Présentation des excuses des FAC pour la discrimination raciale et le harcèlement racial par l’adjudant-chef des Forces armées canadiennes
Discours
Ottawa (Ontario), le 30 octobre 2025
L’allocution prononcée fait foi.
Votre Excellence, distingués invités, membres des Forces armées canadiennes, ainsi que militaires affectés pour qui nous sommes rassemblés aujourd’hui.
Bonjour. Good afternoon. Kwey.
C’est avec humilité que je m’adresse à vous aujourd’hui, et aussi avec le cœur lourd, car je partage les profonds regrets qu’a exprimés notre chef d’état-major de la défense, la générale Carignan, mais également après avoir écouté les histoires relatées cet après-midi. Et nous n’avons entendu qu’une partie des histoires, puisque toutes les personnes ici présentes ont une histoire à raconter, et nous devrons finir par les entendre un jour.
En tant qu’adjudant-chef des Forces armées canadiennes, mon devoir est clair : je dois respecter et incarner les valeurs que nous avons promis de défendre.
Mais ce n’est pas tout. Il est de ma responsabilité de veiller à ce que chaque membre de nos Forces se sente vu, entendu, respecté et protégé.
Que chaque personne en uniforme sache qu’elle a sa place, que nos militaires sentent qu’ils peuvent, et qu’ils puissent, effectivement, être entièrement eux‑mêmes au travail, afin de réaliser tout leur potentiel et de servir dans un environnement fondé sur la confiance, la dignité, la sécurité, que ce soit sur le plan physique, émotionnel ou mental.
Aujourd’hui, nous avouons une triste vérité : pour beaucoup trop de personnes dans nos rangs, cela n’a pas été la réalité.
En tant qu’adjudant-chef des Forces armées canadiennes, je représente les militaires du rang supérieur, je représente et nos caporaux et nos soldats, et ensemble, nous formons l’épine dorsale des Forces armées canadiennes.
Et en notre nom, je vous dis ceci : nous reconnaissons que le racisme et la discrimination ont causé des torts réels.
Comme on a vu cet après-midi dans les témoignages, des militaires ont été rabaissés et bouleversés, des occasions leur ont été refusées. Le lien de confiance a été brisé et des carrières remplies de promesses et de possibilités ont été écourtées.
Malheureusement, ce ne sont pas des incidents isolés.
Ce sont les symptômes d’un problème beaucoup plus profond : un échec systémique qui persiste depuis beaucoup trop longtemps.
Cela a affaibli notre unité, cela a compromis notre mission.
Certains de ces torts se sont produits dans le silence, à l’abri des regards, sauf pour celui de la victime, la personne affectée, et l’agresseur, le répondant.
D’autres ont eu lieu plus ouvertement, mais ont été tolérés. Ou pire encore, ont été excusés.
Vous avez vécu une terrible injustice que vous n’auriez jamais dû vivre.
Vous avez été abandonnés, vous avez subi des actes racistes par omission et par commission, à cause du racisme systémique qui a pu grandir parce que vos dirigeants n’ont pas fait ce qu’il fallait pour y faire face. Pour le condamner. Ou pour y mettre fin.
C’est nous qui vous avons failli. Ce n’est pas vous.
Vous n’auriez jamais dû avoir à porter ce fardeau.
Et nous savons que cela n’a pas seulement eu des répercussions sur vos carrières. Cela a eu des répercussions sur votre santé mentale, cela a eu des répercussions sur vos familles, sur vos amitiés et sur vos collectivités entières, et, dans certains cas, cela a duré beaucoup, beaucoup trop longtemps.
Au nom de la direction des Forces armées canadiennes, je vous présente mes excuses les plus sincères. Des excuses s’adressant à chaque militaire qui ont eu à faire face à du racisme. Des excuses s’adressant à chacun d’entre vous qui avez été victimes de discrimination. Je suis tellement désolé pour ce que vous avez eu à vivre et ce que vous avez dû subir.
Je suis désolé pour chaque fois où votre voix s’est heurtée au silence.
Je suis désolée pour chaque fois où on vous a donné l’impression d’être invisible.
Je suis désolée pour chaque fois où un autre militaire, souvent une personne occupant un poste de direction, a choisi de détourner le regard ou de fermer les yeux sur la situation.
Je suis désolé pour les affronts, le manque de respect qu’on a eu envers vous, les fois où vous avez été rejeté à cause de votre identité, les fois que votre loyauté a été remise en question.
Vous avez donné le meilleur de vous‑même à cette institution.
Vous avez donné le meilleur de vous-même à notre pays.
Et vous avez donné le meilleur de vous-même à vos équipes.
Et vous méritiez bien mieux que ce que vous avez reçu.
Toutefois, présenter des excuses, aussi importantes soient‑elles, ne suffit pas.
Pour réparer les torts causés, il faudra plus que des mots.
Il faudra que chacun d’entre nous, à tous les échelons, devienne plus informé, plus conscient et plus responsable.
Nous, en tant que dirigeants, devrons incarner les valeurs que nous prêchons, et nous devrons exiger la même chose de tous ceux autour de nous.
Cela nécessitera une transformation continue de notre culture, que ce soit dans nos salles de classe, dans nos aéronefs ou dans nos postes de commandement, dans chaque base, dans chaque escadre, à bord de chaque navire ou lors de chaque déploiement opérationnel.
Ce ne sera pas chose facile. Mais, comme la générale Carignan l’a mentionné, s’il existe une organisation à la hauteur de la tâche, c’est la nôtre, en raison de qui nous sommes et en raison des merveilleuses personnes que nous retrouvons lorsque nous nous rassemblons et éprouvons ce sentiment d’unité.
Cela signifie affronter de dures vérités.
Cela signifie avoir des conversations difficiles. Et s’engager à apporter des changements réels et mesurables.
Je suis très fier de porter cet uniforme.
Je suis tout aussi fier de servir dans les Forces armées canadiennes.
Et en présentant les excuses d’aujourd’hui, et les mesures qui doivent être prises, voici mon plus grand espoir : que tout membre des Forces armées canadiennes, peu importe qui il est ou d’où il vient, puisse dire la même chose un jour.
Merci.
Thank you.
Miigwetch.