la pire tempête de son histoire, qui a touché 80 % de sa clientèle, soit 412 000 clients.

L’année 2019 a posé des défis considérables aux producteurs d’aliments et au secteur agricole de tout le pays. L’agriculture a été difficile tout au long de l’année pour les agriculteurs et les éleveurs de l’Ouest en raison d’une saison de croissance trop froide, d’un début de saison trop sec ou d’un automne trop humide, contraignant certains à terminer leur récolte en 2020. Cette récolte a été la pire jamais connue pour ceux qui ont réussi à la terminer. Pour les agriculteurs de l’Est, les conditions météorologiques de la saison de croissance ont été particulièrement décevantes. Certains agriculteurs ont ainsi expliqué qu’ils auraient pu contracter à la fois une assurance contre les inondations et une assurance contre la sécheresse pour la même saison de croissance.

En 2019, les Canadiens de l’Ouest ont prouvé leur force de caractère en hiver en surmontant une vague de froid brutale en février, qui a fait paraître le mois le plus court de l’année comme le plus long. Les habitants de l’Est n’ont pas été moins héroïques, obligés de subir de longues pannes d’électricité. Contrairement aux deux années précédentes, la saison des feux de forêt a été tranquille dans l’ensemble au Canada. Notons quelques exceptions en Alberta et dans le nord-ouest de l’Ontario, où de vastes étendues de bois d’œuvre ont été brûlées dans certains des plus grands incendies jamais enregistrés.

En 2019, dans le rude mais fragile Nord, l’Arctique a poursuivi son réchauffement alarmant et la fonte massive de ses glaces. Certaines parties du Nord ont connu des conditions météorologiques semblables à celles du Sud, comme des vagues de chaleur, des orages, des tornades, des feux de forêt et des pluies hivernales. L’étendue de la couverture de glace de l’Arctique est tombée à son deuxième niveau minimal le plus bas jamais enregistré (en 40 ans).

Incroyable mais vrai : le Canada a connu une autre année chaude (de janvier à novembre compris)! Il s’agit en effet de notre 23e année consécutive « non froide », bien qu’elle n’ait pas été aussi chaude que la plupart des 10 années précédentes. La plus grande partie du réchauffement provenait du Nord, surtout de la partie nord-est du Nunavut, qui a connu sa deuxième année la plus chaude enregistrée depuis 72 ans, dépassée seulement par les températures de 2010. Pour des millions de Canadiens, l’année 2019 n’a pas a été tellement froide; elle n’a simplement pas été chaude. À l’exception de la côte Pacifique de la Colombie-Britannique, tout le sud du Canada, de Summerland à Summerside, a connu une année fraîche, avec des températures légèrement inférieures à la normale. Cette fraîcheur a été causée principalement par un mois de février glacial et un été qui s’est contenté de nous donner un avant-goût des joies estivales.

L’année 2019 a clôturé la décennie la plus chaude jamais enregistrée au Canada. La température moyenne sur dix ans (2010-2019) était supérieure de 1,42 °C aux conditions à long terme (1948-2019). Depuis les années 1970, chaque décennie a été plus chaude que la précédente, avec une accélération du réchauffement depuis le début du siècle. À l’échelle mondiale, 2019 a encore été une année chaude, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), et elle est en bonne voie de devenir la deuxième année la plus chaude depuis les premiers relevés modernes de températures remontant à 140 ans, même sans l’aide d’un phénomène tropical El Niño du Pacifique. De plus, le réchauffement continu de 2019 a fait de cette décennie la plus chaude des temps modernes.

Les événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2019 ont été choisis parmi une liste de 100 événements météorologiques importants, classés d’un à dix en fonction de divers facteurs, notamment leurs répercussions sur le Canada et la population canadienne, l’étendue de la zone touchée, leurs effets économiques et environnementaux, ainsi que leur durée.

1. Une nouvelle crue record de la rivière des Outaouais

La nature était fin prête à une autre inondation printanière catastrophique le long de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent, qui ont connu un deuxième débordement record en trois ans. Les inondations de la rivière des Outaouais constituent souvent une menace au printemps. Le siècle dernier, à huit reprises, le débit des inondations a dépassé 8 000 mètres cubes par seconde à Hawkesbury, en Ontario. Cependant, à deux reprises seulement, en 2017 et 2019, le débit a atteint un pic supérieur à 9 000 mètres cubes par seconde. L’inondation de cette année a été plus importante que celle de 2017, qui avait été considérée alors comme l’inondation du siècle. Le 5 avril, Hydro-Québec a signalé que le débit au barrage de la Chute-Bell (Québec) sur la rivière Rouge – qui se jette dans la rivière des Outaouais – dépassait le débit prévu dans le cahier des charges du barrage. Ce dernier, construit pour résister à une crue millénale, a vu l’eau jaillir au-dessus de l’infrastructure et sur ses côtés, à un débit onze fois supérieur à la normale.

Tous les aspects de l’inondation de cette année, y compris son ampleur et sa durée, étaient sans précédent. Tous les ingrédients météorologiques étaient réunis pour un événement catastrophique. Sept mois consécutifs de températures au-dessous de la normale d’octobre à avril ont causé une situation de gel du sol en profondeur et de dégel tardif, qui empêchait l’infiltration de pluie et du ruissellement de la fonte des neiges. Avec peu de fonte par la mi-printemps, un manteau neigeux épais et glacé s’est maintenu. Dans les zones fortement boisées situées en amont de la rivière des Outaouais, l’accumulation de neige était de 50 % supérieure à la normale. Pour aggraver ce scénario, plusieurs épisodes de pluies printanières abondantes ont persisté pendant cinq semaines, de la mi-avril à la mi-mai. Ils ont notamment compris deux tempêtes provenant du golfe du Mexique qui ont apporté l’équivalent d’un mois de pluie et ont déclenché une inondation printanière longue et immédiate. À Ottawa, une accumulation de pluie plus de deux fois supérieure à la normale, soit 150 mm pour être exact, est tombée entre le 10 avril et le 10 mai.

Cela promettait une saison d’inondation longue et interminable sur le bord de la rivière des Outaouais et de la rivière Rideau, soumises à des pluies diluviennes, ainsi qu’au Québec, le long des rivières Rigaud, des Mille-Îles et des Prairies. À la mi-avril, une accumulation de 20 à 40 cm de neige était encore observable dans les parties nord du bassin versant de la rivière des Outaouais. Des pluies torrentielles et de l’air chaud du sud-ouest ont eu raison du manteau neigeux, causant une fonte rapide. Le 1er mai, la crue de la rivière des Outaouais a atteint un maximum de 30 cm au-dessus du niveau de crue le plus élevé de 2017. L’eau a inondé plusieurs collectivités riveraines, notamment Pembroke, Constance Bay, Fitzroy Harbour, Arnprior et Britannia en Ontario et Pontiac, Gatineau, Rigaud et Laval au Québec. Des douzaines de petites rivières se déversant dans la rivière des Outaouais ont également battu des records de débit. Pour la deuxième fois en trois ans, les propriétaires, les travailleurs municipaux, les bénévoles et le personnel des forces armées ont travaillé d’arrache-pied pour remplir des sacs de sable, construire des murs de fortune, pomper l’eau des habitations et aider les premiers intervenants lors des évacuations. Des centaines d’habitants de Pembroke (en Ontario) à Sherbrooke (au Québec) et de la Beauce (au Québec) ont dû quitter leur domicile malgré les sacs de sable employés dans la lutte contre les inondations. À Ottawa et à Gatineau, plus de 6 000 logements ont été inondés ou exposés à un risque d’inondation. Les routes et les rues des zones inondées ont connu de longues fermetures. Plusieurs ponts, dont le pont Chaudière entre Ottawa et Gatineau, ont également été fermés, et plusieurs services de traversier ont été suspendus. L’inondation des terres agricoles a retardé les travaux des champs et les plantations. En aval, à Montréal, l’état d’urgence causé par les inondations a été maintenu jusqu’au 8 mai. Il a fallu un mois de plus à Ottawa pour lever l’état d’urgence. L’inondation a fait au moins deux victimes : une en Ontario et l’autre au Québec.

2. Saison active des ouragans comme prévu

La saison des ouragans de 2019, dans l’Atlantique, a été l’une des plus dévastatrices au monde, faisant de nombreuses victimes et causant une destruction généralisée dans les Caraïbes. La dépression post-tropicale Erin a touché la côte sud de la Nouvelle-Écosse le 29 août où elle a fusionné avec un creux de basse pression arrivant de l’ouest. À son apogée, le taux de précipitations de cette tempête hybride dépassait les 30 mm par heure, ce qui a déclenché des crues soudaines qui ont provoqué des accumulations et des débordements.

La semaine suivante, l’ouragan Dorian est arrivé sur les lieux. Dorian a été la tempête la plus destructrice de la saison, tant au Canada qu’à l’étranger. Avec des vents de près de 300 km/h, il a détruit des parties de Grand Bahama et des îles Abacos avant de déferler le long des côtes de la Floride et de la Géorgie, pour toucher terre en Caroline du Nord. Le 7 septembre, c’est un ouragan en perte de vitesse qui s’est dirigé vers le nord-est en direction du Canada. À l’approche de la Nouvelle-Écosse, Dorian s’est transformé en tempête post-tropicale, tout en conservant son intensité de catégorie 2 avec des vents soutenus de 155 km/h avant de toucher terre peu après 19 h, juste à l’ouest de Halifax. La tempête post-tropicale Dorian a frappé le Canada atlantique pendant 24 heures, les 7 et 8 septembre, avec de fortes pluies, des vents violents, des ondes de tempête et de fortes vagues. Certains arbres centenaires au feuillage bien fourni ont été déracinés brusquement pour retomber souvent sur les maisons et les véhicules. Près d’un demi‑million de personnes se sont retrouvées sans électricité au Canada atlantique. Quatre-vingts pour cent des foyers et des entreprises de la Nouvelle-Écosse ont été privés d’électricité, soit le nombre de pannes le plus élevé de l’histoire de Nova Scotia Power. Dorian a sérieusement compromis les récoltes qui étaient presque prêtes à la moisson alors que la saison de croissance avait déjà été difficile. Les autorités ont affirmé que les dommages causés à l’infrastructure matérielle dans toute la Nouvelle-Écosse étaient sans précédent. Grâce à l’excellente préparation des citoyens et des gestionnaires des mesures d’urgence, il n’y a pas eu de blessures graves ni de victimes immédiates. Les précipitations totales atteignaient 100 mm à de nombreux endroits, avec un maximum de 190 mm à l’ouest de Halifax.

Dorian a également apporté des vents destructeurs dans d’autres régions des Maritimes. Les ondes de tempête ont causé d’importantes inondations sur certaines zones côtières le long du détroit de Northumberland. Dans la région de Shediac, au Nouveau-Brunswick, les vents et les ondes de tempête ont soulevé des douzaines de navires pour les emporter sur le littoral. Les Îles-de-la-Madeleine et la Gaspésie ont été durement touchées, avec des arbres déracinés, des maisons, des chalets et des bateaux endommagés, et dans certains cas, des chalets et des dépendances arrachées de leurs fondations. Au fur et à mesure que Dorian se dirigeait vers Terre-Neuve-et-Labrador, ses effets ont surtout été causés par les vents. Les vents les plus puissants ont frappé les parties ouest et sud-ouest de Terre‑Neuve‑et‑Labrador, atteignant 157 km/h dans la région de Wreckhouse. Dorian a également produit une vague monstre de 30 m à quelques pas de Port aux Basques, à Terre-Neuve-et-Labrador. Les premières estimations du Bureau d’assurance du Canada indiquent que l’ouragan Dorian a causé aux biens assurés une succession de dommages évalués à 140 millions de dollars, dont les deux tiers environ se sont produits en Nouvelle-Écosse.

D’autres tempêtes tropicales de l’Atlantique ont perturbé la vie au Canada. Au début de l’été, les vestiges de l’ouragan Barry ont causé des inondations dans l’ouest de Toronto. Le 21 septembre, l’ouragan Humberto a traversé les eaux canadiennes sous forme de tempête post-tropicale. Les 24 et 25 septembre, la tempête tropicale Jerry n’a pas touché terre au Canada, mais elle y a apporté des précipitations de l’ordre de 40 à 60 mm dans certaines parties de l’Île-du-Prince-Édouard, de l’ouest du Nouveau-Brunswick et du nord de la Nouvelle-Écosse. Certaines parties de Terre-Neuve-et-Labrador avaient également reçu plus de 100 mm de pluie. La pluie a refoulé les drains qui étaient encore bouchés par les débris laissés par Dorian. Au cours de la dernière semaine d’octobre, les restes de la tempête tropicale Olga ont laissé jusqu’à 50 mm de pluie, alors que les vents du sud-ouest ont gonflé les niveaux d’eau sur certaines rives exposées des lacs Érié et Ontario.

3. Précipitations inattendues dans les Prairies

Il n’est pas rare à Calgary de voir la neige tomber en septembre, et dans cette région, les deux tiers environ des chutes de neige annuelles surviennent habituellement à l’automne et au printemps. Mais à la fin de septembre dernier, Calgary a été secouée pendant quatre jours par un assaut de temps hivernal avec des chutes de neige et des températures sous le point de congélation. Les accumulations de neige ont atteint 32 cm, et même s’il ne s’agit pas d’un record, Calgary a vu apparaître à la fin de septembre la plus épaisse couche de neige au sol depuis 65 ans. Sur les contreforts, des chutes de neige importantes se sont produites à un rythme plus intense, avec une accumulation de plus d’un mètre sur les hauteurs des lacs Waterton, Pincher Creek et Crowsnest Pass.

La neige lourde et mouillée a causé d’énormes problèmes de circulation. Plusieurs universités, collèges et services publics ont dû fermer leurs portes, et les voyageurs aériens ont accusé des retards et des annulations de vols. Les arbres arborant encore leur feuillage se sont courbés, affaissés et brisés sous le poids de la neige collante. L’accumulation de neige sur les lignes électriques et les branches a causé des pannes d’électricité généralisées. À l’extérieur de Calgary, surtout au sud et à l’ouest, les agriculteurs et les éleveurs se sont préparés à faire face à un plus grand nombre de gelées meurtrières ainsi qu’à une neige abondante et mouillée qui détruit les récoltes. Dans le sud de la Colombie-Britannique, l’hiver hâtif a également apporté de 35 à 50 cm de neige sur plusieurs cols de montagne. Finalement, la tempête s’est déplacée vers l’est, apportant beaucoup moins de neige au sud de la Saskatchewan et seulement des pluies au Manitoba.

Deux semaines plus tard, à l’approche de la fin de semaine de l’Action de grâces, les Manitobains étaient encore en train de sécher leurs terres à la suite de pluies records de septembre, près de trois fois la norme. Les agriculteurs étaient particulièrement inquiets, mais après une première semaine d’octobre relativement sèche, ils ont redémarré leur moissonneuse-batteuse et repris la récolte 24 heures sur 24. Ils gardaient l’œil sur un système météorologique bien annoncé. La tempête est restée au-dessus de la région pendant plusieurs jours. Des neiges abondantes et collantes ont recouvert le Manitoba de Brandon à Winnipeg, du 10 au 12 octobre et toute la fin de semaine de l’Action de grâces. Les accumulations de neige historiques ont atteint 34 cm en deux jours à Winnipeg, ce qui en fait la plus grosse tempête de neige d’octobre dans cette ville depuis le début des relevés en 1872. L’état d’urgence a été déclaré dans toute la province et dans onze collectivités en particulier, dont Winnipeg. Dans au moins une douzaine de collectivités des Premières Nations, il a fallu évacuer plus de 6 000 personnes. Des pannes d’électricité prolongées et généralisées ont créé des difficultés. La neige mouillée a été balayée par des vents violents de plus de 80 km/h, ce qui a créé des blizzards aveuglants et des amoncellements de deux mètres de hauteur. Dans certains cas, les pylônes de transmission ont été renversés, paralysant la totalité des réseaux électriques. Selon Manitoba Hydro, au plus fort de la tempête, un quart de millions de personnes étaient privées d’électricité, ce qui en fait la plus grande panne de l’histoire des services publics. Dix jours plus tard, environ 5 000 foyers étaient encore sans électricité. Des citoyens ont été empêchés de retourner chez eux jusqu’à la fin de novembre.

L’arrivée de la tempête précoce en octobre a fait pencher les branches des arbres, encore pleines de feuilles, jusqu’à rompre les lignes électriques. Le poids de la neige a endommagé et détruit de nombreux arbres de Winnipeg. Sur les terres publiques, plus de 30 000 arbres ont été touchés, et plusieurs milliers d’autres l’auraient été sur des terres privées. L’escarpement du Manitoba, à Morden, Winkler et Carberry, a également reçu de 50 à 75 cm de neige.

docksnflipflops / iStock / Getty Images Plus via Getty Images

4. Un mois de février brrrrutal au Canada

Le vortex polaire qui sévissait partout au Canada a permis de bien définir ce qui constitue un long hiver! On s’attendait à ce qu’El Niño dompte l’hiver en Amérique du Nord, mais il est apparu tardivement et son effet sur les conditions météorologiques a été minime. Au lieu de cela, pendant six semaines de janvier jusqu’à la fin de février, le climat arctique a poussé un courant continu d’air glacial vers le sud.

Dans la moitié du pays, de la côte du Pacifique aux Grands Lacs d’amont, le mois de février a été le plus froid depuis au moins 70 ans. Le long de la côte du Pacifique et à l’intérieur de la Colombie-Britannique, les températures demeuraient à 9 degrés sous la normale et près de 1,6 degré plus froides que le précédent février le plus froid, en 1949. Calgary a connu son mois de février le plus froid en 83 ans, et dans la région de Chinook de l’Alberta, la température était de 14 degrés sous la normale. La température moyenne de février à Calgary est demeurée au niveau stupéfiant de 10 degrés sous la normale, ce qui représente le plus grand écart de la moyenne mensuel jamais enregistré dans les provinces des Prairies. Au cours des deux premiers mois de l’année, Toronto a reçu des précipitations de neige équivalentes à celles d’une année complète, et connu seulement 10 jours sans chute de neige en janvier et février. En février, Montréal a connu 9 jours de gel et dégel, ce qui signifie que le liquide au sol pendant la journée gèle pendant la nuit, causant un nombre anormalement élevé de glissades, chutes et blessures allant d’entorses à des commotions cérébrales. Le mois de février au Canada atlantique était le troisième plus froid en 25 ans. Il y a eu simplement beaucoup trop de jours d’hiver consécutifs sans répit.

Pendant ce temps, les sans-abri canadiens remplissaient toutes les places disponibles dans les refuges d’urgence. Souvent, les facteurs et les services de messagerie n’étaient pas en mesure de s’acquitter de leurs fonctions. De nouveaux records de consommation d’énergie étaient établis pour être éclipsés dès le lendemain. Les problèmes mécaniques se multipliaient dans les réseaux de transport en commun. Les autobus tombaient en panne, forçant souvent les écoles à fermer pendant plusieurs jours consécutifs. Les villes ont dû faire face à des centaines d’appels de service concernant des tuyaux qui fuyaient ou se brisaient, et le gel atteignait une profondeur allant bien au-delà des tuyaux. Regina, par exemple, a signalé le nombre record de 52 ruptures de conduites principales d’eau, comparativement à la moyenne quinquennale de 17 pour février. Des vents froids et féroces soufflaient, des glaces et des montagnes de neige s’entassaient devant les maisons et encore plus le long des bordures et des allées. On se souviendra du mois le plus court de l’année pour l’une des plus longues vagues de froid depuis très longtemps.

Amanda Goodrick / iStock / Getty Images Plus via Getty Images

5. Les records de chaleur perdurent dans l’Arctique

Après avoir connu plusieurs années consécutives de réchauffement, l’Arctique a vu moins de neige s’accumuler au sol, le pergélisol s’affaisser plus profondément, la glace de mer s’amincir et les glaciers de haute altitude se retirer. L’augmentation des températures au-dessus et au- dessous de la couche de glace a entraîné une autre réduction des concentrations de glaces, de son étendue maximale en mars aux quantités minimales de septembre. En septembre dernier, la glace de mer de l’Arctique a atteint sa superficie minimale annuelle de 4,15 millions de kilomètres carrés, soit le deuxième plus bas niveau minimal jamais enregistré, à égalité avec les minimums observés en 2007 et en 2016, et en deçà du record établi en 2012. Selon le Service canadien des glaces, la tendance à la réduction de la couverture de glace a été observée dans les eaux du nord du Canada, les superficies maximales et minimales de la couverture de glace ayant été atteintes respectivement à la mi-mai et à la fin de septembre. La prise de la glace à l’automne a été la plus tardive jamais enregistrée (depuis 1979), principalement en raison de la période de chaleur extraordinaire qui a duré dix semaines à compter du début de septembre.

En Alaska, au Groenland et au Canada, les températures dans l’Arctique nord-américain ont atteint un niveau record au-dessus de la moyenne tout au long de l’année. La vague de chaleur de juillet, qui a surgi en Afrique du Nord et s’est propagée vers le nord pour faire rôtir l’Europe, a continué de se faire sentir dans l’Arctique. Selon l’analyse des tendances d’Environnement et Changement climatique Canada, les températures estivales dans l’Extrême-Arctique se situaient entre 2,5 et 4,5 °C au-dessus de la normale pour le Nunavut, ce qui en a fait l’été le plus chaud en 72 ans dans ces régions.

Au cours de la première moitié de l’hiver, certaines parties du Nunavut ont reçu très peu de neige. Dans la toundra, les chasseurs autochtones ont signalé que des rochers tout comme du gravier ailleurs, étaient exposés, alors que la plupart du temps, une couche de neige durcie recouvre le tout. Quelques jours à peine avant le début du printemps, les vents du sud ont apporté au Nord une chaleur inhabituelle et un ensoleillement excessif. En mars, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest ont battu plus de 90 records de température maximale en une semaine, certains ayant éclipsé le précédent record de trois à six degrés. Le 11 avril, la route de glace reliant Dettah et Yellowknife a fermé pour la saison en raison de la détérioration rapide des conditions lorsque les températures ont dépassé les 20 °C. Il s’agissait de la fermeture la plus hâtive de cette route depuis 1993. D’autres routes de glace ont dû fermer prématurément. Le 2 juin vers 16 h, des témoins oculaires ont aperçu une tornade de force EF-1 près de Fort Smith (T.N.-O.). C’était la quatrième tornade jamais confirmée au nord du 60e parallèle au Canada. La Station Alert des Forces canadiennes, au Nunavut, un avant-poste militaire et l’endroit habité en permanence situé le plus au nord de la Terre, a connu une « vague de chaleur arctique » à la mi-juillet lorsque les températures ont dépassé les 21 °C, soit 14 degrés de plus que la normale. Ce jour-là, il faisait plus chaud à Alert, au Nunavut qu’à Victoria, en Colombie-Britannique! Dans l’après-midi du 10 août, de multiples éclairs d’un rare orage arctique se sont produits à moins de 500 kilomètres du pôle Nord. Les feux de forêt ont commencé tôt au Yukon, ils ont duré plus longtemps, ils étaient plus chauds et plus étendus, et ils se sont déplacés plus rapidement. La superficie totale brûlée était plus du double de la moyenne décennale du territoire, soit de 2 800 km carrés. Près d’Inuvik (T.N.-O.), au nord du cercle polaire arctique, se sont aussi propagés des feux de forêt perceptibles depuis l’espace.

6. Dans les Prairies… un temps trop sec au début, trop humide à la fin

En 2019, les agriculteurs et les éleveurs des Prairies ont connu une autre année difficile sur le plan météorologique. Il faisait un temps trop frais et sec au début de l’année, et trop froid et humide à la fin. Avant même le début de la saison de croissance, les éleveurs et les agriculteurs étaient confrontés à des conditions hivernales et printanières parmi les plus sèches depuis les 133 ans qu’ils tiennent des registres. Certaines régions méridionales avaient connu un faible taux d’humidité et peu de précipitations depuis plus de deux ans. La ville d’Edmonton, en Alberta, a connu son printemps le plus sec jamais enregistré. La ville de Regina, en Saskatchewan, a connu son mois de mars le plus sec avec des précipitations atteignant seulement 0,8 mm. La ville de Saskatoon, en Saskatchewan, a connu un mois d’avril encore plus sec avec 0,4 mm de précipitations. La ville de Winnipeg, au Manitoba, a enregistré son premier semestre le plus sec avec une quantité totale de précipitation de seulement 91 mm, alors que de janvier à juin, en temps normal, elles atteignent 235 mm. Dans ces villes, les propriétaires voyaient leurs fondations craquer, se déplacer et s’enfoncer dans un sol anormalement sec. Le froid record de février qui s’est prolongé en mars et en avril, avait déjà retardé l’ensemencement et ralenti la croissance des cultures. Les Prairies ont bénéficié de pluies éparses en juillet, mais des poches de sécheresse ont persisté dans le sud, entraînant une pénurie de ressources alimentaires qui perdure depuis 2018. Les herbages rabougris ont forcé les éleveurs à vendre une partie de leurs troupeaux ou à commencer à utiliser la nourriture d’hiver des mois en avance.

L’humidité, si nécessaire au milieu de l’été jusqu’à l’automne, a d’abord remonté le moral des habitants des régions rurales de l’Ouest, mais malheureusement, les pluies ne se sont pas arrêtées avant que les Prairies ne passent de la sécheresse aux inondations. Regina a reçu près de 175 mm de pluie en août et en septembre, soit 100 mm de plus que la normale, ce qui en fait le deuxième mois d’août/septembre le plus humide en 136 ans. Les pluies fréquentes et abondantes ont souvent laissé les champs saturés et empêché les producteurs de manipuler l’équipement agricole lourd. Les résidents des Prairies ont vécu en été le double du nombre habituel de phénomènes météorologiques violents avec des tornades, des pluies intenses, des tempêtes de vent et 2,25 fois le nombre habituel de tempêtes de grêle, mais aucun autre endroit ne peut mieux illustrer ce drame que la ville d’Edmonton. En juin, juillet et août inclusivement, la station météorologique de la ville d’Edmonton a enregistré des pluies pendant 55 jours, soit la deuxième plus longue séquence pluvieuse depuis 1881. De plus en 2019, il n’y a eu que 18 jours où les températures de l’été ont grimpé à 25 °C ou plus.

Dans le centre de l’Alberta, les cultures étaient noyées, les pâturages submergés et les fossés combles débordaient. L’humidité a entraîné d’importantes pertes de récolte, surtout de foin. Les agriculteurs avaient désespérément besoin de temps plus chaud, plus venteux et plus ensoleillé pour assécher leurs récoltes. Au lieu de cela, le ciel était couvert, les températures froides et les averses continuelles avec une grêle plus abondante. Pour des milliers de producteurs, leurs familles et leurs collectivités, le stress et la tension ont atteint le point de rupture. Et avec la persistance des pluies en septembre et octobre, les agriculteurs sont devenus encore plus anxieux. De vastes étendues de terrain ont reçu le double des précipitations moyennes entre août et octobre. Les chutes de neige historiques qui ont frappé l’Alberta et l’ouest de la Saskatchewan à la mi-septembre, suivies par de nouvelles chutes de neige et de pluie en octobre, ont entraîné une chute des prix et la détérioration de la majorité des cultures des Prairies qui étaient encore dans les champs. Des signes de germination et de moisissure sont apparus sur les céréales. Le canola, les pommes de terre, le soja et les betteraves à sucre n’avaient jamais auparavant été récoltés en pareille quantité aussi tardivement.

eclipse_images / E+ via Getty Images

7. La sorcière de la météo a volé l’Halloween

Les soirs d’Halloween, on scrute plus attentivement les prévisions que la plupart des autres soirs. Pour des millions d’enfants et leurs parents, les prévisions météorologiques du soir de l’Halloween sont utilisées pour prendre d’innombrables décisions, qu’il s’agisse de comment s’habiller, de l’itinéraire de porte-à-porte ou de sa durée. Cette année, certains dirigeants municipaux ont envisagé de reporter l’Halloween plusieurs jours avant l’annonce d’une importante tempête prévue ce soir-là.

Après des averses de pluie la veille de l’Halloween, une deuxième vague de pluie plus intense a traversé le centre du Canada à l’Halloween vers le Canada atlantique jusqu’au matin du 1er novembre. Au même moment, de la neige est tombée du côté nord du système, s’étendant du nord-est de l’Ontario jusqu’au centre-nord du Québec et jusqu’au Labrador, avec des vents puissants dans l’Est.

Vingt municipalités québécoises ont reporté la tournée de l’Halloween au lendemain. Des millions d’enfants ont échangé une soirée à passer l’Halloween sous la pluie contre une soirée sous des vents forts dans une obscurité totale le soir suivant, lorsque des vents destructeurs ont accompagné une baisse de la température au moment où les fortes précipitations tiraient à leur fin.

Les vents à Port Colborne, en Ontario, ont atteint un sommet de 129 km/h. Le long des rives de l’est du lac Érié et du lac Ontario, de hautes vagues et des ondes de tempête ont causé d’importants dommages matériels. Montréal, Trois-Rivières et La Pocatière (Québec) ont enregistré des rafales de plus de 104 km/h. Halifax, en Nouvelle-Écosse, a enregistré une rafale de 102 km/h. Les vents de Terre-Neuve se sont intensifiés le 1er novembre, atteignant 107 km/h à Wreckhouse et 100 km/h à St. John’s.

Les forts vents ont fait tomber des lignes électriques et des arbres, ce qui a entraîné des pannes d’électricité pour près de deux millions de Québécois le 1er novembre. C’était la plus grande interruption de service dans la province en plus de 20 ans. Les pannes d’électricité étaient particulièrement répandues à Montréal, en Montérégie, dans les Laurentides, en Estrie, dans Lanaudière et dans la région de la Beauce et de la ville de Québec. Des pluies diluviennes ont également provoqué des inondations au centre-ville de plusieurs collectivités, dont Sherbrooke, où plus de 100 mm de pluie ont fait monter la rivière Saint-François sur plus de sept mètres, ce qui a entraîné l’évacuation de 250 bâtiments. Les villes de Granby, de Sherbrooke et de Drummondville semblent avoir été les plus touchées par la tempête, avec à la fois les plus fortes pluies et les vents les plus forts enregistrés dans cette région du sud du Québec. Les pertes de biens se sont chiffrées à plusieurs millions de dollars en raison des arbres arrachés et des toits et revêtements endommagés. Les autorités ont confirmé quatre décès au Québec.

Pour une grande partie de l’Est du pays, la tempête de l’Halloween a également été synonyme de changement de saison, car elle a mis fin à ce qui avait été un automne chaud, donnant lieu au froid de novembre et aux premières chutes de neige de l’hiver.

8. Printemps absent dans l’Est

Après l’un des mois de février les plus froids depuis des décennies, les Canadiens étaient prêts pour le printemps. Pourtant, le « vrai » printemps ressemblait davantage à l’hiver dans tout l’Est du Canada. Le coupable de cette température était le redoutable vortex polaire qui s’est installé et est resté bien après le mois d’avril. Des vents persistants du nord et de l’ouest ont gardé l’air printanier froid avec un ciel couvert, de la pluie froide et même de la neige par moments. De l’Alberta jusqu’au Canada atlantique, le printemps a été plus froid que la normale.

Dans la région du bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent, le printemps a été le deuxième plus froid en 22 ans. La plupart des Canadiens ont tout simplement dû attendre jusqu’à l’été pour l’arrivée du printemps. Le manque de soleil et de chaleur et les semaines de pluies incessantes ont inquiété les agriculteurs, les jardiniers et les golfeurs. Le printemps a probablement été la saison la plus cruelle de cette année. Le premier jour de l’été, de nombreux champs et terrains de golf dans l’Est étaient soit submergés par l’eau, soit encore saturés par l’eau des pluies ininterrompues. De l’eau stagnante recouvrait des portions de maïs et de soja récemment semés. Les agriculteurs ne pouvaient que regarder les plants pourrir. Certains producteurs ont été retardés de quelques semaines, d’autres n’ont jamais pu rattraper le retard, et d’autres se sont précipités pour choisir une autre culture. Dans l’Est, c’était l’une des saisons d’ensemencement les plus tardives. Au cours de la longue fin de semaine de mai, moins de 5 % de la production de l’Ontario était dans le sol. Certaines graines ont été semées, mais rien ne poussait, à l’exception de l’herbe. La vallée de l’Annapolis, en Nouvelle-Écosse, zone agricole riche, a enregistré près du triple de ses précipitations en avril et a connu les températures du sol les plus froides en 20 ans.

Le mois de mai a également été plus froid que la normale, ce qui a réduit l’évaporation et le séchage. À Moncton, au Nouveau-Brunswick, la température moyenne en mai était de 7,6 °C, ce qui est nettement inférieur à la normale de 10 °C. La chaleur pour la culture d’aliments et de fleurs était inférieure à 40 % de la normale en mai, ce qui a déçu de nombreux agriculteurs et jardiniers. La saison d’ensemencement de 2019 a été la plus tardive en 40 ans, avec un retard d’environ trois semaines, ce qui a soulevé des préoccupations au sujet des dommages causés aux cultures par un gel hâtif ou une forte quantité d’eau souterraine à la récolte. Les conditions météorologiques étant le pire ennemi des agriculteurs au printemps, il s’est avéré être leur meilleur allié à l’automne avec suffisamment de temps ensoleillé, chaud et sec pour sauver ce qui aurait pu être une récolte désastreuse.

Les villes ont été touchées par l’absence ou le retard du printemps. Les terrains de sport étaient inondés, obligeant des milliers de pratiques et de parties à être reportés. Les terrains de golf ont été ouverts tard, et sont restés vides tout au long du printemps; certains surintendants de golf ont déploré les conditions, les qualifiant des pires depuis au moins 15 ans.

shaunl / iStock / Getty Images Plus via Getty Images

9. Le fleuve Saint-Jean déborde à nouveau

Au début du mois de mars, les spécialistes des prévisions météorologiques des régimes fluviaux du Nouveau‑Brunswick étaient à l’affût. Dans le nord-ouest de la province, il neigeait depuis la fin d’octobre. L’accumulation de neige, beaucoup plus épaisse que la moyenne, était supérieure de près de 20 % à la quantité de l’année dernière, lorsque le fleuve a enregistré un débit record à certains endroits. De plus, le sol gelé était incapable d’absorber la pluie printanière. Le temps printanier est vraiment le grand facteur déterminant des inondations : une période froide ralentissant la fonte des neiges, suivie d’un réchauffement soudain et d’un dégel rapide sans relâche, aggravée par de fortes pluies printanières, entraîne souvent d’importantes inondations. Grâce à ces prévisions météorologiques, les résidents de dizaines de collectivités situées près du fleuve Saint-Jean ont passé la période de Pâques à se préparer au pire.

La météo du mois d’avril a effectivement entraîné des inondations. À Fredericton, les précipitations ont été près du double de la moyenne d’avril, avec six jours de pluie de plus que la normale et deux fois plus de jours de pluie abondante. De la mi-avril à la fin d’avril, une série de systèmes orageux ont entraîné une hausse des températures et de fortes pluies qui ont aggravé les risques d’inondation. Du 18 au 28 avril, jusqu’à 130 mm de pluie sont tombés le long du fleuve Saint-Jean. Au Nouveau-Brunswick et dans le Maine, le manteau neigeux a fondu rapidement. Le 22 avril, le débit maximal du fleuve Saint-Jean à la frontière du Maine et du Nouveau-Brunswick a été le plus élevé en 67 ans. Plus loin en aval, le niveau maximal du fleuve à Fredericton était de 8,37 m, dépassant le niveau d’eau de 2018, ce qui en fait le deuxième niveau le plus élevé enregistré après 1973. D’autres stations en aval de Fredericton ont presque dépassé les niveaux historiques. À de nombreux endroits, le fleuve est demeuré près du niveau d’inondation ou au-dessus pendant environ deux semaines, ce qui en fait l’une des plus longues inondations de l’histoire.

Le fleuve Saint-Jean était froid et rapide et transportait des déchets et des débris. Des milliers de riverains se sont précipités pour protéger leurs propriétés. On a demandé aux militaires d’aider les équipes d’urgence et les bénévoles à remplir des sacs de sable, à construire des murs de soutènement et à aider les premiers répondants à évacuer 1 500 personnes. En fin de compte, plus de 16 000 propriétés ont été touchées par les eaux de crue. Plus de 145 routes ont été fermées, dont une partie de la Transcanadienne entre Fredericton et Moncton pendant sept jours, ce qui a nécessité un détour de 90 km. Des écoles et des bureaux ont dû aussi être fermés. Le Nouveau‑Brunswick a connu trois grandes inondations au cours des 11 dernières années, y compris celle de cette année et celle de l’année dernière, qui auraient autrefois été considérées comme des crues centenaires. Des alertes plus avancées, des préparatifs et des leçons apprises de 2018 ont permis de réduire les répercussions des inondations et les pertes financières en 2019.

10. Moins de feux, plus de superficie brûlée

Les statistiques du Centre interservices des feux de forêt du Canada ont révélé une saison des feux relativement calme en 2019. Le nombre de feux à l’échelle nationale a diminué de 2 600 ou 40 % par rapport au record de 2018, mais, le nombre d’hectares de terres boisées brûlées n’était que de 20 % inférieur à celui de l’an dernier. Malgré le nombre inférieur d’incendies, ils ont brûlé une plus grande superficie en moyenne que les feux de l’année dernière. Des travaux d’atténuation, comme le nettoyage des broussailles mortes du tapis forestier, ont permis d’éviter que d’autres incendies ne se déclarent.

Une exception notable à la saison tranquille des feux de forêt a été l’Alberta. Le nombre d’incendies était équivalent à celui de 2018, mais où la superficie brûlée était près de 14 fois plus grande, ce qui en fait la deuxième saison la plus difficile jamais enregistrée. En mai, la « baisse printanière », soit le moment où les arbres et les herbes ont une faible teneur en humidité, était en cours, et des vents chauds, très secs et forts soufflant par rafales se sont installés de façon hâtive. Vers la mi-mai, le feu de Cuchkegg Creek a éclaté près de la ville de High Level, dans le nord‑ouest de l’Alberta. Quatre mille résidents ont été évacués à la suite de l’incendie. À la fin du mois de mai, 10 000 Albertains avaient été évacués de leur maison. La fumée des incendies dans le Nord a nui à la qualité de l’air et à la visibilité dans certaines régions de l’Alberta, du nord de la Colombie-Britannique et du Yukon. En particulier, le ciel de Calgary et d’Edmonton était gris-orange, et la qualité de l’air était très mauvaise. Le 3 juin, l’incendie de Chuckegg Creek avait atteint 280 000 hectares et n’a été considéré comme contrôlé qu’à la fin de juillet, ce qui en a fait l’un des feux de forêt les plus longs jamais enregistrés. Les feux en Alberta ont brûlé 883 000 hectares cette année, ce qui en fait la deuxième plus grande superficie brûlée en 60 ans et quatre fois la moyenne sur 25 ans.

Dans le nord-ouest de l’Ontario, un mois de mai sec a contribué à des conditions de feu de forêt exceptionnelles près de la collectivité de Pikangikum au début de l’été. La fumée épaisse des feux de forêt a affecté la qualité de l’air dans plusieurs collectivités des Premières Nations pendant près de deux semaines, entraînant l’évacuation de 2 500 résidents. Un autre incendie survenu au début de juillet, surnommé Red Lake Fire 23, s’est produit près de la collectivité de Keewaywin, forçant plus de 400 résidents à se rendre par avion à des centres de sauvetage aussi loin que Regina. Les feux de forêt en Ontario ont été deux fois moins nombreux que la moyenne sur 25 ans, mais ils ont brûlé deux fois la superficie moyenne.

En revanche, la Colombie-Britannique, dont les deux dernières saisons de feux de forêt ont figuré dans les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada, a eu un peu de répit cette année. Au printemps, on s’est inquiété de la quantité de neige hivernale de la province, qui représentait environ la moitié de la quantité normale, son niveau le plus bas en 40 ans. Un nombre record de foudroiements en été dans la province a également été une source de préoccupation. Au total, 422 000 foudroiements se sont produits, comparativement à une moyenne de 266 000. Heureusement, la foudre était accompagnée d’un temps très pluvieux. Un printemps sec a d’abord donné lieu à un début hâtif de la saison des feux. Heureusement, des températures moins extrêmes et un temps froid, humide et nuageux fréquent ont permis de résister à de courtes poussées de chaleur et à des périodes sèches pour étouffer les feux. Le temps humide du mois de juillet a été un élément salvateur, avec jusqu’à deux fois plus de pluie par endroit. En fin de compte, les feux de forêt ont consumé environ 0,02 % de la superficie brûlée au cours de chacun des deux derniers étés. La saison des feux a été si lente que les équipes de pompiers de la Colombie-Britannique ont été redéployées pour aider à éteindre les incendies ailleurs au Canada.

deepblue4you / E+ via Getty Images

Événements météorologiques marquants par région

Canada atlantique

Québec

Ontario

Provinces des Prairies

Colombie-Britannique

Le Nord

 

 

Détails de la page

Date de modification :