Rapport de consultation sur ce que nous avons entendu du Programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire

Sommaire

Au cours des dernières années, il est devenu évident que l’inconduite sexuelle est un problème de longue date au sein des Forces armées canadiennes (FAC)Note de bas de page 1. En réponse à cette réalité, il est de plus en plus nécessaire d’établir des services de soutien plus complets pour les personnes affectées par des traumatismes sexuels dans le cadre du service militaireNote de bas de page 2. À ce titre, un programme de soutien par les pairs axé sur les besoins des anciens et actuels membres des FAC est en phase d’élaboration afin de compléter la gamme de soutiens existants.

Des consultations avec des membres de la communauté des traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire ont eu lieu du 11 octobre au 12 novembre 2021. L’information recueillie lors de ces consultations vise à orienter l’élaboration et la conception du Programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire, tout en reconnaissant qu’il peut ne pas être possible de prendre en compte toute l’information communiquée lors des consultations. Le présent rapport résume les opinions et les idées communiquées par les membres de la communauté des traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire qui ont participé aux consultations.

Ce que nous avons entendu

Il y a un fort désir d’avoir un programme individualisé centré sur les victimes, qui mettent l’accent sur la prestation de plusieurs options de format de programme et qui offrent la flexibilité de passer d’un type de soutien à un autre. De plus, un jumelage efficace pour le soutien entre pairs, un jumelage de groupe et un programme sécuritaire, sans jugement, encourageant et confidentiel est primordial. Le programme doit être accessible dans plusieurs endroits à l’intérieur et à l’extérieur des installations militaires.

Les pairs aidants doivent être bien informés et comprendre l’environnement militaire, et être en bonne santé mentale, compatissants, empathiques, ouverts et considérés comme des égaux. Les pairs aidants doivent également être informés des traumatismes, recevoir une formation au soutien par les pairs, et avoir accès à des conseils de professionnels et recevoir leur soutien.

Un certain nombre d’obstacles potentiels à l’accès au programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire ont été relevés tout au long des consultations, notamment : les défis géographiques, la participation de la chaîne de commandement militaire, ainsi que la stigmatisation, la honte et la culpabilité.

De nombreuses personnes participantes ont indiqué la nécessité d’une large communication du programme et d’un examen attentif de l’image de marque du programme. Il a également été suggéré que le programme soit promu par les personnes dirigeantes des FAC, tant au début de la carrière militaire que pendant les phases de transition. Enfin, les personnes participantes ont indiqué que les FAC doivent favoriser la prévention de l’inconduite sexuelle, axée sur la promotion d’un dialogue ouvert, et la réduction du silence, de la peur, de la honte et de la stigmatisation.

Prochaines étapes

Suite à ce rapport, le Centre de soutien et de ressources sur l'inconduite sexuelle (CSRIS) et Anciens Combattants Canada (ACC) utiliseront les renseignements recueillis au cours du processus de consultation pour élaborer le modèle de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire. Le modèle continuera d'être examiné et mis à l’essai par le groupe de travail de la consultation sur le soutien par les pairs et le groupe consultatif de spécialistes en la matière dans le but ultime de lancer le Programme de soutien par les pairs en été 2022.

Contexte

Comme l’a fait observer Adam Cotter dans le rapport de Statistique Canada sur Les inconduites sexuelles dans la Force régulière des Forces armées canadiennes, 2018, l’inconduite sexuelle englobe un large éventail de comportements allant des blagues ou commentaires inappropriés ou non désirés à l’agression sexuelle, a tendance à affecter davantage les femmes que les hommes et constitue un problème auquel sont confrontées de nombreuses organisations. Plus récemment, une plus grande attention et une plus grande sensibilisation à ces comportements ont été mises en lumière par des mouvements mondiaux tels que #MeToo. En conséquence, il y a eu une augmentation des discussions sur la meilleure façon de prévenir ces comportements et de soutenir celles et ceux qui en ont été victimes ou qui ont été affectés par ceux-ci – à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du lieu de travail.

D’après les résultats de 2016 et 2018 du Sondage sur les inconduites sexuelles dans les Forces armées canadiennes mené par Statistique Canada, les taux signalés d’inconduite sexuelle sont demeurés constants. En 2018, environ 900 membres de la Force régulière et 600 membres de la Première réserve ont vécu de l’inconduite sexuelle au cours des 12 mois précédant l’administration du sondage. Ce n’était pas statistiquement différent de 2016, lorsque le sondage a été mené pour la première fois. En 2018, la proportion de femmes dans la Force régulière qui ont déclaré avoir été agressées sexuellement (4,3 % de la population) était environ quatre fois plus élevée que celle des hommes (1,1 %). Des résultats semblables ont été constatés en 2016. En 2018, la prévalence des agressions sexuelles était presque six fois plus élevée chez les femmes au sein de la Première réserve (7,0 %) que chez les hommes qui sont membres de la Réserve (1,2 %)Note de bas de page 3Note de bas de page 4.

Le soutien spécialisé par les pairs est l’une des interventions prioritaires les plus fréquemment demandées par les personnes survivantes d’inconduite sexuelle pendant le service militaire. La reconnaissance et la demande d’un Programme de soutien par les pairs pour les membres actuels et anciens des FAC qui ont vécu de l’inconduite sexuelle pendant le service militaire proviennent de diverses sources et ont persisté au fil du temps. Depuis la parution du rapport Examen externe sur l’inconduite sexuelle et le harcèlement sexuel dans les Forces armées canadiennes en 2015, les membres de It’s Just 20K (anciennement It’s Not Just 700 [INJ700]) ont demandé un Programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire. En 2016, le soutien par les pairs a été mentionné dans l’analyse des besoins des victimes réalisée par l’Équipe d’intervention stratégique des Forces armées canadiennes – Inconduite sexuelle, et c’est l’une des recommandations figurant dans la Stratégie de soutien aux personnes survivantes, un document élaboré à l’appui de l’Annexe N de l’Entente de règlement définitive concernant le recours collectif Heyder Beattie. En août 2020, le CSRIS et ACC ont soumis une proposition conjointe pour l’inclusion d’un Programme de soutien par les pairs dans le Plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe dirigé par Femmes et Égalité des genres Canada (FEGC). En réponse au besoin croissant d’établir des services de soutien plus complets pour les personnes affectées par des traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire, le gouvernement du Canada a lancé le processus d’élaboration d’un Programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire.

L’objectif du Programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire est d’offrir un accès équitable et durable à un soutien par les pairs en ligne et en personne aux membres actuels et anciens des FAC qui ont vécu de l’inconduite sexuelle au cours de leur service. Le Programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire comblera une lacune critique en offrant un soutien émotionnel et social aux personnes affectées tout en les sensibilisant aux ressources et services disponibles et en augmentant le sentiment d’autonomisation et d’auto-efficacité des personnes participantes, réduisant ainsi leur isolement, leur stigmatisation et leur honte, et contribuant à leur bien-être général et à leur rétablissement.

Le Programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire élargira les soutiens existants mis à la disposition des membres des FAC et des vétérans qui ont vécu de l’inconduite sexuelle pendant leur service. Le programme sera élaboré et livré conjointement par le MDN et ACC et opérationnalisé par le CSRIS. Une philosophie de conception centrée sur l’humainNote de bas de page 5 et axée sur les besoins de la communauté des traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire et qui reconnaît et respecte le préjudice moral subi par les personnes affectées par les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire réaffirmera le modèle de service.

Conformément à la philosophie de conception centrée sur l’humain, le CSRIS et ACC ont consulté des membres des FAC et des vétérans qui ont vécus de l’inconduite sexuelle pendant leur service pour obtenir des commentaires et des idées sur ce que le Programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire devrait inclure.

Processus de consultation

Les consultations ont été menées au moyen d’entrevues en ligne semi-structurées, individuelles et de groupe, dirigées par des membres du Groupe de travail de consultation sur le soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaireNote de bas de page 6, le Groupe consultatif de spécialistes en la matière sur le soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaireNote de bas de page 7, ainsi que des membres du CSRIS, qui ont également veillé à ce que la documentation appropriée soit saisie. Le processus de consultation a été guidé par neuf questions ouvertes (Annexe A) axées sur les principales caractéristiques d’élaboration du programme, notamment :

En vue d’atteindre un large éventail de personnes participantes, le CSRIS a envoyé des invitations à un large groupe de personnes affectées par ses réseaux et contacts établis. Au départ, 55 personnes ont exprimé leur intérêt à participer aux consultations sur le soutien par les pairs. Cependant, à la fin, des consultations officielles ont été menées auprès de 29 des 55 personnes participantes qui avaient initialement fait part de leur intérêt. Un certain nombre de raisons expliquent cette baisse de participation. Pour certaines personnes, le moment était une considération clé, tandis que d’autres estimaient qu’elles n’étaient plus en mesure de participer en raison de leur expérience traumatique ou de préjudices antérieurs, et de la possibilité que les entrevues déclenchent des émotions, et certaines n’ont pas répondu à l’invitation à participer.

Les neuf questions d’entrevue ont été fournies aux personnes participantes avant les consultations, et les personnes participantes avaient la possibilité de fournir des réponses écrites uniquement ou de soumettre des réponses écrites et de procéder soit à une entrevue individuelle, soit à une entrevue en petit groupe. Trois soumissions écrites, 25 entrevues individuelles et une entrevue en groupe ont eu lieu du 11 octobre au 12 novembre 2021.

Au cours des entrevues, les réponses des personnes participantes ont été documentées par des preneurs de notes. À la fin du processus de consultation, une approche de codage itératif a été utilisée pour résumer les réponses des personnes participantes communiquées dans les réponses écrites et les notes prises pendant les entrevues. Chaque réponse a été examinée ligne par ligne et systématiquement associée à un code descriptif. Les codes détaillés ont été examinés et regroupés en catégories de niveau supérieur pour résumer les réponses par sujet. Ce processus s’est poursuivi jusqu’à ce que les données soient organisées en groupes et sous-groupes significatifs permettant un résumé détaillé de toutes les contributions des personnes participantes. Lors de l’interprétation des données, il est important de noter la variation du niveau de détail dans les notes prises au cours des entrevues, ainsi que la fréquence de commentaires et d’idées similaires transmis par les personnes participantes. Par conséquent, le présent rapport utilise les descripteurs « la plupart », « beaucoup », « certains » et « peu » pour décrire la fréquence à laquelle les personnes participantes partagent un point de vue commun (Annexe B).

Les personnes participantes ont également été invitées à répondre à un sondage démographique non obligatoire avant les séances d’entrevue. Une ventilation des données démographiques se trouve dans les tableaux démographiques à l’Annexe C.

Ce que nous avons entendu

Les avantages du soutien par les pairs

Les personnes participantes ont fait part de plusieurs réflexions sur les avantages d’un programme de soutien par les pairs pour leur guérison et leur rétablissement, notamment :

Format du programme

Les personnes participantes ont fait part d’un certain nombre de points de vue liés au format/modèle de soutien par les pairs (par exemple, en personne ou en ligne, en groupe ou en tête-à-tête). Par exemple :

En plus des commentaires susmentionnés sur le modèle plus généralement, les personnes participantes ont également exprimé un certain nombre de réflexions concernant des modèles précis de soutien par les pairs :

Soutien individuel

Soutien en groupe

Soutien en ligne

Soutien en personne

Soutien par téléphone

Accessibilité et admissibilité

De nombreuses personnes participantes ont discuté des considérations entourant la détermination de l’admissibilité à participer au programme. Les recommandations étaient, entre autres, les suivantes :

Considérations relatives à l’emplacement physique

Des recommandations ont également été fournies concernant l’emplacement physique des rencontres en personne. Par exemple :

Limites et attentes relatives au comportement

Considérations relatives à la formation des groupes et au jumelage entre pairs

Un certain nombre de recommandations et de considérations ont été communiquées par les personnes participantes concernant la façon dont les groupes devraient être formés ou la façon dont les pairs devraient être jumelés au niveau des pairs individuels :

Qualités souhaitées des pairs aidants

Les personnes participantes ont indiqué une grande variété d’attributs souhaités chez les pairs aidants, y compris ceux liés à l’expérience personnelle, aux connaissances, aux compétences, aux capacités et aux traits. Voici certaines des qualités indiquées le plus souvent :

Formation et supervision

De nombreuses personnes participantes ont indiqué qu’une formation devrait être offerte aux personnes participant au programme de soutien par les pairs, bien que l’éventail des domaines de formation variait :

Certaines personnes participantes ont discuté de la supervision professionnelle du programme ou de la nécessité d’une supervision et d’un soutien pour les aidants ou les personnes facilitatrices. Par exemple :

Parmi les commentaires supplémentaires concernant la formation, mentionnons :

Obstacles possibles à l’accès

Les personnes participantes ont indiqué un certain nombre d’obstacles souvent interdépendants, qui peuvent les empêcher, ou empêcher d’autres personnes qui ont subi des traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire, de demander de l’aide ou d’accéder au programme. Certains des obstacles les plus fréquemment cités comprenaient :

Communications et sensibilisation

La majorité des personnes participantes ont fait part de considérations concernant les communications et la sensibilisation au cours de leur entrevue :

Autres considérations

Les personnes participantes ont fait part d’un certain nombre de réflexions et de recommandations portant sur des considérations supplémentaires en matière de conception et d’élaboration du programme, qui n’étaient pas propres aux domaines évoqués ci-dessus, notamment :

Conclusion et prochaines étapes

Le processus de consultation de membres actuels et anciens des FAC et de vétérans qui ont vécu des traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire pendant leur service a été significatif et informatif pour toutes les personnes concernées. Tout au long des entrevues, les personnes participantes ont transmis un large éventail de recommandations et de perspectives précieuses et réfléchies. Un certain nombre de thèmes clés ressortent de ce que nous avons entendu :

Les renseignements recueillis au cours de ce processus de consultation guideront l’élaboration et la conception du Programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire élaboré conjointement par le MDN et ACC.

Le CSRIS et ACC tiennent à remercier sincèrement tous ceux qui ont participé à ce processus de consultation, qui a fourni des renseignements précieux et des suggestions pratiques pour la création d’un Programme de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire axé sur les besoins de la communauté des traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire.

Le CSRIS et ACC élaboreront un modèle de soutien par les pairs pour les traumatismes sexuels dans le cadre du service militaire basé sur ce qui a été entendu. Les travaux se poursuivront avec le Groupe de travail de consultation et le Groupe consultatif de spécialistes en la matière pour élaborer un modèle de programme qui répondra aux besoins continus de la communauté. Le modèle sera mis à l’essai par les principales parties intéressées, dans le but ultime de lancer le Programme de soutien par les pairs en été 2022.

Annexe A

Les questions suivantes ont servi à orienter les entrevues semi-structurées en tête-à-tête et en groupe :

  1. Quelle est votre compréhension de ce qu’est le soutien par les pairs?
  2. Si vous pouviez créer n’importe quel style de soutien par les pairs, à quoi ressemblerait-il?
  3. Quels facteurs seraient importants à prendre en compte?
  4. Que voudriez-vous voir dans un programme ou un service pour le rendre plus confortable et accessible pour vous?
  5. Que pensez-vous de la façon dont nous pouvons nous assurer que le programme de soutien par les pairs est utilisé par le plus grand nombre de personnes possible?
  6. Selon vous, quelles qualités sont importantes pour quelqu’un qui offre du soutien par les pairs?
  7. Quels obstacles vous empêcheraient d’accéder à un programme de soutien par les pairs?
  8. Nous sommes intéressés par vos idées sur le format du soutien par les pairs. Il existe de nombreux formats qui peuvent être utilisés, y compris en ligne ou en personne, et en tête-à-tête ou en groupe. Selon vous, quel serait le meilleur format pour le soutien par les pairs? Pouvez-vous penser à des situations dans lesquelles vous pourriez vouloir un choix de formats différents?
  9. Y a-t-il quelque chose que nous n’avons pas abordé et qui, selon vous, est important à prendre en compte dans un programme de soutien par les pairs?

Annexe B

Définition des descripteurs utilisés dans le rapport pour décrire la fréquence à laquelle les personnes participantes partagent un point de vue commun.

Annexe C

Caractéristiques démographiques des personnes participantes

Langue

27 personnes répondantes

  • Anglais : 93 %
  • Français : 7 %

Grade

27 personnes répondantes

  • Officiers supérieurs à la retraite : 4 %
  • Officiers supérieurs : 11 %
  • Officiers subalternes : 15 %
  • Militaires du rang supérieurs (MR) : 15 %
  • Militaires du rang juniors : 55 %

Âge

27 personnes répondantes

  • 24-34 : 19 %
  • 35-49 : 37 %
  • 50-64 : 37 %
  • 65+ : 7 %

Genre

27 personnes répondantes

  • Homme : 11 %
  • Femme : 89 %
 

Minorité visible

27 personnes répondantes

  • Oui : 11 %
  • Non : 81 %
  • Autre : 4 %
  • Préfère ne pas répondre : 4 %

Localisation

27 personnes répondantes

  • Atlantique : 11 %
  • Ouest : 22 %
  • ON/QC : 63 %
  • Autre : 4 %

Orientation sexuelle

27 personnes répondantes

  • Sans réponse : 11 %
  • Gai : 4 %
  • Lesbienne : 4 %
  • Bisexuelle : 7 %
  • Queer/ Bisexuelle : 7 %
  • Hétérosexuelle : 67 %

ÉlémentNote de bas de page *

28 personnes répondantes

  • Aviation : 11 %
  • Marine : 11 %
  • Armée : 74 %
  • À la fois Aviation et Marine : 4 %
 

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