L'explosion du NCSM Kootenay

Le Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Kootenay était un destroyer de la classe Restigouche qui a servi dans la Marine royale canadienne (MRC) de 1959 à 1995. Il était le cinquième navire de sa classe et le deuxième bâtiment à recevoir le nom NCSM Kootenay.

Le matin du 23 octobre 1969, le NCSM Kootenay faisait partie d’une force opérationnelle qui avait mené un exercice dans les eaux du Royaume-Uni et revenait au Canada, naviguant en direction ouest dans la Manche au large de Plymouth. À 6 h 05, le NCSM Kootenay a reçu l’ordre de se séparer de la force opérationnelle et de tenir un essai de routine à pleine puissance. Le NCSM Kootenay a débuté l’essai à 8 h 10, et à 8 h 21, un palier dans la boîte d’engrenage de tribord s’est rompu. Son logement avait été mal installé, et l’huile qui devait y circuler et agir en tant que liquide de refroidissement a surchauffé, atteignant une température estimée de 650 °C (1 202 °F), et a explosé.

HMCS Kootenay
Légende

NCSM Kootenay

L’explosion et l’incendie accompagné de fumée toxique qui a suivi ont tué 9 membres de l’équipage et blessé 53 autres. Les membres d’équipage restants se sont rassemblés sur la plage arrière et ont rapidement organisé les opérations de lutte contre l’incendie et de sauvetage. Cependant, la plupart de l’équipement de lutte contre les incendies était devenu inaccessible ou détruit par l’incendie. C’est pourquoi trois ingénieux plongeurs du navire ont enfilé leur équipement de plongée et sont allés sous l’eau pour prendre part aux opérations de sauvetage, s’exposant ainsi à un grand danger en raison du risque d’explosion de leurs bouteilles de plongée. L’incendie a été maîtrisé vers 10 h 10 et a été complètement éteint entre 10 h 30 et 11 h. Le NCSM Kootenay était sérieusement endommagé, mais les interventions professionnelles de son équipage avaient réussi à le maintenir à flot.

L’explosion du NCSM Kootenay est le pire accident en temps de paix de l’histoire de la Marine royale canadienne. Et pourtant, c’est l’intervention rapide et calme de l’équipage du navire qui, grâce à son habileté et à sa bravoure, a permis d’empêcher l’explosion originale et l’incendie subséquent de tourner en une désastre encore plus grand, et de sauver ainsi des vies et le navire lui-même. Comme l’a écrit plus tard le commandant du navire, le capitaine de frégate Neil Norton, « … une équipe moins professionnelle aurait pu facilement finir la journée à bord de radeaux de sauvetage ».

Les actions courageuses des anciens membres d’équipage du NCSM Kootenay ont contribué à accélérer la création de décorations de bravoure canadiennes. Suite à la tragédie, les familles, les amis, les médias et le grand public ont insisté pour que le gouvernement canadien honore ces marins pour leur dévouement et leur sacrifice. Le 10 mai 1972, la reine Elizabeth II a accrédité trois nouvelles décorations pour bravoure : les Croix de la vaillance, les Étoiles du courage et les Médailles de la bravoure. De façon tout à fait appropriée, les toutes premières Croix de la vaillance ont été remises à titre posthume à deux membres de l’équipage du NCSM Kootenay, soit le premier maître Vaino Olavi Partanen et le maître Lewis John Stringer. L’Étoile du courage a été remise à l’enseigne de vaisseau de première classe Clark Reiffenstein et au maître Clément Bussière, et la Médaille de la bravoure a été remise au premier maître de deuxième classe Robert George et au maître de première classe Gerald Gillingham.

Suite à l’accident, le NCSM Kootenay a été remorqué jusqu’à Plymouth, au Royaume-Uni, où on l’a entré en cale sèche pour le préparer à une longue traversée de l’océan à la remorque sans ses hélices. Le NCSM Kootenay est arrivé à Halifax le 27 novembre 1969.

Pendant les travaux de réparation du NCSM Kootenay, on a décidé de le convertir en un navire de la classe Restigouche améliorée (IRE), et il a été remis en service le 7 janvier 1972. Il est ensuite passé à la côte ouest en 1973, où il a continué de servir la Marine canadienne avec honneur et distinction, en prenant part par exemple à des visites à Vladivostok au sein d’un groupe opérationnel canadien (le premier à le faire depuis la Deuxième Guerre mondiale), et à la mise en application des sanctions de l’ONU contre Haïti en 1994. En guise de dernier voyage, il a pris part à l’exercice naval de deux mois UNITAS au large de l’Uruguay. Le 18 décembre 1995, il a été mis hors service, et le 6 novembre 2000, il a été remorqué à partir d’Esquimalt pour être coulé afin de devenir un récif artificiel au large de Puerto Vallarta, au Mexique.

Le centre de formation à la lutte contre les avaries de la MRC pour les Forces maritimes de l’Atlantique a plus tard été renommé le Centre d’instruction en matière de lutte contre les avaries Kootenay (CIMLA Kootenay) en reconnaissance de cet accident.

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