Une exposition sur le dispositif « Beartrap », une innovation canadienne

Article de nouvelles / Le 29 novembre 2018

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Par le colonel (retraité) Ernie Cable

Le dispositif d’appontage et d’arrimage rapide d’hélicoptère (DAARH), communément appelé « Beartrap », fait l’objet d’une exposition au Musée de l’aviation de Shearwater, situé à la 12e Escadre Shearwater, en Nouvelle-Écosse.

L’objet exposé est une reproduction, à une échelle d'un tiers, de la façade du hangar et du pont d’envol du navire canadien de Sa Majesté St. John’s, une frégate de classe Halifax. Au-dessus du pont du navire se trouve un hélicoptère Sea King qui se prépare à apponter, tiré par le câble du DAARH.

Vers le milieu des années 1950, les marines du monde entier tentaient de trouver comment faire atterrir de grands hélicoptères sur le pont de petits navires, malgré le tangage et le roulis. C’est le 10e Escadron expérimental VX 10 de la Marine royale canadienne (MRC), basé à Shearwater, en collaboration avec la Dartmouth’s Fairey Aviation Ltd., qui a trouvé la solution au problème en créant le premier DAARH.

Le dispositif canadien, qui a par la suite été adopté par des marines partout dans le monde, dont celles des États-Unis, de l’Australie et du Japon, est considéré comme la plus grande contribution canadienne à l’avancement de l’aviation navale.

De 1956 à 1962, le VX 10 a mené la première phase d’expérimentation et de conception technique d’un système permettant l’appontage d’hélicoptères sur de petits navires. En janvier 1963, il avait prouvé qu’il était possible de faire apponter un hélicoptère Sea King sur un petit destroyer, ce qui a amené la Marine royale canadienne à émettre une directive officielle concernant le projet de création d’un DAARH en vue de son utilisation opérationnelle.

Le NCSM Assiniboine s’est vu confier la tâche de faire l’essai d’un prototype. Le premier appontage sur le pont de l’Assiniboine a eu lieu le 3 décembre 1963. Après une période de modification de l’équipement et de mise au point des procédures, d’autres essais opérationnels se sont déroulés à bord des NCSM Annapolis et Nipigon. En 1967, toutes les modifications conceptuelles jugées essentielles par le VX 10 avaient été apportées au DAARH du NCSM Nipigon, qui est devenu le premier destroyer capable d'accueillir un hélicoptère.

Aujourd’hui, le DAARH fait partie intégrante de tous les destroyers et de toutes les frégates du Canada.

Dans les années 1950 et au début des années 1960, seuls les porte-avions pouvaient accueillir des hélicoptères de lutte anti-sous-marine, dont la principale fonction consistait à protéger les forces navales contre les sous-marins. L’hélicoptère s’est révélé un outil indispensable à la lutte contre les sous-marins. C’est pourquoi, vers le milieu des années 1950, la MRC a conclu que, si elle dotait ses nouveaux destroyers de la classe Saint-Laurent des moyens nécessaires pour accueillir un hélicoptère, elle améliorerait considérablement leur capacité de faire face aux sous-marins rapides de la nouvelle génération.

Le concept révolutionnaire a amené de nombreux sceptiques à affirmer que les difficultés techniques seraient insurmontables.

La rapidité et la portée de l’hélicoptère ont apporté de nombreux avantages à la flotte :

la zone de détection s’en est trouvée considérablement élargie;

l’hélicoptère pouvait attaquer des sous-marins bien au-delà de la portée des armes des navires;

l’hélicoptère provoquait un effet de surprise, parce que les sous-marins n’étaient pas en mesure de le repérer et de le suivre facilement (les sous-marins peuvent repérer un navire grâce à leur sonar);

enfin, l’hélicoptère permettait aux navires de demeurer au-delà de la portée des armes du sous-marin.

Le dispositif « Beartrap » permet à un hélicoptère d’apponter rapidement et en toute sécurité sur un navire de la taille d’un destroyer, en pleine mer, malgré le roulis et le tangage. Le câble d’appontage, une fois attaché à l’hélicoptère, applique une force stable qui positionne l’hélicoptère de façon à permettre au pilote d’apponter avec précision, en plaçant le sabot dans le « Beartrap ».

L’appontage à l’aide du « Beartrap » s'accompagne d'un avantage considérable : une fois le câble d’appontage du navire attaché à l’hélicoptère et verrouillé, la présence de personnel sur l’aire d’appontage n’est plus nécessaire. Dès que le Sea King touche le pont, les mâchoires du « Beartrap » saisissent le sabot d’appontage et immobilisent rapidement l’aéronef sur le pont, l’empêchant de glisser et de tomber à l’eau par mauvais temps.

Une fois l’hélicoptère saisi par le « Beartrap », le sabot de queue, placé devant la roue de queue, est abaissé sur la grille située sur la partie arrière de l’aire d’appontage. Une fois le sabot de queue engagé dans l’une des fentes et verrouillé dans la grille, la queue de l’hélicoptère est immobilisée, ce qui l’empêche de pivoter lors des mouvements du navire.

Le DAARH permet d’aligner l’hélicoptère avec la glissière de pont. On peut alors déplacer l’aéronef le long de la glissière jusqu’à l’intérieur du hangar, à l’abri des éléments. La rapidité avec laquelle l’hélicoptère peut être apponté sur le navire évite à celui-ci de s’immobiliser trop longtemps pour effectuer les manœuvres d’appontage, ce qui le rend moins vulnérable aux attaques ou aux dommages.

L’exposition montre les différentes caractéristiques du pont d’envol du NCSM St. John’s, dont la grille, le dispositif « Beartrap », le poste de contrôle des opérations aériennes, le howdah, qui abrite le militaire chargé de l’appontage, et les barrières de sécurité.

L’exposition rend hommage à l’aviation navale et au travail d’équipe accompli par les membres du personnel naval et aérien qui ont conçu le dispositif « Beartrap » et qui continuent à faire preuve d’excellence opérationnelle partout dans le monde.

Ernie Cable est historien au Musée de l’aviation de Shearwater.

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