De consommatrices de technologie à créatrices

Le Black Women Business Network

Le Black Women Business Network a trouvé dans la communauté une force, une créativité et une voie vers la sécurité socioéconomique.

L’année 2020 a été tumultueuse, marquée à la fois par des moments d’unité et de profonds défis. Certaines personnes se souviennent surtout des choses qui nous ont rapprochés, comme la tendance virale du café fouetté, la fabrication de pain ou les marathons de téléréalité. D’autres penseront davantage aux difficultés individuelles et collectives auxquelles nous avons été confrontées.

La pandémie de COVID-19 a modifié la vie quotidienne de différentes manières et a accentué les fractures auxquelles de nombreuses personnes étaient déjà confrontées.

Les femmes Noires et racisées, en particulier celles qui appartiennent à plusieurs communautésNote de bas de page 1 , étaient parmi les plus touchées. Elles ont été confrontées à des pertes d’emploi et à des réductions du nombre d’heures travaillées, mais elles étaient également surreprésentées dans le travail de première ligne essentiel et dans les soins non rémunérés.

Entre-temps, les protestations mondiales contre le racisme anti-Noirs se sont mobilisées et amplifiées après le meurtre de George Floyd. En conséquence, les conversations essentielles sur le racisme au Canada et aux États-Unis sont devenues plus courantes.

En raison de l’évolution rapide du climat social, Pasima Sule, une femme d’affaires ayant mené une longue carrière dans l’industrie pétrolière et gazière, se demandait déjà comment elle pourrait soutenir au mieux sa communauté. C’est toutefois sa fille qui est devenue le catalyseur de son action.

« Elle m’a d’abord inspirée en me disant : « Hé, maman, tu vois ce qui se passe dans les rues? Qu’est-ce que tu fais? Avec toute l’expérience que tu as, tu dois faire quelque chose ».

Ce fut le moment décisif pour Pasima. En 2020, en pensant à sa fille, Pasima a conçu et lancé le Black Women Business Network (BWBN).

Créer des espaces sécuritaires

Le BWBN est un organisme à but non lucratif qui se consacre à la défense des intérêts des femmes Noires par l’intermédiaire de programmes ciblés visant à les aider à réussir dans le monde des affaires. Pasima Sule, directrice générale et fondatrice, a adopté une approche novatrice pour soutenir et créer une communauté pour les femmes et les filles Noires.

« Nous sommes un agent de changement visant à promouvoir l’égalité des femmes Noires en matière de santé, d’éducation et d’autonomisation socio-économique », déclare Franklin Bourguep, directeur, Partenariats stratégiques et développement.

Établi à Surrey, en Colombie-Britannique, le BWBN offre actuellement ses services aux communautés de la Colombie-Britannique et de l’Alberta.

« Notre mandat est de créer un espace de rencontre pour les femmes et les filles Noires », ajoute Pasima. « Le BWBN est un espace où elles peuvent entrer en contact, s’inspirer les unes les autres et être informées des possibilités et des ressources qui s’offrent à elles. »

La vision de Pasima pour le BWBN met l’accent sur l’accès aux ressources et la représentation des personnes Noires. S’il est évident qu’il faut veiller à ce que les femmes et les jeunes filles Noires soient informées des possibilités d’emploi, l’importance de la représentation dans les secteurs des affaires et de la technologie n’est peut-être pas évidente pour tout le monde.

Alors, pourquoi la représentation est-elle si vitale dans ces industries?

Partout dans le monde, la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM) sont des activités importantes, qu’il s’agisse d’entreprises technologiques nouvelles ou émergentes, ou de percées dans le domaine médical. Parmi les personnes diplômées de l’enseignement secondaire, les femmes ont près de 30 % moins de chances que les hommes de s’inscrire dans un programme de STIM au niveau du premier cycle.Note de bas de page 2 

Au Canada, les femmes et les filles Noires sont largement sous-représentées dans ces industries. Un soutien supplémentaire, un mentorat et des possibilités de réseautage permettant de reconnaître les inégalités actuelles sont nécessaires pour combler le fossé.

Le travail du BWBN est à la fois opportun et essentiel. À la suite de la pandémie de COVID-19, les entreprises et les consommatrices et les consommateurs sont différents, et alors que le monde revient à la normale, nous devons considérer ce processus comme une occasion de faire mieux.

« Le secteur de la technologie exige de la créativité. Les personnes Noires sont perçues par certaines personnes comme monolithiques, mais ce n’est pas le cas. Nos expériences sont uniques et nous apportons de la richesse à n’importe quel secteur, en particulier à celui de la technologie », déclare Pasima. « Les entreprises devraient tirer parti de ces expériences pour créer de meilleurs outils et solutions, dont tous les Canadiennes et les Canadiens bénéficieront. »

Le secteur de la technologie est bien connu pour ses entrepreneures et entrepreneurs prospères. Selon Statistique Canada, la proportion globale de femmes entrepreneures aux identités croisées a diminué entre 2017 et 2020.Note de bas de page 3  En outre, les femmes Noires entrepreneures continuent de se heurter à des obstacles systémiques, notamment des difficultés d’accès au financement, un manque de possibilités de réseautage, de mentorat et de formation.

Le réseautage et le mentorat sont essentiels à la réussite des programmes du BWBN. « Lorsque les jeunes filles Noires regardent autour d’elles, elles constatent que leurs mères, leurs tantes et leurs sœurs sont souvent surreprésentées dans certains domaines, tels que les services sociaux et les emplois de première ligne, », déclare Pasima.

Bien entendu, les obstacles auxquels sont confrontées les femmes et les jeunes filles Noires ne se limitent pas à l’absence de mentorat. « Les barrières psychologiques se forment à cause de ce qu’elles voient autour d’elles et des stéréotypes auxquels elles sont confrontées », explique Pasima. « Les femmes et les jeunes filles Noires peuvent faire beaucoup plus que ce dont la société les croit capables. »

Transformer une vision en action

Grâce au financement du Fonds de réponse et de relance féministes offert par Femmes et Égalité des genres Canada (FEGC), le BWBN a pu transformer sa vision en action en permettant à un plus grand nombre de femmes Noires de se lancer dans le secteur de la technologie et d’explorer l’entrepreneuriat dans cette industrie.

L’une de leurs priorités dans le cadre du projet financé par FEGC est le développement du Black Women in Tech Hub.

Ce carrefour est un espace où les femmes et les filles Noires intéressées par une carrière dans la technologie peuvent accéder à des ressources cruciales. Il s’agit d’une communauté pour les employeurs du secteur technologique et d’un espace où les professionnelles Noires de la technologie peuvent encadrer d’autres personnes qui cherchent à percer dans le secteur.

Pour mener à bien ce travail, le BWBN s’appuie sur des partenariats avec des poids lourds de l’industrie, tels que Microsoft, Amazon, le British Columbia Institute of Technology (BCIT) et d’autres, afin d’aider à rassembler les ressources les plus utiles possibles.

Pour le BWBN, ces partenariats sont un élément essentiel au succès de ses participants.

« Ces partenariats permettent de déployer des efforts collectifs pour cerner et éliminer les causes profondes des obstacles qui empêchent les femmes Noires du Canada de s’émanciper sur le plan socioéconomique », déclare Frank. « Les partenariats industriels rassemblent l’expertise et les ressources de différents secteurs, ce qui permet d’apporter une réponse plus solide aux problèmes auxquels sont confrontées les femmes Noires, ainsi qu’une plus grande responsabilité et une plus grande durabilité dans la mise en œuvre des solutions. »

Au cours de leurs deux premières années d’activité, elles ont déjà créé le Black Women in Tech Hub, mis en place des programmes clés, organisé un événement majeur et créé de solides partenariats industriels, pour ne citer que quelques réalisations majeures.

« Ce financement nous permet de mettre en œuvre une solution concrète », déclare Pasima Sule. « Nous sommes en mesure d’amener cette communauté de parties prenantes de l’écosystème à collaborer et à cocréer tout en continuant à s’attaquer aux problèmes. »

Les événements du BWBN créent des occasions d’aider à égaliser les chances, en offrant un espace permettant d’établir des relations professionnelles pour les personnes qui sont tout à fait novices dans le domaine de la technologie. Pour Susan Thon, qui a participé l’année dernière à un événement de réseautage du Black Women in Tech Project, il s’agissait d’une première étape importante dans le lancement d’une carrière dans la technologie.

« C’était une source d’inspiration et d’encouragement de voir des femmes de ma communauté, qui me ressemblent, assumer des rôles de leadership et exceller dans l’industrie de la technologie », déclare Susan. « Le réseautage lors de cet événement m’a ouvert les portes des possibilités de mentorat et m’a permis de recevoir des orientations et des conseils pour mon perfectionnement professionnel et ma formation. »

À la suite de cet événement, Susan a suivi la formation nécessaire pour devenir gestionnaire de projet certifiée et « se réjouit désormais à l’idée d’entamer une carrière passionnante dans le domaine de la technologie ».

L’avenir du BWBN

Lorsqu’on lui demande ce qui se profile à l’horizon pour le BWBN, Pasima sourit. Bien qu’il soit nouveau, le BWBN a des objectifs ambitieux, et ses antécédents ne laissent planer aucun doute sur sa capacité à les atteindre. « Notre objectif pour 2024 est de permettre à 150 femmes Noires de la Colombie-Britannique et de l’Alberta de s’intéresser à la technologie et d’être conscientes des possibilités qu’offre ce secteur. »

Et à long terme? Le BWBN a pour objectif de compter plus de 5 000 membres dans tout le pays d’ici 2028. Au minimum, 1 000 membres seront idéalement placées auprès de partenaires industriels et travailleront dans le domaine de la technologie.

« Les femmes et les jeunes filles Noires ne veulent pas demeurer de simples consommatrices de technologie », déclare Pasima. « Elles peuvent – et veulent – être les créatrices de la technologie. »

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