Lorsque la norme est l’intégrité : le Tech SAR de l’ARC qui a la plus grande ancienneté est honoré de faire partie de l’équipe de SAR

Article de nouvelles / Le 13 octobre 2020

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Par Sara White

Le sergent André Hotton, technicien en recherche et en sauvetage (Tech SAR) depuis trente ans, est convaincu qu’il faut avoir un « plan A ».

« Puis un plan B, un plan C... Bref, il faut toujours avoir un plan de secours. Vous ne pouvez pas faire ce travail seul; c’est toujours en équipe, et vous voulez toujours arrondir les angles avec votre équipe afin que chacun ait son mot à dire, que tous les éléments soient évalués et que nous tirions le meilleur de la situation. Ce qui reste devient le plan D ».

Tout cela à l’arrière d’un CC-130 Hercules ou d’un CH-149 Cormorant, devant une rampe ouverte et composant avec des vents violents et de la pluie en dessous de vous, des eaux tumultueuses ou des montagnes escarpées sous l’appareil, souvent dans l’obscurité, et minutes précieuses qui s’écoulent alors que quelqu’un en bas a besoin d’être secouru immédiatement. « Ça fonctionne, dit le sergent Hotton. Il faut vraiment écouter, et comprendre ce que les gens veulent dire. Par exemple, lorsque l’on communique par interphone, même une pause dans une phrase a une signification. »

Le sergent Hotton, qui fait partie des Forces armées canadiennes depuis quarante-deux ans, pense qu’aujourd’hui, on appelle cela la « gestion des ressources de l’équipage ». Pour lui, c’est de l’écoute. C’est d'ailleurs ce qu’il a fait toute sa vie.

Dernier d’une fratrie de dix enfants, le sergent Hotton a grandi en Gaspésie, « entre la mer et la forêt, toujours dehors à marcher dans les bois ou à se promener sur la plage ». Son père était ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale et sa mère enseignante. Il n’y avait pas de sport, mais André était toujours occupé à démonter des choses pour les reconstruire. Chaque fois qu’un de ses frères et sœurs apprenait quelque chose de nouveau, ils le lui montraient. Il rit en expliquant qu’il a fait son premier « treuillage » quand il avait cinq ans, lorsqu’un de ses frères aînés a testé la force d’une grue Meccano en l’accrochant aux bretelles d’André et en le soulevant du sol. « C’est peut-être pour ça que j’ai appris à écouter ».

Le travail scolaire normal ne l’intéressait pas autant que l’électronique ou l’électromécanique. Le travail local dans les bois, la pêche ou le travail en usine n’était pas ce qu’il voulait non plus. Lorsqu’un recruteur militaire est arrivé sur son chemin en 1978, il était en 11e année. Il s’est enrôlé. « En fait, mes parents ont dû signer pour moi, car j’avais 17 ans. Mes parents étaient fiers et heureux : quand les enfants trouvent leur créneau, un emploi et un salaire... ils étaient heureux que j’aie trouvé ça. »

Le sergent Hotton s’est rendu à Saint-Jean pour suivre son instruction de base, le cours 7831, afin de devenir technicien radio. Sa première affectation a été à Penhold, en Alberta. Cette base est maintenant fermée et il n’en reste plus rien. « Je travaillais dans un bunker Diefenbaker, dit le sergent Hotton. J’avais un mentor, un autre technicien radio. Il était originaire d’Angleterre, il a grandi pendant la guerre et s’est ensuite joint aux forces canadiennes. Il m’a montré comment faire mon travail correctement, à l’aimer, à prendre mon temps et à évaluer les choses. Grâce à son attitude et à son approche détendue, je l’ai écouté. »

Ce mentor a dit au sergent Hotton : « Il faut que tu ailles en Allemagne », puis il s’est retrouvé à Baden-Baden pendant cinq ans. Il a travaillé avec des radios de grande puissance, des micro-ondes, des appareils à bande publique et des radios. « Une bonne partie fonctionnait encore avec des tubes ». Il a acheté une autocaravane Westfalia, s’est mis au deltaplane et a appris à nager. Il s’est rendu en Suisse pour retrouver une fille qu’il avait rencontrée un après-midi quand il était au Québec. Ils ont commencé à « se fréquenter ». Aujourd’hui, ils sont mariés.

« J’aimais mon métier, donc j’ai demandé une prolongation ». Il ne l’a pas obtenue et un retour au Canada était imminent. Le métier évoluait également. L’équipement dont il pouvait tester et réparer les pièces était remplacé par de l’équipement sous garantie. Le sergent Hotton pensait qu’il était peut-être temps de passer à autre chose. « Un autre sergent m’a vu : « Pourquoi ne pas devenir technicien en recherche et sauvetage? » « Je n’en avais jamais vu; il n’y en avait nulle part où j’étais allé, alors j’ai dit "OK". »

Après avoir fait ses valises en Allemagne, le sergent Hotton a suivi des cours de plongée, un cours de parachutisme, pratiqué l’escalade et suivi toutes sortes de formations médicales. De retour au Canada, il a postulé trois fois pour le cours de technicien en recherche et sauvetage avant de pouvoir suivre, en 1990, le cours n° 27.

« Je ne correspondais pas du tout au moule, tous des types grands, toujours les premiers à se précipiter, à tout essayer. J’avais 29 ans, mais la moyenne d’âge était inférieure à 25 ans. Ma philosophie était la suivante : "Tu n’as pas à être le premier, mais tu ne veux pas être le dernier". »

Ce qu’il aimait, c’était l’équipement : « Ils me le donnaient pour l’utiliser, et je l’utilisais du mieux que je pouvais; ou, j’apprenais à faire quelque chose du mieux que je pouvais. La question, c’était de savoir à quelle vitesse vous pouviez appliquer ce que vous aviez appris. »

Le sergent Hotton a été affecté à Edmonton, à une équipe d’une vingtaine de personnes équipée de deux types d’aéronefs, le Hercules et le Twin Otter, « des appareils très faciles à manœuvrer ». La région de SAR s’étendait à mi-chemin au-dessus des Rocheuses, dans le Nord, et presque jusqu’à Winnipeg.

Lors de son premier saut, son pantalon bouffant de la combinaison de l’époque s’est coincé dans l’élévateur de son parachute. « Je me suis cassé la jambe, alors que j’étais encore en l’air. J’ai choisi un arbre pour y atterrir afin de ne pas devoir poser ma jambe au sol. C’était un exercice qui comprenait une simulation de victime : tous les gars ont sauvé la victime, puis ils sont venus m’aider. » Les moqueries concernant cet incident ont persisté, mais le sergent Hotton s’est rétabli au cours des six mois suivants, portant un plâtre, coincé à l’atelier de couture des Tech SAR, réparant tout l’équipement et faisant tout l’entretien.

En 1994, le sergent Hotton a été affecté à Greenwood. Ce déménagement dans les Maritimes était motivé par un impératif familial : son jeune fils devait avoir accès à un grand centre de santé après une transplantation cardiaque à l’âge de cinq mois seulement. L’opération avait eu lieu en Californie, la 27e transplantation cardiaque jamais réalisée, et l’hôpital pour enfants IWK d’Halifax était le meilleur. La femme du sergent Hotton a trouvé du travail à l’hôpital de Kentville et, à la suite de plusieurs affectations ratées, de courtes périodes de restriction imposée et d’affectations qui ne duraient que quelques jours à Greenwood, le sergent Hotton s’est joint à la Réserve; le couple habite Greenwood depuis. »

« La famille a toujours été la priorité dans cet équilibre avec l’engagement professionnel. Toujours chercher l’équilibre. Nous avons eu quatre enfants, ils ont tous grandi dans la vallée... ils sont tous bien installés maintenant. Je suis sergent, ce qui me convient. J’essaie d’apprendre la guitare, je reconstruis des clarinettes, je suis bénévole dans un musée ferroviaire, je travaille le bois et je fais de la reliure. J’ai deux autocaravanes Westfalia; je suis d’ailleurs en train de restaurer celle que j’avais en Allemagne. »

Lorsqu’on lui demande quel genre de travail de recherche et de sauvetage spectaculaire sort du lot, le sergent Hotton rétorque, minimisant ses compétences, son expertise et sa formation : « C’est ça, un Tech SAR. On ne cesse jamais de se moderniser, donc, en gros, on n’a toujours que quelques années d’expérience, car l’équipement évolue sans cesse ».

Il est impressionné par le professionnalisme des nouveaux Tech SAR. Ses douze sauts dans le cadre d’un cours à l’aide d’un parachute rond sans commandes ne sont rien par rapport à 50 atterrissages sur cible à l’aide d’une voilure avec commandes. Aujourd’hui, la formation médicale, l’équipement et les protocoles rendent tout plus efficace.

Le sergent Hotton ne tient pas compte du fait qu’il a deux médailles de la bravoure, et répond toujours aux normes exigeantes de Tech SAR. Aujourd’hui âgé de 60 ans, il a obtenu une prolongation d’un an jusqu’en septembre 2021, ce qui fait de lui le technicien en recherche et sauvetage de l’Aviation royale canadienne qui a le plus d'ancienneté.

Ce qui le motive, c’est de secourir la victime d’un accident, ou un patient qui a besoin d’aide, ou une personne perdue. « Les gens ne font pas une sortie de pêche en bateau ou dans les bois pour avoir un accident ou une urgence médicale. L’intégrité de ce travail consiste à faire ce qui est juste pour ces personnes. La meilleure façon d’évaluer ce que vous allez faire lors d’un sauvetage est de vous mettre à la place de la personne que vous devez secourir. Je pense à cette personne, et je me la représente dans le travail à accomplir. »

Le sergent Hotton fait toujours ce que son premier mentor lui a conseillé. Il observe et écoute ses collègues de travail lorsqu’il est question de nouveaux processus, ou de ce à quoi devrait ressembler l’échéancier, ou encore de l’endroit où devrait se trouver la station de recharge de la radio. « Je veux toujours qu’ils essaient, même s’ils l’ont déjà fait de nombreuses fois. C’est ça, l’expérience ». Il ouvre la main pour révéler ce qu’il a dans sa poche : une bague en laiton provenant peut-être d’un vieux sac de plongée. Il la porte depuis une vingtaine d’années et la tourne dans ses doigts pendant que les discussions se poursuivent autour de lui. « Je ne compte pas les années, et je n’ai aucun regret. J’adore être technicien en recherche et en sauvetage. C’est pour moi un honneur de faire partie de cette équipe ».

Sara White est officière des affaires publiques adjointe et rédactrice en chef du journal The Aurora.

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