Allocution du ministre de la Défense nationale lors du Dialogue sur la défense à Séoul
Discours
Le 11 septembre 2024
Ministre Kim,
Amiral Bauer,
Vos Excellences,
Chers collègues et amis,
Bonjour à tous.
C'est un immense privilège pour moi d’être des vôtres aujourd’hui à l’occasion du Dialogue sur la défense à Séoul dans le cadre de mon premier voyage officiel en Corée.
Tout d’abord, merci de votre chaleureux accueil et de votre généreuse hospitalité, Ministre Kim, ainsi que de votre leadership aujourd’hui durant ce très important Dialogue sur la défense à Séoul, mais aussi hier lors de la réunion des ministres du Commandement des Nations Unies
Amiral Bauer, je profite de l’occasion pour vous remercier de votre leadership exemplaire au sein du Comité militaire de l’OTAN et de votre contribution à l’Alliance.
Comme vous l’avez entendu et compris, mes co-panélistes et moi provenons de trois régions bien différentes du monde.
Mais en dépit de la distance et de nos différences culturelles, nous avons un objectif commun : celui de préserver l’ordre international fondé sur des règles ayant apporté la paix, la stabilité et la prospérité à tous nos peuples.
Et je crois que le Canada a un rôle unique à jouer pour y parvenir, car il est à la fois un pays de l’Atlantique, de l’Arctique et du Pacifique.
Par exemple, notre côte du Pacifique s’étend sur quelque 25 000 kilomètres, et nos liens sur le plan des affaires et de la sécurité avec les pays de cette région sont vitaux, solides et grandissants.
Le Canada entretient des liens particulièrement étroits avec la République de Corée.
Environ 26 000 Canadiens ont servi sur le territoire coréen pendant la guerre de Corée, qui constitue le troisième conflit le plus sanglant de notre histoire.
Et depuis les tous débuts, nous avons fait partie du Commandement des Nations Unies contribuant à faire respecter l’accord d’armistice coréen et œuvrant à l’instauration d’une paix durable.
Des membres des Forces armées canadiennes s’entraînent aussi régulièrement aux côtés de militaires coréens lors d’exercices régionaux, dont l’exercice Rim of the Pacific, qui s’est tout juste conclu le mois dernier.
La Corée est aussi devenue l’un des principaux partenaires commerciaux du Canada dans l’Indo-Pacifique, ainsi que notre troisième plus grand partenaire régional au chapitre du matériel de défense.
Je crois très sincèrement qu’il nous reste beaucoup à accomplir ensemble, et c’est pourquoi nous continuons d’aller de l’avant avec notre Plan d’action pour la mise en œuvre du partenariat stratégique entre le Canada et la Corée, qui prévoit notamment d’explorer d’autres possibilités de collaboration entre nos industries de la défense.
Je suis très heureux qu’en 2022, nos pays aient reconduit un protocole d’entente sur la coopération en matière de matériel de défense de coopération en matière de matériel de défense et que nous voyions au quotidien les liens croître entre nos secteurs industriels de la défense.
De tels rapports, et ceux que favorise l’actuel dialogue sont essentiels lors des périodes de plus en plus difficiles.
Comme nous le savons tous, le monde dans lequel nous vivons est devenu bien plus dangereux ces dernières années.
Plusieurs crises, dont l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie et le conflit entre Israël et le Hamas au Moyen-Orient, témoignent des défis auxquels l’ordre fondé sur des règles fait face dans le monde d’aujourd’hui.
Ici dans l’Indo-Pacifique, on constate que la Chine se livre à la militarisation la plus rapide jamais observée dans un pays depuis la Seconde Guerre mondiale et qu’elle semble chercher à refaçonner le système international pour servir ses propres intérêts.
Comme nous l’avons vu ces derniers mois, la Chine menace la liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale, une voie navigable cruciale pour la prospérité régionale et mondiale. Il lui est arrivé à quelques reprises d’entraver dangereusement le passage de vaisseaux philippins.
La Chine aspire manifestement et ouvertement à s’unir à Taïwan, et nous croyons très fermement que toute instabilité dans le détroit de Taïwan aurait un effet dévastateur sur l’économie mondiale.
Plus près de notre pays, la Chine a déployé un nombre grandissant de navires de recherche qui servent aussi de plateforme de surveillance et recueillent des données sur l’Arctique et le Nord canadien.
Dans l'Arctique, nous observons que la Chine travaille fort à accroître sa présence économique et militaire, en coopération avec la Russie.
Il est évident qu’en matière de sécurité, les intérêts chinois pourraient diverger de plus en plus des nôtres. Je pense toutefois qu’il est essentiel d’éviter les malentendus. Des communications claires avec la Chine sont vitales, et j’ai saisi l’occasion en juin dernier de tenir une première rencontre en plus de onze ans entre un ministre canadien de la Défense et son homologue chinois.
Durant l’échange, j’ai eu la possibilité d’exprimer clairement que l’ingérence étrangère ne peut être tolérée et soulevé des préoccupations quant aux activités militaires de la Chine autour de Taïwan.
Nous avons pu convenir tous les deux que le dialogue et la coopération s’imposaient pour éviter les conflits.
Dans une même veine, nous sommes conscients de la menace continue que pose la Corée du Nord.
…notamment l’assemblage et la mise à l’essai de missiles balistiques et d’armes de destruction massive auxquelles procède la RPDC.
Le Canada condamne ces actions sans équivoque.
Nous avons réagi en imposant des sanctions à la Corée du Nord, qui s’ajoutent à celles du Conseil de sécurité de l’ONU; les Forces armées canadiennes veillent à leur respect dans le cadre de l’opération NEON.
Malgré les efforts de la Russie pour nuire à notre travail en opposant leur veto au renouvellement du comité d’experts des Nations Unies chargé d’assurer le suivi et le signalement des tentatives de contournement, le Canada continuera de surveiller les violations des sanctions par la RPDC en coopération avec tous nos partenaires internationaux.
Nous appelons la Corée du Nord à mettre un terme à ces programmes et à ses autres activités belliqueuses, à respecter de nouveau le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et à entamer le dialogue avec la communauté internationale.
Nous sommes aussi inquiets du resserrement des liens qu’entretiennent la Chine et la Corée du Nord avec la Russie et qui soutiennent son invasion illégale de l’Ukraine.
Nous continuerons de leur reprocher leur recours à la désinformation et des cyberactivités malveillantes qui menacent notre infrastructure fondamentale, créent la méfiance et alimentent le doute à l’égard de nos plus importantes institutions.
Face à ces menaces, les liens unissant le Canada et nos partenaires dans l’Indo-Pacifique importent plus que jamais, et c’est pourquoi le Canada a lancé sa Stratégie pour l’Indo-Pacifique en 2022.
Cette stratégie sert de feuille de route essentielle pour nos futures activités dans la région. Elle établit clairement que nos partenaires et alliés peuvent s’attendre à notre présence accrue dans cette région du monde.
Nous devons montrer que nous sommes un partenaire fiable et digne de confiance, et grâce à cette stratégie, notre présence militaire augmente dans l’Indo-Pacifique.
Pour la première fois depuis des décennies, nous avons déployé trois navires de guerre canadiens dans la région cette année et l’an dernier.
Cette présence accrue nous permettra de collaborer plus étroitement avec nos partenaires, notamment ici même dans le Pacifique Nord.
Tout récemment, le NCSM Vancouver a pris part à l’exercice PACIFIC VANGUARD.
Son équipage s’entraîne dans le cadre de cette mission avec des membres des marines coréennes, japonaises et américaines pour parfaire leurs compétences en matière d’opérations maritimes, de guerre anti-sous-marine, de guerre aérienne et de manœuvres militaires avancées.
En outre, dans le cadre de l’opération NEON, nous déployons des navires et des aéronefs pour surveiller l’application des sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord, en collaboration avec des militaires d’autres pays du Pacifique aux vues similaires.
En s’entraînant et en travaillant ensemble, nos militaires acquièrent de nouvelles compétences utiles et resserrent les liens entre eux.
De même, en tant que l’un des 18 États membres du Commandement des Nations unies, le Canada continuera à faire sa part pour maintenir la stabilité et la sécurité dans la péninsule coréenne.
Nous appuyons cette mission depuis ses débuts en 1953, et des membres des Forces armées canadiennes contribuent à faire respecter l’accord d’armistice et à accroître la dissuasion depuis la mise sur pied du Commandement il y a 71 ans.
Nous avons joué divers rôles essentiels, servant notamment directement sur la ligne de front de la zone démilitarisée pour le compte de la Commission de l’armistice militaire.
Et pour la deuxième fois, c’est un officier canadien, actuellement le lieutenant-général Macaulay, qui sert à titre de commandant adjoint du CNU.
Notre présence accrue dans l’Indo-Pacifique doit être maintenue; il faudra pour cela réaliser d’importants nouveaux investissements dans nos capacités.
Plus tôt cette année, j’ai publié une mise à jour de la politique de défense canadienne.
Dans le cadre de cette politique intitulée Notre Nord, fort et libre, nous avons ciblé l’Indo-Pacifique, l’Europe et l’Arctique comme principales régions d’intérêt stratégique pour nos forces armées.
Nous investissons près de 10 milliards de dollars dans le prolongement de la durée de vie de nos navires de guerre de la classe Halifax, afin de pouvoir continuer de les déployer ici, et nous avons aussi entamé la construction d’une nouvelle flotte de destroyers de la classe Fleuves et rivières et lancer un processus pour l’acquisition de jusqu’à 12 nouveaux sous-marins à propulsion classique pour la Marine royale canadienne.
Ces nouvelles capacités améliorées et nécessaires permettront au Canada de continuer à renforcer sa présence ici dans l’Indo-Pacifique, de faire sa part et de remplir ses obligations envers ses partenaires internationaux.
Elles nous permettront d’accroître notre interopérabilité avec nos plus proches partenaires et de continuer de contribuer à la dissuasion.
Notre intention est de garantir que le Canada demeure un partenaire fiable et précieux dans l’Indo-Pacifique et au-delà de ses frontières.
Nous sommes conscients que le monde a changé et continue d’évoluer à vive allure. Nous reconnaissons aussi que nous devons mettre les bouchées doubles, et nous le ferons.
C’est pourquoi le Canada s’est engagé à investir 2 % de son PIB dans la défense dans les plus brefs délais, à savoir d’ici 2032. Nous sommes tous plus forts aux côtés de partenaires qui partagent notre vision et nos valeurs face aux menaces qui se multiplient dans l’Indo-Pacifique et dans le monde.
Et en tant que fier pays du Pacifique et allié dévoué de l’OTAN, le Canada accorde une grande valeur à ses liens étroits avec d’autres pays ayant les mêmes aspirations.
Des pays comme la République de Corée, avec laquelle nous entretenons une précieuse amitié de longue date.
Nous traversons indéniablement une période d’incertitude.
Mais je crois que c’est aussi une période pleine d’opportunités et de possibilités.
Car nous sommes plus forts quand nous travaillons ensemble.
Quand les partenaires se montrent solidaires.
Quant au Canada, je vous donne ma parole à tous que nous maintenons notre engagement envers l’Indo-Pacifique et que nous sommes là pour rester et faire notre part.
Et j’ai la conviction qu’ensemble, nous saurons préserver une région Indo-Pacifique ouverte, libre et inclusive et défendre les règles internationales qui ont assuré notre sécurité pendant près de 80 ans.
Merci. Thank you.