Notes d'allocution de John McCallum, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté à l'occasion d'un déjeuner tenu par la Chambre de commerce de Winnipeg

Discours

Winnipeg (Manitoba)
17 mars 2016

Tel que prononcé

Merci beaucoup. Bonjour mesdames et messieurs.

C’est avec un réel plaisir que je reviens au Manitoba, et je ne dis pas cela partout où je vais. En fait, c’est au Manitoba que j’ai décroché mon premier emploi à temps plein, il y a de cela très longtemps, en 1974. Vous n’étiez probablement pas nés, ce qui me fait sentir un peu vieux.

Mais ce que j’aimerais faire, et je ne veux pas parler trop longtemps parce que je préfère les questions, c’est vous donner un petit compte rendu du parcours de notre pays, et du mien, en ce qui concerne les réfugiés. Ensuite, j’aimerais dire quelques mots sur certaines autres choses que nous faisons en matière d’immigration. Les réfugiés ont de l’importance; ils sont maintenant dans notre nom, cela grâce au premier ministre, mais nous faisons aussi d’autres choses.

Mais d’abord, je pourrais peut-être vous dire qu’il s’agit pour moi d’un autre genre d’expérience. Vous avez vu mon CV, toutes ces études économiques ennuyantes sur ceci et cela. Essentiellement, je me suis occupé de dollars et de cents, mais cette fois, c’est davantage une affaire de cœur. Le projet d’amener 25 000 réfugiés qui ont fui l’une des pires guerres civiles au monde, de leur faire traverser l’océan et de les accueillir ici au Canada, c’est effectivement une affaire de cœur. C’est une affaire qui touche à notre identité en tant que Canadiens, et je suis très fier, comme Canadien, de voir qu’un si grand nombre d’entre nous, de tous horizons, ont pris les devants pour se joindre à cette cause.

Et je dois dire que je suis particulièrement fier, parce que le reste du monde l’a remarqué. La photo de Justin Trudeau au débarquement de l’avion a fait le tour du monde, si bien que lorsque j’ai rencontré des enfants réfugiés en Jordanie qui n’avaient jamais entendu parler du Canada, ils sont venus à moi et m’ont dit : « Hé, votre premier ministre nous a accueillis ici à l’aéroport. » Ils étaient donc au courant. Beaucoup étaient au courant.

Je ne me réjouis pas nécessairement de la façon dont le monde va actuellement, mais je suis heureux de constater qu’au milieu de cette terrible crise des réfugiés, quand de si nombreux pays semblent fermer leurs portes, nous ouvrons grand les nôtres et disons : « Bienvenue, vous pouvez entrer. Sous réserve bien sûr des vérifications appropriées en matière de sécurité et de santé. »

Notre parcours s’est fait en deux étapes. La première a consisté à mettre en place et faire démarrer la machine, ce qui a représenté un défi au début, tout particulièrement pour la fonction publique. Un vrai changement peut être défini comme une situation où vous faites une chose entièrement nouvelle. Si vous avez déjà fait cette chose dans le passé, ce n’est pas un vrai changement. Et pour la fonction publique, cela a été un vrai changement que d’amener ici, aussi rapidement, 25 000 réfugiés dûment contrôlés. Cela n’a pas été facile au début, mais nos fonctionnaires ont fait le travail, ils ont fait démarrer la machine. Une fois la machine en marche, tout est allé comme sur des roulettes.

J’aimerais donc dire un très grand merci à tous ces fonctionnaires qui ont mené à bien ce travail très difficile. 

Or, une fois tous ces gens arrivés au Canada, la balle n’est plus seulement dans le camp du gouvernement fédéral. Amener les réfugiés du point A au point B, c’était pour l’essentiel notre travail, mais la responsabilité de les préparer à s’intégrer avec succès au Canada incombe à tous. Cela inclut le logement, cela inclut les emplois, cela inclut la formation linguistique, et cela fait intervenir des milliers et des milliers de Canadiens, de partout au pays, et non uniquement le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et les administrations municipales, bien que ceux-ci aient un rôle à jouer. Quand j’ai rencontré les organismes responsables de l’établissement, dont certains sont représentés ici, on a fait remarquer, et je suis tout à fait d’accord, que rien de tout cela n’aurait été possible sans tous les représentants de ces organismes présents autour de la table. J’aimerais donc leur transmettre mes félicitations pour leur travail remarquable.

De plus, je suis très reconnaissant au milieu des affaires. Depuis le début, j’ai dit les choses comme elles sont, parlant des hauts et des bas, par exemple lorsque nous avons eu des problèmes avec les permis de sortie du Liban, ou lorsque nous avons été confrontés à des défis en matière de logement. J’en ai parlé aux Canadiens. Et l’un des moyens par lesquels nous avons relevé le défi du logement a été de solliciter le soutien financier du milieu des affaires, qui a répondu à l’appel, et pas qu’un peu : plus de 30 millions de dollars ont été offerts au total, dont 5 millions de dollars par le CN uniquement, et 500 000 $ ont été annoncés aujourd’hui pour Winnipeg seulement. 

Je remercie également cette chambre de commerce et certains des dirigeants d’entreprise ici présents pour tout le travail qu’ils ont accompli et continueront d’accomplir. Après ce déjeuner, nous aurons d’autres réunions pour discuter de la façon dont les employeurs pourraient embaucher certains de nos réfugiés. C’est là un travail d’importance cruciale.

Nous faisons de bons progrès sur le plan du logement. Hier, 72 % des réfugiés syriens avaient déjà un logement permanent, et au Manitoba c’est 80 %. Alors, bravo au Manitoba –un logement permanent, pour 80 % des réfugiés, déjà!

Environ 800 réfugiés sont déjà arrivés, et d’autres sont en chemin. Je vous félicite tous pour le travail accompli, mais je dois préciser qu’il reste beaucoup à faire en ce qui concerne la formation linguistique et les emplois, car je vais vous dire quelque chose au sujet de la démographie de ce groupe de réfugiés auquel notre gouvernement vient en aide.

Ils sont vulnérables. Nous avons cherché des gens vulnérables et nous avons eu des gens vulnérables. Généralement, ils ne parlent pas un mot d’anglais ou de français. Généralement, ils sont très peu instruits. Généralement, ils ne connaissent personne dans ce pays. Ils sont donc vulnérables, c’est une façon de le dire. Et nous les accueillons. Mais l’autre côté de la médaille, c’est que lorsque des gens commencent dans ces conditions, ils ont besoin de plus d’aide pour s’établir avec succès au Canada, et c’est pourquoi ils ont besoin de votre aide. Je sais que cette organisation apporte une aide de ce genre depuis de longues années. Je sais que vous continuerez de le faire dans l’avenir, alors j’ai bonne confiance que ces réfugiés qui se trouvent au départ dans une situation difficile connaîtront le succès, et que leurs enfants auront encore plus de succès.

Je sais que les réfugiés du passé ont bien réussi. Priti Mehta-Shah, qui est ici présente et est votre présidente, est elle-même une réfugiée. Une de mes collègues du Cabinet, âgée de seulement 31 ans, est une réfugiée de l’Afghanistan. Deux de nos anciens gouverneurs généraux sont des réfugiés. Peter Munk, homme d’affaires très prospère, était un réfugié. On peut donc dire que les réfugiés réussissent bien dans ce pays, et ce qui a commencé comme un geste humanitaire se transforme en un investissement à long terme profitable pour le Canada. J’ai la conviction que les réfugiés syriens iront dans la même direction.

Permettez-moi maintenant de parler de certaines autres choses que nous faisons. Je serai assez bref parce que comme je l’ai dit, je veux avoir du temps pour les questions.

Nous avons restauré les soins de santé pour les réfugiés. Merci. Nous avons adopté une loi qui empêchera un gouvernement de révoquer la citoyenneté de tout Canadien qui a commis certains crimes. Nous croyons que tous les Canadiens sont égaux. Il y a une seule catégorie de citoyens, pas deux. Un Canadien est un Canadien, et la place d’un terroriste est la prison, pas l’aéroport.

J’ai dit que nous ne sommes pas justes envers les étudiants internationaux. Ils ont été désavantagés par Entrée express, et je ne peux penser à un groupe de personnes que nous devrions mieux accueillir que les étudiants internationaux en tant que futurs Canadiens parce qu’ils connaissent le pays, qu’ils sont instruits et qu’ils parlent l’anglais ou le français. Qui pourrions-nous demander de mieux, qui nos pays concurrents pourraient-ils demander de mieux que les étudiants internationaux dans un contexte de vieillissement des populations?

Alors, nous allons travailler là-dessus. Ce n’est pas encore chose faite, mais les gouvernements provinciaux s’entendaient sur ce point, et nous sommes déterminés à nous faire plus accueillants envers les étudiants internationaux. Nous avons déjà rétabli le crédit de 50 % du temps passé au Canada aux fins de la citoyenneté. Quand vous faites la cour à quelqu’un, vous ne lui donnez pas un coup de poing au visage. Quand vous enlevez aux étudiants leur crédit de 50 %, vous leur donnez un coup de poing au visage, alors nous avons décidé de corriger cela et de leur redonner leur crédit. Or, la question de la résidence permanente est plus importante et nous travaillons là-dessus, mais ce n’est pas encore réglé.

Finalement, la question des niveaux. Je veux parler des niveaux d’immigration. Nous avons annoncé le chiffre de 300 000 pour 2016, ce qui constitue le niveau le plus élevé depuis 1913. Cela nous donne une idée du nombre de personnes que le pays accueillait à l’époque, compte tenu de sa taille. Mais ce chiffre n’est qu’un peu plus élevé, 20 000 ou 30 000 de plus, que l’année précédente, mais c’est là la capacité maximale du Ministère. Je ne peux amener le nombre au-delà de 300 000, peu importe le montant d’argent supplémentaire dont je disposais cette année. Nous avons atteint la capacité maximale.

Voyons donc les choses ainsi. Vous avez un maximum de 300 000. Comment faites‑vous la répartition? Hé bien, nous avions des engagements pour les réfugiés, que nous avons respectés. Nous avons un gros problème avec la réunion des conjoints, qui prend une éternité. Cela prend deux ans, ce qui est inacceptable, totalement inacceptable. Cela devrait prendre six mois. Alors nous avons accueilli des conjoints additionnels, ce qui signifie qu’il a fallu réduire quelque peu le nombre d’immigrants de la catégorie dite économique, mais ce nombre correspond à peu près à la moyenne observée dans la dernière décennie.

Mais j’aimerais tout particulièrement vous dire que nous travaillons maintenant à établir les niveaux pour 2017, 2018 et 2019. Je cherche à accroître la capacité du Ministère pour que nous puissions accueillir davantage de gens; qu’il s’agisse de conjoints, d’immigrants de la catégorie économique, ou d’autres immigrants, nous voulons accroître la capacité.

Mais j’aimerais dire aussi que je n’aime pas le terme « immigrants de la catégorie économique » parce que cela laisse sous-entendre qu’il y a deux catégories d’immigrants, c’est-à-dire ceux de la catégorie économique, qui apportent des avantages au pays, et les autres, que nous accueillons par pur altruisme et qui sont une perte de temps du point de vue économique. C’est absolument et totalement faux, car parmi les immigrants de la catégorie économique, il y a certains conjoints des demandeurs principaux qui ne travaillent pas. Quant aux réfugiés, la plupart travailleront et contribueront à l’activité économique. Parmi les membres des familles, beaucoup de conjoints travailleront. Nous sommes en 2016, et bon nombre de parents et de grands‑parents, même s’ils ne travaillent pas, apporteront une aide aux maris et femmes, aux pères et mères, pour qu’ils puissent travailler. Ainsi, ce sont tous les immigrants qui contribuent de différentes façons à l’activité économique. Tous les immigrants apportent une contribution économique, sociale et culturelle. Et tout comme nous ne voulons pas avoir deux catégories de citoyens, nous ne voulons pas avoir deux catégories d’immigrants. Tous les immigrants jouent un rôle utile dans ce pays.

Alors, j’aimerais terminer en disant une dernière chose : j’hésite à dire que le Canada est un chef de file dans les domaines A, B, C, un chef de file en toutes choses. J’entends des Canadiens dire cela, et de toute évidence, bien souvent nous ne le sommes pas. Nous ne le sommes pas. Peut-être sommes-nous médiocres. Peut-être sommes-nous au milieu du peloton. Nous ne sommes pas des chefs de file en tout, mais je vais vous dire que selon moi, nous sommes des chefs de file quand vient le temps d’intégrer des gens de différentes races, de différentes religions et de bâtir une société multiculturelle prospère. Vous regardez ailleurs dans le monde, vous regardez ce qui se passe dans le monde, et puis vous nous regardez, et je pense que nous faisons du bon travail. Je pourrais même aller jusqu’à dire que nous sommes un modèle pour le reste du monde.

Ma circonscription de Markham est extrêmement multiculturelle. Et un indicateur de cela est le fait que des ministres de l’Allemagne sont venus au Canada et ont demandé à rencontrer le maire de Markham, une petite ville, pour lui demander comment nous construisons une société multiculturelle. Notre expérience avec ces réfugiés montre que nous avons bien réussi en ce domaine. Je pense que c’est un domaine où nous donnons un exemple au reste du monde. Le reste du monde nous a remarqués. Nous sommes au milieu d’une crise mondiale en matière de réfugiés. Je crois qu’il existe des façons dont le Canada peut contribuer, que l’on pense à ce que nous avons fait avec les répondants privés, à la façon dont nous avons créé une communauté multiculturelle ou à la façon dont nous avons mis en place une machine apte à amener un grand nombre de réfugiés dans notre pays dans de courts délais. Je suis donc fier de ce que nous avons accompli.

Je suis fier en tant que Canadien. Je remercie vous tous, vous toutes.

Je remercie tous les Canadiens pour le travail extraordinaire que nous avons réalisé en permettant à ces 25 000 personnes de venir dans notre merveilleux pays.

Merci beaucoup.

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