Allocution prononcée par la ministre de la Défense nationale Anita Anand durant le Dialogue au Shangri-La de 2023 : Bâtir une région asie-pacifique stable et équilibrée

Le 3 juin 2023

Bonjour à tout un chacun.

Secrétaire Wallace, sous-secrétaire principal Galvez,

C’est un plaisir d’être de retour à Singapour dans le cadre de ma deuxième participation au Dialogue au Shangri-La.

Je tiens tout d’abord à remercier M. John Chipman, M. James Crabtree et l’équipe de l’IISS, qui organisent cet événement exceptionnel d’année en année.

Merci.

Nous nous rassemblons aujourd’hui pour discuter de la mise sur pied d’une région Asie-Pacifique à la fois stable et équilibrée.

Je souhaite vous parler de la contribution du Canada à la réalisation de cet objectif.

Le Canada est un pays du Pacifique.

Notre littoral du Pacifique s’étend sur vingt-cinq mille kilomètres.

Parmi nos principaux partenaires commerciaux, six se trouvent dans cette région.

Et, un Canadien sur cinq tire des origines familiales dans la région, comme moi-même.

Aujourd’hui, l’Indo-Pacifique est la région économique qui connaît la croissance la plus rapide au monde.

En tant que pays du Pacifique, le Canada s’intéresse vivement à bâtir une région stable et équilibrée.

Qu’entend-on par cela?

On entend une région indo-pacifique où prévalent règles et normes internationales et où tous les acteurs s’engagent de manière responsable.

Une région indo-pacifique où les conflits sont réglés dans le calme.

Et, au bout du compte, une région indo-pacifique à la fois libre, ouverte et inclusive.

Ces objectifs sont au cœur de la Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique dont nous avons fait l’annonce en novembre dernier.

Notre stratégie est une feuille de route complète et à long terme visant à renforcer tous les domaines de nos relations dans cette région, qu’il s’agisse du commerce, du développement ou de la défense.

Notre stratégie vise à créer de nouvelles possibilités avec des partenaires du Pacifique Nord, notamment la Corée du Sud et le Japon. Par ailleurs, elle reconnaît et appuie la centralité de l’ANASE.

En outre, elle énonce franchement notre approche à l’égard de la Chine : la Chine est une puissance mondiale de plus en plus perturbatrice, laquelle méprise de plus en plus les règles et les normes internationales.

Notre approche est claire et responsable.

Nous défendrons toujours nos intérêts nationaux – et l’ordre international fondé sur des règles.

Nous devons maintenir des voies de communication ouvertes pour éviter tout malentendu – et tenir des conversations difficiles, au besoin – parce que ce sont à ces moments-là que la nécessité d’un dialogue se fait le plus sentir.

Le Canada privilégie toujours la coexistence et la collaboration.

Le Canada défiera la Chine lorsque ce sera nécessaire. Et nous coopérerons avec la Chine pour trouver des solutions à des enjeux mondiaux.

Notre Stratégie pour l’Indo-Pacifique ne constitue pas uniquement un document de politique : pour bâtir une région stable et sûre, nous devons apporter des contributions concrètes.

Par moyen d’un investissement de plus de 720 millions de dollars visant à promouvoir la paix, la résilience et la sécurité dans la région, nous prenons de nouveaux engagements concrets.

Tout d’abord, dans le cadre de la Stratégie pour l’Indo-Pacifique, le Canada rehausse ses déploiements navals annuels dans la région indo-pacifique, augmentant de deux à trois le nombre de navires de guerre déployés. Nous allons désormais affecter chaque année un navire de guerre additionnel provenant de notre flotte de l’Atlantique, ce qui accroîtra la présence du Canada dans la région, en particulier dans l’océan Indien.

Notre empreinte sera élargie dès cette année. À l’heure actuelle, le NCSM Montréal, frégate basée sur la côte Atlantique, et le MV Asterix, unité de ravitaillement naval, sont dans la région et ont fait escale à Singapour il y a quelques jours à peine.

Deux autres frégates de la côte Pacifique seront envoyées à l’été.

Nos navires continueront de mener des opérations dans l’ensemble de l’Indo-Pacifique.

Dans le cadre de ces déploiements, nos navires se déplacent dans la mer de Chine méridionale et la mer de Chine orientale, ainsi que dans le détroit de Taiwan, tout en respectant entièrement le droit international.

Cette mesure témoigne clairement de l’engagement du Canada à collaborer avec les forces navales alliées et partenaires de sorte à établir paix, stabilité et prospérité dans la région.

Nous agirons toujours conformément au droit international, y compris les droits de navigation en haute mer énoncés dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

Notre Stratégie pour l’Indo-Pacifique accroît aussi la participation du Canada à des exercices multilatéraux dans la région, afin que la présence de nos forces armées ici soit plus fréquente et productive.

De plus, la stratégie nous permettra également de collaborer et de nous entraîner avec nos partenaires régionaux et d’apprendre d’eux, entre autres, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et le Vietnam.

Mentionnons notamment des initiatives visant à faire progresser le Programme sur les femmes, la paix et la sécurité en soutenant la participation concrète des femmes en uniforme.

Il s’agit là d’un sujet sur lequel le Canada en sait beaucoup, et surtout, peut beaucoup en apprendre de ses partenaires régionaux. À cet égard, je suis ravie d’être accompagnée à Singapour de l’ambassadrice du Canada pour les femmes, la paix et la sécurité, M^me Jacqui O’Neill, qui a visité le Vietnam et l’Indonésie avant d’arriver à Singapour.

Enfin, notre stratégie lance de nouvelles initiatives pour aider nos partenaires militaires à renforcer leur cybersécurité et leurs cybercapacités afin qu’ils puissent détecter les cybermenaces et y répondre plus rapidement et plus efficacement.

Depuis 2018, la principale mission militaire menée par le Canada dans l’Indo-Pacifique a été l’opération PROJECTION.

Pour refléter notre présence améliorée et croissante, je suis heureuse d’annoncer qu’à compter de cette année, l’opération sera remplacée par l’opération HORIZON.

L’opération HORIZON intégrera des éléments de défense relevant de notre Stratégie pour l’Indo-Pacifique : déployer des ressources navales supplémentaires, participer à davantage d’exercices multilatéraux et renforcer notre coopération entre les forces militaires.

Nous savons que nos Alliés et nos partenaires souhaitent voir davantage le Canada. Je l’entends où que je sois. Et par l’entremise de l’opération HORIZON, vous nous verrez davantage.

Une région indo-pacifique stable et équilibrée va de pair avec une péninsule coréenne sûre et stable.

Quelque 516 Canadiens ont consenti l’ultime sacrifice pendant la guerre de Corée, qui occupe le troisième rang des conflits les plus meurtriers de l’histoire du Canada. Et comme l’a souligné le premier ministre Trudeau pendant sa récente visite en Corée, le Canada n’a jamais quitté la péninsule coréenne.

Nos Forces armées canadiennes servent sans relâche en Corée sous l’égide du Commandement des Nations Unies, dans le but de promouvoir la paix dans la péninsule.

Aujourd’hui, j’ai aussi le plaisir d’annoncer que le prochain commandant adjoint du Commandement des Nations Unies en République de Corée sera un officier général canadien.

Il s’agira de la deuxième fois qu’un Canadien ou une Canadienne occupe ce poste d’une importance primordiale, démontrant ainsi notre leadership dans la péninsule coréenne.

En fait, la première personne non américaine ayant exercé ces fonctions était aussi canadienne. Cet homme est avec moi aujourd’hui; il s’agit de notre actuel chef d’état-major de la Défense, le général Wayne Eyre.

Merci, Général Eyre, de votre leadership.

Afin d’appuyer davantage la stabilité dans la péninsule, le Canada a annoncé récemment la prolongation de l’opération NEON, dans le cadre de laquelle le Canada consacre régulièrement des navires, des aéronefs et du personnel aux efforts multinationaux de surveillance des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies contre la Corée du Nord. 

L’un de ces aéronefs – un CP-140 Aurora de l’Aviation royale canadienne – vient de terminer un déploiement de six semaines pendant lequel il assurait la surveillance de sorte à détecter les cas présumés de contournement des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Par ailleurs, quand nous chargeons nos aéronefs d’assurer la surveillance des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies contre la Corée du Nord, nous nous attendons à ce que tous les acteurs régionaux s’engagent de manière responsable, agissent de façon sécuritaire et se comportent professionnellement.

Engagement responsable et comportement sécuritaire constituent des pierres angulaires d’une région indo-pacifique stable et équilibrée. Et le Canada croit fermement qu’il doit faire preuve de transparence et d’ouverture, tout en respectant les règles et les normes internationales à la base de notre sécurité collective.

Enfin, une région indo-pacifique à la fois stable et équilibrée repose sur des partenariats. Et pour sa part, le Canada est fermement résolu à approfondir ses partenariats dans la région.

L’année dernière, le ministre de la Défense, le Dr. Ng En Hen, et moi-même avons signé un accord de coopération en matière de défense entre Singapour et le Canada.

Aujourd’hui, je me réjouis de confirmer que la République de Corée et le Canada ont conclu récemment un protocole d’entente de dix ans sur la recherche et le développement en matière de défense.

Nous continuerons de nouer de solides relations avec nos partenaires les plus proches dans l’Indo-Pacifique, et nous établirons de nouveaux partenariats avec d’importants leaders dans la région, comme l’Inde, par exemple.

Le Canada croit en la centralité de l’ANASE en tant que fondements de la coopération et de la stabilité dans la région; c’est pourquoi nous nous efforçons de renforcer notre coopération en matière de sécurité avec les membres de l’Association.

Nous sommes reconnaissants à l’ANASE de son soutien à l’égard du statut d’observateur du Canada lors des deux réunions des ministres de la Défense de l’ANASE et des groupes de travail d’experts.

Nous étions ravis quand des dirigeants de l’ANASE ont adopté récemment un plan d’action régional sur les femmes, la paix et la sécurité.

Je suis heureuse d’affirmer que le Canada est sur la voie d’asseoir, d’ici septembre, son statut de partenaire stratégique de l’ANASE, lequel nous permettra de travailler encore plus étroitement avec nos partenaires dans cette région d’une importance vitale. 

Bien sûr, nous maintenons une approche coordonnée étroitement avec nos alliés les plus proches, y compris nos partenaires du Groupe des cinq. De plus, nous cherchons toujours des façons d’approfondir et de renforcer nos relations.

Mes amis, toutes les questions qui influeront sur la sécurité mondiale au cours des prochaines décennies – la démocratie, les changements climatiques, les droits de la personne, l’intelligence artificielle, entre autres – traversent la région.

En tant que pays du Pacifique, le Canada a beaucoup à offrir à la région, et celle-ci renferme maintes possibilités pour le Canada.

Par l’intermédiaire de notre Stratégie pour l’Indo-Pacifique, nous verrons croître le rôle que joue le Canada. Et dans le cadre de l’opération HORIZON, vous constaterez une hausse de la présence militaire canadienne ici, dans l’Indo-Pacifique. Ainsi, nous pourrons promouvoir ensemble les règles internationales qui nous protègent tous.

Alors que l’Indo-Pacifique devient de plus en plus central pour la sécurité mondiale, le Canada doit être, et sera, un partenaire fiable et engagé dans la région.

Le Canada est ici, à titre de partenaire, et nous sommes prêts à collaborer avec vous pour bâtir une région indo-pacifique libre, ouverte et inclusive pour l’ensemble de nos populations.

Merci beaucoup.