La marine marchande

En 1939, au début des hostilités, le Canada disposait de 38 navires marchands d’une capacité de chargement totale de seulement 290 000 tonnes. Le gouvernement canadien savait que ce nombre limité de navires en service ne pourrait pas satisfaire aux demandes pressantes de la Grande-Bretagne si celle-ci voulait vaincre l’ennemi. Par conséquent, on a établi des plans en vue d’accroître la marine marchande, et les Canadiens se sont montrés à la hauteur de ce défi hors du commun.

Dans un effort visant à combler le manque, les 133 navires de la flotte des Grands Lacs se sont vus confier des fonctions de convoi océanique en sus de tâches de construction navale. À la fin de la guerre, les chantiers navals du Canada avaient construit 403 navires de charge, dont un nombre important battait pavillon canadien.

Les survivants de deux navires marchands sont entassés sur les passerelles d’un chalutier de sauvetage à St. John’s (Terre-Neuve), avril 1943.
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Les survivants de deux navires marchands sont entassés sur les passerelles d’un chalutier de sauvetage à St. John’s (Terre-Neuve), avril 1943.

On ne saurait trop insister sur l’importance de la marine marchande canadienne à titre de bouée de sauvetage de la Grande-Bretagne. On estimait en effet qu’un navire marchand d’une capacité de chargement de 10 000 tonnes pouvait transporter suffisamment de « vivres » pour alimenter 225 000 personnes par semaine. Parmi les marchandises transportées par la flotte, il y avait de tout depuis des vêtements, du carburant, de l’acier, de l’aluminium, du bois d’œuvre, des aéronefs, des chars, des jeeps, des camions, des canons, des munitions jusqu’à tout ce qui pouvait être nécessaire à l’effort de guerre.

C’est à ce titre que les navires marchands sont devenus des cibles rêvées pour les navires de surface et les U-boot de l’ennemi. De plus, étant donné qu’un grand nombre de marins marchands avaient connu les dangers des mines et des sous-marins durant la Première Guerre mondiale, ils connaissaient parfaitement les dangers du transport maritime en temps de guerre.

Les voies maritimes de l’Atlantique Nord étaient un lugubre champ de bataille qui avait été le lieu d’un plus nombre de pertes de vies humaines, de navires et de matériel qu’au cours de toutes les campagnes navales des 500 années précédentes confondues. Les marins dont le navire était torpillé avaient 50 pour 100 de chances de s’en sortir.

À la fin de la guerre, on dénombrait plus de 6 000 membres du personnel régulier et officiers de la Force régulière dans le Service féminin de la Marine royale du Canada (WRCNS). Celles-ci servaient dans de nombreux groupes professionnels qui étaient auparavant considérés comme trop dangereux pour des femmes. Elles occupaient des emplois variés, notamment des emplois de cuisinières, d’adjointes à l’approvisionnement, de conductrices de véhicules motorisés et même d’estafettes.

À la fin de la guerre, 500 d’entre elles avaient servi outre-mer, et 500 autres avaient servi à Terre-Neuve, qui était un endroit outre-mer à l’époque, de même qu’à Washington D.C.

Au total, 12 000 hommes et femmes ont servi dans la marine marchande du Canada aux côtés de marins de toutes les nationalités, dont des milliers étaient originaires de l’Europe occupée par l’ennemi. Les marins canadiens ne franchissaient pas seulement la route de l’Atlantique Nord, mais ils parcouraient les océans du monde entier pour transporter des cargaisons en provenance et à destination de l’Afrique, de l’Asie, de l’Australie, de l’Europe, de la Nouvelle-Zélande et de l’Extrême-Orient, et même de la route mortelle de Mourmansk vers le nord de la Russie.

Le coût de la guerre était astronomique. Cinquante-neuf navires marchands immatriculés au Canada ont été coulés par l’ennemi ou par une action probable de l’ennemi, et 2 000 membres de la Marine royale du Canada, 1 600 marins marchands canadiens et 752 aviateurs canadiens ont perdu la vie. Les navires marchands canadiens ont effectué 25 343 traversées entre l’Amérique du Nord et la Grande-Bretagne, transportant près de 165 millions de tonnes de fournitures militaires et civiles.

De l’avis du contre-amiral canadien Leonard Murray, qui a commandé le théâtre canadien de l’Atlantique du Nord-Ouest durant la guerre, « la bataille de l’Atlantique n’a pas été gagnée par une marine et une armée de l’air quelconque, mais grâce au courage, à la force morale et à la détermination de la marine marchande britannique et alliée ».

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Des marchandises sont chargées à bord d’un navire marchand non identifié à Halifax (Nouvelle-Écosse).
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Des marchandises sont chargées à bord d’un navire marchand non identifié à Halifax (Nouvelle-Écosse).

Des navires marchands se rassemblent dans le bassin de Bedford, à Halifax (Nouvelle-Écosse), avril 1942.
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Des navires marchands se rassemblent dans le bassin de Bedford, à Halifax (Nouvelle-Écosse), avril 1942.

Les survivants d’un navire marchand torpillé à bord du NCSM Arvida à St. John’s (Terre-Neuve), septembre 1942.
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Les survivants d’un navire marchand torpillé à bord du NCSM Arvida à St. John’s (Terre-Neuve), septembre 1942.

Une embarcation approvisionne un navire marchand qui s’apprête à joindre un convoi au départ d’Halifax (Nouvelle-Écosse), décembre 1942.
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Une embarcation approvisionne un navire marchand qui s’apprête à joindre un convoi au départ d’Halifax (Nouvelle-Écosse), décembre 1942.

Des avions à bord d’un navire marchand en route pour l’Angleterre, avril 1941.
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Des avions à bord d’un navire marchand en route pour l’Angleterre, avril 1941.

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