Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2020

Prologue 2020

Le Canada se réchauffe presque deux fois plus vite que la moyenne planétaire, et ce réchauffement est même trois ou quatre fois plus rapide dans certaines parties de l’ouest et du nord du pays. La glace de mer dans le Nord s’amincit et rétrécit, et nos plateformes de glace s’effritent. Bien que le Canada demeure le pays le plus enneigé, le Sud reçoit moins de neige. Les Noëls blancs sont moins fréquents et moins blancs. Le nombre de jours sans gel augmente, et notre saison de croissance est plus longue, mais la durée et la gravité de la saison des feux de forêt s’accentuent elles aussi. Les systèmes météorologiques se déplacent plus lentement, et ils font donc sentir leur impact plus longtemps. Quand il pleut, il pleut souvent plus fort et plus longtemps. Des records continuent d’être atteints comme jamais auparavant, et ils fracassent souvent les records précédents. Des événements soi-disant sans précédent sont en train de devenir monnaie courante, se produisant de façon consécutive, et non pas à des décennies d’intervalle. Notre météo «idéale» n’est plus aussi sûre, les conditions devenant trop chaudes ou trop froides, trop humides ou trop sèches.

Les scientifiques ont établi un lien clair entre les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes, notamment les vagues de chaleur, les feux de forêt, certaines inondations et la perte de glace de mer, et de fortes probabilités de liens avec les fortes pluies, le verglas, la sécheresse et les tempêtes. À mesure que les Canadiens continueront de subir des conditions météorologiques extrêmes, ces événements de grande importance seront simplement, dans plusieurs décennies, qualifiés de «normaux». Alors que les dix événements météorologiques les plus marquants de 2020 se confirment, des phénomènes météorologiques exceptionnels que nous pensions futuristes se produisent ici et maintenant. Cela se passe dans nos cours, dans nos villes et dans notre pays. Ce que l’année 2020 a montré, par le ciel enfumé de la Colombie-Britannique, les ouragans fréquents dans l’Est et la disparition de la glace dans le Nord, c’est que les changements climatiques qui se produisent ailleurs qu’au Canada ont également une incidence de plus en plus grande sur la santé et le bien-être des Canadiens au pays.

Introduction

L’année 2020 en aura été une sous le signe de l’instabilité, alors que le monde a fait face à la plus grande crise de santé publique depuis plus d’un siècle. La pandémie de COVID-19 a certainement fait les manchettes, avec les décès, les dommages économiques et les troubles sociaux ressentis par les milliards de personnes dans le monde. Parfois, la mise en quarantaine et la distanciation sociale ont été plus difficiles en raison des conditions météo. Vers la fin de l’année, au milieu d’une deuxième et d’une troisième vague, les statistiques sur la morbidité liée au virus étaient effrayantes et la fatigue liée à la pandémie a pris le dessus. Cependant, on a espoir que des vaccins efficaces permettront de faire disparaître rapidement cette grave menace. Il n’existe toutefois aucun vaccin contre les phénomènes météorologiques extrêmes, et tout repose sur la planification durable, la préparation et l’intervention rapide.

Partout au Canada, 2020 a été une autre année de conditions météorologiques extrêmes, destructrices et coûteuses. Les dommages matériels causés par la météo coûtent des millions de dollars aux Canadiens, et des milliards de dollars à l’économie. D’après les estimations préliminaires compilées par Catastrophe Indices and Quantification Inc. (CatIQ), il y a eu neuf événements météorologiques catastrophiques majeurs cette année, avec des estimations des pertes assurées totales approchant les 2,5 milliards de dollars. Mais cela ne représente qu’une fraction des pertes matérielles et des coûts d’infrastructure attribuables à des phénomènes météorologiques majeurs et nuisibles qui ont coûté des milliards de dollars de plus.

Il est rare que Calgary ne figure pas sur la liste des dix événements météorologiques les plus marquants, et cette année ne fait pas exception. Une tempête de grêle qui a frappé la ville le 13 juin a causé pour un milliard de dollars de dommages, la plaçant ainsi en première position. L’Alberta a enregistré deux des trois événements météorologiques les plus marquants de l’année, avec une deuxième catastrophe météorologique à Fort McMurray, où des rivières engorgées par la glace ont inondé le centre-ville à la fin d’avril. Fait préoccupant, six des dix catastrophes météorologiques les plus coûteuses au Canada se sont produites en Alberta. Les feux de forêt dans l’ensemble du Canada, en particulier en Colombie-Britannique, ont été presque à leur plus bas niveau en termes de superficie brûlée. Cependant, les feux de forêt causés par le climat en Californie et dans le nord-ouest des États-Unis ont propagé de la fumée vers le nord jusqu’en Colombie-Britannique et en Alberta, forçant des millions de personnes à respirer de l’air sale et vicié pendant près de deux semaines en septembre. Les eaux chaudes de l’océan Atlantique, de la mer des Caraïbes et du golfe du Mexique, combinées à une circulation atmosphérique favorable, ont mené à un nombre record de tempêtes nommées (30) dans l’Atlantique Nord. Au Canada, huit tempêtes ont pénétré dans nos eaux, mais les tempêtes meurtrières et dévastatrices du Sud nous ont en grande partie épargnés. Teddy a été la tempête tropicale la plus puissante à toucher le Canada, mais ce n’était ni Dorian ni Juan.

Un dénombrement exact des tornades n’est jamais possible, mais nous nous améliorons au Canada grâce à un suivi et à une surveillance élargis. À l’échelle nationale, 77 tornades ont été enregistrées, dont un possible record de 42 en Ontario. La tornade la plus puissante au Canada s’est toutefois produite à Scarth, au Manitoba, le 7 août. Le printemps a été en grande partie absent dans certaines régions du sud du Canada, mais lorsque l’été est arrivé, il s’est prolongé en force de la longue fin de semaine de mai jusqu’à la fête du Travail. Dans l’est du Canada, la saison s’est une des étés le plus chaud en 73 ans, s’inscrivant dans une vague de chaleur mondiale qui s’étendait de la Sibérie en Russie à la vallée de la Mort aux États-Unis. L’été n’avait pas dit son dernier mot dans l’Est en septembre. En novembre, un long et chaud interlude a duré plus d’une semaine, au cours de laquelle des centaines de records de températures élevées ont été battus et souvent fracassés. Parallèlement, un hiver précoce avec des températures froides et de la neige prévalait dans l’ouest du Canada et dans le Nord. À Terre-Neuve-et-Labrador, l’année a été marquée par une avalanche de neige, avec des chutes record, en janvier à St. John’s et en novembre à Happy Valley-Goose Bay. À St. John’s, le 17 janvier, une tempête monstre a incité les responsables à faire appel aux Forces armées canadiennes. À mi-chemin de l’été, en août, les tempêtes ont assombri le long week-end civique, tant à l’est qu’à l’ouest, lorsque de puissantes cellules orageuses ont causé d’importants dommages matériels et des pannes d’électricité, coûtant plus de 50 millions de dollars aux assureurs en Alberta seulement.

Les dix événements météo les plus marquants au Canada en 2020 ont été choisis parmi une liste de 100 événements météorologiques importants et classés en fonction de divers facteurs, notamment leurs répercussions sur le Canada et sa population, l’ampleur de la zone touchée, leurs effets économiques et environnementaux, ainsi que leur durée.

Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2020

10. Tempêtes lors de la longue fin de semaine d’août: Est et Ouest

La longue fin de semaine du Congé civique en août a été marquée par du mauvais temps estival dans le sud de l’Alberta et de la Saskatchewan et en Ontario. Dans l’Est, un système dépressionnaire a traversé le centre de l’Ontario à la fin de la journée du 1er août jusqu’au 2 août. Le front chaud lié à ce système a apporté beaucoup d’humidité de source tropicale avec des précipitations de 50 à 70mm, de Windsor jusqu’à la région du GrandToronto et jusqu’au Niagara ainsi que sur la rive nord du lac Ontario. Les précipitations à Barrie ont totalisé 80 à 90mm, ce qui représente plus que la moyenne mensuelle totale. Ce sont les précipitations les plus élevées de l’histoire pour une journée du mois d’août ainsi que la quantité quotidienne la plus élevée, tous mois confondus, au cours des 25 dernières années. Quelques observateurs bénévoles ont signalé plus de 100 mm de pluie dans l’ouest de l’Ontario. La tempête a engendré quatre tornades dont les vents soufflaient entre 130 et 190 km/h. Un chasseur de tornades a aperçu une tornade de faible intensité au nord de Mitchell. À Camden East, des vents dignes d’une tornade et des vents rectilignes ont déraciné des dizaines d’arbres, dont certains arbres centenaires, ou ont cassé leur tronc. De plus, les vents ont soulevé les bardeaux de toits, ont fissuré des fenêtres et ont fait tomber des lignes et des poteaux électriques. Le toit de l’édifice municipal de CamdenEast a été arraché et plusieurs rues ont été complètement bloquées par des arbres tombés. Une autre tornade a touché le sol à Kinmount, près de Peterborough, où la vitesse des vents a été estimée à près de 190 km/h.

Le 2 août et le 3 août, dans l’Ouest, des impulsions d’énergie au cœur de l’air chaud et humide ont déstabilisé l’atmosphère, ce qui a entraîné plusieurs fortes tempêtes ainsi que des grêlons destructeurs aussi gros que des balles de tennis et de baseball. De fortes cellules orageuses ont également produit des dommages en raison des rafales et des crues soudaines localisées attribuables à la pluie abondante. Les gros grêlons ont causé d’importants dommages matériaux à Crossfield près de Carbon en Alberta, de Cremona à Drumheller ainsi qu’à un terrain de camping dans le nord‑ouest de Calgary. Des vents de plus de 100 km/h ont causé des dommages à des arbres et à des habitations àKillam, au sud‑est d’Edmonton, et à Forestburg. À Macklin, en Saskatchewan, les vents de tempête ont fait tomber des arbres et des lignes électriques et ont arraché le toit d’un hôtel. La grêle a fissuré plusieurs fenêtres et pare‑brise, endommagé le revêtement de plusieurs immeubles de la ville et laissé des traces sur le vert de parcours de golf. Cette tempête de grêle d’août en Alberta et en Saskatchewan a engendré 4000 réclamations d’assurance totalisant 55 millions de dollars en pertes matérielles. Au milieu de la tempête, trois tornades non dommageables sont survenues, dont une à Youngstown et deux près de Dorothy, en Alberta.

9. Automne au Canada : l’hiver dans l’Ouest et l’été dans l’Est

Une grande partie des résidents de la région des Prairies ont accueilli favorablement les températures anormalement chaudes pour la saison au cours de la première semaine de novembre, tout en ayant l’œil sur une puissante ligne d’orage dans l’Ouest. Du 7 au 9 novembre, l’intermède estival s’est terminé abruptement avec l’arrivée d’une dépression chargée d’humidité se déplaçant lentement en provenance du Colorado, dans le nord‑ouest des États‑Unis. Les forts vents, avec des rafales atteignant 85 km/h, ont marqué le début de la tempête. Ils se sont accompagnés d’une baisse des températures qui a produit des refroidissements éoliens de -22 °C. De plus, la tempête comprenait un mélange de neige et de pluie abondantes ainsi de du grésil et de la pluie verglaçante, amenant des conditions de confinement du sud‑ouest de l’Alberta (sud de Calgary) au centre et au sud de la Saskatchewan, puis dans le nord‑ouest du Manitoba. La plupart des précipitations en Alberta et dans le centre de la Saskatchewan étaient constituées de neige, avec des quantités record qui ont causé de la poudrerie avec voile blanc soudain. Saskatoon, Prince Albert et Kindersley, en Saskatchewan, sont les endroits où la tempête a frappé le plus fort avec une chute de neige (de 30 à 47 cm) qui a duré 50 heures. Une grande partie de la neige a été emportée par le vent. Les villes de Maple Creek et de Swift Current, en Saskatchewan, ont été enterrées par des amas d’une hauteur de deux mètres. Dans le sud‑est de la Saskatchewan et dans le sud du Manitoba, de longues périodes de pluie verglaçante et de grésil ont permis de maintenir les chutes de neige à un bas niveau, mais elles ont contribué aux conditions routières dangereuses. Les résidents étaient préparés à la tempête hivernale très médiatisée, mais le cauchemar hivernal a entraîné des répercussions importantes comme des dommages à des arbres feuillus et à des lignes électriques. Les déplacements étaient dangereux et pratiquement impossibles en raison de la visibilité réduite soudaine. La neige fraîche a rendu les chaussées glacées et glissantes. Les entreprises locales, les centres communautaires et les écoles ont fermé plus tôt ou ils n’ont pas ouvert au début de la semaine, puisque la neige dense a engorgé les rues et les routes.

Au contraire, les régions du sud de l’Ontario et du Québec ont eu un aperçu de l’hiver à la fin d’octobre et au début de novembre grâce à la première chute de neige de la saison et au froid glacial. Toutefois, les températures estivales sont rapidement revenues avec une longue période sans précédent de températures élevées record partout en Ontario, dans les régions du sud du Québec, puis dans le Canada atlantique, et ce, au‑delà du jour du Souvenir. Sur une période remarquable de huit jours, 200 records quotidiens de chaleur ont été établis de l’Ontario à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, et certaines valeurs surpassaient le record précédent de plusieurs degrés. La « vague de chaleur » de novembre faisait suite à des mois de septembre et d’octobre plus froids que la normale, sans valeurs dans les 30 °C, ce qui l’a rendue encore plus spéciale. Des vents persistants du sud‑ouest ont été poussés par un anticyclone des Bermudes situé plus au nord et à l’ouest au‑dessus, sur le nord‑est des États‑Unis, et tirés par le courant‑jet situé quelque part entre la baie d’Hudson et le centre du Labrador, beaucoup plus au nord qu’à la normale. Bien qu’elle nous ait fait passer des pelles aux bâtons de golf, la chaleur extraordinaire n’a eu aucune répercussion économique négative. La magnifique fin de semaine du 7 et du 8 novembre était rayonnante, avec du temps sec et de la chaleur record. La meilleure fin de semaine « estivale » dans l’Est est sans aucun doute survenue en novembre dernier. Ce cadeau atmosphérique est arrivé à un moment de l’année où les températures avoisinent généralement le point de congélation, où le ciel est couvert, où le temps est maussade et où il y a plus de jours de pluie que de jours secs. Le 9 novembre, la température à Collingwood, en Ontario, a bondi à 26 °C, l’une des températures les plus élevées jamais enregistrées dans la province pour le mois de novembre. Il s’agit du jour de novembre le plus chaud enregistré dans les soixante dernières années. La longue période de belles journées, qui a duré une semaine ou plus plutôt qu’un jour ou deux, est encore plus remarquable que ce record de chaleur. Les températures rappelaient celles de la deuxième moitié du mois de septembre ou ce qu’Atlanta, en Géorgie, rencontre habituellement à la mi‑novembre. Cette période s’est achevée par une baisse des températures progressive, contrairement à la façon spectaculaire dont la période a commencé. Parmi les records établis à des endroits comme Windsor, Toronto, Ottawa, Montréal et à plusieurs autres endroits, il y a eu : plusieurs records des moyennes des températures quotidiennes minimales et maximales, le jour le plus chaud jamais enregistré en novembre, la date la plus tardive dans l’année à laquelle la température a atteint 20 °C ou plus, ainsi que la période la plus longue de jours consécutifs où la température a dépassé 15 °C si tard dans l’année. Selon certains optimistes de l’Est, cela ne peut signifier que l’hiver sera moins long que prévu d’une semaine.

8. Un printemps glacial qui a aidé les Canadiens à s’isoler

On dit souvent que le printemps tarde à arriver au Canada. En 2020, le printemps n’a pas été en retard; il a disparu. Après un hiver doux, le temps s’est refroidi dans la plus grande partie du sud du Canada en mars et le froid a persisté pendant encore deux mois. Parfois, les anomalies de température négatives étaient extraordinaires, atteignant jusqu’à -22 degrés dans certaines parties de l’Alberta à la fin de mars. La plus grande partie du blâme revient au vortex polaire qui, pendant presque tout l’hiver, est resté chez lui, circulant au pôle Nord avant de se déplacer vers le sud en mars, apportant avec lui une vaste masse d’air froid. Plus de 80 % des Canadiens ont connu un printemps plus froid que la normale. Le mois d’avril a été particulièrement froid et cruel, en ce sens qu’il est le sixième mois d’avril le plus froid en 73 ans dans les Prairies et le sud-est du Canada. En avril, on avait l’impression d’être à la fin novembre avec des sommets négatifs à deux chiffres et des refroidissements éoliens de -35 dans le centre de l’Alberta. La vague de froid s’est poursuivie dans la première moitié du mois de mai. Les températures ressemblaient plus à celles d’un début de mars qu’un début de mai; la fête des Mères ressemblait davantage à la Saint‑Patrick. En mai les maximums sont restés sous la barre des 10 degrés et les températures minimales sont descendues sous le point de congélation, et des chutes de neige mesurables sont tombées. Les températures à Winnipeg ont chuté, atteignant un creux de -10,3 °C le 11 mai, battant le précédent record minimum de -6,2 °C en 1996. De plus, cela a été le moment le plus froid après le 11 mai depuis le début de l’enregistrement des données, en 1878. Ottawa a établi de nouveaux records quotidiens de températures minimales et maximales sur plusieurs jours au début du mois de mai. Le 12 mai, il faisait -4,6 °C, fracassant de 3 degrés le record quotidien minimum, ce qui représente la température la plus basse jamais enregistrée après le 12 mai à l’aéroport. Les chutes de neige du mois de mai ont frappé de nombreuses régions de l’Ontario et du Québec, particulièrement près des lacs, qui se sont retrouvés plus enneigés qu’en mars et en avril.

Le froid persistant du printemps, ainsi que les neiges de mai, étaient le reflet de l’humeur de la nation, gelée sur place. D’une certaine façon, Dame Nature a permis aux Canadiens de s’isoler plus facilement à l’intérieur pour prévenir la propagation de la COVID‑19. Dame Nature s’est jointe aux responsables de la santé publique pour garder les gens consciencieusement à deux mètres les uns des autres dans la chaleur de leur propre foyer. De plus, puisque les gens qui s’en vont habituellement dans des chalets durant les fins de semaine de mai ont eu tendance à ne pas se déplacer, le début de la saison des feux de forêt a été retardé par rapport aux autres années.

7. La tornade la plus puissante de l’année

Cette année, 77 tornades ont été répertoriées au Canada. La plus puissante a eu lieu le 7 août dans le sud‑ouest du Manitoba, près des municipalités rurales de Pipestone et Sifton. Le 6 août, des cellules orageuses isolées ont produit de gros grêlons, de forts vents et des pluies torrentielles en Alberta. Le lendemain, le système dépressionnaire s’est déplacé vers l’est apportant de gros grêlons, de la pluie abondante et des vents destructeurs au cours de l’après‑midi et au début de la soirée, dans l’est de la Saskatchewan et dans l’ouest du Manitoba. Environnement et Changement climatique Canada a émis un avertissement de tornade à 19 h 49, puis un énorme entonnoir est apparu dans le ciel cinq minutes plus tard. Il a touché le sol et est devenu une tornade de force EF‑3 près de Scarth, à 13 km au sud de Virden, au Manitoba. Les vents violents ont soufflé à plus de 200 km/h pendant dix à quinze minutes; sur leur sillage de neuf kilomètres, les vents ont endommagé des bâtiments agricoles, englouti des silos à grains, écrasé des cellules à engrais en acier, arraché des arbres, fait tomber des lignes et des poteaux électriques, laissant des débris épars dans les cours et les champs.

Un homme de la Nation des Dakota de Sioux Valley a été témoin de la force dévastatrice de la tornade lorsqu’il a vu les vents déraciner un pin et le projeter sur le toit de sa voiture Jeep, ce qui l’a blessé gravement. En quelques secondes, les vents ont fait éclater les fenêtres du véhicule et lui ont fait faire des tonneaux sur 150 m avant que le véhicule ne s’immobilise dans un fossé. Sur les lieux, il a été témoin du spectacle tragique de la tornade qui a soulevé une camionnette et qui l’a projetée un kilomètre plus loin. Les policiers et d’autres premiers intervenants ont trouvé la camionnette écrasée. Malheureusement, les deux occupants du véhicule, des adolescents provenant d’une ville voisine de Melita, au Manitoba, ont été éjectés du véhicule et n’ont pas survécu. La tornade de Scarth a été la plus forte tornade de l’année 2020 au Canada. Elle a atteint une vitesse des vents estimée à 260 km/h.

6. Saison record des ouragans qui n’a pas épargné le Canada

Les météorologues prédisaient une autre saison des ouragans « active » dans l’Atlantique en 2020, mais ça a plutôt été une saison record! Le décompte à la fin de saison officielle se résume à 30 tempêtes nommées, dont 13 ouragans, six d’entre eux étant devenus des ouragans majeurs, soit l’équivalent de trois années de tempêtes en une seule année. Le nom des tempêtes est passé d’Arthur à Wilfred, puis la liste a recommencé à Alpha jusqu’à Iota. La saison des « hyper » tempêtes reflète un cycle chaud de plusieurs décennies d’activité orageuse élevée qui a commencé en 1995 et a battu le record du nombre de tempêtes baptisées en une seule saison en 2005. Comme les prévisionnistes réussissent de mieux en mieux à détecter les tempêtes même les plus faibles, il n’était pas surprenant qu’une fois de plus quelques-unes soient détectées plus tôt dans l’année. Pour la sixième année consécutive, une tempête nommée s’est formée dans le bassin atlantique avant le début officiel de la saison. Fay a été la sixième tempête nommée la plus hâtive de tous les temps, prenant forme près de deux semaines avant la tempête Franklin en 2005. Par ailleurs, Eta a été une tempête d’octobre en 2020, alors que la tempête Eta de 2005 a chevauché le mois de janvier 2006.

La saison des ouragans a commencé tôt et est demeurée active jusqu’à la fin. Alors qu’un nombre record de tempêtes tropicales ont traversé l’Atlantique Nord, environ huit tempêtes nommées sont entrées dans la zone d’intervention du Centre canadien de prévision des ouragans. Aucune de ces tempêtes n’a eu de répercussions se rapprochant de celles que les États‑Unis, les Caraïbes et l’Amérique centrale ont connues. Le 10 juillet, les vestiges de la tempête tropicale épuisée Cristobal se sont combinés à un système qui a balayé les Rocheuses pour apporter plusieurs heures de temps humide et venteux sur l’Ontario et le Québec puis sur le Labrador avant de perdre son souffle près du Groenland. Hydro‑Québec a signalé jusqu’à 130 000 pannes d’électricité dans les régions des Laurentides, de Montréal et de la Montérégie. Les restes de la tempête tropicale Fay ont atteint la terre au New Jersey le 10 juillet avant de se diriger vers le nord et l’est, déversant entre 50 et 100 mm de pluie sur le Québec. La veille, Fay a répandu de l’air chaud et humide au-dessus de l’Ontario, qui combiné à un front froid a apporté de la pluie sur une province sèche qui avait bien besoin d’eau. Des zones de pluie extrêmement abondante (jusqu’à 150 mm) se sont produites de Kingston à Québec. La tempête post-tropicale Isaias a traversé les Cantons de l’Est du Québec le 5 août, apportant des vents violents variant de 75 km/h à Montréal à 90 km/h à l’île d’Orléans, et de fortes précipitations de 50 mm à 90 mm en quelques heures seulement et de 125 mm dans la région de Charlevoix. Outre quelques heures de vent, la tempête Isaias transformée a laissé 60 000 résidents de l’est du Québec sans électricité le 5 août. Les restes d’humidité causés par l’ouragan Laura affaibli ont contribué à des chutes de pluie le long du Bas‑Saint‑Laurent, du Saguenay, du Lac‑Saint‑Jean, de Gaspé et de la Côte‑Nord au Québec et dans les Maritimes à la fin du mois d’août avant de traverser Terre‑Neuve‑et‑Labrador. Les précipitations variant entre 40 mm et 70 mm qui sont tombées ont fourni de l’eau très appréciée pour les cultures déshydratées et ont aidé à remplir certains des puits, ruisseaux et étangs presque vides. L’humidité provenant des restes de l’ouragan Sally s’est introduite dans un système de basse pression apportant plus de 100 mm de pluie dans l’est de Terre‑Neuve, bien que le pic se soit produit à Placentia les 18 et 19 septembre avec un énorme total de précipitations pluviales de 206 mm. À la mi‑octobre, les restes de l’ouragan Delta ont ajouté beaucoup d’humidité sur le Québec à un système venant de l’ouest. De fortes pluies de plus de 60 mm sont tombées, de l’Estrie à la Gaspésie.

Teddy n’était ni Dorian ni Juan

Teddy, la tempête tropicale ayant eu la plus grande incidence de la saison au Canada, a réservé peu de surprises aux prévisionnistes à partir de ses débuts au sud des Bermudes le 23 septembre, se déplaçant en ligne droite vers la Nouvelle‑Écosse au début de la saison automnale. Teddy a été la plus hâtive 19e tempête nommée dans l’Atlantique et a eu une force majeure de catégorie 4 au sud et à l’est des Bermudes avant de se transformer en une tempête post-tropicale plus importante environ 12 heures avant d’atteindre les côtes, à environ 100 km à l’est d’Halifax le 23 septembre. Bien que Teddy se soit transformée en tempête post-tropicale, ses vents soutenus ont conservé la force de l’ouragan avant d’atteindre la terre. Certaines parties du sud-est du Nouveau‑Brunswick, de l’est de l’Île‑du‑Prince‑Édouard et de l’ouest de la Nouvelle‑Écosse ont reçu de fortes quantités de pluie. Les représentants et les résidents des Maritimes étaient bien préparés, ce qui a atténué les répercussions de la tempête. Contrairement à Dorian un an auparavant, les vents de Teddy étaient moins forts et la tempête s’est déplacée plus rapidement. Teddy a été la tempête tropicale canadienne qui a eu le plus de répercussions en 2020. Elle a fait monter les vagues jusqu’à 15 mètres au large, a versé plus de 100 mm de pluie par endroits et a produit des rafales maximales de plus de 130 km/h. L’île du Cap‑Breton a été la plus touchée, recevant 132 mm de pluie et des vents de 145 km/h. Halifax a reçu environ 100 mm de pluie et les vents ont soufflé à 80 km/h. Une vague maximale importante de 12,8 m s’est produite à proximité d’une bouée au large. Les arbres feuillus ont créé un risque supplémentaire causé par le cassement des branches, occasionnant ainsi des pannes de courant. Parcs Canada a fermé certains parcs nationaux avant l’arrivée de la tempête et, par mesure de précaution, certaines écoles ont été fermées, des restrictions ont été imposées au pont de la Confédération et les services de traversiers et de vols ont été réduits.

5. Tempête de neige à St. John’s

Les météorologues l’ont appelée une « bombe météorologique », la pression atmosphérique ayant chuté de 24 hPa en 24 heures. Pour les citadins de St. John’s, à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, c’était le blizzard le plus violent d’une vie dans une ville connue pour ses tempêtes hivernales brutales. Le 16 janvier au matin, un système dépressionnaire intense situé dans l’ouest de l’État de New York a traversé le nord‑est des États‑Unis avant de poursuivre sa route jusqu’à la presqu’île Avalon de Terre‑Neuve, trajectoire normale pour une tempête du milieu de l’hiver. Pendant une grande partie du lendemain, la tempête s’est intensifiée et renforcée pour atteinte l’état de « bombe », sa pression chutant de plus de 54 hPa en 48 heures. La neige a commencé à tomber tôt le 17 janvier, s’est intensifiée au cours de la journée, avant de lâcher du lest plus tard dans la nuit. Les conditions de blizzard ont prévalu pendant 18 heures consécutives avec des visibilités de 200 mètres ou moins. L’aéroport international de St. John’s a battu son record quotidien historique de chutes de neige de 76,2 cm et a dû rester fermé pendant six jours. Non loin de là, le Mount Pearl et Paradise a enregistré 90 cm de neige en 28 heures. L’intensité des chutes de neige de 10 cm à l’heure était impressionnante. La dernière fois que St. John’s avait vu des accumulations de près de 75 cm de neige, c’était en avril 1999; le sol était alors découvert avant la tempête. La tempête de janvier a est venue s’ajouter aux 40 cm de neige reposant déjà sur le sol. En fait, pendant 27 jours à compter de la veille de Noël, il n’y a eu qu’une seule journée sans chute de neige, soit la veille du jour de l’An, créant une accumulation totale de 220,8 cm au cours de cette période. Les vents du 17 janvier ont également été impressionnants, atteignant la force de l’ouragan à 164 km/h le long de la côte. Les vents intenses et violents ont également généré une onde de tempête importante d’une hauteur de vague de 8,7 m le 18 janvier, endommageant les quais, les jetées et les yachts. Mais tout était une question de neige! La plupart du temps, on ne pouvait pas dire si la neige tombait ou si elle était seulement soufflée par le vent. De gigantesques amoncellements causés par le vent étaient plus hauts que les portes, et les gens ont souvent dû creuser depuis l’intérieur vers l’extérieur. La tempête surdimensionnée a laissé des montagnes de neige plus hautes que les maisons. La ville a été ensevelie dans les amoncellements de neige. Il y a même eu une avalanche au milieu du centre-ville. St. John’s, qui prétend être la plus enneigée des grandes villes du Canada, a gagné sa réputation et a déclaré l’état d’urgence avec 11 autres collectivités avoisinantes. C’est la première fois qu’une ville déclarait l’état d’urgence en 36 ans – événement qui a duré plus de neuf jours. De 10 à 20 cm de neige supplémentaires sont tombés au cours des jours qui ont suivi, rendant les efforts de déneigement encore plus difficiles. C’est alors que 625 membres des Forces armées canadiennes sont arrivés, aidant pendant plus d’une semaine à dégager la ville et ses routes, s’occupant des personnes âgées et des malades et veillant à ce que les résidents reçoivent les soins médicaux nécessaires.

Les rues étroites bouchées sont devenues un casse-tête énorme pour les équipes qui devaient dégager les plus de 14 000 km de routes de la ville. Au-delà de 20 000 clients ont été privés d’électricité. Tous les commerces ont dû fermer leurs portes et tous les véhicules, à l’exception des véhicules d’urgence, ont dû cesser leurs déplacements. Même les chasse-neige du gouvernement ont été retirés des rues. La livraison du courrier a été interrompue, mais, même lorsqu’elle a repris, les boîtes aux lettres étaient ensevelies; les cliniques de dons de sang ont été fermées; même les funérailles ont dû être reportées. Les gens ont manqué de provisions et ont fait la file dans les épiceries lorsque celles‑ci ont été en mesure de rouvrir leurs portes, cinq jours après la fin de la tempête. Les coûts pour les assureurs ont dépassé les 17 millions de dollars, ne couvrant qu’une fraction des coûts de déneigement et des pertes économiques. La tempête de neige monstre du 17 janvier a fait l’objet de discussions pendant des semaines dans la ville, mais elle a également fait les manchettes dans le monde entier du Royaume-Uni à la Turquie, jusqu’en Australie. Alors qu’il restait douze jours avant la fin de janvier, St. John’s a battu le record du mois de janvier le plus enneigé depuis qu’on tient des données, l’accumulation totalisant 166 cm de neige entre le 1er et le 19 janvier 2020. Pas étonnant que les gens de la région ont appelé le mois de janvier « Janubury » (mois enseveli sous la neige).

4.  Un été chaud interminable dans l’Est

Après un printemps froid accompagné de gel et de neige dans la première moitié du mois de mai, le temps dans le centre et l’est du Canada est vite passé de la neige fondante aux fortes chaleurs. La longue fin de semaine de mai, qui amorce souvent le début non officiel de l’été, s’est révélée annonciatrice et déterminante. Dans l’est du Canada, l’été a été exceptionnel – commençant tôt et demeurant chaud pratiquement jusqu’à la fête du Travail. Dans l’ensemble, ça a été le quatrième ou le cinquième été le plus chaud en 73 ans, et l’été le plus chaud depuis 2012. Les températures ont commencé à dépasser les 30 °C le 25 mai et les valeurs d’humidex ont grimpé à près de 40 en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick.

Le 27 mai, la température à Montréal a atteint 36,6 °C, ce qui n’avait encore jamais été observé en mai. En fait, il s’agissait du deuxième relevé le plus élevé jamais vu à Montréal! La seule autre journée plus chaude en 150 ans avait atteint les 37,7 °C, le 1er août 1975. Au Québec, 140 records de température ont été dépassés en juin, et juillet a connu un nombre encore plus élevé de records battus. Fait incroyable, Sept-Îles a atteint une température de 36,6 °C le 18 juin – un record de tous les temps pour la région. Avant la deuxième semaine de juillet, Ottawa avait déjà connu autant de jours où la température avait atteint les 30 °C, dont quatre jours où la température avait dépassé les 35 °C, qu’elle en voit habituellement en un été entier. Normalement, une telle chaleur étouffante se produit une fois tous les 10 ans, et non quatre fois en un été. Juillet 2020 n’a pas été le mois de juillet le plus chaud jamais enregistré à l’Aéroport international d’Ottawa, mais il aurait fallu vivre en 1921 pour avoir connu un mois plus étouffant dans cette ville, où le record remonte quasiment à la Confédération. Dans l’est et le sud de l’Ontario et le sud-ouest du Québec, les températures sont demeurées au-dessus de la normale pendant presque 60 jours continus, de la mi-juin à la mi-août. À Montréal et Ottawa, la température moyenne de l’épisode de chaleur a été la plus élevée en 145 ans. À Toronto, le mois de juillet s’est démarqué à 15 occasions où les températures nocturnes sont demeurées supérieures à 20 °C. La chaleur prolongée a également accablé certaines parties des Maritimes. Fredericton, capitale du Nouveau-Brunswick, a connu 20 jours où la température dépassait les 30 °C, plutôt que les 9 jours habituels, et la température a été la plus élevée en 50 ans. De plus, la ville a enregistré 14 jours dont les maximums se situaient entre 29 °C et 30 °C. Summerside, à l’Île-du-Prince-Édouard, a connu plus de 10 jours où la température avait atteint les 30 °C, par rapport à la moyenne d’un jour. La chaleur estivale s’est parfois dirigée vers l’ouest jusqu’au Manitoba. À Winnipeg, le nombre de journées où la température a dépassé les 30 °C a presque doublé par rapport à ce qui se voit habituellement. Partout dans l’Est, les températures qui ont monté en flèche et l’air humide et dense ont causé des difficultés respiratoires. Les températures devenant de plus en plus étouffantes ont entraîné une détérioration de la qualité de l’air pendant de nombreux jours, augmentant ainsi le risque élevé associé à la mauvaise qualité de l’air pour la santé. L’été a soulevé des préoccupations à l’intérieur des établissements de soins de longue durée pour les résidents qui ont des problèmes de santé sous-jacents et étaient confrontés à des éclosions de COVID-19. Pour les autres Canadiens, les refuges habituels par temps chaud, comme les centres commerciaux climatisés, les bibliothèques, les centres récréatifs, les cinémas et les piscines publiques, étaient souvent fermés en raison de la COVID‑19, ce qui a accru le nombre de problèmes respiratoires et réduit les répits contre la chaleur.

Avec le genre d’été que l’Ontario a connu, il n’était pas surprenant que les Grands Lacs soient aussi chauds qu’un bain à remous. Les températures de l’eau de surface ont été de trois à cinq degrés plus élevées que la normale, sauf pour le lac Supérieur qui est le plus grand et le plus profond. Selon une reconnaissance par satellite réalisée le 10 juillet, la température moyenne à la surface du lac Ontario a atteint environ 25 °C, un record pour le début de l’été et à égalité avec les températures les plus élevées de tous les mois depuis le début de la collecte de données par satellite.

3. Inondation du siècle à Fort McMurray

Pour la deuxième fois en quatre ans, les habitants de Fort McMurray, en Alberta, ont été forcés de quitter leur résidence. Cette fois-ci, l’eau plutôt que le feu en était la cause. D’immenses embâcles se prolongeant sur un tronçon de 25 km de la rivière Athabasca ont provoqué le refoulement de l’eau sur la rivière Clearwater adjacente, inondant ainsi une grande partie du centre-ville à la fin d’avril. On a dit qu’il s’agissait de la plus importante inondation depuis plus d’un siècle. Le 26 avril, des embâcles ont fait monter les niveaux d’eau des rivières de la région de Fort McMurray de 4,5 à 6 mètres en quelques heures. La taille de la glace a empêché de recourir à des solutions courantes comme les explosifs pour briser la glace. Au lieu de cela, Dame Nature est venue stopper elle-même le phénomène. Deux mois de froid extrême sans précédent allant jusqu’à 10 degrés sous la normale, suivis d’une semaine de réchauffement rapide, d’ensoleillement abondant et de pluies chaudes ont provoqué une fonte continue de la glace qui ont à la fois aggravé et atténué l’inondation. Pendant plus d’une semaine, 13 000 habitants du Lower Townsite de Fort McMurray ont dû être évacués. Un autre embâcle près de la rivière de la Paix a forcé 450 personnes à quitter leur domicile à Fort Vermilion, en Alberta. De nombreux clients ont été privés d’électricité ou de gaz pendant neuf jours. L’état d’urgence local et les avis d’ébullition de l’eau en vigueur à Fort McMurray et dans la municipalité environnante sont venus s’ajouter à l’état d’urgence déclaré un mois plus tôt en raison de la COVID-19. Certains résidents ont été forcés de quitter leur domicile après des semaines d’isolement à cause de la pandémie. Les responsables des mesures d’urgence ont fait un travail remarquable dans la gestion des évacuations lors de l’une des premières catastrophes naturelles au monde survenant pendant qu’une crise de santé publique sévissait. Malgré les efforts de milliers de bénévoles et de travailleurs qui ont participé à l’écopage et à l’installation de sacs de sable pour protéger les infrastructures, y compris l’hôpital, les entreprises de services essentiels n’étaient pas accessibles dans le centre-ville submergé, et seulement une poignée d’épiceries sont restées ouvertes, ce qui a eu d’importantes répercussions sur l’approvisionnement. Un homme de la Première Nation de Fort McKay, à environ 60 km au nord de Fort McMurray, s’est noyé après que lui et un autre homme ont été pris par la crue des eaux de la rivière Athabasca. La plupart des dommages causés par l’eau ont touché des propriétés commerciales au centre-ville, où 1 230 structures ont été endommagées par l’inondation et le refoulement des égouts. Des centaines de voitures et de camions abandonnés ont été complètement submergés. D’énormes morceaux de glace et des tas de vase jonchaient sur le club de golf, et deux petits ponts sur le parcours ont été écrasés. Le Bureau d’assurance du Canada a estimé que le coût total des quelque 3 000 réclamations associées à cette inondation s’élevait à plus de 562 millions de dollars, et 90 % de cette somme ont été versés pour des propriétés commerciales.

2. Le ciel de septembre en Colombie-Britannique : une masse de fumée sans aucun feu

Les statistiques du Centre interservices des feux de forêt du Canada font état d’une deuxième saison consécutive tranquille en termes de feux de forêt en Colombie-Britannique en 2020, après deux années parmi les plus occupées, en 2017 et en 2018. Cette année, le nombre d’incendies dans l’ensemble de la province a chuté à 629, le tiers des incendies enregistrés au cours de l’année record de 2018. Ce qui est encore plus choquant, c’est que les hectares brûlés ne représentaient que 1 % de la superficie brûlée deux ans plus tôt et 4 % de la superficie brûlée moyenne au cours de la dernière décennie. Alors qu’il n’y a eu que quelques incendies d’origine canadienne, grâce à un printemps plus froid et plus humide, il y a eu une quantité record de fumée issue de feux de forêt sévissant aux États-Unis. Visibles de l’espace, les panaches de fumée dense des feux de forêt des États américains de Washington, de l’Oregon et de la Californie se sont déplacés vers le nord dans le bassin atmosphérique sud de la Colombie-Britannique. Les habitants de Victoria et de Vancouver jusqu’à Kamloops, Kelowna et la région de Kootenay, ont été confrontés à une qualité de l’air parmi les pires de l’histoire et parmi les plus mauvaises au monde. Pendant huit jours consécutifs à la mi‑septembre, environ quatre millions d’habitants de milieux urbains et ruraux de la Colombie-Britannique, jeunes et vieux, ont senti de la fumée et respiré de l’air pollué. Environnement et Changement climatique Canada a publié des bulletins spéciaux sur la qualité de l’air, car il n’y avait pas de pluie pour purifier l’air ni de vents marins pour dissiper la pollution au cours de la première moitié de septembre. Les beautés de la Colombie-Britannique avaient perdu de leur splendeur! Les résidents ayant des problèmes respiratoires et cardiovasculaires sous-jacents étaient particulièrement vulnérables, car les concentrations de particules fines étaient six fois plus élevées que celles enregistrées lors des incendies locaux de 2017 et 2018. Les effets à long terme sur la santé des résidents sont inconnus. L’air à Vancouver et à Victoria était particulièrement assombri et enfumé. Vancouver a enregistré 171 heures de fumée et de brume sèche en septembre, avec un épisode qui a duré 120 heures consécutives sur quatre jours complets du 12 au 15 septembre. Victoria n’a pas été moins touchée avec ses 195 heures de fumée/brume sèche, dont 186 heures consécutives de fumée vers le 15 du mois. Les deux villes ont enregistré de 70 à 80 % plus d’heures de temps enfumé que leur record précédent d’août 2018.

Au cours de la fin de semaine de la fête du Travail, un système de haute pression formé au-dessus du nord de la Colombie-Britannique a produit de forts vents soufflant en rafales sur la moitié sud de la province. Ce même système météorologique a donné lieu à des températures records plus élevées que la normale durant quelques jours et a entraîné avec lui de la fumée provenant des feux massifs qui sévissaient aux États‑Unis. Un voile épais ressemblant à du brouillard a transformé la lumière du jour en crépuscule de fumée et le ciel bleu en un horizon gris terne. Il y avait une odeur âcre de fumée dans l’air et les levers de soleil ont pris une couleur rouge sang sinistre. Des Smoky skies bulletins (avis sur la qualité de l’air) ont été émis pendant 11 jours pour le sud-ouest, aggravant la crise de santé publique déjà causée par la pandémie de COVID-19. Parfois, l’épaisse couche de fumée en altitude empêchait le soleil de passer et de réchauffer le sol, faisant ainsi baisser les températures de 6 à 10 degrés dans l’Ouest. Vers le 18 septembre, un système frontal d’automne en provenance du golfe de l’Alaska a apporté des pluies et des vents sur la côte, ce qui a commencé à évacuer la fumée et à améliorer la qualité de l’air. La fumée des feux de forêt a été poussée de l’autre côté de la frontière jusqu’en Alberta. Calgary a été épargnée, mais le ciel était très enfumé dans le sud-ouest de l’Alberta, près des Rocheuses. Plus à l’est, les images satellitaires des 14 et 15 septembre montraient des panaches de fumée qui dérivaient d’un bout à l’autre du pays jusqu’en Europe. La fumée des feux de forêt des États-Unis a de nouveau atteint le sud-ouest de la Colombie‑Britannique le 30 septembre pour une très courte période, mais la qualité de l’air n’était pas aussi mauvaise qu’au début de septembre.

1. Tempête de grêle d’un milliard de dollars à Calgary

La ville de Calgary, en Alberta, a subi plus que sa part de tempêtes estivales en 2020. La saison a été marquée par une fréquence élevée d’averses de grêlons de la taille de pamplemousses, de vents puissants, d’alertes de tornades, de nuages sombres en entonnoir, de ciels remplis d’éclairs, de pluies torrentielles et de crues subites. La ville a fait honneur à sa réputation de capitale des tempêtes de grêle au Canada. Le Bureau d’assurance du Canada considère la grêle comme une menace telle dans la ville qu’il parraine un programme d’ensemencement de nuages afin de réduire la taille des grêlons en milieu urbain – un grêlon de la taille d’un pois fait beaucoup moins de dommages qu’un de la taille d’une balle de tennis. La tempête de grêle du 13 juin a été la catastrophe naturelle la plus coûteuse au Canada et la quatrième catastrophe naturelle assurée la plus coûteuse de l’histoire, les assureurs canadiens estimant la valeur en dollars des 63 000 réclamations (moins les pertes de récolte) à environ 1,3 milliard de dollars. Plus de 32 000 véhicules ont été lourdement endommagés, les pare-brise ayant été fissurés et brisés, et des pertes totales de véhicules totalisant 386 millions de dollars ont été enregistrées.

Comme souvent au cours de l’été, le 13 juin, une masse d’air chaud et humide s’est placée au-dessus de l’Alberta, générant plusieurs séries de cellules orageuses violentes. Des vents se sont abattus à diverses altitudes dans le sud de l’Alberta, et le cisaillement qui en a résulté a fait en sorte que de gros orages se sont développés et ont perduré. Vers 19 h HAR, une tempête de grêle s’est abattue sur le nord-est de Calgary, la visibilité a chuté à un demi-kilomètre et les températures ont dégringolé de cinq degrés en moins de six minutes. Des grêlons de la taille de balles de tennis et de golf sont tombés du ciel, propulsés par des vents atteignant 70 km/h. Des grêlons ont secoué des maisons, brisé des fenêtres et fait tomber des arbres. Plusieurs véhicules ont été endommagés et le revêtement extérieur des maisons criblés de trous. Cette violente tempête de grêle a fracassé des puits de lumière, rasé des parterres de fleurs et transformé des potagers en bouillie. Des rues et des intersections ont été inondées, et des couvercles de bouche d’égout ont été soulevés. Une couche de grêlons détrempée de 10 cm d’épaisseur s’est déposée le long des autoroutes et était encore visible le lendemain. Plus de 10 000 clients ont été privés de courant. Les services de train et d’autobus ont été suspendus en raison des inondations. À l’extérieur de la ville, la tempête de grêle a décimé des centaines de milliers d’hectares de jeunes semis de blé, de canola et d’orge.

Événements météorologiques marquants par région et événements finalistes en 2020

À l’échelle nationale

Canada atlantique

Québec

Ontario

Provinces des prairies

Colombie-Britannique

Nord

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