Trouver des réponses grâce à la criminalistique environnementale

Profil de Chun Yang
Trouver des réponses grâce à la criminalistique environnementale

Une personne en sarrau debout devant des équipements de laboratoire.

Chun Yang travaille à Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) depuis 2002. À titre de responsable de la recherche sur les produits chimiques au laboratoire d’analyse des hydrocarbures, il contribue à accroître nos connaissances sur les produits chimiques industriels toxiques et leur impact sur l’environnement tout en soutenant les interventions en cas d’urgence environnementale dans le cadre de ses travaux sur les empreintes chimiques du pétrole et la science de la criminalistique environnementale.

 

Les empreintes distinctives du pétrole

Ce cheminement de carrière a pris naissance en 1992, lorsque Chun a obtenu son diplôme de l’université normale de Beijing et a commencé à travailler en chimie analytique au centre de recherche sur les sciences écoenvironnementales de l’académie chinoise des sciences. Toujours avide de savoirs, Chun a ensuite obtenu une maîtrise, puis un doctorat en chimie analytique et en processus environnementaux.

Bien que ses études aient porté sur l’analyse de composés organiques, comme les biphényles polychlorés (BPC), ou encore sur l’étude des méthodes de traitement des eaux usées en vue de préserver les ressources en eau douce, c’est son arrivée à ECCC qui a poussé Chun vers la science de la criminalistique environnementale.

« À mon arrivée au Canada, je me suis joint à la Section des urgences – Sciences et technologie (SUST) du Ministère et j’ai eu la chance de travailler avec monsieur Zhendi Wang », explique Chun. « Il était la sommité de la science de la criminalistique environnementale jusqu’à son décès il y a quelques années. Avant de me joindre à l’équipe de monsieur Zhendi Wang, j’en connaissais très peu sur le pétrole », ajoute-t-il.

Le domaine n’en était qu’à ses balbutiements lorsque Chun a commencé à travailler avec monsieur Wang, sur l’étude et l’analyse de différents types de pétrole et de produits pétroliers pour comprendre les « empreintes » de chaque pétrole et son comportement. Ce travail les a aidés à répondre aux questions que leur posaient les intervenants en cas d’urgence environnementale au sujet des déversements : quelle est la substance qui a été déversée? Comment l’incident s’est-il produit? Quels sont les effets sur l’environnement? Dans quelle mesure la substance peut-elle être toxique? Parfois, cela leur permettait aussi de retracer le pétrole jusqu’à sa source pour déterminer qui était responsable du déversement.

Comment fait-on pour prendre l’« empreinte » du pétrole?

Le pétrole est une combinaison extrêmement complexe d’hydrocarbures, de métaux, de sédiments, d’eau et de composés d’azote, d’oxygène et de soufre. En raison de la variété de ses composantes, de son âge et des conditions géologiques dans lesquelles il s’est formé, chaque pétrole brut a une composition chimique unique, appelée empreinte.

Prendre l’empreinte du pétrole consiste à déterminer la composition unique d’un produit pétrolier et à comprendre comment il peut changer au fil du temps dans l’environnement. Certains composés du pétrole changent très peu malgré l’exposition aux éléments, ce qui permet aux scientifiques de retracer l’origine du pétrole.

Nouveaux types de pétrole et nouvelles empreintes

Un appareil de laboratoire et un ordinateur dans un laboratoire.

En 2020, l’Organisation maritime internationale a instauré une nouvelle réglementation visant à limiter la quantité de soufre présente dans les carburants marins afin de réduire les émissions produites par le transport maritime. Pour respecter ces normes, les navires utilisent maintenant du nouveau fioul à très faible ou à ultra-faible teneur en soufre.

« Aujourd’hui, de plus en plus de déversements concernent ce nouveau type de fioul, plus particulièrement en mer », souligne Chun. « Le problème est que ce pétrole est davantage raffiné, car il fait l’objet d’une désulfuration plus profonde, ce qui modifie l’empreinte par rapport au pétrole habituel. »

Dans le cadre du Plan de protection des océans, qui est une série d’initiatives du gouvernement du Canada visant à protéger les écosystèmes et la faune marine du pays, Chun et son équipe étudient les propriétés chimiques et physiques, le comportement et la toxicité de ce nouveau type de pétrole.

« Comme nous menons des études de criminalistique, nous utilisons un grand nombre de technologies différentes – tout comme les forces policières », affirme Chun. « L’une d’entre elles permet de recueillir des informations chimiques sur le pétrole. Comment analyser ces informations pour comprendre le comportement environnemental de ces hydrocarbures? »

Pour les fiouls à très faible et ultra-faible teneur en soufre, qui contiennent beaucoup moins de matériaux généralement utilisés comme marqueurs pour déterminer l’empreinte du pétrole, Chun et son équipe se tournent vers des technologies émergentes telles que les spectromètres de masse à haute résolution pour commencer à répondre à ces questions.

Une carrière pour la vie

Une personne debout dans un laboratoire mobile, entourée d’équipements de laboratoire.

Lorsque Chun a commencé à travailler sur l’empreinte du pétrole en 2002, il a trouvé le domaine extrêmement intéressant – ce qui confirmait le conseil qu’il avait reçu en tant que jeune scientifique.

« Je me souviens que tout juste après m’être joint au centre de recherche, mon scientifique principal m’a demandé si je voulais que mon travail soit juste un travail, ou si je voulais que ce soit la carrière de ma vie », nous confie Chun, songeur. « Le métier de scientifique est plus qu’un travail, c’est l’engagement de toute une vie. Il faut de la patience, et il faut surmonter beaucoup de frustrations. »

Appliquant ce conseil, Chun s’est toujours efforcé d’aimer ce qu’il fait : « Je suis très fier et très reconnaissant d’avoir la chance de travailler à Environnement et Changement climatique Canada et de contribuer à un environnement plus propre, plus sain et plus sûr. »

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2024-08-15