L’éducation au cœur d’un avenir meilleur

Profil de Magali Houde
L’éducation au cœur d’un avenir meilleur

Magali Houde

C’est avec humilité que Magali Houde parle de son parcours scientifique qui s’échelonne sur plus de 20 ans. Magali est spécialiste en écotoxicologie et son intérêt premier est d’étudier l’impact des activités humaines sur l’environnement aquatique. Elle accepte avec enthousiasme de parler de son expérience dans la perspective de pouvoir inspirer les jeunes et moins jeunes.

L’impact que l’humain peut avoir sur la faune et sur l’état de santé d’une population animale sauvage intéresse Magali d’aussi loin qu’elle se souvienne. Au début des années 2000, elle fait la rencontre de Derek Muir, chercheur à ECCC. Grâce à lui, elle complète son doctorat en 2006 sur l’étude de contaminants d’intérêt chez les dauphins sauvages, en collaboration avec le Mote Marine Laboratory en Floride.

Tout en décrochant son diplôme, Magali fondait une famille. Deux enfants plus tard, elle décroche un poste de chercheure à ECCC en 2010 et donnera naissance à un troisième enfant peu après son entrée en poste.

Collaborer pour mieux rayonner

Magali parlant des contaminants à l’atelier Plastics and heavy metals in Nunatsiavut food ways and environment organisé par le gouvernement du Nunatsiavut (Nain, Labrador). Photographe : Laura Martinez-Levasseur

À ses débuts à ECCC, Magali pilote des travaux financés par le Plan d’action Saint-Laurent afin de déterminer si les poissons du fleuve sont affectés par la pollution urbaine et agricole. « Ce qui m’intéresse c’est d’apprendre quels contaminants s’accumulent dans les animaux et dans quelle mesure ces contaminants affectent leur biologie », explique-t-elle.

Ce travail est le fruit d’efforts concertés entre des chimistes, qui identifient les composés présents et l’équipe de Magali, qui analyse l’impact biologique. La collaboration est la clé dans le travail de Magali : « On oublie parfois qu’il y a des humains derrière la science. La collégialité avec les scientifiques de différentes disciplines et générations est essentielle. J’aime travailler avec des chercheurs chevronnés pour m’imprégner de leur savoir, mais je choisis aussi de m’entourer de plus en plus des nouvelles générations qui apportent une autre vision. » Magali supervise régulièrement des étudiants aux niveaux collégial et universitaire.

La jeune génération devra composer avec ce que nous leur lèguerons. Pour Magali, c’est une motivation supplémentaire : « J’ai eu envie de changer les choses, au-delà des gestes quotidiens que je fais à la maison et que j’inculque à mes enfants. J’ai compris qu’en travaillant au sein même du gouvernement, je fais quelque chose d’utile. Quand tu constates que l’adoption de nouvelles règlementations sur certains composés chimiques s’appuie sur les données que tu as générées et sur les résultats de recherches de tes collaborateurs, c’est très valorisant. »

L’art et l’importance de la vulgarisation scientifique

Observation de zooplanctons avec de jeunes inuits de l’école Inualthuyak lors d’un atelier sur la santé des phoques annelés à Sachs Harbour, Territoires du Nord-Ouest. Photographe : Maeva Giraudo

Pour Magali, communiquer ses apprentissages est primordial. C’est lors de sa participation au festival Eurêka! qu’elle a compris la portée de son travail auprès du public. Elle explique : « Des centaines d’enfants demandent comment et pourquoi on fait les choses. Ça nous pousse à rendre accessible notre travail et nos résultats. Quand ils te remercient pour ce que tu fais, ça donne une belle raison de se lever le matin! »

Le défi de vulgarisation est aussi bien présent au sein du Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord, un programme dans lequel Magali s’implique depuis 2015 en menant des travaux sur la contamination dans les phoques annelés en collaboration avec plusieurs communautés inuites. Elle précise : « Le mot « contaminant » n’existe pas en Inuktitut. Nous devons expliquer aux gens ce qu’est un contaminant, une substance qui ne se voit pas, ne se touche pas, qui est totalement abstraite. Le défi est de rendre l’information accessible et compréhensible ». Magali découvre un nouveau pan à son domaine de recherche : les sciences sociales. Elle s’allie donc avec une collègue chercheure d’ECCC, Dominique Henri, qui possède une expertise liée à la documentation des savoirs autochtones, la faune arctique et la communication. Elle partage aujourd’hui les résultats de ses recherches dans des ateliers avec ces communautés, où elle prend le pouls des préoccupations des résidents du Nord et échanges de précieuses connaissances.

Les défis de demain

Betty Haogak, assistante administrative principale et Magali lors d’un atelier sur le phoque annelé à Sachs Harbour, Territoires du Nord-Ouest. Photographe : Maeva Giraudo

Magali ne manque pas de projets pour le futur. En plus de poursuivre ses visites au sein des communautés nordiques, elle a entamé un projet avec les communautés abénakises de Wôlinak et Odanak afin d’aider à déterminer le niveau de mercure des poissons consommés. Elle évalue également la distribution et les effets biologiques de contaminants émergents chez les bélugas du Saint-Laurent en collaboration avec plusieurs partenaires. Depuis plusieurs années, elle consacre son temps également au plan de gestion des produits chimiques d’ECCC.

Bien que les nouvelles soient rarement réjouissantes dans son domaine d’étude, cette scientifique passionnée reste optimiste. « J’ai eu un très beau parcours en étant toujours appuyée dans mes choix professionnels et personnels. J’aime mon emploi et j’arrive à garder mon optimisme face à l’avenir puisque je suis dans l’action. J’essaie d’éduquer au mieux mes enfants et les plus jeunes générations pour qu’elles fassent partie de la solution et j’ai confiance qu’ensemble nous réussirons à faire changer les choses ».

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2023-09-12