Rapport de 2023 sur la mortalité par suicide dans les Forces armées canadiennes (de 1995 à 2022)
Liste des figures
- Figure 1 : Comparaison des taux de suicide chez les hommes de la Force régulière des FAC par rapport aux hommes canadiens au moyen des ratios standardisés de mortalité (RSM) et des intervalles de confiance à 95 % pour des périodes consécutives de cinq années de 1995 à 2021.
- Figure 2 : Comparaison des taux de suicide chez les femmes de la Force régulière des FAC par rapport à ceux des femmes canadiennes au moyen des ratios standardisés de mortalité (RSM) et des intervalles de confiance à 95 % pour des périodes consécutives de 2001 à 2021.
- Figure 3 : Taux bruts de suicide et intervalles de confiance à 95 % chez les hommes de la Force régulière, selon la catégorie professionnelle (armes de combat de l’Armée de terre et autres catégories), 2002-2022.
- Figure 4 : Moyennes mobiles sur trois ans pour les hommes de la Force régulière, selon le commandement, Forces armées canadiennes, 2002-2022.
- Figure 5 : Taux bruts de suicide et intervalles de confiance à 95 % chez les femmes de la Force régulière, selon la catégorie professionnelle (armes de combat de l’Armée de terre et autres catégories), 2002-2022.
- Figure 6 : Moyennes mobiles sur cinq ans chez les femmes de la Force régulière, selon le commandement, Forces armées canadiennes, 2002-2022.
Liste des tableaux
- Tableau 1 : Facteurs liés à la santé mentale (hommes et femmes de la Force régulière).
- Tableau 2 : Prévalence des facteurs de stress professionnel et personnel attestés avant le suicide (hommes et femmes de la Force régulière)
- Tableau 3 : Taux de suicide selon diverses caractéristiques masculines au sein de la Force régulière, 2018 à 2022 et au fil du temps
- Tableau 4 : Taux de suicide selon diverses caractéristiques féminines au sein de la Force régulière, de 2013 à 2022 et au fil du temps
- Tableau 5 : Taux pluriannuels de suicide chez les hommes de la Force régulière des FAC (1995-2022)
- Tableau 6 : Comparaison des taux de suicide chez les hommes de la Force régulière des FAC par rapport aux taux associés aux hommes canadiens au moyen des ratios standardisés de mortalité (RSM) (1995-2021)
- Tableau 7 : Ratios standardisés de mortalité pour le suicide parmi les hommes de la Force régulière des FAC, selon les antécédents de déploiement (1995-2021)
- Tableau 8 : Comparaison des taux de suicide sur cinq ans chez les hommes de la Force régulière des FAC, selon les antécédents de déploiement, à l’aide de la normalisation directe (1995 2022)
- Tableau 9 : Taux de suicide pluriannuel chez les femmes de la Force régulière des FAC (2001-2022)
- Tableau 10 : Comparaison des taux de suicide chez les femmes de la Force régulière des FAC par rapport à ceux des femmes canadiennes au moyen des ratios standardisés de mortalité (RSM) (2001-2021)
- Tableau 11 : Ratios standardisés de mortalité pour le suicide parmi la population féminine de la Force régulière des FAC selon l’historique de déploiement (2001-2021)
- Tableau 12 : Comparaison des taux de suicide sur dix ans des femmes de la Force régulière des FAC selon les antécédents de déploiement, à l’aide de la normalisation directe (2001-2022)
- Tableau 13 : Ratios standardisés de mortalité pour le suicide chez les hommes de la Force régulière des FAC, selon le commandement d’armée (2002-2021)
- Tableau 14 : Ratios standardisés de mortalité pour le suicide chez les femmes de la Force régulière des FAC, selon le commandement d’armée (2002-2021)
Résumé
Introduction : Chaque décès par suicide est une tragédie. La prévention du suicide est une importante préoccupation de santé publique et une des grandes priorités des Forces armées canadiennes (FAC). Afin de mieux comprendre le suicide au sein des FAC et d’améliorer les efforts constants déployés dans le domaine de la prévention du suicide, les Services de santé des Forces canadiennes examinent chaque année les taux de suicide et la relation entre le suicide, le déploiement et d’autres facteurs de risque potentiels de suicide. La présente analyse, réalisée par la Direction de la santé mentale (DSM), représente une mise à jour pour la période s’échelonnant de 1995 à 2022.
Méthodes : Le présent rapport évalue les données sur le suicide chez les hommes de la Force régulière de 1995 à 2022 et chez les femmes de la Force régulière de 2001 à 2022. Il présente une interprétation de plusieurs statistiques, y compris les taux bruts de suicide observés selon diverses caractéristiques, les différences dans les taux de suicide qui découlent des comparaisons entre la population canadienne et les FAC à l’aide des ratios standardisés de mortalité (RSM) et les différences dans les taux de suicide observées dans l’historique de déploiement, lorsqu’on utilise à la fois les RSM et les évaluations directes de normalisation. Il examine également la variation des taux de suicide observée par le commandement d’armée et parmi les décès par suicide survenus en 2022 et au cours des cinq années précédentes, soit de 2018 à 2022; il utilise les données des examens techniques du suicide par les professionnels de la santé (ETSPS) pour examiner la prévalence d’un certain nombre de facteurs de santé mentale et de facteurs de stress au travail ou dans la vie qui sont connus comme étant des facteurs de risque de décès par suicide.
Résultats : De 2018 à 2022, il y a eu 66 décès par suicide chez les hommes de la Force régulière des FAC âgés de 35,0 ans en moyenne. Cet âge moyen n’était pas statistiquement différent de l’âge moyen des hommes de la Force régulière au cours de cette période. Les taux bruts de suicide ont également été calculés pour un certain nombre de caractéristiques et pour diverses périodes entre 2010 et 2022. Au cours de chaque période, le taux brut de suicide était plus élevé chez les personnes âgées de moins de 45 ans, mais il n’y avait pas de différences statistiquement significatives entre les groupes d’âge. Au cours de la période 2018-2022 et des périodes 2015‑2019 et 2020-2022, le taux de suicide a été plus élevé et présentait des différences statistiquement significatives chez les hommes de la Force régulière qui étaient séparés, divorcés ou veufs par rapport aux autres catégories d’état matrimonial. De plus, le taux de suicide avait tendance à varier selon la catégorie de grade et était le plus élevé parmi les militaires du rang (subalternes) (MR sub) pour les périodes 2018-2022, 2010-2014 et 2015-2019. Toutefois, ce taux élevé de suicide chez les MR sub n’était pas statistiquement significatif par rapport aux autres catégories de grade. De plus, le taux de suicide ne différait pas considérablement, et les différences n’étaient pas statistiquement significatives par commandement d’armée ou par historique de déploiement pour chaque période évaluée. Toutefois, il était notable que le taux de suicide au sein du commandement de la Force aérienne était élevé en 2015-2019, par rapport à la période précédente 2010 à 2014, et cette augmentation était presque suffisante pour être considérée comme statistiquement significative, comme l’indiquent les intervalles de confiance qui sont en chevauchement minimal. Cependant, le taux de suicide était plus élevé et présentait des différences statistiquement significatives chez les hommes appartenant aux groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre par rapport au taux des hommes appartenant à d’autres groupes professionnels, mais seulement au cours de la période 2010-2014.
En comparaison, les observations générales chez les femmes de la Force régulière des FAC étaient semblables à celles faites chez les hommes de la Force régulière, mais les nombres absolus étaient inférieurs. De 2013 à 2022, on recense 11 décès par suicide chez les femmes de la Force régulière des FAC âgées de 32,9 ans en moyenne. Cet âge moyen n’était pas statistiquement différent de l’âge moyen de toutes les femmes de la Force régulière au cours de cette période. Les taux bruts de suicide ont également été calculés pour un certain nombre de caractéristiques et pour diverses périodes entre 2005 et 2022. Le taux brut de suicide variait d’un groupe d’âge à l’autre, tendant à être un peu plus élevé chez les personnes âgées de moins de 45 ans, mais il n’y avait pas de différences statistiquement significatives selon le groupe d’âge. Bien que le taux de suicide ait tendance à être plus élevé chez les femmes de la Force régulière célibataires, de grade inférieur et faisant partie des groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre et chez celles qui n’avaient pas d’antécédents de déploiement, les intervalles de confiance se chevauchaient pour toutes les catégories de chaque caractéristique, ce qui indique que ces différences n’étaient pas statistiquement significatives. De même, il n’y avait aucune tendance évidente concernant le taux de suicide selon le commandement d’armée et aucune indication que le taux de suicide présentait une différence statistiquement significative dans un commandement ou un autre.
Les taux bruts de suicide ont été calculés de 1995 à 2022 afin d’évaluer les indications montrant une évolution du risque de suicide au fil du temps. Tant chez les femmes que chez les hommes de la Force régulière, les taux de suicide généraux n’ont pas affiché d’augmentation statistiquement significative lorsqu’on compare chaque segment de temps additionnel de cinq ans de 1995 à 2022. Les taux sur cinq ans pour les hommes variaient d’un minimum de 19,9 pour 100 000 personnes pendant la période 1995-1999 à un maximum de 24,5 pour 100 000 personnes dans les périodes plus récentes de 2010-2014 et 2015-2019, et cette différence n’était pas statistiquement significative. Le taux brut sur trois ans chez les hommes pour la période 2020-2022, soit la période la plus récente, était de 23,0 pour 100 000 personnes et ne constituait pas un changement statistiquement significatif par rapport à l’un ou l’autre des taux des cinq années précédentes. De même, parmi les femmes de la Force régulière, les taux bruts sur cinq ans variaient de 8,2 pour 100 000 personnes au cours de la période 2015-2019 à un sommet de 15,5 pour 100 000 personnes de 2010 à 2014, et, encore une fois, cette différence n’était pas statistiquement significative. Le taux brut sur trois ans chez les femmes pour la période 2020-2022, soit la période la plus récente, était de 12,8 pour 100 000 personnes et ne constituait pas un changement statistiquement significatif par rapport à l’un ou l’autre des taux des cinq années précédentes. Le nombre d’hommes de la Force régulière décédés par suicide n’était pas statistiquement plus élevé que le taux anticipé en fonction des taux de suicide observés au sein de la population masculine du Canada, pour chaque période évaluée. En revanche, le nombre de suicides chez les femmes de la Force régulière était plus élevé, et ce de façon statistiquement significative, que le nombre attendu en fonction du taux de suicide au sein de la population féminine canadienne au cours de la période de dix ans s’échelonnant de 2005 à 2014, résultat en très grande partie attribuable au nombre de décès par suicide chez les femmes survenus en 2012, qui était plus élevé que d’habitude. Bien qu’ils étaient également élevés pour les autres périodes évaluées, ces chiffres n’étaient pas statistiquement significatifs.
Les ratios des taux comparant séparément les hommes et les femmes de la Force régulière ayant des antécédents de déploiement à ceux sans antécédents de déploiement n’établissent pas de lien statistiquement significatif entre le déploiement et le risque de suicide plus élevé. Chez les hommes ayant des antécédents de déploiement, le taux de suicide avait tendance à être élevé par rapport à ceux ne possédant pas cette expérience pour presque toutes les périodes évaluées, mais aucune n’a été considérée comme étant statistiquement significative. Toutefois, le ratio des taux pour la période 2005-2014 (ratio des taux de suicide standardisés selon l’âge : 1,44 [IC à 95 % : 0,97, 2,15]), qui indiquait un taux plus élevé chez les militaires ayant des antécédents de déploiement, était près d’être statistiquement significatif. En revanche, le taux de suicide chez les femmes ayant des antécédents de déploiement avait tendance à être plus faible par rapport à celles ne possédant pas cette expérience pour presque toutes les périodes évaluées, et encore une fois, aucune des différences n’était statistiquement significative. De plus, le faible nombre de décès par suicide chez les femmes de la Force régulière qui avaient des antécédents de déploiement illustre le faible risque de suicide associé à l’expérience de déploiement chez les femmes, mais il est également associé à un pouvoir limité d’effectuer la comparaison statistique.
Ces ratios de taux ont également mis en évidence le fait que, de 2002 à 2022, tant pour les hommes que pour les femmes, le fait de faire partie du commandement de l’Armée était associé à un taux de suicide légèrement plus élevé par rapport à celui des militaires faisant partie d’autres commandements d’armée. Cependant, la différence n’était pas statistiquement significative pour les deux sexes. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un test statistique, les moyennes mobiles des taux de suicide sur trois ans et cinq ans donnent une indication de la façon dont les taux de suicide fluctuent au fil du temps. Elles laissent supposer que si les commandements de l’Armée de terre semblent afficher un taux élevé de 2008 à 2014 chez les hommes et de 2011 à 2015 chez les femmes, les différences entre les taux de suicide du commandement de la Force terrestre et d’autres commandements semblent avoir changé à partir de 2015 ou 2016 environ. À peu près à ce moment-là, les taux moyens mobiles sont devenus plus comparables entre les commandements de l’Armée de terre et d’autres commandements d’hommes de la Force régulière, tandis que parmi les commandements de l’Armée de terre de femmes de la Force régulière, le taux de suicide est tombé à zéro entre 2017 et 2019, et est demeuré faible par rapport à celui des commandements autres que les commandements de l’Armée de terre au cours de l’année subséquente 2020. De plus, au cours des dernières années, la moyenne mobile du taux de suicide semble avoir été à un point où elle était soit plus comparable, soit un peu plus élevée parmi les commandements autres que ceux de l’Armée de terre.
Pendant la période 2002-2022, les hommes de la Force régulière appartenant aux groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre affichaient un taux de suicide statistiquement plus élevé (31,0/100 000 [IC à 95 % : 25,1, 38,4]) que celui des hommes de la Force régulière appartenant à d’autres groupes professionnels (19,7/100 000 [IC à 95 % : 16,8, 22,9]). De même, au cours de la période 2002-2022, le taux de suicide chez les femmes de la Force régulière appartenant à des groupes professionnels d’armes de combat de l’Armée de terre était élevé (27,6/100 000 [IC à 95 % : 3,3, 99,6]) par rapport à celui des femmes de la Force régulière appartenant à d’autres groupes professionnels (11,3/100 000 [IC à 95 % : 6,9, 17,4]), mais cette différence n’était pas statistiquement significative. Toutefois, les faibles chiffres comparés limitaient la capacité de l’évaluation de ces différences. Ces comparaisons des professions ont également été évaluées pour la période de dix ans s’échelonnant de 2012 à 2022, et les observations étaient semblables à celles observées au cours de la période complète 2002-2022, tant chez les hommes que chez les femmes. Toutefois, la différence du taux de suicide entre les hommes de la Force régulière dans les professions d’armes de combat de l’Armée de terre par rapport à ceux d’autres groupes professionnels avait commencé à diminuer à partir de 2015 et, à ce stade, la différence des taux pour la période plus courte, mais plus récente, n’était pas statistiquement significative.
Les résultats des ETSPS effectués de 2018 à 2022, tant pour les hommes que pour les femmes, continuent d’appuyer l’enchaînement de causalité multifactoriel (qui comprend des facteurs biologiques, psychologiques, interpersonnels et socio-économiques) pour expliquer le suicide plutôt qu’un lien direct entre des facteurs de risque individuels (comme le trouble de stress post-traumatique [TSPT] ou le déploiement) et le suicide. Ces résultats concordent avec les constatations des ETSPS des années précédentes. En outre, tous les membres des FAC ont vécu la pandémie de COVID-19, et il n’y a aucune preuve qu’elle a contribué à créer un risque de suicide. De plus, pendant la pandémie de COVID-19, le taux de suicide et ses caractéristiques connexes pendant la période 2020-2022 étaient comparables aux observations des années précédentes.
Conclusions : Les taux de suicide parmi les hommes et des femmes de la Force régulière des FAC n’ont pas augmenté de façon statistiquement significative au cours de la période d’observation décrite dans ces constatations. Cependant, une fois la standardisation selon l’âge effectuée, le taux de suicide des femmes de la Force régulière s’est avéré supérieur, et ce, de façon statistiquement significative, à celui de la population féminine du Canada pour la période 2005-2014, tandis que la différence entre le taux de suicide des hommes de la Force régulière et celui de la population masculine du Canada n’était pas statistiquement significative, quelle que soit la période évaluée. Malgré la présence de facteurs de stress supplémentaires que les membres des FAC ont pu vivre en raison de la pandémie de COVID-19, le taux de suicide et ses caractéristiques connexes pendant la période 2020-2022 étaient comparables aux observations des années précédentes. Toutefois, la faible quantité de données limite la capacité, ou le pouvoir, des évaluations statistiques de relever les différences statistiquement significatives lorsqu’elles sont réelles et non le fruit du hasard. Le risque accru chez les hommes de la Force régulière sous le commandement de l’Armée de terre, et particulièrement ceux appartenant aux groupes professionnels des armes de combat, est un aspect que les FAC continuent d’observer. De plus, les FAC devront également continuer de surveiller la légère hausse du risque de suicide chez les hommes de la Force régulière au sein du commandement de la Force aérienne, comme le laissent supposer les données de la période la plus récente.
Mots clés : Taux rajusté selon l’âge; Forces armées canadiennes; population canadienne; déploiement; ratio du taux; taux; ratio standardisé de mortalité; suicide.
Sommaire
La perte tragique de vie par suicide des membres des Forces armées canadiennes (FAC) requiert notre attention constante, afin de comprendre ces événements difficiles et d’améliorer nos efforts de prévention du suicide au sein des FAC. Le présent rapport décrit le phénomène du suicide au sein des FAC et les caractéristiques descriptives des hommes de la Force régulière morts par suicide entre 1995 et 2022 et des femmes de la Force régulière mortes par suicide entre 2001 et 2022, et donne des renseignements supplémentaires sur les facteurs de risque connus associés à ces décès par suicide au cours de la période la plus récente.
Méthodes
Les données décrites dans la section 3.1 [Résultats des rapports d’examen technique des suicides par des professionnels de la santé (ETSPS), hommes et femmes de la Force régulière, mises à jour de 2022] sont tirées des ETSPS principalement axés sur 2022 pour les hommes et sur la période 2018-2022 pour les femmes. L’ETSPS est une des enquêtes qui suivent chaque suicide survenant au sein des FAC. L’ETSPS est un outil d’assurance de la qualité pour les Services de santé des Forces canadiennes (SSFC) qui est appliqué immédiatement après la confirmation de tout suicide survenu dans la Force régulière ou dans la Première réserve. Chaque ETSPS est généralement effectué par une équipe composée d’un professionnel de la santé mentale et d’un médecin de soins primaires.
Les données épidémiologiques décrites dans la section 3.2 (Épidémiologie des suicides chez les membres de la Force régulière) et la section 3.3 (Épidémiologie des suicides chez les membres de la Force régulière, selon le commandement d’armée) portent sur les décès par suicide relevés auprès de la Direction de la gestion du soutien aux blessés jusqu’en 2012. Depuis septembre 2012, la DSM effectue le suivi des données sur le nombre de suicides. Les renseignements relatifs à la date de naissance, aux caractéristiques militaires ou à d’autres caractéristiques associées aux décès par suicide et à la population comparable des FAC proviennent de la Direction de la gestion de l’information des ressources humaines (DGIRH); ces données ont été mises à jour au moyen de données reçues en 2022 et en 2023. Enfin, les données sur la population générale canadienne et les dénombrements des suicides en fonction de l’âge et du sexe ont été obtenues auprès de Statistique Canada et ont été récupérées en 2023.
Les fréquences, les taux bruts, les ratios standardisés de mortalité (RSM) (le RSM est le ratio du nombre observé de suicides dans les FAC par rapport au nombre de suicides prévus dans les FAC, soit le nombre prévu si les FAC présentaient les mêmes taux propres à l’âge et au sexe que ceux de la population canadienne générale) et les taux standardisés de façon directe ont été calculés. Les RSM les plus récents ont été calculés pour 2021 dans le présent rapport parce qu’au moment de l’extraction des données, les données de 2021 étaient les plus récentes publiées par Statistique Canada pour la population générale canadienne.
Le présent rapport n’analyse que les suicides des hommes et des femmes de la Force régulière. Les décès par suicide survenus chaque année au sein de la Force de réserve ne sont pas visés par cette analyse. L’accès aux données pour les réservistes est insuffisant, car ils reçoivent une grande partie de leurs soins de santé dans le réseau provincial et les détails de ces décès, y compris les détails permettant de confirmer s’il s’agissait d’un suicide, ne sont parfois pas signalés aux FAC et, par conséquent, les renseignements connexes ont tendance à ne pas être disponibles pendant le processus d’ETSPS, lorsque les suicides possibles sont examinés et confirmés.
Résultats
Diagnostic de maladie mentale chez les hommes de la Force régulière qui sont morts par suicide en 2022 et chez les femmes de la Force régulière qui sont mortes par suicide de 2018 à 2022
Au nombre des troubles mentaux mis en évidence au moment du décès par suicide des hommes de la Force régulière en 2022 figuraient les troubles dépressifs (25,0 %), les troubles anxieux (16,7 %), le trouble de stress post-traumatique (TSPT) (8,3 %) ou d’autres troubles liés à des traumatismes et au stress (25,0 %). Des troubles liés à la dépendance et à la consommation de substances documentés ont été signalés dans 8,3 % de ces décès par suicide, et 16,7 % des personnes avaient subi un traumatisme crânien dans le passé. Une fraction modérée des victimes (25,0 %) souffraient d’au moins deux troubles de santé mentale actifs au moment du décès (c.‑à‑d. une combinaison qui pouvait comprendre des troubles dépressifs, des troubles liés à des traumatismes et au stress, des troubles anxieux, des troubles liés à la dépendance ou à la consommation de substances, un traumatisme crânien ou des troubles de la personnalité). En outre, des preuves documentées font état d’idées suicidaires antérieures ou de tentatives de suicide antérieures pour 66,7 % des hommes de la Force régulière morts par suicide en 2022.
En comparaison, les troubles mentaux mis en évidence chez les femmes de la Force régulière au moment de leur décès par suicide de 2018 à 2022 comprenaient des troubles dépressifs (33,3 %), des troubles anxieux (33,3 %), le TSPT (16,7 %) ou des troubles liés à des traumatismes et au stress autres que le TSPT (16,7 %). Des troubles liés à la dépendance ou à la consommation de substances documentés ont été signalés dans 33,3 % de ces décès par suicide, et 33,3 % des personnes avaient été désignées comme ayant un trouble de la personnalité. Il était fréquent (66,7 %) que ces militaires présentent au moins deux troubles de santé mentale actifs au moment de leur décès. De plus, des preuves documentées font état d’idées suicidaires antérieures ou de tentatives de suicide antérieures pour 50,0 % des femmes de la Force régulière mortes par suicide entre 2018 et 2022.
Facteurs de stress professionnel et personnel chez les hommes de la Force régulière qui sont morts par suicide en 2022 et chez les femmes de la Force régulière qui sont mortes par suicide de 2018 à 2022
Plusieurs facteurs de stress professionnel et personnel ont été évalués chez les hommes et les femmes de la Force régulière morts par suicide, soit des facteurs de stress tels que l’échec d’une relation, le suicide d’un ami ou d’un membre de la famille, le décès d’un ami ou d’un membre de la famille, une maladie personnelle ou la maladie d’un membre de la famille, un endettement excessif, des problèmes professionnels ou des problèmes juridiques. Au moment du décès, au moins un facteur de stress professionnel ou personnel était présent dans 100 % des cas de suicide survenus en 2022 parmi les hommes de la Force régulière, tandis qu’une majorité (83,3 %) des militaires présentait au moins deux facteurs de stress concomitants avant leur décès.
En comparaison, on a signalé que la majorité (83,3 %) des femmes de la Force régulière mortes par suicide de 2018 à 2022 avaient au moins un des facteurs de stress professionnel ou personnel au moment de leur décès et, de même, 83,3 % en avaient au moins deux. De plus, tous les membres des FAC ont vécu la pandémie de COVID-19, un facteur de stress potentiel courant dans tous les sous-ensembles de cette population. Cependant, rien ne prouve que la pandémie a contribué à faire augmenter le risque de suicide. De plus, pendant la pandémie de COVID-19, le taux de suicide et ses caractéristiques connexes en 2020 et 2022 étaient comparables aux observations des années précédentes.
Taux bruts de suicide
Hommes de la Force régulière :
Au cours de la période de cinq ans précédente (2018-2022), on a recensé 66 décès par suicide chez les hommes de la Force régulière des FAC âgés de 35,0 ans en moyenne (IC de 95 % : 33,0, 37,0; âge médian : 34,5 ans). Cet âge moyen n’était pas statistiquement différent de l’âge moyen de 34,7 ans (IC à 95 % : 34,7, 34,7; âge médian : 33,0 ans) chez les hommes de la Force régulière au cours de cette période. Les taux bruts de suicide ont également été calculés pour un certain nombre de caractéristiques et pour diverses périodes entre 2010 et 2022. Au cours de chaque période, le taux brut de suicide était plus élevé chez les personnes âgées de moins de 45 ans, mais il n’y avait pas de différences statistiquement significatives entre les groupes d’âge. Au cours des périodes 2018-2022, 2015-2019 et 2020-2922, le taux de suicide était plus élevé et présentait des différences statistiquement significatives chez les hommes de la Force régulière qui étaient séparés, divorcés ou veufs par rapport à celui des hommes faisant partie d’autres catégories d’état matrimonial. De plus, le taux de suicide avait tendance à varier selon la catégorie de grade, et il était le plus élevé parmi les militaires du rang (subalternes) (MR sub) au cours des périodes 2018-2022, 2010-2014 et 2015-2019. Toutefois, ce taux de suicide élevé chez les MR sub n’était pas statistiquement significatif par rapport à celui des militaires faisant partie d’autres catégories de grades. De plus, le taux brut de suicide ne différait pas considérablement, et les différences n’étaient pas statistiquement significatives, par commandement d’armée ou par antécédents de déploiement pour chaque période évaluée. Toutefois, il était notable que le taux de suicide au sein du commandement de la Force aérienne était élevé entre 2015 et 2019, par rapport à la période antérieure de 2010 à 2014, et cette augmentation n’était tout simplement pas statistiquement significative, comme l’indiquent les intervalles de confiance qui présentent un chevauchement minimal. Cependant, le taux de suicide présentait des différences statistiquement significatives chez les hommes appartenant aux groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre par rapport au taux des hommes appartenant à d’autres groupes professionnels, mais seulement au cours de la période 2010-2014.
Des taux bruts de suicide consécutif sur cinq ans ont été calculés pour évaluer si le taux a changé au fil du temps. Ces taux bruts de suicide sur cinq ans chez les hommes de la Force régulière variaient d’un minimum de 19,9 pour 100 000 personnes de 1995 à 1999 à un maximum de 24,5 pour 100 000 personnes au cours des périodes plus récentes, mais ces différences n’étaient pas statistiquement significatives. Le plus récent taux de suicide sur cinq ans (c.-à-d. pour 2015 à 2019) chez les hommes de la Force régulière (24,5/100 000 [IC à 95 % : 19,2, 31,2]) était semblable au taux brut de suicide sur trois ans de 2020-2022 de 23,0 par 100 000 habitants (IC à 95 % : 16,2, 31,5) et au taux sur cinq ans antérieur pour 2010-2014 (24,5/100 000 [IC à 95 % : 19,2, 31,2]). De plus, puisque les intervalles de confiance des taux de suicide pour toutes les périodes de cinq ans étudiées se chevauchaient dans une certaine mesure, ces différences dans le taux brut n’étaient pas statistiquement significatives.
Femmes de la Force régulière :
Au cours de la période de dix ans précédente (2013-2022), on recense 11 décès par suicide chez les femmes de la Force régulière des FAC âgées de 32,9 ans en moyenne (IC à 95 % : 28,1, 37,7; âge médian : 30,0 ans). Cet âge moyen n’était pas statistiquement différent de l’âge moyen de 35,6 ans (IC à 95 % : 35,6, 35,7; âge médian : 35,0 ans) parmi toutes les femmes de la Force régulière au cours de cette période. Les taux bruts de suicide ont également été calculés pour un certain nombre de caractéristiques et pour diverses périodes de 2005 à 2022. Le taux brut de suicide variait d’un groupe d’âge à l’autre, tendant à être un peu plus élevé chez les personnes âgées de moins de 45 ans, mais il n’y avait pas de différences statistiquement significatives selon le groupe d’âge. Bien que le taux de suicide ait tendance à être plus élevé chez les femmes de la Force régulière célibataires, de grade inférieur et faisant partie des groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre et chez celles qui n’avaient pas d’antécédents de déploiement, les intervalles de confiance se chevauchaient pour toutes les catégories de chaque caractéristique, ce qui indique que ces différences n’étaient pas statistiquement significatives. De même, il n’y avait aucune tendance évidente concernant le taux de suicide selon le commandement d’armée et aucune indication que le taux de suicide était plus élevé et présentait une différence statistiquement significative dans un commandement ou un autre.
Des taux bruts de suicide consécutifs sur cinq ans ont été calculés pour évaluer si le taux a changé au fil du temps. Les taux sur cinq ans pour les femmes de la Force régulière variaient d’un minimum de 8,2 pour 100 000 personnes au cours de la période plus récente de 2015 à 2019 à un maximum de 15,5 pour 100 000 personnes de 2010 à 2014, mais ces différences n’étaient pas statistiquement significatives. Le plus récent taux de suicide sur cinq ans (c.-à-d. pour la période 2015-2019) (8,2/100 000 habitants [IC à 95 % : 2,2, 20,9]) était inférieur au taux brut de suicide sur trois ans de 2020-2022 de 12,8 pour 100 000 habitants (IC à 95 % : 3,5, 32,7) et le taux sur cinq ans antérieur pour 2010-2014 brut (15,5/100 000 [IC à 95 % : 6,2, 32,0]), mais encore une fois, ces différences n’étaient pas statistiquement significatives. Comme pour les hommes de la Force régulière, les intervalles de confiance du taux de suicide chez les femmes pour toutes les périodes de cinq ans évaluées présentaient un certain degré de chevauchement, ce qui laisse supposer une faible probabilité de différences statistiquement significatives entre les taux bruts au fil du temps. Cependant, étant donné les petits nombres comparés, les comparaisons statistiques pouvaient difficilement déceler des différences relativement petites qui peuvent être réelles.
Comparaison entre les taux de suicide chez les membres de la Force régulière des FAC et les taux canadiens au moyen des ratios standardisés de mortalité
Les ratios standardisés de mortalité (RSM) ont été calculés pour comparer le taux de suicide chez les membres de la Force régulière au taux dans la population canadienne après contrôle des différences d’âge dans les deux populations. Soulignons qu’un RSM supérieur à 100 % laisse supposer que le taux de suicide est plus élevé dans la population de la Force régulière, alors qu’un RSM inférieur à 100 % laisse supposer que le taux de suicide est plus faible dans la population de la Force régulière, et les intervalles de confiance à 95 % nous aident à déterminer si la différence est statistiquement significative. Les RSM sur cinq ans pour les hommes de la Force régulière n’étaient supérieurs à 100 % que pour les périodes les plus récentes 2010-2014 (118 % [IC à 95 % : 93, 151]) et 2015-2019 (113 % [IC à 95 % : 89, 144]), mais n’étaient pas statistiquement significatifs, ce qui indique que, pour les deux périodes, le nombre observé de suicides chez les hommes de la Force régulière était semblable à ce à quoi on aurait pu s’attendre dans la population masculine au Canada, après contrôle des différences d’âge de la population. Le RSM le plus récent que nous avons pu calculer concernait la période de deux ans 2020-2021 et, bien qu’il soit supérieur à 100 %, les grands intervalles de confiance qui incluaient 100 % indiquent qu’il n’était pas statistiquement significatif.
En comparaison, nous avons calculé les RSM chez les femmes de la Force régulière, mais pour des périodes plus longues, en raison du nombre inférieur de suicides comparés. Ces RSM étaient tous supérieurs à 100 %. Pour la période de dix ans s’échelonnant de 2005 à 2014, le RSM était de 215 % (IC à 95 % : 111, 377) et était statistiquement significatif. Toutefois, ce RSM statistiquement significatif était en grande partie attribuable aux trois décès par suicide survenus chez les femmes plus en 2012, nombre qui est plus élevé que d’habitude. Le RSM de la période de sept ans s’échelonnant de 2015 à 2021 était de 141 % (IC à 95 % : 56, 290) et n’était pas statistiquement significatif. Le RSM élevé et significatif de la période 2005-2014 indique que le nombre observé de suicides de femmes de la Force régulière pour cette période était supérieur à ce à quoi on aurait pu s’attendre dans la population féminine au Canada, après contrôle des différences d’âge de la population.
Répercussions des déploiements sur les taux de suicide parmi les membres de la Force régulière des FAC
Les RSM ont également été calculés séparément pour les militaires qui avaient des antécédents de déploiement et pour ceux qui n’en avaient pas et ont comparé individuellement le risque de suicide de ces militaires au risque prévalant dans la population masculine canadienne. Pour les deux premières périodes évaluées pour les hommes de la Force régulière, soit 1995-1999 et 2000-2004, les RSM étaient très semblables entre ceux qui avaient des antécédents de déploiement et ceux qui n’en avaient pas, et comme chaque intervalle de confiance des RSM comprenait 100 %, les différences de risque de suicide par rapport au risque prévalant dans la population masculine canadienne n’étaient pas statistiquement significatives. Les deux périodes de cinq années suivantes, soit 2005-2009 et 2010-2014, ont donné lieu à des RSM pour les militaires affectés en déploiement supérieurs à 100 % et plus par rapport à ceux qui n’ont pas pris part à des déploiements, mais pour chaque période, les différences de risque de suicide par rapport à la population masculine canadienne n’étaient pas statistiquement significatives. Pour la période 2015-2019 on a constaté un léger renversement : un RSM plus élevé a été observé chez les militaires qui n’avaient pas d’antécédents de déploiement, mais encore une fois, les différences de risque de suicide par rapport à la population masculine canadienne n’étaient pas statistiquement significatives. De plus, les RSM les plus récents, qui n’ont été calculés qu’au moyen de données recueillies sur deux ans (c.‑à‑d. 2020 et 2021), laissaient supposer qu’encore une fois, le RSM était plus élevé chez les militaires qui avaient des antécédents de déploiement, mais les différences de risque de suicide par rapport à la population masculine canadienne n’étaient pas statistiquement significatives.
En comparaison, parmi les femmes de la Force régulière mortes par suicide de 2001 à 2021, il n’y en avait pas beaucoup qui avaient des antécédents de déploiement, ce qui est une observation qui illustre un faible risque de suicide associé à une expérience de déploiement chez les femmes. Les données pour la période 2001-2021 complète ont indiqué que le taux de suicide des femmes de la Force régulière, par rapport à la population féminine canadienne et après rajustement des différences d’âge, était élevé à la fois chez celles qui avaient des antécédents de déploiement et chez celles qui n’en avaient pas, mais que cela n’était statistiquement significatif que parmi celles qui n’avaient pas d’antécédents de déploiement (c.-à-d. RSM sans antécédents de déploiement : 197 % [IC à 95 % : 110, 325]). Les résultats des RSM de la période de dix ans s’étendant de 2005 à 2014 étaient semblables à ceux observés pour l’ensemble de la période de 2001 à 2021, où les RSM étaient supérieurs à 100 % à la fois pour les femmes ayant des antécédents de déploiement et pour celles qui n’en avaient pas, mais seulement statistiquement significatifs pour celles qui n’en avaient pas (c.-à-d. RSM sans antécédents de déploiement : 233 % [IC à 95 % : 100, 459]). De même, les RSM les plus récents de la période 2015-2021 (c.‑à‑d. sept ans) reflétaient quelque peu ce qui avait été constaté pour la période complète 2001-2021, mais on a recensé seulement un suicide parmi les femmes de la Force régulière ayant des antécédents de déploiement au cours de cette période plus courte. De plus, ces résultats correspondent en grande partie à l’observation précédente selon laquelle, dans l’ensemble, les femmes de la Force régulière affichaient un taux de suicide plus élevé par rapport à celui de la population féminine canadienne pour la période 2005-2014. Cependant, le nombre de femmes de la Force régulière mortes par suicide qui avaient des antécédents de déploiement était faible, et même si cela laisse supposer un risque de suicide associé plus faible, le petit nombre limite la capacité de porter des jugements tranchés.
Répercussions du commandement d’armée sur les taux de suicide chez les membres de la Force régulière des FAC
Pour les hommes de la Force régulière, un ratio des taux de suicide standardisé en fonction de l’âge a été calculé afin de comparer les commandements de l’Armée de terre à d’autres commandements pour la période 2002‑2022. Ce ratio de taux n’était pas statistiquement significatif (1,10 [IC à 95 % : 0,85, 1,42]), ce qui indique un taux de suicide équivalent chez les hommes de la Force régulière dans le commandement de l’Armée de terre et dans d’autres commandements. Cette constatation était appuyée par les RSM de suicide calculés pour chaque commandement sur des périodes consécutives de cinq ans, où aucun des RSM n’était statistiquement significatif. Cependant, les RSM dépassaient légèrement les 100 %, mais n’étaient pas statistiquement significatifs, pour le commandement de l’Armée de terre pendant les périodes 2007-2011 et 2012-2016 et pour le commandement de la Force aérienne pendant la période 2017-2021. Notamment, le RSM de suicide au sein du commandement de l’Armée de terre pour la période 2017-2021 était relativement faible et plus comparable aux autres commandements, à l’exception du RSM élevé de la Force aérienne pour cette période, mais aucun de ces RSM n’était statistiquement significatif. En comparaison, le ratio des taux de suicide ajustés selon l’âge chez les femmes de la Force régulière qui comparait les commandements de l’Armée de terre aux autres commandements pour la période 2002-2022 n’était pas non plus statistiquement significatif (1,43 [IC à 95 % : 0,53, 3,85]). Cela se reflète dans les RSM calculés pour chaque commandement et chaque période évaluée dans laquelle, pour chaque période, les RSM des différents commandements étaient semblables parmi les femmes de la Force régulière.
Les moyennes mobiles du taux de suicide, bien qu’elles ne constituent pas un test statistique, donnent une indication de la façon dont les taux de suicide fluctuent au fil du temps pour le commandement de l’Armée de terre et d’autres commandements. Ces taux moyens mobiles laissent supposer que si les commandements de l’Armée de terre semblaient avoir affiché un taux élevé de 2008 à 2014 chez les hommes et de 2011 à 2015 chez les femmes par rapport aux autres commandements, la différence entre les taux de suicide dans l’Armée de terre et dans d’autres commandements a changé à partir de 2015 ou 2016 environ. À peu près à ce moment-là, les taux moyens mobiles sont devenus plus comparables entre les commandements de l’Armée de terre et d’autres commandements d’hommes de la Force régulière, tandis que parmi les commandements de l’Armée de terre de femmes de la Force régulière, le taux de suicide est tombé à zéro entre 2017 et 2019, et est demeuré faible par rapport à celui des commandements autres que les commandements de l’Armée de terre au cours de l’année subséquente 2020. De plus, au cours des dernières années, la moyenne mobile du taux de suicide semble avoir été à un point où elle était soit plus comparable, soit un peu plus élevée parmi les commandements autres que ceux de l’Armée de terre.
Le taux de suicide parmi les groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre a également été évalué. Au cours de la période 2002-2022, le taux brut de suicide chez les hommes de la Force régulière dans les groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre s’est avéré plus élevé que le taux global chez les hommes de la Force régulière appartenant à d’autres groupes professionnels (c.-à-d. 31,0/100 000 [IC à 95 % : 25,1, 38,4] pour les groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre contre 19,7/100 000 [IC à 95 % : 16,8, 22,9] entre autres), et cette différence était statistiquement significative. De plus, lorsqu’on examine la plus récente période de dix ans s’échelonnant de 2012 à 2022, les observations étaient très semblables. Pour cette période récente, les taux bruts de suicide étaient de 34,0 par 100 000 habitants (IC à 95 % : 25,6, 44,6) dans le groupe professionnel des armes de combat de l’Armée de terre contre 19,4 par 100 000 habitants (IC à 95 % : 15,6, 24,1) pour les personnes exerçant d’autres professions, et la différence était également statistiquement significative. Toutefois, un examen des taux bruts dans les intervalles plus courts (c.‑à‑d. principalement des intervalles de cinq ans) entre 2010 et 2022 laissait supposer que même si l’écart du taux de suicide entre les membres des groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre par rapport aux militaires appartenant à d’autres groupes professionnels était élevé et statistiquement significatif entre 2010 et 2014, l’écart avait commencé à diminuer au cours de la période 2015-2019, puis a diminué davantage par la suite. De plus, à partir de 2015, l’écart était devenu non statistiquement significatif.
En revanche, au cours de la période 2002-2022, le taux brut de suicide chez les femmes de la Force régulière dans les groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre n’était pas statistiquement différent du taux général dans d’autres groupes professionnels (c.-à-d. 27,6/100 000 [IC à 95 % : 3,3, 99,6] pour les groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre contre 11,3/100 000 [IC à 95 % : 6,9, 17,4] entre autres). Toutefois, bien que les intervalles de confiance qui se chevauchent entre ces deux taux chez les femmes de la Force régulière indiquent que l’écart modérément important (c.-à-d. 27,6/100 000 par rapport à 11,3/100 000) n’est pas statistiquement significatif, les chiffres comparés sont faibles et cela influence la capacité de déceler les différences qui peuvent être réelles. De plus, il n’y a eu que deux suicides parmi les femmes du groupe professionnel des armes de combat de l’Armée de terre et ceux-ci se sont produits au cours de la période 2010-2014, et il n’y a eu aucun suicide dans ce groupe professionnel en dehors de cette période. Cela laisse supposer un taux de suicide élevé dans ce groupe professionnel, mais seulement pendant la courte période 2010-2014.
Conclusion
Les taux de suicide des hommes et des femmes de la Force régulière des FAC n’ont pas augmenté (ni diminué) de façon statistiquement significative au cours de la période d’observation décrite dans ces constatations. Cependant, une fois la standardisation selon l’âge effectuée, le taux de suicide des femmes de la Force régulière s’est avéré supérieur, et ce, de façon statistiquement significative, à celui de la population féminine canadienne au cours de la période s’étendant de 2005 à 2014, tandis que la différence entre le taux de suicide des hommes de la Force régulière et celui de la population masculine canadienne n’était pas statistiquement significative pour aucune période évaluée. En outre, malgré les facteurs de stress supplémentaires liés à la pandémie de la COVID-19, le taux de suicide et ses caractéristiques connexes en 2022 étaient comparables aux observations des années précédentes. Toutefois, la faible quantité limite la capacité, ou le pouvoir, des évaluations statistiques de relever les différences statistiquement significatives lorsqu’elles sont réelles et non le fruit du hasard, ce qui peut avoir influencé certaines des évaluations. Le risque élevé chez les hommes de la Force régulière faisant partie du commandement de l’Armée de terre, et particulièrement chez ceux appartenant aux groupes professionnels des armes de combat, est un constat que les FAC continuent d’observer. Les programmes de prévention du suicide ont été avisés de tenir compte de ces renseignements dans la planification de leurs efforts de prévention. De plus, les FAC devront également continuer de surveiller la légère hausse du risque de suicide chez les hommes de la Force régulière au sein du commandement de la Force aérienne, comme le laissent supposer les données de la période la plus récente.
1. Introduction
Chaque mort par suicide peut avoir des répercussions tragiques sur les familles, les amis et les collègues. La prévention du suicide est un problème de santé publique important au Canada et représente une des principales priorités des Forces armées canadiennes (FAC). Le Plan d’action pour la prévention du suicide des FAC témoigne de l’engagement de l’organisation de garantir que tout ce qui est mis en œuvre servira à atténuer le risque de suicide. Les enquêtes et les analyses touchant les décès par suicide parmi les membres des FAC donnent de précieux renseignements qui peuvent aider à guider et à améliorer les efforts constants déployés dans le domaine de la prévention du suicide. Ce rapport annuel est une des méthodes utilisées pour garantir que les programmes cliniques et de prévention sont optimisés.
Depuis le début des années 1990, des inquiétudes sont soulevées au sujet du taux de suicide observé dans les FAC et de ses éventuels liens avec le déploiement. Afin de tenir compte de ces inquiétudes, les FAC ont lancé un programme de surveillance de la mortalité par suicide pour déterminer le taux de suicide parmi les membres des FAC par rapport à celui prévalant dans la population canadienne générale (PCG) et, d’autre part, le taux de suicide chez les militaires ayant des antécédents de déploiement par rapport à celui des militaires sans antécédents de déploiement.
Dans le passé, les rapports portaient principalement sur la surveillance et l’épidémiologie des suicides au sein des FAC. Depuis 2015, le rapport a été élargi de manière à décrire les renseignements supplémentaires qui ont trait aux suicides dans les FAC, ce qui comprend une analyse approfondie de la variation des taux de suicide selon le commandement d’armée. Le présent rapport donne également des renseignements sur les facteurs de risque sous-jacents qui pourraient avoir contribué aux suicides survenus en 2022 chez les hommes de la Force régulière, et de 2018 à 2022 chez les femmes de la Force régulière, selon les examens techniques des suicides par des professionnels de la santé (ETSPS).
Le présent rapport analyse séparément les hommes et les femmes de la Force régulière qui sont morts par suicide. Des ETSPS sont réalisés pour tous les décès par suicide survenus au sein des FAC, y compris ceux des membres de la Réserve. Cependant, les données de ces enquêtes auprès des membres de la Réserve ainsi que toutes les données disponibles sur les tentatives de suicide ne sont pas incluses dans cette analyse pour les raisons suivantes :
- En ce qui a trait aux données de la Force de réserve, on remarque des problèmes liés à l’intégralité, en plus des inquiétudes liées à la divulgation possible de l’identité et d’attributs.Note de bas de page 1 Comme de nombreux membres de la Force de réserve reçoivent leurs soins de santé dans le réseau de santé provincial, le suicide chez les membres de la Réserve n’est pas toujours signalé de façon intégrale et les dossiers de ces membres peuvent être incomplets.
- Puisque les données sur les tentatives de suicide sont souvent incomplètes, en raison de différences dans la définition de ce terme et du manque d’uniformité en matière de signalement, et comme c’est le cas dans d’autres études portant sur la santé au travail, le présent rapport ne traite que des décès par suicide, et exclut les tentatives. De plus, les données utilisées dans l’analyse ne concernent que les militaires qui sont morts par suicide alors qu’ils étaient en service actif dans la Force régulière, et non les militaires décédés par suicide après avoir quitté les forces armées. Pour obtenir plus de renseignements sur les vétérans, consultez l’Étude de 2021 sur la mortalité par suicide chez les vétérans [2].
2. Sources de données et méthodes
2.1 Sources de données
2.1.1 Examen technique des suicides par des professionnels de la santé
Les données sur les facteurs de risque de suicide (facteurs psychosociaux et de santé mentale signalés comme étant associés aux décès par suicide) sont recueillies à partir des examens techniques des suicides par des professionnels de la santé (ETSPS). Les ETSPS sont réalisés par des professionnels de la santé militaires à la demande des Services de santé des Forces canadiennes (SSFC) lorsqu’ils considèrent qu’un suicide est à l’origine d’un décès. Cette équipe examine tous les dossiers de santé pertinents et réalise des entrevues avec les membres de la famille, les fournisseurs de soins de santé et les collègues qui ont travaillé avec la victime et qui peuvent avoir des renseignements sur les circonstances du décès. On a commencé à appliquer les ETSPS en 2010 comme outil d’assurance de la qualité au sein des SSFC afin de fournir au médecin général des observations et des recommandations sur l’optimisation les efforts de prévention du suicide au sein des SSFC. Tous les renseignements liés aux ETSPS sont recueillis et gérés par la Direction de la santé mentale (DSM).
Six catégories de facteurs liés à la santé mentale et neuf catégories de facteurs de stress professionnel et personnel ont été définies. On a déterminé que chacun de ces facteurs était présent s’il était documenté et considéré comme un problème actif au moment du décès. Dans certains cas, on a déterminé qu’un facteur lié à la santé mentale ou un facteur de stress était soupçonné ou inconnu lorsqu’il n’y avait pas de documentation ou qu’il n’y avait pas suffisamment de documentation pour indiquer avec certitude que sa présence ou son absence était un problème actif. Bien que ces cas soupçonnés ou inconnus soient peu fréquents, ces facteurs ou facteurs de stress ont été considérés comme absents dans le calcul des statistiques. En outre, il convient de souligner que tous les militaires ont été exposés à des facteurs de stress associés à la pandémie de COVID-19 entre 2020 et 2022. Pour certains, ce stress supplémentaire peut avoir augmenté le risque de suicide, directement ou indirectement, par son influence sur d’autres facteurs de stress. Cependant, la contribution de la pandémie aux décès par suicide n’a pas été prise en compte dans les enquêtes des ETSPS et, ainsi, aucune conclusion valable ne peut être tirée quant à son influence. Les catégories de facteurs liés à la santé mentale comprenaient :
- Les troubles dépressifs : i) trouble disruptif avec dysrégulation émotionnelle; ii) trouble dépressif caractérisé, épisodes isolés et itératifs; iii) trouble dépressif persistant (dysthymie); iv) trouble dysphorique prémenstruel; v) trouble dépressif induit par une substance ou un médicament; vi) trouble dépressif dû à une autre affection médicale; vii) autre trouble dépressif précisé; viii) trouble dépressif non précisé.
- Les troubles liés à des traumatismes et des facteurs de stress : i) trouble réactionnel de l’attachement; ii) trouble de désinhibition du contact social; iii) trouble de stress post-traumatique; iv) trouble de stress aigu; v) troubles de l’adaptation; vi) autre trouble consécutif aux traumatismes et au stress précisé; vii) trouble consécutif aux traumatismes et au stress non précisé.
- Les troubles anxieux : i) anxiété de séparation; ii) mutisme sélectif; iii) phobie spécifique; iv) trouble d’anxiété sociale (phobie sociale); v) trouble panique; vi) crise de panique; vii) agoraphobie; viii) trouble anxieux généralisé; ix) trouble anxieux induit par une substance ou un médicament; x) trouble anxieux dû à une autre affection médicale; xi) autre trouble anxieux précisé; xii) trouble anxieux non précisé.
- Les troubles liés à la dépendance et à la consommation de substances.
- Le traumatisme cérébral considéré comme un problème actif si la personne en a déjà souffert.
- Les troubles de personnalité considérés comme un problème actif si la personne en a déjà souffert.
Les catégories de facteurs de stress professionnel et personnel comprenaient :
- l’échec avéré ou probable d’une relation conjugale;
- l’échec avéré ou probable d’une autre relation (p. ex. famille ou amis);
- la mort par suicide d’un conjoint, d’un membre de la famille ou d’un ami (est considéré comme un problème actif si la personne y a déjà été confrontée);
- le décès d’un membre de la famille ou d’un ami (autres que les suicides);
- un problème de santé physique;
- la maladie chronique du conjoint ou de la conjointe ou d’un membre de la famille;
- un endettement excessif, une faillite ou des difficultés financières;
- des problèmes liés à l’emploi, au superviseur ou au rendement au travail;
- des problèmes juridiques (p. ex. un conflit concernant la garde des enfants, un litige).
2.1.2 Surveillance épidémiologique
Les renseignements sur le nombre de suicides et les caractéristiques démographiques des militaires jusqu’en 2012 ont été communiqués par la Direction de la gestion du soutien aux blessés (D Gest SB). Depuis septembre 2012, les données sur les suicides sont obtenues auprès de la DSM, qui en assure le suivi. La DSM vérifie ses données par renvoi croisé avec celles du Centre de soutien aux enquêtes administratives (CSEA), qui fait partie du Directeur – Enquêtes et examens spéciaux (DEES).
Les renseignements sur les antécédents de déploiement et sur le nombre de membres actifs des FAC en date du 1er juillet d’une année donnée (p. ex. âge, sexe, état civil, grade, unité, commandement, code d’identification de la structure des groupes professionnels militaires/code de groupe professionnel militaire [IDSGPM/CGPM] et antécédents de déploiement) proviennent de la Direction de la gestion de l’information des ressources humaines (DGIRH). Les antécédents de déploiement sont fondés sur les données de la DGIRH; les déploiements comprennent toutes les affectations au niveau international, à un endroit se trouvant à l’extérieur du Canada et des États-Unis, et excluent les entraînements, les exercices et les réunions avec les partenaires internationaux, le cas échéant. Il convient de souligner que le nombre de militaires actifs au cours d’une année donnée et de militaires ayant déjà fait l’objet d’un déploiement varie parfois par rapport aux rapports antérieurs en raison de mises à jour des dossiers de la DGIRH. En outre, le commandement fait partie d’un des quatre regroupements d’armée (Armée de terre, Force aérienne, Marine ou autre) en fonction du dernier commandement précisé du militaire ou, dans certains cas, des renseignements sur l’unité. De plus, les données démographiques de 2001, 2002 et de la période 2010-2022 qui ont servi à divers calculs de taux ont été mises à jour d’après les données obtenues en 2023 pour la production du rapport actuel. Ainsi, les taux pour les périodes qui incluent ces années peuvent avoir changé par rapport aux rapports des années précédentes.
Le nombre de suicides au Canada en fonction de l’âge et du sexe a été obtenu auprès de Statistique Canada. Au moment de la préparation du présent rapport, les données étaient disponibles jusqu’en 2021. Les taux de suicide au Canada sont tirés des données des certificats de décès recueillies par les provinces et les territoires et assemblées par Statistique Canada. Les codes utilisés dans le présent rapport sont ceux de la CIM-9, de E950 à E959 (suicide et blessures auto infligées), des tableaux standards produits par Statistique Canada pour les années 1995 à 1999. Pour la période 2000-2021, le nombre de décès par suicide a été calculé au moyen des codes X60 à X84 et Y87.0 de la CIM-10 et du tableau 13-10-0392-01, « Décès et taux de mortalité par groupe d’âge, selon certains groupes de causes » de Statistique Canada. Lors de la production par Statistique Canada des statistiques sur les décès de chaque année, les données des années précédentes peuvent avoir été révisées pour refléter les mises à jour ou les changements reçus des registraires provinciaux et territoriaux de l’état civil. Les affaires de verdict indéterminé (CIM-9 : E980 À E989; Y10 à Y34 et Y87.2 de la CIM-10) sont exclues par Statistique CanadaNote de bas de page 2, mais sont couramment incluses dans les statistiques sur le suicide publiées dans d’autres pays (p. ex. au Royaume-Uni, à la fois dans les contextes civil et militaire). Les exclusions de Statistique Canada ont été respectées dans ces analyses afin d’assurer que les comparaisons sont valides. Les dénominateurs de la population canadienne (PCG) jusqu’en 2000 sont tirés du tableau CANSIM 051-0001de Statistique Canada; ceux de 2000 et des années suivantes sont tirés du tableau 17-10-0005-01, Estimations de la population au 1er juillet, par âge et sexe. Jusqu’en 2015 inclusivement, les dénominateurs représentent les données intercensitaires définitives. Cependant, pour la période de 2016 à 2020, il s’agit de données postcensitaires définitives, et pour 2021, il s’agit de données postcensitaires mises à jour.
Pour les membres des FAC morts par suicide, les renseignements sur la date de naissance, le sexe, le dernier état civil signalé, le grade, la catégorie de service, le commandement d’armée, l’IDSGPM/GPM, l’historique du déploiement et la dernière unité connue ont été obtenus par le biais d’une demande adressée à la Direction de la gestion de l’information des ressources humaines (DGIRH), et pour chaque année de 2001 à 2021, ces chiffres ont été mis à jour d’après les données obtenues en 2022. Les renseignements de 2022 sont tirés des données reçues en 2023. Dans la plupart des cas, le commandement d’armée était explicitement indiqué dans les données de la DGIRH et pour le reste, la dernière unité précisée était utilisée pour attribuer la catégorie de commandement. Cette méthode a également été utilisée pour attribuer le commandement pour la population des FAC qui a servi au calcul des taux.
Les renseignements sur l’IDSGPM pour l’analyse relative aux groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre ont été obtenus directement auprès de la DGIRH. Les personnes étaient considérées comme employées dans un groupe professionnel des armes de combat de l’Armée de terre si elles avaient les IDSGPM suivants : 00005 (ÉQUIP), 00008 (ARTIL CAMP), 00009 (ARTIL DA), 00010 (FANT), 000178 (BLINDÉS), 000179 (ARTIL), 000180 (INF), 000181 (GÉNIE), 00339 (GÉNIE CBT) et 00368 (ARTIL C) (à partir de 2012).Note de bas de page 3
2.2 Méthodes
Le taux brut de suicide chez les hommes de la Force régulière des FAC a été calculé pour diverses périodes entre 1995 et 2022, tandis que le taux brut de suicide chez les femmes de la Force régulière a été calculé pour diverses périodes entre 2001 et 2022. Pour une seule année, un taux brut est le nombre total d’événements, ou décompte, au cours de cette année divisé par la population totale en milieu d’année et multiplié par 100 000, bien qu’une constante différente qui soit un multiple de 10 puisse être utilisée. Par conséquent, les taux bruts dans ce rapport sont définis comme le nombre pour 100 000 personnes par an, mais peuvent être calculés sur une seule année ou sur plusieurs années, comme un taux sur une seule année, un taux sur 5 ans ou un taux sur 10 ans. Dans le présent rapport, les taux sont en grande partie déclarés comme un nombre pour 100 000 personnes, mais il s’agit de la forme abrégée d’un nombre pour 100 000 personnes par année pour la période précisée. De plus, les périodes pour lesquelles les taux ont été calculés avaient tendance à être plus longues pour les femmes de la Force régulière (c.-à-d. principalement des périodes de 10 ans) par rapport aux hommes de la Force régulière (c.-à-d. principalement des périodes de cinq ans) pour produire des estimations plus stables. Les estimations les moins stables sont celles qui peuvent changer considérablement avec l’addition ou la soustraction d’un seul cas, et qui se traduisent par des intervalles de confiance excessivement grands. Les taux de suicide n’ont pas été calculés pour les années antérieures à 1995, car la méthode d’estimation du taux de suicide historique dans les FAC n’était pas bien définie pour cette période.
Pour comparer séparément les taux de suicide chez les hommes et les femmes de la Force régulière des FAC avec les taux de la population canadienne (PCG), la méthode indirecte de standardisation selon l’âge a été utilisée pour obtenir des ratios standardisés de mortalité (RSM) pour les suicides jusqu’en 2021. Cette méthode tient compte de la différence dans la répartition par âge lors de la comparaison entre la Force régulière des FAC et la population du Canada, séparément pour les hommes et les femmes. Un RSM représente le nombre de cas observés divisé par le nombre de cas prévus dans la population à risque, selon les taux propres à l’âge et au sexe d’une population-type (en l’occurrence, la PCG), exprimé sous forme de pourcentage. Par conséquent, un RSM de moins de 100 % signifie que le taux de suicide est moins élevé dans la population étudiée que dans la PCG, tandis qu’un RSM de plus de 100 % signifie que le taux de suicide est plus élevé dans la population étudiée.
Les RSM ont été calculés séparément pour les hommes et les femmes de la Force régulière, pour celles et ceux avec et sans antécédents de déploiement, ainsi que pour celles et ceux des quatre groupes de commandement d’armée (c.-à-d. Armée de terre, Force aérienne, Marine ou Autre).
Le calcul des intervalles de confiance (IC) pour les statistiques tirées des données relatives à la population est présenté dans le présent rapport pour ceux qui souhaitent généraliser les résultats ou les comparer à ceux d’autres années ou à ceux d’autres populations définies. Les intervalles de confiance ont été calculés pour les taux de suicide et les RSM au sein de la Force régulière des FAC, et ces derniers ont été générés directement au moyen des limites de confiance à 95 % de la distribution de Poisson, exactement selon la méthode décrite par Breslow et Day [3].
Les intervalles de confiance servent habituellement à mesurer l’incertitude liée à une estimation statistique (p. ex. une moyenne d’échantillon ou un taux de mortalité) lorsqu’on traite des échantillons provenant d’une population définie. Néanmoins, lorsque des statistiques comme les taux de suicide sont calculées à partir d’une population ayant fait l’objet d’un dénombrement complet, les questions de stabilité statistique sont moins déterminantes, car chacune des personnes faisant partie de la population est comptée. Habituellement, les erreurs qui ont trait au processus de collecte des données, au codage des causes de décès ou à l’estimation des dénominateurs de la population sont plus préoccupantes. Dans ces cas, le taux de suicide calculé et ses intervalles de confiance constituent simplement une caractérisation de la distribution de la population du taux, et ceci en partant de l’hypothèse qu’il suit une distribution théorique connue (p. ex. distribution de Poisson) autour du taux calculé (c.-à-d. que certaines personnes qui ne sont pas décédées avaient une probabilité non nulle de décès par suicide). Cela permet de comparer les taux d’une population et leur distribution à ceux d’une autre population (p. ex. une population caractérisée par l’année); les intervalles de confiance donnent une certaine indication quant à savoir si les deux estimations de population sont comparables (c.-à-d. lorsque les intervalles de confiance se chevauchent) ou différentes (c.-à-d. lorsque les intervalles de confiance ne se chevauchent pas) avec un certain degré de probabilité statistique. Le niveau p=0,05 est utilisé pour déterminer si deux distributions de population présentent des différences statistiquement significatives.
On a également recouru à la standardisation directe en fonction de la structure par âge de la population masculine ou féminine totale de la Force régulière pour établir deux comparaisons. Pour comparer plus précisément le risque de suicide chez les hommes ou les femmes de la Force régulière ayant des antécédents de déploiement et ceux et celles sans antécédent de déploiement, et chez les militaires appartenant au commandement de l’Armée de terre et ceux qui relèvent d’un autre commandement, des ratios de taux standardisés ayant des intervalles de confiance de 95 % ont été calculés, comme on les décrit dans Rothman et Greenland [4].
En raison du faible nombre de cas de suicides enregistrés chaque année dans les Forces armées canadiennes, ces suicides sont influencés par une variabilité aléatoire d’une année à l’autre. Les moyennes mobiles, c’est‑à‑dire la moyenne des résultats d’une année cible combinés à ceux de l’année précédente et de l’année suivanteNote de bas de page 4, ont été utilisées par d’autres dans un cadre semblable d’études sur les suicides chez les militaires [5]. La méthode tente de limiter la variabilité annuelle susmentionnée due au faible nombre de cas et à donner une image instantanée des éventuels changements dans les tendances au fil du temps.
3. Resultats
3.1 Resultats des rapports d’examen technique des suicides par des professionnels de la santé, hommes et femmes de la Force régulière, mises à jour de 2022
3.1.1 Facteurs liés à la santé mentale
Hommes
Des ETSPS ont été réalisés pour les 12 cas de suicide d’hommes de la Force régulière des FAC qui ont eu lieu en 2022 et pour 63 des 66 cas de suicide d’hommes survenus entre 2018 et 2022. Le tableau 1 présente un résumé de la représentation des facteurs de santé mentale parmi les 12 hommes de la Force régulière morts par suicide en 2022 et les 63 hommes entre 2018 et 2022 pour lesquels un ETSPS a été réalisé. Cependant, la description qui suit se concentrera sur les données de 2022. Parmi ces 12 suicides de membres masculins des FAC en 2022, six (50,0 %) présentaient au moins un des facteurs de santé mentale du tableau 1 désigné comme un problème actif. La catégorie des facteurs de santé mentale liés aux traumatismes et au stress était la plus fréquente, identifiée chez quatre personnes (33,3 %) et parmi celles-ci, une personne (8,3 %) souffrait d’un TSPT et trois (25,0 %) souffraient d’autres troubles dans cette catégorie. Le facteur des troubles dépressifs a été identifié comme un problème actif au moment du décès de trois (25,0 %) personnes, un trouble anxieux a été identifié comme un problème actif pour deux (16,7 %) personnes, un traumatisme cérébral a été identifié dans le passé pour deux (16,7 %) personnes, un trouble de dépendance ou de consommation de substances a été identifié pour une (8,3 %) personne et aucune personne n’avait été identifiée par rapport à un trouble de la personnalité. Dans l’ensemble, trois personnes (25,0 %) présentaient au moins deux des facteurs de santé mentale énumérés au tableau 1 au moment de leur décès. La représentation des facteurs de santé mentale était semblable entre 2021 et la période de cinq ans de 2018 à 2022 pour les suicides parmi les hommes de la Force régulière, mais le facteur du trouble lié à la dépendance ou à la consommation de substances semblait moins prononcé en 2022 par rapport à la période de cinq ans.
De plus, il y avait des preuves documentées d’idées suicidaires antérieures ou de tentatives de suicide antérieures pour huit hommes (66,7 %) de la Force régulière morts par suicide en 2022, et cela était semblable pour la période s’étendant de 2018 à 2022, où 32 personnes (50,8 %) présentaient cette preuve documentée.
L’ETSPS n’indique pas si ces problèmes de santé mentale sont associés au stress opérationnel.Note de bas de page 5 Néanmoins, il tente de déterminer si le suicide est lié à un déploiement et pour cette demande; on a indiqué Non ou Inconnu pour les 12 personnes en 2022.
a Le total n’est pas de 100 %, car toutes les personnes n’avaient pas de facteur de santé mentale au moment du décès, et certaines personnes avaient plus d’un facteur de santé mentale.
b Constitue un problème actif s’il s’est produit pendant le parcours de vie d’une personne.
c Le nombre total de personnes était trop petit pour être décrit.
Femmes
Les ETSPS ont été réalisés pour les six suicides de femmes dans la Force régulière des FAC entre 2018 et 2022, et le tableau 1 présente un résumé de la représentation des facteurs de santé mentale. Parmi ces femmes membres des FAC mortes par suicide, cinq (83,3 %) présentaient au moins un des facteurs de santé mentale du tableau 1 désigné comme problème actif. Un trouble dépressif, un traumatisme et un trouble lié au stress, un trouble anxieux, un trouble de dépendance ou de consommation de substances et un trouble de la personnalité ont chacun été identifiés chez deux personnes (33,3 %). Aucune personne n’a été identifiée comme ayant subi un traumatisme cérébral antérieur. Dans l’ensemble, quatre femmes (66,7 %) présentaient au moins deux des facteurs de santé mentale énumérés au tableau 1 au moment de leur décès.
De plus, il y avait des preuves documentées d’idées suicidaires antérieures ou de tentatives de suicide antérieures pour deux (50,0 %) des femmes de la Force régulière mortes par suicide entre 2018 et 2022. Les ETSPS ont également indiqué que les six suicides n’avaient aucun lien avec un déploiement antérieur ou avaient un lien inconnu avec un tel déploiement.
3.1.2 Facteurs de stress professionnel et personnel
Hommes
Les facteurs de stress professionnel et personnel connus pour les hommes de la Force régulière morts par suicide en 2022 et pour la période 2018-2022 figurent au tableau 2. En 2022, les 12 personnes (100 %) avaient subi au moins un facteur de stress déclaré et dix (83,3 %) en avaient subi deux ou plus. Le facteur de stress le plus courant était un problème lié à l’emploi, de superviseur ou de rendement au travail, identifié chez neuf (75,0 %) personnes, suivi du décès par suicide d’un conjoint, d’un membre de la famille ou d’un ami et d’un problème de santé physique, chacun identifié chez six (50,0 %) personnes. De plus, tous les hommes de la Force régulière ont vécu la pandémie de COVID-19 et, à ce titre, il s’agissait d’un facteur de stress courant au sein de cette population. Cependant, aucune preuve n’indique que cela ait contribué à faire augmenter le risque de suicide. De plus, pendant la pandémie de COVID-19, les caractéristiques des personnes mortes par suicide entre 2020 et 2022 étaient comparables aux observations des années précédentes.
En comparant la représentation des facteurs de stress liés au travail et à la vie entre 2022 et la période 2018‑2022, il a été observé qu’elle était semblable, sauf que les problèmes liés à l’emploi, au superviseur ou au rendement au travail étaient un peu plus prononcés en 2022 qu’au cours de la période de cinq ans. De 2018 à 2022, le facteur de stress le plus important était l’échec avéré ou probable d’une relation conjugale (55,6 %), suivi d’un problème lié à l’emploi, au superviseur ou au rendement au travail (46,0 %) et d’un problème de santé physique (39,7 %), mais les autres facteurs de stress avaient également des représentations modérément élevées, variant de 12,7 % à 31,7 %.
Outre ces facteurs de stress observés dans le cas des suicides d’hommes de la Force régulière en 2022, six personnes (50,0 %) avaient été victimes de violence physique, sexuelle ou émotionnelle ou d’agression au cours de leur vie, selon les dossiers. Avant leur décès, cinq personnes (41,7 %) avaient eu des problèmes juridiques, disciplinaires ou d’une autre nature. En outre, une des personnes (8,3 %) était en voie d’être libérée des FAC au moment de son décès; elle était désignée comme étant une libération administrative.
a Le total n’est pas de 100 %, étant donné que certaines personnes ne semblaient pas avoir les facteurs de stress mesurés et d’autres en avaient subi plus d’un.
b Constitue un problème actif s’il s’est produit pendant le parcours de vie d’une personne.
c Le nombre total de personnes était trop petit pour être décrit.
Femmes
Les facteurs de stress professionnel et personnel connus pour les femmes de la Force régulière mortes par suicide de 2018 à 2022 figurent au tableau 2. Au cours de cette période, cinq personnes (83,3 %) présentaient au moins un facteur de stress déclaré, et ces cinq personnes (83,3 %) présentaient également deux facteurs de stress ou plus. Le facteur de stress le plus fréquent était l’échec avéré ou probable d’une relation conjugale, relevé chez cinq personnes (83,3 %), suivi d’un problème lié à l’emploi, au superviseur ou au rendement au travail, relevé chez quatre personnes (66,7 %), et la maladie chronique d’un(e) conjoint(e) ou d’un membre de la famille, relevée chez trois personnes (50,0 %). De plus, toutes les femmes de la Force régulière ont vécu la pandémie de COVID-19 et, à ce titre, il s’agissait d’un facteur de stress courant au sein de cette population. Cependant, aucune preuve n’indique que cela a contribué à faire augmenter le risque de suicide. De plus, pendant la pandémie de COVID-19, les caractéristiques des personnes mortes par suicide entre 2020 et 2022 étaient comparables aux observations des années précédentes.
Outre ces facteurs de stress chez les femmes de la Force régulière mortes par suicide au cours de la période 2018-2022, mentionnons que trois personnes (50,0 %) avaient été victimes de violence physique, sexuelle ou émotionnelle ou d’agression au cours de leur vie, selon les dossiers. Il y avait également une personne (16,7 %) qui avait fait l’objet de procédures juridiques, disciplinaires ou d’autre nature avant son décès et une personne (16,7 %) qui était en voie d’être libérée (c.-à-d. libération pour raisons médicales) des FAC.
3.2 Épidémiologie des suicides chez les membres de la Force régulière
3.2.1 Vue d'ensemble
Hommes
Au cours des cinq années précédentes (2018-2022), il y a eu 66 décès par suicide chez les hommes de la Force régulière des FAC. Les caractéristiques de ces 66 décès par suicide sont présentées au tableau 3, tout comme le taux de suicide pour chaque caractéristique et, pour donner une comparaison temporelle, les taux de suicide pour chaque caractéristique sont également présentés pour des périodes de cinq ans (c.-à-d. 2010-2014, 2015 2019 et 2020-2022). Il convient de souligner que les taux de suicide tiennent compte de la répartition relative de la caractéristique dans la population masculine de la Force régulière, ce qui permet de comparer l’importance d’une caractéristique par rapport à une autre, parmi les décès par suicide. Par exemple, si un taux est plus élevé pour une caractéristique par rapport à une caractéristique opposée (p. ex. un groupe d’âge par rapport à un autre), cela laisse supposer que la caractéristique affichant le taux le plus élevé est plus fréquente parmi les décès par suicide. Toutefois, les différences minimes pourraient être attribuables au seul hasard et le risque de suicide sous-jacent pourrait être le même pour les deux caractéristiques. Les tests statistiques et les intervalles de confiance aident à orienter ce jugement et ces tests sont limités quant à leur capacité de relever les différences qui sont réelles lorsque les valeurs sont faibles.
L’âge moyen des hommes morts par suicide était de 35,0 ans (IC à 95 % : 33,0, 37,0; âge médian : 34,5 ans) pour la période 2018-2022, comparativement à une moyenne de 34,7 ans (IC à 95 % : 34,7, 34,7; âge médian : 33,0 ans) chez tous les hommes de la Force régulière âgés de 15 à 59 ans au cours de la même période; cette différence n’était pas statistiquement significative. De plus, l’âge moyen des personnes mortes par suicide pour chaque période de cinq ans était semblable et les différences entre les périodes n’étaient pas statistiquement significatives. Même si le taux de suicide était plus élevé chez les personnes âgées de moins de 45 ans, les intervalles de confiance se chevauchaient pour tous les groupes d’âge, ce qui indique qu’il n’existait pas de différence statistiquement significative dans le taux de suicide par groupe d’âge. Le taux de suicide présentait des différences statistiquement significatives en ce qui concerne l’état matrimonial. Au cours des cinq années précédentes (2018-2022) et des périodes 2015-2019 et 2020-2022, le taux de suicide était plus élevé et présentait des différences statistiquement significatives chez les hommes de la Force régulière qui étaient séparés, divorcés ou veufs par rapport aux autres catégories d’état matrimonial. De plus, le taux de suicide avait tendance à varier selon la catégorie de grade, le plus élevé étant chez les militaires du rang (subalternes) (MR sub) pour les périodes 2018-2022, 2010-2014 et 2015-2019. Toutefois, même si le taux de suicide élevé chez les MR sub n’était pas statistiquement significatif par rapport à celui des autres catégories de grade, il n’était tout simplement pas statistiquement significatif par rapport à ceux des officiers pour la période de cinq ans 2018 2022 précédente. De plus, le taux de suicide ne différait pas considérablement, et les différences n’étaient pas statistiquement significatives, par commandement d’armée ou par antécédents de déploiement pour chaque période évaluée. Toutefois, il était notable que le taux de suicide au sein du commandement de la Force aérienne était élevé entre 2015 et 2019 par rapport à la période antérieure 2010-2014, et cette augmentation n’était tout simplement pas statistiquement significative, comme l’indiquent les intervalles de confiance présentant un chevauchement minimal. Cependant, le taux de suicide présentait des différences statistiquement significatives chez les hommes appartenant aux groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre par rapport au taux des hommes appartenant à d’autres groupes professionnels, mais seulement au cours de la période 2010 2014.
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010).
Femmes
Au cours des dix années précédentes (2013-2022), 11 femmes de la Force régulière des FAC sont mortes par suicide. Les caractéristiques de ces 11 décès par suicide sont présentées au tableau 4, tout comme le taux de suicide pour chaque caractéristique et, pour donner une certaine comparaison temporelle, les taux de suicide pour chaque caractéristique sont également présentés pour les périodes 2005-2011, 2010-2019 et 2020-2022. Comme nous l’avons mentionné précédemment, les taux de suicide tiennent compte de la répartition relative de la caractéristique chez les femmes de la Force régulière. Cela révèle des situations où une caractéristique détenant un taux plus élevé peut être plus fréquente parmi les décès par suicide que ce à quoi on pourrait s’attendre seulement par hasard; cependant, les tests statistiques et les intervalles de confiance aident à orienter ce jugement et ces tests sont limités lorsque les valeurs sont faibles.
L’âge moyen des femmes mortes par suicide était de 32,9 ans (IC à 95 % : 28,1, 37,7; âge médian : 30,0 ans) pour la période 2013-2022, comparativement à une moyenne de 35,6 ans (IC à 95 % : 35,6, 35,7; âge médian : 35,0 ans) chez toutes les femmes de la Force régulière âgées entre 15 et 59 ans au cours de la même période; cette différence n’était pas statistiquement significative. Bien que le taux de suicide variait selon les groupes d’âge au cours de la période 2013-2022, tendant à être plus élevé chez les personnes âgées de moins de 45 ans, les intervalles de confiance se chevauchaient pour tous les groupes d’âge, ce qui indique qu’il n’y avait pas de différences statistiquement significatives dans le taux de suicide par groupe d’âge. De plus, bien que le taux de suicide ait tendance à être plus élevé chez les femmes de la Force régulière célibataires, de grade inférieur, dans les groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre et chez celles qui n’avaient pas d’antécédents de déploiement, les intervalles de confiance se chevauchaient pour toutes les catégories de chaque caractéristique, ce qui indique que ces différences n’étaient pas statistiquement significatives. De même, il n’y avait aucune tendance évidente concernant le taux de suicide selon le commandement d’armée et aucune indication que le taux de suicide présentait une différence statistiquement significative dans un commandement ou un autre.
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010).
b Les années de la période 2005-2022 ont été incluses à des fins de comparaison en raison des faibles chiffres liées à certaines caractéristiques.
3.2.2 Comparaisons des taux
Hommes
Le tableau 5 présente le nombre annuel de décès par suicide chez les hommes de la Force régulière, de 1995 à 2022 inclusivement, de même que les taux bruts sur les cinq années correspondantes. Les différences entre les taux bruts de suicide des hommes de la Force régulière des FAC au cours des cinq années consécutives de 1995 à 2022 n’étaient pas statistiquement significatives, mais variaient d’un minimum de 19,9 pour 100 000 personnes pour la période 1995-1999 à un maximum de 24,5 pour 100 000 personnes au cours des périodes plus récentes de 2010-2014 et de 2015-2019. Le taux brut sur trois ans pour 2020-2022, la période la plus récente, était de 23,0 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 16,2, 31,5) et il ne s’agissait pas d’un changement statistiquement significatif par rapport aux taux des cinq années précédentes. De plus, les intervalles de confiance pour toutes les périodes de cinq années et les périodes récentes de trois années se chevauchent considérablement, ce qui laisse supposer que les différences entre les périodes n’étaient pas statistiquement significatives.
Année | Nombre d’années-personnes pour les hommes de la Force régulière des FACNote de bas de page 6 | Nombre de suicides chez les hommes de la Force régulière des FACa | Taux de suicide chez les hommes de la Force régulière des FAC par 105 (IC à 95 %) |
---|---|---|---|
1995 | 62 255 | 12 | |
1996 | 57 323 | 8 | |
1997 | 54 982 | 13 | |
1998 | 54 284 | 13 | |
1999 | 52 689 | 10 | |
1995-1999 | 281 533 | 56 | 19,9 (15,1, 26,0) |
2000 | 51 537 | 12 | |
2001 | 45 649 | 10 | |
2002 | 47 285 | 9 | |
2003 | 48 431 | 9 | |
2004 | 48 189 | 10 | |
2000-2004 | 241 091 | 50 | 20,7 (15,4, 27,4) |
2005 | 48 491 | 10 | |
2006 | 49 425 | 7 | |
2007 | 51 101 | 9 | |
2008 | 51 861 | 13 | |
2009 | 53 575 | 12 | |
2005-2009 | 254 453 | 51 | 20,0 (14,9, 26,4) |
2010 | 55 608 | 12 | |
2011 | 55 513 | 21 | |
2012 | 55 520 | 10 | |
2013 | 55 570 | 9 | |
2014 | 55 157 | 16 | |
2010-2014 | 277 212 | 68 | 24,5 (19,2, 31,3) |
2015 | 55 225 | 14 | |
2016 | 55 884 | 14 | |
2017 | 56 278 | 13 | |
2018 | 56 813 | 13 | |
2019 | 57 018 | 15 | |
2015-2019 | 281 218 | 69 | 24,5 (19,2, 31,2) |
2020 | 57 168 | 12 | |
2021 | 54 589 | 14 | |
2022 | 53 806 | 12 | |
2020-2022 | 165 563 | 38 | 23,0 (16,2, 31,5) |
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010).
Une comparaison du RSM des taux de suicide chez les hommes de la Force régulière par rapport à leurs homologues civils est présentée à la figure 1 et au tableau 6 pour des périodes consécutives de cinq années de 1995 à 2021. Les RSM pour les périodes de 1995 à 1999, de 2000 à 2004 et de 2005 à 2009 montrent que la population des hommes de la Force régulière présente un taux de suicide inférieur à celui de la population générale des hommes au Canada, après ajustement pour tenir compte des différences d’âge de la population; cependant, la différence n’était statistiquement significative que pour la période de 1995 à 1999. Le RSM de 72 % pour la période de 1995 à 1999 indique que la population des hommes de la Force régulière avait un taux de suicide inférieur de 28 % au taux de la population générale des hommes au Canada, car l’intervalle de confiance ne comprenait pas 100 %. Pour les périodes évaluées après la période 2005-2009, les RSM avaient constamment tendance à être supérieurs à 100 %, même si ceux-ci n’étaient pas tous statistiquement significatifs, car les intervalles de confiance de chacun de ces RSM comprenaient 100 %. Le RSM le plus récent n’a pu être calculé qu’au moyen de données recueillies pour deux ans (c.-à-d. 2020 et 2021). Même s’il était élevé, il n’était pas non plus statistiquement significatif. Cette tendance à l’augmentation du RSM sera surveillée.

Caption
La figure 1 contient 6 points de données en bleu. Les points utilisés pour réaliser cette figure sont dans le tableau 6.
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010) et des statistiques de l’état civil et des estimations de la population masculine canadienne publiées de Statistique Canada (à partir de 2000).
† Statistiquement significatif.
Une analyse supplémentaire a été mise en œuvre pour comparer les RSM calculés séparément pour les membres ayant des antécédents de déploiement et ceux qui n’en ont pas, comparant individuellement leur risque de suicide au risque prévalant dans la population masculine canadienne. Ces résultats sont présentés au tableau 7. Pour les deux premières périodes évaluées, soit 1995-1999 et 2000-2004, les RSM étaient très semblables entre ceux qui avaient des antécédents de déploiement et ceux qui n’en avaient pas, et comme chaque intervalle de confiance des RSM comprenait 100 %, les différences de risque de suicide par rapport au risque dans la population masculine canadienne n’étaient pas statistiquement significatives. Les deux périodes de cinq années suivantes, soit 2005-2009 et 2010-2014, ont donné lieu à des RSM pour les militaires déployés supérieurs à 100 % et plus par rapport à ceux qui n’ont pas été déployés, mais pour chaque période, les différences de risque de suicide par rapport à la population masculine canadienne n’étaient pas statistiquement significatives. La période 2015-2019 a indiqué un léger renversement, car un RSM plus élevé a été observé chez les militaires qui n’avaient pas d’antécédents de déploiement, mais encore une fois, les différences de risque de suicide par rapport à la population masculine canadienne n’étaient pas statistiquement significatives. De plus, les RSM les plus récents, qui n’ont été calculés qu’au moyen de données recueillies sur deux ans (c.-à-d. 2020 et 2021), laissaient supposer qu’encore une fois, le RSM était plus élevé chez les militaires qui avaient des antécédents de déploiement, mais les différences de risque de suicide par rapport à la population masculine canadienne n’étaient pas statistiquement significatives.
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010) et des statistiques de l’état civil et des estimations de la population masculine canadienne publiées de Statistique Canada (à partir de 2000).
† Statistiquement significatif.
Une analyse comparant les mêmes groupes, mais utilisant une méthode statistiquement différente (c’est-à-dire une standardisation directe), une méthodologie qui corrige également les différences de distribution d’âge entre les groupes, est présentée dans le tableau 8 et n’a pas non plus permis de déterminer une relation statistiquement significative entre les personnes ayant des antécédents de déploiement et celles n’ayant pas de tels antécédents. Cependant, les observations visant la période de trois ans 2020-2022 laissent supposer un risque possiblement plus élevé de suicide chez les hommes de la Force régulière qui ont déjà été déployés par rapport à ceux qui n’ont pas ces antécédents; cette différence n’était pas statistiquement significative. Bien qu’il ne soit pas statistiquement significatif, ce changement apparent a été attribué à une diminution du taux de suicide chez les personnes sans antécédents de déploiement par rapport au taux observé au cours de la période précédente 2015‑2019. Ce changement fait paraître le taux associé aux personnes ayant des antécédents de déploiement comme plus élevé en comparaison. Il importe de souligner que cette observation ne concerne que trois années de données et qu’il n’était pas encore possible d’établir des comparaisons rajustées selon l’âge avec la population canadienne. Dans une comparaison des taux directement standardisés sur dix ans selon les antécédents de déploiement pour les périodes de 1995 à 2004 et de 2005 à 2014, ainsi que le taux de la période de huit ans 2015-2022, ceux-ci semblaient tous statistiquement non significatifs, avec des taux standardisés selon l’âge de suicide de 1,04 (IC à 95 % : 0.70, 1,55), 1,44 (IC à 95 % : 0,96, 2,15) et 0,95 (IC à 95 % : 0,62, 1,44), respectivement. Cependant, le ratio des taux pour la période 2005-2014, qui indiquait un taux plus élevé chez ceux ayant des antécédents de déploiement, était près d’être statistiquement significatif.
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010).
Femmes
Le tableau 9 présente le nombre annuel de suicides chez les femmes de la Force régulière, de 2001 à 2022 inclusivement, de même que les taux bruts sur cinq ans correspondants. Soulignons qu’aucun décès par suicide n’a été signalé chez les femmes de la Force régulière de 1995 à 2002. Les différences entre les taux bruts de suicide des femmes de la Force régulière des FAC sur cinq années consécutives de 2005 à 2022 n’étaient pas statistiquement significatives, mais variaient d’un minimum de 8,2 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 2,2, 20,9) entre 2015 et 2019, à un maximum de 15,5 par 100 000 personnes (IC à 95 % : 6,2, 32,0) entre 2010 et 2014. Soulignons que le taux brut au cours de la période de quatre ans 2001-2004 était de 7,8 pour 100 000 personnes. Le taux brut sur trois ans pour 2020-2022, la période la plus récente, était de 12,8 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 3,5, 32,7) et il ne s’agissait pas d’un changement statistiquement significatif par rapport aux taux de cinq ans précédents. De plus, tous les taux sur cinq ans et le taux de la période récente de trois ans sont semblables, à l’exception de la baisse pour la période de 2015 à 2019, et leurs intervalles de confiance pour toutes les périodes se chevauchent considérablement, ce qui laisse supposer que les différences entre les périodes ne sont pas statistiquement significatives. Cependant, les intervalles de confiance étaient tous grands, ce qui se produit lorsque le nombre de suicides est faible pour une période donnée (c.-à-d. qu’une petite variation du nombre de suicides pour une période peut modifier considérablement le taux, et le taux relatif, et que le pouvoir associé de déceler des différences réelles est réduit), ce qui justifie une certaine prudence dans l’affirmation tranchée selon laquelle une différence n’est pas statistiquement significative. Par conséquent, certaines des statistiques présentées ci-dessous seront communiquées pour des périodes de dix ans.
Année | Nombre d’années-personnes pour les femmes de la Force régulière des FACNote de bas de page 7 | Nombre de suicides de femmes de la Force régulière des FACa | Taux de suicide chez les femmes de la Force régulière des FAC par 105 (IC à 95 %) |
---|---|---|---|
2001 | 5 874 | 0 | |
2002 | 6 330 | 0 | |
2003 | 6 676 | 2 | |
2004 | 6 799 | 0 | |
2001-2004 | 25 679 | 2 | 7,8 (0,9, 28,1) |
2005 | 7 026 | 0 | |
2006 | 7 378 | 1 | |
2007 | 7 864 | 1 | |
2008 | 8 168 | 1 | |
2009 | 8 578 | 2 | |
2005-2009 | 39 014 | 5 | 12,8 (4,2, 29,9) |
2010 | 8 874 | 0 | |
2011 | 8 850 | 1 | |
2012 | 8 915 | 3 | |
2013 | 9 182 | 1 | |
2014 | 9 208 | 2 | |
2010-2014 | 45 029 | 7 | 15,5 (6,2, 32,0) |
2015 | 9 295 | 1 | |
2016 | 9 452 | 1 | |
2017 | 9 705 | 0 | |
2018 | 10 102 | 0 | |
2019 | 10 392 | 2 | |
2015-2019 | 48 946 | 4 | 8,2 (2,2, 20,9) |
2020 | 10 647 | 2 | |
2021 | 10 386 | 1 | |
2022 | 10 250 | 1 | |
2020-2022 | 31 283 | 4 | 12,8 (3,5, 32,7) |
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010).
b Aucun suicide n’a été signalé chez les femmes de la Force régulière de 1995 à 2002.
Une comparaison du RSM des taux de suicide chez les femmes de la Force régulière par rapport à leurs homologues civiles est présentée à la figure 2 et au tableau 10 pour des périodes consécutives de 2001 à 2021. Les données de la période complète 2001-2021 (RSM : 172 %; [IC à 95 % : 106, 263]) ont indiqué que la population féminine de la Force régulière des FAC affichait un taux de suicide supérieur de 72 % à celui de la population féminine canadienne, en tenant compte des différences d’âge. Ce RSM était statistiquement significatif, car l’intervalle de confiance n’incluait pas 100 %. Des périodes plus courtes entre 2001 et 2021 ont été évaluées, et ceci indique s’il y a eu des fluctuations dans le RSM au fil du temps. Le RSM sur dix ans pour la période 2005-2014 était de 215 % et était statistiquement significatif, ce qui indique que le risque de suicide chez les femmes de la Force régulière était plus élevé que le risque dans la population féminine canadienne pour cette période. Toutefois, ce RSM statistiquement significatif était dans une très grande mesure attribuable aux trois décès par suicide chez les femmes survenus en 2012, nombre plus élevé qu’à l’habitude (voir le tableau 9). Pour la période plus récente 2015-2021 (sept ans), le RSM était de 141 %. Bien que cela laisse supposer que le taux de suicide des femmes de la Force régulière était encore élevé par rapport à celui de la population générale des femmes canadiennes, il ne s’agissait pas d’une différence statistiquement significative.

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La figure 2 contient 3 points de données en bleu. Les points utilisés pour réaliser cette figure sont dans le tableau 10.
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010) et des statistiques de l’état civil et des estimations de la population masculine canadienne publiées de Statistique Canada (à partir de 2000).
b Fondé sur des observations recueillies sur moins de dix ans (des intervalles de dix ans ont été privilégiés)
† Statistiquement significatif.
Parmi les femmes de la Force régulière s’étant suicidées, peu d’entre elles avaient des antécédents de déploiement; six personnes, au cours de la période 2001-2022, avaient eu cette expérience (taux brut : 8,7/100 000; [IC à 95 % : 3,2, 19,0]), comparativement à 16 qui ne l’avaient pas eue (taux brut : 13,2/100 000 [IC à 95 % : 7.6, 21.4]), et leurs intervalles de confiance se chevauchaient considérablement, ce qui indique que les différences n’étaient pas statistiquement significatives. Les RSM ont été calculés séparément pour les militaires ayant des antécédents de déploiement ainsi que pour celles n’ayant pas d’antécédents de déploiement, comparant individuellement leur risque de suicide au risque dans la population féminine canadienne. Ces résultats sont présentés dans le tableau 11. Les données pour la période complète 2001-2021 ont indiqué que le taux de suicide chez les femmes de la Force régulière, par rapport à celui de la population féminine canadienne et en tenant compte des différences d’âge, était élevé à la fois chez celles qui avaient des antécédents de déploiement et chez celles qui n’en avaient pas, mais cela n’était statistiquement significatif que parmi celles qui n’avaient pas d’antécédents de déploiement. Le RSM de la période de 2001-2021 était de 131 % (IC à 95 % : 48, 285) chez celles ayant des antécédents de déploiement, contre 197 % (IC à 95 % : 110, 325) parmi celles qui n’avaient pas d’antécédents de déploiement. Les résultats des RSM de la période de dix ans s’échelonnant de 2005 à 2014 étaient semblables à ceux observés pour la période complète 2001-2021, où les RSM étaient supérieurs à 100 % à la fois pour les femmes ayant des antécédents de déploiement et pour celles qui n’en avaient pas, mais étaient seulement statistiquement significatifs pour celles qui n’en avaient pas. De même, les RSM les plus récents de la période 2015-2021 (c.-à-d. sept ans) reflétaient quelque peu ce qui avait été constaté pour la période 2001-2021 complète, mais le nombre de suicides de femmes de la Force régulière ayant des antécédents de déploiement ne représentait qu’une personne pour cette période plus courte. De plus, ces résultats correspondent en grande partie à l’observation précédente selon laquelle, dans l’ensemble, les femmes de la Force régulière affichaient un taux de suicide plus élevé par rapport à la population féminine canadienne pour la période 2005-2014 (voir la figure 2 et le tableau 10) et ne suggèrent aucune différence dans le taux de suicide entre celles qui ont des antécédents de déploiement et celles qui n’en ont pas. Cependant, le nombre de femmes de la Force régulière qui sont mortes par suicide et qui avaient des antécédents de déploiement était faible, et même si cela laisse supposer un risque de suicide associé plus faible, le petit nombre limite la capacité de porter des jugements tranchés.
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010) et des statistiques de l’état civil et des estimations de la population masculine canadienne publiées de Statistique Canada (à partir de 2000)
b Fondé sur des observations recueillies sur moins de dix ans (des intervalles de dix ans ont été privilégiés)
† Statistiquement significatif.
Une analyse comparant les mêmes groupes, mais utilisant une méthode statistiquement différente (c’est-à-dire une standardisation directe), une méthodologie qui corrige également les différences de distribution d’âge entre les groupes, est présentée dans le tableau 12 et n’a pas non plus permis de déterminer une relation statistiquement significative entre les personnes ayant des antécédents de déploiement et celles n’ayant pas de tels antécédents pour aucune des périodes visées par le tableau. De plus, la période de quatre ans de 2001 à 2004 laisse supposer un taux élevé parmi les personnes ayant des antécédents de déploiement, mais les chiffres sont trop faibles pour être valablement comparés statistiquement. Dans l’ensemble, les taux directement standardisés de la période 2001-2022 étaient de 8,29 et de 11,67 pour les personnes avec et sans antécédents de déploiement, respectivement, et le ratio de taux de suicide standardisé selon l’âge était de 0,71 (IC à 95 % : 0,27, 1,87), ce qui n’était pas statistiquement significatif. De plus, les taux directement standardisés pour la période de dix ans s’échelonnant de 2003 à 2012 et la période 2013-2022 n’étaient pas non plus statistiquement significatifs, avec des ratios de taux de suicide standardisés selon l’âge de 1,33 (IC à 95 % : 0,38, 4,62) et 0,26 (IC à 95 % : 0,05, 1,20), respectivement.
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010)
b Fondé sur des observations recueillies sur moins de dix ans (des intervalles de dix ans ont été privilégiés)
3.3 Épidémiologie des suicides chez les membres de la Force régulière, selon le commandement d’armée
Hommes
Au cours des 21 dernières années (2002-2022), il y a eu 106 décès par suicide parmi les hommes de la Force régulière du commandement de l’Armée de terre et 148 décès parmi les hommes des autres commandements (Marine, Force aérienne et autres). Le taux brut de suicide dans l’Armée de terre était de 24,6 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 20,2, 29,9) comparativement à 21,4 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 18,2, 25,2) pour le taux observé dans les autres commandements. Les intervalles de confiance pour ces deux taux de catégorie de commandement (c.-à-d., commandement de l’Armée de terre et autres commandements) se chevauchent, ce qui indique qu’il n’existe pas d’écart statistiquement significatif entre les deux groupes. Les taux rajustés selon l’âge et directement standardisés (Armée de terre : 23,9/100 000 personnes [IC à 95 % : 19,3, 28,6]; autre commandement : 21,8/100 000 personnes [IC à 95 % : 18,2, 25,3]) étaient très semblables aux taux bruts. De plus, le ratio du taux de suicide standardisé selon l’âge n’était pas statistiquement significatif (1,10 [IC à 95 % : 0,85, 1,42]), ce qui indique que le taux de suicide standardisé selon l’âge chez les hommes de la Force régulière de l’Armée de terre ne pouvait pas être considéré comme différent, sur le plan de la signification statistique, par rapport au taux observé dans les autres commandements.
Des RSM (c.-à-d. comparaisons avec la PCG) ont été calculés pour chaque groupement de commandement et chaque période de cinq ans au cours de la période 2002-2021 (tableau 13). Les RSM du commandement de l’Armée de terre à partir de 2007 étaient tous supérieurs à 100 %, mais aucun n’était statistiquement significatif et au cours de la période la plus récente (c.-à-d. 2017-2021), le RSM est plus comparable à ce qui est observé parmi tous les commandements. En revanche, au cours de cette période plus récente de 2017 à 2021, le RSM du groupe de commandement de la Force aérienne est passé au-dessus de 100 %, ce qui était inattendu, car il était resté inférieur à 100 % pour les trois périodes précédentes. Cependant, ce RSM plus récent n’était pas statistiquement significatif. Aucun des autres RSM n’est statistiquement significatif, ce qui indique que le taux de suicide pour chaque commandement et pour chaque période ne peut pas être considéré comme différent du taux de suicide dans la population masculine canadienne après rajustement pour les différences d’âge.
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010) et des statistiques de l’état civil et des estimations de la population masculine canadienne publiées de Statistique Canada (à partir de 2000).
† Statistiquement significatif.
Le taux de suicide chez les hommes de la Force régulière de l’Armée de terre appartenant aux groupes professionnels des armes de combat a également été calculé. Entre 2002 et 2022, il y a eu, au total, 91 suicides parmi les hommes de la Force régulière qui avaient un IDSGPM d’armes de combat de l’Armée de terre, contre 163 suicides parmi ceux ayant d’autres désignations IDSGPM. Le taux de suicide chez les hommes de la Force régulière appartenant à un groupe professionnel des armes de combat de l’Armée de terre semble être plus élevé que le taux de suicide global chez les hommes de la Force régulière qui appartiennent à d’autres groupes professionnels. Le taux brut de suicide pour la période 2002-2022 était de 31,0 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 25,1, 38,4) dans le groupe professionnel des armes de combat de l’Armée de terre contre 19,7 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 16,8, 22,9) pour les personnes faisant partie d’autres groupes professionnels (figure 3). Puisque les intervalles de confiance de ces deux taux ne se chevauchent pas, l’écart semble être statistiquement significatif, ce qui indique un risque accru de suicide chez les hommes de la Force régulière qui appartiennent aux groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre par rapport à ceux qui n’appartiennent pas à ces groupes. De plus, lorsqu’on examine la récente période de dix ans s’échelonnant de 2012 à 2022, les observations étaient très semblables. Pour cette période de dix ans, les taux bruts de suicide étaient de 34,0 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 25,6, 44,6) dans le groupe professionnel des armes de combat de l’Armée de terre contre 19,4 par 100 000 habitants (IC à 95 % : 15,6, 24,1) pour les personnes faisant partie d’autres groupes professionnels, et, comme les intervalles de confiance ne se chevauchaient pas, la différence semble également statistiquement significative. Toutefois, un examen des taux bruts à intervalles plus courts (c.-à-d. principalement des intervalles de cinq ans) entre 2010 et 2022 (voir le tableau 3) laissait supposer que même si l’écart du taux de suicide entre les hommes de la Force régulière dans les armes de combat de l’Armée de terre par rapport à ceux dans d’autres professions était élevé et statistiquement significatif entre 2010 et 2014, l’écart avait commencé à diminuer entre 2015 et 2019, puis a diminué davantage par la suite. De plus, à partir de 2015, l’écart était devenu non statistiquement significatif.

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La figure 3 contient 2 points de données en bleu. Les points utilisés pour réaliser cette figure sont dans le tableau suivant :
2002-2022 | Taux bruts de suicide (pour 100 000) | Limite de confiance inférieure à 95 % | Limite de confiance supérieure à 95 % |
---|---|---|---|
Armes de combat de l'Armée de terre | 31.0 | 25.1 | 38.4 |
Autres catégories professionnelles | 19.7 | 16.8 | 23.0 |
La figure 4 présente l’évolution de la moyenne mobile des taux de suicide sur trois ans (c’est-à-dire les taux de suicide calculés à intervalles d’un an pour des périodes de trois années consécutives) pour le commandement de l’Armée de terre uniquement (représentée par des losanges) et pour les commandements autres que celui de l’Armée de terre (représentée par des carrés). Ces lignes de moyenne mobile ne sont pas des tests statistiques, mais elles fournissent une indication de la façon dont les taux de suicide, et éventuellement les risques de suicide, ont fluctué au fil du temps pour les différents commandements. Soulignons que la moyenne mobile des taux sur trois ans est déclarée en fonction de l’année médiane (p. ex. les taux pour 2020, 2021 et 2022 sont intégrés dans la moyenne mobile déclarée en fonction de 2021). Cette figure montre que le taux de suicide au sein du commandement de l’Armée de terre a été légèrement supérieur à celui de l’ensemble des autres commandements combinés jusqu’en 2007; mais qu’à partir de 2008, semblerait-il, la moyenne mobile du taux de suicide au sein du commandement de l’Armée de terre affiche une nette augmentation, devenant élevée par rapport à celle des autres commandements. L’ampleur de ce taux élevé de suicide au sein de l’Armée de terre semble avoir changé après 2012, devenant lentement plus comparable à la moyenne mobile du taux de suicide parmi les autres commandements. En comparaison, de 2010 à 2013, la moyenne mobile du taux de suicide des commandements autres que celui de l’Armée de terre semble avoir diminué, mais par la suite, elle est revenue aux niveaux d’avant 2010 et semble s’être stabilisée un peu au-dessus de ces niveaux d’avant 2010. Depuis 2012, l’écart des moyennes mobiles des taux de suicide entre les commandements de l’Armée de terre et les autres commandements a diminué et est devenu plus comparable ces dernières années (c’est-à-dire à partir de 2015). Bien que l’attribution exacte de ce déclin soit inconnue, les FAC ont une stratégie élaborée en matière de prévention du suicide, des programmes qui visent non seulement à réduire la stigmatisation liée à la demande d’aide en santé mentale, mais aussi à augmenter l’éducation en matière de santé mentale et la résilience des militaires, ainsi qu’une meilleure sensibilisation de la chaîne de commandement aux enjeux de santé mentale et de risque suicidaire. Ces initiatives peuvent avoir contribué à cette tendance à la baisse.

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La figure 4 est une image de 2 graphiques adjacents avec des points de données en vert (signifiant armée) et en bleu (signifiant non-armée). Les points utilisés pour réaliser ces graphiques sont dans le tableau suivant :
Année (point médian des moyennes mobiles sur trois ans) | Moyenne mobile du taux de suicide (Armée) | Moyenne mobile du taux de suicide (Non-armée) |
---|---|---|
2002 | 23.98721 | 15.46498 |
2003 | 23.163 | 17.08798 |
2004 | 21.45846 | 19.06065 |
2005 | 19.77421 | 17.68405 |
2006 | 19.46661 | 16.21446 |
2007 | 18.91529 | 19.10159 |
2008 | 24.85584 | 19.75278 |
2009 | 23.58936 | 22.57429 |
2010 | 31.84617 | 24.30281 |
2011 | 29.77298 | 23.14815 |
2012 | 34.91567 | 16.90298 |
2013 | 31.01689 | 14.76233 |
2014 | 30.1033 | 19.4579 |
2015 | 25.46311 | 27.07145 |
2016 | 23.72817008 | 24.95896171 |
2017 | 21.87466 | 24.76804 |
2018 | 21.75095 | 25.53336 |
2019 | 20.23283 | 25.29345 |
2020 | 22.15996 | 25.56867 |
2021 | 22.72617 | 23.0858 |
2022 |
Femmes
Au cours des 21 dernières années (2002-2022), il y a eu six décès par suicide parmi les femmes de la Force régulière du commandement de l’Armée de terre et 16 décès parmi les femmes des autres commandements combinés (Marine, Force aérienne et autres). Le taux brut de suicide dans l’Armée de terre était de 14,1 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 5,2, 30,7) comparativement à 11,3 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 6,5, 18,3) pour les commandements autres que l’Armée de terre. Les intervalles de confiance pour ces deux taux de catégorie de commandement (c.-à-d. commandement de l’Armée de terre et autres commandements) se chevauchent, ce qui indique qu’il n’existe pas d’écart statistiquement significatif entre les deux groupes. Les taux rajustés selon l’âge et directement standardisés (Armée de terre : 16.3/100 000 [IC à 95 % : 2,2, 30,3]; commandement autre que l’Armée de terre : 11,4/100 000 [IC à 95 % : 5,8, 17,0]) étaient semblables aux taux bruts et affichaient des intervalles de confiance qui se chevauchaient, ce qui laisse supposer que les différences n’étaient pas statistiquement significatives. De plus, le ratio du taux de suicide standardisé selon l’âge n’était pas statistiquement significatif (1,43 [IC à 95 % : 0.53, 3,85]), ce qui indique que le taux de suicide standardisé selon l’âge chez les femmes de la Force régulière dans l’Armée de terre ne pouvait pas être considéré comme différent, sur le plan de la signification statistique, par rapport au taux dans les autres commandements.
Les RSM ont été calculés pour chaque groupe de commandement et sur une période de dix ans s’échelonnant de 2002 à 2021, y compris la période 2002-2021 complète (tableau 14). Tous les RSM étaient supérieurs à 100 % et dans chaque période, les RSM étaient modérément comparables. Seuls les RSM pour la catégorie regroupant « tous les commandements » au cours de la période 2012-2021, et la période agrégée 2002-2021, étaient statistiquement significatifs. Néanmoins, le nombre de suicides était faible lorsqu’il était divisé entre chaque combinaison de périodes et de commandements, ce qui ne permet pas de déceler efficacement les différences qui peuvent être présentes. De plus, la catégorie « tous les commandements » statistiquement significative n’est qu’une comparaison du RSM entre les femmes de la Force régulière et la population féminine canadienne qui était déjà identifiée comme statistiquement significative pour les périodes qui comprenaient l’année 2012, une année qui affichait trois décès par suicide chez les femmes, soit un taux plus élevé que d’habitude (voir le tableau 9). Cela indique donc une faible différence dans le taux de suicide entre les commandements, mais, comme on l’a déjà indiqué, un taux de suicide élevé chez les femmes de la Force régulière par rapport à la population féminine canadienne au cours des périodes qui comprennent l’année 2012, après rajustement tenant compte des différences d’âge.
a Certaines estimations peuvent avoir légèrement changé comparativement aux rapports précédents en raison de mises à jour des données des FAC (2001, 2002 et à partir de 2010) et des statistiques de l’état civil et des estimations de la population masculine canadienne publiées de Statistique Canada (à partir de 2000).
† Statistiquement significatif.
Le taux de suicide chez les femmes de la Force régulière de l’Armée de terre appartenant aux groupes professionnels des armes de combat a été calculé. De 2002 à 2022, il y a eu deux suicides chez les femmes de la Force régulière présentant un IDSGPM des armes de combat de l’Armée de terre par rapport à 20 suicides chez les femmes de la Force régulière auxquelles sont associées d’autres désignations IDSGPM. Le taux brut de suicide chez les femmes de la Force régulière qui faisaient partie d’un groupe professionnel des armes de combat de l’Armée de terre, entre 2002 et 2022, était de 27,6 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 3,3, 99,6), ce qui est supérieur au taux de 11,3 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 6,9, 17,4) pour celles faisant partie d’autres groupes professionnels, mais cette différence n’était pas statistiquement significative (figure 5). De plus, lorsqu’on examine la plus récente période de dix ans s’échelonnant de 2012 à 2022, les observations étaient un peu différentes. Pour cette période récente, les taux bruts de suicide étaient de 43,9 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 5,3, 158,5) dans le groupe professionnel des armes de combat de l’Armée contre 11,7 pour 100 000 personnes (IC à 95 % : 6,0, 20,4) pour les personnes appartenant à d’autres groupes professionnels, et l’écart n’était pas non plus statistiquement significatif. Pour les deux périodes, les intervalles de confiance pour les taux dans les armes de combat de l’Armée de terre et d’autres groupes professionnels se chevauchaient considérablement et, par conséquent, il n’est pas possible d’affirmer que les taux de suicide étaient statistiquement significatifs même si les différences de taux étaient quelque peu importantes. Toutefois, les chiffres comparés sont faibles et cela influence la capacité de détecter les différences qui peuvent être réelles. Les deux suicides du groupe professionnel des armes de combat de l’Armée de terre se sont produits au cours de la période de 2010 à 2014 et, vu un nombre de zéro suicide dans ce groupe professionnel rapporté en dehors de cette période, cela indique que le taux de suicide était élevé dans ce groupe professionnel, mais seulement au cours de cette période (2010-2014); toutefois, les comparaisons statistiques ne peuvent fournir un jugement tranché en raison des faibles nombres comparés.

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La figure 5 contient 2 points de données en bleu. Les points utilisés pour réaliser cette figure sont dans le tableau suivant :
2002-2022 | Taux bruts de suicide (pour 100 000) | Limite de confiance inférieure à 95 % | Limite de confiance supérieure à 95 % |
---|---|---|---|
Armes de combat de l'Armée de terre | 27.6 | 3.3 | 99.6 |
Autres catégories professionnelles | 11.3 | 6.9 | 17.4 |
La figure 6 présente l’évolution de la moyenne mobile des taux de suicide sur cinq ans pour le commandement de la Force terrestre uniquement (losanges) et pour les commandements autres que celui de l’Armée de terre (carrés). Comme nous l’avons mentionné précédemment, ces lignes de moyenne mobile ne sont pas des tests statistiques, mais elles donnent une indication de la façon dont les taux de suicide, et éventuellement les risques de suicide, ont fluctué au fil du temps pour les différents commandements. Par ailleurs, soulignons que la moyenne mobile des taux sur cinq ans est déclarée en fonction de l’année médiane (les taux pour 2017, 2018, 2019, 2020 et 2021 sont donc intégrés dans la moyenne mobile déclarée pour 2019). Au cours de la période 2002-2022, il y a eu six suicides chez les femmes de la Force régulière au sein du commandement de l’Armée de terre, comparativement à 16 parmi les femmes des autres commandements. Les six suicides au sein du commandement de l’Armée de terre sont survenus entre 2003 et 2014, et en 2022. Trois des six suicides ont eu lieu entre 2010 et 2014, comme l’illustre un sommet de la ligne de tendance pour cette période. La figure laisse supposer une moyenne mobile du taux de suicide chez les femmes au sein du commandement de l’Armée de terre élevée par rapport à la moyenne d’autres commandements pendant deux périodes (c.-à-d. environ 2003‑2005 et 2011-2015) et comparable ou inexistante par la suite. Soulignons que le taux élevé chez les femmes de 2011 à 2015 reflète à peu près le taux élevé observé chez les hommes dans le commandement de l’Armée de terre pour la même période (voir la figure 4). En comparaison, la moyenne mobile du taux de suicide parmi les commandements autres que l’Armée de terre a semblé augmenter après 2006, diminuant en 2015 et 2016, après quoi une augmentation stable a été observée jusqu’à la période la plus récente. La légère hausse de la moyenne mobile du taux de suicide au sein du commandement autre que celui de l’Armée de terre au cours des dernières années par rapport au commandement de l’Armée de terre est un aspect qui devra être surveillé. De plus, la tendance de la faible moyenne mobile du taux de suicide chez les femmes de la Force régulière au sein du commandement de l’Armée de terre est bien accueillie, mais son attribution est inconnue.

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La figure 6 est une image de 2 graphiques adjacents avec des points de données en vert (signifiant armée) et en bleu (signifiant non-armée). Les points utilisés pour réaliser ces graphiques sont dans le tableau suivant :
Année (point médian des moyennes mobiles sur cinq ans) | Moyenne mobile du taux de suicide (Armée) | Moyenne mobile du taux de suicide (Non-armée) |
---|---|---|
2002 | 22.24694 | 6.531679 |
2003 | 16.65834 | 4.801229 |
2004 | 13.21702 | 7.506662 |
2005 | 25.38393 | 7.17772 |
2006 | 12.23092 | 6.882549 |
2007 | 11.57809 | 13.16786 |
2008 | 10.77586 | 12.66544 |
2009 | 10.05126 | 12.3514 |
2010 | 9.582215 | 18.20996 |
2011 | 18.50481 | 14.88494 |
2012 | 27.31494 | 11.74881 |
2013 | 27.30997 | 14.50747 |
2014 | 27.37976 | 14.24704 |
2015 | 18.18843 | 8.369135 |
2016 | 8.995232527 | 8.186655751 |
2017 | 0 | 10.63292 |
2018 | 0 | 12.90722 |
2019 | 0 | 12.67042 |
2020 | 8.394896 | 12.54233 |
2021 | ||
2022 |
4. Limites des données
- Ces analyses sont fondées sur de petits chiffres qui varient d’une année à l’autre; il faut donc se montrer prudent dans l’interprétation des résultats.
- Les chiffres associés aux suicides chez les femmes étaient bas, variant de zéro à deux suicides par année, et, à ce titre, il est souvent impossible de tirer des conclusions catégoriques lors de la réalisation d’analyses comparatives et des tendances.
- La dernière unité connue d’une personne dans la base de données des ressources humaines a été utilisée pour catégoriser le commandement d’armée. Elle n’évalue pas le temps qu’une personne a passé au sein du commandement d’armée, ni si elle venait tout juste d’être affectée à ce commandement.
- Les données de cette étude ont été tirées du système du DGIRH et, dans une certaine mesure, de Statistique Canada, qui reçoivent tous deux des mises à jour périodiques et effectuent une épuration des données. Par conséquent, les données et les taux calculés peuvent varier d’un rapport à l’autre, selon le moment où les données ont été récupérées.
- Les données de l’ETSPS ont présenté un résumé des facteurs de santé mentale et des facteurs de stress vécus par les personnes mortes par suicide, mais des renseignements semblables au sein de la population sous-jacente n’étaient pas disponibles. Sans cette information au sein de la population sous-jacente, il n’a pas été possible de déterminer l’importance relative de ces facteurs et stresseurs, ni d’estimer l’ampleur de leur lien avec le suicide et le risque de suicide dans la population de la Force régulière. Toutefois, les données incluses donnent une description importante de la santé mentale et des facteurs de stress vécus par les personnes au moment de leur décès, et on sait que ces facteurs ont un lien avec le risque de suicide.
- Enfin, les grands intervalles de confiance pour plusieurs des taux déclarés ici indiquent que, dans certains cas, les analyses ne s’appuyaient peut-être pas sur la capacité nécessaire pour déceler des différences.
5. Conclusions
Les conclusions suivantes de l’analyse des décès par suicide dans la Force régulière des FAC réalisée en 2023 sont conformes à celles des années précédentes et doivent être prises en considération avec les limites évoquées ci-dessus.
- Entre 1995 et 2022, on n’a observé aucun changement statistiquement significatif du taux de suicide sur cinq ans parmi les hommes de la Force régulière des FAC. De même, de 2001 à 2022, le taux de suicide sur cinq ans chez les femmes de la Force régulière des FAC a fluctué, mais il n’y a eu aucun changement statistiquement significatif. En outre, malgré les facteurs de stress supplémentaires liés à la pandémie de la COVID-19, le taux de suicide et ses caractéristiques connexes en 2022 étaient comparables aux observations des années précédentes.
- Une fois standardisé selon l’âge, le taux de suicide parmi les hommes de la Force régulière des FAC ne différait pas de manière significative du taux de suicide dans la population masculine canadienne. Cependant, le taux de suicide chez les femmes de la Force régulière des FAC, une fois standardisé selon l’âge, s’est révélé élevé, et ce, de manière significative, par rapport au taux de la population féminine canadienne au cours de la période 2005-2014. Ce taux élevé chez les femmes de la Force régulière a été jugé statistiquement significatif seulement pour la période 2005-2014, et on a constaté qu’il était en grande partie attribuable aux trois décès par suicide chez les femmes survenus en 2012, nombre plus élevé qu’à l’habitude. Toutefois, le taux est demeuré élevé par rapport à celui de la population féminine canadienne après 2014, mais il ne s’agissait pas d’une hausse statistiquement significative.
- L’évaluation des ETSPS continue d’appuyer la théorie d’un enchaînement de causalité multifactoriel pour expliquer le suicide plutôt qu’un lien direct avec un seul facteur de risque. Parmi les suicides chez les hommes de la Force régulière en 2022, il y avait une prévalence élevée de facteurs de santé mentale (50,0 % des hommes présentaient un trouble actif et 25,0 % présentaient au moins deux des troubles évalués) et de facteurs de stress professionnel ou personnel (100 % présentaient au moins un facteur et 83,3 % présentaient au moins deux des facteurs de stress évalués). Les facteurs de stress professionnel ou personnel les plus importants étaient les problèmes liés à l’emploi, au superviseur ou au rendement au travail (75,0 %), les problèmes de santé physique (50,0 %), le décès par suicide d’un conjoint, d’un membre de la famille ou d’un ami (50,0 %), l’échec des relations conjugales/intimes (41,7 %), un endettement excessif (25,0 %), la maladie chronique d’un conjoint ou d’un membre de la famille (25,0 %) et l’échec avéré ou probable d’une relation familiale (non conjugale) ou amicale (16,7 %). De même, parmi les suicides de femmes dans la Force régulière de 2018 à 2022, il y avait une prévalence élevée de facteurs de santé mentale (83,3 % des femmes avaient un trouble actif et 66,7 % avaient au moins deux des troubles évalués) et de facteurs de stress professionnel ou personnel (83,3 % présentaient au moins un facteur et 83,3 % affichaient au moins deux des facteurs de stress évalués). Les facteurs de stress les plus importants liés au travail ou à la vie privée étaient l’échec de relations conjugales/intimes (83,3 %), les problèmes liés à l’emploi, au superviseur ou au rendement au travail (66,7 %), la maladie chronique d’un conjoint ou d’un membre de la famille (50,0 %), des problèmes de santé physique (33,3 %), un endettement excessif (33,3 %), le décès par suicide d’un conjoint, d’un membre de la famille ou d’un ami (16,7 %) et l’échec avéré ou probable d’une relation familiale (non conjugale) ou amicale (16,7 %).
- Chez les hommes de la Force régulière, les analyses indiquent que depuis 2007 et jusqu’en 2016 inclusivement, le fait d’être employé au sein de l’Armée canadienne était associé à un risque plus élevé de suicide par rapport à l’emploi dans d’autres commandements d’armée, mais la différence n’était pas statistiquement significative. Au cours de la plus récente période 2017-2021, les RSM laissaient supposer que le risque de suicide chez les hommes du commandement de l’Armée de terre est devenu plus comparable à celui des autres commandements, sauf que chez les hommes du commandement de la Force aérienne, il y avait une légère augmentation du risque de suicide, mais cette augmentation n’était pas statistiquement significative. En guise de comparaison, les comparaisons des taux des RSM indiquent que le risque de suicide chez les femmes de la Force régulière employées dans l’Armée canadienne était un peu élevé par rapport à celui des autres commandements d’armée pour la période 2002-2011, mais encore une fois, la différence n’était pas statistiquement significative. Les analyses graphiques des tendances ont donné une autre représentation de la façon dont les taux de suicide variaient entre les commandements au fil du temps. En utilisant les moyennes mobiles du taux de suicide, on a laissé supposer que même si les membres de la Force régulière de l’Armée canadienne semblent avoir affiché un taux élevé de 2008 à 2014 chez les hommes et de 2011 à 2015 chez les femmes par rapport au taux des autres commandements d’armée, la différence entre la moyenne mobile du taux de suicide entre l’Armée de terre et d’autres commandements a changé à partir de 2015 ou 2016. À peu près à ce moment-là, les taux moyens mobiles sont devenus plus comparables entre les commandements de l’Armée de terre et ceux d’autres commandements d’hommes de la Force régulière, tandis que parmi les commandements de l’Armée de terre de femmes de la Force régulière, le taux de suicide est tombé à zéro entre 2017 et 2019, et est demeuré faible par rapport à celui des commandements autres que les commandements de l’Armée de terre au cours de l’année de moyenne mobile de 2020. De plus, au cours des dernières années, la moyenne mobile du taux de suicide semble avoir été à un point où elle était soit plus comparable, soit un peu plus élevée parmi les commandements autres que ceux de l’Armée de terre.
- De plus, il y avait une différence statistiquement significative dans le taux brut de suicide chez les hommes de la Force régulière parmi les groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre par rapport à ceux d’autres groupes professionnels au cours de la période 2002-2022 et lorsque cette différence a été évaluée pour la période de dix ans 2012-2022, la différence statistiquement significative est demeurée. Toutefois, la différence du taux de suicide entre les hommes de la Force régulière dans les armes de combat de l’Armée de terre et ceux appartenant à d’autres groupes professionnels avait commencé à diminuer à partir de 2015 et, à ce stade, la différence des taux pour la période plus courte, mais plus récente, n’était pas statistiquement significative. En comparaison, même si le taux brut de suicide chez les femmes de la Force régulière était beaucoup plus élevé dans les groupes professionnels des armes de combat de l’Armée de terre que dans les autres groupes, cet écart n’était pas statistiquement significatif. Cette absence de signification statistique était peut-être influencée par des données limitées.
Références
[1] Statistique Canada. Stratégie de contrôle de la divulgation pour les bases de données canadiennes sur la naissance et le décès des statistiques de l’état civil Ministère de l’Industrie : Ottawa, 2016.
[2] VanTil, L., Kopp, A. et Heber, A. (2021). Étude de 2021 sur la mortalité par suicide chez les vétérans : Période de suivi de 1975 à 2016. Consulté à partir de https://publications.gc.ca/collections/collection_2022/aca-vac/V3-1-9-2022-fra.pdf
[3] Breslow, N.E. et Day, N.E. (1987). Statistical Methods in Cancer Research. Vol. II, The Design and Analysis of Cohort Studies (IARC Scientific Publication No. 82). Lyon, France : Centre International de recherche sur le cancer.
[4] Rothman, K.J. et Greenland, S. (1998). Modern Epidemiology (2e éd.). Philadelphia, PA : Lippincott Williams & Wilkins.
[5] Defence Analytical Services and Advice, Suicide and Open Verdict Deaths in the UK Regular Armed Forces 1984-2012, DASA (MoD): Bristol (Royaume-Uni). Consulté le 27 févr. 2014 : http://www.dada.mod.uk/publications/health/deaths/suicide-and-open-verdict/2012/2012.pdf
[6] A Dictionary of Epidemiology, M. Porta, S. Greenland, J.M. Last, eds., cinquième édition, New York (USA): Oxford UP, 2008.
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