Cadre conceptuel de la suicidalité

Plan d’action pour la prévention du suicide des Forces armées Canadiennes


Les FAC sont conscientes que la suicidalité est une réalité humaine complexe, multidimensionnelle « où se mêlent des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, culturels, spirituels, économiques et autres, ainsi que le milieu physique où vit la personne » (réf. A). La suicidalité résulte souvent de la combinaison d’un certain nombre de facteurs de risque s’amplifiant l’un l’autre, plutôt que d’un facteur unique. Vu la complexité de tous ces facteurs, il serait irréaliste de penser que les FAC puissent les maîtriser parfaitement ou les supprimer, voire éliminer le suicide. Nonobstant cette réalité, les FAC adoptent la position « qu’un seul suicide en est un de trop » et chercheront à maîtriser tous les facteurs de risque et de protection liés au suicide qu’elles seront en mesure de contrôler ou d’influencer.

Le PAPS des FAC s’inspirera notamment de la théorie interpersonnelle du suicide élaborée par Thomas Joiner (Interpersonal Theory of Suicide), qui tente d’expliquer ce qui pousse certaines personnes à un comportement suicidaire. D’après le modèle illustré à la figure 1 ci-dessous, trois éléments doivent se combiner pour créer la possibilité du suicide.

Théorie interpersonnelle du suicide

Figure 1

Figure 1. Théorie interpersonnelle du suicide (Thomas Joiner)

Diagramme de la théorie interpersonnelle du suicide. Trois cercles sécants :
1 - Sentiment de ne pas être connecté aux autres; 2 - Sentiment d’être un poids pour autrui; 3 - Compétence suicidaire.

Le sentiment d’appartenance est un besoin fondamental chez les humains. On estime, en effet, que de se sentir accepté par d’autres et intégré à une structure sociale est un besoin humain fondamental tout autant qu’une composante essentielle de la santé et du bien-être mentaux. L’isolement social devient donc un facteur de risque pour la suicidalité tandis que la connectivité sociale en devient un de protection.

Un autre besoin humain fondamental est celui de se sentir valorisé et utile. La conviction d’être un poids peut mener une personne à croire que ses proches « seraient mieux sans elle ». Des difficultés financières, des soucis médicaux, une incarcération ou une conjonction de problèmes divers peuvent fausser les perceptions, accroissant ainsi le risque de suicide.

D’après le modèle, les deux premiers éléments, à savoir le sentiment de ne pas être connecté aux autres et celui d’être un poids pour autrui, peuvent se combiner pour produire un « désir suicidaire » ou une idéation suicidaire. Ce désir ne suffit pas, cependant, pour mener au geste suicidaire ou à une tentative de suicide. La peur de mourir, y compris par suicide, est un instinct humain naturel et extrêmement puissant. Selon la théorie, une exposition répétée à des événements traumatisants, l’automutilation et l’idéation suicidaire peuvent désensibiliser et désinhiber une personne, augmentant ainsi le risque de comportement suicidaire. C’est peut-être pour cela que les antécédents de tentative de suicide sont le premier facteur prédictif de nouvelles tentatives. Par ailleurs, les membres de certaines professions, notamment les militaires, les policiers, les premiers intervenants et les chirurgiens, qui sont exposés au combat, à la douleur physique ou à des expériences traumatisantes, peuvent présenter un risque de suicide plus élevé.

La Théorie interpersonnelle du suicide offre un modèle utile pour comprendre le risque de suicide. Selon cette théorie, la réduction de la suicidalité ne peut s’obtenir par de simples interventions cliniques dans le domaine de la santé, mais suppose également des mesures préventives telle la promotion active du bien-être des membres des FAC tout en s’attaquant aux principaux facteurs de stress environnementaux, et cela dans une démarche systémique.

Conformément à cette approche, les FAC ont utilisé un modèle systémique de santé basé sur le modèle de l’Agence de la santé publique du Canada, qui décrit les 12 déterminants de base de la santé. Ces déterminants, représentés à la figure 2 ci-dessous, ont contribué à l’élaboration de la stratégie conjointe et du PAPS des FAC.

Figure 2

Figure 2. Les 12 déterminants de base de la santé

Roue des couleurs dans laquelle sont énumérés les 12 déterminants de base de la santé :
1 - Services de santé; 2 - emplois et conditions de travail; 3 - Éducation et alphabétisme; 4 - Environnements physiques; 5 - Réseaux de soutien social; 6 - Habitudes de santé et capacité d’adaptation personnelles; 7 - Environnements sociaux; 8 - Développement de la petite enfance; 9 - Patrimoine biologique et génétique; 10 - Culture; 11 - Statut financier et social; 12 - Sexe.

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