Commentaire : Les conseils de mérite annuels

Scénario : Les conseils de mérite annuels
 

Le scénario d’avril 2017, Conseils de promotion au mérite annuels, mettait en scène l’adjudant Paul Detton et son superviseur, le major Sue Pinkus. En vue des prochains comités de classement d’unité, le Maj Pinkus a demandé à l’Adj Detton de remplir la grille de notation dont elle se servira lors de la réunion du comité pour tenter d’obtenir pour lui un poste de plus haut niveau et une note plus élevée. Au cours de leur entretien, le Maj Pinkus s’est excusée auprès de l’Adj Detton d’avoir oublié de remplir la grille de notation et a suggéré à l’adjudant de lui fournir une évaluation élevée et bien justifiée, car « après tout, nous voulons que tu obtiennes une promotion ». L’Adj Detton a accepté d’emblée de remplir la grille et d’inclure la justification requise, tout en se demandant si c’était vraiment ce que signifiait la vieille expression « c’est toi ton meilleur gestionnaire de carrière ».

Les lecteurs ont été nombreux à réagir à ce scénario, laissant entendre que les situations de ce genre étaient plus fréquentes qu’on pense. Nous devons d’abord constater notre erreur. Le titre du scénario fait référence aux conseils de promotion au mérite annuels, alors que le scénario traite des comités de classement annuels. Comme nous l’a fait remarquer un de nos lecteurs avisés, il y a en fait trois comités ou conseils distincts : le comité de classement, le conseil de promotion au mérite et le conseil chargé de la relève. Bien que de nombreuses personnes utilisent ces termes de façon interchangeable, il s’agit de trois processus différents mettant en cause différents dirigeants et intervenants.

Presque tous les lecteurs étaient d’avis que le Maj Pinkus avait fait preuve d’un manque manifeste de leadership dans cette situation. Ils ont été nombreux à dire qu’un dirigeant doit, parmi ses fonctions principales, surveiller efficacement ses subordonnés et veiller à ce que chacun obtienne le juste mérite qui lui revient pour son rendement au travail. Les lecteurs estimaient généralement que le Maj Pinkus, par ses actions, compromettait l’intégrité du système d’appréciation du personnel, un système qui est en place pour assurer l’intégrité du processus de promotion. D’autres ont laissé entendre que le fait de s’autoévaluer positivement enlevait le véritable sentiment d’accomplissement que l’on ressent lorsqu’on reçoit une évaluation positive. D’autres encore s’interrogeaient sur l’aspect éthique de procéder à la rédaction de sa propre appréciation, laissant entendre que cela favorisait les évaluations inexactes et ouvrait la voie au favoritisme et à la partialité dans le processus.

Il est important d’ajouter, comme certains lecteurs l’ont fait remarquer, qu’aucune raison n’empêche les subordonnés d’aider leur superviseur à se pencher sur leurs réalisations au cours de l’année en lui présentant, durant la période d’examen, un document dans lequel ils vantent leurs mérites. Ça peut aider le superviseur à se concentrer sur le militaire, et il ne s’agit pas de lui indiquer une note ou un classement, mais bien de fournir le type de données probantes sur lesquelles on devrait se baser pour la notation et le classement. De tels rapports subjectifs devraient évidemment être évalués par le lecteur et non être considérés comme incontestables.

Autre aspect tout aussi important, comme de nombreux lecteurs l’ont souligné, le Maj Pinkus, en demandant à l’Adj Detton de rédiger la justification devant être présentée au comité, a violé plusieurs des cinq valeurs des FAC et du MDN énoncées dans le Code de valeurs et d'éthique du MDN et des FC à savoir intendance des ressources, loyauté, intégrité, courage et excellence. La demande du Maj Pinkus démontre une mauvaise intendance des ressources et un manque d’intégrité, en plus de ne pas correspondre à ce que l’on entend par excellence, tant du point de vue du leadership que du professionnalisme. Considérant les trois principes d’éthique hiérarchiques des FAC et du MDN, c’est‑à‑dire respecter la dignité de toute personne, servir le Canada avant soi-même et obéir à l’autorité légale et l’appuyer, le Maj Pinkus a fait preuve d’un manque de respect envers la dignité de l’Adj Detton. En tant que son superviseur, elle ne s’est pas bien préparée en vue du comité de classement et elle lui demande maintenant de faire le travail à sa place pour corriger son manquement à son devoir. Sa demande a placé l’adjudant dans une mauvaise position.

Les consignes pertinentes sont claires. Le CANFORGEN 010/17, Modifications aux rapports d’appréciation du personnel (RAP) des Forces armées canadiennes (FAC) pour l’année 2016‑2017, traite ce scénario même. Le paragraphe 5b du CANFORGEN stipule que « le contrôle des évaluations et de la pratique d’utiliser les classements d’unité, de formation ou de groupe, pour influencer directement les évaluations des RAP sous toute forme doit cesser. Les évaluations des RAP doivent être faites par l’évaluation honnête et professionnelle du rendement du membre par le superviseur et non être sujettes à l’ajustement pour correspondre avec le classement ».

Ainsi, en résumé, bien que la situation décrite dans ce scénario semble être encore courante de nos jours, elle reflète un mauvais leadership et va à l’encontre des directives du CANFORGEN 010/17.

Nous remercions tous ceux et celles qui ont essayé de résoudre le dilemme présenté.

Les suggestions de scénarios futurs sont toujours les bienvenues.

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