Commentaire : La joie de donner

Scénario : La joie de donner
 

Dans le scénario La joie de donner, le Capt Smith se retrouve dans une position délicate lorsque son chef de section, le Lcol Brown, la nomme responsable de la sélection et de l’achat d’un cadeau de départ pour le Col Jones, un chef jouissant d’une belle popularité. Comme s’en souviendront les lecteurs, l’intervention du Lcol Brown, apparemment pour appuyer la deuxième option de cadeau (passant outre au jugement du Capt Smith, qui était basé sur sa propre enquête) a mené le Capt Smith et son supérieur immédiat, le Maj Philpott, à débourser des sommes importantes.

Certains lecteurs croient que les gestes sociaux non obligatoires sont une question de bienséance plus que d’éthique, dans une organisation. Les coutumes et la façon de les pratiquer, toutefois, sont une partie intégrante de la vie militaire, car elles influent de manière considérable sur le moral et le sentiment d’identité d’une équipe, lesquels sont une partie importante du bien commun. La loyauté est une valeur de l’Équipe de la défense qui vient à l’esprit dans le cas présent : la loyauté qui devrait être réciproque entre le commandant et ses subordonnés, comme préoccupation de base envers une chose qui va au-delà de l’obéissance aux ordres légitimes, et que peut incarner un rituel comme un témoignage de reconnaissance (apparemment mérité dans le cas du populaire chef en question, le colonel). Un cadeau de départ doit refléter l’importance accordée à l’esprit de corps. L’idée d’hommage public est renforcée par un cadeau qui représente l’ensemble de l’unité. Bien sûr, il se peut que d’autres façons, peut-être meilleures, renforcent ces idées. Donc, si cette coutume fonctionne, elle a une valeur positive, mais si elle ne fonctionne pas, elle affaiblira l’organisation.

Comme les lecteurs l’ont reconnu, la pratique visant l’achat de cadeaux de départ plutôt coûteux aux officiers supérieurs est non seulement une tradition de longue date, mais semble aussi être habituel au point que l’absence d’un tel cadeau serait maintenant perçue comme anormale. Selon l’OAFC 19-13, Témoignages d’estime et cadeaux (qui n’a pas encore été remplacée par une DOAD), la présentation de témoignages ou de cadeaux par les officiers ou les hommes à d’autres officiers est permise. Toutefois, étant donné le fardeau financier qui pourrait être imposé à un militaire, la présentation d’un cadeau ou témoignage devrait être réservé à des cas spéciaux et demeurer l’exception plutôt que la règle. Dans le dernier paragraphe de l’OAFC, on indique que les commandants doivent s’assurer que la présentation de témoignages ou cadeaux fait l’objet d’une surveillance ou d’un contrôle attentifs. Ce qui est préoccupant est le nombre de lecteurs qui ont fait observer que ce processus fait rarement l’objet d’une surveillance étroite, comme c’est le cas dans le scénario.

Plusieurs lecteurs ont directement jeté le blâme sur le Lcol Brown, en indiquant que sa conduite illustre le problème de la culture et du leadership militaires. Le Lcol Brown, en vertu de l’OAFC et, d’une manière générale, du Code de valeurs et d’éthique du MDN et des FC (assurer le traitement équitable du personnel), ainsi que des normes de décence élémentaire, aurait dû participer plus activement durant le processus, étant donné les moyens financiers plus limités des caporaux et soldats. Comme le Lcol Brown tenait les communications internes en aversion, et qu’il n’a pas indiqué comment il aiderait à financer le coût, il n’est pas surprenant que le Capt Smith ne s’est pas sentie à l’aise d’expliquer la situation.

Comme certains lecteurs l’ont remarqué, le Capt Smith aurait pu demander de l’aide. En outre, il n’a pas été sage de sa part d’acheter le cadeau avant de recueillir les fonds. Cela dit, elle n’a pas le même niveau de responsabilité que son commandant pour cette obligation qu’elle s’est imposée elle-même. Le Capt Smith aurait aussi pu exprimer ses préoccupations à son supérieur immédiat, le Maj Philpott, qui aurait alors pu servir d’intermédiaire avant que la situation tourne mal.

Certains lecteurs ont fait observer que le seul recours du Capt Smith était d’accepter la perte financière, de tirer une leçon de cette histoire et de passer à autre chose. On pourrait espérer que quelqu’un, peut-être le major, trouve une façon de s’assurer que le Lcol Brown tire aussi une leçon de cette expérience, pour qu’à l’avenir il soit davantage conscient du bien-être de ses subalternes et reconnaisse le coût d’une mauvaise communication en milieu de travail. Il serait prématuré de supposer que le Lcol serait indifférent au fardeau financier porté par le Capt Smith et son superviseur, le Maj Philpott (s’il a compris son erreur), s’il était conscient des répercussions associées à l’achat. Une façon d’expliquer la situation au Lcol serait (comme il a été proposé) un courriel à l’échelle organisationnelle, envoyée soit par le Capt Smith ou le Maj Philpott, pour indiquer le manque de fonds et solliciter à nouveau des dons. Bien entendu, comme d’autres l’ont fait remarquer, il serait encore mieux que le Lcol Brown se rende compte de son erreur et prenne les mesures correctives nécessaires de sa propre initiative.

Enfin, plusieurs lecteurs ont indiqué qu’il était peut-être temps de repenser la « pratique archaïque » (selon certains) des cadeaux de départ, car elle favorise l’élitisme au sein des FAC, étant donné que la collecte de dons et les cadeaux de départ sont rarement (ou jamais?) offerts aux caporaux et soldats des FAC au moment d’une affectation. Au début de ce commentaire, nous avons reconnu l’importance des traditions; nous pourrions proposer l’idée que la façon dont cette coutume est mise en pratique nécessite une réflexion approfondie. Bien que les institutions militaires n’aient jamais été démocratiques, les traditions peuvent évoluer si elles semblent compromettre leur objectif initial.

Merci à tous ceux et à toutes celles qui ont fait part de leurs idées et contribué au commentaire de ce scénario. Comme toujours, vos suggestions et votre rétroaction sur les scénarios sont les bienvenues.

Détails de la page

Date de modification :