L’héritage de Gerry : Donner aux élèves du secondaire la possibilité d’apprécier leur patrimoine et l’environnement

L’intérêt de la Nation crie de Fisher River pour l’environnement est aussi profond que vaste. Parmi leurs efforts, citons l’initiative des aires de conservation de Fisher River (en anglais seulement) et le travail qui vise à établir une aire protégée, ainsi que leur longue liste de projets de développement écologique qui comprend une ferme solaire commerciale, des serres alimentées par l’énergie solaire, des activités et des hébergements écotouristiques le long des rives du lac Winnipeg, de même qu’une usine ultramoderne de traitement de l’eau et des eaux usées qui contribue à protéger le lac. Et ils ne s’arrêtent pas là.

En 2012, la Nation crie de Fisher River a intégré les connaissances traditionnelles au programme scolaire, pour ainsi donner aux élèves l’occasion de sortir sur le terrain et de mieux apprécier leur culture et la nature sauvage qui les entoure.

Gerry Mason* a été professeur à l’école secondaire de Fisher River pendant 35 ans. En 2007, il a quitté la salle de classe pour emmener ses élèves à l’extérieur. C’était le début d’un nouveau crédit à l’école secondaire, appelé « connaissance de nos ancêtres », ou, comme les élèves aiment l’appeler, « éducation en plein air ».

« J’ai vu au fil des années les élèves évoluer dans le système scolaire, et ils ont de moins en moins de connaissances sur ce que notre peuple a fait et sur le mode de vie de notre peuple dans le passé. »

Le programme a été fondé sur la conviction que la terre est l’enseignant. Ainsi, la terre, avec la forte influence et les conseils des aînés de la communauté, est devenue le programme scolaire. Il s’agit de transmettre des connaissances traditionnelles par l’intermédiaire d’expériences immersives.

« Cela nous permet d’intégrer notre histoire et notre actualité dans nos cours. Il ne s’agit pas seulement de pêche, de chasse et de cueillette, mais aussi de nous familiariser avec qui nous sommes et d’où nous venons. »

Gerry dit que la meilleure partie de cet enseignement est de voir l’expression sur le visage d’un élève lorsqu’il saisit un nouveau concept pour la première fois.

« Nous l’appelons la connaissance du sang », a-t-il expliqué. « C’est peut-être quelque chose qu’ils n’ont jamais fait auparavant, mais cela leur vient souvent tout naturellement. Comme le diraient les aînés, [la connaissance] est là, nous devons juste la faire ressortir de leur être. »

En emmenant les élèves dans la nature, ils peuvent constater de visu les effets des changements climatiques. Qu’il s’agisse de la baisse des niveaux d’eau dans les rivières et le lac Winnipeg, ou des changements dans les comportements et les habitudes des espèces sauvages, les changements climatiques ne font pas partie des concepts que Gerry doit enseigner aux élèves, ils en voient les effets de leurs yeux

« Les jeunes de la communauté ont un réel intérêt pour la terre et tous les éléments qui y sont liés », a déclaré David Crate, chef de la Nation crie de Fisher River. « Ils apprennent à chasser des animaux, mais aussi à respecter leur habitat – la terre. Ils apprennent des leçons de vie importantes qui resteront gravées en eux pour le reste de leur vie. »

Les aînés de la communauté continuant à vieillir, la transmission de leur sagesse n’a jamais été aussi importante. Grâce en grande partie à Gerry, la transmission des connaissances traditionnelles sur la terre – comment la respecter et la protéger – constitue un héritage qui sera ressenti par la Nation crie de Fisher River pendant des générations.

La Nation crie de Fisher River a reçu 225 000 dollars dans le cadre de l’initiative du Patrimoine naturel du Canada pour les aires de conservation, pour consulter les collectivités locales, les détenteurs de droits et les intervenants de la région afin de concevoir une proposition de conservation efficace et adaptée à la région en utilisant les connaissances traditionnelles et occidentales. Les efforts sur ce front se poursuivent, dans l’espoir de protéger davantage le paysage naturel afin qu’il puisse continuer à fournir des possibilités économiques durables et à soutenir le mode de vie et la culture de la Nation crie de Fisher River.

*Malheureusement, Gerry Mason est décédé depuis qu’il a été interviewé pour cet article. Nous espérons que ses paroles demeureront dans les mémoires et que ce récit rendra hommage à l’héritage qu’il laisse derrière lui dans la communauté de la Nation crie de Fisher River.

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