Allocution prononcée par le chef d’état-major de la Défense au sujet du 30e anniversaire de la bataille de l’enclave de Medak
Discours
Le 10 septembre 2023 – Ottawa (Ontario)
Bonjour à tous.
C’est merveilleux de voir tant de visages familiers.
Difficile de croire que 30 années se sont écoulées depuis que nous avons uni nos efforts dans l’enclave de Medak.
Il me semble que c’était hier – et comme bien d’entre vous, je me rappelle souvent cette expérience déterminante qui reste gravée dans nos esprits.
Pour tous ceux d’entre nous qui ont été témoin du nettoyage ethnique, impossible d’oublier la manière dont l’expérience a frappé vivement nos sens. Les images de destruction et de maisons enflammées. L’odeur de la fumée et de la mort, les sons produits par les armes légères et l’éclatement d’obus d’artillerie.
Cela a suffi pour nous faire comprendre que la civilisation n’est qu’un mince vernis pouvant s’écailler facilement.
Nous nous rappelons tous comment l’événement s’est déroulé :
- Un assaut offensif mené par les forces croates axé sur un saillant tenu par les Serbes, lequel était connu sous le nom d’enclave de Medak.
- La négociation d’un accord de cessez-le-feu et l’établissement d’une zone tampon.
- Le rôle joué par notre unité, le 2e Bataillon, Princess Patricia’s Light Infantry, sous le commandement du lieutenant-colonel Jim Calvin, pour faire respecter l’accord.
- Le combat survenu alors que les forces croates s’opposaient à notre avance dans l’enclave.
- Les résultats d’actes de nettoyage ethnique que nous avons documentés, actes auxquels nous avons mis fin dans certains cas avant qu’ils puissent s’étendre davantage.
- Et le succès de l’opération pour rétablir en partie la crédibilité de la mission de la Force de protection des Nations Unies, qui éprouvait des difficultés.
Nos troupes se sont retranchées et ont riposté pendant l’engagement, lequel, jusqu'à ce point, a été le plus important depuis la guerre de Corée.
- Nos militaires ont montré que l’entraînement, le leadership et le professionnalisme sont essentiels.
- Ce faisant, le 2 PPCLI a contribué à la tradition d’excellence opérationnelle des FAC, qui a été durement acquise au fil de plusieurs générations.
Ce déploiement en 1993 n’était pas sans conséquence.
Durant l’opération, un de nos camarades, le capitaine Jim Decoste, a perdu la vie lors d’un accident de véhicule.
Un autre, le caporal John Béchard, est mort au début de la mission.
Et durant la bataille, quatre personnes ont été blessées au combat.
Beaucoup d’autres sont rentrés au pays avec des blessures invisibles, mais fortement gravées dans l’esprit – des blessures dont certains se remettent toujours aujourd’hui.
Nous leur devons, de même qu’à tous ceux qui leur ont succédé, de retenir les leçons de Medak, qui sont encore d’une extrême importance aujourd’hui alors que nous sommes confrontés à un monde de plus en plus dangereux.
- Nous devons être prêts à faire face à une situation pouvant se détériorer rapidement sur le plan de la sécurité. Autrement dit, nous devons être prêts à combattre.
- Quant à ce qui précède, l’entraînement et les capacités adéquates sont nécessaires pour mettre nos troupes sur la voie du succès. Cela prend du temps et nous devons nous appliquer prestement.
- Enfin, la volonté de faire ce qui est juste lorsqu’on est confronté à la brutalité, la détermination à réussir – « l’esprit combattif », si l’on veut – l’emportent sur tout. C’est l’élément humain qui est au cœur de tout ce que nous faisons.
La bataille de l’enclave de Medak est un combat important, mais souvent négligé, de notre histoire militaire.
Pour ma part, je suis fier d’être ici pour la commémorer.
N’oublions jamais.
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