Les oiseaux, indicateurs de la santé de nos écosystèmes

Profil de Jennifer Provencher
Les oiseaux, indicateurs de la santé de nos écosystèmes

Jennifer Provencher étudie la santé des écosystèmes à Environnement et Changement climatique Canada (ECCC). Son travail sur la santé des oiseaux et son désir de communiquer ses recherches permettent de faire avancer les connaissances sur la pollution environnementale, y compris la pollution par le plastique, les maladies de la faune et leurs effets sur les oiseaux. Voici le récit d'une scientifique dont la notoriété n'est plus à faire.

 

S'attarder à la santé des oiseaux

Jennifer a commencé sa carrière en enseignement avant d'explorer l'avenue de la recherche scientifique. « Je cherchais un milieu où je pourrais à la fois faire de la science, dit-elle, collaborer avec des pairs et sensibiliser la population sur différents enjeux environnementaux. » Ces aspirations l'ont poussée à réaliser ses études supérieures à Vancouver, puis à Ottawa.

Ses superviseurs d'études de maîtrise et de doctorat étaient à ECCC dans la Division de la faune et de l'étude du paysage, ce qui a permis à Jennifer d'intégrer le Ministère naturellement. « J'ai le sentiment d'avoir été élevée par la communauté d'ECCC! », affirme-t-elle, visiblement heureuse de son rôle au sein de son équipe.

Ses premiers sujets d'intérêts ont porté sur l'étude des oiseaux marins dans l'Arctique. Jennifer s'intéressait à comprendre comment les changements climatiques et les différents contaminants ont un effet sur les populations d'oiseaux. « Nos objectifs étaient d'étudier la manière dont ces changements et leurs effets cumulatifs affectent les écosystèmes », explique-t-elle. Durant cette période, elle a acquis de l'expérience de recherche sur le terrain, en travaillant de pair avec les communautés autochtones dans l'Arctique, et ce, plusieurs semaines par année.

Jennifer travaille avec des boursiers post-doctoraux pour étudier comment les microplastiques provenant des biosolides (boues des stations d'épuration des eaux usées) se déplacent dans les systèmes agricoles à l'extérieur d'Ottawa.

Maintenant à l'emploi d'ECCC depuis 2018, Jennifer concentre ses activités sur deux grands sujets d'actualité : le virus de la grippe aviaire et la pollution, y compris la pollution par le plastique avec comme objet d'étude les oiseaux. En tant que scientifique chevronnée, ses recherches portent sur la caractérisation des virus et des pathogènes ainsi que sur la présence de pollution, y compris les microplastiques, dans l'organisme des oiseaux et leurs œufs. « Les animaux peuvent avoir tout ce dont ils ont besoin pour vivre, comme un large territoire et de la nourriture, mais être tout de même menacés par des problèmes liés à leur santé. C'est sur ce plan que je concentre mes recherches. » Ainsi, son équipe récolte régulièrement des œufs et des carcasses d'oiseaux d'un bout à l'autre du pays. Cette recherche déployée à la grandeur du Canada est possible grâce à la collaboration de différentes équipes du Ministère, d'autres partenaires, notamment les communautés autochtones basées dans le Nord.

Transmettre son savoir

Mon rôle est de communiquer les premiers résultats, mais également d’écouter ceux de mes pairs afin de nous assurer que nous poussons plus loin les connaissances.

Jennifer Provencher

Jennifer participe à plusieurs événements collaboratifs pour communiquer ses connaissances au public et à la communauté scientifique. Par exemple, en décembre 2024, elle a participé à une table ronde de haut niveau sur la science du plastique à Ottawa, qui a rassemblé des dizaines spécialistes dans le domaine. Elle explique que « c'est primordial pour nous les chercheurs scientifiques de nous rencontrer pour échanger nos premiers résultats, car il peut s'écouler jusqu'à deux ans avant que nos expérimentations soient complétées et que nos articles soient disponibles en ligne. »

Des résultats encourageants pour les oiseaux

Ces dernières années, les travaux de recherche de Jennifer et de son équipe ont permis de documenter quelques faits saillants. Par exemple, à la fin de 2021, une souche hautement pathogène du virus de l'influenza aviaire a été détectée dans l'est du Canada, et s'est ensuite propagée sur les routes migratoires des oiseaux en Amérique du Nord, entraînant un taux de mortalité massive chez les oiseaux de mer l'année suivante. Selon les données de ses recherches de 2023, Jennifer a constaté qu'un grand nombre d'oiseaux exposés au virus avaient survécu. Jennifer a pu constater que ces derniers avaient développé des anticorps avec le temps, une bonne nouvelle qui témoigne de leur capacité d'adaptation.

L'éducation et la sensibilisation du public sont essentielles pour réduire la présence de plastique dans l'environnement et je pense que nous commençons à le voir dans certains domaines, nous commençons à voir ces résultats, mais, encore une fois, le temps nous le dira.

Jennifer Provencher

La pollution par le plastique est désormais omniprésente dans l'environnement. Des microplastiques sont décelés partout dans l'organisme des animaux, chez les humains ainsi que dans les eaux de surface, l'eau potable, les eaux souterraines, les sols, les aliments et l'air. Ils ont aussi été détectés dans l'estomac des oiseaux marins qui les ingèrent involontairement. L'équipe de Jennifer échantillonne le plastique dans l'estomac d'oiseaux. Jennifer précise : « en général, nous trouvons un taux de pollution par le plastique plus bas chez les oiseaux dans l'Arctique, et plus élevé chez ceux vivant plus au sud, ce qui permet de cartographier l'influence des sources de pollution du sud comme les grandes villes et les zones urbaines. »

Des décisions qui s'appuient sur la science

Jennifer bague et mesure les poussins de Guillemots de Brünnich sur l'île Coats, une colonie de reproduction d'oiseaux de mer dans la baie d'Hudson.

L'important rôle de Jennifer contribue aussi à faire une différence dans les prises de décisions du gouvernement et l'élaboration de politiques visant à protéger l'environnement. Une partie de son travail est de mesurer les taux de contamination et de surveiller leur tendance au fil du temps en plus des activités de surveillance liées à l'émergence de contaminants préoccupants et à l'émergence ou à la réémergence d'importantes maladies de la faune. Cette collecte de données permet à Jennifer et à ses collègues d'évaluer si les mesures mises en place sont efficaces ou si elles doivent être modifiées. « C'est ainsi que nous contribuons à un environnement sain pour la population canadienne, en identifiant les problèmes et les pistes de solutions que les décideurs devraient prioriser. Les résultats de nos travaux permettent de définir les restrictions, ou interdictions, à appliquer par les politiques environnementales et à évaluer si celles-ci sont efficaces », relate la scientifique.

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