Dialogue au Shangri-La: De nouvelles idées pour assurer la stabilité régionale
Discours
Dr Ng, Monsieur le ministre Seruiratu, chers collègues,
Good morning, bonjour.
C’est un privilège et un plaisir pour moi de participer pour la première fois au Dialogue au Shangri-La en tant que ministre de la Défense nationale du Canada.
Je remercie John Chipman de m’avoir invitée à prendre la parole aujourd’hui. Merci également à James Crabtree ainsi qu’à toute l’équipe de l’Institut international d’études stratégiques d’avoir élaboré un programme aussi intéressant pour le Dialogue de cette année.
Mon pays, le Canada, est une nation de l’Atlantique, de l’Arctique et du Pacifique.
De part et d’autre de l’Atlantique, nous avons renforcé notre présence militaire en réponse à l’invasion illégale et injustifiée de l’Ukraine par la Russie, que nous condamnons avec la plus grande fermeté. L’attaque lancée par la Russie contre une démocratie souveraine a des répercussions mondiales.
Elle a par exemple provoqué une onde de choc sur la sécurité alimentaire mondiale et les prix des produits de base – y compris dans l’Indopacifique.
En tant que nation de l’Arctique, le Canada vit les répercussions alarmantes des changements climatiques, car notre pays se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Nous sommes très conscients des implications des changements climatiques en matière de sécurité : c’est pourquoi le Canada compte accueillir un centre d’excellence de l’OTAN sur le climat et la sécurité, qui permettra la mise en commun des connaissances avec nos alliés de l’OTAN et des partenaires du monde entier, y compris les pays insulaires du Pacifique.
Comme nation du Pacifique, nous estimons que cette région revêt une importance cruciale pour notre pays, et nous voulons contribuer à bâtir un Indopacifique libre, ouvert et inclusif. Nous comprenons donc la valeur de cette conférence.
Comme nation du monde, le Canada croit à l’importance fondamentale de ce que nous appelons la collaboration responsable.
Qu’est-ce que la collaboration responsable?
Cela comprend la transparence, la communication ouverte et le respect des règles et des normes internationales qui sous-tendent notre sécurité collective depuis plusieurs décennies.
Aujourd’hui, je vais exposer trois éléments clés de l’approche du Canada dans l’espace indopacifique, trois éléments qui reflètent l’engagement de notre pays à collaborer de façon responsable.
Premièrement, je décrirai la présence des Forces armées canadiennes dans la région – du point de vue de la collaboration responsable.
Deuxièmement – l’engagement du Canada à l’égard du multilatéralisme;
Et troisièmement – la stratégie complète que notre gouvernement est en train d’élaborer pour la région indopacifique.
Premièrement donc, la contribution des Forces armées canadiennes dans cette région.
Depuis plus de 70 ans, le Canada met des militaires à la disposition du Commandement des Nations Unies (ou UNC). L’UNC applique la convention d’armistice visant la péninsule coréenne. Cela illustre parfaitement l’importance que nous accordons aux règles, aux normes et au comportement responsable des États.
Je suis heureuse d’être ici en compagnie du chef d’état-major de la Défense du Canada, le général Wayne Eyre, qui a été le premier officier général non américain à s’acquitter des fonctions de commandant adjoint de l’UNC.
Dans le cadre de l’opération NEON, nous déployons des aéronefs et des navires afin de veiller au respect d’un autre ensemble de règles : les sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU contre la Corée du Nord. Dernièrement, nous avons prolongé cette opération jusqu’en 2023.
La réussite de cette mission dépend de l’engagement de tous les acteurs régionaux à agir et à collaborer de façon responsable.
Le Canada mène ses opérations dans le respect des lois, et nos forces armées devraient être en mesure de fonctionner sans entrave en haute mer et dans l’espace aérien international.
Par conséquent, le Canada demande aux forces armées de tous les pays de travailler de façon sécuritaire et professionnelle et de reconnaître qu’une conduite dangereuse et non professionnelle — particulièrement pendant les missions de surveillance multinationale dans l’espace aérien international — affaiblit les règles internationales en plus d’exposer le personnel à des risques.
Par ailleurs, dans le cadre de l’opération PROJECTION, le Canada déploie des navires de guerre dans la région indopacifique afin de collaborer de façon responsable avec ses alliés et partenaires au moyen de missions et d’exercices conjoints.
Lors du déploiement de 2021 de cette opération, la Marine royale canadienne a réalisé des manœuvres en collaboration avec des partenaires internationaux dans la mer des Philippines et dans la mer de Chine méridionale. Les navires de guerre canadiens ont aussi fait plusieurs escales chez nos partenaires en Corée du Sud, en Indonésie et ici même, à Singapour.
Aujourd’hui, je suis ravie d’annoncer que l’opération PROJECTION est de retour en 2022.
Dans quelques jours à peine, le NCSM Winnipeg et le NCSM Vancouver, ainsi que leurs détachements d’hélicoptères embarqués, partiront pour l’exercice RIMPAC, le plus grand exercice naval au monde, pour ensuite entreprendre un déploiement dans la région indopacifique.
En somme, la contribution du Canada à la défense de la région indopacifique est signifiante, importante et croissante.
Nous cherchons à maintenir, à augmenter et à diversifier notre présence militaire dans la région – par des avenues comme le nouvel accord de coopération entre le Canada et Singapour que le Dr Ng et moi-même avons signé cette semaine.
Ce n’est là qu’un exemple de nouveau partenariat novateur qui renforcera la sécurité dans la région.
Face à des menaces non traditionnelles comme la piraterie, la pêche illégale, la contrebande, le passage de clandestins et les changements climatiques, les Forces armées canadiennes ont beaucoup à apporter, et le Canada est tout disposé à collaborer aux efforts.
Parlons maintenant du multilatéralisme : une pierre angulaire de notre approche à l’égard de l’Indopacifique.
Le multilatéralisme est au cœur de l’engagement du Canada dans cette région, et dans le monde entier.
Le Dialogue de cette année est différent de celui des années précédentes. Hier, nous avons entendu un discours touchant du président ukrainien Zelensky, qui nous a rappelé ce qui se passe quand le pouvoir tente de l’emporter sur les règles.
Nous devons faire en sorte que les règles prévalent, que les petits États ne soient pas intimidés par les grands États, et que tous les États conservent le droit de prendre leurs propres décisions en ce qui concerne leur sécurité et leur avenir. Le respect des règles internationales est le meilleur outil dont nous disposons pour limiter autant que possible les risques d’erreurs de jugement et d’escalade, et pour éviter les conflits.
Dans cette optique, le Canada est préoccupé par le comportement de plus en plus assertif de la Chine, en particulier dans les mers de Chine méridionale et orientale.
La Chine démontre aussi une tendance à la diplomatie coercitive, aux cyberactivités irresponsables soutenues par l’État, ainsi qu’au vol de propriété intellectuelle et de technologies sensibles.
Nous estimons que les agissements de la Chine accroissent les tensions et portent atteinte à l’ordre international fondé sur des règles.
Dans ce contexte, la collaboration avec nos partenaires est plus importante que jamais. Le Canada continue de travailler avec des partenaires aux vues similaires, comme le Groupe des cinq et d’autres États de la région, afin de renforcer les règles internationales.
Le Canada approfondit son engagement en Asie du Sud-Est, et selon nous, l’association des nations de l’Asie du Sud-Est (ou ANASE) constitue un forum essentiel pour relever les défis régionaux.
Le Canada est l’un des onze partenaires de dialogue de l’ANASE, et en 2022, nous avons demandé à faire passer notre relation avec l’ANASE au statut de « partenaire stratégique ».
L’ANASE, en tant que groupe, se classait au sixième rang des partenaires commerciaux du Canada en 2020 – et en novembre dernier, le Canada et l’ANASE ont convenu de lancer des négociations en vue d’un accord de libre-échange.
Nous figurons parmi les membres fondateurs du Forum régional de l’ANASE, et nous participons régulièrement à ses groupes de travail, auxquels nous apportons une expérience et des conseils utiles.
De plus, le Canada est d’avis que la Réunion élargie des ministres de la Défense de l’ANASE (ADMM+) est un forum important pour nos efforts collectifs afin de soutenir la paix et la stabilité dans la région.
Le Canada souhaite obtenir le statut de participant à l’ADMM+ et encourage l’ANASE à lui accorder le statut d’observateur au sein des groupes de travail d’experts.
Le Canada a beaucoup à apporter – par exemple, dans le domaine des changements climatiques. Il faut se rappeler que le Canada est le pays qui possède le plus long littoral au monde. Compte tenu de l’excellence de nos forces armées en matière d’intervention en cas de catastrophe, d’aide humanitaire et de sécurité maritime, nous accueillons favorablement les occasions de mettre en commun nos connaissances et de collaborer.
En fait, l’élargissement de la composition de l’ADMM+ à des pays comme le nôtre constituerait une toute nouvelle approche pour résoudre les problèmes de sécurité régionale, et toutes les parties en bénéficieraient.
Permettez-moi maintenant de discuter des prochaines étapes de l’engagement du Canada dans la région indopacifique.
Nos amis des États-Unis, de l’Union européenne et de plusieurs États européens ont récemment lancé des stratégies indopacifiques exhaustives. Le Canada élabore lui aussi sa propre stratégie indopacifique, qui sera publiée d’ici quelques mois. Notre stratégie indopacifique intégrera les mesures prises par le Canada dans les sphères diplomatique, militaire et économique.
Cette semaine même, le 9 juin, ma collègue Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, a annoncé la mise sur pied d’un Comité-conseil sur l’Indopacifique – qui représente le secteur privé, la société civile et d’anciens membres du gouvernement, afin de s’assurer que l’approche améliorée du Canada dans l’Indopacifique reflète la diversité des perspectives de l’ensemble de notre pays.
Le travail du Comité-conseil sera fondé sur les relations solides déjà établies.
Le Canada est du nombre des onze signataires de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste. En fait, les économies combinées des pays signataires de l’Accord représentent près de 15 % du PIB mondial.
Et, bien sûr, des millions de Canadiens et de Canadiennes, dont je suis, ont des racines dans l’Indopacifique – et ces liens interpersonnels sont cruciaux.
Nos partenaires de la région indopacifique et le Canada bénéficieront de liens plus forts, qui renforceront notre sécurité collective et créeront de nouvelles possibilités économiques.
Notre engagement envers cette région est profond, et notre nouvelle stratégie indopacifique orientera nos efforts pour contribuer à bâtir une région indopacifique libre, ouverte et inclusive, dans laquelle les États collaborent de façon responsable, agissent avec transparence et font preuve de respect à l’égard des règles internationales.
Pour conclure,
Je veux simplement dire que le Canada est toujours intéressé par les approches nouvelles et novatrices visant à renforcer la sécurité dans l’Indopacifique, selon le principe de la collaboration responsable.
Je suis convaincue qu’avec des relations plus étroites en matière de défense, des partenariats multilatéraux renforcés et une nouvelle stratégie indopacifique complète, l’avenir de la relation du Canada avec cette région est prometteur.
Le Canada participe à ce Dialogue en tant que partenaire enthousiaste, l’esprit ouvert, avec une invitation ouverte à travailler ensemble.
J’ai bien hâte de poursuivre notre collaboration avec nos partenaires régionaux, en faveur de la paix, de la stabilité et de la prospérité.
Thank you. Merci.