Les écosystèmes aquatiques
Dans cette section :
Introduction
Un écosystème aquatique est un ensemble d'organismes interdépendants qui dépendent également de leur milieu aquatique pour les éléments nutritifs qui s'y trouvent (p. ex., l'azote et le phosphore) et l'abri qu'il leur procure. Les étangs, les lacs et les cours d'eau constituent des exemples familiers d'écosystèmes aquatiques; toutefois, ceux-ci englobent également des zones, telles que des plaines d'inondation et des terres humides, qu'elles soient inondées toute l'année ou seulement pendant certaines périodes. Des écosystèmes apparemment hostiles peuvent entretenir la vie. Des algues et quelques espèces d'insectes vivent, par exemple, dans des sources thermales où la température de l'eau frôle le point d'ébullition, des vers minuscules vivent à longueur d'année sur des champs de glace au Yukon et de grandes populations de bactéries réussissent à vivre dans certaines eaux très polluées.
Même une goutte d'eau constitue un écosystème aquatique, puisqu'elle contient des organismes vivants ou peut en assurer la survie. En fait, les écologistes étudient souvent, en laboratoire, des gouttes d'eau -- prélevées dans des lacs et des cours d'eau -- afin de comprendre le fonctionnement de ces écosystèmes de plus grande envergure.
Les organismes présents dans les écosystèmes aquatiques
Les écosystèmes aquatiques renferment habituellement une grande variété de formes de vie, notamment les bactéries, les champignons et les protozoaires, les organismes vivant dans le fond des cours d'eau (larves d'insectes, escargots, vers, etc.), les plantes et les animaux microscopiques vivant en suspension dans l'eau et connus sous le nom de plancton les grosses plantes (quenouilles, joncs, parnassies, roseaux, etc.), ainsi que les poissons, les amphibiens, les reptiles et les oiseaux. Les virus font aussi partie intégrante de l'écologie microbienne des eaux naturelles : on a récemment démontré qu'ils jouent un rôle important dans les cycles des éléments nutritifs et de l'énergie.
La composition de ces ensembles d'organismes varie d'un écosystème à l'autre car les conditions d'habitat particulières à chacun d'eux tendent à influer sur la distribution des espèces. Ainsi les eaux de nombreux cours d'eau, contrairement à celles des lacs, sont riches en oxygène et leur écoulement est rapide. Les espèces adaptées à ces conditions particulières sont rares ou même inexistantes dans les eaux calmes des lacs et des étangs.
Les écosystèmes d'eau douce au Canada
Le Canada renferme beaucoup d'écosystèmes d'eau douce dont les lacs, les étangs, les cours d'eau, les fondrières des prairies et les terres humides.
Un lac est une masse d'eau entourée de terre et alimentée par les cours d'eau, les sources ou les précipitations locales. La vaste répartition géographique des lacs au Canada est principalement due à l'importance de la glaciation dans le passé.
Les lacs peuvent être classés d'après diverses caractéristiques, dont leur formation et leur condition chimique ou biologique. Une de ces classifications identifie deux types de lacs : oligotrophe et eutrophe. Les lacs oligotrophes sont caractérisés par une assez faible productivité et sont surtout peuplés de poissons de fond d'eau froide comme le touladi, communément appelée truite grise. Les lacs eutrophes, quant à eux, sont moins profonds et plus productifs que les précédents, et sont surtout peuplés de poissons d'eau chaude comme le crapet de roche. Le Grand lac des Esclaves (T.N.-O.) et la majorité des lacs des Prairies constituent respectivement des exemples de ces deux types de lacs.
Les étangs sont des étendues d'eau calme qui sont plus petites et situées dans des perturbations naturelles telles que des cuvettes formées de pierre à chaux ou résultant de la construction de barrages par l'être humain ou le castor. Présents en permanence ou pendant certaines saisons, on trouve des étangs dans la plupart des régions du Canada.
Les cours d'eau (rivières et fleuves) sont des masses d'eau douce qui s'écoulent en permanence ou de façon saisonnière dans un chenal naturel et se jettent dans une autre masse d'eau comme un lac ou la mer. Les cours d'eau contiennent généralement plus d'oxygène que les lacs ou les étangs et tendent à abriter des organismes adaptés à l'eau vive (p. ex., la larve de simulie et le dard). Parmi les grands cours d'eau du Canada, on retrouve le Saint-Laurent, le Mackenzie, le Fraser, la rivière Athabasca, les rivières Saskatchewan Nord et Sud ainsi que la rivière Saint-Jean.
Certains cours d'eau se jettent dans les océans, les grandes étendues d'eau salée qui recouvrent 70 % de la superficie du globe. Les zones soumises à l'action des marées où l'eau salée se mêle à l'eau douce s'appellent les estuaires. Ces écosystèmes productifs, que l'on retrouve sur les côtes canadiennes, renferment des regroupements uniques d'organismes dont les étoiles et les anémones de mer.
La santé d'un écosystème aquatique
Un écosystème aquatique est sain lorsque les activités humaines n'ont pas nui à son fonctionnement naturel (p. ex., le cycle des éléments nutritifs) ni modifié de façon appréciable sa structure (p. ex., la composition des espèces). Un écosystème aquatique est insalubre ou malsain lorsque l'équilibre de l'état naturel a été perturbé.
Ces perturbations peuvent être physiques (p. ex., l'apport d'eau anormalement chaude dans un cours d'eau), chimiques (p. ex., l'introduction de déchets toxiques à des concentrations nocives pour les organismes) ou biologiques (p. ex., l'introduction et la propagation d'espèces animales ou végétales non indigènes). Un écosystème est en piètre état lorsque se manifestent un ou plusieurs des symptômes suivants :
- la mort de certaines espèces;
- la prolifération accélérée de certains organismes. La prolifération d'algues due à une quantité excessive de phosphore et de composés d'azote dans l'eau (appelée l'eutrophisation) en constitue un exemple;
- l'incidence accrue de tumeurs et de difformités chez les animaux;
- un changement des propriétés chimiques. La réduction du pH de l'eau causée par les pluies acides est peut-être l'un des plus importants changements enregistrés;
- la présence de certains organismes qui témoignent de conditions insalubres. Les bactéries coliformes, par exemple, peuvent indiquer la présence d'organismes capables de provoquer chez l'être humain certains malaises ou maladies, notamment la diarrhée, la typhoïde et le choléra; et
- la perte de la culture traditionnelle autochtone associée à l'écosystème.
De nombreux symptômes du mauvais état d'un écosystème surviennent simultanément. Par exemple, l'acidité accrue de l'eau d'un lac peut entraîner la mort de certaines espèces et ainsi permettre la prolifération temporaire d'espèces supportant mieux l'acidité.
L'importance d'un écosystème aquatique sain
Pourquoi l'état des écosystèmes aquatiques revêt-il une importance pour l'être humain? Puisque tous les êtres vivants font partie d'une même chaîne, un écosystème en déséquilibre aura nécessairement de graves répercussions sur l'être humain. Notre santé et un grand nombre de nos activités sont fonction de l'état des écosystèmes aquatiques. L'eau que l'on boit provient principalement de lacs ou de cours d'eau. Si le système d'un lac ou d'un cours d'eau est insalubre, l'eau qui s'y trouve sera peut-être impropre à la consommation ou aux fins de l'industrie, de l'agriculture ou des loisirs, et ce, même après son traitement. La piètre santé des écosystèmes aquatiques réduit les usages que l'on fait de ces systèmes. En voici quelques exemples :
- Des pêcheries commerciales dans les eaux intérieures et le long des côtes ont été fermées en raison de la contamination des poissons ou des mollusques et crustacés ou de la disparition d'une espèce importante du système.
- La fréquence des fermetures de plages en régions urbaines s'est appréciablement accrue en raison de la contamination des eaux par les fèces d'animaux et les déchets d'origine médicale.
- Les problèmes liés à la navigation de plaisance (nautisme) ont augmenté en raison de la multiplication rapide des plantes poussant dans le fond des cours d'eau.
- La prolifération d'espèces non indigènes a aussi engendré des problèmes. À titre d'exemple, notons l'expansion rapide de la population des dreissénies, mollusque communément appelé moule zébrée, provenant des eaux de ballast d'un vraquier européen et introduites récemment dans les Grands Lacs. Puisque les dreissénies ont peu d'ennemis naturels et que la femelle peut pondre 30 000 oeufs par année, on s'attend à ce que la plupart des eaux douces en Amérique du Nord en soient infestées. On rapporte qu'elles bouchent déjà les tuyaux de prise d'eau des stations d'épuration municipales et industrielles, recouvrent les bateaux et les piliers et entraînent la fermeture de plages.
La restauration d'un écosystème aquatique
Peut-on restaurer un écosystème aquatique? Peut-être, mais cela exige du temps et dépend de la nature de la perturbation. Les effets du dragage, par exemple, peuvent s'étendre sur une ou plusieurs années, mais nombre des organismes déplacés comme les poissons peuvent se rétablir d'eux-mêmes. Dans d'autres cas, des perturbations plus graves comme la construction de barrages peuvent entraîner l'extinction locale d'espèces déjà menacées. Il est peu probable que ces écosystèmes se rétablissent naturellement.
Il arrive souvent qu'on puisse avoir recours à des mécanismes en place pour favoriser la restauration d'un écosystème ou réduire au minimum les incidences néfastes entraînées par les activités humaines. Voici quelques-uns de ces mécanismes :
- Lois en matière d'environnement : Des lois comme la Loi canadienne sur la protection de l'environnement visent à protéger les Canadiens et le milieu aquatique contre l'exposition aux substances toxiques et contre les risques que représente l'utilisation de produits chimiques.
- Planification intégrée des ressources : Cette approche permet d'assurer l'étude des liens entre l'utilisation des terres, l'aménagement du territoire, le débit des cours d'eau, la qualité de l'eau et les écosystèmes aquatiques avant la désignation des terres d'une région à certaines fins.
- Technologie : Les préoccupations relatives à l'environnement et à l'utilisation des eaux ont entraîné la mise en oeuvre de mesures visant à améliorer la qualité des rejets d'eaux résiduaires et à réduire à la fois les demandes d'eau et la charge des effluents.
- Surveillance environnementale : La surveillance des produits chimiques dans l'eau, des sédiments et des organismes permet d'identifier plus facilement les problèmes potentiels des écosystèmes et de localiser les problèmes existants.
- Mesures de compensation : Par exemple, une entreprise piscicole peut produire les alevins qu'un habitat perturbé ne peut plus fournir.
L'eau et les initiatives axées sur l'écosystème
Les écosystèmes sont formées de quatre composantes de base : l'eau, la terre (roches et sols), l'air et tout ce qui vit (les plantes et les animaux, y compris les humains). Dans un écosystème, tout est relié. Par conséquent, tout ce qui se passe dans l'une de ces composantes se répercutera sur les trois autres. Il est clé de penser en fonction des écosystèmes pour assurer la durabilité : une approche écosystémique accorde une importance égale aux préoccupations liées à l'environnement, à l'économie et à la communauté.
L'approche écosystémique constitue l'un des cinq principes directeurs sur lesquels sont basées les initiatives axées sur l'écosystème. Pour obtenir de plus amples de renseignements, consultez la section sur les initiatives axées sur l'écosystème.
Détails de la page
- Date de modification :