Les 10 événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2021

Introduction

En 26 ans de publication des 10 événements météorologiques les plus marquants, il n’y a pas eu de situation comparable à celle de cette année, où les Canadiens ont subi un tel flot de phénomènes météorologiques extrêmes. L’année a commencé par des tempêtes de vent qui ont causé plusieurs millions de dollars de dégâts dans l’Ouest au début de janvier et s’est terminée par des pluies, des tempêtes de vent et des inondations qui ont coûté plusieurs milliards de dollars en Colombie-Britannique. Bien que nous ne puissions pas attribuer un seul événement météorologique aux changements climatiques causés par l’homme, les preuves sont concluantes : nous connaissons des événements météorologiques extrêmes plus intenses et plus fréquents. Les changements climatiques entraînent des catastrophes plus fréquentes et plus intenses partout dans le monde. C’est l’année où les Canadiens habitant dans le sud du pays ont commencé à le voir de leurs propres yeux. Il n’y a pas eu de nouveaux types de phénomènes météorologiques cette année — nos grands-parents ont dû composer avec les mêmes pluies, les mêmes chaleurs, les mêmes inondations, les mêmes incendies et les mêmes sécheresses. Mais les phénomènes météorologiques extrêmes de 2021 ont été différents des années antérieures. Ils étaient plus généralisés, plus intenses, plus fréquents et plus percutants.

Le Canada a continué de se réchauffer pour la 26e année consécutive en 2021, qui a été l’une des années les plus chaudes en 75 ans. La chaleur excessive du Canada au début de l’été a contribué à faire du mois de juillet le mois le plus chaud sur la planète depuis plus d’un siècle et demi. Aucun autre endroit dans le monde ne s’est autant réchauffé que le Nord canadien. Trois décennies de réchauffement graduel, mais incessant ont radicalement changé la géographie du Nord : les plateaux de glace fragiles s’écroulent dans l’océan, la glace de mer s’amincit et rétrécit, le niveau des mers monte lentement et les eaux océaniques sont moins salées, plus acides et plus chaudes dans l’ensemble.  

En 2021, les Canadiens ont été témoins de la menace et des répercussions réelles des changements climatiques tout autour d’eux et ont été choqués par la variété et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes. La Colombie-Britannique est devenue l’épicentre des catastrophes météorologiques. La province a été asséchée, brûlée, inondée de boue, de roches et de débris. En raison de la chaleur et de la sécheresse extraordinaires au début de l’été, la Colombie-Britannique a connu une semaine tragique sur le plan météorologique et, en raison des incroyables pluies et inondations de l’automne, l’année la plus destructrice et la plus coûteuse à ce jour.

Le temps chaud et sec a continué de sévir dans les Prairies comme ce fut le cas au cours des 2 ou 3 dernières années, ce qui a coûté des milliards de dollars. Les feux de forêt ont commencé tôt, ils ont duré plus longtemps, étaient plus chauds et plus étendus, couvrant une superficie quasi record de forêts partout au Canada. La fumée a touché des millions de Canadiens pendant des jours et des mois. À Calgary, il y a eu 512 heures de brume sèche et de fumée cette année, soit beaucoup plus que la moyenne annuelle de 12 heures.

Les eaux exceptionnellement chaudes de l’océan Atlantique ont donné naissance à une autre saison de tempêtes tropicales très active. Le Canada a été touché par six tempêtes tropicales, dont l’ouragan Larry à Terre-Neuve-et-Labrador, qui est le plus long ouragan de catégorie 5 de l’histoire du bassin atlantique.

L’année a démontré que la chaleur peut être une catastrophe et peut même être plus mortelle que jamais auparavant. Les températures extrêmes au Canada ont varié de 100 degrés, allant d’une température record de 49,6 °C, causant près de 800 décès en Colombie-Britannique et en Alberta, à la température la plus froide en 4 ans de -51,9 °C quand un souffle arctique a touché tout le pays à la mi-février. En 2021, Calgary a consolidé sa réputation de capitale des tempêtes de grêle lorsqu’une tempête a frappé la ville pendant quelques minutes le 2 juillet, causant des dommages s’élevant à un demi-milliard de dollars.

Le déferlement d’événements météorologiques s’est poursuivi lorsqu’une rare tornade, la première en 45 ans, s’est abattue sur Vancouver. De plus, le point chaud habituel des tornades au Canada, le centre des Prairies, a connu une période de 2 mois au milieu de l’été sans une seule tornade. Pourtant, dans l’ensemble, le Canada n’a jamais connu autant de tornades de force 2 de plus de 175 km/h que cette année.

À certains moments en 2021, le Canada a même battu des records pour le nombre de records battus. Les dommages matériels causés par la météo coûtent des millions de dollars aux Canadiens, et des milliards de dollars à l’économie. D’après les estimations préliminaires compilées par Catastrophe Indices and Quantification inc. (CatIQ), il y a eu 13 événements météorologiques catastrophiques majeurs cette année, avec un bilan des dommages assurés qui se chiffre à plusieurs milliards de dollars. Il faudra des mois avant que les chiffres définitifs soient compilés. En fin de compte, les dommages assurés ne représenteront qu’une fraction des coûts économiques totaux et, avec les pertes d’entreprise et les coûts de l’infrastructure pour la réparation et la reconstruction, 2021 sera sans aucun doute la plus coûteuse de l’histoire.

À partir d’une liste d’au moins 100 événements météorologiques importants survenus au Canada en 2021, les événements ont été classés d’un à dix en fonction de facteurs tels que la mesure dans laquelle le Canada et les Canadiens ont été touchés, l’étendue de la région touchée, les effets économiques et environnementaux et la longévité de l’événement dans les nouvelles. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le mauvais temps en Colombie-Britannique a ouvert la voie aux 5 premiers des 10 événements météorologiques les plus marquants en 2021.

Les 10 événements météorologiques les plus marquants en 2021

1. Records de chaleur sous le dôme

Quelques jours après le début de l’été, le Canada, deuxième pays le plus froid du monde, a connu un moment digne de la vallée de la Mort avec des températures approchant les 50 °C. Lytton, un village situé à 260 km au nord‑est de Vancouver, dans le canyon du Fraser en Colombie‑Britannique, a établi un nouveau record canadien de température maximale de 49,6 °C le 29 juin, soit près de 24 °C de plus que la normale. Deux jours plus tôt, le 27 juin, Lytton avait battu le précédent record national (45 °C) qui tenait depuis 84 ans à Yellowgrass et Midale, en Saskatchewan, et avait dépassé ce record le 28 juin, puis encore une fois le 29 juin. Le lendemain, les Canadiens étaient sous le choc de voir que 90% de la petite collectivité de Lytton avait été réduite en cendres. L’intense feu de forêt a tué 2 citoyens et en a forcé 1 200 à se déplacer. Lytton a connu des températures plus élevées que n’importe lesquelles des températures enregistrées aux États‑Unis à l’extérieur du désert du sud‑ouest et plus élevées que n’importe lesquelles des températures jamais observées en Europe ou en Amérique du Sud. En effet, c’était alors la température extrême la plus élevée observée dans le monde au‑dessus du 45e degré de latitude. Autre fait remarquable, ce n’est pas seulement Lytton qui a battu le précédent record canadien de chaleur, puisque six autres endroits ont dépassé le précédent record enregistré en 1937, dont les villes de Kamloops et Kelowna.

Au cours des dix derniers jours de juin, une crête de haute pression tentaculaire, un mastodonte atmosphérique d’une force, d’une hauteur, d’une portée et d’une persistance incroyables s’est immobilisé sur l’ouest de l’Amérique du Nord. Sous ce dôme de chaleur, l’air était suffisamment comprimé pour cuire l’atmosphère et dissiper les nuages. Les températures chaudes se sont par ailleurs accrues en raison de la sécheresse. Vu la très faible teneur en humidité dans l’air et dans le sol, l’énergie solaire qui aurait pu servir à évaporer l’eau, et donc à rafraichir l’environnement, a réchauffé l’air chaud davantage. Ces facteurs combinés ont été déterminants. Le 21 juin, le soleil est à son plus haut zénith et la durée du jour est la plus longue de l’année. La vague de chaleur a été particulièrement importante puisqu’elle est survenue tôt dans la saison, avant que les gens ne puissent s’acclimater aux températures estivales.

Le fait que cette vague de chaleur généralisée soit survenue si tôt dans la saison et qu’elle ait duré presque 2 semaines était sans précédent; celle‑ci a touché des millions de Canadiens de la frontière canado‑américaine vers le nord jusqu’au cercle arctique. Les températures maximales du jour étaient de 15 °C à 25 °C supérieures à la normale, et la nuit, le mercure ne descendait pas beaucoup plus bas que 20 °C. Le dôme ne bougeait pas et n’a fait que s’étendre vers l’est. Du 24 juin au 4 juillet, la chaleur infernale a battu plus de 1 000 records de températures quotidiennes en 11 jours, avec plus de 100 records se situant entre 40 °C et 50 °C, et certains étant supérieurs de 12 degrés. Un éminent climatologue étatsunien a affirmé qu’aucune autre vague de chaleur dans le monde n’avait battu autant de records de température que cette vague de chaleur canadienne.

La chaleur étouffante a aussi affecté la côte du Pacifique et, le 28 juin, Victoria a enregistré une température extrême inimaginable de près de 40 °C, un record absolu, soit 20 °C de plus que la moyenne. Le précédent record de tous les temps a été battu de 3 degrés, ce qui est ahurissant! Kamloops a connu 6 jours de températures supérieures à 40 °C en juin, ce qui est considérable, car la ville n’avait jamais enregistré une température de 40 °C en juin auparavant. En plus de la chaleur extrême, certaines villes de l’ouest ont fait l’objet d’un avis spécial sur la qualité de l’air. En Alberta, Edmonton a égalé son record de 7 jours consécutifs avec des températures supérieures à 30 °C. Calgary a battu 5 records d’affilés, y compris les nouveaux records de 36,3 °C du 29 juin et du 1er juillet et presque un record pour cette ville pour n’importe quel jour de la période de 140 ans. Le précédent record était de 36,6°C en 2019. Parmi les milliers de records de température battus dans le nord‑ouest, notons celui du 30 juin, lorsque la température à Fort Smith, dans les Territoires du Nord‑Ouest, a atteint 39,9 °C, soit la température plus élevée jamais enregistrée au nord du 60e parallèle.

Cette chaleur insupportable a laissé des millions de personnes en surchauffe dans l'ouest du Canada. Les réseaux électriques sont tombés en panne, l'asphalte a fondu, les autoroutes se sont déformées et les fruits ont cuit sur les vignes et les arbres. Les employés municipaux ont mis en service des parcs d'arrosage portatifs, ajouté de lourds brumisateurs, transformé les patinoires de hockey en centres de refroidissement et ouvert les bibliothèques et les centres de loisirs 24 heures sur 24. Les hôpitaux ont annulé les cliniques extérieures de vaccination contre le COVID-19 ou les ont déplacées à l'intérieur. Comme il était presque impossible de sortir, les gens ont installé des matelas dans les sous-sols pour attendre. De nombreux résidents se sont installés dans des hôtels climatisés avec leurs chats et leurs chiens pour échapper à la chaleur. Les restaurants et les bars ont fermé après que la température des cuisines ait atteint des niveaux potentiellement mortels. Certaines entreprises ont réduit leurs heures d'ouverture ou suspendu leurs activités, et les travailleurs travaillant à l'extérieur ont choisi de commencer avant l'aube et de terminer à midi. 

La semaine la plus chaude de l’histoire du Canada a également été l’une des plus dévastatrices. À Vancouver seulement, la vague de chaleur historique a contribué au décès prématuré de près de 600 personnes, dont plus de la moitié en 2 jours seulement. L’Alberta a signalé 185 décès liés à la chaleur. Deux tiers des victimes de coups de chaleur étaient âgées de 60 ans ou plus, souffraient de problèmes de santé sous‑jacents, étaient isolées socialement ou vivaient seules à leur domicile. Plus de 650 000 animaux de ferme ont péri dans cette chaleur extrême. Les producteurs de volailles ont désespérément arrosé les murs des granges pour rafraichir l’intérieur afin d’éviter que les oiseaux ne meurent. Les vaches laitières ont donné moins de lait et les producteurs de framboises ont vu leurs cultures se dessécher sur les tiges. D’innombrables animaux sauvages et oiseaux ont également péri dans cette chaleur record. Malheureusement, la formation du dôme de chaleur à la fin juin a coïncidé avec les marées les plus basses depuis des années et certains des jours les plus longs. Par conséquent, le long de la côte du Pacifique, on estime qu’un milliard d’organismes marins sont morts, particulièrement ceux de la zone de battement des marées comme des moules, des palourdes et des poissons, laissant sur les rivages une odeur nauséabonde pendant des jours.

 

2. Le déluge des déluges en Colombie‑Britannique

Le 13 novembre, le jour même où près de 200 pays ont adopté le Pacte de Glasgow pour le climat lors de la COP26 afin d’atténuer la menace et l’incidence des phénomènes extrêmes attribuables au climat, une tempête gigantesque a entamé sa descente sur la côte sud de la Colombie‑Britannique. Pendant un peu plus de 2 jours, des quantités ahurissantes de pluie, alimentées par les courants‑jets causés par La Nina, ont submergé une zone étendue et déjà gorgée d’eau de la côte sud et de l’intérieur de la Colombie‑Britannique. La somme de sept rivières atmosphériques et de 3 bombes météorologiques en novembre a entraîné le déluge des déluges, probablement la catastrophe météorologique la plus destructrice et la plus coûteuse de l’histoire du Canada.

Remarque : Bien qu’il s’agisse d’un concept bien connu des météorologues, ce n’est qu’en 2021 que le terme « rivière atmosphérique » s’est fait connaître à l’échelle nationale par le grand public.

Ces « rivières du ciel », également appelées Pineapple Express ou tempêtes punch tropical car l’humidité vient d’Hawaii, sont des convoyeurs longs et étroits d’humidité dense qui proviennent des tropiques et se déplacent à plus de 3 kilomètres au‑dessus de l’océan. La charge des précipitations représente souvent 10 à 15 fois le débit moyen de grands fleuves comme le Mississippi ou le Saint‑Laurent, ou 2 fois le débit de l’Amazone, le plus grand fleuve du monde. D’une durée souvent inférieure à 24 heures, elles agissent comme des boyaux d’arrosage géants dirigés vers les masses continentales, où elles se heurtent à la topographie et larguent soudainement leur charge d’eau. Ces pluies excessives et la fonte des neiges en altitude entraînent souvent des crues soudaines, des coulées de boue, des coulées de débris et des glissements de terrain.

En septembre, après un printemps et un été extraordinairement chauds et secs en Colombie‑Britannique, les préoccupations sont brusquement passées de la sécheresse aux inondations et des incendies aux vents. Au début d’une saison automnale très humide, plusieurs tempêtes ont commencé à secouer la côte sud de la Colombie‑Britannique et à la gorger d’eau, et ce pendant 3 mois. Dans l’ensemble de la région du sud‑ouest, les mois de septembre et d’octobre ont été extrêmement humides avec des précipitations 2 fois supérieures à la normale. Le mois de novembre a été encore plus humide et plus venteux alors que 7 tempêtes alimentées par les rivières atmosphériques ont arrosé la côte sud de quantités record de pluies chaudes, puis accentué au milieu du mois par le passage d’une intense tempête de fin de semaine. Cet important système chargé d’humidité était également accompagné de températures anormalement chaudes pour la saison, soit autour de 15 °C, ce qui a entraîné une fonte des neiges hâtive à moyenne altitude. La rivière atmosphérique est arrivée le 13 novembre en passant tout près de la pointe sud de l’île de Vancouver avant de libérer d’énormes quantités de pluie et de s’installer profondément dans les terres, dans la vallée du Fraser. De plus, l’événement différait de l’habituelle rivière atmosphérique de 24 heures; l’épisode s’étendit sur 2 jours et demi, disposant ainsi de plus de temps pour se déverser sur le sud. L’équivalent de près d’un mois de pluie s’est déversé sur la région pendant cette fin de semaine, se combinant ainsi à une importante fonte additionnelle des neiges dans la chaîne côtière, pour gonfler les cours d’eau de toutes tailles. Le sol saturé ne pouvait plus absorber d’eau et le ruissellement a été immédiat. Comme c’est le cas pour de nombreuses catastrophes météorologiques, la météo d’une seule journée ou d’une seule tempête n’est pas en cause, mais plutôt les effets cumulatifs des conditions se produisant souvent des semaines ou des mois auparavant.

Les précipitations totales associées à la rivière atmosphérique de la mi‑novembre ont été astronomiques. Certains endroits ont reçu entre 200 et 300 mm en 2 jours et demi, ce qui va bien au‑delà du total mensuel moyen de novembre. Pendant deux jours, 40 records de précipitations quotidiennes ont été battus par des totaux qui ne sont enregistrés que tous les 100 ans. Dans de nombreux endroits du sud‑ouest, il a plu tous les jours pendant la première moitié du mois de novembre alors, lorsque l’intensité a augmenté le 13 novembre, ça n’a pas semblé si étrange, pas plus que les premiers rapports concernant des automobilistes coincés. Même la côte est de l’île de Vancouver, généralement pauvre en précipitations, a été aggravée par des chutes de pluie record pendant 3 jours, ce qui a provoqué des affaissements d’autoroutes et des inondations locales. Parallèlement, de fortes rafales pouvant atteindre 90 km/h ont fait trembler les bâtiments. À certains moments de la semaine, plusieurs milliers de personnes ont été privées d’électricité.

Puisque l’eau coulait en tous lieux, des flancs des montagnes se sont détachés et ont déclenché une coulée de débris. Les eaux et la boue ont submergé les principales autoroutes dans les deux sens, détruit des ponts et piégé des conducteurs et des passagers. Des murs de débris ont heurté des véhicules, les renversant et les faisant tomber des autoroutes. La tempête de pluie et d’inondations a causé la mort d’au moins six personnes et près de 15 000 évacuations. Les équipes de recherche et de sauvetage ont creusé profondément dans la boue à la recherche de voitures et de passagers manquants. Certaines parties de la route transcanadienne n’étaient plus praticables. L’autoroute 8 de la Colombie‑Britannique est, pour l’essentiel, tombée dans la rivière Nicola, et des tronçons de la route de Coquihalla – la principale route liant Vancouver à l’intérieur de la Colombie‑Britannique et au reste du Canada – seront fermés jusqu’en 2022. Les inondations ont submergé des villes entières et des parties de grandes villes. Les 7 000 habitants de Merritt ont été évacués pour la deuxième fois cette année lorsque la montée des eaux a mis hors service la station d’épuration des eaux usées. Les digues ont rompu, laissant des sections du centre‑ville de Princeton sous l’eau. Des collectivités rurales et des collectivités des Premières Nations se sont retrouvées isolées lorsque les rivières en crue ont emporté les seules routes menant aux villes et tous les ponts de liaison. Plusieurs collectivités ont été placées en état d’urgence locale, et tous les citoyens à l’échelle de la province se sont retrouvés dans une situation d’urgence pendant au moins 2 semaines – la troisième fois cette année. Le plus grand port du Canada a été fermé à Vancouver, aggravant ainsi la situation de la chaîne d’approvisionnement déjà compromise dans tout le pays. Les services de téléphonie mobile et d’Internet ont été interrompus par de multiples fibres coupées, rendant l’émission d’avertissement et les efforts de sauvetage difficiles. De précieux champs agricoles se sont transformés en zones humides. Approximativement 1,3 million d’animaux sont morts dans les champs inondés, isolés par les inondations ou noyés dans les granges et les enclos dans une véritable catastrophe agricole.

Le personnel militaire canadien est rapidement intervenu pour contribuer aux activités de sauvetages de rétablissement et de restauration. De la nourriture a été rapidement expédiée par avion vers diverses collectivités, sans oublier de la nourriture pour animaux pour les grandes exploitations agricoles isolées par la montée des eaux et les routes fermées. En ces temps difficiles, de nombreux héros se sont illustrés, alors que les premiers intervenants, les équipes de recherche et de sauvetage et des milliers de citoyens ordinaires ont tout risqué pour retrouver, aider et abriter des milliers de personnes se trouvant dans des conditions périlleuses. Des milliers de travailleurs et de bénévoles ont travaillé sans relâche pour redonner rapidement le sentiment que la situation avait repris son cours normal, même si l’infrastructure endommagée ne sera complètement rétablie que bien après le début de 2022.

Les coûts des pertes assurées combinés aux pertes de biens privés non assurés devraient se chiffrer en milliards de dollars, quand la compilation sera complétée en 2022. Les pertes non assurées pour les infrastructures (restauration et reconstruction des ponts, des routes et des chemins de fer) pourraient s’élever à plusieurs milliards, ce qui fait probablement du déluge des déluges de la Colombie‑Britannique l’événement météorologique le plus coûteux de l’histoire du Canada. La même année où la province a connu la pire canicule du Canada, elle a aussi subi l'inondation la plus coûteuse et la plus destructrice.

Les pluies ont par ailleurs continué à tomber! La Colombie‑Britannique s’est préparée à affronter davantage de pluie et d’inondations. Trois autres rivières atmosphériques visaient la côte sud du 24 au 30 novembre. Bien que ces tempêtes aient été moins intenses et se soient déplacées plus rapidement que la première grande tempête, un nombre accru d’événements de pluie plus rapprochés a aggravé les vulnérabilités existantes en entraînant des effets en cascade. Au cours de la dernière semaine de novembre, les précipitations totales sur la côte sud ont varié de 100 mm à Vancouver à 350 mm à Hope.  À la fin du mois de novembre, l’automne 2021 était officiellement le plus humide jamais enregistré dans au moins 10 stations de la côte sud de la Colombie‑Britannique, et pourtant, la saison des pluies était, d’un point de vue climatologique, achevée à seulement 40 %.

3. Sécheresse d’un bout à l’autre du Canada

Les agriculteurs et les éleveurs d’expérience n’hésitent pas à qualifier la sécheresse qui a touché l’Ouest canadien cette année de l’une des pires de l’histoire. Les agriculteurs la comparent à celles de 1988 et de 1961; les historiens à celle des années 30. Cette sécheresse était si extraordinaire en raison de son étendue, de sa gravité et de sa persistance. Avant même le milieu de l’été, des dizaines de collectivités rurales avaient déclaré l’état de catastrophe agricole. À une semaine de la récolte, l’Outil de surveillance des sécheresses au Canada a classé 99 % du paysage agricole des Prairies en situation de sécheresse.

L’absence de pluies estivales dans l’ouest du pays a contribué à la chaleur torride et à la propagation des incendies de forêt. Des crêtes verticales persistantes ont redirigé le courant‑jet plus au nord, empêchant ainsi la formation de nuages porteurs d’eau. Par conséquent, les régions du sud entre les basses‑terres continentales et l’intérieur de la Colombie‑Britannique, l’est des Prairies et le nord‑ouest de l’Ontario ont connu l’un des étés les plus secs en 75 ans, de nombreux endroits ayant enregistré moins de la moitié des précipitations normales pendant la saison de croissance.

Cependant, les graines de cette sécheresse ont été semées des mois, voire des saisons, avant 2021. Dans une grande partie de l’Ouest, les champs étaient bruns pendant plus de jours que le blanc de la neige pendant l’hiver de 2020‑2021. L’hiver n’avait pas été aussi sec depuis 50 ans dans certaines parties de l’Alberta. Edmonton a connu son deuxième hiver le plus sec en 136 ans. À Calgary il y a eu la moitié moins de pluies printanières que la normale. Le sud du Manitoba a été l’épicentre de la sécheresse au Canada, en particulier dans la vallée de la rivière Rouge et la région Interlake. Certains endroits comme Winnipeg ont connu les 2 années consécutives les plus sèches depuis plus d’un siècle.

Les cultures ont été brûlées et rabougries par la chaleur sèche. En raison des vents forts qui aspirent l’humidité, les maigres récoltes ne pouvaient être sauvées. À la mi‑juillet, alors que la chaleur et la sécheresse s’accentuaient de manière croissante, personne ne pensait que la situation pouvait empirer davantage. Mais c’est arrivé! Des hordes de sauterelles aimant la chaleur et des groupes de rongeurs ont commencé à envahir l’ouest, se déplaçant rapidement et se régalant de la verdure. Au moment de la récolte, les grains, au lieu de s’élever à la hauteur de la « poitrine », s’élevaient simplement à la hauteur des « mollets ». De plus, comme les récoltes de foin ne représentent que 10 à 25 % des récoltes normales, les éleveurs de bétail ont dû vendre aux enchères les animaux qu’ils ne pouvaient plus nourrir. Tous les Canadiens ont ressenti les effets de la sécheresse par la hausse du prix des aliments. Les pluies du mois d’août sont arrivées trop tard pour soutenir la production des céréales et du canola, bien qu’elles aient aidé les cultures produites plus tard comme le maïs, le soja, les pommes de terre et les tournesols.

Finalement, les pluies d’été ont été abondantes, par opposition à la sécheresse de la saison de croissance. Dans la vallée de la rivière Rouge, les précipitations à la fin du mois d’août, sur 3 mois d’été, avaient été supérieures de 20 % à la normale. Cela dit, en agriculture, le facteur temps est primordial. Par exemple, à Winnipeg, les trois quarts des précipitations de la saison chaude sont tombés sur une période de trois jours seulement. De plus, au cours d’une période de 60 jours allant du début juin à la mi‑août – la période la plus critique où les cultures céréalières poussent fébrilement sous le long soleil des Prairies – il n’est tombé qu’un maigre 6 % des précipitations normales. De plus, cette période de 2 mois a connu 25 jours avec de températures supérieures à 30 °C. Une situation semblable s’est produite dans le sud de la Saskatchewan et le centre de l’Alberta. Les conditions météo ont été trop sèches et trop chaudes pendant trop longtemps, et les cultures n’ont pas pu survivre jusqu’à la mi‑août. La sécheresse cause de la sécheresse! Avec de longues périodes de conditions chaudes et sèches, aucune humidité locale ne s’est ajoutée à l’atmosphère, ce qui a supprimé l’activité orageuse. Fait incroyable, entre le 16 juin et le 23 août, les orages violents n’ont produit aucune tornade dans les Prairies.

L’incidence de la sécheresse sur les producteurs alimentaires des Prairies a été dévastatrice. Par rapport aux autres années de sécheresse agricole, les pertes économiques liées à la sécheresse de cette année se chiffrent facilement en milliards de dollars.

Certaines villes ont commencé à s’inquiéter du manque possible d’eau potable. À Emerson, le débit de la rivière Rouge a chuté à 50 % sous la normale. Des périodes de sécheresse et de chaleur sur plusieurs saisons dans l’ouest ont asséché les réservoirs, réduisant ainsi la production d’énergie hydroélectrique à son niveau le plus bas depuis des décennies, ce qui a fortement réduit les revenus. Dans certaines régions du Manitoba et de la Saskatchewan, le sol argileux « gumbo » était si sec que les fondations des maisons ont commencé à se fissurer et à s’affaisser. Lorsque les pluies tardives sont arrivées, les fuites se sont multipliées.

La situation désastreuse ne s’étendait pas seulement aux Prairies, mais aussi à certaines parties du nord‑ouest de l’Ontario et vers l’ouest jusqu’à la Colombie‑Britannique. Dans tout le sud de la Colombie‑Britannique, le printemps a également été exceptionnellement sec. L’aéroport de Victoria a enregistré seulement 53 mm de pluie au printemps – un nouveau record de sécheresse depuis que le début de la consignation des données il y a 80 ans. Kamloops a enregistré son deuxième printemps le plus sec en plus d’un siècle. La sécheresse s’est poursuivie pendant l’été. Du 16 juin au 6 août, Vancouver a connu 53 jours consécutifs sans précipitations mesurables (0,2 mm ou plus), ce qui n’est pas un record, mais la plus longue période sèche depuis 35 ans. Les viticulteurs craignaient que les raisins ne tombent avant d’être prêts à être cueillis. Les baies des arboriculteurs sont devenues molles à cause de la chaleur.

Dans l'est du pays, à l'approche de la saison des semis, l'Ontario et le Québec ont connu un important déficit de précipitations printanières, entre 25 et 75 % des totaux normaux. Les déficits se situaient entre 110 et 130 mm dans des endroits comme Chatham-Kent dans le sud-ouest de l'Ontario et dans la région de Montréal. Le manque de précipitations printanières à Montréal a été très près du record historique datant de 1915. Le mois de mai a été l'un des plus secs jamais enregistrés depuis 75 ans, de London à Ottawa. Des pluies bienvenues sont finalement arrivées en juin, un peu tard pour les fraises, mais excellentes pour les cultures qui ont suivi.  

4. Saison des feux de forêt – hâtive, active et incessante

Au Canada, la saison des feux de forêt a commencé environ un mois plus tôt que prévu, en raison d’un printemps sec record et de la fonte précoce de la neige des montagnes. Les statistiques du Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC) témoignaient d’une année active en matière de feux. À l’échelle nationale, le nombre d’incendies a augmenté de 2 500 par rapport à 2020 et la superficie des zones boisées brûlées a été 1,6 fois supérieure à la moyenne décennale.

En Colombie‑Britannique, les feux de forêt ont commencé à la fin du mois de juin et se sont poursuivis jusqu’en septembre. Le BC Wildfire Service a signalé 1 522 incendies, lesquels ont brûlé 889 813 hectares de bois, de broussailles et de prairies, soit une superficie équivalente à une fois et demie celle de l’Île‑du‑Prince‑Édouard, soit près de 60 fois la superficie brûlée en 2020 et la troisième plus importante jamais enregistrée. La province a connu son été le plus chaud depuis que l’on a commencé à consigner les données en 1948. De plus, dans les secteurs intérieurs déjà secs, les précipitations de la saison chaude ont atteint un niveau record. Certains endroits n’avaient pas vu de pluie depuis 5 semaines ou plus. En plus des conditions chaudes et sèches, il y a eu de fréquents épisodes de foudre sèche, des rafales, une faible humidité et un soleil éclatant, ce qui a donné lieu à une saison des feux longue, active, intense et difficile. Les incendies se déplaçaient souvent rapidement et étaient agressifs, ce qui a entraîné 50 000 évacuations et l’instauration de l’état d’urgence dans toute la province pour la troisième année sur les 5 dernières. Les feux d’envergure dans la province ont pris de l’ampleur et sont devenus incontrôlables, allant essentiellement là où les vents les portaient. Les équipes de pompiers de la Colombie‑Britannique ont reçu l’aide d’autres équipes provenant de partout au Canada, du Mexique et de l’armée canadienne, portant le total des pompiers spécialisés en lutte contre les feux de forêt à 5 300.

À la fin du mois de juin, un incendie incontrôlé a pris naissance sur le terrain escarpé et rocheux du canyon du Fraser, en Colombie‑Britannique, juste au sud du village de Lytton. Au bout du compte, l’incendie a détruit environ 90 % de Lytton, y compris le bureau de poste et le centre de santé, et a fait 2 morts. À la mi-juillet, un autre incendie majeur s’est déclaré entre Kamloops et Vernon le long de l’autoroute 97, connu sous le nom d’incendie de White Rock Lake. Cet incendie s’est propagé dans la collectivité de Monte Lake - la deuxième collectivité de la Colombie‑Britannique détruite par un feu cet été - et n’a été maîtrisé qu’à la mi‑septembre. Les pertes couvertes par des assurances liées aux 2 grands incendies ont atteint 164 millions de dollars. Outre les pertes humaines et matérielles, les incendies ont tué des millions d’animaux sauvages et détruit leurs habitats; la fumée générée par ces incendies s’est déplacée vers la côte sud et vers l’est à travers les Rocheuses. Souvent sur la trajectoire des feux de forêt cet été, Kamloops a connu un record de 478 heures de fumée et de brouillard. Dans le sud‑est de la province, Castlegar a également enregistré un record de 295 heures de fumée.

Le 10 juillet, des feux incontrôlés étaient actifs dans chaque province et territoire, à l’exception du Canada atlantique et du Nunavut. L’Alberta était une exception notable. Alors que le nombre de feux approchait de la normale en Alberta, la superficie brûlée ne représentait étonnamment que 15 % de la normale. Seule une petite partie de la fumée affectant les Albertains provenait d’incendies d’origine locale. Les avertissements sur la qualité de l’air sont devenus une réalité quotidienne dans l’Ouest, car les pluies et les vents d’altitude qui purifient l’air d’habitude ont été absents pendant une grande partie de l’été. Dans certains cas, la brume qui bloquait le soleil réduisait les températures de l’après‑midi de 5 °C ou plus. Le ciel immense des Prairies était souvent d’un gris orange étrange et on ne pouvait pas voir de l’autre côté de la rue. Calgary a enregistré 512 heures de fumée et de brume (le compte annuel normal est de 12 heures), soit les ciels les plus sales en 70 ans de relevés. Au Stampede de Calgary, on a annulé les courses de chevaux et de chariots pour protéger la santé des animaux, des participants et des spectateurs. Edmonton a été moins touchée avec 125 heures de fumée cette année, mais a tout de même connu le deuxième été le plus enfumé depuis 1953 et 9 fois le nombre normal d’heures de fumée.

Un autre point chaud de forêts brûlées s’étendait vers l’est depuis la Saskatchewan jusqu’au nord‑ouest de l’Ontario; le pourcentage de surface brûlée y était de 2 à 8 fois supérieur à la moyenne décennale. En Saskatchewan, en mai, l’incendie à propagation rapide de Cloverdale s’est déclenché entre La Ronge et Prince Albert avant de traverser les autoroutes, de brûler les lignes de transmission et de priver d’électricité 9 000 clients. Prince Albert a déclaré l’état d’urgence locale. La Ronge a subi 293 heures de fumée et de brume. Regina a enregistré 147 heures de fumée, par rapport à seulement 5 heures en 2020. C’est le nombre d’heures le plus élevé que la ville ait connu depuis 1995 et le troisième plus élevé en près de 70 ans. La fumée épaisse dégagée par les feux de forêt à l’est de Berens River, au Manitoba, et dans le nord‑ouest de l’Ontario a laissé une odeur de bois brûlé dans l’air. Plus de 1 300 personnes des collectivités des Premières Nations du Manitoba ont été évacuées. À Winnipeg, le nombre d’heures de fumée a atteint 239, soit le deuxième nombre d’heures le plus élevé depuis 1953 et 16 fois la normale.

Dans le nord‑ouest de l’Ontario, le temps chaud et sec du printemps et de l’été a contribué à la création de conditions propices aux incendies. Il y a eu 50 % plus de feux de forêt par rapport à la moyenne décennale, mais ces feux ont brûlé 5 fois la superficie moyenne brûlée en un an. La province de l’Ontario a déclaré qu’il s’agissait de la pire saison de feux de forêt jamais enregistrée, celle‑ci dépassant de 10 % le précédent record de 1995. Le plus grand incendie jamais enregistré est survenu près de Kenora et a fait rage de manière incontrôlable pendant près de 5 mois. L’Ontario a imposé des restrictions aux activités d’exploitation minière, de l’industrie ferroviaire, de construction et de transport afin de réduire la probabilité que des étincelles déclenchent d’autres incendies. Plus de 3 000 personnes évacuées des collectivités des Premières Nations de l’Ontario ont été relogées dans le sud et 5 000 autres personnes ont été placées en état d’alerte à court terme.

5. Le Canada survit à quatre vagues de chaleur

Dans l’ensemble du Canada, l’été 2021 s’est classé au cinquième rang des saisons les plus chaudes des 74 dernières années. Seul le Nunavut a connu des températures plus près de la normale. Dans l’extrême ouest, la Colombie‑Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan ont connu leurs étés les plus chauds depuis au moins 60 ans, et des avertissements de chaleur ont été émis dans des provinces entières. Bien que la vague de chaleur de la Colombie-Britannique ait certainement été l'événement le plus marquant de l'année, la fréquence de la chaleur extrême dans tout le pays a constitué une part importante de l'expérience météo de tous les Canadiens en 2021. Pour montrer à quel point la chaleur était torride et constante, des journées avec des températures de 30 °C ou plus ont été enregistrées pendant 5 mois. À Edmonton, le nombre de journées chaudes a surpassé le nombre total de journées chaudes des 8 années précédentes réunies. À Winnipeg, aucune année antérieure n’a connu un nombre plus élevé de journée de plus de 30 °C (35 en 2021 par comparaison à une normale de 13). À Saskatoon, le 2 juillet, il a fait plus de 40 °C. Si l’été a disparu dans l’Est en juillet, la chaleur est revenue en force au cours des deuxième et troisième semaines d’août. Montréal a enregistré le mois d’août le plus chaud de son histoire, les données étant consignées depuis 1871. Plusieurs villes ont également connu des nuits très chaudes, ce qui s’inscrit dans une tendance à long terme observée en Amérique du Nord et en Europe au cours des dernières décennies. À titre d’exemple, Toronto a connu 14 nuits avec des températures supérieures à 20 °C, la moyenne étant de quatre pour ce type de nuits. Dans l’Est, les pires conditions étaient l’humidité oppressante et étouffante. Par moments, l’air était non seulement chaud et humide, mais aussi chargé de cendres et de fumée provenant des feux de forêt du nord‑ouest de l’Ontario et du Manitoba.

Alors que le Canada a connu une chaleur constante de mai à août, la chaleur s’est manifestée par vagues, avec au moins 4 épisodes de jours 40‑30‑20 : des valeurs d’humidex de 40 ou plus, des après‑midi chauds dépassant les 30 °C et des nuits tropicales supérieures à 20 °C.

Première vague de chaleur

Autour de la longue fin de semaine de mai, les températures maximales, de l’Ontario jusqu’à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, ont atteint les 20 °C et même dépassé les 30 °C. Toutefois, à la fin du mois de mai, la vague de chaleur précoce s’est terminée brusquement avec des températures record inférieures au point de congélation. La première vague de chaleur dans l’Ouest est survenue au début du mois de juin, soit environ un mois plus tôt que la normale, avec 70 nouveaux records de température. C’était avant même l’apparition du dôme de chaleur apocalyptique qui a frappé une grande partie de l’Ouest canadien à la fin du mois de juin. Au cours de l’événement précurseur, la chaleur a dépassé les 35 °C dans certaines villes de l’Alberta et de la Saskatchewan et a atteint 40 °C au Manitoba, dépassant ainsi des records centenaires de 4 ou 5 degrés. Les responsables de la santé publique ont invoqué des mesures sanitaires précoces pour contrer les chaleurs extrêmes. C’était là un bon test pour ce qui allait suivre 3 semaines plus tard.

Deuxième vague de chaleur

Environ une semaine après la première vague de chaleur dans l’Est, une chaleur torride a de nouveau enveloppé la région du 4 au 9 juin. Plusieurs sites ont signalé des températures dépassant les 30 °C pendant 3 à 5 jours consécutifs, certaines dépassant la normale de 14 degrés. L’humidité a été encore plus spectaculaire avec des indices humidex de plus de 40. Le temps chaud et humide a également occasionné une détérioration de la qualité de l’air, faisant grimper les indices de qualité de l’air à élevés, posant ainsi un plus grand risque pour la santé. La chaleur a entraîné une hausse précoce de la demande en électricité, les citoyens ayant augmenté leur utilisation des systèmes de climatisation et des ventilateurs.

Dans l’Ouest canadien, au cours de la dernière semaine de juin, la canicule s’est fait largement ressentir. Des milliers de records de température ont été battus, dont un record canadien de 49,6 °C à Lytton, en Colombie‑Britannique. À la fin du mois de juin, plus de 80 % des Prairies faisaient l’objet d’un avertissement de chaleur mortelle, avec une semaine ou plus de températures allant entre 30 °C et 50 °C. À Calgary, le mois de juin a été le deuxième plus chaud jamais enregistré; la journée la plus chaude, le 29 juin, ayant atteint 36,3 °C, à seulement 0,2 °C de la température la plus élevée jamais enregistrée dans la ville. À Vancouver, à la fin du mois de juin, les températures ont dépassé les 30 °C pendant 4 jours et la ville a enregistré un nouveau record absolu de 32,4 °C le 29 juin. Normalement, la ville connaît une température de plus de 30 °C une fois tous les 3 ou 4 ans.

Troisième vague de chaleur

Quelques jours seulement après l’atténuation du dôme de chaleur accablante, une troisième vague de chaleur s’est abattue sur l’Ouest. Une fois de plus, des températures caniculaires ont prévalu dans les Prairies, allant de 30 à 35 °C pendant les 2 semaines de la mi‑juillet. La chaleur a été aggravée par une sécheresse prolongée. Dans l’Est, la nature a pris une pause en juillet. Mais au cours de la deuxième semaine d’août, l’Ontario, le Québec et les Maritimes ont connu des températures record environnant les 35 °C, aggravées par des valeurs d’humidex allant de 40 à 45. La troisième vague a apporté certaines des nuits les plus chaudes de tout l’été. À Toronto, il y a eu 5 nuits où la température a été supérieure à 20 °C, y compris le 10 août, lorsque la température a atteint 23,4 °C à 3 h du matin et que l’indice humidex était de 34.

Quatrième vague de chaleur

La quatrième et dernière vague de l’été s’est étendue d’un océan à l’autre et a été la vague de chaleur la plus longue du pays, s’étirant sur 2 à 3 semaines. Elle a débuté dans l’Ouest au cours de la dernière semaine de juillet et s’est poursuivie jusqu’à la mi‑août, soit la période typiquement chaude de l’été. À la mi‑août, des avertissements de chaleur étaient en vigueur dans 9 provinces. En Colombie‑Britannique et en Alberta, la chaleur qui a duré plusieurs jours a été aggravée par les feux de forêt et la fumée. Dans l’intérieur de la Colombie‑Britannique, certains endroits ont à nouveau enregistré des températures supérieures à 40 °C, soit 10 degrés de plus que les valeurs saisonnières. La chaleur intense a compromis les récoltes de produits horticoles dans l’Okanagan. Les pommes encore dans les arbres étaient brûlées par le soleil ou cuites. Plusieurs régions de l’Alberta ont fait l’objet soit d’avertissements de chaleur, soit d’avertissements de fumée, soit des deux. Edmonton a enregistré la deuxième période de températures moyennes les plus élevées jamais enregistrée de juin à la mi‑août, juste en dessous de celle de 1961. Au début du mois d’août, des records de température élevée ont été battus dans au moins six collectivités des Territoires du Nord‑Ouest, notamment à Yellowknife où la température a atteint 32,6 °C le 2 août, éclipsant le précédent record de 32,5 °C établi le 16 juillet 1989.

Dans l’Est, seulement quelques jours séparaient la troisième et la quatrième vague de chaleur. La troisième vague a persisté du 9 au 13 août et la quatrième du 17 au 26 août, ce qui donna l’impression d’une période de chaleur de 15 à 20 jours.
À Montréal, en raison d’une vague de chaleur de près de 2 semaines, le mois d’août s’est avéré être le plus chaud depuis 145 ans. La ville a battu le record établi en 1916 pour le nombre de jours à 33 °C ou plus. Terre‑Neuve‑et‑Labrador n’a pas été laissée pour compte. Le 16 août, les températures ont commencé à atteindre et à dépasser les 30 °C à Terre‑Neuve et dans le sud‑est du Labrador.

6. Une année de tornades EF2

Les tornades d’une intensité égale ou supérieure à 2 sur l’échelle Fujita améliorée (EF2) représentent environ 8 % de toutes les tornades qui ont frappé le Canada; avec certaines années où on n’en comptait aucune. Avec des vitesses de vent entre 180 et 220 km/h, les tornades EF2 sont suffisamment fortes pour arracher les toits de maisons, sortir des maisons préfabriquées de leurs fondations, casser ou déraciner 50 % des arbres sur sa trajectoire, soulever des voitures du sol et propulser des objets à quelques kilomètres de distance.

Le 21 juin, la tornade de force EF2 la plus importante du Québec a frappé dans l’après‑midi lorsque de l’air chaud et humide et un front froid ont généré plusieurs tornades confirmées entre 15 h et 17 h. La première tornade s’est abattue sur St‑Valentin à 15 h 35. Dix minutes plus tard, la tornade la plus puissante de la journée a frappé une zone résidentielle à l’est de Mascouche. La tornade de force EF2 a duré entre 15 et 20 secondes sur une trajectoire de 6,5 km et a balayé latéralement la collectivité avec des vents allant de 180 à 200 km/h. La tornade a été à la fois mortelle et destructrice. Elle a coûté la vie à un homme qui s’était réfugié dans un cabanon - la première victime d’une tornade au Québec en 27 ans. Selon la municipalité, entre 75 et 100 maisons ont subi des dommages importants, allant d’étages supérieurs arrachés à des structures sorties de leurs fondations. Des bardeaux de toiture, des morceaux de revêtement en vinyle, des bouts d’arbres, et des pièces de bicyclettes, de tondeuses à gazon et de barbecues se sont répandus sur le sol sur plus de 3 kilomètres.

Le 15 juillet, en Ontario, les météorologues s’attendaient à ce que ce soit une journée d’activité orageuse. Les orages se sont manifestés vers 12 h et à 14 h 30. La première tornade de force EF2 a touché le sol à l’ouest de l’autoroute 400, dans un quartier du sud‑est de Barrie. Des témoins oculaires de l’événement météo survenu ce jour‑là ont confirmé que la nature n’a donné que peu de signes des conditions extrêmes à venir. Il n’y a eu au préalable ni de pluie ni de ciel menaçant. Il n’y avait pas d’éclairs et de tonnerre dans le ciel, pas de vents forts annonciateurs ou de nuages sombres et inquiétants. On a confirmé que la tornade de Barrie était une tornade de force EF2 de haut niveau avec des vents maximums de 210 km/h et une trajectoire de 12,5 km de long et de 510 m de large. Au total, 150 maisons ont été endommagées et près de la moitié ont été jugées inhabitables. Plusieurs habitations ont vu leur deuxième étage arraché net. Près de 700 véhicules ont été endommagés, dont quelques‑uns qui ont été soulevés et renversés. Des dizaines de clôtures ont été arrachées et un trampoline a été projeté dans le jardin de quelqu’un d’autre. Des débris recouvraient la scène sur 3 kilomètres. Les pertes préliminaires de biens couverts par des assurances s’élèvent à plus de 100 millions de dollars. Heureusement, il n’y a eu ni décès ni blessures graves. La tornade de Barrie n’est pas la seule tornade de force EF2 qui a frappé cette journée‑là. Étonnamment, six autres tornades ont été confirmées comme étant de force EF2 et 3 de force EF1, bien qu’aucune n’ait été aussi destructrice que celle de Barrie.

7. Un froid arctique gèle le Canada en février

L’hiver a été remarquablement doux dans tout le Canada jusqu’en février, quand soudain, un souffle arctique venant de Sibérie a frappé l’Amérique du Nord. Parallèlement, un système de haute pression au Groenland s’est intensifié, apportant de l’air doux le long de la côte atlantique. Cette circulation a créé des contrastes de température spectaculaires : 20 °C sous la normale en Alberta et en Saskatchewan et 20 °C au‑dessus de la normale sur le sud de l’île de Baffin. Le courant la Niña sur l’océan Pacifique équatorial est en partie responsable du phénomène, mais le froid extrême du souffle arctique de février a joué un rôle majeur.

Le souffle arctique s’est installé dans les Prairies pendant 2 semaines en février et s’est étendu à tout le pays. Au cours de la fin de semaine de la Saint‑Valentin, chaque kilomètre carré du pays, de Victoria à St. John’s, était gelé. Les Prairies ont fait l’objet d’un avertissement de froid extrême avec des températures maximales de ‑34 °C en après‑midi et un refroidissement éolien allant de ‑45  à ‑55  pendant la nuit. Le froid extrême qui a régné dans les Prairies est excessivement rare et des records de température remontant à plus de 50 ans ont été battus. Au cours de la deuxième semaine de février, plus de 225 nouveaux records de températures minimales basses quotidiennes ont été établis dans l’ensemble de l’Ouest canadien et du Yukon, avec un nombre équivalent de records de températures maximales basses quotidiennes. Le Canada a connu sa température la plus froide en 4 ans, soit ‑51,9 °C à Wekweètì, dans les Territoires du Nord‑Ouest. À Winnipeg, un nouveau record de froid de ‑38,8 °C a été établi le 13 février, ce qui plus froid que la température au sommet du mont Everest. Du 6 au 14 février, la température à Winnipeg n’a jamais grimpé au-dessus de ‑22 °C. Le 7 février, la température à l’aéroport international d’Edmonton est passée à 0,1 °C de battre le record quotidien de ‑43,9 °C établi en 1994.

Ce froid extrême et durable a eu des effets néfastes dans les communautés. Dans certaines villes des Prairies, les organismes communautaires de quartier ont offert des lits supplémentaires pour abriter davantage de personnes. Un service gratuit de transport par autobus de nuit a également été mis en place pour sortir les gens du froid. Le froid extrême a brisé d’innombrables conduites d’eau et fissuré les voies ferrées urbaines. Les services publics de l’énergie ont établi de nombreux nouveaux records quotidiens de consommation de gaz naturel et le froid a fait grimper la demande en propane à son plus haut niveau depuis des décennies. Le froid était si glacial, qu’il n’était même pas possible de faire du ski ou de la planche à neige. À Calgary, le Chinook Blast, un nouveau festival d’hiver visant à célébrer les vents chauds légendaires de Calgary, a été retardé en raison du temps froid. À Edmonton, lors du plus long match de hockey du monde, les températures minimales sont descendues à ‑42 °C. Les rondelles éclataient en morceaux lorsqu’elles frappaient les poteaux des buts.

Comme l’hiver rigoureux ne s’est présenté qu’en février, la vague de froid fut d’autant plus intense. Avant l’arrivée du souffle arctique, la température moyenne en après‑midi à Winnipeg entre novembre et janvier était la plus chaude jamais enregistrée, les observations remontant aux années 1870. La vague de froid de février a eu un effet minime sur la température hivernale dans son ensemble. En Amérique du Nord, compte tenu de la température moyenne de décembre 2020 à février 2021 inclusivement, cet hiver demeure le 11e plus chaud du présent siècle.

8. Encore de la grêle et des inondations à Calgary

Pour la deuxième année consécutive, et pour 9 des 12 dernières années, les tempêtes de grêle de Calgary figurent sur la liste des événements météo importants de l’année, faisant ainsi honneur à sa réputation de capitale canadienne de la grêle. Calgary est située en altitude, sous le vent des Rocheuses dans une zone propice au développement des tempêtes, ce qui augmente les chances que s’y forment de gros grêlons chaque année. L’averse de grêle de 20 minutes qui avait frappé Calgary en juin 2020 avait été l’événement météo numéro un de l’an dernier. Cette tempête de grêle d’un milliard de dollars fut la plus coûteuse au pays cette année-là et demeure la quatrième tempête la plus coûteuse de l’histoire du Canada.

Le 2 juillet 2021, des conditions atmosphériques quasi parfaites ont permis à une importante cellule orageuse de se former le long des contreforts et de balayer la ville en direction est. Un orage matinal combiné à un avertissement chaleur a donné lieu à une journée orageuse. La température maximale de la journée a dépassé les 30 °C. La veille, il avait fait encore plus chaud avec un maximum de 36,3 °C (la deuxième température la plus élevée de la ville en 150 ans). Dans l’après‑midi du vendredi, une série d’avertissements et de veilles météorologiques ont signalé l’arrivée de 5 heures d’orages. Ces orages ont généré 50 mm de pluie, des vents de force modérée et une quantité importante de grêlons variant de la taille d’une pièce de dix cents à celle d’une balle de golf. Les nuages en entonnoir avec un mouvement de rotation et les multiples éclairs étaient encore plus menaçants. La tempête a provoqué des inondations localisées, transformant les routes en rivières et les passages souterrains en canaux. Les services d’urgence ont répondu à 200 appels en 2 heures, notamment pour assurer le sauvetage d’automobilistes qui se sont retrouvés coincés en raison des eaux montées à la hauteur des poignées de porte de leur véhicule. Des refoulements d’égouts dans les sous‑sols ont également été signalés. La grêle a criblé de millions de bosses les véhicules et le revêtement des maisons. Près de 16 000 réclamations d’assurance pour des dommages causés aux véhicules, comme des pare‑brise fissurés ou brisés et de la tôle cabossée, ont été soumises, pour un montant total de 128 millions de dollars. Les pertes totales causées par la tempête ont par ailleurs fait l’objet de 39 000 réclamations d’assurance dont la valeur dépassait 555 millions de dollars.

9. L’ouragan Larry frappe Terre‑Neuve

Après une saison record d’ouragans en 2020, avec 30 tempêtes tropicales dans le bassin atlantique, cette année fut encore une fois chargée d’activité. Le bassin a connu 21 tempêtes tropicales nommées, d’Ana à Wanda, et 7 ouragans, dont 4 étaient d’envergure majeure avec des vents soutenus de 178 km/h ou plus. Ces tempêtes tropicales étaient plus fortes et d’une durée plus longue que la normale, avec une énergie cyclonique supérieure d’environ 50 % à la moyenne à long terme.

Les 9 et 10 juillet, la tempête tropicale Elsa a généré de 50 à 100 mm de pluies torrentielles et des vents forts dans certaines parties des Maritimes pendant sa phase post‑tropicale. Hormis des pannes d’électricité qui ont touché 26 000 foyers et entreprises, la région s’en est sortie relativement indemne. La tempête tropicale Henri a touché terre en Nouvelle-Angleterre le 22 août avant de passer au sud des Maritimes sous forme de dépression post-tropicale quelques jours plus tard, mais sans impact majeur au Canada.

L’ouragan Ida a été l’un des ouragans les plus puissants à frapper la côte américaine du golfe du Mexique, touchant terre en Louisiane le 29 août. Ida a généré de 150 à 200 mm de pluie sur une grande partie du Nord‑Est américain, de Philadelphie à Boston, ainsi que des pluies record et des inondations importantes à New York. Les restes d’Ida ont également traversé les Maritimes les 1er et 2 septembre, et ont atteint Terre‑Neuve-et-Labrador le jour suivant. En comparaison à la dévastation qu’ont connue les États‑Unis, Ida s’est avérée plus comme une nuisance au Canada, avec des pluies diluviennes et des rafales de 70 à 110 km/h. Dans les 3 provinces maritimes, 25 stations ont enregistré plus de 100 mm de pluie, dont la moitié à l’Île‑du‑Prince‑Édouard, notamment Summerside et Charlottetown. Plusieurs stations ont battu de nouveaux records de précipitations en une journée. Avec des précipitations de 30 mm ou plus à l’heure et des vents forts, plusieurs routes et stationnements ont été submergés. Les rues de Charlottetown sont devenues impraticables et plusieurs véhicules se sont retrouvés à moitié submergés. À la suite du déluge d’Ida, une grande partie de l’industrie des mollusques et crustacés (moules et palourdes) de la province a cessé ses activités pendant une semaine ou plus en raison du risque de contamination par les eaux de ruissellement excessives.

Après s’être formé au large de l’Afrique de l’Ouest le 31 août, l’ouragan Larry s’est presque immédiatement transformé en une puissante tempête. Larry est entré dans l’histoire en devenant l’ouragan majeur qui a duré le plus longtemps dans le bassin atlantique, avec des vents soutenus de plus de 175 km/h qui ont soufflé pendant presque une semaine entière, du 3 au 8 septembre. Le 9 septembre, Larry a atteint 305 km à l’est des Bermudes avant d’accélérer sa course vers Terre‑Neuve‑et‑Labrador et d’entrer dans les eaux canadiennes le 10 septembre sous forme d’ouragan de catégorie 2 avec des vents soutenus de 155 km/h. Avec des vents violents et des pluies abondantes, Larry a provoqué une forte houle, de dangereux ressacs, des vagues déferlantes destructrices et des courants de retour. Jusqu’au 11 septembre, Larry est toutefois resté au‑dessus de l’océan, ne représentant aucune menace pour les navires ou les terres.

Larry n'était pas Igor, du moins du point de vue des quantités de pluie reçues, mais Terre-Neuve-et-Labrador a été durement touchée par le vent et les ondes de tempête. Les pluies ont été dignes d’un ouragan – abondantes et intenses, mais brèves. Vers minuit HAT, le 11 septembre, Larry a touché terre sous la forme d’une tempête de catégorie 1 au sud‑ouest d’Avalon, avec des vents soutenus de 130 km/h et des rafales atteignant parfois 180 km/h. Larry s’est transformé en tempête post‑tropicale en traversant la province. Les vents ont occasionné de nombreuses pannes de courant en raison des arbres renversés et des branches cassées ont arraché le toit d’une école. À St. John’s, une énorme tente de spectacle a été emportée. Plus de 60 000 clients ont été privés d’électricité pendant la tempête. Les infrastructures côtières ont également subi de nombreux dommages. L’onde de tempête, combinée au niveau d’eau élevé, a fait des ravages dans certaines collectivités côtières comme Placentia‑St. Mary’s et St. Vincent’s où plusieurs routes se sont affaissées et ont été fermées pendant plusieurs jours. Plusieurs parcs ont perdu des arbres précieux et ont été fermés.

Les dégâts auraient été plus importants si les citoyens n’avaient pas pris au sérieux les avertissements de tempête. Se souvenant des dégâts d’Igor en 2010, les habitants se sont précipités après la fête du Travail afin de faire des provisions pour plusieurs jours. Ils ont attaché leurs meubles de jardin et taillé leurs arbres pendant que les villes nettoyaient les ponceaux et les bassins collecteurs et préparaient des barricades. Malgré tout, le nettoyage a duré plusieurs jours après le passage de Larry. Selon les estimations préliminaires, les pertes matérielles traitées par le secteur des assurances ont dépassé 25 millions de dollars et fait l’objet de 2 200 réclamations.

Le 19 septembre, l’humidité de la tempête post‑tropicale Odette a provoqué de fortes pluies sous forme d’orages dans l’est de la Nouvelle‑Écosse, notamment sur l’île du Cap‑Breton. Ingonish Beach et Eskasoni ont été parmi les endroits les plus pluvieux et ont reçu entre 55 et 65 mm de pluie, dont plus de la moitié est tombée en une heure. St. John’s a reçu 50 mm de pluie, les pluies moins importantes de Larry tombé la semaine précédente ont toutefois contribué à aggraver la situation. L’ouragan Sam a quant à lui pratiquement laissé Terre‑Neuve tranquille les derniers jours de septembre et est resté au large.

10. Un clipper Albertain en janvier

Au cours de la deuxième semaine de janvier, la queue d’une rivière atmosphérique provenant de l’océan Pacifique s’est intensifiée pour devenir un intense clipper de l’Alberta qui a rapidement traversé l’ouest des Prairies. Le système a propagé des vents descendants de plus de 100 km/h sur une bonne partie du sud et du centre de l’Alberta ainsi que du sud de la Saskatchewan, après plusieurs jours de mauvais temps. Des rafales supérieures à 100 km/h, dont 13 ayant établi des records pour le mois de janvier, notamment des vents de 137 km/h à Barnwell (Alberta) et de 143 km/h à Bratt’s Lake (Saskatchewan), ont été enregistrées par 76 stations d’anémométrie. À l’aéroport de Moose Jaw, les vents ont atteint 161 km/h! Pendant la tempête, plusieurs anémomètres se sont envolés, il est donc certain que beaucoup plus de records ont été établis que ce qui a été rapporté.

La pluie, la pluie verglaçante et les éclairs à l’avant du système se sont rapidement transformés en neige et en poudrerie lorsque la tempête a progressé vers l’est. La pluie verglaçante a apporté des surfaces glissantes et des pannes de courant généralisées dans l’ouest du pays. En raison du blizzard, la visibilité était nulle dans les Prairies, ce qui a entraîné la fermeture de plusieurs autoroutes et laissé des personnes coincées dans leur voiture pendant plusieurs heures. Les vents violents ont brisé de nombreuses structures. Dans le sud de l’Alberta, les vents ont renversé des semi‑remorques, répandant des débris sur les autoroutes. Des appareils de chauffage, de ventilation et de climatisation posés sur des toits ont disparu, ainsi que des poubelles. C’est la Saskatchewan, où la période de rafales et de vent extrêmes fut la plus longue, qui a été le plus touchée par la violente tempête. À Regina, la passerelle piétonne couverte qui traverse en surplomb les principales artères du centre‑ville a été endommagée par endroits. Dans les zones rurales, la tempête a détruit des hangars et des granges, tordu de l’équipement d’irrigation et déformé des silos à grains. Les pannes d’électricité étaient généralisées, affectant les services cellulaires et l'Internet. Plus de 100 collectivités ont signalé des pannes touchant plus de 100 000 clients, certaines pannes s’étirant sur 4 jours. Avant que la tempête ne quitte la Colombie‑Britannique, les pannes d’électricité avaient touché 212 000 clients dans les basses‑terres continentales et le sud de l’île de Vancouver. À la suite de cette tempête et des rafales survenues une semaine plus tard, des réclamations d’assurance de biens d’une valeur totale de près de 155 millions de dollars ont été soumises dans les 4 provinces de l’Ouest, la majorité des pertes ayant été enregistrées en Saskatchewan.

Événements météorologiques marquants par région et événements finalistes en 2021

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