Récit des FAC – Un cuisinier en mer

Vidéo / Le 02 mars 2023

Transcription

(TB) Il n'avait personne d'autre que moi à ce moment-là, lorsque nous étions à bord du navire. Cet homme pleurait. Il pleurait, puis il m'a dit merci, merci beaucoup. Je suis le matelot de 2e classe Bammy, mon prénom est Tanveer, et je suis cuisinier de métier.

En fait, je suis né à l'île Maurice, et nous sommes influencés par la cuisine chinoise, indienne et sud-africaine. Nous les fusionnons en quelque sorte. Ma mère m'a appris à cuisiner, oui, depuis mon plus jeune âge. J'étais très proche d'elle. Puis, je suis venu au Canada. Je savais que c'était une bonne idée de m'enrôler dans les Forces armées canadiennes. J'ai donc posé ma candidature pour un poste de combat. Toutefois, pour des raisons médicales, ça ne s'est pas concrétisé. Donc, je me suis dit, pourquoi ne pas postuler pour un poste de cuisinier.

Ma mère m'avait montré beaucoup de trucs, et c'était la meilleure décision que j'ai pu prendre. Alors, en tant que cuisinier, on apprend vraiment à connaître les membres de l'équipage, car on voit les mêmes visages trois fois par jour. C'est important de faire des blagues lorsqu'on fait le service de cafétéria, de leur remonter le moral et de savoir quand les laisser un peu tranquilles.

Ce qui m'a vraiment fait apprécier et aimer ce métier, c'est le temps passé en mer pendant la pandémie de COVID. Dans les nombreux endroits où nous allions, nous n'étions pas autorisés à quitter le navire. Le moral de l'équipage était donc très bas. Engagez-vous dans la Marine, et parcourez le monde. Et bien, on ne voyait pas le monde. On a été en mer pendant 62 jours; c'est la plus longue période que nous avons passée en mer.

Je me promenais et je demandais aux gens ce qu'ils voulaient manger, et de quelle façon je pouvais leur remonter le moral. C'est la seule chose qui faisait rouler la cuisine à bord du navire.

Ce qui m'a le plus marqué, c'est cet homme qui se trouvait à bord du dernier navire pendant la pandémie; sa grand-mère était décédée alors que nous étions en mer. Un commandant de l'époque a eu une idée; il m'a dit d'aller le trouver pour lui demander ce qui lui rappelait sa grand-mère.

Je suis allé le voir et je lui ai posé la question. Il m'a répondu que le poulet tandoori et le pain naan lui rappelaient sa grand-mère. Ça m'a moi-même rappelé le décès de ma grand-mère, mais j'avais eu le soutien de ma famille à ce moment-là, contrairement à lui. Il n'y avait que nous en mer. J'ai donc fait de mon mieux pour faire la meilleure version possible de la recette de sa grand-mère. Il était ému. Il a pleuré, j'ai pleuré.

Le simple fait de servir ce plat aux membres de l'équipage après qu'ils aient fait la queue pour être nourris, c'est un second souffle. Je le vois dans le visage des gens que ça leur donne un regain d'énergie, parce que c'est tout ce dont ils espéraient. C'est ça qui fait ma journée, lorsque les gens mangent, rient, et ont du plaisir à déguster la nourriture que nous leur préparons. Pour moi, la façon de les motiver, c'était de leur donner un peu de bonheur à bord. Nous sommes restés une équipe unie, et nous sommes passés à travers.

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2023-03-02