Histoire des sous-marins canadiens

La Marine royale canadienne (MRC) a célébré en 2014 le 100e anniversaire de l’acquisition de ses premiers sous-marins. Au cours de cette période, elle a mis en service 15 sous-marins. L’histoire qui suit met en lumière comment nos dévoués marins se sont servis de ces vaisseaux complexes pour aider à défendre le Canada.

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Les premières années

Le 5 août 1914, le Canada a acquis ses deux premiers sous-marins. Le premier ministre de la Colombie-Britannique, Richard McBride, les a achetés à un chantier maritime de Seattle quand la Première Guerre mondiale a éclaté. Les navires canadiens de Sa Majesté (NCSM) CC 1 et CC 2 avaient à l’origine été construits pour la marine chilienne.

Le premier ministre McBride aurait acheté les deux bâtiments pour calmer les craintes de son électorat. La population avait entendu dire qu’une escadre de navires de guerre de la marine impériale allemande circulait dans le Pacifique. Elle craignait donc une attaque, et l’achat des sous-marins l’a rassurée.

La menace ne s’est jamais matérialisée, mais la simple présence des nouveaux sous-marins était un motif de dissuasion pour les forces ennemies. Ce fut un premier exemple de l’avantage stratégique que les sous-marins représentaient pour le Canada.

Le 21 juin 1917, les NCSM CC 1 et CC 2 ont quitté Esquimalt. Ils ont fait escale à Halifax avant d’aller accomplir une mission en Méditerranée. Avec le NCSM Shearwater, les deux sous-marins ont été les premiers navires de guerre à emprunter le canal de Panama en arborant le pavillon blanc. Les deux sous-marins ont éventuellement été désarmés, retirés du service, puis vendus à la casse en 1920.

Après la Première Guerre mondiale

Au cours des cinq décennies suivantes, la MRC n’a mis en service que quatre sous-marins :

  • deux bâtiments britanniques de la classe H;
  • deux anciens sous-marins allemands (U-boot) dont l’équipage s’était rendu.

Malgré tout, l’expertise des sous-mariniers de la MRC a survécu. Ceux-ci ont parfait leurs compétences en servant à bord de sous-marins de la Royal Navy (RN) partout dans le monde.

Au cours des deux guerres mondiales :

  • 34 Canadiens ont servi à bord de sous-marins de la RN;
  • des Canadiens ont commandé 15 sous-marins britanniques.

Après la Seconde Guerre mondiale, le Canada a réduit le nombre de ses navires de guerre et de ses sous-marins. La MRC n’a réussi à conserver sa capacité de lutte anti-sous-marine (ASM) qu’en louant des sous-marins de la RN aux termes d’accords établis en bonne et due forme.

Finalement, des sous-marins américains ont été mis à la disposition du Canada pour que les navires de la MRC bénéficient d’un entraînement limité à la lutte anti-sous-marine. Jusqu’en 1955, la MRC a misé sur les ressources suivantes pour cet entraînement :

  • deux sous-marins de la RN qui opéraient une rotation annuelle à Halifax;
  • les possibilités d’entraînement offertes par la marine américaine (USN) sur les deux côtes.

Époque de la guerre froide

La guerre froide ayant déjà commencé, le Canada a réévalué la nécessité pour lui de posséder des sous-marins. La MRC et la RN ont convenu en mars 1955 de créer la 6e Escadre de sous-marins (SM6). Cette unité basée à Halifax se composait surtout de sous-marins de la classe A de la RN. Des officiers de la RN les commandaient, et seulement un membre d’équipage sur deux était canadien.

Dans les premières années de la guerre froide, la guerre ASM constituait un élément essentiel de la stratégie maritime de l’OTAN.

De longs débats ont eu lieu sur la nécessité d’ajouter des sous-marins à la flotte de la MRC. La nouvelle classe Saint-Laurent de contre-torpilleurs d’escorte possédait d’excellentes capacités de lutte ASM pour l’époque. Cependant, il était clair pour les planificateurs de la Marine que les sous-marins étaient les meilleurs vaisseaux pour détecter d’autres sous-marins, car ils pouvaient mieux exploiter l’environnement sous-marin, procurant ainsi à la Marine un avantage tactique maximal.

Les navires de surface peuvent réduire l’interférence causée par les activités de surface en remorquant un câble de réseau sonar immergé; ils ne peuvent toutefois pas éliminer tous les bruits de surface qu’ils produisent. Les sous-marins circulent en profondeur, de sorte qu’ils n’engendrent aucun bruit de surface. Dans le cadre d’un jeu mortel sans merci, la victoire revient normalement à la plateforme la plus silencieuse. Les sous-marins sont de toute évidence les vaisseaux par excellence pour la lutte ASM.

Le Canada a acquis son premier sous-marin de l’époque de la guerre froide en 1961. Le NCSM Grilse était basé sur la côte Ouest; c’était un ancien sous-marin américain de la classe Balao. Le Canada l’a obtenu en signant un contrat de location de cinq ans.

Pendant ses 16 premiers mois de service, le Grilse a parcouru une distance équivalant à deux fois la circonférence de la Terre en 374 jours en mer. Il a servi exclusivement à l’entraînement à la lutte ASM.

Après sept ans de service, le Grilse a été remplacé par un autre sous-marin de la marine américaine. Le Canada a acheté l’ancien USS Argonaut en 1968. C’était un bâtiment de la classe Tench qui est devenu le NCSM Rainbow après sa mise en service dans la MRC. Il a fait partie de la flotte de la côte Ouest jusqu’en 1974.

En mars 1962, la MRC a été autorisée à acheter trois sous-marins britanniques de la classe Oberon. Il s’agissait des premiers sous-marins nouvellement construits acquis par la MRC depuis l’achat non conventionnel des bâtiments CC 1 et CC 2 en 1914. Ces nouveaux sous-marins ont constitué la 1re Escadre de sous-marins du Canada, basée à Halifax :

  • NCSM Ojibwa
  • NCSM Onondaga
  • NCSM Okanagan

Au moment de leur livraison au milieu des années 1960, les sous-marins de la classe Oberon comptaient parmi les plus silencieux du monde. D’autres pays en étaient aussi munis.

Au début des années 1980, le Canada a modernisé les trois sous-marins en les équipant :

  • de torpilles Mark 48;
  • de systèmes de lutte contre l’incendie;
  • d’ensembles de sonars améliorés.

Les sous-marins canadiens de la classe Oberon étaient encore utiles en tant que plateforme de lutte ASM quand le dernier d’entre eux, le NCSM Onondaga, a été désarmé et retiré du service en 2000.

Sous-marins modernes de la classe Victoria

L’élaboration de plans pour remplacer les sous-marins vieillissants de la classe Oberon a commencé au début des années 1980.

En 1998, la force sous-marine canadienne a été enthousiasmée d’apprendre que le Canada achèterait quatre sous-marins au Royaume-Uni. Le NCSM Victoria a été le premier à entrer en service dans la MRC, deux ans plus tard.

Ces vaisseaux ont été les seuls sous-marins de la classe Upholder (Type 2400) construits par la RN. Arrivés au Canada, leur classe a pris le nom de Victoria, et les noms suivants ont été attribués aux sous-marins :

Avant que les nouveaux sous-marins pussent s’ajouter à la flotte, ils ont dû subir une canadianisation considérable et ont ainsi reçu les équipements suivants :

  • un système de lutte contre l’incendie;
  • un système pour les communications nationales;
  • des torpilles lourdes Mk 48.

Une tragédie s’est produite en 2004 quand un incendie mortel s’est déclaré à bord du NCSM Chicoutimi au début de son voyage à destination de Halifax.

La MRC a persisté dans ses efforts pour faire de la nouvelle classe de sous-marins une force pleinement opérationnelle. Les rangs des sous-mariniers canadiens ont continué de grossir à mesure que l’instruction progressait.

Le NCSM Victoria a été le premier sous-marin de sa classe à parvenir au niveau élevé de disponibilité opérationnelle. Il a lancé avec succès une torpille opérationnelle Mark 48 en 2012. Le Victoria a passé la majeure partie de l’année 2013 en mer. Son déploiement fructueux dans le cadre de l’opération CARIBBE a montré comment il pouvait exceller dans un rôle secret.

L’avenir des sous-marins canadiens est prometteur. Après avoir surmonté de nombreuses difficultés de taille, le Canada dispose maintenant d’une flotte durable de sous-marins reconstruits. Les sous-marins de la classe Victoria constituent les « forces spéciales » de la Marine. Ils sont furtifs et bien armés et ils peuvent franchir d’énormes distances en patrouille. Leur souplesse leur permet d’accomplir toute une gamme de missions navales particulières, dont les suivantes :

  • lutte contre le terrorisme;
  • interdiction de l’immigration illicite;
  • soutien des forces d’opérations spéciales;
  • patrouilles pour Pêches et Océans Canada;
  • rôles de police à l’appui des opérations de lutte contre les stupéfiants de la GRC.

Photos des sous-marins

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