Science Autochtone

Une personne assise sur des rochers regarde le ciel. Une image de plume est sur le dessus.

La science Autochtone est un système de connaissances distinct, éprouvé par le temps et méthodologique qui peut améliorer et compléter la science occidentale. La science Autochtone concerne la connaissance de l’environnement et de l’écosystème que possèdent les Peuples Autochtones. C’est la connaissance de la survie depuis des temps immémoriaux et elle comprend de multiples systèmes de connaissances tels que la connaissance des plantes, de la météo, du comportement et des modèles animaux, des oiseaux et de l’eau, entre autres.

Division de la Science Autochtone d’Environnement et Changement climatique Canada

La Division de la Science Autochtone (DSA) d’Environnement et changement climatique Canada est une division dirigée par des Autochtones, créée en janvier 2022 pour faire progresser la réconciliation dans les activités scientifiques et de recherche du ECCC. La division est sous le regard de l’universitaire Anishinaabe, Dr. Myrle Ballard, de l’Université du Manitoba qui est la conseillère en chef des sciences autochtones.

Le mandat de cette équipe est d’établir un pont, de tresser et de tisser la science Autochtone avec les approches de la science occidentale afin d’informer et d’améliorer la prise de décision. Ces efforts sont guidés par l’importance des indicateurs et des perspectives de la science Autochtone tels que le rapatriement, la réconciliation, le renouvellement, le respect, la réciprocité, la responsabilité et les relations.

L’objectif spécifique de la division est de développer et d’appliquer une optique Autochtone aux activités scientifiques, politiques et de programme d’ECCC.

Transcription

MYRLE BALLARD (D. SC.) (conseillère en chef des sciences autochtones, Environnement et Changement climatique Canada) :

Nous devons être la voix de la terre. Par respect, nous redonnons, parce que la terre nous donne, nous devons redonner. Nous devons en être la voix. Ce n’est pas nécessairement une philosophie, qui est un terme occidental, mais nous avons notre manière autochtone de savoir, qui est différente de la manière occidentale. Je m’appelle Myrle Ballard, conseillère en chef des sciences autochtones à Environnement et Changement climatique Canada.

Pour les peuples autochtones, l’enseignement ne se fait pas dans une salle de classe, dans un bâtiment où il y a quatre murs. L’enseignement vient de la terre et des détenteurs de connaissances, qui enseignent ce qui s’y passe. Il n’est pas non plus intentionnel. Il n’y a pas de programme précis ni de curriculum à suivre, mais cela fait partie de l’enseignement. C’est d’un processus continu. Ce n’est pas un apprentissage forcé, mais un apprentissage qui permet de prendre soin de soi. Nous l’appelons Kipimoojikewin. C’est ma vie en général. Elle est fondée sur les activités que je mène. Lorsque le mentor, le mentoré, l’aîné ou le détenteur de connaissances enseigne, ce n’est pas un enseignement en soi, c’est une relation. C’est une action, une activité, la science autochtone que les peuples autochtones pratiquent : lorsque j’utilise la science, je l’utilise très précisément pour une raison. Il y a différents types de systèmes de connaissances, mais dans ce contexte, j’utilise la science parce que les peuples autochtones connaissent la terre. C’est la science de la terre, la science de l’eau, la science de l’espèce, et celle des espèces animales.

Il est important de distinguer les coutumes occidentales des coutumes autochtones. L’approche occidentale est très cloisonnée. Les scientifiques qui ont reçu une formation occidentale suivent le processus de formation dans un cadre universitaire, là où il y a des laboratoires et des essais sur les animaux. Les peuples autochtones transmettent leur savoir. Un détenteur du savoir ne dit pas à l’apprenant : « Aujourd’hui, je vais vous emmener sur la terre et vous enseigner dans quelle direction l’eau s’écoule. » Ce n’est pas comme ça. C’est une relation dans laquelle, en même temps d’apprendre à s’occuper de soi-même et à être capable de subvenir à ses besoins, on apprend les méthodes traditionnelles. Il est important que les gens comprennent les visions du monde autochtones, car elles font partie des enseignements qui éclaireront le public sur l’importance de la terre. C’est vraiment essentiel, car si les gens en général font un effort pour les comprendre, ils commenceront à comprendre les préoccupations des peuples autochtones au sujet des terres, de la perte de terres, de leur dégradation et pourquoi ces enjeux sont importants pour les peuples autochtones. Ils connaissent la terre parce qu’ils y ont grandi, ils en faisaient partie.

J’étais beaucoup sur la terre dans mon enfance. Je passais du temps avec les détenteurs de connaissances et à faire les activités traditionnelles. Ma mère, ma tante et moi avons pris la route pittoresque. Nous n’étions pas très loin de la maison de ma mère, qui se trouvait dans la réserve, mais parce que qu’elles avaient été enlevées de la terre et confinées à la réserve, c’était un grand jour pour ma mère et ma tante. Nous avons emporté un repas et des chaises de jardin. Nous étions sur la terre. Nous nous sommes reposées, nous avons allumé un feu, puis nous avons dîné. Tout cela faisait partie du rapprochement de la terre, parce que c’est comme ça qu’elles ont grandi. Pour elles, faire partie de la terre a été un grand jour.

Nous avons organisé un atelier au cours duquel nous avons invité les détenteurs de connaissances autochtones à parler de l’éthique autochtones et du traitement éthique de ce que nous appelons l’environnement, la terre, l’eau, les espèces et l’être humain.

Ils ont parlé de la façon éthique dont nous devrions traiter la terre et des différences avec la façon dont la science occidentale traite l’environnement, et indiqué ce que nous devrions faire pour travailler ensemble, ce que nous ne devrions pas faire et les lacunes qui existent. La gestion des espèces aujourd’hui est bien différente des méthodes traditionnelles utilisées auparavant. Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles le déclin des espèces dans la population est attribuable à l’empiétement. Nous sommes les intrus. Elles étaient là en premier, mais nous envahissons leur habitat naturel et nous devons trouver de meilleures façons de résoudre ce genre de problèmes.

En ce qui concerne le traitement éthique, nous devons trouver de meilleures stratégies pour préserver les espèces et apprendre des deux systèmes de connaissances : la science autochtone et la science occidentale. On peut combiner les deux pour résoudre bon nombre des problèmes qui se posent en ce qui concerne les changements climatiques et le déclin de la biodiversité. Les peuples autochtones sont des détenteurs de connaissances en raison de leur relation étroite qu’ils entretiennent avec la terre et les espèces. Ils sont la voix de cette troisième perspective. C’est pourquoi il est vraiment essentiel que les peuples autochtones soient la voix, cette troisième perspective, la troisième voix de cette approche axée sur la triple perspective que j’ai élaborée. La triple perspective s’impose pour gérer les espèces qui nous entourent, c’est-à-dire que nous devons tout intégrer dans la conservation et la protection des terres, de l’environnement et des espèces qui y vivent, pour les espèces qui nous entourent et qui ne peuvent pas parler pour elles-mêmes, ces espèces qui viennent à nous quand elles sont en difficulté; et nous devons commencer à les écouter. Nous devons être leur voix et nous devons les respecter.

Autres concepts fondamentaux

détenteurs de connaissances

Des détenteurs de connaissances qui savent comment le lac se comporte et quelles sont ses caractéristiques. Dans la vision autochtone du monde, le lac est une entité vivante. Les détenteurs du savoir sont les gardiens de ce lac.

Le rapprochement consiste à favoriser la sensibilisation, la compréhension et la reconnaissance de la science Autochtone comme une science distincte et égale aux approches scientifiques occidentales. Le rapprochement se fait par le biais du respect mutuel, du rapatriement, de l’établissement de relations, d’activités d’engagement et du développement de ressources d’apprentissage.

Le tressage consiste à réunir différentes façons de connaître et d’être. Pour l’équipe de la DSA, il s’agit de réunir les systèmes de la science Autochtone et de la science occidentale pour parvenir à une compréhension holistique de l’environnement tout en préservant l’intégrité de chaque système de connaissances. Le tressage est fondé sur tous les indicateurs de la science Autochtone inclus dans le rapprochement, ainsi que sur la réciprocité, le renouvellement, l’apprentissage mutuel et les avantages collectifs des résultats scientifiques.

Le tissage concerne tous les indicateurs scientifiques Autochtones impliqués dans le rapprochement et le tressage, ainsi que l’inclusion de méthodologies, de paradigmes de recherche et de visions du monde Autochtones autodéterminés. Le tissage implique d’apprécier et d’appliquer les outils de la science Autochtone pour informer les approches des questions environnementales et de la gestion des espèces de manière à s’aligner sur les approches spécifiées par les nations Autochtones, les gouvernements, les communautés spécifiques et les instruments internationaux tels que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples Autochtones (PDF; 143 ko). Le tissage est la voie de la réconciliation.

Flèches (décrites ci-dessous) représentant les 3 concepts fondamentaux.

Description textuelle

Graphique composé de 3 sections de type flèche représentant les 3 concepts fondamentaux :

  1. une flèche vert foncé avec une ligne solide et droite au-dessus d’une ligne ondulée représentant un « pont » sur l’eau
  2. une flèche bleu foncé avec 2 lignes entrelacées dans une tresse représentant une « tresse »
  3. une flèche vert clair avec 2 lignes tressées ensemble représentant un « tissage »

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