« Hei, bonjour » - L’Atelier des jeunes officiers de réserve à Tuusula, en Finlande

Article de revue / Le 4 octobre 2019 / Numéro de projet : RCAF-RESERVE-20191004

Lorsque je voyage à l’étranger, j’aime essayer d’apprendre quelques mots de la langue du pays pour me sentir plus à l’aise. Après avoir trouvé une petite vidéo YouTube sur le finlandais, j’avais appris deux choses : bonjour (« Hei », prononcé « heï ») et au revoir (« Hei Hei »). J’ai fait mes valises et je suis allé à l’aéroport, convaincu que ce serait du gâteau. Vingt heures plus tard, en titubant jusqu’à ma chambre d’hôtel et en voyant l’affiche « Pyykkkipäivä » (le jour de la lessive), j’étais très heureux que tous les Finlandais parlent couramment l’anglais. De toute évidence, je n’irais pas plus loin que « Hei » et « Hei Hei ».

Helsinki est une ville magnifique. J’ai eu la chance d’avoir quelques jours de congé et j’ai pris le temps d’explorer les environs (et de combattre le décalage horaire). Après une journée et demie d’excellent café, de siestes et d’une nourriture fantastique, je me suis aventuré à Tuusula, où se tenait l’atelier. L’Atelier des jeunes officiers de réserve est un événement annuel tenu par la Confédération interalliée des officiers de réserve (CIOR), une organisation qui représente plus de 1,3 million de réservistes dans 34 pays de l’OTAN et alliés. Le séminaire de cette année, qui s’est tenu à Tuusula, en Finlande, du 27 février au 2 mars, a réuni plus de 40 participants de 12 pays. L’activité visait à exposer les officiers de réserve subalternes à un cadre semblable à celui de l’OTAN, où nous discuterions de questions militaires et des réalités des opérations dans le contexte de l’OTAN, en mettant l’accent sur les échanges culturels.

Environ 45 minutes après mon arrivée à Tuusula, j’avais mon uniforme et je prenais des notes pendant les remarques préliminaires du séminaire. Deux autres Canadiens se sont joints à moi : le lieutenant Jared Mackintosh, du 14e Escadron de soutien de mission, à Greenwood, en Nouvelle-Écosse, et le capitaine Charan Kamal Singh Dullat, de la 15e Ambulance de campagne, détachement Calgary. L’événement a commencé sur les chapeaux de roue et le rythme s’est maintenu, chaque minute de l’horaire étant remplie de discussions et d’activités culturelles. Les discussions, dirigées par l’adjudant-maître Stefan Rubi, de l’Armée suisse, ont porté principalement sur la compatibilité culturelle et les moyens de mener des opérations dans un cadre international. Les activités culturelles de la soirée étaient le moment prévu pour le réseautage, durant lequel tous les participants pouvaient se détendre et se poser des questions sur les forces armées, la culture et la vie des uns et des autres.

Lors du premier après-midi, les pays ont chacun fait une présentation de quinze minutes à tour de rôle (les douze pays ont tous convenu que la « mort par PowerPoint » était universelle) sur certains détails de leur pays, de leur structure militaire et de leur réserve. Certaines des différences étaient absolument époustouflantes! Par exemple, on aurait pu entendre les mâchoires tombées dans la salle lorsque les Danois ont dit à tout le monde qu’ils touchaient 300 euros par jour, alors que les Estoniens ont tristement avoué qu’ils n’étaient pas payés du tout. Le Canada est l’un des rares pays à offrir un emploi à temps plein dans la réserve, et une discussion très animée s’est engagée sur les avantages de permettre aux jeunes de 16 ans de s’enrôler et de s’entraîner. J’ai aussi appris à mon grand étonnement que personne en Autriche ne connaît le film La Mélodie du bonheur. La soirée nous a donné l’occasion de goûter à la nourriture et aux boissons des divers pays, chacun ayant apporté un échantillon de ses spécialités à partager. Si quelqu’un sait où je peux trouver de bonnes saucisses hongroises à Ottawa, faites-le-moi savoir!

Puis, bien sûr, comme c’est la tradition en Finlande, il est venu le temps du sauna. Maintenant, il est très important que je consacre une grande partie de cet article au sauna (prononcé so-ou-na), parce que c’est quelque chose que les Finlandais prennent extrêmement au sérieux. Pour vous mettre en contexte, les installations militaires de Tuusula se composent d’une dizaine de bâtiments avec un joli lac en toile de fond. Parmi ces dix bâtiments, deux sont des saunas. Le sauna est un élément essentiel de la vie en Finlana. Je n’ai jamais autant transpiré de ma vie, comme je l’ai fait pendant des heures chaque soir dans ces pièces humides. La routine est simple : prendre une douche rapide pour éliminer les odeurs, puis s’asseoir dans le sauna et transpirer un bon coup. Non seulement le sauna est une expérience « chaleureuse », mais je n.entendais presque rien en raison des conversations et des rires assourdissants des 40 personnes de notre groupe, qui apprenaient à se connaître. C’est vraiment étonnant de voir à quelle vitesse les barrières s’effondrent quand tout le monde fond lentement dans la chaleur et l’humidité. La propreté du corps et la clarté d’esprit après le passage au sauna figurent parmi les expériences les plus agréables de ma vie.

Mais les Finlandais ne sont pas du genre à se contenter de passer une soirée au sauna et de rire entre amis. Après environ 30 minutes à profiter de la chaleur, notre animateur a demandé qui voulait sauter dans le lac. Nous nous sommes tous dirigés à l’extérieur jusqu’au bord du lac, où il y avait un petit quai avec une échelle qui descendait dans un petit trou dans la glace. Plus tôt ce jour-là, j’avais vu un homme creuser un trou et commencer à pêcher sur la glace environ 100 mètres plus bas sur le rivage. Maintenant, je sais que les Canadiens ne sont pas étrangers à ce que nous appelons la baignade dans les eaux glacées. C’est généralement une affaire assez importante, qui réunit tous les politiciens et les journalistes de la presse locale et les gens, qui amassent beaucoup d’argent pour des œuvres de charité. Les Finlandais le font gratuitement, tous les soirs. Autant je crois maintenant aux bienfaits du sauna, quand je descendais dans l’eau glacée, j’ai immédiatement souhaité ne pas l’avoir fait. Il doit bien y avoir quelque chose dans l’eau à Greenwood, car le lieutenant Mackintosh était le premier à faire la file lorsque les Finlandais ont décidé de sauter dans le lac une seconde fois 30 minutes plus tard.

Au programme de la deuxième journée figuraient dix heures d’exercices de consolidation d’équipe et de groupes de discussion. Nous avons fait des exercices pratiques avec de petits obstacles qui nous ont permis d’améliorer nos compétences en communication, en planification et en leadership. Dans les groupes de discussion, nous avons examiné les compétences nécessaires pour réussir dans un milieu multiculturel et discuté des conséquences de la diversité culturelle dans une organisation. Un des moments forts pour moi a été la discussion sur les différences dans les salutations et les adieux d’un pays à l’autre. Un lieutenant de l’armée autrichienne a pris le temps d’expliquer les différences dans le moment de faire la bise et le nombre de baisers donnés sur les joues en Europe, et c’était une information fascinante pour un gars comme moi, qui ne connaît que les poignées de main. Le soir, nous avons visité un charmant petit musée à proximité, dédié aux Lotta-Svärd, un groupe paramilitaire de femmes qui se sont consacrées au soutien des opérations militaires de 1918 à 1944. Beaucoup de ces femmes courageuses ont exercé des fonctions de soutien essentielles jusqu’en première ligne et des milliers d’autres ont accepté des emplois dans des industries partout en Finlande.

Après le musée, nous sommes allés au sauna.

La troisième journée a donné lieu à d’autres discussions de groupe, où chacun des pays a pris le temps d’explorer et d’expliquer la relation entre les sous-officiers et les officiers dans ses forces armées. Bien que le système canadien soit, sans surprise, très semblable au système britannique, il est très différent de celui de l’armée autrichienne ou suisse, où chaque militaire commence comme recrue. En Norvège, les officiers supérieurs choisissent souvent de devenir sous-officiers. Le soir, nous nous sommes entassés dans un autobus pour nous rendre à Helsinki, où nous avons fait une courte visite du centre historique de la ville et avons dîné au mess des officiers, qui est un magnifique bâtiment donnant sur le port d’Helsinki. Ensuite, nous avons eu du temps libre, soit pour magasiner, prolonger notre visite ou encore passer du temps dans un sauna réputé.

La dernière matinée, nous avons eu droit à deux présentations exceptionnelles : l’une sur les opérations alliées par un général finlandais à la retraite et l’autre par un représentant de l’Institut finlandais pour la guerre hybride. Puis, le temps étant venu de nous dire « hei hei », nous avons laissé Tuusula derrière nous.

La plus grande leçon que j’ai retenue de cet atelier, c’est qu’en raison du multiculturalisme qui existe dans nos rangs et partout au pays, les Canadiens sont bien placés pour agir en tant que leaders et champions de la diversité culturelle dans les milieux militaires internationaux.

Je me suis fait une tonne de nouveaux amis et je me suis constitué un réseau international de collègues officiers. Je suis fier d’avoir représenté le Canada et notre Force aérienne. J’aimerais remercier le lieutenant Mackintosh et le capitaine Dullat de leurs contributions exceptionnelles à cet atelier. Apprendre tant de choses sur tant de cultures en si peu de temps et renseigner les autres sur la culture canadienne est un outil exceptionnel que la Réserve de l’ARC devrait absolument utiliser encore et encore à l’avenir.

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