Pleins feux sur la profession des armes : la capitaine de frégate Cynthia Smith, commandant, QG des services logistiques de la base, BFC Esquimalt
Le 15 mars 2021 - Nouvelles de la Défense
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Capitaine de frégate Cynthia Smith – Sommandant, QC des Services logistiques de la base, BFC Esquimalt
Dans le cadre de notre engagement à continuer de relater ces histoires au-delà d’une journée en particulier, La Feuille d’érable dressera le profil de plusieurs dirigeantes à l’échelle des FAC, tout particulièrement celles qui œuvrent au SRLC. Nous ferons connaître leur exemple et leurs expériences, tout en célébrant le soutien inlassable qu’elles apportent aux opérations internationales et nationales, aux exercices et aux activités quotidiennes des Forces armées canadiennes.
Lisez le profil d’autres dirigeantes présenté dans le cadre de la série, notamment :
- la capitaine de frégate Selena Aral, commandant, QG des services logistiques de la base, BFC Halifax
- la lieutenant-colonel Amanda Aldous, commandant, 17e Escadron de soutien de mission, 17e Escadre Winnipeg
Le parcours de la capitaine de frégate (Capf) Cynthia Smith dans le milieu de la logistique commence au Collège militaire royal du Canada, où elle est admise au programme de génie militaire. Cependant, après sa période de formation comme recrue, elle a décidé d’emprunter une nouvelle voie, soit celle d’officier de la logistique de la Marine.
La profession de logisticienne est attrayante pour la Capf Smith parce qu’elle sollicite deux facettes de sa personnalité. Il y a d’abord l’aspect gestion des finances et des ressources de la profession; elle affirme que le travail d’analyse et la rigueur lui permettent de se recentrer « presque autant que l’océan ». Ensuite, elle a été attirée par le côté rassembleur que doivent avoir les logisticiens, qu’il s’agisse des gens dans les unités qu’elle a soutenues, des gens qui composent la chaîne d’approvisionnement ou des fournisseurs internationaux. Ils doivent nouer et consolider ces relations par leur aptitude à créer un fort sentiment d’appartenance, en plus de bénéficier d’une marge de manœuvre étonnante.
« Cela fait partie de notre travail comme logisticiens, explique la Capf Smith. C’est vraiment notre rôle, même en tout début de carrière quand on mouille dans des ports étrangers – c’est avec tous les ministères que je dois assurer la liaison pour veiller à ce que nous ayons accès à tous les services dont nous aurons besoin une fois que nous serons arrivés sur place. De plus, j’assure aussi la liaison avec les autorités portuaires, avec nos agents sur le terrain et avec de nombreux entrepreneurs. Et c’est à nous qu’il incombe de créer ces liens – nous agissons à titre de porte-parole pour le navire. »
« C’est vraiment ce qui nous incombe, en tant que logisticien, dit-elle. En effet, c’est ce qui nous incombe, dès un jeune âge, au moment où nous rentrons dans des ports étrangers. J’assure la liaison avec tous ces services pour m’assurer que nous ayons tout ce dont nous avons besoin à notre arrivée. De plus, je communique avec les autorités portuaires, nos agents au sol, ainsi que de nombreux entrepreneurs. Et il nous revient d’établir ces liens – nous sommes le porte-parole du navire.
Les expériences de la Capf Smith avec d’autres unités sont similaires, y compris au sein des unités opérationnelles des FAC les plus axées sur les effets. Elle cite en exemple son mandat de soutien logistique aux unités tactiques du COMFOSCAN, pendant lequel son lieutenant-colonel lui a permis de s’émanciper simplement en faisant confiance à sa capacité de bien faire son travail.
« Je m’entretenais avec les ministres des Affaires étrangères de différents pays en son nom, raconte-t-elle. Et je m’occupais de toutes les questions diplomatiques et facilitais nos entrées aux pays. Et on me faisait confiance en la matière. On confie donc beaucoup de responsabilités aux jeunes logisticiens, et je n’étais qu’enseigne de vaisseau quand je suis allée à l’étranger avec le COMFOSCAN. Ils nous font confiance. »
À titre de commandant, la Capf Smith a désormais l’occasion d’accorder la même confiance à son équipage. « Maintenant, ce que je dis à mon monde, c’est que je vais les traiter en adultes, je leur laisse les coudées franches pour prendre des décisions, et je ne suis pas constamment sur leurs talons, affirme-t-elle. Je reçois le compte rendu des décisions, c’est certain, mais pour la prise de décisions aux échelons inférieurs, j’ai délégué ces responsabilités. Ils me tiennent au courant, je travaille de concert avec eux et ils peuvent compter sur moi. Et ils le savent. »
La Capf Smith a consacré beaucoup d’efforts à améliorer la culture au sein de son commandement. Alors qu’elle posait ses marques et apprenait à connaître les gens, elle s’est concentrée à pratiquer l’écoute active, en accordant toute son attention à absorber ce que les gens disaient au lieu de se creuser les méninges pour trouver des solutions aux problèmes sur-le-champ. Cette façon de faire l’a aidé à véritablement comprendre les préoccupations de base des gens.
« N’essayez pas de résoudre tous leurs problèmes, posez-leur des questions, conseille-t-elle. Utilisez vos aptitudes au mentorat – asseyez-vous avec les gens pour comprendre pourquoi ils ont le sentiment de ne pas être à leur place. Ensuite, déterminez ce que nous pouvons faire pour éliminer ces obstacles. » “
La propre expérience de la Capf Smith a teinté sa façon d’aborder ces problèmes culturels. Pendant ses études dans le cadre du Programme de commandement et d’état-major, en 2013-2014, elle faisait partie d’un groupe avec trois officiers étrangers – tous des hommes, tous des opérateurs. Au cours de la première semaine, on lui a confié la tâche de mener une discussion sur le COMFOSCAN parce qu’elle était la seule du groupe à avoir acquis de l’expérience au sein d’une unité des forces spéciales. Au fil des semaines, toutefois, les officiers alliés continuaient de poser des questions à propos du COMFOSCAN auxquelles elle avait déjà répondu dans son exposé. Quand un autre collègue de classe en a fait la remarque, elle a été étonnée de leur réaction.
« Leur point de vue était que parce que j’étais officier de soutien, parce que j’étais une jeune femme et parce que j’étais dans la marine, ils ne voulaient pas m’écouter parce qu’ils pensaient que je n’avais pas la bonne façon de voir les choses, explique-t-elle. Je n’ai pas aimé ce que j’ai ressenti dans cette situation, quand les gens ne voulaient pas m’écouter et n’accordaient aucune valeur à mon opinion. »
La Capf a passé beaucoup de temps à essayer de comprendre leur point de vue et de s’adapter à leur style, mais elle a quand même fini par aller voir son ancien commandant en second à bord du NCSM Calgary pour exprimer sa frustration et lui demander conseil.
« Je lui ai dit : Monsieur, je ne suis pas à ma place dans les Forces. Je ne pense pas de la même façon, je n’ai pas la même vision des choses, et je ne pense pas que cela représente une valeur ajoutée parce que personne ne m’écoute, raconte-t-elle. Il m’a répondu : c’est pour cela que nous avons besoin de toi. Ces paroles, je les garde à l’esprit depuis 2013… nous avons encore du chemin à parcourir, mais avec un peu d’ouverture d’esprit et d’acceptation, nous y arriverons. »
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