Intégrer les modes de connaissances autochtones et occidentales à la conservation de la faune

Profil de Dominique Henri
Intégrer les modes de connaissances autochtones et occidentales à la conservation de la faune 

Dominique Henri (Ph. D.) est géographe des activités humaines à la Division de la recherche sur la faune d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC). Sa formation en sciences de l’environnement et en création littéraire l’a menée à une carrière où elle s’efforce d’intégrer les modes de connaissances des Autochtones dans les efforts de conservation de la faune.

De journaliste environnementale à géographe des activités humaines

A Environment and Climate Change Canada scientist with a suitcase in front of small plane in the Arctic

Dominique a commencé son parcours académique à l’Université McGill, où elle a étudié l’anthropologie et la littérature française, pour ensuite entreprendre une maîtrise en création littéraire. Elle a ensuite commencé à travailler comme journaliste. « Cela m’a amené à écrire des histoires sur des scientifiques et des personnes qui entretenaient des liens spéciaux avec la nature, les animaux et les lieux. Je prenais vraiment plaisir à écouter des gens compétents raconter leurs histoires. »

Curieuse d’en apprendre davantage sur les sciences de l’environnement, elle a entrepris une maîtrise en changements environnementaux et gestion de l’environnement ainsi qu’un doctorat en géographie à l’Université d’Oxford en tant que boursière de la fondation Cecil Rhodes. « Dans le cadre de mes études à Oxford, j’ai décidé de participer à des projets de recherche qui se déroulaient dans le Nord canadien auprès des peuples autochtones. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler avec des biologistes d’ECCC en 2006 », explique Dominique. Elle a accepté un travail contractuel pour ECCC pendant ses études de maîtrise et de doctorat et a continué à collaborer avec des scientifiques du Ministère tout en travaillant comme consultante dans le secteur privé.

Dominique s’est officiellement jointe au Ministère en 2014 en tant que spécialiste de la science de la faune et du savoir traditionnel au sein de la Division de la recherche sur la faune, menant des recherches et fournissant des conseils stratégiques liés à la participation des Autochtones aux activités de recherche et de surveillance. En 2021, Dominique est devenue l’une des premières spécialistes en sciences sociales à détenir le titre de chercheuse scientifique au sein du Ministère.

Élever les perspectives et les connaissances autochtones

Deux ours blancs.

Dominique dirige maintenant un programme qui vise à allier les systèmes de connaissances autochtones et les sciences de l’environnement, en particulier dans l’Arctique. « Mon travail appuie la conservation de la faune et la prise de décisions pour des espèces comme l’ours blanc, explique Dominique. Avec la fonte des glaces de la mer Arctique causée par le réchauffement climatique, il est de plus en plus important de comprendre comment les gens coexistent avec les ours blancs. » Son équipe a récemment achevé un projet de recherche sur les récits (en anglais seulement) explorant les visions passées, actuelles et futures de la coexistence entre les humains et les ours blanc avec des détenteurs de connaissances autochtones de Churchill.

Les peuples autochtones coexistent avec la faune depuis des millénaires, acquérant des connaissances approfondies sur l’endroit où se trouvent les espèces, leur comportement et leur façon de réagir aux changements environnementaux. Il est important de comprendre ces connaissances pour protéger les écosystèmes marins et la faune du Canada, l’une des priorités d’ECCC dans le cadre du Plan de protection des océans, qui fait partie de l’approche du Canada visant à protéger les côtes et les voies navigables pour les générations futures.

Dominique et son équipe travaillent avec des organisations et des communautés autochtones à chaque étape du processus de recherche, de la définition des priorités, à la co-conception d’études, et effectuent avec elles des analyses conjointes de l’information et une mise en commun des résultats. Comme elle le dit si bien, « il faut écouter les connaissances autochtones dans le cadre de la recherche afin qu’elles soient présentes dans les espaces décisionnels ». Son équipe facilite les conversations sur la valeur culturelle, sociale et économique des espèces et des écosystèmes présentant une importance culturelle afin de s’assurer que ces perspectives sont prises en compte dans la recherche et la prise de décisions.

L’intégration des modes de connaissances autochtones et occidentales dans la recherche scientifique est une pratique croissante. Son équipe collabore avec des partenaires universitaires et fédéraux à une analyse documentaire (en anglais seulement) et travaille avec des collègues de Pêches et Océans Canada pour créer un portail Web qui mettra en lumière plus de 200 études de cas qui relient de multiples modes de connaissances partout au Canada pour aider à orienter les efforts futurs.

A common eider duck, a migratory bird species in the Arctic, floating on water

Le travail de Dominique appuie le leadership autochtone dans la recherche sur la faune et facilite les projets menés et fondés au cœur de la communauté. Elle collabore avec la communauté de Kinngait dans l’Inuit Nunangat pour étudier la façon dont les changements climatiques touchent les oiseaux de mer ainsi que la chasse et la pêche. Dans le cadre de cette collaboration avec des partenaires communautaires, les données sont recueillies au moyen de relevés sur les oiseaux effectués en bateau et de la collecte de connaissances inuites, une approche qui combine l’écologie et les sciences sociales.

La prochaine génération de scientifiques

En tant que chercheuse scientifique, Dominique occupe maintenant un rôle de leadership où elle supervise des projets et passe donc moins de temps sur le terrain. Cependant, elle a une grande confiance que le travail sur le terrain de son programme est réalisé avec intégrité grâce à la présence d’étudiants dans son équipe. « Je trouve que les étudiants sont en phase avec les méthodes de recherche à la fine pointe de la technologie, alors j’apprends beaucoup d’eux, et je leur apprends beaucoup aussi. Je pense toujours que si nous restons en contact après leurs projets de maîtrise ou de doctorat, c’est un signe que la collaboration a été significative. »

Dominique croit que la prochaine génération de spécialistes en sciences sociales apportera créativité et pragmatisme à leurs recherches. « Travailler dans le respect avec des partenaires autochtones et des chefs de file de la recherche est profondément ancré dans leur nature, il n’est pas nécessaire de convaincre les étudiants de la valeur de ces partenariats. Ils veulent faire en sorte qu’ils se concrétisent. »

La boucle est bouclée pour Dominique, car elle agit maintenant à titre de mentore auprès des étudiants et leur offre l’occasion de travailler au sein du gouvernement en recherche sur la conservation de la faune, directement liée à la prise de décision.

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2024-12-23