Inventaire national des rejets de polluants : ammoniac
Chaque année, bon nombre d’installations de l’ensemble du Canada doivent déclarer à l’Inventaire national des rejets de polluants (INRP) les polluants qu’elles rejettent dans l’air, l’eau et le sol, ainsi que les polluants éliminés et transférés. Les informations recueillies sont accessibles publiquement et peuvent aider les gouvernements dans l’établissement des priorités environnementales et le suivi de la performance environnementale. Les Canadiens peuvent également utiliser ces informations pour en savoir davantage sur la pollution de leur environnement.
Cet aperçu des substances porte sur les rejets, les éliminations et les transferts d’ammoniac total par diverses industries au Canada. Il présente également les mesures d’atténuation des répercussions environnementales de l’ammoniac total.
Ammoniac
L’ammoniac est un gaz incolore à l’odeur piquante. L’INRP effectue le suivi de deux formes d’ammoniac :
- NH3 (ammoniac);
- NH4 (ammoniac ionisé ou ammonium).
Le système de déclaration de l’INRP ne fait pas de différence entre ces deux formes et celles-ci sont donc exprimées en ammoniac total.
Les humains se servent principalement de l’ammoniac comme source d’azote dans les engrais. L’ammoniac est utilisé dans un grand nombre d’applications industrielles, comme gaz réfrigérant ou comme intermédiaire pour la fabrication de plastiques, de textiles, de teintures et d’autres produits chimiques. C’est un composé naturel essentiel à la plupart des organismes pour la synthèse des protéines, ainsi qu’un déchet du métabolisme des animaux, des poissons et des microbes. Un grand nombre d’industries et d’activités anthropiques libèrent de l’ammoniac total dans l’environnement.
Les rejets d’ammoniac dans l’eau déclarés à l’INRP ont comme principale source les usines de traitement des eaux usées, qui recueillent et traitent les effluents domestiques, commerciaux, institutionnels et industriels dans des proportions variables. Les rejets industriels directs dans l’eau déclarés à l’INRP proviennent principalement des industries suivantes :
- produits du bois;
- pâtes et papiers;
- exploitation de mines et de carrières.
Les principales sources quantifiables de rejets d’ammoniac dans l’air déclarées à l’INRP sont les industries suivantes :
- systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées;
- pâtes et papiers;
- produits chimiques;
- autres industries manufacturières.

Description Longue
Carte représentant les rejets totaux d’ammoniac par secteur déclarés à l’INRP en 2019. Les données de la carte sont distribuées par secteur et comprennent les secteurs suivants : système d’eau et des eaux usées, autre fabrication, produits chimiques, pâte et papier, extraction minière et exploitation en carrière, autres (sauf fabrication), ciment, chaux et autre produits minéraux et non métalliques, exaction de pétrole par des méthodes classiques, exaction de pétrole par des méthodes non classiques (incluant les sables bitumineux et l’huile lourde), fabrication et raffinage des produits du pétrole et du charbon et les autres secteurs.
Vous pouvez trouver les données utilisées pour créer cette carte en téléchargeant nos tableaux de donnés pour une année.
Effets sur la santé humaine
L’exposition à l’ammoniac peut avoir des effets importants sur la santé humaine :
- L’inhalation peut causer une grave irritation du nez et de la gorge et une exposition de longue durée peut affecter le système respiratoire, et même s’avérer mortelle dans certains cas.
- Le contact peut irriter ou brûler la peau et causer des dommages permanents.
- L’accumulation dans le corps peut augmenter le risque de répercussions sur la mémoire et d’autres fonctions cérébrales.
L’ammoniac (NH3) est toxique s’il est inhalé en grande quantité. L’ammonium (NH4+) est un sel non toxique, mais il peut se transformer en NH3 lorsque le pH (acide) augmente.
Le site du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST) comprend une fiche d’information facile à lire sur les effets de l’ammoniac en milieu de travail et les mesures de prévention et de précaution à prendre lors de sa manipulation.
Effets de sur l'environnement
L’ammoniac rejeté dans l’eau, même en petites quantités ou concentrations, peut être nocif pour les poissons et les autres espèces aquatiques. Les organismes aquatiques exposés à l’ammoniac ont du mal à excréter les toxines qui pénètrent dans leurs tissus et leur sang, et cela peut s’avérer mortel avec le temps. De plus, la plupart des espèces de poissons ne peuvent tolérer de fortes concentrations d’ammoniac non ionisé que pendant quelques heures, puis ils mourront.
L’ammoniac libéré en grandes quantités dans l’air peut avoir des répercussions sur les zones environnantes, par exemple en brûlant les feuilles des plantes et des cultures. Cependant, il n’affecte généralement pas les racines, de sorte que la plupart des plantes se rétablissent. L’ammoniac a également un effet toxique sur le bétail qui se trouve à proximité des rejets. Cet effet toxique est aussi présent quand l’ammoniac est rejeté dans le sol, car il peut entraîner une forte acidification du sol (c.-à-d. une augmentation de l’acidité du sol).
Installation déclarantes
En 2019, 440 installations canadiennes ont déclaré des rejets d’ammoniac à l’INRP. Ces déclarations couvraient un bon nombre de secteurs, et plus particulièrement le secteur des systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées (159 installations). Les autres secteurs comprennent ceux des produits chimiques et les autres industries manufacturières, avec respectivement 40 et 43 installations. Dans la carte de droite, vous pouvez visualiser l’emplacement des installations ayant déclaré des rejets d’ammoniac total à l’INRP en 2019.
Emplacement des installations de l'INRP qui ont déclaré des rejets d'ammoniac en 2019

Description Longue
Carte représentant les emplacements des installations de l’INRP qui ont déclaré des rejets d’ammoniac en 2019. Chaque point vert représente une installation.
Vous pouvez trouver les données utilisées pour créer cette carte en téléchargeant nos tableaux de donnés pour une année.
Total des rejets
En 2019, plus de 69 400 tonnes de rejets d’ammoniac dans l’air, l’eau et le sol ont été déclarées à l’INRP. La majorité (c.-à-d. environ 50 400 tonnes) a été rejetée dans l’eau, principalement par le secteur des systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées (47 500 tonnes). Le graphique ci-dessous illustre la répartition de l’ammoniac déclaré à l’INRP en 2019 selon le type de rejet. Les rejets qui font l’objet d’un suivi par l’INRP sont les rejets contrôlés. Un règlement sur les urgences environnementales a été mis en place pour effectuer le suivi des rejets non contrôlés et accidentels, et est discuté plus en détail à la page suivante.

Description Longue
Rejets d’ammoniac par type de médias pour 2019
2019 |
Quantity (tonnes) |
---|---|
Total des rejets à l'eau | 50 423 |
Total des rejets à l'air | 18 571 |
Total des rejets au sol | 398 |
Total tous les médias <1 tonne | 11 |
Les rejets d’ammoniac sont demeurés relativement stables au cours des cinq dernières années pour tous les types de rejets (voir graphique ci-dessous). Le seul changement important concerne les rejets dans le sol déclarés entre 2015 et 2016. Au cours de cette période, les rejets d’ammoniac dans le sol ont diminué de plus de 50 %. Cette diminution est due à deux facteurs : l’élimination d’ammoniac en 2016 par une installation qui avait rejeté de grandes quantités d’ammoniac dans le sol en 2015, ainsi que la réduction des lixiviats (c.-à-d. l’écoulement dans le sol d’ammoniac total provenant de divers déchets) par une installation de gestion des déchets en 2015. Bon nombre de déchets qui contiennent de l’ammoniac sont des produits de nettoyage, tels que les nettoyants pour les salles de bain, les nettoyants pour les vitres et les produits pour déboucher les tuyaux.

Description Longue
Rejets totaux d'ammoniac de 2015 à 2019
Year | Total des rejets au sol | Total des rejets à l'air | Total des rejets à l'eau | Total de tous les rejets |
---|---|---|---|---|
2015 | 1 001 |
16 686 | 45 790 | 63 486 |
2016 |
489 |
17 233 | 45 835 | 63 570 |
2017 |
402 |
17 426 | 45 539 | 63 380 |
2018 |
422 |
18 406 | 47 451 | 66 291 |
2019 | 398 | 18 571 | 50 423 |
69 402 |
L’Alberta, la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec sont les principales provinces émettrices de rejets d’ammoniac en 2019 (voir le graphique ci-dessous). Cette situation est principalement due au grand nombre d’installations qui déclarent leurs rejets à l’INRP dans ces provinces, notamment les installations de traitement des eaux usées.

Description Longue
Rejets totaux par province pour 2019
Province |
Total de tous les rejets (tonnes) |
---|---|
Québec |
17 298 |
Colombie-Britannique |
16 644 |
Ontario |
13 807 |
Alberta |
10 496 |
Manitoba |
5 186 |
Nouvelle-Écosse | 2 042 |
Saskatchewan | 1 502 |
Nouveau-Brunswick | 1 195 |
Terre-Neuve-et-Labrador | 1 192 |
Île-du-Prince-Édouard | 38 |
Nunavut | 2 |
Territoires du Nord-Ouest |
0 |
Mesures gouvernementales
- Le Règlement sur les urgences environnementales (2019) adopté en vertu de la partie 8 de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) vise à réduire la fréquence et la gravité des rejets accidentels de substances dangereuses dans l’environnement qui se produisent dans les installations fixes du Canada. À la suite d’une évaluation, l’ammoniac anhydre et l’ammoniaque (c.-à-d. l’hydroxyde d’ammonium) ont tous deux été jugés toxiques par inhalation et ajoutés à la liste des substances figurant à l’annexe 1 du Règlement. Toute personne qui possède, gère ou contrôle l’une de ces substances à une concentration égale ou supérieure au seuil établi doit en informer Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) et préciser la quantité en sa possession ou la capacité des conteneurs dont elle a la responsabilité. Lorsqu’elles répondent à un certain nombre de critères, les installations à risque élevé doivent aussi préparer un plan d’urgence environnementale et le mettre à l’essai. Si le rejet d’une quantité d’ammoniac total est considéré comme une urgence environnementale en vertu de l’article 18 du Règlement, ce rejet doit être signalé à ECCC et un rapport écrit doit être envoyé aux agents de l’autorité du Ministère.
- Les risques associés aux rejets d’ammoniac total dans les effluents d’eaux usées sont gérés à l’aide du Règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées, adopté en vertu de la Loi sur les pêches. Pour réduire les menaces sur les poissons, leur habitat et la santé humaine (en raison de la consommation de poisson), le Règlement établit des normes de référence nationales de qualité des effluents, réalisables par l’entremise d’un traitement secondaire ou équivalent. Les substances nocives précisées dans le Règlement comprennent l’ammoniac non ionisé, dont la concentration maximale est limitée à 1,25 mg/L, exprimée sous forme d’azote (N), à 15 °C ± 1 °C. De plus, l’effluent rejeté ne doit pas présenter de létalité aiguë pour les poissons. Le Règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées exige que les systèmes qui rejettent plus de 2500 mètres cubes d’effluents par jour procèdent à des essais de détermination de la létalité aiguë. D’autres ressources sont mises à la disposition des propriétaires et des exploitants de systèmes de traitement des eaux usées, notamment le manuel Procédé de traitement pour retirer l’ammoniac des eaux usées municipales, qui se veut un outil de référence et d’aide à la décision.
- Le Règlement sur les effluents des mines de métaux et des mines de diamants fixe une limite de concentration d’ammoniac non ionisé dans les effluents miniers. Les concentrations d’ammoniac total dans les effluents miniers peuvent résulter de l’utilisation d’explosifs, ou encore de l’utilisation de l’ammoniac total comme réactif et comme sous-produit dans le traitement du minerai. Il est prévu que la réduction des concentrations d’ammoniac non ionisé dans les eaux réceptrices réduira les effets négatifs des effluents sur les poissons et leur habitat. À titre de mesure non réglementaire, le Code de pratiques écologiques pour les mines de métaux fournit des recommandations pour prévenir et contrôler la pollution causée par l’ammoniac total. Les recommandations visent les pratiques de gestion environnementale en matière de planification et de construction lors du développement et de l’exploitation d’une mine.
Activités de prévention de la pollution
Les installations peuvent mettre en œuvre plusieurs activités pour prévenir la pollution et les déchets à la source. Voici des exemples d’activités de prévention de la pollution que certaines installations ont entreprises pour réduire les rejets d’ammoniac :
- ajout ou modifications d’équipements ou de procédés : utilisation d’outils et d’équipements spéciaux pour piéger ou éliminer l’ammoniac à l’aide d’un procédé de traitement, ou modification des outils et des équipements existants avant que l’ammoniac ne soit rejeté.
- pratiques exemplaires d’exploitation ou formation : utilisation de lignes directrices et formation adéquate du personnel pour limiter les émissions d’ammoniac.
- récupération, réutilisation ou recyclage sur place : réutilisation des déchets et des sous-produits des déchets. Par exemple, recyclage de l’eau de refroidissement ou utilisation d’un petit appareil de distillation pour récupérer les solvants.
- prévention des fuites et des déversements : limitation des fuites et des déversements accidentels dans les installations. Par exemple, mise en place d’équipements de détection des fuites, réalisation d’inspections uniformes et entretien des tuyaux et des conteneurs de stockage
La pollution dans votre quartier
Nous vous invitons à consulter la page Web de l’INRP et à explorer les différents produits de données qui y sont offerts pour trouver de l’information sur les installations et les polluants présents dans votre communauté.
D’autres aperçus des substances sont également disponibles sur le site Web de l’INRP. Pour en savoir plus, consultez les autres cartes et ensembles de données de l’INRP. Vous pouvez utiliser les données de l’INRP pour mener votre propre analyse. Pour effectuer votre propre analyse de l’ammoniac ou d’autres substances répertoriées par l’INRP, téléchargez gratuitement les ensembles de données qui contiennent les quantités de polluants déclarées depuis 1994.
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