La table ronde de la Journée Bell Cause pour la cause mettait cette année l’accent sur le fait d’écouter, de parler et d’être là les uns pour les autres.
Vidéo / Le 26 janvier 2022
Transcription
(ET) Bonjour à tous. Bonjour et bienvenue à la journée Bell Cause pour la cause. Cette année, la Journée Bell Cause pour la cause a pour thème « Continuons à écouter, à en parler et à être là pour nous-mêmes et pour les autres ». Merci de vous joindre à nous et de prendre part à une conversation qui a pour but de créer un changement positif.
Je suis le lieutenant de vaisseau Esrom Tesfamichael, et je suis heureux d'être votre maître de cérémonie durant le présent événement. Je m'appelle lieutenant de vaisseau Esrom Tesfamichael. Je suis heureux d'être votre maître de cérémonies à l'occasion de cet évènement virtuel.
Avant que nous commencions, je souhaite tout d'abord prendre un instant pour reconnaître que les terres sur lesquelles nous sommes rassemblés aujourd'hui font partie du territoire non cédé du peuple algonquin Anishnaabeg. Je sais que bon nombre d'entre vous qui regardez la discussion d'aujourd'hui se trouvent ailleurs au pays, dans d'autres territoires autochtones traditionnels; c'est pourquoi je vous encourage à prendre le temps de vous renseigner davantage sur les peuples autochtones liés au territoire où vous habitez et travaillez.
Aujourd'hui, nous soulignons le 12e anniversaire de la Journée Bell Cause pour la cause. La Journée Bell Cause pour la cause est une initiative importante visant à mettre fin à la stigmatisation entourant les problèmes de santé mentale, à améliorer l'accès et les soins, de même qu'à soutenir la recherche dans le domaine de la santé mentale.
Notre événement virtuel d'aujourd'hui est organisé à l'appui de la campagne nationale de la Journée Bell Cause pour la cause. Il illustre par ailleurs l'engagement du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes à soutenir la santé mentale et le mieux-être de tous les membres de l'Équipe de la Défense, ainsi que de leurs familles.
Pour souligner cet engagement, nos cochampions de la santé mentale, le sous-ministre Bill Matthews, la vice-chef d'état-major de la Défense, la lieutenant-général Frances Allen, et Mme Wanda Boudreau, présidente de l'Association des Chefs d'équipes des chantiers maritimes du gouvernement fédéral, se joignent à nous aujourd'hui et sont ravis de participer activement à l'événement.
Se joignent également à nous le médecin général des Forces armées canadiennes, le Major-Général Marc Bilodeau, le capitaine de vaisseau honoraire du Commandement du personnel militaire, Stephanie Richardson et la directrice générale politique de sécurité internationale, Suneeta Millington.
La table ronde d'aujourd'hui a pour but de promouvoir une discussion ouverte sur la santé mentale et la stigmatisation entourant les maladies mentales. De plus, les participants répondront à des questions soulevées par des membres de l'Équipe de la Défense.
Avant de commencer, je souhaite prendre le temps de présenter l'une de nos panélistes, la capitaine de vaisseau honoraire Stephanie Richardson, défenseure infatigable de la santé mentale des jeunes et leader de la transformation du domaine depuis qu'elle a subi en 2010 la perte tragique de sa fille de 14 ans, Daron, qui s'est ôté la vie.
Stephanie est la cofondatrice d'une organisation qui porte le nom de sa fille, Do It For Daron, mieux connue sous le nom de DIFD. De plus, elle a transformé un mouvement axé sur la santé mentale des jeunes en une solide marque dont la réputation dépasse les frontières de la capitale nationale et s'étend dans toute l'Amérique du Nord.
Outre les millions de dollars amassés au profit de la santé mentale des jeunes, ce mouvement a surtout permis de sauver d'innombrables vies.
Do It For Daron a donné naissance à plusieurs campagnes de lutte contre la stigmatisation, de même qu'à la création d'applications mobiles sur la santé mentale et d'importants programmes éducatifs destinés aux jeunes. Depuis la création de l'organisation en 2011, plus de 20 000 élèves de la région d'Ottawa ont suivi le programme Is It Just Me pour en apprendre davantage sur la santé mentale et les problèmes de santé mentale.
J'invite maintenant nos panélistes à se joindre à la discussion. Notre première question s'adresse au sous-ministre Matthews.
(ET) Monsieur le sous-ministre, certes, la pandémie de COVID-19 a entraîné de nombreux changements répandus. Elle a toutefois eu une incidence très différente sur chacun de nous. Il se peut que ces changements, outre un niveau accru de stress, d'anxiété et d'isolement, aient sapé la résilience de beaucoup de nos collègues de l'Équipe de la Défense. D'après votre expérience, la pandémie vous a-t-elle appris quelque chose relativement à l'importance de soutenir notre santé mentale individuelle et celle des gens qui vous entourent?
(BM) Merci d'avoir posé la question. Je pense pouvoir faire quelques remarques à cet égard. La chose est claire : une pression croissante est exercée de façon intermittente sur les gens. Vous savez, la pandémie de COVID-19 pèse sur les gens, et son incidence sur nous tous se fait sentir de façons différentes. Je suis moi-même chanceux, car mes enfants sont grands et ont quitté le domicile familial; cependant, certaines personnes doivent assurer l'apprentissage à distance de leurs enfants et prendre soin de leurs parents, tout en regrettant l'absence de leurs cercles sociaux. À cela s'ajoute l'immense charge de travail qui pèse sur nous tous. Je pense que cela fait en sorte… cela nous oblige à trouver des moyens plus créatifs pour prendre des nouvelles des gens. J'ai adopté la pratique de surprendre les gens au moyen d'appels dans MS Teams. Pour certains, il suffit parfois de leur demander comment ils vont. D'autres personnes offriront peu d'information lorsqu'on leur pose la question; dans ces cas, nous nous mettons parfois à parler du déroulement de la dernière réunion, puis nous passons à la façon dont nous nous portons, à la façon dont notre équipe se porte… Il est question de tenir des conversations plus créatives comme celle-là. Compte tenu du fait que la plupart d'entre nous travaillent à distance, je pense que c'est important.
Une autre chose que je tiens à signaler c'est que certains font autrement pour se revigorer. Dans mon cas, si je peux aller me promener dehors, ou sortir du bureau pendant un après-midi, je me revigore assez rapidement. Mais il n'en va pas de même pour tout le monde. Certaines personnes ont besoin d'un congé de deux semaines ou de trois semaines, tandis que d'autres ont besoin de contacts. Il est donc vraiment primordial de comprendre les membres de votre équipe, ainsi que leurs besoins, et de les mettre à l'aise de vous dire ce dont ils ont besoin pour se revigorer, parce que nous sommes tous différents. Voici donc les leçons que je pense avoir tirées de l'actuelle situation; il faut trouver des façons nouvelles et différentes d'entretenir nos liens et la conversation.
(ET) Merci, Monsieur le sous-ministre. J'aimerais maintenant lancer l'invitation aux autres panélistes au cas où quelqu'un souhaiterait ajouter autre chose pour répondre à la première question.
(FA) Si je peux aussi répondre… Je pense que pour moi, tout comme l'a mentionné le sous-ministre, une chose, c'est que tout un chacun réagit différemment et recharge ses batteries différemment. J'ai aussi appris beaucoup de choses à mon sujet. J'ai toujours aimé m'installer avec un bon livre, j'ai toujours aimé le silence, et je me suis toujours considérée comme étant une introvertie à cet égard – le type de personne qui, pour recharger ses batteries, se recueille dans le silence et la paix, le temps de réfléchir. D'autres personnes, pour leur part, rechargent leurs batteries en effectuant des sorties et en socialisant. Ainsi, puisque les gens rechargent leurs batteries différemment, comme le disait le sous-ministre, je pense qu'il est également difficile sur le plan individuel pour eux de trouver les moyens de le faire. Donc, même si l'isolement causé par la pandémie de COVID-19 m'a aidée à me remettre du stress entraîné par la charge de travail et tout ce qui se passe aussi, je reconnais que pour d'autres personnes, cet isolement doit être doublement difficile, surtout si leur façon de se remettre c'est, en fait, d'établir des liens. Je pense donc qu'il est très important d'en prendre conscience, et de ne pas s'inquiéter des gens qui souhaitent garder le silence, parce que c'est leur façon de recharger leurs batteries. Il faut aussi comprendre que d'autres personnes pourraient avoir besoin de plus de temps que vous, de sorte à entretenir ces liens sociaux, outre le travail.
(ET) Merci, Madame la vice-chef. Votre réponse s'enchaîne bien avec la prochaine question, laquelle s'adresse à vous. Celle-ci reflète un peu les besoins individuels des gens que vous avez abordés. Alors, Madame la vice-chef, comme vous le savez, la santé mentale varie d'une personne à l'autre, et celle-ci a des incidences très distinctes sur les gens, selon leur situation personnelle et leurs facteurs identitaires entrecroisés. Avez-vous constaté une évolution au sein de l'Équipe de la Défense visant à offrir un espace consacré à la santé mentale qui est à la fois plus inclusif et mieux adapté à une main-d'œuvre diversifiée?
(FA) Ouais, je dirais qu'un changement a eu lieu, mais je pense qu'il y a encore beaucoup de travail à faire. Et d'après moi, parmi les choses qui ont changé et les signes de progrès, il y a tout simplement le fait que nous parlons autrement de la santé mentale et que nous trouvons différents moyens de le faire. Que ce soit par le simple fait d'en discuter avec nos collègues et de discuter de nos sentiments, ou par l'intermédiaire de campagnes que nous tenons. Nous avons tenu la campagne de pinces à linge, pendant laquelle nous pouvions remettre une pince à linge à une personne, afin de lui montrer que nous étions là si jamais elle avait besoin de parler. Il y a deux ou trois ans, je pense, nous avons aussi tenu la campagne de macarons. Durant celle-ci, des mots étaient tout simplement inscrits sur des macarons et aidaient à décrire ce que l'on ressentait. Et je dois avouer, il faut beaucoup de courage pour prendre un macaron portant le terme « anxieux » et le fixer à son cordon, ou encore, un macaron décrivant un sentiment autre qu'« enragé de faim », sentiment que je ressens souvent, c'est-à-dire le fait d'être simultanément « enragé » et « affamé ». Mais je pense que l'occasion d'amorcer des conversations illustre le fait qu'en tant qu'Équipe de la Défense, en tant que communauté, nous sommes de plus en plus ouverts à l'idée de parler de la santé mentale. Je ne pense toutefois pas que nous ayons réussi à éliminer la stigmatisation qui l'entoure, malheureusement.
J'espère que nous deviendrons plus à l'aise de reconnaître les multiples façons dont les gens composent avec une situation et y réagissent et les façons dont ils font preuve de résilience ou non, et de reconnaître que chacun est véritablement différent. Lorsque j'examine les efforts que nous tentons de déployer pour accroître la diversité et l'inclusion dans l'ensemble de notre organisation, les conversations portant sur la diversité me rappellent en quelque sorte que les personnes diffèrent par leur réaction à des choses et les manières dont elles composent avec des situations. La résilience nous importe tant; la résilience ne se traduit toutefois pas par le fait de ne pas se laisser déranger par quelque chose. C'est la façon dont vous composez avec le fait d'être dérangé par quelque chose. Et sachez que les gens s'y prennent tous différemment. Ainsi, je pense justement que la conversation doit porter sur le fait que nous sommes tous conscients du fait que les gens font face aux défis et aux problèmes à leur façon, selon leur santé mentale individuelle. Par conséquent, peut-être aborderons-nous aussi la conversation de multiples façons différentes.
(ET) Merci, Madame la vice-chef. Je souhaite ouvrir la discussion aux autres panélistes. Y a-t-il quelqu'un d'autre qui souhaite répondre aussi à la dernière question, laquelle porte sur les individus et les facteurs identitaires entrecroisés qui ont une incidence sur la façon dont ils composent avec le stress? Monsieur?
(MB) Oui, donc… J'aimerais ajouter, en fait, que… du point de vue des soins de santé, on cherche également à mieux adapter nos soins aux… à la diversité des Forces armées canadiennes. Que ce soit la santé des femmes, que ce soit la santé des minorités visibles, on regarde à mieux adapter en fait ces soins-là, parce qu'on sait très bien que les besoins diffèrent en fonction des différents facteurs d'individualité que nos membres apportent. Donc, je pense que c'est important, parce que la santé mentale se vit différemment par les différentes personnes, en fonction de leur sexe, de leur genre, leur orientation sexuelle, leurs origines, leur ethnicité. Donc, ça, ce sont les facteurs qui rendent l'individualisation de l'approche thérapeutique essentielle. Fait que d'un point de vue des soins de santé, je pense que c'est quelque chose qu'on prend au sérieux également.
(ET) Merci, monsieur. Nous passons maintenant à la prochaine question. Celle-ci s'adresse à Wanda. Il n'est pas surprenant qu'après avoir travaillé à domicile pendant deux ans, près de deux ans, certaines personnes éprouveront tout probablement davantage de stress à l'idée de rentrer dans un lieu de travail physique. Avez-vous des conseils pour améliorer la transition mentale du contexte de travail à domicile à celui du retour au bureau? Ces conseils peuvent viser aussi les gestionnaires, parce que tout le monde devra composer avec les incidences du retour au bureau sur leur plan de leur vie personnelle que sur leur vie psychologique.
(WB) Oui, en fait, je travaillais comme superviseure à la Marine… Il y avait donc des gens sur place en tout temps. En effet, nous n'avons pas vraiment travaillé à domicile; nous suivions une rotation du personnel. Et je crois que certains des facteurs sur lesquels nous nous sommes fondés pourraient aussi aider les personnes qui devront rentrer au lieu de travail physique. J'ai toujours communiqué avec tous mes employés, ceux qui étaient là, et je leur disais que s'ils subissaient des pressions à tout moment, ils devaient en discuter avec leurs gestionnaires ou leurs superviseurs. Je me suis justement entretenue plus tôt aujourd'hui avec des collègues d'un bout à l'autre du Canada qui travaillent à domicile, et ils ont validé pour moi l'une des techniques que j'ai proposées à mes employés, c'est-à-dire de prendre contact avec leurs collègues. Et l'une des choses intéressantes que j'ai apprises aujourd'hui de l'une de ces personnes, c'est qu'elle tient une réunion d'équipe d'une demi-heure par semaine, laquelle a été approuvée par sa structure de gestion, afin de parler des facteurs de stress et des choses qui les dérangent, mais pas nécessairement du travail en particulier. Cela leur permet tout simplement de tenir une discussion de nature personnelle. Aussi, une fois de plus, il y a la communication avec les superviseurs et les gestionnaires. Et nous ne pouvons pas oublier le PAE. Les gens doivent en tenir compte; ils peuvent obtenir de l'aide et se préparer en vue du retour au milieu de travail, parce que cela peut s'avérer très stressant. De plus, discutez véritablement avec vos proches, et faites-leur savoir comment vous vous sentez. Cela pourrait aider les gens, je le crois, en tout cas. Et, au bout du compte, aucun d'entre nous n'est seul. Il suffit pour nous de communiquer les uns avec les autres et de communiquer avec des personnes qui peuvent nous aider avec tout cela. Et évidemment, faites preuve de gentillesse et de prévenance envers les autres. Merci.
(ET) Non, merci à vous. Et cela correspond bien au thème de la campagne Bell Cause pour la cause de cette année, « Continuons à écouter, à en parler et à être là pour nous-mêmes et pour les autres ». La communication est donc d'une importance primordiale, elle aussi. Quelqu'un d'autre voudrait faire des commentaires? Monsieur? Monsieur le sous-ministre?
(BM) Merci. Peut-être je peux partager mes expériences comme sous-ministre SPAC, parce que j'ai passé la plupart de la pandémie comme sous-ministre SPAC, et j'ai travaillé pour probablement 18 mois, 17 mois chez moi, la plupart du temps. Puis, pendant l'été, nous avons commencé à retourner au travail. Et maintenant, ici au MDN, je suis de retour presque à plein temps, à cause de la nature du travail. Selon mon expérience, le retour au travail...au bureau… est un peu épeurant. Parmi les choses qui m'ont aidé, l'une d'elles a été de ne pas rentrer le lundi lorsque j'ai commencé à retourner au travail. Devoir se réorganiser pour retourner sur les lieux de travail était déjà stressant, mais il fallait en plus apporter son lunch avec soi, et son café, parce que rien n'était ouvert. Les lundis sont suffisamment difficiles comme ça, alors j'évitais de rentrer au bureau le lundi, parce que j'avais toujours de la misère ce jour-là de toute façon... Mais la chose qui m'a le plus aidé était de savoir qui allait être au travail, sur l'étage, mais aussi dans l'édifice. Car s'imaginer rentrer et voir une mer de gens quand on est un peu nerveux à cause de la Covid… Donc, en sachant qui était là, je me disais « Okay, je connais ces gens, je leur fais confiance », car vous comptez sur vos collègues pour rester à la maison s'ils ne se sentent pas bien. C'est donc surprenant, mais ça a été très utile pour moi de savoir qui allait être sur place, puis d'avoir hâte de les voir et de renouer contact, mais ça a aussi dissipé la nervosité de se retrouver dans une mer de gens, parce que nous ne sommes plus habitués à cette situation.
(ET) C'est un excellent point que vous soulevez, merci, Monsieur. D'autres commentaires?
(FA) Oui, si vous le permettez. Je pense que même du point de vue d'un gestionnaire, il faut reconnaître... ou se rappeler que tout le monde ne vit pas la même chose. Qu'il y a des gens qui ont des proches dont la santé est peut-être précaire, et que leurs appréhensions, leurs inquiétudes ou leurs craintes pourraient donc être plus grandes que celles d'une personne qui se meurt tout simplement d'envie de retourner au travail et de socialiser avec les gens en personne. Et je pense qu'il faut avoir pleinement conscience que même si nous adoptons une approche individuelle axée sur les besoins de chaque personne qui retourne au travail, nous devons aussi nous rappeler que tout le monde réagit différemment et a un degré de confort différent, et que nous devons en tenir compte lorsque nous interagissons avec les gens quand ceux-ci reviennent sur les lieux de travail.
(ET) Je crois que vous soulevez un bon point, Madame, et si je reviens sur les propos de Wanda au sujet de l'échange et de la communication, certaines personnes pourraient ne pas être à l'aise d'exprimer leurs craintes ou leurs préoccupations. Quelqu'un a-t-il des recommandations ou des suggestions à faire pour donner aux gens le courage de s'affirmer ou pour amorcer des conversations avec des collègues sur ce qu'ils ressentent?
(SR) J'ai trouvé intéressant, Monsieur le sous-ministre, que vous mentionniez des trucs qui ont marché pour vous, comme le fait que les lundis étaient difficiles et qu'on pourrait donc éviter de rentrer un lundi la première semaine. Je pense qu'il est non seulement utile que vous exprimiez que vous vous sentez ainsi, mais aussi que vous faisiez savoir à vos gestionnaires que c'est correct, et qu'ils pourraient peut-être permettre à certains de leurs employés de faire de même. Vous savez, je crois que les gens hésitent à prendre la parole lorsque ça ne va pas ou qu'ils se sentent dépassés. Je pense donc que c'est cette latitude, et ces conversations qui commencent en haut puis descendent à la base, qui permettent à tout le monde de souffler un peu.
(ET) Excellent, merci de votre intervention, Capitaine Richardson. La prochaine question s'adresse à Suneeta. La campagne Bell Cause pour la cause préconise de parler de nos préoccupations et de nos difficultés, au lieu de nous débrouiller tout seuls. Comment pouvons-nous faire en sorte que les autres puissent parler de leurs difficultés en toute sécurité?
(SM) Merci, Esrom. Je crois qu'il s'agit là d'une question très importante, car elle porte sur un enjeu fondamental, qui est selon moi la question de la confiance. Et elle reprend un point que la capitaine Richardson vient d'aborder, qui touche la vulnérabilité et la capacité à s'ouvrir à ses collègues et à être vraiment soi-même. À mon avis, la seule façon dont les gens se sentent à l'aise pour parler de leurs problèmes personnels lorsqu'ils se présentent, c'est lorsqu'ils se sentent à l'aise pour parler, point final. L'idée n'est pas d'être là pour quelqu'un ou de tendre la main à quelqu'un uniquement lorsque les choses vont mal, mais plutôt de construire un réseau de confiance sur lequel on peut s'appuyer dans les bons moments comme dans les mauvais moments aussi. Et pour ce faire, la confiance doit être établie, développée et soutenue sur chaque lieu de travail dès le départ. Et à mon avis, nous avons tous un rôle à jouer pour y arriver. Je crois qu'il y a deux principaux piliers parmi bien d'autres qui favorisent un environnement de confiance. Tout d'abord, je pense qu'il faut encourager les gens à être entièrement eux-mêmes au travail, et cela les amène à se montrer vulnérables et ouverts à propos de ce qu'ils sont et vivent. Et je pense aussi qu'il faut éviter une culture du blâme, car une telle culture peut engendrer de la peur, ce qui nuit bien sûr à la confiance.
Pour ce qui est de l'idée de se montrer entièrement soi-même au travail, il s'agit réellement d'accepter tout un éventail de gens pour ce qu'ils sont. Comme le sous-ministre et la vice-chef l'ont mentionné, nous sommes tous différents, nous abordons les choses différemment ou nous les voyons d'un autre point de vue. Plus nous incitons les gens à exprimer ces différences en milieu de travail, plus nous favorisons l'innovation et la créativité, mais aussi le développement de liens interpersonnels étroits indispensables pour établir ces rapports significatifs qui génèrent la confiance nécessaire pour avoir des conversations franches. Je crois que cette notion de la confiance a aussi pour but de créer un environnement au sein duquel les gens peuvent s'exprimer et demander de l'aide; et lorsque la peur vient miner cette capacité, cela diminue vraiment ce sentiment de confiance. Et quand je parle de culture du blâme, je veux dire une culture qui cherche à épingler les torts sur les individus plutôt que d'admettre qu'il y a une faiblesse collective à laquelle nous devons remédier ensemble. C'est donc de partager les réussites, mais aussi les échecs. Je pense que si nous voulons donner aux gens le soutien dont ils ont besoin pour sentir qu'ils évoluent dans un environnement dans lequel ils peuvent se montrer sous leur véritable jour, prendre des risques, se révéler et se montrer vulnérables, nous devons aussi nous assurer de façon très proactive que nous ne créons pas par inadvertance une culture du blâme en milieu de travail. Car je crois que c'est vraiment néfaste à toute cette dimension de la confiance. Je dirais, d'un point de vue personnel, que lorsque moi, je me sens valorisée, ou entendue, ou bien vue, non seulement par rapport à ce que j'apporte sur le plan personnel... euh, professionnel, je dirais, mais aussi personnel, et lorsque j'ai la confiance... Ce sont les moments où je me sens capable de parler franchement, de me montrer vulnérable et d'établir ces contacts humains qui contribuent à un milieu de travail sain.
(ET) Merci. J'invite ceux qui auraient d'autres commentaires sur cette dernière question à prendre la parole. (Silence) Eh bien, je vais dire ceci alors. Je pense qu'un élément de... Pour ajouter à ce que disait la vice-chef quand elle parlait des macarons que nous portions au travail qui indiquaient comment nous nous sentions – « enragés de faim », contrariés ou effrayés – et de l'importance d'être soi-même au travail, un élément pour atteindre l'acceptation et la sécurité dont vous parliez, Suneeta, pourrait être la compréhension que nous sommes beaucoup de choses. Nous ne sommes pas qu'une chose, et nous ne sommes pas toujours cette même chose. Une personne peut changer son humeur ou son point de vue de jour en jour, ou même au cours d'une même journée, et il n'y a pas de mal à ça. Et c'est cette compréhension qui permet aux gestionnaires et aux employés de sentir qu'ils sont compris et appréciés pour toutes leurs différentes facettes et qu'ils n'ont pas à être une chose en particulier. Passons maintenant à la question suivante qui s'adresse au médecin général. Cette question provient de notre Équipe de la Défense. Il y a encore des stigmas importants autour des questions liées à la maladie mentale et des blessures de stress opérationnel au sein des FAC. Comment expliquez-vous ce phénomène? Encore beaucoup de militaires souffrent en silence en attendant que leur situation devienne critique avant d'envisager d'aller chercher de l'aide. Que devrait faire l'organisation pour surmonter ces obstacles qui empêchent certains militaires de consulter nos ressources de soutien psychosocial dans des épisodes de détresse? Monsieur?
(MB) Oui, en effet, malgré tous nos efforts, il existe encore de nos jours en 2022 des stigmas en lien avec la santé mentale, la maladie mentale, les... les blessures de stress opérationnel. On a fait beaucoup de progrès dans les vingt dernières années pour réduire ces stigmas de façon importante, mais il y a encore du travail à faire. Comment on explique ces stigmas-là? Je pense qu'il y a encore de la crainte par rapport à certains des... de nos membres, par rapport à la confidentialité de l'information médicale qu'ils vont divulguer aux professionnels des soins de santé. Laissez-moi en fait rassurer nos membres dans ce sens-là aujourd'hui, en leur rappelant que tous nos cliniciens sont... ont une obligation professionnelle de garder le secret professionnel de tout ce qui leur est divulgué dans le cadre d'une entrevue médicale. Donc je peux vous rassurer de ce côté-là, on a des mécanismes en place pour monitorer ce côté-là important de nos soins, sur lequel repose la confiance que nos membres ont en leur système de santé. Certains membres ont aussi peur que la divulgation de leurs problèmes ait un impact sur leur carrière. Laissez-moi... laissez-moi vous dire que l'impact sur la carrière est parfois pire quand on ne divulgue pas le problème, puis qu'on le laisse traîner, puis que ça prend des années avant de recevoir les soins, que si on... on... on va chercher de l'aide rapidement. Ce qu'on sait de par les études au cours des nombreuses dernières années, c'est que plus tôt on est capable d'intervenir pour venir en aide à nos membres en souffrance au niveau santé mentale, meilleur est le pronostic, meilleures sont les chances de récupération au bout de la ligne, puis de continuer à faire une carrière fructueuse au sein des Forces armées canadiennes.
Qu'est-ce qu'on peut faire pour réduire ces obstacles-là à l'accès aux soins? Bien, d'abord, ça passe par un leadership bienveillant. Ça passe par un leadership qui va vouloir montrer l'exemple, qui va créer un environnement sain et sécuritaire, comme on en a parlé tout à l'heure, qui va rendre publics des témoignages de gens qui ont des histoires vécues de maladies mentales qu'ils ont réussi à surmonter, parce qu'ils ont... parce qu'ils se sont ouverts, parce qu'ils sont allés chercher de l'aide, puis qu'ils ont réussi donc à passer au travers. Donc, c'est en encourageant le dialogue, finalement. Et c'est ce que la campagne Bell Cause pour la cause tente de faire, bien évidemment. Merci.
(ET) Merci, monsieur. J'aimerais aussi donner l'occasion aux autres membres de la table ronde de répondre à cette question.
(SM) Vous me permettez d'intervenir? Le médecin général a soulevé un point sur lequel j'aimerais revenir brièvement. Au sujet du « leadership bienveillant ». Je pense que, pour pouvoir nous entraider, nous devons nous connaître mutuellement afin de reconnaître les signes quand ça ne va pas bien. Et pour cela, il nous faut d'abord apprendre à connaître les gens dès le début. Je pense donc que nous avons tous une responsabilité les uns envers les autres, et on espère que les autres ressentent la même responsabilité envers nous afin qu'ils puissent à leur tour parfois détecter les signaux que nous ne communiquons pas toujours verbalement ou consciemment. Mais pour cela, ils doivent d'abord apprendre à nous connaître, et nous devons aussi avoir une sorte de curiosité émotionnelle et intellectuelle à leur sujet pour faire de même. Nous devons nous investir à leur égard dès le départ. Je pense donc qu'en général, l'idée de rester vigilants entre nous est vraiment essentielle dans tout le milieu de travail, et certainement dans l'environnement dans lequel nous vivons actuellement.
(ET) Absolument, merci Suneeta. Y a-t-il d'autres commentaires pour cette dernière question?
(BM) Je pense, si vous me permettez...
(ET) Monsieur le sous-ministre.
(BM) Juste pour ajouter à ce qui a été dit, vous avez bien raison, il faut se connaître suffisamment bien les uns les autres pour avoir le type de relation qui favorise le dialogue et qui permet de remarquer quand une chose cloche, parce que... Vous le savez, il m'arrivait assez souvent de faire cela après les réunions en personne, quand je remarquais qu'une personne était silencieuse, je l'invitais ensuite à mon bureau pour lui demander si tout allait bien, souvent en créant un lien avec l'enjeu discuté, mais c'était aussi une façon de lui demander « Vous allez bien? » C'est plus difficile de connaître les gens dans un contexte virtuel. Par exemple, je vais devoir communiquer par écran avec des gens que je ne rencontrerai pas en personne d'ici peut-être six mois, et c'est vraiment plus difficile de reconnaître ces signaux. Je pense, et Stephanie a abordé ce point plus tôt, qu'une fois qu'on s'ouvre un peu et montre sa vulnérabilité à son équipe – quelqu'un doit bien prendre les devants, non? Et ce n'est pas nécessairement une conversation à avoir dès le premier jour dans une nouvelle relation, du style « Me voici, et voici certaines de mes difficultés », mais... je pense qu'il revient aux dirigeants d'être les premiers à ouvrir ce dialogue et à montrer que, vous savez quoi? La vie est stressante, et nous sommes tous aux prises avec des réalités différentes. Et je crois que du moment qu'une personne se lance, la conversation devient plus facile, mais reconnaître ces signaux non verbaux est l'un des plus grands défis inhérents à ce monde virtuel où nous sommes nombreux à nous trouver.
(ET) Merci, Monsieur le sous-ministre. La question suivante s'adresse au capitaine Richardson. Comme nous l'avons mentionné, cette année, le thème de Bell Cause est « Continuons à écouter, à en parler et à être là pour nous-mêmes et pour les autres », et comme le disait le sous-ministre, nous vivons tous des difficultés, chacun à notre manière. Alors, comment pouvons-nous nous aider nous-mêmes et offrir du soutien aux autres, quand nous sommes nous-mêmes aux prises avec un problème de santé mentale, du stress ou de l'anxiété?
(SR) Oui, c'est effectivement une bonne question, et d'après mon expérience, c'est parfois possible, parfois non. Et les deux sont corrects. Le soutien entre pairs est inestimable et ne provient pas toujours de son gestionnaire ou du collègue assis à côté de soi, mais si l'on trouve une personne au travail avec qui créer un lien et s'ouvrir, cette expérience peut aussi s'avérer très thérapeutique pour cette dernière si elle vit des choses semblables. Alors, disons que je suis aux prises avec de l'anxiété ou une dépression, que j'en parle à quelqu'un avec qui je crée un lien, et qu'il s'avère que cette personne vit la même difficulté que moi, je suis donc capable de l'aider, et elle peut faire de même pour moi, non? Nous pouvons partager des conseils et nous soutenir mutuellement. Mais on peut aussi arriver à un point où ce n'est pas possible. Comme on dit, quand ça va mal à bord d'un avion, il faut d'abord mettre son propre masque à oxygène avant de pouvoir aider autrui. Donc, si vous n'avez pas votre masque et que vous manquez d'air, ou si vous êtes le principal proche aidant à la maison et que vous avez utilisé toutes vos réserves, c'est très difficile d'aider quelqu'un, et c'est correct aussi. Et c'est ce qu'on observe beaucoup chez les proches aidants qui s'épuisent. C'est la réalité, il y a des gens qui vont au travail dans cet état, qui s'occupent d'un proche à la maison, et il leur reste très peu à donner. Je pense qu'il est difficile de détecter quand une personne a atteint ce point, et c'est un problème. Je crois qu'il est aussi difficile de le détecter en nous-mêmes, car nous ne voulons pas nous sentir incapables de donner plus ou d'aider les autres. Donc... si nous pouvons améliorer la santé des gens avant qu'ils n'atteignent l'étape 4, je pense que c'est vraiment important, et si vous le pouvez, commencez à reconnaître les signaux en vous-mêmes pour savoir quand vous devez prendre du recul, faire le plein et vous regrouper. Cela va au-delà du simple concept de prendre soin de soi, vraiment. Les gens doivent reconnaître qu'ils sont importants, et qu'autant ils aiment les gens qui les entourent, autant ils doivent s'aimer assez eux-mêmes pour reconnaître quand ils n'ont plus rien à donner, et ensuite être assez forts pour demander de l'aide afin qu'une autre personne puisse, à son tour, les aider.
(ET) Merci, capitaine Richardson. Je pense que vous parliez notamment, vers la fin, de modélisation et du fait de montrer l'exemple en prenant soin de soi de manière appropriée et responsable, en reconnaissant quand votre journée ne va pas trop bien et en essayant d'abord d'y remédier. J'aimerais entendre ce que le sous-ministre et la vice-chef ont à dire à ce sujet, parce qu'à mon avis, surtout dans l'Équipe de la Défense, les gens sont prêts à aider les autres même au détriment de leur propre bien-être, en oubliant de s'aider eux-mêmes et de se donner la permission de donner l'exemple en prenant soin d'eux-mêmes et en adoptant des pratiques responsables en matière de santé mentale. Madame la sous-chef, Monsieur le sous-ministre?
(FA) Si vous me le permettez. Esrom, vous devez avoir une caméra dans mon bureau, parce que j'ai vraiment vécu cela récemment. Avec un nouvel emploi, en poste depuis six mois avec beaucoup à apprendre et à faire, j'ai fini par constater que même en travaillant 20 heures par jour, je n'arrivais pas à accomplir tout ce que j'étais censée faire, ou tout ce que je pourrais faire. Et il y a toujours cette tentation de pousser plus... J'ai réalisé que j'en étais au point où, en essayant de tout faire, je devenais de moins en moins efficace, car je ne trouvais aucune façon d'atteindre un équilibre et de prendre soin de moi. Et pourtant, en même temps, on se retrouve à essayer d'expliquer pourquoi on est moins qu'un Superman ou une Superwowan. En se disant, par exemple : « Je voudrais vraiment inclure une pause-dîner dans mon horaire de 9 ou 10 heures aujourd'hui, et pas seulement parce que je veux me détendre, lire le journal et manger; j'ai juste besoin d'une pause mentale ou d'une pause pour réfléchir à tout ce qui s'est passé en matinée et en après-midi. » Et on se sent coupable d'avoir demandé une pause en milieu de journée au lieu de saisir chaque occasion d'en faire plus, parce qu'il y a toujours plus à faire. Je pense donc que c'est vraiment difficile, et qu'il est important que nous soyons honnêtes avec nous-mêmes en reconnaissant que chaque personne, nous compris, doit prendre soin de soi.
Je ne suis pas seule comme ça. Même si j'aime sentir que je peux essayer de vraiment optimiser mon rendement, je constate que j'en arrive toujours à un point où j'ai besoin de me donner du temps et de l'espace pour me détacher un peu de toutes mes tâches pour manger mon dîner en lisant un dossier, ou pour aller au gymnase – chose que j'ai vraiment du mal à faire, mais je sais aussi à quel point c'est bon pour moi. C'est aussi pendant ces moments que je peux réfléchir, souvent à des choses en lien avec le travail, mais c'est différent, je peux voir les choses d'un angle différent. Ces moments me permettent de prendre une pause mentale. Je ne sais donc pas si vous avez une caméra dans mon bureau, mais vous avez mis le doigt sur les difficultés que je dois gérer ces derniers temps. Et j'ai vraiment de la chance, car j'ai une équipe ici qui m'offre son soutien en essayant de m'aider avec tout ce dont j'ai besoin pour pouvoir exécuter mes tâches plus efficacement, et non pour simplement travailler plus fort. J'encourage donc tout le monde à essayer de trouver cet équilibre. Il est impossible de le maintenir en tout temps, c'est une réalité, mais je crois que nous devons, en tant qu'institution, trouver un équilibre. C'est difficile en pleine pandémie, car on se dit toujours que la fin approche et que les choses vont s'améliorer. Qu'on n'a qu'à tenir le coup un peu plus longtemps, que peut-être prendre soin de soi peut attendre encore un peu. Eh bien, je pense qu'il arrive un moment où vous devez vraiment réfléchir à ce qu'il vous faut pour être en santé. Voilà donc mon point de vue à ce sujet. Je ne sais pas si le sous-ministre a une expérience semblable, mais il occupe certainement un poste incroyablement difficile et doit accomplir un travail difficile et exigeant.
(BM) Je pense que j'ai quelques idées à vous partager. Premièrement, vous savez, j'essaie de prendre davantage conscience de ce dont j'ai besoin sur une base permanente, plutôt que de prendre soin de moi tout court, en fonction de ce dont j'ai besoin sur le moment. Et vous avez tout à fait raison, Madame la vice-chef, le temps ne nous appartient pas, nous n'avons pas le contrôle sur notre horaire, mais il est important de faire de l'exercice, et plus important encore pour moi, il est essentiel de sortir à l'extérieur pour faire de l'exercice. C'est ce que je vais continuer de faire de façon permanente. Et je le ressens particulièrement, vous savez, j'en suis à ma huitième journée dans ce poste, et je suis entouré de gens qui essaient de m'aider. Parfois, ils tiennent tellement à m'aider que cela exerce de la pression sur eux, et sur moi. Ils dépassent volontiers largement les attentent, tout simplement. J'essaie donc de leur communiquer ce dont j'ai besoin et ce dont je n'ai pas besoin pour éviter qu'ils passent leur journée à essayer de m'aider. Je crois que l'une des choses que j'ai apprises sur moi-même, c'est que lorsque je ressens de la pression, le fait d'annuler une réunion à court préavis me procure un soulagement immédiat. Donc, si je commence à soudainement ressentir trop de pression, je regarde mon horaire des trois prochains jours et, vous savez, les membres de mon équipe administrative sont formidables, ils me connaissent bien, et je n'ai qu'à leur demander d'annuler certains de mes engagements; ainsi, pour une raison ou une autre, sur le plan psychologique, cela me donne l'impression d'avoir un peu de contrôle. Toutefois, agir ainsi ne remplace pas ce dont j'ai besoin sur une base permanente, c'est à dire du temps, de la liberté et de l'air frais. Ce qui est difficile, c'est d'arriver à trouver un équilibre entre les deux.
(ET) Monsieur le sous-ministre, Madame la vice-chef, merci à vous deux. Je pense que…Oh, le médecin général aimerait ajouter quelque chose. Je vous en prie, Monsieur.
(MB) Oui, merci. J'aimerais tout simplement parler brièvement du soutien par les pairs que Stéphanie a mentionné dans sa réponse. Car, comme vous le savez, nous avons un programme officiel de soutien par les pairs dans les FAC, pour soutenir nos militaires et nos vétérans. Et parfois, ces pairs aidants, qui sont des personnes qui ont elles-mêmes vécu un problème de santé mentale, sont l'unique point d'accès pour certains de nos membres. Pour eux, c'est le premier point de contact avec quelque chose qui s'apparente à du soutien. Parfois, ils représentent aussi leur point d'entrée dans les soins de santé. J'estime donc qu'il s'agit d'un élément très important du programme que nous avons mis en place pour soutenir nos membres, et je suis convaincu qu'il s'agit également de la meilleure façon de soutenir les membres de notre personnel à l'avenir et de veiller à ce qu'ils aient accès aux soins dont ils ont besoin au moment opportun.
(ET) Merci de cette intervention, Monsieur. Je remercie aussi le sous-ministre et la vice-chef pour leurs témoignages. Je pense que les gens aimeraient aussi entendre le témoignage de Wanda concernant le point de vue des employés. Quel est l'autre côté de la médaille, et quelles sont les attentes qui motivent en quelque sorte les gens à se dépasser un peu trop; que pouvez-vous conseiller à nos collègues de l'Équipe de la Défense sur la façon d'intégrer et de gérer ces attentes, et d'y répondre, tout en préservant leur propre santé mentale? La parole est à vous, Wanda.
(WB) Comme je l'ai mentionné précédemment, je pense qu'il faut vraiment aller vers les gens et ne pas oublier que nous ne sommes pas seuls. Nous sommes tous concernés, et il suffit de trouver ce qui fonctionne pour nous, ce qui nous permet de décompresser. Et il est nécessaire de comprendre que la journée commence à une telle heure, et qu'elle doit se terminer à un moment donné, pour éviter que les employés soient surchargés. Je crois aussi qu'il est nécessaire d'avoir un bon équilibre entre le travail et la vie personnelle pour nous aider dans notre quotidien, parce que la famille, c'est vraiment important. Et, effectivement, je pense qu'il suffit de demander de l'aide et de trouver quelqu'un à qui parler, ou de faire appel aux services d'aide qui sont offerts. Je le répète, le PAE est une excellente stratégie pour les employés pendant les heures de travail. Ils peuvent ainsi discuter avec quelqu'un qu'ils ne connaissent pas et avec qui ils peuvent parler ouvertement. Donc, il suffit d'aller vers les gens, vers quelqu'un qui peut nous comprendre, et cela peut nous aider à passer à travers notre journée. Merci.
(ET) Merci, Wanda. Madame la vice chef?
(FA) Oui… et à la lumière de ce que vous avez dit, Wanda, et en complément aux propos de Marc, en réfléchissant encore une fois à certains des commentaires qui ont été formulés concernant le fait de se confier à quelqu'un ou à un pair, nous ne devons certainement pas minimiser l'importance de solliciter l'aide d'un professionnel; c'est également une bonne option. Il ne s'agit pas simplement de parler à vos amis et à vos collègues, mais d'être disposé à obtenir le soutien d'un professionnel et de savoir comment y avoir recours. Et c'est correct d'avoir recours à ces services. Vous savez, c'est la raison pour laquelle il existe des ressources à votre disposition. Vous n'avez donc pas à essayer de vous débrouiller tout seul en parlant à vos amis, car nous avons des ressources professionnelles à votre disposition, des ressources prêtes à vous aider à traverser ces moments difficiles. Ces services sont là. Et, Marc, lorsque vous en avez parlé, cela m'a aussi fait comprendre que je n'ai pas à essayer de me débrouiller seule, ou avec mon équipe, et qu'il y a d'autres personnes qui sont là pour nous aider à traverser les moments difficiles. Wanda, lorsque vous avez parlé du PAE, ça m'a fait penser à cet aspect, et à l'aspect médical aussi, alors je vous remercie à ce propos.
(ET) Et nous vous remercions aussi, Madame la vice chef, d'avoir contribué à éliminer la stigmatisation concernant l'accès aux services professionnels de santé mentale, parce que je crois que c'est aussi un obstacle en quelque sorte. J'aimerais remercier nos distingués participants d'avoir pris le temps de nous faire part de leurs points de vue aujourd'hui. Je vous remercie de votre participation aujourd'hui. Merci, passez une bonne journée, et n'oubliez pas qu'il existe des ressources en santé mentale pour aider les membres de l'Équipe de la Défense et leurs familles. Si vous ou quelqu'un que vous connaissez avez besoin d'aide, n'hésitez pas à communiquer avec le Programme d'aide aux employés ou le Programme d'aide aux membres des Forces canadiennes au 1-800-268-7708. Merci.
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