Allocution du ministre de la Défense nationale Bill Blair à la conférence de l’Institut canadien des affaires mondiales sur la modernisation du NORAD
Discours
1er mai 2024
Bonjour à tous. Je souhaite d’abord vous remercier pour votre aimable présentation et pour l’accueil chaleureux que vous m’avez réservé. Je voudrais commencer, comme nous le faisons toujours, par souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel du peuple algonquin des Anishinabek. Je tiens également à remercier Dave de m’avoir invité à prendre la parole aujourd’hui ainsi que son équipe qui a travaillé fort pour organiser cette conversation importante.
Des événements comme celui-ci sont très importants puisqu’ils nous permettent de faire progresser collectivement le dialogue canadien sur la sécurité nationale. Je voudrais donc profiter de l’occasion pour remercier toutes les personnes présentes aujourd’hui, les nombreux hommes et femmes au service de leur pays, les personnes qui ont déjà servi, et certainement tous les représentants de l’industrie, les membres du monde universitaire et les représentants de notre industrie en particulier. Je voudrais d’emblée vous remercier pour votre partenariat et votre soutien.
Le renouvellement d’une relation avec notre industrie de la défense pour la rendre plus forte est une priorité essentielle pour moi-même, pour le ministère de la Défense nationale et pour notre gouvernement. Ainsi, j’espère que notre dernière politique de défense tient compte de vos intérêts. La mise à jour de la politique n’est pas simplement une mise à jour de la politique de défense. J’ai souhaité en faire une mise à jour de la politique industrielle également. Nous avons eu de nombreuses réunions au cours des derniers mois et j’espère que vous pourrez tous et toutes constater que vos intérêts, vos conseils, votre passion pour la défense de ce pays se reflètent dans le document produit. Je voulais m’assurer que vous sachiez que vous avez été entendus.
De plus, je pense qu’il est important que nous nous réunissions souvent. J’ai moi-même été un défenseur d’intérêts dans le passé. J’ai été président de l’Association canadienne des chefs de police. Je suis venu très souvent dans cette ville. Je suis monté sur des podiums comme celui-ci et j’ai témoigné devant des commissions. J’ai défendu la sécurité publique. D’ailleurs, la grande frustration associée à ce travail, aussi important soit-il, c’est que vous voulez savoir que vous êtes entendus. J’espère donc que notre dernière mise à jour de la politique reflète vos intérêts.
Maintenant, il est évident que notre monde évolue rapidement. Vous venez d’assister à une séance d’information sur les menaces. Nous constatons autour de nous et dans le monde entier l’évolution rapide de la situation. La guerre est revenue en Europe, le conflit fait rage au Moyen-Orient, les tensions augmentent dans la région indopacifique et des dirigeants autoritaires comme Vladimir Poutine remettent ouvertement en question l’ordre international qui nous a permis de rester en sécurité et de prospérer pendant près de 80 ans. La concurrence stratégique, les technologies nouvelles et perturbatrices ainsi que les changements climatiques sont à l’origine de nouvelles menaces et incertitudes, et tout cela a une incidence directe sur nous, ici. La situation a des répercussions sur notre sécurité et notre défense, sur notre économie et notre mode de vie.
Le Canada a des intérêts et une présence dans le monde entier. Nous devons donc faire face à ces défis mondiaux, mais ce faisant, nous ne devons jamais perdre de vue la tâche la plus importante. Dans la politique de défense publiée le mois dernier, le premier ministre et moi-même avons essayé d’expliquer très clairement que la défense du Canada, des Canadiens et des Canadiennes est la tâche numéro un de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes. Cette tâche implique notamment de protéger chaque parcelle de la souveraineté du Canada, en particulier dans les régions arctiques et nordiques.
Pendant des décennies, notre sécurité dans l’Arctique a été assurée par sa géographie, mais les changements climatiques et les technologies émergentes rendent la région plus accessible. L’été dernier, des incendies dévastateurs ont ravagé le Nord. Des communautés ont été mises en péril et des villes entières ont été forcées d’évacuer. Ces catastrophes naturelles entraînent une augmentation des demandes d’aide de la part des Forces armées canadiennes. Depuis 2010, les opérations des Forces armées canadiennes en réponse aux catastrophes nationales ont approximativement doublé tous les cinq ans. En même temps, l’Arctique canadien se réchauffe quatre fois plus vite que la moyenne mondiale, ce qui le rend plus accessible et plus attrayant pour nos concurrents.
Comme nous l’avons dit dans notre dernière politique de défense, nous pensons que d’ici 2050, l’océan Arctique pourrait devenir la route maritime la plus efficace entre l’Europe et l’Asie. Bien que nous ayons cherché à gérer l’Arctique de manière coopérative, la Russie et la Chine investissent aujourd’hui dans de nouvelles infrastructures et capacités dans cette région. Ces deux pays considèrent l’Arctique comme un élément clé pour étendre leur influence, et ils ont montré leur volonté de travailler ensemble. La plupart des États investissent dans des technologies militaires nouvelles et émergentes, comme les missiles de croisière à longue portée, les sous-marins modernes et les armes hypersoniques qui se déplacent plus rapidement et sont plus difficiles à détecter.
Vous vous souviendrez que l’année dernière, un ballon de surveillance chinois a violé notre souveraineté et nous constatons qu’un nombre croissant de plateformes de surveillance et de navires de recherche à double usage chinois s’aventurent dans notre région. Pour faire face à ces menaces, je tiens à vous dire que nous avons du pain sur la planche. Nous avons réellement beaucoup de travail à faire. C’est la raison pour laquelle le Canada investit les plus grandes sommes d’une génération dans la modernisation du NORAD. Grâce à un investissement de près de 40 milliards de dollars annoncé en 2022, nous moderniserons la contribution du Canada au NORAD afin que les Forces armées canadiennes puissent défendre notre pays, notre continent et notre population en partenariat et en étroite collaboration avec les États-Unis.
Nous renforçons notre engagement en faveur de l’extraordinaire partenariat de défense entre le Canada et les États-Unis. Il s’agit d’une relation unique au monde. Le partenariat comporte la mise en place d’un nouveau radar transhorizon arctique qui améliorera considérablement notre capacité de détecter les menaces en provenance du Nord. Cette mise en place se fera en étroite coordination avec les États-Unis. Nous avons l’intention de construire plusieurs radars transhorizon interopérables dans nos deux pays afin de permettre à nos décideurs d’avoir une image précise à 360 degrés des menaces imminentes. Nous modernisons également nos infrastructures dans des endroits comme Inuvik, Yellowknife, Iqaluit et Goose Bay et nous le faisons, bien sûr, en consultation avec les partenaires autochtones et du Nord.
Au-delà de la modernisation du NORAD, nous allons également investir dans des capacités avancées pour les Forces armées canadiennes afin qu’elles puissent mieux défendre notre pays et notre continent. Au cours des 18 derniers mois, nous avons signé des contrats pour environ 140 nouveaux aéronefs pour l’Aviation royale canadienne. Je tiens d’ailleurs à remercier le général Kenny et son équipe pour leur leadership et leur engagement passionné.
Ces nouveaux aéronefs sont notamment une nouvelle flotte de 88 F-35, jusqu’à 16 avions multimissions P-8 Poseidon, des drones et des avions-citernes. Comme l’a récemment déclaré le commandant de la Force aérienne, nous n’avons pas connu un tel niveau de modernisation et d’investissement dans l’Aviation royale canadienne depuis la Seconde Guerre mondiale. Un tel investissement aurait dû être fait depuis longtemps, est nécessaire et va se concrétiser. La plupart de ces nouvelles plateformes atteindront leur capacité opérationnelle initiale entre 2026 et 2030. Comme vous le savez certainement, nous investissons également dans de nouveaux navires de patrouille extracôtiers et de l’Arctique et, dans les mois à venir, nous commencerons la construction des navires de combat de surface canadiens.
Ces plateformes renforceront notre contribution à la défense continentale et permettront une plus grande interopérabilité avec les États-Unis, car en cette ère de perturbation et de désordre, nous devons être en mesure de collaborer en toute transparence avec les États-Unis. Nos technologies doivent s’adapter les unes aux autres. Nous devons pouvoir communiquer et prendre des décisions rapides ensemble. Nous avons besoin d’un front uni et intégré, l’objectif réel de la modernisation du NORAD. Il s’agit de faire en sorte que le Canada puisse respecter ses obligations à l’égard de son partenaire continental, en parallèle avec les États-Unis, pour les années à venir. Ce faisant, nous contribuons également à la défense des flancs nord et ouest de l’OTAN. Bien sûr, j’ai su cela dès mon premier jour en poste — d’ailleurs, le meilleur poste du gouvernement canadien. Je veux vous dire à tous et à toutes que nous allons faire plus, mais que nous devons aussi faire beaucoup plus.
Vous m’avez souvent entendu le dire, le monde a changé, comme nous le disons depuis la publication de notre politique de défense Protection, Sécurité, Engagement, en 2017. La nouvelle politique expose notre plan visant à renforcer les bases des Forces armées canadiennes et à acquérir de nouvelles capacités pour faire face aux menaces d’un monde en évolution rapide. Pour renforcer les investissements annoncés en 2017, nous nous engageons à verser 8,1 milliards de dollars supplémentaires sur cinq ans et 73 milliards de dollars sur 20 ans dans le cadre de la mise à jour de la politique Notre Nord, fort et libre. D’ici 2029-2030, nous prévoyons que nos dépenses en défense atteindront 1,76 % du PIB. C’est évidemment moins de 2 %, mais ce montant est presque le triple des dépenses en défense depuis 2015, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir.
L’année prochaine, nos dépenses de défense augmenteront de 27 % par rapport à cette année. Nous sommes sur une trajectoire ascendante et j’ai pu donner à nos alliés la garantie que nous savons que nous devons faire plus. Au Canada, nous ne publions pas de documents politiques ambitieux. Je n’ai pas le droit d’annoncer que je vais faire quelque chose si l’argent n’est pas déjà réservé au ministère des Finances. Cependant, nous savons, et nous l’avons reconnu, et comme le premier ministre l’a reconnu à plusieurs reprises, nous savons que nous devons faire plus. Je parlerai un peu maintenant de certaines de ces choses que nous devons faire et qui, j’en suis convaincu, nous mettront sur la bonne voie pour atteindre ces 2 % et les dépasser à l’avenir.
En effet, si l’on additionne tous les investissements réalisés, comme je l’ai dit, nous avons presque triplé notre financement en matière de défense et nous faisons un choix clair et stratégique dans cette mise à jour de la politique pour nous concentrer sur la défense du Canada et de l’Amérique du Nord. Alors que l’évolution du paysage physique et géopolitique de la région crée de nouvelles menaces et vulnérabilités, je crois que notre tâche la plus importante est d’affirmer et de défendre la souveraineté du Canada dans l’Arctique et le Nord.
La nouvelle politique définit de nouvelles capacités avancées pour renforcer la sécurité du Canada dans l’Arctique et le Nord, notamment la surveillance des océans le long de nos côtes, y compris dans l’Arctique, qui nécessitera des capteurs maritimes spécialisés. Cela signifie assumer une meilleure posture pour détecter une gamme croissante de menaces sous-marines sophistiquées. Pour mieux affirmer notre souveraineté et répondre aux catastrophes nationales, nous nous dotons d’une capacité moderne d’hélicoptères tactiques. Pour améliorer notre capacité de détection, de dissuasion et d’intervention relative aux menaces, nous construirons une nouvelle station satellite au sol dans l’Arctique afin de communiquer ces menaces à nos alliés aux États-Unis et ailleurs.
Pour assurer une présence militaire plus importante tout au long de l’année dans le Nord, ainsi que pour surveiller tout le Nord du Canada, le sécuriser et y mener des opérations, nous y mettons en place une série de centres de soutien opérationnel. Nous entamons également le processus d’acquisition d’aéronefs d’alerte lointaine, une toute nouvelle capacité pour l’Aviation royale canadienne. Ainsi sera améliorée notre capacité de détecter, suivre et hiérarchiser les menaces aériennes plus rapidement et de garantir une intervention plus rapide et mieux coordonnée avec les États-Unis au besoin. Nous étudions également les possibilités de créer une nouvelle flotte de véhicules tout-terrain et de regrouper tous ces investissements. Nous voulons faire en sorte que les Forces armées canadiennes soient plus présentes, plus accessibles, plus mobiles et plus réactives dans tout le Nord.
De plus, nous finançons un projet visant à acquérir des capacités de missiles de longue portée basés au sol afin de dissuader les menaces pesant sur le Canada et l’Amérique du Nord. Nous investissons des sommes considérables pour mettre en place un nouveau commandement cybernétique des Forces armées canadiennes. Il collaborera avec le Centre de la sécurité des télécommunications, une capacité interarmées de cyberopération. Puis, comme nous l’avons indiqué dans notre document, nous étudions également […] et le langage que j’ai utilisé est prudent, mais je tenais à l’expliquer. Nous étudions des options pour une défense aérienne intégrée contre les missiles et nous étudions des options pour la surveillance sous-marine. Je veux être très clair, c’est ce que nous devons faire.
Une fois que nos fonctionnaires nous auront communiqué l’information et auront déterminé nos besoins, nous entamerons le processus de financement et de mise en œuvre de cette infrastructure essentielle pour protéger notre pays contre les drones, les missiles et les tirs d’artillerie. J’ai été très prudent lorsque j’ai indiqué dans notre document que nous étudions les possibilités de surveillance sous-marine. Ensuite, alors que nous faisions cette annonce, le premier ministre a été très clair. Nous achèterons des sous-marins. Nous devons acheter des sous-marins. Les sous-marins de la classe Victoria vieillissent et ne sont plus adaptés à leur fonction. Nous savons que nous devons acquérir cette capacité. Des travaux sont déjà en cours avec la Marine royale canadienne pour examiner nos besoins.
Je suis aussi en pourparlers avec les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni en ce qui concerne l’adhésion et la participation du Canada à des projets spécifiques en rapport avec le deuxième pilier de l’AUKUS. Depuis, le premier ministre a été si clair dans notre intention d’acquérir des sous-marins que des pays du monde entier ont manifesté leur souhait de travailler avec le Canada. Je pense que cela crée une véritable occasion non seulement pour notre pays, mais aussi pour notre industrie. Je tiens à vous assurer qu’il y a encore du travail à faire, et beaucoup, beaucoup à accomplir.
Dans l’ordre, si vous lisez la politique, je pense que nous avons deux tâches très importantes à réaliser. D’abord, mettre rapidement en œuvre les projets financés. L’un des grands défis d’un ministre de la Défense dans n’importe quel pays, et certainement dans ce pays, est de relever deux grands défis. Le premier consiste à obtenir l’argent et le second, à le dépenser. Il est difficile de croire à quel point il est difficile de dépenser l’argent de la Défense. Chaque année, les Forces armées canadiennes, malgré des personnes formidables, réfléchies et passionnées par leur travail, sont confrontées à des difficultés pour passer les marchés.
Nous savons donc que nous devons déterminer et étudier des options pour ces projets afin de les mener à bien. Aussi, comme je l’ai déjà indiqué, nous étudions nos options pour les projets qui ne sont pas encore entièrement financés, mais nous reconnaissons qu’il faut aller de l’avant. Ensuite, il faut faire le nécessaire pour les concrétiser. Rien de tout cela ne sera possible sans le principal atout des Forces armées canadiennes, c’est-à-dire les effectifs. Derrière chaque avion de chasse et chaque navire de patrouille extracôtier et de l’Arctique se trouvent les membres courageux et compétents des Forces armées canadiennes qui ont répondu à l’appel pour servir leur pays.
Les personnes en uniforme, soit les membres de la Force régulière et de la Force de réserve, y compris les Rangers canadiens, sont au cœur du maintien de la sécurité sur ce continent et de l’accomplissement de notre mission. J’ai rencontré certains d’entre eux récemment lors de ma visite à Yellowknife. Je voulais profiter de l’occasion pour les remercier de leur travail et être mis au courant de certains des défis auxquels ils sont confrontés. Toutefois, la réalité, évidente autant pour eux que pour nous, est que nous aurons besoin de plus de personnes et que nous en aurons besoin rapidement. Je l’ai déjà dit et je vais devoir le répéter souvent, je suis pressé de faire les choses. Nous ne pouvons pas continuer à avancer au même rythme que nous l’avons toujours fait. Je pense que la séance d’information sur les menaces d’aujourd’hui l’a souligné, et tout le monde dans cette salle est d’accord pour dire que notre travail est urgent et que nous devons aller de l’avant.
J’ai longuement parlé du problème de recrutement, mais nous avons également un problème d’enrôlement. Il ne s’agit pas seulement de faire entrer de bonnes personnes dans l’organisation. Soixante-dix mille personnes ont posé leur candidature aux Forces armées canadiennes l’année dernière, et un peu plus de 4 000 ont franchi les étapes de nos procédures rigoureuses. Ce n’est pas suffisant. Plus de 20 000 résidents permanents ont postulé auprès des Forces armées canadiennes l’année dernière, et moins de 100 d’entre eux ont franchi les étapes de nos procédures jusqu’à présent. Qu’ils soient citoyens canadiens ou résidents permanents, une chose est sûre : lorsque nous disons aux Canadiens et aux Canadiennes qu’ils ont la possibilité de servir leur pays, ils répondent à l’appel. Par contre, s’ils ont également postulé à quatre ou cinq autres endroits et que nous ne les rappelons pas pendant 14 à 16 mois, ils sont certainement passés à autre chose.
Nous allons donc devoir aller vite et nous améliorer dans ce domaine. Mon travail, très franchement, est d’autoriser les mesures nécessaires pour que cela se produise. Nous nous sommes engagés à mettre en place des mesures novatrices en matière de recrutement et de maintien en poste, nous revoyons nos processus de sélection et de contrôle médical, et ne vous méprenez pas, ces processus sont vraiment, vraiment importants. Je n’ai aucunement l’intention de réduire ces exigences rigoureuses, mais je ne suis pas sûr que quelqu’un ait besoin d’une autorisation pour obtenir des informations très secrètes le premier jour de l’instruction élémentaire, alors qu’en réalité, nous leur apprenons seulement à marcher et à tirer.
Je propose donc de créer une période probatoire afin de permettre à un plus grand nombre de Canadiens et de Canadiennes de porter l’uniforme plus rapidement, de les former, de s’assurer qu’ils sont aptes à s’engager dans les Forces armées canadiennes et d’aller de l’avant. Les membres des Forces armées canadiennes nous ont également clairement fait part de la nécessité de réaliser de nouveaux investissements dans le logement, la garde d’enfants et l’amélioration des infrastructures. Veiller à soutenir les hommes et les femmes qui choisissent de servir ainsi que leurs familles est également une tâche d’une importance cruciale pour nous.
Outre le personnel en uniforme, il sera également important de renforcer considérablement notre expertise interne en matière de fonction publique, car nous avons besoin des fonctionnaires pour mener à bien tous les projets visant à mettre de nouveaux équipements à la disposition de nos troupes et à nous assurer que nous pouvons mener à bien notre mission. Je tiens également à vous assurer que, lorsque nous investissons dans le Nord, nous ne pouvons pas le faire seuls et que nous n’avons pas l’intention de le faire. Le renforcement de notre défense continentale et l’affirmation de notre souveraineté dans le Nord dépendent de la collaboration avec les communautés autochtones et nordiques.
Cent cinquante mille Canadiens et Canadiennes vivent dans le Nord. Les populations autochtones y vivent depuis des temps immémoriaux. Leur expertise et leur connaissance du terrain sont essentielles. Ces consultations ne sont pas faciles. Toutefois, elles sont absolument nécessaires et nous avons la volonté d’établir une relation significative avec les communautés autochtones et nordiques parce qu’elles peuvent contribuer aux investissements dans la région et en bénéficier, notamment grâce à la modernisation du NORAD. Je discute également avec les trois premiers ministres du Nord et je retourne à Iqaluit cette fin de semaine pour m’entretenir avec eux. Leur collaboration et leur soutien seront également d’une importance capitale.
Je répète que ces investissements de défense dans le Nord vont créer de bons emplois et des possibilités de développement économique pour les habitants du Nord. Plus particulièrement, grâce à cette politique de défense, nous créons d’importantes possibilités de construction d’infrastructures polyvalentes dans le Nord. Des choses comme des autoroutes, des centrales électriques, des usines de traitement de l’eau, des communications par fibre optique, dont tous les résidents de ces régions pourront profiter et qui soutiendront nos opérations sur place. Nous allons consulter nos partenaires nordiques et autochtones pour nous assurer que nous maximisons les avantages des infrastructures, car ce n’est que par la collaboration que nous pourrons renforcer notre sécurité continentale. Il faudra également renouveler nos relations avec l’industrie de la défense du Canada, dont beaucoup de représentants sont présents dans cette salle.
L’innovation issue de notre infrastructure industrielle de défense est essentielle au renforcement de nos capacités militaires et au maintien d’une avance technologique sur nos adversaires. Dans un monde où les progrès rapides de la technologie modifient le visage des conflits et la nature des menaces auxquelles nous sommes confrontés, soit nous restons en tête, soit nous prenons du retard. C’est la raison pour laquelle, lorsque je suis devenu ministre de la Défense, je me suis efforcé de rencontrer nos partenaires de l’industrie pour entendre leurs idées, mais aussi pour mieux comprendre comment nous pouvons soutenir cette industrie qui apporte près de 12,6 milliards de dollars à l’économie canadienne et soutient 78 000 bons emplois dans notre économie, au Canada, l’année dernière seulement.
J’espère, comme je l’ai dit au début, que vous avez vu des éléments de vos intérêts dans notre document de politique, parce que, comme je le pense très sincèrement et comme je vous l’ai dit plus tôt, nous n’élaborons pas seulement une politique de défense ou même une bonne politique étrangère, c’est une politique industrielle. Il s’agit d’une politique nationale visant à améliorer le Canada. Les partenaires de l’industrie que j’ai rencontrés et les très bonnes organisations qui les représentent m’ont dit très clairement qu’ils avaient besoin de clarté et de certitude de la part du gouvernement canadien. Je vais vous donner un exemple.
Nous leur avons parlé d’augmenter l’approvisionnement en munitions fabriquées au Canada et de moderniser notre équipement avec les technologies les plus récentes, et l’industrie nous a dit qu’elle avait besoin de deux choses de notre part. Elles ont besoin d’un investissement dans leur industrie pour créer de nouvelles lignes de production et sécuriser les chaînes d’approvisionnement et elles devaient aussi avoir la certitude de disposer d’un financement accordé suffisant pour pouvoir conclure des contrats à long terme. Voilà ce dont elles ont besoin. J’espère que vous pouvez voir que c’est ce que nous avons fait dans ce document.
Nous collaborerons avec l’industrie. Nous collaborerons avec elle pour augmenter la production et l’approvisionnement de ces munitions, nous rendrons notre chaîne d’approvisionnement plus résistante et nous examinerons le système d’approvisionnement de la défense du Canada. Nous devons trouver de nouveaux moyens novateurs pour fournir plus rapidement l’équipement dont nos forces armées ont besoin, tout en soutenant l’industrie canadienne. Et vous savez aussi bien que moi que la protection de notre pays, de notre continent et de notre population nécessite une approche d’équipe. L’ensemble de l’industrie militaire canadienne fait partie de cette équipe. Nous devons travailler ensemble. Nous avons donc l’intention de modifier notre façon de travailler avec l’industrie, les innovateurs et les chercheurs, afin d’établir les partenariats dont nous avons besoin et de soutenir une infrastructure industrielle de défense plus innovante.
L’une des choses que j’ai apprises en mettant à jour la politique de défense publiée en 2017, c’est que beaucoup de choses ont changé. Il était donc nécessaire, sept ans plus tard, d’actualiser cette politique. Sept ans plus tard, dans un monde qui évolue si rapidement, c’est cependant trop long. Nous avons donc intégré dans cette politique la nécessité d’une mise à jour continuelle de la politique industrielle. Nous nous sommes donc engagés à le faire tous les quatre ans, en accord avec notre politique de sécurité nationale, étroitement liée à ce travail.
Nous avons l’intention d’actualiser cette politique pour qu’elle s’inscrive dans une nouvelle stratégie de sécurité nationale. Je tiens d’ailleurs à vous assurer que nous devons commencer dès maintenant à recueillir vos commentaires et à vous consulter, pour nous assurer qu’à mesure que nous progressons, nous avançons ensemble et que la politique de défense du Canada s’harmonise avec vos aspirations et vos capacités.
Comme nous avons essayé de l’expliquer clairement, la défense du Canada et de la population canadienne est notre tâche la plus importante. Je tiens à vous assurer que c’est une tâche que je prends très au sérieux, car les menaces auxquelles nous sommes confrontés ici, chez nous, comme vous l’avez entendu ce matin, évoluent rapidement. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous attaquer de front à ces défis. Il est clair que nous investissons dans la défense nationale et que nous augmentons nos investissements. Je voudrais également vous dire que, parce que vous avez participé à cet effort au cours des derniers mois, lorsque j’ai assumé mes fonctions l’été dernier, l’une des choses qui m’ont semblé évidentes, c’est que les Canadiens et Canadiennes n’avaient pas la ferme volonté d’investir de manière significative dans la défense nationale. Voilà pourquoi nous nous sommes efforcés de faire évoluer la situation.
Je ne crois pas qu’il faille effrayer les gens. Je ne crois pas qu’il faille aller voir les Canadiens et Canadiennes et les effrayer, mais en même temps, nous devons les sensibiliser à l’environnement de risque. Où sont les défis pour les personnes qui ont choisi de servir et de défendre notre pays, à la fois en uniforme et dans nos industries? Où ont-elles besoin du soutien des Canadiens et des Canadiennes pour mener à bien leur mission? Au cours des derniers mois, nous avons eu une conversation très importante dans ce pays. J’ai essayé de faire ma part pour qu’il soit bien clair que nous devons faire plus, que nous avons besoin de faire plus, que nous ferons plus.
Finalement, ce que je peux vous dire, c’est que grâce à notre plaidoyer collectif, le nombre de Canadiens et de Canadiennes qui soutiennent aujourd’hui l’idée de consacrer plus d’argent à la défense a plus que doublé, et ce, uniquement au cours des huit derniers mois. Ce n’est pas rien, pour quelqu’un qui travaille dans un environnement politique, vous avez besoin de ce genre de soutien de la part de la population pour convaincre le ministère des Finances que nous devons faire ces investissements. Il y a également une autre situation que nous suivons de près. Vous savez, je me souviens que, lorsque j’étais policier après les événements du 11 septembre, notre plus proche allié, ami et partenaire, les États-Unis, s’inquiétait vraiment de la sécurité de l’Amérique du Nord.
Je pense que les États-Unis ont une tendance naturelle, tout à fait compréhensible, à vouloir adopter une approche qui s’apparente à la forteresse des États-Unis. Mon travail, notre travail, c’est de faire en sorte que cette approche soit remplacée par la forteresse de l’Amérique du Nord, que nous montrions à notre allié le plus proche, à nos amis et partenaires les plus chers, que nous sommes mobilisés dans la défense de ce continent et de nos deux pays. Nous le faisons par la modernisation du NORAD, nous le faisons grâce à des investissements dans la défense et la souveraineté de notre propre Nord.
Je tiens également à vous assurer que personne, je l’espère, ne pensera qu’il s’agit d’une diminution de notre engagement envers l’OTAN ou l’Indo-Pacifique. Il s’agit là d’alliances importantes et le Canada est et sera prêt à jouer son rôle, mais pour être forts dans le monde, nous devons être forts chez nous. Je crois donc que les Canadiens et Canadiennes soutiennent désormais fermement les investissements que nous devons faire dans les Forces armées canadiennes et dans la défense nationale. Cependant, ils attendent aussi de nous tous, et certainement de moi, que nous dépensions leur argent intelligemment. Ils veulent s’assurer que leur argent durement gagné est un investissement qui produit une véritable valeur publique dans leur intérêt, pour la défense de leur pays.
Ils nous observent donc attentivement, comme il se doit. Ils observent notre manière de dépenser leur argent et s’assurent que nous suivons les processus appropriés, que nous sommes rigoureux et attentifs à la manière de dépenser leur argent, mais ils veulent aussi que nous allions de l’avant et que nous fassions le travail. Ils veulent s’assurer que nous créons ces capacités aussi rapidement et efficacement que possible et que nous tenons nos engagements. Alors, lorsque nous dépensons l’argent durement gagné de leurs impôts, ils veulent savoir que nous ferons les choses correctement, et pour y parvenir, j’aurai besoin de votre aide.
Je conclurai donc mon allocution en vous disant que je suis très reconnaissant d’avoir pu m’adresser à vous aujourd’hui. Comme je l’ai dit, lorsque j’ai obtenu ce poste, le secrétaire à la Défense des États-Unis m’a appelé et m’a dit que j’avais maintenant le poste le plus difficile du gouvernement, mais que c’était le meilleur poste. Cela s’est avéré exact chaque jour où j’ai occupé ce poste. J’ai l’occasion de travailler avec certains des Canadiens et des Canadiennes les plus extraordinaires, les plus engagés, les plus dévoués et les plus patriotes qui soient. Je travaille, j’apprends et je comprends les exigences de l’industrie parce que je crois que nous avons le même objectif.
Je pense donc que si nous travaillons bien ensemble, nous pouvons y arriver. Je ne me fais pas d’illusions sur le fait que tout peut être fait rapidement, car tout prend du temps dans ce métier, mais en même temps, il faut bien commencer. Nous devons pouvoir aller de l’avant. Nous devons montrer à la population canadienne que nous sommes capables de faire les choses correctement afin de les soutenir et de leur donner confiance, et ce n’est que si nous le faisons ensemble que nous pourrons atteindre cet objectif.
Je vous remercie beaucoup. J’attends avec impatience vos questions.
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