Défi : répertorier toutes les espèces sauvages du Canada

Profil de Rémi Hébert
Défi : répertorier toutes les espèces sauvages du Canada

Depuis plus de 15 ans, Rémi joue un rôle essentiel dans le suivi de la biodiversité au Canada. Son travail est au cœur du rapport Espèces sauvages, une initiative majeure visant à répertorier et évaluer l'état des populations de toutes les espèces du pays. Chaque nouvelle édition du rapport permet d'affiner nos connaissances et d'adapter nos actions pour protéger la faune canadienne. L'objectif est ambitieux : d'ici 2030, atteindre un inventaire exhaustif des espèces vivant au Canada.

Un parcours guidé par la passion pour la nature

Rémi a toujours été attiré par la nature, bien que son intérêt pour la biologie ait émergé progressivement. Celui-ci désirait devenir inventeur dès son plus jeune âge, sans savoir que le mot qu’il cherchait était scientifique. Au cégep, il s'est rendu compte que ce sont les cours de biologie qui le captivaient le plus. Cette réalisation l'a mené à entreprendre un baccalauréat en biologie à l'Université du Québec à Trois-Rivières, où il s'est naturellement tourné vers des cours sur la diversité des espèces. Cette curiosité ne l'a jamais quittée : il a ensuite poursuivi une maîtrise et un doctorat à l'Université Laval, se spécialisant dans la conservation et l'écologie.

Rémi Hébert Hébert à la présentation des espèces exotiques.

Son parcours l'a amené à travailler en partenariat avec le parc national de la Mauricie, consolidant ainsi son expertise en conservation. Après avoir participé à plusieurs concours pour intégrer les bassins de recrutement d'ECCC, Rémi a été recruté par le ministère pour supporter la préparation du rapport Espèces sauvages. Son intérêt pour la biodiversité et l'analyse des populations animales l'a mené à contribuer, depuis plus de quinze ans, à l'un des plus vastes projets d'évaluation de la faune au pays.

Un travail d’envergure pour un portrait fidèle de la biodiversité

Le rapport Espèces sauvages est publié tous les cinq ans et constitue une référence incontournable pour les scientifiques et les gestionnaires de la faune. Chaque édition vise à répertorier de plus en plus d’espèces. En 2020, le rapport comptabilisait environ 50 000 espèces, et l’édition de 2025 en prévoit 65 000. D’ici 2030, l’objectif ultime est d’atteindre un inventaire exhaustif d’environ 80 000 espèces.

Trille à pédoncule incliné (Trillium flexipes) par Thomas G. Barnes

Ce travail colossal nécessite une collaboration avec une équipe à ECCC et de nombreux spécialistes de diverses organisations, les paliers de gouvernements provinciaux et territoriaux, les institutions muséologiques et les programmes de science citoyenne comme iNaturalist. Depuis son apparition, cette application collaborative a révolutionné la manière dont les scientifiques collectent et analysent les données. Pour un grand nombre d'espèces, ces observations citoyennes sont une bonne source d'information pour évaluer l'abondance et la répartition, en complément des spécimens préservés dans les musées. Elles permettent de mieux estimer l'abondance et la répartition des espèces, offrant ainsi une vision plus précise de la biodiversité canadienne.

La mise à jour des listes d'espèces repose sur de nombreuses sources, incluant les données de science citoyenne, les publications scientifiques et les collections muséales. Les experts examinent ces nouvelles données pour confirmer l'identification des espèces et ajuster leur statut de conservation. La coordination de ces nombreuses ressources représente un défi de taille, mais c’est aussi ce qui rend le projet si stimulant pour Rémi.

Tortue Caouanne (Caretta caretta) par F. Schinoussa

Le rapport ne se limite pas à un simple inventaire : il illustre aussi les niveaux de conservation des espèces et permet d’identifier celles qui sont en danger. Près d’un cinquième des espèces recensées au Canada présentent un niveau de risque, ce qui met en évidence l’importance d’un suivi rigoureux et continu. L'édition de 2020 a identifié près de 5 000 espèces à risque, dont 2 253 prioritaires et 322 en très grand danger. Cette analyse permet de déterminer quelles espèces pourraient nécessiter une protection légale et d'orienter les mesures de conservation.

Un engagement à long terme pour la conservation

L’importance de ce travail ne fait aucun doute pour Rémi. Selon lui, un suivi à long terme des espèces est essentiel, car il constitue un indicateur précieux de la santé des écosystèmes. Les changements climatiques, l’urbanisation et d’autres pressions environnementales modifient progressivement la composition de la faune canadienne. De nouvelles espèces apparaissent, tandis que d’autres deviennent plus rares.

Bombus affinis par Mark MacLennan

Le rapport Espèces sauvages permet non seulement de documenter ces tendances, mais aussi de fournir des données essentielles pour orienter les mesures de conservation. Lorsque l’objectif d’effectuer un inventaire complet de toutes les espèces sera atteint, l’enjeu principal sera alors de maintenir cette base de données à jour et d’y intégrer continuellement la nouvelle information et les nouvelles espèces.

Rémi voit son rôle comme essentiel, un pivot central dans l’effort de documentation et de protection de la biodiversité canadienne. « Ma motivation, c’est vraiment de me dire que comme je suis l’une des rare personne à colliger toutes ces informations, mon implication est primordiale, et je dois avancer, faire en sorte que le plus d’espèces possibles soit inclus dans notre rapport » précise Rémi, qui a conscience de l’impact important de son travail sur l’avenir de la biodiversité du Canada. Il occupe un poste clé, assumant la responsabilité de rassembler et de coordonner les connaissances issues de multiples sources pour offrir un portrait le plus fidèle possible de la biodiversité canadienne.

Bécasseau maubèche (Calidris canutus) par Raymond Belhumeur

Un travail passionnant et stimulant

Malgré l’ampleur de la tâche, Rémi adore son travail. Il le décrit comme étant à la fois stimulant, dynamique et très enrichissant. Son travail est une preuve vivante de l'importance d'un engagement à long terme dans la conservation. Grâce à son dévouement, le Canada dispose aujourd’hui d’un portrait de plus en plus précis de sa biodiversité, une ressource inestimable pour les générations futures.

Détails de la page

Date de modification :